Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1401
TITRE : D’une pierre deux coups
Date de sortie : 20 avril 2016
Nationalité :France
Durée du film :1 H 23
Du 29 juin au 5 juillet 2016
D’UNE PIERRE DEUX COUPS
de Fejria Deliba
Zayane a 75 ans. Depuis son arrivée en France, elle
n’a jamais dépassé les frontières de sa cité. Un jour
elle reçoit une lettre lui annonçant le décès d’un
homme qu’elle a connu, autrefois, en Algérie. Le
temps d’une journée, elle part récupérer une boite
que le défunt lui a léguée. Pendant son absence,
ses onze enfants se réunissent dans son
appartement et découvrent un pan de la vie de leur
mère jusque-là ignoré de tous…
Prix du Public au Festival Premiers Plans
Angers 2016
Fejria Deliba est une actrice/réalisatrice française d'origine algérienne connue notamment pour avoir tourné sous
la direction de Jacques Rivette dans La Bande des quatre et pour avoir été "L'Aziza" dans le clip de Daniel
Balavoine. La cinéaste réalise en 1991 un court métrage remarqué, Le Petit chat est mort puis revient derrière la
caméra en 2015 pour le tournage de son premier long-métrage, D'une pierre deux coups.
Mélanger aussi magnifiquement peinture sociale et mélodrame, voilà ce qui s'appelle faire "D'une pierre deux
coups". (Laurent Dijan – Studio Ciné Live)
Le premier long métrage de l'actrice Fejria Deliba emploie un secret de famille comme prétexte pour laisser
transparaître la force des femmes éduquées dans la culture arabe. (Les Fiches du Cinéma - Lucille Bion)
Fejria Deliba cadre le visage magnifique de Milouda Chaqiq, et ce visage suffit à rendre le film bouleversant.
(L’express - Eric Libiot)
Il y a quelques maladresses dans ce premier long métrage de Fejria Deliba (l'actrice principale d'Inch'Allah
dimanche, de Yamina Benguigui). Mais on ne peut résister au charme de cette mini-odyssée qui rappelle, en
creux, le passé commun de la France et de l'Algérie et a le mérite de peindre une fratrie algérienne joliment
composite. Personne, surtout, ne peut résister à Milouda Chaqiq, devenue reine du slam et du Jamel comedy
club sous le nom de Tata Milouda ! Sa force tranquille, sa fierté et son français si personnel font merveille.
(Télérama – Guillemette Odicino)
La chair du film, sa grande réussite, tient à l’interprète Milouda Chaqiq (...). C’est sa voix, son accent, ses
hésitations, ses formulations inventives (même si rien n’est improvisé, nous jure-t-on), mais aussi tout son corps,
sa manière de fléchir et de tenir bon, d’être étonnée ou en colère, de regarder, qui sont le fil capteur de l’histoire,
et nous permettent de savoir, dès la première minute, que non seulement on entrera dans le film, mais qu’on ne le
lâchera pas. (Libération – Anne Diatkine)
La fugue d’une mère de famille arabe happée par le passé. Un portrait de
famille affuté et sensible
.Zayane (Milouda Chaqiq, alias la slameuse Tata Milouda), 75 ans, n’est jamais sortie de sa cité, trop occupée à
élever sa dizaine de filles et fils. Jusqu’au jour où un faire-part de décès l’enjoint à faire un voyage en Touraine.
D’une pierre deux coups, c’est un peu deux films en un : d’une part la virée de Zayane et sa copine, sorte de
road-movie vers le passé enfoui de Zayane et à travers tous les états du féminin ; d’autre part les frères et sœurs
qui se demandent pourquoi leur mère s’est subitement barrée, événement aussi surprenant pour eux que
l’atterrissage d’une soucoupe volante, et qui finiront par découvrir une vérité occultée de leur maman à travers de
vieilles bobines en super-8.
Voyage d’émancipation
Le road-movie est mouvement, déplacement, transports, traversée en coupe de la France par deux mamies, dont
l’une est d’origine maghrébine, ne sait ni lire ni écrire, et parle français avec un fort accent. C’est le voyage
d’émancipation d’une mère courage qui retrouve la saveur oubliée de la liberté.
On pourrait penser au récent La Vache, sauf que Fejria Deliba est plus réaliste : elle montre la beauté des
paysages et la gentillesse de certains, mais aussi le racisme et le machisme d’autres.
Les manières d’être rebeu
Le second film, plutôt théâtre familial, se tient dans le huis clos de l’appartement de Zayane, QG utérin de cette
fratrie dispersée au gré des personnalités et professions de chacune et chacun.
C’est une comédie, souvent drôle et toujours fine, où défilent toutes les manières d’être rebeu deuxième
génération : la coiffeuse midinette entichée de langue anglaise, la frangine pratiquante, la belle-sœur “de souche”
qui se voile, le livreur de fleurs titi parigot, le frère qui fait du business à Londres, celui qui emmerde les autres
avec ses règles religieuses rigoristes, le rigolo de service…Une vue en coupe de la communauté musulmane qui
déjoue tous les clichés essentialistes. Avec cette question latente : comment chacun va réagir à ce qu’il va
découvrir sur sa mère ?
Ecole du regard
Le premier film, c’est Thelma et Louise en sourdine ; le second, Sur la route de Madison dans nos banlieues. Ces
deux veines se croisent et se tressent pour mon tout, D’une pierre deux coups, où Fejria Deliba fait d’une pierre
cent coups : elle joint la profondeur du propos et la légèreté de touche, l’humour et le suspense, et même un peu
de mise en abyme théorique sur les puissances du cinéma comme école du regard sur l’autre. Le public du
festival Premiers Plans d’Angers ne s’est pas trompé en décernant son prix à ce petit bijou. (Les inrocks –
Serge Kaganski)
Secrets de tournage : Allo Ciné
Fejria Deliba a mis du temps avant de trouver la comédienne qui interprètera son personnage principal, Zayane.
Son choix s'est porté sur Milouda Chaqiq après avoir vu une interview d'elle par la journaliste Pascale Clark.
L'artiste n'avait jamais joué la comédie mais pratiquait le slam : "J’ai commencé à l’imaginer dans mon film, je
voyais dans son visage quelque chose qui me touchait. Je sentais une grande fragilité sous son apparence de
femme forte. Alors je me suis dit : voilà, c’est elle. J’avais trouvé mon héroïne ! Je suis allée la voir chez elle à
Epinay avec mon court-métrage, mais je ne lui ai pas donné le scénario car je ne savais pas jusqu’à quel point
elle savait lire. Milouda Chaqiq a quitté le Maroc pour venir en France, seule, à cinquante-cinq ans, et a appris à
lire en suivant les cours d’alphabétisation… Ce n’est pas rien! J’avais un immense respect pour cette dame, pour
son tempérament", relate la cinéaste. À noter qu'il n'y aucune part d'improvisation dans le film et que tout est très
écrit : "De nombreux films aujourd’hui se font autour d’un travail d’improvisation mais, pour moi qui viens du
théâtre, il y a une exigence du texte, un respect pour le côté artisanal de ce métier", affirme Deliba.
Récit autobiographique ? D'une pierre deux coups est en partie autobiographique, la propre mère de Fejria
Deliba, comme le personnage principal du film, Zayane, est analphabète. La cinéaste s'est donc inspirée de sa
maman, à la fois dans son court-métrage, Le petit chat est mort mais également dans son premier long-métrage.
Deliba fait aussi partie d'une famille nombreuse et elle injecte sa propre expérience dans ses récits : "Les aspects
autobiographiques concernent une mère analphabète vivant dans une cité, et des frères et soeurs nombreux qu’il
est rare de réunir au même moment, au même endroit. Ça, c’est la trame. Le reste est fiction, et ancrage dans
une réalité sociale et politique, ici et maintenant. J’espère proposer une réflexion et un regard différents sur « la
banlieue », montrée de l’intérieur et sous l’angle de l’intime. Car toutes ces « mères » ne sont pas forcément des
victimes, des femmes soumises", explique la réalisatrice.

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