offrir des choix aux élèves

Transcription

offrir des choix aux élèves
RVP - Séminaire des opérations pilotes
9 et 10 avril 2013
Atelier
offrir des choix aux élèves
Rédacteurs :
Animatrice : Françoise Héraut, AgroSup Dijon Eduter
Discutant : Franck Picault, AgroSup Dijon Eduter
Rapporteur : Carine Rossand, AgroSup Dijon Eduter
SOMMAIRE
Quelques expériences menées dans le dispositif des OP et ailleurs page 2
Analyse collective page 3
Regard du discutantpage 4
Au sein du dispositif des opérations pilotes, mais aussi en
dehors, plusieurs établissements proposent des temps
et/ou des espaces où tous les élèves ne font pas tous la
même chose en même temps.
Des choix sont offerts aux élèves, des parcours sont
aménagés. Au cours de l’atelier, il a paru intéressant de
révéler, à travers plusieurs expériences, la genèse des
projets dans les établissements, la diversité des choix,
l’organisation de l’établissement, les questions et les difficultés qui surgissent. Puis de proposer à un discutant de
réagir aux différentes interventions.
Quelques expériences menées
dans le dispositif des opérations
pilotes et ailleurs
w Noirétable
Il est proposé aux élèves de bac pro (2e 1re, terminale)
des temps d’individualisation à la carte.
Méthode, moyens :
b réduction de la durée des cours de 5 minutes, pour
dégager 2,5 heures-élève par semaine, consacrées à des
ateliers choisis par les élèves.
b 14 à 15 plages d’individualisation sont possibles sur
la semaine. L’amplitude de travail augmente mais pas le
temps de travail global.
b un système de recueil des souhaits des élèves est
mis en place, et l’emploi du temps est adapté chaque
semaine.
Les enseignants ont déclaré leurs compétences pour
répondre aux besoins des élèves.
Des entretiens ont lieu avec chaque élève, en début
d’année scolaire, à mi parcours et en fin d’année, pour un
suivi des projets de formation.
En fonction des besoins des élèves, des outils sont
recherchés voire créés.
w Thuré
L’objectif est de répondre aux besoins des élèves, et de
leur permettre de faire des choix dans la construction de
leur emploi du temps
Méthode, moyens :
b Cinq emplois de temps différents élaborés sur l’année
pour créer la souplesse de fonctionnement nécessaire
pour individualiser des parcours de formation. L’emploi
du temps est modifié à chaque période de vacances.
b les jeudis après-midi sont consacrés à des ateliers thématiques, de 8 à 10 élèves maximum, avec inscription
informatisée. On travaille par période, les élèves peuvent
accéder à 10 ateliers différents.
b ouverture d’un bureau d’aide rapide avec une permanence de 3 enseignants, chaque midi, pour répondre à
des questions ponctuelles. Le planning des permanences
des enseignants est disponible dans la semaine pour permettre aux élèves de prendre des rendez-vous avec les
enseignants.
b sur l’exploitation, directeur d’exploitation ou enseignants techniques prennent des élèves, en fonction de
la météo, et avec accord de la vie scolaire, élèves qui
rattrapent les cours le soir
b présence d’une équipe d’adultes-relais avec une permanence d’écoute psychiatrique menée par l’infirmière.
b tous les mois et demi et par atelier, organisation d’un
Comité de pilotage avec tous les intervenants.
b 1 heure de concertation hebdomadaire systématique
en équipe élargie (direction, vie scolaire etc..) et des réunions pédagogiques regroupant environ 30 personnes.
w Saint
Maximin
Le souhait de l’équipe éducative, à travers l’opération
pilote a été de proposer un parcours individualisé sur la
base d’un tutorat et d’un emploi du temps adapté (directement entre l’élève et son tuteur), à des élèves démotivés et en difficulté, sur les classes de 1re Bac Pro SAPAT,
CGEA VV et CGEA PA. Afin qu’ils préparent le BEPA en
3 ans.
Ces élèves, en accord avec les parents, disposent donc
d’un emploi du temps aménagé. Ils continuent de suivre
pour partie des cours de 1re, mais sur certains créneaux :
b réintègrent des cours de 2de,
b ont des temps de pratique professionnelle sur l’exploitation pédagogique ou en situation professionnelle (pour
les SAPAT, assistance et collaboration avec personnel
TOS, en cuisine par exemple, ou encore possibilité de
réaliser un stage en entreprise),
b ont des temps de travail personnel au CDI ou en
études, durant lesquels certains enseignants tuteurs et
la documentaliste apportent ponctuellement une aide
aux devoirs.
2
Cet aménagement représente à peu près un tiers du temps
de la semaine.
Un cahier de suivi permet d’attester la présence de l’élève
sur les créneaux de son emploi du temps particulier.
Une rencontre hebdomadaire est également prévue entre
l’élève et son enseignant tuteur (un enseignant/1 élève).
w Levier
L’objectif : rendre le parcours de chaque élève de Bac pro
plus individualisé et plus professionnalisant, en lui permettant de choisir parmi de nombreux EIE et de participer à
la construction de différents stages en entreprise, en lien
avec ses intérêts ou son projet professionnel.
Méthode, moyens :
Pour les stages, chaque élève va proposer un parcours de
stages, sur 3 lieux en seconde, sur 4 lieux en 1re.
En seconde, l’élève fait une proposition de parcours à son
enseignant référent et recherche les maîtres de stage correspondants, avec appui si nécessaire. Pour les premières,
un cadre plus précis est proposé, afin d’accompagner le
processus de professionnalisation. Chaque élève construit
son parcours individualisé en associant quatre types de
stages :
b le stage «examen » support du rapport de stage (8 semaines)
b le stage «niche économique et diversité» (2 semaines)
pour aborder les aspects diversification
b le stage espace sensible (2 semaines) pour aborder les
aspects protection
b le stage découverte (2 semaines) pour élargir le champ
de curiosité à d’autres problématiques (sport, culture,
langue etc..).
Le parcours de stage est validé ou modifié par un référent,
une équipe de référents cooptés a donc été mobilisée.
Pour les EIE, l’élève va construire son menu : en seconde,
il choisit 3 EIE parmi 7, visant tous le renforcement de
gestes professionnels. En bac pro, l’élève choisit parmi 5
EIE, qui ne sont pas obligatoirement professionnels, il y a
plus d’ouverture.
En classe de terminale, pour le soutien à la réalisation du
dossier support de l’E6, les élèves s’organisent librement
avec les intervenants pour déterminer les créneaux horaires, et la nature des travaux réalisés.
les cours de mercredi après-midi s’adressent uniquement
aux apprentis.
w Sury
L’objectif est de proposer à des élèves peu scolaires un
parcours de formation avec plus de temps en entreprise, à
partir de la seconde.
Méthode, moyens : à partir du mois de janvier, les lundis
et mardis, certains élèves n’assistent pas aux cours mais
se forment en entreprise. Du mercredi au vendredi, ils assistent normalement aux cours, « rattrapent » les cours du
lundi et mardi, qui leurs sont remis, et rencontrent aussi
individuellement un enseignant chaque semaine.
L’emploi du temps a été aménagé de telle sorte que peu
d’enseignements généraux aient lieu les lundis et mardis,
plutôt consacrés aux PR, EIE. La formule est réversible.
Quand la classe part en stage, les élèves bénéficiant de ce
parcours aménagé viennent au lycée les mercredis, jeudis
et vendredis.
w Rivesaltes
Ce qui est visé, c’est d’abord d’apprendre à l’élève à faire
des choix, de lui donner la possibilité d’appréhender ce
qu’est un choix.
Après les cours, l’élève a le choix de faire ce qu’il veut
(étude surveillée, foyer, salle de cours en autodiscipline,
CDI, jardins, extérieur de l’établissement…) à la seule
condition qu’il dise ce qu’il choisit dans un panel adapté
à chaque classe. Plus tard, il y a un feedback, les CPE et
personnels de la vie scolaire vont amener l’élève à réfléchir à son fonctionnement dans la vie périscolaire. C’est un
apprentissage de l’autonomie, de l’autorégulation.
w Belleville
La classe mixte de 1re et de Terminale « apprentis/scolaires »
permet à chaque élève, en fin de seconde, de choisir la
modalité qui lui convient le mieux.
Le calendrier de formation des apprentis a été conçu à partir du calendrier scolaire. Les apprentis sont en entreprise
pendant les congés scolaires et sont absents de la formation des scolaires 7 semaines par an. Lorsqu’ils se trouvent
dans l’établissement, les apprentis ont 35 heures de formation, alors que les scolaires en ont moins. En conséquence,
3
Analyse collective
Comment vient l’idée d’offrir des choix aux élèves ?
Souvent, d’un constat initial, d’un diagnostic : le face à
face a atteint ses limites, avec pour conséquences principales le décrochage, l’ennui et la démotivation des élèves,
des comportements et attitudes inadaptés, des élèves qui
se sentent étouffés, en prison …
Et d’une question : comment re/donner du sens à la présence scolaire dans sa globalité ?
L’idée vient parfois aussi de l’analyse du public, et du souhait de développer l’ouverture d’esprit des élèves, en leur
permettant d’aller voir ailleurs (sortir des stages de proximité ou réalisés dans la famille), élargir leur avenir, leur
projet, leurs idées.
L’idée vient parfois aussi d’un problème de recrutement
Conduire les élèves à assumer leurs choix.
Offrir des choix, c’est :
b Parfois donner le choix du thème abordé, ou de l’activité.
b Parfois donner le choix de différents lieux de stages.
b Parfois donner le choix d’être moins en classe et plus
en entreprise.
b Parfois donner le choix du créneau horaire.
b Parfois donner le choix de ce que l’on va faire après les
cours.
Quels sont les buts visés ?
b Impliquer les élèves en les rendant plus auteurs/acteurs
de leur formation (à condition de donner des choix qui les
rendent acteurs/auteurs de leur formation)
b Valoriser les élèves (absence de note dans ces actions)
b Eduquer les élèves à faire des choix
Qui choisit ?
b Parfois l’élève seul
b Parfois un choix accompagné, une proposition de
l’élève, une validation par un adulte référent, après une
discussion-négociation (à partir d’un autodiagnostic : où
ça va/où ça ne va pas), après une explication, une présentation des dispositifs
Comment offrir des choix aux élèves ?
Les organisations varient évidemment en fonction du
contexte de chaque établissement et des buts visés.
On retrouve toutefois quelques constantes
b On touche à l’organisation du temps scolaire (plus ou
moins selon l’ampleur)
b Les organisations mises en place offrent de la souplesse
pour les élèves mais requièrent un travail supplémentaire :
accompagnement des élèves, construction des parcours,
réorganisation des emplois du temps
De nouvelles compétences sont attendues de la part
des enseignants (conduite d’entretiens, écoute demandes
des élèves et aussi animation d’ateliers au contenu très
nouveau) et parfois aussi de nouvelles postures (moins
ou pas transmissive, décision partagée avec les élèves) ;
pour certains, ce sont des compétences ou postures déjà
acquises dans la fonction de professeur principal
b On touche rarement au cœur de l’enseignement, les
dispositifs d’individualisation sont plutôt « à côté »
b Des moyens sont mobilisés à chaque fois, sur les
moyens habituels des établissements ou à l’aide d’une
réponse à un appel à projets. Cela demande toujours une
ingénierie spécifique, et l’établissement n’est pas assuré
de la pérennité.
b
Les difficultés
b Dans certains cas, l’établissement a du mal avec les
bons élèves : ils ne savent pas où aller, ça les perturbe
b Comment obtenir l’adhésion des enseignants ?
b Quel est notre métier ? répondre aux souhaits des
élèves et leur offrir des choix ou plutôt leur apprendre à
faire des choix ?
b Comment s’y prendre pour éviter une démarche consumériste ?
Que faut-il pour qu’un établissement se mette en
marche ?
b Une volonté partagée par l’ensemble de la communauté
ou par un petit groupe qui va porter l’idée.
b Un portage essentiel de la direction, mais avec un
relais des équipes éducatives (vie scolaire, pédagogique).
Une mise en synergie
b Une stratégie des petits pas : un projet réfléchi sur un
temps donné, avec des objectifs donnés.
Après, un bilan : soit on arrête, soit on fait évoluer/on va
plus loin.
b Des temps d’échanges, des réunions mais aussi parfois
pris sur les repas.
b Au départ, une convergence sur les constats et sur
l’idée de faire quelque chose.
b Une présentation des choses sous une forme expérimentale (carte blanche, pas d’obligation de résultats) : on
se donne le droit d’essayer, de tester des choses, et droit
à l’erreur, de se tromper !
b Une reconnaissance financière (donner des heures) :
cela oblige à s’impliquer et à avancer ! attention toutefois
au piège de l’enfermement (je fais parce que je suis payé
pour).
b Un animateur de projet qui organise les réunions, mobilise les gens, relance, suit, partage les informations.
b De la convivialité.
4
Regard du discutant
La notion de choix renvoie au sujet acteur en développement. Il peut être posé comme un fondement éducatif, qui
anime l’activité pédagogique de l’enseignant, ou peut être
présenté sous la forme d’une offre de dispositifs externes
à la classe, (de type catalogue), attractive et responsabilisante.
Tantôt le choix est proposé par l’établissement et négocié
dans un accompagnement pro actif, tantôt il s’agit de la
construction d’une organisation, négociée avec les élèves
dans l’établissement.
Les finalités de ces démarches sont variées :
1. Estime de soi, relations à l’adulte, relations en classe,
comportement dans l’établissement
2. Attractivité d’une filière/public cible
3. Ouverture d’esprit et orientation professionnelle,
connaissance des métiers
4. Gestion de la mixité / hétérogénéité des publics
Les choix offerts sont la résultante d’un triangle dont les
côtés sont les compétences des enseignants ou de l’établissement, les demandes des élèves, les besoins des
élèves ou du moins l’interprétation des besoins des élèves.
Cela renvoie beaucoup vers l’élève en tant que sujet acteur de sa formation.
Ainsi l’accompagnement pédagogique se porte davantage
vers l’individu apprenant que sur les contenus. Cela questionne la motivation : qui il est ? Comment éveiller son
intérêt ?
Où trouver l’info ?
www.chlorofil.fr/op
5