Le monde à découvert Saveur d`éternité à nos lèvres d`éphémères

Le monde à découvert
Saveur d'éternité à nos lèvres d'éphémères, c'est ainsi que la terre s'offre, chaude et claire, à
notre conscience. Nos yeux d'étrangers rêvent encore le regard étonné. Nous avons choisi l'écart
afin de nous retourner sur des paysages où le vent et la mer s'aiment d'une résurrection sauvage.
L'immensité et le silence appellent à une cavalcade fière. Découvrir le monde c'est comprendre le
sens des origines, concordance des corps et du temps, nous voilà face à 2000 ans de racines et
d'écorces, de roches et de sable. Découvrir le monde c'est écrire le temps en miroir.
Nous sommes aux bornes de la rencontre, dans le secret de la nature. Nous acceptons que
tout soit méandre, nous refusons le plus court chemin, nous rions de notre soif, de notre faim et de
nos pieds écorchés. Du désert à la mer, du sentier à la route, du départ à l'approche, cette quête de
l'infiniment grand et de l'infiniment petit nous fait découvrir la mesure de l'homme.
C'est bien là l'essentiel du voyage : joyeusement prétendre à toute forme de connivence,
assumer la présence qui essouffle et renverse, surprendre les signes. Le voyage fait de nous des
fervents qui croient au destin. Il nous faut, pour maintenir cet éveil des sens et ce plaisir de la
découverte, fuir ce qui est sans dimension, sans trace, sans écho pour arpenter une route qui nous
mène où commence la lumière. Tout n'est que fugue et fougue sous la cascade, cette ardente
liqueur qui nous rend trépidants. Et de surprise en surprise, au coeur même de la terre et du ciel
dont nous dérobons le souffle, nous acceptons que découvrir le monde c'est mesurer la part d'oubli
qui est en nous.