Mise à jour sur le traitement de la démence de type Alzheimer
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Mise à jour sur le traitement de la démence de type Alzheimer
Sarah Bilodeau, B. Pharm, M.Sc., pharmacienne à l’Hôpital Saint-Françoisd’Assise du CHUQ Mise à jour sur le traitement de la démence de type Alzheimer La démence de type Alzheimer (DTA) est la cause de démence la plus fréquente dans la population gériatrique, correspondant à plus de 50 % des cas1. Sa prévalence augmente de façon importante avec l’âge. En effet, 1 % des individus de 65 à 74 ans, 6,9 % des individus de 75 à 84 ans et 26 % des individus de 85 ans et plus seraient atteints de DTA2. En raison du vieillissement de la population, il est prévu que la prévalence de la DTA doublera tous les 20 ans si aucun traitement préventif n’est trouvé1,2. Révision scientifique : Josée Ricard, B. Pharm, M.Sc., M.B.A., pharmacienne au CHUL La DTA est un désordre neurodégénératif progressif qui se caractérise par des troubles de la mémoire associés à une atteinte d’au moins un autre domaine cognitif : ⦁ aphasie (incapacité d’exprimer sa pensée ou de comprendre ce qui est dit); ⦁ apraxie (incapacité d’effectuer un mouvement volontaire malgré des habiletés physiques adéquates et un désir d’exécution); ⦁ agnosie (perte de la capacité à reconnaître des objets, des personnes ou des sons); ⦁ perturbation des fonctions exécutives (perturbation du jugement, du raisonnement, de la capacité de planifier…)1,3,4. Objectifs pédagogiques ✓ Connaître la pharmacothérapie de la démence de type Alzheimer; ✓ Apprendre à passer d’un inhibiteur de la cholinestérase à un autre; ✓ Connaître les options de traitement disponibles en fonction du stade de la maladie. Dossier clinique Mme A.B., 78 ans, est admise à l’unité de courte durée gériatrique (UCDG) de l’hôpital où vous travaillez en raison d’une fracture du poignet secondaire à une chute. Son fils informe l’équipe traitante que sa mère a récemment omis de fermer le rond de la cuisinière. Cela l’inquiète car, depuis quelque temps, il s’aperçoit que sa mère oublie de plus en plus de choses : ses rendez-vous avec le médecin, la prise de ses médicaments, le paiement de ses comptes, etc. À la suite d’une évaluation médicale et cognitive, un diagnostic de démence de type Alzheimer est posé. Le score au MiniMental State Examination (MMSE) est de 20/30. Antécédents ⦁ ⦁ ⦁ ⦁ ⦁ Hypertension artérielle Dyslipidémie Dépression Reflux gastro-œsophagien Clairance de la créatinine : 40 mL/min (poids 55 kg, créatinine sérique 79 µmol/L) Publié grâce à une subvention sans restrictions de Histoire médicamenteuse Hydrochlorothiazide 12,5 mg die Atorvastatine 10 mg die ⦁ Citalopram 20 mg die ⦁ Esoméprazole 40 mg die ⦁ Calcium 500 mg + vitamine D 400 unités bid Ø Intolérance Ø Allergie Ø Médicaments en vente libre Ø Produits naturels ⦁ ⦁ Gestion des médicaments En pilulier (avec l’aide de son fils depuis quelque temps) Assurances RAMQ Le médecin décide d’administrer du donépézil 5 mg die. Mme A.B. a de fortes nausées qui limitent l’augmentation de la dose. Le médecin vous demande si cela est un effet indésirable fréquent avec le donépézil et si changer d’agent serait préférable. L’évolution de la maladie entraîne une diminution et même la perte de la capacité à réaliser les activités de la vie quotidienne de base, ce qui rend le patient totalement dépendant. Des troubles du comportement peuvent également être observés aux stades plus sévères de la DTA. Malheureusement, la progression de la maladie mène souvent à l’institutionnalisation des personnes atteintes1. Les stades de la maladie peuvent être déterminés à l’aide du Mini-Mental State Examination (MMSE), un test cognitif sur 30 points permettant d’évaluer la mémoire, l’orientation, l’attention, le langage, les praxies, ainsi que les habiletés visuo-constructives. Généralement, les patients atteints de DTA de stade léger à modéré auront un résultat de 18 à 26. Au stade modéré, le résultat sera de 10 à 18 et au stade sévère, il sera inférieur à 10. Cependant, il est possible qu’un patient ayant un résultat supérieur à 26 soit atteint de DTA4. Le traitement pharmacologique actuel de la DTA ne permet pas de modifier le cours de la maladie. Une amélioration transitoire des symptômes est possible, mais la majorité des patients présenteront seulement une stabilisation ou un ralentissement du déclin cognitif. Dans certains cas, il est même possible que le traitement n’ait aucun impact sur l’évolution de la maladie1,5. Néanmoins, un ralentissement de la progression de la maladie peut permettre d’améliorer la qualité de vie des patients et de leur entourage1. Le traitement Deux classes pharmacologiques sont disponibles pour le traitement de la DTA, soit les inhibiteurs de la cholinestérase (donépézil, galantamine et rivastigmine) et l’antagoniste des récep- teurs N-méthyl-D-aspartate (mémantine). ⦁ Les inhibiteurs de la cholinestérase Trois IChEs sont disponibles pour le traitement de la DTA : le donépézil (AriceptMD), la rivas tigmine (ExelonMD) et la galantamine (Reminyl ERMD)6. Ils agissent en inhibant l’acétylcholinestérase (AChE), enzyme responsable de la dégradation de l’acétylcholine, ce qui permet une plus grande disponibilité du neurostransmetteur au niveau synaptique. La rivastigmine inhibe également la butyrylcholinestérase (BuChE), autre enzyme impliquée dans la dégradation de l’acétylcholine. Cela permettrait d’avoir une activité plus soutenue de l’acétylcholine au niveau cérébral. Par ailleurs, la galantamine entraîne une modulation des récepteurs nicotiniques, ce qui favoriserait la transmission cholinergique. Bien qu’elles soient théoriquement intéressantes, l’impact clinique de ces caractéristiques est inconnu pour le moment5,6. Au point de vue de l’efficacité, aucune étude comparative directe entre ces molécules n’a été menée pour le traitement des formes légères ou modérées de la DTA7. Le choix de l’agent est guidé par le profil d’effets indésirables, la facilité d’administration ou selon les différences pharmacologiques5-8. Il est à noter que le donépézil est le seul IChE pour lequel Santé Canada a reconnu une indication dans le traitement de la DTA sévère, se fondant sur les résultats de deux études cliniques contre placebo d’une durée de 24 semaines9,10. Les IChEs sont aussi utilisés dans le traitement d’autres types de démence, tels que la démence vasculaire, la démence mixte ou la démence à corps de Lewy, pour n’en nommer que quelquesuns1. Les principales caractéristiques pharma cologiques des IChEs sont présentées au tableau I. Effets indésirables Les effets indésirables (EIs) les plus fréquents avec les IChEs sont d’origine gastro-intestinale, tels que l’anorexie, la diarrhée, les nausées et vomissements, ainsi que la perte de poids. Ces EIs sont reliés à la dose et surviennent plus fréquemment en début de traitement. Ils sont généralement bénins et transitoires 5,6,8. L’incidence des EIs digestifs diffère parmi les IChEs. En effet, dans les études cliniques, la rivastigmine causait plus d’EIs gastro-intestinaux, alors que le donépézil en causait moins6,8. www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | juin - juillet 2011 1 Tableau I Propriétés pharmacologiques des inhibiteurs de la cholinestérase8,11-14 Afin de diminuer le risque de présenter des EIs digestifs, il est suggéré de débuter avec une faible dose, puis d’augmenter graduellement et de prendre l’IChE en mangeant. En présence de nausées persistantes, l’utilisation d’anti émétiques avant la prise de l’IChE n’est pas indiquée. En effet, plusieurs antiémétiques (dimenhydrinate, prochlorpérazine) ont des propriétés anticholinergiques, ce qui peut entraîner des effets dommageables sur le plan cognitif7,8. Certains EIs cardiovasculaires ont été observés avec les IChEs. Les agents cholinomimétiques peuvent exercer un effet vagotonique sur les nœuds sinusal et auriculo-ventriculaire et, de ce fait, causer de la bradycardie ou un bloc cardiaque. D’ailleurs, il n’est pas recommandé d’administrer un IChE en présence d’anomalies de la conduction cardiaque (sauf s’il s’agit d’un bloc de branche droit ou si un stimulateur cardiaque est en place) et de syncopes inexpliquées11-13. Certains auteurs recommandent même de faire un électrocardiogramme aux patients avant de commencer un traitement avec un IChE5,8. Les EIs les plus fréquents pour chacun des IChEs ainsi que les contre-indications et précautions relatives à leur utilisation sont présentés au tableau I. Interactions Le donépézil et la galantamine sont métabolisés par les isoenzymes 2D6 et 3A4 du cytochrome P450. Malgré cela, peu d’interactions pharmacocinétiques cliniquement significatives ont été rapportées. Néanmoins, il est recommandé d’être vigilant lors de l’administration d’inducteurs (phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital, rifampine…) ou d’inhibiteurs puissants (kétoconazole, quinidine, cimétidine...) de ces cytochromes11,12,15. Bien que le donépézil se lie fortement aux protéines plasmatiques (96 %), aucune interaction n’a été décelée avec d’autres médicaments à fort taux de fixation protéique11,15. Enfin, puisque la rivastigmine est hydrolysée, son potentiel d’interaction pharmacocinétique est très faible13,15. La majorité des interactions cliniquement significatives rapportées avec les IChEs sont d’origine pharmacodynamique. Les médicaments impliqués, les mécanismes en cause, les impacts cliniques possibles ainsi que les recommandations par rapport à ces interactions sont présentés au tableau II. ⦁ Timbre de rivastigmine La rivastigmine est le seul traitement de la DTA qui soit offert en formulation transdermique. Le timbre, de type matriciel, permet une libération régulière du médicament, ce qui diminue les fluctuations de concentrations. Comme certains EIs cholinergiques, tels que les nausées et vomissements, sont associés à ces variations de concentration, l’utilisation du timbre permettrait de diminuer leur fréquence. Cette hypothèse est appuyée, entre autres, par les résultats de l’étude IDEAL (Investigation transDermal Exelon in ALzheimer’s disease). Dans cette étude, l’administration du timbre de rivastigmine de 10 cm² a entraîné trois fois moins d’EIs digestifs que la prise d’une dose orale de 12 mg/jour (nausées : 7,2 % contre 23,1 %, vomissements : 6,2 % contre 17 %). Selon les résultats de l’étude IDEAL, le timbre de rivastigmine de 10 cm² a une efficacité supérieure au placebo et similaire à la dose quotidienne de 12 mg en gélules16. Les caractéristiques pharmacologiques de la rivastigmine en formulation transdermique sont présentées au tableau III. 2 Mécanisme d’action Donépézil Rivastigmine Galantamine ER (AriceptMD) (ExelonMD) (Reminyl ERMD) Inhibiteur réversible de l’AChE Inhibiteur pseudoirréversible de Inhibiteur réversible de l’AChE l’AChE et de la BuChE et modulateur allostérique des récepteurs nicotiniques T ½ élimination 70 heures 0,6 - 2 heures 7 - 8 heures Liaison protéique 96 % 40 % < 20 % Métabolisme CYP2D6, 3A4 Non hépatique (Hydrolyse) CYP2D6, 3A4 Prise recommandée Avec ou sans aliments Avec aliments Avec aliments Dose initiale 5 mg die 1,5 mg bid 8 mg die Dose minimale efficace 5 mg die 3 mg bid 16 mg die Dose maximale 10 mg die 6 mg bid 24 mg die Intervalle d’ajustement 4 - 6 semaines 2 semaines* 4 semaines Ajustement en IR Non Non IR modérée : max 16 mg/j Ajustement en IH Non Non Effets indésirables Nausée, diarrhée, céphalée, Nausée, vomissements, diarrhée, Nausée, étourdissements, céphalée, insomnie†, douleur céphalée, étourdissements vomissements entre les doses CI en IR sévère (< 10 mL/min) IH modérée : max 16 mg/j CI en IH sévère Précautions ⦁ Patients à risque d’ulcère peptique ⦁ Patients avec antécédents : asthme, MPOC, ulcère, convulsions Contre-indications ⦁ Hypersensibilité à une des composantes du produit ⦁Anomalies de conduction cardiaque (sauf si bloc de branche droit ou stimulateur cardiaque en place) ou antécédent de syncope inexpliquée * 2 semaines selon monographie, mais en pratique 4 semaines6,8. † Si cet effet indésirable se produit, administrer le donépézil le matin6. AChE : acétylcholinestérase ; BuChE : butyrylcholinestérase ; CYP : Cytochrome P450, CI : Contre-indiqué ; IR : Insuffisance rénale ; IH : Insuffisance hépatique Mise en garde de Santé Canada Des cas de surdosage et de décès ont été associés à une utilisation inappropriée du timbre de rivastigmine (application de plusieurs timbres simultanément, oubli de retirer le timbre précédent). Une supervision est donc nécessaire lors de l’utilisation de ce produit17. ⦁ Donépézil à dissolution rapide (Aricept RDT MD) Le donépézil est le seul IChE disponible sous forme de comprimés à dissolution rapide (Aricept RDTMD). Cette formulation peut être utile pour les patients atteints de dysphagie ou refusant de prendre leur médicament. Il suffit de placer le comprimé sur la langue et de le laisser se dissoudre avant de l’avaler11. Cas clinique La rivastigmine en formulation transdermique est administrée une semaine plus tard quand Mme A.B. n’a plus de nausées. Elle quitte l’hôpital avec une ordonnance de rivastigmine timbre de 5 cm² à augmenter à 10 cm² dans quatre semaines si la tolérance est adéquate. Le formulaire de médicament d’exception est rempli et télécopié à la RAMQ. Quand et comment effectuer le passage d’un IChE à un autre ? La substitution d’un IChE par un autre peut être envisagée en présence d’une intolérance ou d’un manque d’efficacité. Bien que les trois IChEs aient le même mécanisme d’action, ils ont des propriétés pharmacologiques, pharmacocinétiques et pharmacodynamiques différentes (tableau I)6,8,18,19. Massoud et coll. ont récemment publié une revue des huit études portant sur le changement d’IChE. Ces études, en devis ouvert ou rétrospectif, comptaient 40 à 2633 sujets atteints de DTA de stade léger à modéré. L’IChE était changé pour la rivastigmine dans la majorité des études (sept études sur huit, dont une pour le timbre). Lorsqu’il y avait une intolérance, le second agent était administré seulement une fois que l’EI était résolu. cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | juin -juillet 2011 | www.ProfessionSante.ca En présence d’inefficacité, le nouvel IChE était instauré le lendemain ou dans un délai variant entre quelques jours et quelques semaines. Plus de 50 % des patients ayant changé d’IChE en raison d’un manque d’efficacité ont connu une amélioration ou une stabilisation de leur maladie. De plus, le changement immédiat vers un nouvel IChE était sécuritaire et bien toléré. Enfin, plus de 50 % des patients n’ayant pas toléré un IChE ont toléré le second agent18,19. Au regard de ces résultats, la substitution d’IChE semble être une option intéressante. Quelques lignes de traitement (British Asso ciation for Psychopharmacology, 3e CCCDTD), revues de traitement et opinions d’experts5,6,19 sur la démence, approuvaient d’ailleurs déjà le changement d’IChE en présence d’intolérance ou d’inefficacité. Cependant, aucune recommandation quant à la manière d’effectuer ce changement n’était suggérée. Massoud et coll. ont donc élaboré des recommandations sur la façon de passer d’un IChE à un autre en se basant sur la revue de la littérature médicale ainsi que sur leur expérience clinique18. Un résumé de ces recommandations est présenté au tableau IV. Avant de conclure à un manque d’efficacité, l’IChE doit avoir été tenté pendant une période minimale de six mois à dose optimale. Il faut aussi s’assurer de l’observance du patient. Les causes médicales (délirium, dépression, etc.) et pharmacologiques pouvant expliquer la détérioration de l’état clinique du patient doivent également avoir été éliminées. Cependant, lorsque la perte d’efficacité survient après plusieurs années de traitement, il n’est pas recommandé de changer d’IChE. En effet, la détérioration de l’état clinique du patient correspondrait à l’évolution de la maladie plutôt qu’à un manque d’efficacité. Changer d’IChE ne serait alors pas utile18. Quand le nouvel IChE est instauré à la suite d’un manque d’efficacité, il est suggéré de Cas clinique Deux ans plus tard, Mme A.B. revient à l’UCDG à la suite d’une pneumonie. En analysant son profil pharmacologique, vous constatez qu’elle ne reçoit plus de médicament pour sa DTA. Selon son fils, le timbre de rivastigmine lui causait une irritation cutanée importante et elle refusait qu’on le lui applique. Une évaluation cognitive est refaite et Mme A.B. a maintenant un MMSE à 14/30. Le médecin vous demande quel traitement est possible dans le cas de démence sévère. Tableau II Interactions pharmacodynamiques rapportées avec les IChEs11-15 Agents impliqués Description Anticholinergiques Antagonisme d’action : de l’efficacité de l’IChE. (antidépresseurs tricycliques, Éviter l’administration concomitante. oxybutinine, toltérodine...) Agonistes cholinergiques Effet synergique cholinergique : risque d’EIs (brady- (béthanéchol) cardie, bronchospasme, vomissements, diarrhée). Surveiller l’apparition d’EIs cholinergiques. Bloqueurs neuromusculaires Effet synergique cholinergique : amplification et pro- non dépolarisants longation du blocage neuromusculaire. (succinylcholine) Si possible, cesser l’IChE avant la chirurgie.* Médicaments bradycardisant Effet additif sur la fréquence cardiaque : (bêtabloquants, diltiazem, risque de bradycardie. vérapamil, digoxine …) Surveiller la fréquence cardiaque. Anti-inflammatoires sécrétion acide gastrique par IChE risque d’ulcère non stéroïdiens peptique. Surveiller EIs digestifs. * Temps d’arrêt suggéré avant la chirurgie : donépézil : 2 semaines; galantamine : 1-2 jours ; rivastigmine : 3-4 jours15. Tableau III Caractéristiques pharmacologiques du timbre de rivastigmine16,17 Tableau V Propriétés pharmacologiques de la mémantine14,20,21 Dose initiale Timbre 5 cm² die Propriétés pharmacocinétiques (libération de 4,6 mg/24 h) T½ élimination 60-80 heures Intervalle d’ajustement 4 semaines Liaison protéique 45 % Dose de maintien Timbre 10 cm² die Métabolisme Non hépatique (libération de 9,5 mg/24 h) Posologie Dose équivalente à la rivastigmine orale Dose initiale 5 mg die le matin Timbre de 5 cm² Rivastigmine < 6 mg/jour Intervalle d’ajustement ↑ de 5 mg par semaine Timbre de 10 cm² Rivastigmine ≥ 6 mg/jour Dose minimale efficace 5 mg bid Application du timbre Dos, poitrine, partie supérieure des bras Dose maximale 10 mg bid Changer l’endroit d’application die. Prise recommandée Avec ou sans aliments Effets indésirables Nausées (7,2 %), vomissements (6,2 %), Ajustement en IR diarrhée (6 %), érythème ou prurit (2,4 %) ClCr 30-49 mL/min 5 mg bid* ClCr 15-29 mL/min 5 mg bid ClCr < 15 mL/min CI Ajustement en IH CI en IH sévère EIs Étourdissements, constipation, confusion, céphalée, HTA Précautions Problèmes génito-urinaires augmentant le pH urinaire (acidose tubulaire rénale, infection urinaire sévère à Proteus) Tableau IV Recommandations pour effectuer le passage d’un IChE à un autre*18 Raisons pour changer Manque d’efficacité Intolérance d’IChE Temps d’arrêt avant Aucun. Attendre la résolution Antécédents†: convulsion, HTA non maîtrisée, de débuter la prise du La prise du second agent complète des EIs avant infarctus récent ou IC non compensée Contre-indications Hypersensibilité au produit IH et IR sévères de débuter le 2e nouvel IChE peut être débutée le lendemain. Dose Débuter la prise du 2e agent à la dose initiale usuelle. agent. Intervalle d’augmentation 2 semaines Minimum 4 semaines de dose ⦁ Antagoniste des récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA) La mémantine est un antagoniste non compétitif, d’affinité faible à modérée, des récepteurs NMDA. Son utilisation permettrait de réduire l’excitotoxicité glutamatergique et, de ce fait, la destruction neuronale qui y est associée20,21. Au Québec, la mémantine est remboursée par le régime général uniquement lorsqu’elle est utilisée en monothérapie pour le traitement symptomatique de la DTA de stade modéré à sévère (MMSE 3-14). Les propriétés pharmacologiques, les recommandations quant au titrage des doses, les ajustements posologiques en insuffisance rénale ainsi que les précautions et contre-indications relatives à l’utilisation de la mémantine sont présentés au tableau V. Effets indésirables La mémantine est généralement bien tolérée. Dans les études randomisées, l’incidence d’EIs était la même dans les groupes placebo et mémantine. L’arrêt du traitement dû à des EIs était d’ailleurs plus fréquent dans le groupe placebo. Les EIs les plus fréquents dans le groupe mémantine étaient les étourdissements, la constipation, la confusion, les céphalées et l’hypertension20,21. Interactions La mémantine n’est pas métabolisée par les isoenzymes du cytochrome P450, ce qui diminue son potentiel d’interaction20,21. Quelques inter actions ont tout de même été décrites. Elles sont présentées au tableau VI. Progression de la démence d’Alzheimer Le traitement de la DTA doit être adapté en fonction de la progression de la maladie. Si la démence progresse malgré un traitement par un IChE à dose optimale, il est possible de changer IC : Insuffisance cardiaque; IH : Insuffisance hépatique; IR : Insuffisance rénale; HTA : Hypertension artérielle * Si la tolérance est adéquate et que l’aspect clinique le justifie, la dose peut être augmentée à 10 mg bid17. * S’appliquent à tous les IChEs, incluant la rivastigmine en formulation transdermique. commencer par la dose initiale usuelle, mais de titrer la dose toutes les deux semaines jusqu’à ce que la dose minimale efficace soit atteinte. Cela a pour but d’éviter une détérioration clinique due à une inhibition sous-optimale de la cholinestérase qui pourrait se produire pendant le changement d’agent18. CI : Contre-indiqué; d’IChE5,18,19,22. Par contre, si la maladie a progressé vers un stade modéré à sévère, il est préférable de substituer la mémantine à l’IChE. L’ajout de la mémantine à l’IChE est aussi discuté dans certaines lignes directrices sur la démence sévère5,7,22,23. Cependant, les données probantes sont insuffisantes pour en recommander l’usage23,24. Enfin, si le patient est déjà à un stade modéré à sévère de la maladie au moment du diagnostic, la mémantine ou un IChE peut être débuté23. Toutes ces stratégies ont démontré certains bénéfices. Cependant, elles ne sont pas toutes remboursées par le régime général (RAMQ). Les médicaments pour le traitement de la DTA sont-ils couverts par la RAMQ ? Les IChEs, dont le timbre de rivastigmine, et la mémantine ont le statut de médicament d’exception à la RAMQ. Pour être remboursés, ils doivent être utilisés en monothérapie, sauf dans le cas où un IChE est remplacé par la mémantine. En effet, l’utilisation concomitante des deux médicaments est alors autorisée pour une période d’un mois afin de permettre un sevrage graduel de l’IChE lorsque désiré. Un résumé des critères de remboursement est présenté au tableau VII. † Les patients atteints de ces problèmes de santé étaient exclus des études cliniques17. Tableau VI Interactions cliniquement significatives rapportées avec la mémantine14-20 Agents impliqués Description Médicaments alcalinisant les urines du pH urinaire entraîne une de l’élimination (bicarbonate de sodium, rénale de la mémantine (clairance rénale de la inhibiteurs de l’anhydrase mémantine de 80 % lorsque pH urinaire = 8) carbonique) Administrer avec précaution. Surveiller l’apparition d’EIs Antagonistes des récepteurs possibles des EIs (surtout ceux liés au système NMDA nerveux central) (amantadine, kétamine, Tableau VII Résumé des critères de paiement des médicaments pour le traitement de la DTA à la RAMQ IChE Mémantine Conditions initiales Score au MMSE de 3 à 14 Score au MMSE de 10 à 26* de paiement Durée initiale de Patient vivant à domicile‡ 6 mois 6 mois Conditions MMSE ≥ 10, Stabilisation ou amélioration subséquentes max. de 3 points au MMSE des symptômes dans de paiement sur une période de 6 mois, 3 domaines cognitifs†. l’autorisation stabilisation ou amélioration des symptômes dans un ou plusieurs domaines Quand cesser le traitement L’arrêt du traitement peut être envisagé si le patient refuse de prendre le médicament, s’il présente des EIs intolérables, s’il ne répond pas au traitement malgré une période d’essai raisonnable, s’il est peu observant au point où il serait inutile ou nuisible de le traiter, ou si la maladie a atteint un stade tel que les bénéfices à poursuivre le traitement seront mineurs. Dans les semaines suivant l’arrêt, si un déclin des fonctions cognitives et des capacités fonctionnelles ou une aggravation des troubles du comportement survient, il est justifié de recommencer le traitement7. Généralement, l’IChE ou la mémantine est cessé d’un coup, sans période de sevrage22. Quelques cas de syndrome de retrait (agitation, changement d’humeur, trouble du comportement…) ont été rapportés à la suite de l’arrêt brusque du donépézil. Compte tenu de la longue demi-vie d’élimination de ce médicament, les Ne pas administrer avec la mémantine dextrométhorphane) cognitifs† Durée des 1 an 6 mois autorisations subséquentes * Peut être autorisé avec un MMSE de 27 ou 28 si justifié par le médecin. † Fonctionnement intellectuel, humeur, comportement, autonomie, interaction sociale ‡ Patient qui ne vit pas dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée public ou privé conventionné symptômes sont apparus cinq à six jours suivant l’arrêt. Ces symptômes se résolvent d’euxmêmes, habituellement après 9 ou 10 jours ou en réintroduisant le donépézil25. Une diminution graduelle des doses peut aussi être envisagée, bien que cette méthode soit peu documentée dans la littérature scientifique22. Il est également recommandé d’effectuer l’arrêt du traitement de la DTA dans un environnement stable et avec un suivi adéquat5,7,8,22. Conclusion En raison du vieillissement de la population, le pharmacien soignera de plus en plus de patients atteints de DTA. Il doit donc bien connaître les différentes options de traitement pour pouvoir répondre aux interrogations des patients et de leur famille. Il doit également être en mesure de conseiller ses collègues médecins sur la gestion des EIs et des interactions, ainsi que sur la manière d’optimiser le traitement des patients. ❰ www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | juin - juillet 2011 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.ProfessionSante.ca Neurologie Références 1- Carlsson CM, Gleason CE, Puglielli L, et coll. Chapter 65 : Dementia Including Alzheimer’s Disease. Dans : Halter JB, Ouslander JG, Tinetti ME, et coll. Hazzard's Geriatric Medicine and Gerontology 6th Edition. United States of America : McGraw-Hill; 2009; 1760 pages. 2- Chertkow H. Diagnosis and treatment of dementia : Introduction. JAMA 2008; 178: 316-21. 3- Société Alzheimer du Canada 1997-2011. www.alzheimer.ca. Consulté en ligne en mars 2011. 4- Howard HF, Jacova C, Robillard A, et coll. Diagnosis and treatment of dementia : Diagnosis. CMAJ 2008; 178: 825-36. 5- Thibodeau M-P, Massoud F. 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Int J Geriatr Psychiatry. 2003 Apr; 18(4): 282-4. Mise à jour sur le traitement de la démence de type Alzheimer Question 1 Question 5 Lequel des énoncés suivants est vrai ? a) Le donépézil est plus efficace que la rivastigmine. b) Plusieurs interactions pharmacocinétiques cliniquement significatives ont été rapportées avec le donépézil. c) La dose de galantamine doit être ajustée en présence d’insuffisance rénale. d) Il est contre-indiqué d’administrer un IChE en présence de fibrillation auriculaire. Une interaction médicamenteuse a été rapportée entre le donépézil et tous les médicaments suivants sauf un, lequel : a) Désipramine b) Citalopram c) Toltérodine d) Bisoprolol Question 6 Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? a) La rivastigmine inhibe la BuChE en plus de l’AChE. C’est pourquoi elle est plus efficace que les autres IChEs. b) Plusieurs interactions ont été rapportées entre le donépézil et les médicaments fortement liés aux protéines plasmatiques. c) La galantamine est métabolisée par les isoenzymes 2D6 et 3A4 du cytochrome P450. d) L’utilisation du dextrométhorphane doit être évitée chez les patients prenant de la mémantine. Question 2 En ce qui concerne les EIs digestifs associés à la prise d’IChE, lequel des énoncés suivants est faux ? a) L’augmentation graduelle des doses et la prise de l’IChE avec de la nourriture permettent de diminuer leur fréquence. b) La rivastigmine est l’IChE qui en cause le plus. c) La formulation transdermique de rivastigmine en cause trois fois moins que la formulation orale. d) En présence de nausées importantes, il est recommandé d’administrer du dimenhydrinate 30 minutes avant la prise de l’IChE. Question 7 Lequel des énoncés suivants est faux ? a) Il faut diminuer graduellement les doses d’un IChE avant de le cesser. b) Dans les cas de DTA sévère, il est possible d’associer un IChE et la mémantine. c) Pour être remboursée par la RAMQ, la mémantine doit être utilisée en monothérapie chez les patients vivant à domicile. d) Si un patient est atteint de DTA de stade modéré à sévère, un IChE ou la mémantine peut être instauré. Question 3 En ce qui a trait au passage d’un IChE à un autre, laquelle des affirmations suivantes est fausse ? a) Plus de 50 % des patients ayant changé d’IChE en raison d’un manque d’efficacité ont eu une amélioration ou une stabilisation de leur maladie. b) Lors d’une intolérance, le nouvel IChE peut être débuté dès le lendemain. c) Lors d’un manque d’efficacité, l’augmentation des doses du nouvel IChE peut se faire toutes les deux semaines. d) Il n’est pas recommandé de changer d’IChE si la perte d’efficacité survient après plusieurs années de traitement. Question 8 Lequel des énoncés suivants est faux ? a) Pour être remboursés par la RAMQ, les IChEs doivent être utilisés chez les patients atteints de DTA de stade léger à modéré (MMSE 10 à 26). b) Il est nécessaire de superviser les patients utilisant la rivastigmine en formulation transdermique. c) Des cas de syndromes de retrait ont été rapportés à la suite de l’arrêt brusque du donépézil. d) Une diminution du pH urinaire, entraîne une diminution de l’élimination rénale de la mémantine. Question 4 En ce qui concerne la mémantine, laquelle des affirmations suivantes est fausse ? a) La mémantine est indiquée pour le traitement de la DTA de stade modéré à sévère. b) La dose doit être ajustée en présence d’insuffisance rénale. c) La mémantine est contre-indiquée en présence d’anomalies de la conduction cardiaque. d) Dans les études cliniques, l’incidence d’EIs était la même que dans le groupe placebo. ✂ Veuillez noter que les articles de formation continue sont dorénavant valides pendant un an après leur publication ou mise en ligne. L’Ordre des pharmaciens du Québec accordera 1,5 UFC aux participants qui auront au moins 6 bonnes réponses sur 8. Faites cette formation en ligne ou retournez ce questionnaire par télécopieur ou Prénom :_____________________________ Nom :_ ____________________________________________ par la poste. Date limite : 6 juillet 2012 Principale province émettrice du permis d’exercice :______________ Permis Nº :����������������������� L’actualité pharmaceutique, Formation continue 1200, avenue McGill College Bureau 800 Montréal (Qc) H3B 4G7 Nom de la pharmacie :_ ____________________________________________________________________ Deuxième province émettrice du permis d’exercice :________________ Permis Nº :����������������������� www.ProfessionSante.ca Adresse (travail) :_________________________________________________________________________ Ville :___________________________________ Province:_ _______________Code postal :_______________ Télécopieur : (514) 843-2940 Année d’obtention du diplôme:_ __________ Tél. :_________________________ Téléc :____________________ Publié grâce à une subvention sans restrictions de Courriel :_______________________________________________________________________________ Type de pratique : □ Chaîne ou franchise □ Pharmacie d’épicerie □ Établissement □ Bannière □ Indépendante □ Grande surface □ Autre (précisez) __________________________________ Coupon-réponse de juin-juillet 2011 Mise à jour sur le traitement de la démence de type Alzheimer 1) 2) 3) 4) 4 a a a a □ □ □ □ b b b b □ □ □ □ c c c c □ □ □ □ d d d d □ □ □ □ cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | juin -juillet 2011 | www.ProfessionSante.ca 5) 6) 7) 8) a a a a □ □ □ □ b b b b □ □ □ □ c c c c □ □ □ □ d □ d □ d □ d□ Veuillez nous confirmer que ce contenu vous a été utile en répondant aux questions suivantes : 1) Après avoir lu ce contenu, pensez-vous être plus en mesure d’offrir des soins pharma ceutiques à vos patients dans ce domaine ? □ Oui □ Non 2) Ce contenu vous est-il utile dans l’exercice de votre profession ? □ Oui □ Non 3) Pourrez-vous mettre en pratique cette information ? □ Oui □ Non □ N.A. 4) Dans l’ensemble, êtes-vous satisfait(e) de ce contenu ? □ Très □ Assez □ Pas du tout