Créer une cuisine ambulante

PARTAGE D’EXPÉRIENCE
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Créer une cuisine
ambulante
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AURÉLIE COORDINATRICE ANIMATION
01-10-2014
EHPAD Villa Saint-Nicolas
Le Havre(76)
OBJECTIFS RÉSIDENTS
- Stimuler les sens, la motricité fine. - Favoriser les échanges
entres les résidents souvent riches de souvenirs, permettant
de cerner les différentes personnalités. - Créer un moment de
plaisir et de convivialité autour des plaisirs de la table. - Amener l’envie de venir sur des lieux «oubliés».
PRATIQUE
Au lendemain de la sortie pêche la femme d’un pêcheur en pleine
préparation de poissons sur la cuisine ambulante.
Un meuble de cuisine moderne de 90 x 56 x 85 (un caisson avec
trois tiroirs), ainsi qu’un plan de travail, des roulettes, des portes
manteaux (pour les poignées afin de la déplacer correctement)
pour environ 600€. Pour l’électroménager nous avons fait l’acquisition d’un four combiné de 30 L, d’une plaque de cuisson
vitrocéramique, d’une plancha familiale, une crêpière/raclette,
de quelques ustensiles. Le reste des ustensiles étant fournie par
les dons des familles et salariés de la Villa (environ 200€).
Pour la décoration j’ai choisi de mettre un sticker rouge sur le
thème de la cuisine que j’ai posé sur l’arrière de la console (40€).
La construction de la cuisine ambulante, revient à environ
900 €
LA NAISSANCE
DU PROJET
Il fallait vraiment imaginer un
outil qui puisse se déplacer et
qui me permette d’aller vers les
personnes et non l’inverse. De
plus, pour garder l’intérêt de ce
type d’atelier c’est-à-dire « stimuler par l’odorat », il fallait que
les créations culinaires puissent
être cuites au vu et au su de
tout le monde, afin d’instaurer
une ambiance, une atmosphère
particulière.
Ma rencontre avec Philippe
Crône, lors de la formation
Humanitude m’a permis de
concrétiser ce projet autour de
son concept ambulant. Je l’ai
juste embelli et mis sur papier.
De mémoire d’animatrice, j’ai sou-
vent entendu dire : « Ah, cette
odeur de cuisine me rappelle
mon enfance » ou encore « Ah,
ça sent la cuisine, comme quand
j’étais petit(e)! ».
Lors de mes premiers ateliers cuisine je me suis rendue compte
que les gestes nécessaires à
la confection culinaire, et malgré des capacités cognitives ou
physiques restreintes, restent
ancrés chez les résidents.
L’atelier cuisine est incontournable en Ehpad. Mais les lieux
où je proposais les ateliers
étaient dépourvus de four donc
pas d’odeur de cuisson, ou bien
s’adressaient aux résidents qui
étaient en capacité de pouvoir se
déplacer jusqu’à l’atelier.
INVESTIR DES ZONES
INOCCUPÉES
La cuisine ambulante vient d’être achevée, le
projet peut débuter.
De nombreuses zones de
l’établissement ne sont pas
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cuisinier d’établir une fiche cuisine, avec 3 ateliers
cuisine maximum par semaine et un repas par mois.
SUSCITER LA CURIOSITÉ
DES RÉSIDENTS
Pour promouvoir ce nouvel outil au sein de la villa, un
Un repas « barbecue rencontre » .
exploitées, une cuisine mobile permettrait alors
de pouvoir cuisiner dans les étages, dans les couloirs et donc de créer des petits groupes de personnes.
Ce projet de cuisiner n’importe où est un prétexte
pour que les personnes se rencontrent, ou tout simplement pour aller à la rencontre des autres et ainsi
répondre à ma mission première d’animatrice : la
création de groupes.
L’ÉTAPE DE CONSTRUCTION
Lors de la création de ce projet le premier vers qui
je suis allé est le factotum, qui m’a aidée pour la
construction de l’objet, j’avais moi-même fait les
devis et préparé des croquis pour avoir une idée de
ce que je voulais.
Ensuite je me suis rapprochée de la direction pour
la viabilité du projet et pour son financement. Le
financement de la construction de cet objet m’a été
accordé sur un budget annexe au budget de l’animation. L’achat des denrées alimentaires est pris sur le
budget restauration.
Puis j’ai parlé du projet au personnel de l’établissement qui ont des créneaux d’animation afin de
savoir dans quelle mesure cet objet leur serait utile.
Elles doivent être associées et adhérer au projet dès
son élaboration afin qu’il ne reste pas à l’état de projet.
Concernant les ingrédients qui seront utilisés pendant les ateliers, nous avons décidé avec le chef
après-midi j’ai décidé de faire quelque chose qui
sente très fort à la cuisson : des beignets aux
pommes, avec la bonne odeur de friture qui embauma en quelques minutes les couloirs de la Villa. Du
coup les résidents sont venus, suivis des aidessoignantes, des infirmiers, des personnes du secrétariat, des familles en visites. Voilà une bonne
campagne publicitaire pour la cuisine, ainsi tout le
monde ou presque avait connaissance de mon «nouveau jouet ».
Depuis j’utilise la cuisine de différentes manières :
au fil des expériences j’envisage d’autres possibilités,
d’autres lieux à investir. Chaque endroit où est positionnée la cuisine donne lieu à des expériences
nouvelles, les résidents ne sont pas les mêmes,
l’implication est également différente...
DES DÉCLINAISONS INATTENDUES
Aujourd’hui l’équipe soignante, ou moi-même, propo-
sons des actions que l’on n’avait pas envisagées au
départ comme les repas en chambre de manière
individuelle. En effet, lors de ma distribution de
courrier je rencontre les résidents qui ne descendent
Une chambre où a eu lieu un repas individuel
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Préparation commune pour un repas à thème.
pas au restaurant, parfois parce qu’ils sont malades,
parfois parce qu’ils ne veulent pas, alors certains me
sollicitent en me disant qu’ils aimeraient manger
telle ou telle chose car ils n’ont plus d’appétit mais
que ce met en particulier leur ferait plaisir. Alors
nous choisissons le plat ensemble et programmons
une date pour avoir le temps de prévenir le service
de restauration.
La préparation du plat ainsi que la cuisson se font
dans la chambre ainsi les odeurs de cuisine sont
présentes c’est autre chose qu’un plat mis sous cellophane ! Ensuite vient la dégustation et le partage
du repas en tête a tête.
Ce type de repas doit être un maillon de tout une
chaîne : avant d’arriver je m’assure que les AS ont
prévu une préparation spécial de la résidente si
elle le souhaite (shampoing, belle coiffure, balneo,
habillement spécial).
L’utilisation de la cuisine ambulante n’a pas de
limites. Pour un repas entre voisins de chambre, lors
d’une sortie à thème, de repas à thème, de confection de confitures avec les fruits de saison, lors d’atelier pâtisserie...
UN NOUVEL OUTILS
AUX PROPRIÉTÉS MULTIPLES
Les atouts de ce nouvel outils touchent l’ensemble
des personnes de l’établissement. Il permet aux
soignants de porter un autre regard sur les résidents
(contexte, accompagnement, écoute…). Du côté des
résidents les expériences sont également positives
et rassurantes grâce à l’implication des différents services.
Tous sont incités à demeurer actifs, à participer aux
tâches ménagères, ne serait-ce qu’en épluchant
quelques fruits ou en touillant une confiture qui
mijote dans le couloir. Les résidents sont parfois
conviés par le biais d’un écriteau « servez-vous,
ou touiller quand vous passez », parce que ce sentir comme à la maison probablement diminue le sentiment d’enfermement, donc l’anxiété ou le désarroi
d’être là, donc les médicaments également. En proposant ce type d’activité mobile on peut observer
des résidents aller et venir plutôt qu’être immobile dans cette micro-société.
Un projet «mobile» que l’on a décliné en bibliothèque,
épicerie,potager et bientôt en chariot des sens.
APPEL À CONTRIBUTION
Si, comme Aurélie vous avez mis en place des
outils permettant à l’animation d’être décentralisée, n’hésitez pas à nous en faire part.
[email protected]