Le Quotidien Jurassien - "La santé vient en bougeant... avec plaisir"

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Le Quotidien Jurassien - "La santé vient en bougeant... avec plaisir"
MAGAZINE
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santé
Cette page Magazine santé
est réalisée en collaboration
avec l’Hôpital du Jura et le
Service cantonal de la santé
publique.
La santé vient en bougeant… avec plaisir
V ACTIVITÉ PHYSIQUE Les Suisses et avec eux les Jurassiens n’ont jamais été aussi mobiles qu’aujourd’hui.
Mais, paradoxe, ils bougent peu physiquement, voire trop peu. Une situation qu’illustrent les données issues
de rapports et d’enquêtes de l’Office fédéral de la statistique
L
es Suisses ont, en 2005, parcouru 37 km par jour en
moyenne et passé 88 minutes en déplacements pour les
loisirs, le travail ou formation. En revanche, côté bougeotte et activité
physique, quatre Suisses sur dix seulement présentent un niveau d’activité physique propre à améliorer la
santé. Les six autres sont en déficit de
mouvements.
Rencontre avec Laure Schlup, 29
ans, spécialiste de l’activité physique
adaptée, attachée à l’Unité d’endocrinologie, de diabétologie, du métabolisme et de la nutrition (UEDMN) de
l’Hôpital du Jura:
Le Quotidien Jurassien: – Spécialiste
de l’activité physique adaptée, en
quoi ça consiste?
Laure Schlup: – C’est une spécialisation issue du milieu médical. Je l’ai
acquise à l’Université Laval, à Québec, après avoir obtenu une licence ès
sciences du sport et de l’éducation à
Lausanne.
Cette
spécialisation
concerne la prise en charge de personnes malades ou en situation de
handicap. Mon activité porte sur la
conception, l’évaluation et le suivi de
programmes de prévention et de réadaptation par l’activité physique. Et
cela de manière personnalisée.
Les programmes sont précisément
adaptés aux intérêts, envies et capacités fonctionnelles ainsi qu’aux problèmes de santé des personnes
concernées. Le but est de favoriser
l’adoption d’un mode de vie plus actif.
Attachée à l’Hôpital du Jura, j’exerce notamment ma spécialisation au
sein de l’équipe «consultation d’obésité», animée par un médecin diabétologue-endocrinologue et comprenant en outre un diététicien et une
psychologue de la santé.
– La promotion de l’activité physique est à l’ordre du jour; le Gouvernement jurassien s’apprête d’ailleurs
à lui consacrer une loi. N’en fait-on
pas trop?
– Absolument pas. Ces campagnes
et manifestations promotionnelles,
comme le SlowUp Jura, ont d’heureuses retombées dans la population
Marjory en pleine ascension du Mont
Ventoux.
On peut être à la fois très
mobile et très active physiquement. C’est le cas de Marjory
Winkler, 27 ans, médiamaticienne et accro du vélo. Elle
partage son temps entre Mié-
qui découvre le bonheur de pédaler,
pousser une trottinette ou tout bonnement marcher d’un bon pas. Grâce
à ces campagnes la progression de
l’inactivité physique peut être enrayée.
Reste qu’il ne faut pas confondre
mobilité et activité physique. On peut
être mobile et se déplacer souvent en
demeurant assis dans sa voiture ou
dans le train.
–L’absence d’activité physique nuit
donc à la santé?
– Sans aucun doute. A mes yeux,
l’ampleur du problème représente
un vrai fléau.
L’inactivité physique totale touche
près d’une personne sur cinq. Elle est
délétère et dangereuse pour le cœur
et les vaisseaux sanguins, elle n’est
pas étrangère à la tendance au surpoids et à l’obésité. Selon l’OMS, la
sédentarité est chaque année à l’origine de deux millions de décès, causés par les maladies cardiovasculaires, le diabète et l’obésité.
Il existe une étroite corrélation entre absence d’activité physique et
mal-être psychique. A l’inverse, l’activité physique entraîne des effets bénéfiques dans la décharge de l’agressivité, dans l’estime de soi et le
contrôle du stress. Elle diminue les
tendances de dépression et d’anxiété
et suscite une meilleure humeur.
– On recommande une demi-heure quotidienne de marche pour améliorer sa santé; ça paraît aisé. Pourquoi chacun ne s’y met pas?
– La recommandation «30 minutes
de marche à une allure soutenue»,
soutenue par les professionnels de la
santé est simple et efficace. Il s’agit
de marcher entre 2 et 3 km en une
demi-heure. C’est devenu une référence. Marcher, c’est l’activité physique de base, praticable partout et à
tout âge.
Les effets bénéfiques de la marche
peuvent être amplifiés par le nordic
walking et le recours à des bâtons
spéciaux. Cette forme de marche requiert un bref apprentissage, mais
elle a l’avantage de mettre 90% de
nos muscles à contribution et de générer une dépense énergétique fort
Laure Schlup est spécialiste de l’activité physique.
supérieure à la marche traditionnelle.
Mais l’activité physique ne se réduit pas à la marche. On bouge en nageant, en pédalant, patinant, sur la
glace ou à roulettes, au long d’une
piste de ski de fond, lors d’une partie
de volley ou de badminton ou encore
sur une piste de danse. Jardiner, laver sa voiture, déblayer la neige, faire
ses courses à pied, préférer l’escalier
à l’ascenseur, constituent autant de
précieuses activités physiques.
Ces fameuses «30 minutes» peuvent se débiter en tranches de 10 minutes, réparties dans la journée à la
faveur d’activités différentes. Si tout
le monde ne s’y met pas, c’est surtout
faute de motivation.
ARCHIVES
– Comment motiver les gens?
– Ça doit être une source de plaisir.
C’est mon credo! Il y a deux types de
motivation: la première, intrinsèque
ou interne, est ressentie lorsque l’activité est pratiquée avec plaisir et envie; la deuxième, extrinsèque, à son
origine dans des besoins externes,
par exemple des problèmes de santé
physiques ou psychiques.
Le choix de l’activité est essentiel. Il
faut dénicher celle qui sera le mieux
adaptée à la personne, à ses attentes
et à son environnement et, surtout au
bien-être ressenti. Les premiers mois
sont cruciaux.
Si le mode de vie actif persiste audelà de la période critique de six
mois, il y a de fortes chances que la
pratique de l’activité physique choisie devienne une habitude. La motivation deviendra intrinsèque avec le
plaisir issu de l’activité elle-même.
Le gros obstacle à surmonter est
celui du «je n’ai pas le temps». Le
temps sera d’autant plus aisé à trouver que l’activité proposée plaira à la
personne concernée. L’activité n’a
pas besoin d’être difficile pour être
bénéfique. Le plus difficile est souvent le premier pas.
JACQUES STADELMANN
• Pour en savoir plus, cliquer sur le site
de Laure Schlup: www.bougersante.ch
«Comme une sorte de salut»
Test d’activité physique
court, son village natal, Berne,
son lieu de travail dans une
ONG et l’Uni de Fribourg où
elle prépare un bachelor dans
le domaine social.
«Je jongle, explique-t-elle,
entre mon travail à 30% et
l’Uni, 28 heures par semaine,
et je m’emploie chaque jour à
suivre mon programme d’activités physiques. A savoir, en
gros, la course à pied deux à
trois fois par semaine et des
randonnées à vélo, de route ou
VTT, les jours sans course et
plus particulièrement le weekend. Tout ça pour le plaisir».
Répondez aux six affirmations suivantes:
Le déclic du plaisir
Souffrant notamment de
narcolepsie et se sentant à
l’époque plutôt mal dans sa
peau, Marjory a, il y quelques
années, été prise en charge par
16 | Mercredi 30 juin 2010 | Le Quotidien Jurassien
l’équipe de l’Hôpital du Jura à
laquelle appartient Laure
Schlup, spécialiste de l’activité
physique adaptée.
«Au départ, raconte-t-elle,
j’étais un peu sceptique. Mais,
au fil des rencontres, j’ai apprécié l’approche multidisciplinaire proposée. Elle m’a
permis de découvrir que les
activités physiques avaient des
effets bénéfiques sur mes problèmes de santé, sur mon
comportement général et ma
manière de me percevoir.
»Peu à peu, la course à pied
et surtout le vélo, sont devenus
pour moi comme une sorte de
salut.
»Je pratiquais déjà le vélo,
poursuit-elle, mais de manière
irrégulière. Le fait de passer à
une pratique constante et de
me fixer des objectifs de pro-
gression ont permis d’améliorer sensiblement ma condition physique et mes performances. Aujourd’hui, je ne
crains plus les montées,
j’aime les bosses et je prends
vraiment du plaisir à rouler.
»L’activité sportive est aujourd’hui intégrée à ma manière de vivre. Certes, cela
m’oblige à m’organiser mais
j’accueille cela comme un
plus. Je me sens bien après
une longue randonnée à vélo
et, élément précieux pour moi,
j’éprouve vraiment une saine
fatigue.»
Marjory dit se réjouir déjà
de son programme de vacances: quelques centaines de kilomètres à vélo, «avec sacoches», précise-t-elle, sur les
routes très escarpées de Corse.
JST
Au travail?
1. Je marche: a) jamais, b) occasionnellement, c) souvent.
2. Je suis assis: a) souvent, b) occasionnellement, c) jamais.
Durant mes loisirs ?
3. Je marche: a) jamais, b) occasionnellement, c) souvent.
4. Je pratique un sport: a) jamais, b) occasionnellement, c) souvent.
5. Je regarde la télévision: a) souvent, b) occasionnellement, c) jamais.
Pour me déplacer?
6. Je privilégie la marche, le vélo, les rollers: a) jamais, b) occasionnellement, c) souvent.
Barème des réponses: lettres a) = 1 point, b) = 2 points, c = 3 points. Si
vous avez répondu à toutes les questions le score minimal est de 6
points et le score maximal de 18 points.
Appréciation: 6 à 9 points = très peu actif; 9 à 12 points = peu actif; 12 à
15 points = moyennement actif; 15 à 18 points = très actif.
Source: www.mangerbouger.fr.