Guillaume Tell, à chacun son quartier
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Guillaume Tell, à chacun son quartier
BCVS Bénéfice semestriel en légère hausse, mais... PAGE 7 VALÉRIE DUCHATELLE La cardiologue est un as du parachutisme PAGE 10 SABINE PAPILLOUD JEUDI 30 JUILLET 2015 www.lenouvelliste.ch N0 174 CHF 2.70/€ 2.70 J.A. - 1950 SION 1 bc - bm DR Guillaume Tell, à chacun son quartier «GAME OF THRONES» La série phénomène tourne ses épisodes en Europe PAGE 16 HOCKEY Au HC Viège, la jeune garde a pris le pouvoir PAGE 19 FOOTBALL Le FC Sion toujours sur les rangs pour Dzemaili PAGE 21 LOUIS DASSELBORNE LA MÉTÉO DU JOUR en plaine à 1500m 15° 24° 8° 17° CULTURE Guillaume Tell, héros suisse et… valaisan. Cet été, il sera joué sous la forme d’un opéra à Martigny et d’une pièce de théâtre à Sion. «Le Nouvelliste» a réuni les deux metteurs en scène Florian Schmocker (à gauche) et François Marin. Ils confrontent leur regard sur ce double événement culturel. PAGES 4-5 ANN CHRISTIAN HOFM CERVIN/MONT BLANC FÊTE NATIONALE Les montagnes interdites Il y aura bien des feux d’artifice La canicule a fragilisé la montagne et ses sommets prestigieux. En raison d’une roche instable, l’arête italienne du Cervin est fermée. La voie normale du mont Blanc est aussi sujette à restriction. La vigilance est de mise dans les Alpes. PAGE 3 L’Etat du Valais a délivré des dérogations exceptionnelles pour les communes. Elles pourront, à certaines conditions, tirer des feux d’artifice pour la fête nationale. Il y aura bien le feu à La Bâtiaz. Par contre, les feux privés demeurent interdits. PAGE 7 SACHA BITTEL/A PUBLICITÉ Ressourcez-vous dans l’eau pure des Alpes. Temps de baignade illimité. Le bien-être grandeur nature Entrée bains : Fr. 21.Bains + Spa 1000 m2 : Fr. 40.- <wm>10CAsNsjY0MDA20zW3NDWyNAcAJrUUmg8AAAA=</wm> <wm>10CFWKrQoDMRAGn2jDt_-kK4-4cOKojynVfX_VtO7EwDDMnOUNf45xPsdVDGhQdpeelV1bgouNW6oUQkLA_mA34y5520kD2GH9FkKQxNpiShxL3Nrn9f4CTsN9qXEAAAA=</wm> Réservation : Les Bains d’Ovronnaz • 1911 Ovronnaz/Valais • 027 305 11 00 • [email protected] Rue de l’Industrie 13, 1950 Sion – Tél. 027 329 75 11 Rédaction: [email protected] Mortuaires: Tél. 027 329 76 42 – [email protected] www.bains-ovronnaz.ch Service client: 027 329 76 90 – [email protected] JEUDI 30 JUILLET 2015 4 L’opéra de Rossini à Martigny GRAND ANGLE Cet été, Guillaume Tell se SPECTACLES REGARDS CROISÉS Guillaume Tell est le personnage vedette de l’été culturel valaisan. Le Suisse sera le héros de deux grands spectacles en plein air qui se tiendront durant la même période: à l’amphithéâtre de Martigny, l’Opéra du Rhône jouera «Guillaume Tell», le célèbre opéra de Gioacchino Rossini (du 2 au 15 août), et à Sion, «Guillaume Tell», la pièce de théâtre de René Zahnd sera proposée par Nova Malacuria et la Compagnie Marin, dans la vieille ville (du 5 août au 5 septembre). «Guillaume Tell» se décline sous la forme d’un opéra à Martigny et et François Marin, confrontent leur regard sur ce double événement. LA CONCORDANCE DES DATES Deux spectacles consacrés au mythe suisse, dans deux registres artistiques, et donc deux conceptions et approches forcément différentes de l’homme à l’arbalète. Ce croisement fortuit entre deux Guillaume Tell au cœur de l’été valait bien une autre rencontre, celle des deux metteurs en scène. Florian Schmocker, pour l’Opéra du Rhône, et François Marin, pour Nova Malacuria, échangent leurs points de vue. Proposer deux spectacles en plein air aux mêmes dates, deux œuvres qui tournent autour du même personnage central, dans un rayon de 30 kilomètres, n’est-ce pas pure folie? François Marin tempère d’entrée: «Non, car si les deux pièces ont le même titre, il ne s’agit pas des mêmes arts, de la même époque d’écriture, les }JOËL JENZER À MARTIGNY L’OPÉRA Rossini à l’honneur L’Opéra du Rhône, pour fêter les 200 ans de l’entrée du canton du Valais dans la Confédération, a rassemblé 80 chanteurs de Romandie et un orchestre symphonique de 65 musiciens professionnels pour réaliser la version chantée de «Guillaume Tell» créée en 1829 – en français – par Gioacchino Rossini. Après le succès de «La Traviata» en 2011 et de «La Flûte enchantée» en 2013, l’Opéra du Valais s’apprête à ravir ses auditeurs avec les solistes Claude Darbellay, dans le rôle de Tell, Jonathan Spi Spicher, Laure Barras, Véronique Chevillard, Charlotte Müller Perrier,r, Stephan Imboden, André Gass et ruGeoffroy Perruchoud. spectacles ne sont pas de la même durée. Je pense que ce n’est pas un problème, et que, au contraire, ces deux spectacles sont complémentaires. Il faut juste espérer que le public soit curieux et que les gens aillent voir les deux spectacles.» Florian Schmocker est du même avis. Mais le metteur en scène de l’œuvre chantée de Rossini émet une crainte: «L’opéra rebute pas mal de gens ici. Ils ne connaissent pas bien cet art. Souvent, ils viennent voir un copain et ils s’at- tendent à une comédie musicale!» François Marin résume la situation avec le sens de l’analyse de l’homme spécialisé dans l’histoire du théâtre: «Nous ne sommes pas concurrents mais partenaires. Nous proposons deux spectacles qui portent le même nom, mais ce sont deux visions différentes.» «Oui, nous sommes partenaires», acquiesce Florian Schmocker. «Plus un spectacle est réussi, mieux c’est: si un spectacle est raté, c’est mauvais pour tout le monde, car les gens déçus risquent de ne pas retourner voir autre chose.» DEUX GUILLAUME TELL DIFFÉRENTS Si les deux spectacles ont pour personnage central le même héros, le public verra deux figures totalement différentes. François Marin: «René Zahnd avait reçu une commande pour traduire la pièce de Schiller, qui était un peu poussiéreuse, et il a fini par la réécrire. Ici, Tell n’est pas un héros. C’est plutôt un héros malgré lui. Il ressent de la culpabilité d’avoir tué un enfant, il est rabroué par sa femme, et il pré- Guillaume Tell «est Notre z presque le contraire de celui de la pièce de Malacuria: c’est un héros traditionnel.» Amphithéâtre de Martigny 2-5-8-12-15 août à 20 h. En cas de mauvais temps, le spectacle est déplacé au lendemain. En cas de doutes, consulter dès 18 h le site internet: www.tell2015.ch FLORIAN SCHMOCKER METTEUR EN SCÈNE DE L’OPÉRA «GUILLAUME TELL» IL INTERPRÈTE GUILLAUME TELL À L’OPÉRA ET RÉPOND À NOS QUESTIONS CLAUDE DARBELLAY Définitivement Guillaume Tell. Etre martyre pour la nation (Winkelried) me semble un geste vain. Je peux comprendre ce geste de la part d’un être humain jeune pensant ainsi, par son geste narcissique, accéder à l’éternité. 1. Personne. Il me plaît dans l’absolu de ré3. gler les problèmes par d’autres solutions et par des procédés moins univoques. Eventuellement des personnes pleines de certitudes. Son individualisme exempt de tout calcul uniquement guidé par son instinct et son affect. Le sens de la fidélité du cœur. 4. peuvent être parfois des armes de destruction massive. HUIT QUESTIONS DÉCALÉES 1. En matière d’héroïsme, êtes-vous plutôt Guillaume Tell Une belle aventure hu- ou Arnold de Winkelried? maine. La rencontre avec 2. Le véritable héros suisse, une musique magnifique que je c’est Guillaume Tell ou Roger n’aurais certainement jamais eu Federer? l’occasion de chanter et la magie du 3. Qui auriez-vous parfois lieu de spectacle. envie de placer sous la pomme? Oui. Assez fréquemment, n’étant 4. Ce qui vous rappropas certain que cela soit toujours che le plus de un cadeau, en tout cas en ce qui concerne Guillaume Tell? mes fils… Voilà en espérant que cela vous convienne. 7. Peut-être que si on les juxtapose, sans tenir 2. Son calme devant le sort, sa confiance abcompte des siècles qui les séparent, ont-ils une certaine ressemblance (en oubliant les para- 5. solue en lui (mis à part son talon d’Achille: 8. dis fiscaux). J’ai cependant une petite préférence son fils) et sa force terrienne. pour le légendaire qui me laisse plus de liberté et également les réseaux sopour construire le personnage à l’image de mon 6. Lesciauxdrones (Facebook, Twitter et autres), qui fantasme. La pièce de théâtre de Zahnd à Sion Deux spectacles en plein air Deux visions différentes du mythe LIENS UTILES www.tell2015.ch www.operadurhone.ch www.compagniemarin.ch 5 dédouble sur les scènes d’une pièce de théâtre à Sion. Les deux metteurs en scène, Florian Schmocker Ils assurent que les deux spectacles ne sont pas concurrents mais complémentaires. fère se promener en montagne que faire la guerre. Quant à Gessler, il n’est pas d’un seul tenant, il est traversé par des doutes, il vit une histoire amoureuse.» Du côté de l’opéra présenté à l’amphithéâtre de Martigny, le Guillaume Tell qui entre en scène – interprété par le chanteur lyrique Claude Darbellay – sera radicalement différent du héros joué à Sion par Frédéric Crettaz. Pour le metteur en scène Florian Schmocker, il n’y a pas photo: «Je dirais que notre Guillaume Tell, c’est presque le contraire de celui de la pièce de Malacuria. Rossini a écrit son dernier opéra en 1825, et l’idée était très patriotique: raviver la flamme révolutionnaire chez les Français. Tell est donc un héros traditionnel.» «Oui, Guillaume Tell est un personnage qui n’a pas existé, comme saint Maurice», ose François Marin. Le metteur en scène de la troupe Nova Malacuria propose au public de se rendre aux deux spectacles. «Les gens peuvent voir l’opéra pour avoir la norme, puis ils peuvent venir à notre pièce, pour se rendre compte de l’écart entre les deux.» DEUX SPECTACLES, DEUX DIMENSIONS Monter un opéra de 3 heures – «Il fait 5 heures à la base, j’ai dû couper et ça m’a fait mal au cœur», raconte Florian Schmocker – n’est pas une opération d’une envergure semblable à la mise sur pied d’une pièce de théâtre. A l’amphithéâtre de Martigny, le budget avoisine les 700 000 francs, dont 200 000 rien que pour l’orchestre. A Sion, le spectacle coûte environ 170 000 francs. L’opéra ne proposera «que» cinq représentations, avec 920 sièges à disposition (la moitié de l’amphithéâtre), contre 21 représentations pour Nova Malacuria (170 places). Florian Schmocker: «La différence essentielle dans ces deux budgets, c’est que pour l’opéra, nous avons un orchestre et des chanteurs professionnels. Les chœurs sont composés d’amateurs», relève Florian Schmocker. Son confrère, lui, dispose de 20 comédiens amateurs, encadrés par des techniciens professionnels. «Cela coûte forcément moins cher», note François Marin. Les deux metteurs en scène s’accordent pour déclarer que «si davantage de subventions étaient attribuées aux spectacles, le prix des billets baisserait». fèrent totalement. Les deux maîtres de cérémonie échangeraient-ils leur place? Florian Schmocker, lui-même musicien, ne se voit pas trop dans le théâtre pur: «Je pense qu’il faut laisser faire ce travail à un comédien. Un homme de théâtre pourrait aussi mettre en scène un opéra. Mais dans l’opéra, le fil conducteur, c’est la musique. Il faut le faire dans le respect du compositeur. Il y a le chanteur et la musique au centre, on ne va pas faire des acrobaties en plus.» Homme de théâtre par excellence, metteur en scène, comédien, directeur de salle (Théâtre de Valère), François Marin avoue: «Mon gros défaut, c’est que je ne sais pas lire la musique, alors, d’un point de vue éthique, ce serait difficile de mettre en scène un opéra. Et le chef est très im- À SION LA PIÈCE DE THÉÂTRE Un Tell modernisé La Cie Marin et Nova Malacuria font renaître le légendaire héros dans une pièce contemporaine. Inspiré par les écrits de l’auteur suisse René Zahnd, l’insolent «Guillaume Tell» souffle un vent de révolte dans la petite Helvétie. Menée par une vingtaine de comédiens, l’histoire se passe en 2015, de quoi dépoussiérer les clichés. Sur scène, Frédéric Crettaz, Lucie Zen Ruffinen, Cyril Albelda, Anne Carron-de Bay, Pierre Fauchère, Elena Lüthi Dixon, Pierre-Christian de Roten, Bernard Théler, T Bertrand Pannatier, Thubault H Hugentob Mabler, rie rie-Odile Lu Luyet, Ch Christian Th Thurre, Luc ConsLuca tan Stétantin, pha Alphane beld belda, Mel Melanie Bellw Bellwald, Anaï Sierro, Anaïs Catia MarJ tins, Joëlle Mayo et Mayoraz Rache MoRachel rend. L’UN DANS LA PEAU DE L’AUTRE Mettre en scène un opéra ou une pièce de théâtre, ce sont là deux fonctions qui, si elles se ressemblent, dif- espérer que les gens «soientIl fautcurieux z et que le public aille voir les deux spectacles qui sont complémentaires.» théâtre au cœur de la vieille ville de Sion, Sion du 5 août au 5 septemPlace du théâtre, bre à 21 h (sauf dimanche à 18 h) En cas de mauvais temps, la représentation est annulée. Réservations à l’office du tourisme au 027 327 77 27. Plus d’informations sur www.novamalacuria.ch FRANÇOIS MARIN METTEUR EN SCÈNE DE LA PIÈCE DE THÉÂTRE «GUILLAUME TELL» IL INTERPRÈTE GUILLAUME TELL AU THÉÂTRE ET RÉPOND À NOS QUESTIONS 5. Ce qui est le plus différent de Guillaume Tell chez vous… 6. Si Guillaume Tell vivait aujourd’hui, quelle arme remplacerait l’arbalète? 7. Ce que vous garderez de Guillaume Tell après le spectacle? 8. «Tell père, Tell fils», c’est un adage qui vous parle? FRÉDÉRIC CRETTAZ Guillaume Tell. A de1. voir devenir un héros, je préfère en survivre. Guillaume Tell encore. 2. Un héros qui a mis sa vie en danger au profit de quelqu’un d’autre. Mais bon Roger Federer quand même… remplaçons la pomme par une balle de tennis! portant aussi, on n’est pas totalement libre. A l’opéra, le jeu est moins intimiste qu’au théâtre. Dans une pièce, on a aussi plus de répétitions, on peut se tromper, chercher. A l’opéra il faut tomber juste tout de suite.» On l’aura compris, chacun restera dans son jardin. Ce qui n’empêchera pas chacun des deux hommes d’apprécier le travail de l’autre. } Personne! Ou peut-être Une tablette numérique 3. moi-même pour ne pas 6. bien sûr! mettre en danger quelqu’un La barbe peut-être. Ded’autre. 7. puis plusieurs semaines Sa paternité. le visage de Tell apparaît en 4. place du mien et finalement la barbe ne me va pas si mal Ma paternité. Contrai- que cela. 5. rement au Guillaume Dans ma famille on se Tell de René Zahnd, je suis totalement incapable de 8. ressemble «Tellement» partir six jours sans prendre que cet adage semble avoir des nouvelles de mes enfants. été écrit pour nous. } JJ