travaux du groupe de reflexion sur la mesofinance au senegal

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travaux du groupe de reflexion sur la mesofinance au senegal
TRAVAUX DU GROUPE DE
REFLEXION SUR LA
MESOFINANCE AU SENEGAL
Août 2007
1
SOMMAIRE
I.
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE DU FINANCEMENT DES PME ----------------------2
II. OBJECTIFS, COMPOSITION ET METHODE DE TRAVAIL DU GROUPE DE REFLEXION ------ 4
II.1.
Objectif du groupe de travail ------------------------------------------------------------------------------------4
II.2.
Composition du groupe de travail --------------------------------------------------------------------------------5
II.3.
Méthode de travail du groupe de réflexion -----------------------------------------------------------------------6
III. OFFRE ET DEMANDE DE FINANCEMENT : ETAT DES LIEUX ----------------------------------- 8
III.1. Analyse de la demande de financement des PME ------------------------------------------------------------------------ 8
III.2. Diagnostic de l’offre de financement des banques, des IMF et des structures d’appui --------------------------------- 11
III.3. Offre et demande de financement : quel constat tirer ?---------------------------------------------------------------- 24
IV. EXAMEN DES PRINCIPAUX DISPOSITIFS DE FINANCEMENT DES PME AU SENEGAL ----26
IV.1. Les mécanismes de financement des PME ----------------------------------------------------------------------------- 26
IV.2. Les limites des dispositifs de financement des PME -------------------------------------------------------------------- 31
V. RECOMMANDATIONS DE PISTES DE DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE------------35
V.1. Vers la mise en place d’un fonds d’assistance technique ------------------------------------------------------------- 35
V.2. Vers la mise en place d’un fonds de garantie adapté à la PME -------------------------------------------------------- 36
V.3. Vers l’apport de lignes de refinancement à taux concessionnels. ----------------------------------------------------- 36
V.4. Vers la création d’un espace dialogue partage -------------------------------------------------------------------------37
V.5. Vers la réforme de l’environnement ------------------------------------------------------------------------------------37
V.6. Vers la mise en place d’un dispositif efficient ------------------------------------------------------------------------- 38
V.7. Vers la création d’une superstructure d’appui aux PME --------------------------------------------------------------- 38
V.8. Vers le renforcement du niveau de formalisation des PME ------------------------------------------------------------ 38
V.9. Vers la résolution du problème d’ancrage institutionnel -------------------------------------------------------------- 39
V.10. Vers la diversification de l’offre aux PME ------------------------------------------------------------------------------ 39
V.11. Vers le Développement de partenariat -------------------------------------------------------------------------------- 40
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I.
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE DU FINANCEMENT DES PME
La problématique du financement du secteur privé, en Afrique, fait apparaître un
paradoxe. En effet, les grandes entreprises bénéficient de financements importants
tandis que les Petites et Moyennes Entreprises (PME), qui contribuent
majoritairement à la création d’emploi, en ont faiblement accès. De récentes
publications (Commission des Communautés Européennes, 2006 ; OCDE, 2005 ; Barro,
2004 ; PNUD, 2002) confirment ce faible accès des PME à des financements.
Pourtant, la question de l’accès des PME à des financements n’est pas nouvelle en ce
sens qu’elle s’inscrit dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté, en
rapport avec les politiques nationales de développement mises en place dans les pays
d’Afrique subsaharienne, depuis leur accession à la souveraineté internationale. A cet
effet, les politiques de développement étaient surtout orientées vers l’éclosion du
secteur privé. Dans ce sens, de nombreuses pistes de développement ont été
explorées, notamment : l’amélioration du climat des affaires à travers l’adoption de
mesures fiscales incitatives, la simplification des démarches et procédures
administratives pour créer une entreprise privée ; l’agrément de plusieurs
institutions de microfinance pour favoriser le financement et le développement des
PME ; la création de Ministères des PME dans la quasi totalité des pays d’Afrique
subsaharienne pour financer les PME et les encadrer en termes de formation,
d’assistance conseil, de suivi-évaluation, d’orientations stratégiques, etc.
En dépit de ces nombreux efforts, cette question reste toujours préoccupante
puisqu’à l’heure actuelle, de nombreuses agences de coopération, notamment la
coopération allemande à travers ses branches technique (KFWGTZ) et financière
(GTZKfW), la coopération française, la coopération suisse, la coopération
canadienne, la Société Financière Internationale, le CGAP, tentent d’apporter une
réponse à la question suivante : comment développer le financement des PME en
Afrique subsaharienne ?
Cet intérêt nouveau s’explique par l’importance stratégique des PME à la fois pour
les banques, les IMF, les structures d’appui et les agences de coopération. Les
agences de coopération, dont la vocation fondamentale est d’accompagner les pays
en développement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, ne peuvent pas
atteindre cet objectif sans appuyer le financement des PME qui représentent une part
majoritaire du tissu économique sénégalais. Les PME constituent la raison d’être de
certaines des structures d’appui. Pour les banques et les IMF, un éventuel partenariat
peut leur permettre de renforcer leur couverture du marché.
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Cependant, ce regain d’intérêt sur le segment de la PME témoigne également des
limites en termes d’efficacité des approches adoptées, jusqu’à présent, pour
développer la mésofinance en Afrique subsaharienne.
Par conséquent, il apparaît clairement que les nouveaux défis, qui se posent dans le
secteur de la mésofinance, se résument à cette interrogation : comment financer les
PME de manière plus importante, avec un risque maîtrisé et dans la durée ? La
réponse à cette question constitue le fondement justificatif de la mise en place du
groupe de travail à Dakar en raison de la dynamique bancaire et financière du
Sénégal ; pays où les PME représentent 80 à 90% du tissu économique et qui figure
dans le top 50 des IMF à travers le monde.
La présente réflexion, lancée par le Ministère Français des Affaires Etrangères,
s’inscrit dans le cadre de son Programme de Renforcement Institutionnel de la
Microfinance et de son Environnement (PRIME) piloté par l’Association Epargne
Sans Frontière. Elle a conduit à la mise en place d’un groupe de travail animé par le
cabinet Access Finance Gestion et constitué à l’effet d’identifier les meilleures pistes à
expérimenter pour le renforcement de la mésofinance au Sénégal.
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II.
II.1.
OBJECTIFS, COMPOSITION ET METHODE DE TRAVAIL DU
GROUPE DE REFLEXION
OBJECTIF DU GROUPE DE TRAVAIL
Il est assigné au groupe de travail un quadruple objectif.
En premier lieu, il s’agira de réfléchir sur la question suivante : Comment la montée
en puissance des IMF ayant une bonne situation financière peut-elle permettre de
développer la mésofinance avec une maîtrise du risque, à une échelle importante et de
façon pérenne ?
Pour ce faire, le groupe de travail veillera à analyser des initiatives passées ou en
cours portant sur cette montée en puissance des IMF ayant une bonne situation
financière, en répondant aux questions suivantes :
-
Quelles sont les caractéristiques de cette cible de PME ? Qu’est-ce qui explique
le fait qu’elles ne soient pas bancables ?
Quels sont les mécanismes mis en place par ces IMF pour financer ces PME ?
Quels sont les flux en termes de demande de financement et son évolution ?
Quel est le portefeuille en termes de nature, de composition, de types de
clientèles et de crédit ?
Quelles sont les limites et contraintes de ces initiatives ?
Quelle est la portée de ces initiatives en termes de résultats, notamment de
durabilité, de maîtrise du risque et d’envergure ?
Quels sont les enseignements à tirer de ces initiatives et les recommandations
à en formuler, et donc, les pistes optimales à privilégier ?
En second lieu, le groupe de travail veillera à réfléchir sur la question ci-dessous :
Comment le partenariat entre IMF et banques peut-il permettre de développer la
mésofinance avec une maîtrise du risque, à une échelle importante et de façon
pérenne ?
Pour y parvenir, le groupe de travail se chargera d’examiner des initiatives passées
ou en cours concernant ce partenariat entre IMF et banques en répondant aux
questions ci-dessous :
-
Quels sont la nature et le contenu de ce partenariat ?
Quelle est la méthodologie mise en place ?
Quels sont le rôle et la place de chacune des parties ayant noué ce
partenariat ?
Quels sont les avantages de ce partenariat ?
Quelles sont les limites et contraintes de ce partenariat ?
Quels sont les résultats et performances atteints ?
Quels sont les enseignements à tirer de ce partenariat et les recommandations
à en formuler, et donc, les pistes optimales à privilégier pour une meilleure
articulation dans les relations entre IMF et banques ?
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En troisième lieu, le groupe de travail devra réfléchir sur la question suivante :
Comment le partenariat entre IMF et bureaux de services d’appui aux entreprises
(BSAE), entre Banques et BSAE et entre ces derniers et les autres mécanismes
financiers (fonds de garantie, lignes de crédits domiciliés) permet-il de développer la
mésofinance avec une maîtrise du risque, à une échelle importante et de façon
pérenne ?
Pour ce faire, le groupe de travail devra analyser des initiatives passées ou en cours
portant sur ce type de partenariat, en répondant aux questions suivantes :
-
Quels sont la nature et le contenu de ce partenariat ?
-
Quelle est la méthodologie mise en place ?
-
Quels sont le rôle et la place de chacune des parties ayant noué ce
partenariat ?
-
Quels sont les avantages de ce partenariat ?
-
Quelles sont les limites et contraintes de ce partenariat ?
-
Quels sont les enseignements à tirer de ce partenariat et les recommandations
à en formuler, et donc, les pistes optimales à privilégier ?
En dernier lieu, le groupe de travail se chargera de répondre à cette question : quelles
sont les conditions nécessaires pour un financement à plus grande échelle des PME
par les institutions financières (banques et IMF) ?
Pour y parvenir, le groupe de travail veillera à examiner des initiatives passées ou en
cours concernant ces conditions de financement, en répondant aux questions
suivantes :
-
Quelles sont les conditions à remplir ?
-
Quelles sont les limites et contraintes inhérentes à ces conditions ?
-
Comment faire de sorte que ces conditions soient favorables au financement
des PME ?
II.2.
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL
Par souci de représentativité et de diversité, la composition du groupe de travail s’est
faite en tenant compte de la nature et de la qualité des interventions des structures
concernées, de leur présence sur le segment de la PME, mais surtout de la
complémentarité de leurs interventions en matière de mésofinance.
Ainsi, le groupe a réuni les trois réseaux d’IMF les plus importants (ACEP, CMS et
PAMECAS), quatre structures d’encadrement (APDA, ADEPME, BMN et PAPES), la
BCEAO et trois autres banques (BRS, CBAO et ECOBANK), et au niveau
institutionnel, la Direction de la Microfinance.
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Le groupe a enregistré dans ses différentes sessions la participation de personnes
ressources, dont entre autres, Mme Florence Lasbennes, Chef du Bureau des
Politiques de Développement Economique et Agricole (DPDEV/PEA) au Ministère
des Affaires Etrangères (MAE) de la France, et M. Said Bourjij, Directeur de Epargne
Sans Frontière.
Certaines structures, conviées à prendre part aux travaux du groupe, n’ont pas pu y
assister. Parmi elles, il y avait les banques (BST et SGBS), les structures techniques de
coopération (la KFW et la cellule ATCPEC du Ministère de l’Economie et des
Finances du Sénégal).
II.3.
METHODE DE TRAVAIL DU GROUPE DE REFLEXION
Le groupe, qui se réunissait une fois par mois, avait structuré son programme selon
une approche thématique axée sur l’échange, la capitalisation et l’identification de
pistes de développement de la mésofinance. C’est ainsi que le panel de spécialistes en
finance, suite à la rencontre de lancement servant plus à s’accorder sur les objectifs
qui lui étaient assignés, a successivement réfléchi, au cours des différentes réunions,
sur :
-
la méthodologie et la définition du plan de travail ;
-
les besoins des PME, leur environnement et celui du système financier et
bancaire ;
-
l’intervention des IMF en mésofinance en termes de mécanismes de
financement, de performances et de limites ;
-
l’intervention des banques en mésofinance selon la même approche ;
-
la place et le rôle des structures d’appui dans le financement des PME et
l’articulation avec le système financier.
Ces axes thématiques étaient développés avec la responsabilisation des membres du
groupe de travail. Autrement dit, un membre du groupe avait été désigné pour
préparer, coordonner et présenter le travail portant sur un axe spécifique. C’est ainsi
que :
-
un responsable d’IMF avait été choisi pour faire le travail portant sur
l’intervention des IMF en mésofinance ;
-
un responsable de banques avait été chargé de préparer le travail relatif à
l’intervention des banques en mésofinance ;
-
un responsable de structures d’appui était désigné pour réfléchir sur la place
et le rôle des structures d’appui dans le financement des PME et l’articulation
avec le système financier.
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Toutefois, en amont, la préparation de ces différents travaux avait été facilitée avec
l’appui du cabinet Access Finance Gestion qui se chargeait de proposer, à partir
d’une revue documentaire approfondie, une synthèse préliminaire soumise au
responsable désigné pour coordonner un travail spécifique. L’implication du cabinet
consistait aussi à créer les fichiers PowerPoint pour faciliter la présentation des
responsables choisis pour un travail précis. Le cabinet était même chargé de faire et
de présenter le travail concernant les besoins des PME, leur environnement et celui
du système financier et bancaire.
En plus des réunions du panel de spécialistes en finance et en développement
organisationnel, des entretiens ont été menés auprès des structures membres du
groupe de réflexion afin de recueillir et de capitaliser leurs expériences en
mésofinance.
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III.
III.1.
OFFRE ET DEMANDE DE FINANCEMENT : ETAT DES LIEUX
ANALYSE DE LA DEMANDE DE FINANCEMENT DES PME
III.1.1.
Comment la PME est-elle définie au Sénégal ?
Selon la charte des PME du Sénégal, le concept de PME englobe, d’une part, la petite
entreprise qui inclut la micro entreprise et la très petite entreprise et d’autre part, la
moyenne entreprise.
Les petites entreprises (PE) regroupent les micro-entreprises et les très petites
entreprises répondant aux critères et seuils suivants :
-
Effectif compris entre un (01) et vingt (20) employés ;
-
Tenue d’une comptabilité allégée ou de trésorerie certifiée par un Centre de
Gestion Agréé (CGA) selon le système comptable en vigueur au Sénégal ;
-
Chiffre d’affaires hors taxe annuel n’atteignant pas les limites suivantes
définies dans le cadre de l’impôt « synthétique » :

50 millions de FCFA pour les PE qui effectuent des opérations de livraison
de biens ;

25 millions de FCFA pour les PE qui effectuent des opérations de
prestation de services ;

50 millions de FCFA pour les PE qui effectuent des opérations mixtes telles
que définies par les textes relatifs audit impôt.
Les moyennes entreprises (ME) répondent aux critères et seuils suivants :
-
Effectif inférieur à deux cent cinquante (250) employés ;
-
Tenue d’une comptabilité selon le système normal en vigueur au Sénégal et
certifiée par un membre inscrit à l’Ordre National des Experts Comptables et
Comptables Agréés (ONECCA) ;
-
Chiffre d’affaires hors taxes annuel compris entre les limites fixées ci-dessus et
15 milliards de FCFA ;
-
Investissement net inférieur ou égal à 1 milliard de FCFA.
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III.1.2.
Quelles sont les caractéristiques de la PME au Sénégal ?
Au Sénégal, le segment de marché des PME comporte plusieurs caractéristiques,
notamment :
 Manque de diversification vers les créneaux porteurs et mimétisme, d’où une
saturation rapide des créneaux exploités ;
 Difficulté à trouver des débouchés internes (concurrence de produits
importés) et externes ;
 Faible qualité des produits et problèmes de finition ;
 Faiblesse/inadéquation des équipements de production (artisanat,
transformation, agriculture etc.) ;
 Faible niveau de formalisation, absence de comptabilité fiable et de documents
financiers ;
 Difficulté à présenter des garanties acceptables pour la Banque.
III.1.3.
Quels sont les besoins des PME au Sénégal ?
Les PME sénégalaises expriment plusieurs types de besoins, à savoir :
 BESOINS FINANCIERS :
 le besoin de financer l’implantation, précisément celui de financer
l’investissement et le fonds de roulement de départ ;
 le besoin de financer le développement de l’activité, c’est-à-dire le besoin de
financer l’acquisition d’équipements nouveaux ;
 le besoin de financer le fonds de roulement ordinaire ;
 le besoin de financer des marchés spécifiques, l’entreprise doit trouver les
ressources permettant de produire et d’effectuer les livraisons avant d’obtenir
le règlement ;
 le besoin d’autres services financiers tels que la caution sur marché, la caution
d’avance de démarrage ;
 Le besoin de trouver des garanties et des partenaires financiers capables de
fournir des ressources longues à des taux avantageux ;
 Le besoin d’identifier toutes les sources de financement disponibles et
mobilisables ;
 Le besoin de réduire les délais de financement et de refinancement.
Le niveau de ces besoins financiers est très variable, mais ils sont généralement de
trois types : les crédits d’investissement, les crédits à court terme (crédit de
trésorerie), les engagements par signature (cautions).
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 BESOINS NON FINANCIERS :
Les PME sénégalaises expriment une batterie de besoins de services non financiers,
notamment en termes de :
- Renforcement des capacités des ressources humaines, précisément en
formation technique et en formation en gestion d’entreprise ;
- Promotion des produits et services (encadrement à la recherche de débouchés,
participation aux foires ou à d’autres manifestations commerciales,
information sur le calendrier des manifestations commerciales, bons de
commande ou de travaux, participation aux appels d’offres etc.) ;
- Amélioration de la qualité des produits (brevet, certification, normalisation
des produits, manuel de procédures, …) ;
- Consulting (encadrement et assistance conseil) ;
- Relations de partenariat (inscription dans les chambres de métier, adhésion à
une organisation professionnelle).
III.1.4.
Quelles sont les contraintes inhérentes aux PME au Sénégal ?
Au Sénégal, en dépit des réponses apportées pour couvrir les risques de financement
des PME (FENU, KFW, FPE, etc.) celles-ci restent confrontées à un certain nombre de
contraintes les empêchant d’avoir accès à des financements. Parmi celles-ci, on peut
noter :
- manque de transparence dans la gestion du fait de la défaillance du système
d’information et de gestion ;
- problème de gouvernance ;
- opacité des procédures de gestion financière et sociale ;
- faible niveau des fonds propres, donc bas degré de capitalisation ;
- exigence, par certaines institutions financières, d’importantes garanties –
notamment physiques – dont la plupart des PME ne disposent pas ;
- environnement juridique peu favorable ;
- financement inadapté à leurs besoins ;
- système de gestion peu orthodoxe ;
- insuffisance des infrastructures de soutien à leurs activités ;
- faiblesse du marché de services aux entreprises ;
- inefficacité de certaines structures d’appui ;
- non maîtrise des sources d’approvisionnement en matières premières ;
- difficultés d’accès au marché ;
- vétusté des équipements ;
- ignorance des normes de qualité.
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III.2.
DIAGNOSTIC DE L’OFFRE DE FINANCEMENT DES BANQUES, DES IMF ET
DES STRUCTURES D’APPUI
III.2.1.
Environnement et contraintes des banques en mésofinance :
L’intervention des banques en direction du secteur privé est plus significative du
coté des grandes entreprises. Avec un faible accès au financement des banques, les
PME ont toujours été considérées comme trop risquées. Mais, depuis quelques
temps, dans un souci de diversification de leur portefeuille client, les banques
s’intéressent de plus en plus au segment de marché des PME.
Cet intérêt des banques pour le financement de la PME se matérialise par la création,
au sein des banques, soit d’un département PME, soit d’une direction des réseaux et
des particuliers afin de voir quel type d’approche et de produit mettre en place pour
renforcer la mésofinance.
LE PAYSAGE BANCAIRE SENEGALAIS
Le paysage bancaire sénégalais a connu une forte évolution entre 2004 et 2006 avec
l’ouverture de cinq (05) nouvelles banques notamment la Banque Régionale de
Solidarité (BRS - Sénégal), la Banque des Institutions Mutualistes d’Afrique de
l’Ouest (BIMAO), créée par la Confédération des Caisses Mutualistes d’Afrique de
l’Ouest, ATTIJARIWAFA BANK Sénégal, qui a racheté la BST et qui est devenue
Attijari Bank, de la Banque Atlantique Sénégal, une filiale de Atlantic Financial
Group et de International Commercial Bank Sénégal. Ces cinq (05) nouvelles banques
portent le nombre total de banques en activité au Sénégal à dix sept (17).
L’objectif visé par cette politique d’implantation de nouvelles banques est de relever
le niveau de bancarisation de l’économie sénégalaise, d’améliorer l’accès des
populations aux services financiers, et de promouvoir la croissance par l’amélioration
du financement des activités économiques.
Les banques sénégalaises, avec 167 agences et bureaux, soit 22% du total de
l’UEMOA en 2005, disposent du réseau le plus étoffé de l’Union après le Mali
(Ministère de l’Economie et des Finances du Sénégal). Toutefois, une bonne partie du
réseau reste concentrée dans la région de Dakar et son agglomération. D’après la
même source, entre 2004 et 2006, d’un (1) guichet pour 100 000 habitants soit un taux
de bancarisation de 4%, le taux de bancarisation est passé à 5% soit 1.5 guichets pour
100000 habitants.
Le système bancaire a contribué significativement au financement de l’économie
sénégalaise au cours des 5 dernières années du fait d’une hausse du volume du crédit
qui est passé de 639,6 milliards de FCFA en 2000 et 1006 milliards de FCFA en
octobre 2005.
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L’offre de financement bancaire est variée, mais est caractérisée par :
 Un faible financement de l’investissement et une prédominance de crédits à
court terme correspondant à 67% de l’ensemble des concours à l’économie ;
 Crédits à moyen terme (28%) et à long terme (5%) ; soit 1/3 des crédits
bancaires avec une très faible part aux PME car les banques sont plus actives
dans le financement des campagnes agricoles et les soutiens aux grandes
entreprises et filiales de multinationales.
Les sociétés de capital investissement constituent un réel instrument de financement
du haut de bilan des entreprises. Mais elles sont peu nombreuses et méconnues.
LES ACTIONS ENTREPRISES POUR AMELIORER L’ACCES AU CREDIT
Face aux difficultés d’accès des populations au financement bancaire, le
Gouvernement du Sénégal, a entrepris plusieurs actions en vue d’améliorer l’accès
au crédit. Selon le Ministère de l’Economie et des Finances, il s’agit notamment de :
-
L’organisation d’une concertation nationale sur le crédit en 2003 sous la
présidence du Chef de l’Etat qui a débouché sur l’élaboration d’un rapport et
d’un plan d’actions. Le plan d’actions est entrain d’être mis en œuvre ;
-
L’étude sur « la diversification des instruments de financement des PME
intégrant le transfert des migrants » effectuée par le Centre d’Etudes de
Politiques pour le Développement (CEPOD) ;
-
La création d’un groupe thématique « fiscalité et financement » au sein du
Conseil Présidentiel de l’Investissement qui est chargé de réfléchir sur les
questions de financement au Sénégal ;
-
La concertation entre la Direction Générale des Impôts et des Domaines
(DGID) et l’Association Professionnelle de Banques et Etablissements
Financiers en vue de lever toutes les contraintes d’ordre fiscal entravant le
développement du crédit ;
-
La mutation institutionnelle du Fonds de Promotion Economique (FPE).
NATURE DE L’OFFRE DE FINANCEMENT BANCAIRE
Excepté la BIS qui a mis en place des crédits spécifiques destinés à la PME, il n’existe
pas de spécificités dans l’offre de financement des autres banques pour la PME. Les
principales offres de financement des banques, à destination des PME, sont les
suivantes :
-
Crédit à court terme (moins de 2 ans) ;
-
Crédit à moyen terme (2 à 4 ans) ;
-
Crédit à long terme (5 à 7 ans).
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Cependant, il y a une prédominance des crédits à court terme qui représentent 50%
du financement des banques. Par conséquent, les banques sénégalaises ne financent
pas l’investissement.
L’offre de produits bancaires, au bénéfice des PME, se matérialise comme suit :
-
Crédit par signature,
-
Financement de l’exploitation,
-
Financement de l’investissement,
-
Financement des opérations de commerce international,
-
Financement des marchés,
-
Financement des stocks,
-
Découvert,
-
Crédit de campagne,
-
Financement des projets de construction et de génie civil.
En général, le financement, lié à un fonds de roulement, prend les formes suivantes :
mobilisation des créances, escompte de traite, avance sur factures.
LES GARANTIES BANCAIRES
La typologie des garanties, pour une demande de financement, se décline comme
suit :
-
Cautions personnelles,
-
Nantissements et domiciliation de marchés,
-
Nantissements du matériel de production,
-
Nantissement du fonds de commerce,
-
Hypothèques.
Cependant, en l’absence de certains types de sûretés, certaines institutions ne
prennent comme garantie que le bien financé. Pour La BST, elle ne privilégie pas trop
les garanties, mais plutôt la relation durable. En effet, dans un environnement
marqué par une forte concurrence, elle préfère rester souple pour garder sa clientèle
que de la perdre par exigence de garantie.
LE TAUX DE BASE BANCAIRE
Le taux de base bancaire varie en fonction des banques. Il s’élève à :
-
8% (BIS, CBAO, ECOBANK, CNCAS, CITIBANK, BSIC),
-
8,5% (BICIS),
-
9% (SGBS).
Toutefois, pour chaque banque, à chaque type de crédit, est associé un taux d’intérêt
spécifique, comme le montre le tableau ci-dessous :
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Tableau n° 1 : Taux d’intérêt bancaire par type de crédit
Taux de base
bancaire
Crédit à court
terme
Crédit à moyen
terme
Crédit à long
terme
BICIS
8,5 à 12%
8,5 à 13%
8,5 à 13%
BOA
9 à 12%
9 à 13%
BST
8 à 14%
8,5 à 12%
CBAO
10 à 14%
10 à 13%
ECOBANK
10 à 14%
10 à 13%
9%
9 à 14%
13,5 ou 7,5% si
bonification
13,5 ou 7,5% si
bonification
SGBS
CNCAS
13,5 ou 7,5% si
bonification
9,5%
BHS
CITIBANK
CREDIT LYONNAIS
BSIC
7,75 à 9%
10%
9% + marge
9% + marge
12%
8%
Source : www.izf.net
LES CRITERES DE FINANCEMENT DEFINIS PAR LES BANQUES
Pour les critères de financement, il n’existe pas de spécificités pour la PME. Les
banques appliquent les règles relatives aux conditions générales de financement
d’une entreprise : rentabilité du projet, cohérence et fiabilité des informations
fournies, connaissance des marchés visés. En plus de ces critères, il y a en d’autres :
- Situation financière de la PME ;
- Antériorité de la relation ;
- Ancienneté dans l’activité et jouissance d’une bonne moralité et réputation ;
- Disponibilité des documents administratifs (registre de commerce, NINEA,
etc.) et ouverture préalable de compte ;
- Compétence, savoir-faire et notoriété.
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LES CONTRAINTES DES BANQUES EN MATIERE DE FINANCEMENT DE LA PME
Les contraintes, auxquelles certaines banques font face dans le cadre de l’exécution
de leurs activités en mésofinance, se résument en ces termes :
-
absence de ressources longues ;
-
absence de concertation des actions des uns et des autres en matière de
mésofinance ;
-
absence de transparence ;
-
manque de structuration et inorganisation des PME ;
-
manque d’informations financières fiables et en temps réel ;
-
insuffisance des garanties.
III.2.2.
Environnement et contraintes des IMF en mésofinance :
ENVIRONNEMENT DU SYSTEME MICROFINANCIER
Au Sénégal, les principaux réseaux d’IMF sont : le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS),
l’Alliance de Crédit et d’Epargne pour la Production (ACEP), l’Union des Mutuelles
du Partenariat pour la Mobilisation de l’Epargne et du Crédit au Sénégal (UMPAMECAS), l’Union des Mutuelles d’Epargne et de Crédit de l’UNACOIS-DEF
(UMECU-DEF). Selon la BCEAO, ces quatre IMF regroupent, à elles seules, 57% de la
clientèle, concentrent 81% des dépôts et des financements mis en place en 2004.
(BCEAO, monographie des IMF SFD au Sénégal, 2004).
Il y a un faible niveau d’intervention des IMF dans le financement des besoins de la
PME sénégalaise. Seuls les réseaux, précédemment cités, sont en position de financer
les PME sénégalaises, compte tenu de leur expérience, de leur capacité (ressources
humaines, système d’information de gestion, ressources financières) et des tentatives
déjà entreprises dans ce domaine.
NATURE DE L’OFFRE DE FINANCEMENT DES IMF
L’offre de financement des IMF est la même en termes de nature. En effet, aux
particuliers, ces IMF accordent des crédits destinés à la consommation, à l’habitat, et
à caractère social. Par contre, les crédits octroyés par ces IMF aux professionnels sont
les suivants :
-
Crédit fonds de roulement,
-
Crédit fonds de roulement revolving,
-
Crédit pour investissement.
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16
Pour les trois plus grandes IMF (ACEP, CMS, UM PAMECAS) le fonds de roulement
occupe la part la plus importante de l’offre de financement. La part de
l’investissement dans les crédits octroyés est faible dans la mesure où la plupart des
crédits octroyés sont de court terme.
En termes de volume de crédit distribué aux PME, les résultats, atteints par les IMF,
se déclinent comme suit :
Pour l’ACEP :

2005 : 5.000.000.000 de FCFA ont été octroyés à 174 PME,

2006 : 3.965.000.000 de FCFA pour 164 PME.
Soit une baisse de l’ordre de 20%
Pour le CMS :
Sur une production totale de crédit de 38 milliards de FCFA en 2006, il a alloué 6
milliards de FCFA à une catégorie d’entreprises ayant le profil de PME. Dans ce
cadre, le CMS a pris des mesures d’accompagnement liées au recrutement et à la
mise en place d’instances pour prendre en charge la gestion de cette catégorie
d’entreprises. Entre autres résultats atteints par le CMS, on peut noter le financement
de dossiers de demande de crédit dans tous les secteurs d’activités, avec une
prédominance du fonds de roulement.
A titre d’exemple, il a été octroyé à cette catégorie de sociétaires :
En 2005 :

Nombre de dossiers : 669,

Montant : 8.585.000 000.
Soit en Fonds de roulement 5.661.326.526 (66% du portefeuille crédit PRO)
Montant moyen du crédit : 12,8 millions
En 2006 :

Nombre de dossiers : 438,

Montant : 5. 903.588. 000.
Soit en Fonds de roulement 4.398.811.170 (74% du portefeuille)
Montant moyen du crédit : 13,4 millions
Constats CMS :
 une baisse du volume de crédit alloué (31%) et par conséquent du nombre de
projets financés (34%)
 Ces réalisations sont en partie dues :

au partenariat avec la KFW (ligne de crédit de 1,3 milliard) ;

aux services vendus par la BIMAO
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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17
Le PAMECAS :
ANNEE 2004 (6MOIS)
ANNEE 2005
ANNEE 2006
Mt financé : 4,439 Mds
Mt financé : 3,393 Mds
Mt financé : 3,520 Mds
Nbre de projet : 1720
Nbre de projet : 970
Nbre de projet : 526
Dont 9% de personnes
morales (424 millions)
Dont 7% de personnes
morales
H : 51%
H : 53%
F :41%
F : 40%
Sur la ligne KFW de 1,3 milliard entre Juillet et décembre 06, le nombre de projets
financés s’élève à 86 pour un montant total de 570 millions.
Constat :
 volume important de crédit distribué lors de la phase de lancement du CFE
 baisse de l’ordre de 23% entre 2004 et 2005
 les personnes morales représentent 40% des crédits en retard
Constat général pour les trois (3) réseaux d’IMF :
 niveau de formalisation très faible des bénéficiaires de financement,
 stagnation voire baisse du niveau de crédit alloué aux PME malgré la mise en
place de la ligne KFW
CONDITIONNALITES LIEES A L’OFFRE DE FINANCEMENT DES IMF
Les conditionnalités, liées à l’octroi de crédit par les IMF, se résument comme suit :
ACEP
durée : 36 mois maxi
taux d’intérêt : 12 à 12,5%
Plafond : 15 millions
CMS
PAMECAS
durée : maxi 36 mois taux : durée : jusqu’à 60 mois
entre 10 et 13,50%
taux : 20% dégressif
Plafond : 50 millions
Plafond : 25 millions
Source : Les entretiens menés auprès de ces IMF
Des dérogations peuvent être concédées et elles portent sur :
-
la durée (CMS jusqu’à 60 mois) ;
-
le montant (PAMECAS jusqu’à 50 millions, voire plus)
Les garanties fixées par les IMF : elles sont variées et constituées d’hypothèques, de
cautionnement solidaire, de nantissement de peines et soins, de nantissement de
matériel professionnel, de gage, de bijoux, etc.
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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18
LES CONTRAINTES A L’INTERVENTION DES IMF DANS LE FINANCEMENT DES PME
Dans le cadre de l’exécution de leurs actions en matière de mésofinance, les IMF sont
confrontées aux contraintes suivantes :

Le faible niveau de capitalisation des IMF qui affaiblit leur structure financière
et rend difficile – voire impossible – leur accès à des ressources commerciales
(emprunt bancaire) ;

Le manque de relations commerciales entre le secteur bancaire et le secteur de
la microfinance ;

La faible capacité technique des IMF en matière d’analyse des plans d’affaires
des PME ;

La faible capacité entrepreneuriale des promoteurs ;

accès difficile à l’information financière des PME ;

insuffisance ou faiblesse de la disponibilité des ressources longues ;

faible capacité de transformation financière puisque le ratio de couverture des
emplois à long et moyen terme par des ressources stables est limité à 1% et
elles doivent aussi respecter le coefficient d’engagement qu’elles se sont
fixées ;

Manque de visibilité sur certaines activités et filières (études prospectives
inexistantes) ;

Clients sur bancarisés, défaut de chèques ;

Risques de papillonnage du fait de l’absence de Centrales des risques ;

Coût des garanties élevées, perte de clientèle ;

problèmes de financement de l’habitat, comme toutes les autres institutions
financières, y compris celles bancaires.
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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19
III.2.3.
Environnement et contraintes des structures d’appui en
mésofinance :
CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE
L’insuffisante prise en compte de la MPE dans les politiques nationales de
développement justifie la création récente du ministère de la PME, de l’ADEPME et
de l’APDA, ainsi que l’élaboration de la charte de la PME et de la lettre de politique
sectorielle de la micro finance.
Outre ces stratégies nationales de promotion des PME, ce segment de marché
bénéficie également de l’appui aussi bien de la coopération bilatérale que
multilatérale. Toutefois, dans ce cadre, il existe un certain nombre de difficultés,
notamment :
 Absence de cadre macro économique pour la coordination et l’harmonisation
des interventions
 Faible implication des bénéficiaires dans l’élaboration de projets les
concernant
 Accent trop mis sur le développement de la Microfinance au détriment des
services non financiers (formation, étude conseil, encadrement) mais existence
néanmoins d’un tissu de structures d’appui
 Faible impact et absence de stratégies de pérennisation de l’action des
bailleurs en matière de promotion de la MPE
CONTEXTE MESO-ECONOMIQUE
Dans ce contexte, le fait dominant est l’absence d’un secteur privé de la MPE
structuré, fort et représentatif, capable de se positionner en tant qu’interlocuteur
crédible des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds, au même titre que le CNP, la
CNES, le MEDS ou même l’UNACOIS.
CONTEXTE MICRO-ECONOMIQUE
Ce contexte est marqué d’abord par la petitesse de la taille des entreprises du secteur
de la MPE qui constitue l’essentiel du tissu économique sénégalais. Ensuite, les
micros et petites entreprises restent isolées aussi bien en termes de relations
développées entre elles qu’avec l’environnement d’appui. Enfin, le marché du
Business Development Service (BDS) est peu développé en raison de la faible
disponibilité de l’expertise en matière de promotion de ce secteur.
MISSIONS ET ACTIVITES DES STRUCTURES D’APPUI
Les missions et activités des structures d’appui varient en fonction de la classification
de ces structures. Les trois types de classification suivants ont été identifiés :
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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20
Une classification selon l’offre de services :
Cette classification distingue trois types de structures d’appui, notamment :
 « LES GENERALISTES »: ce sont les structures telles que le CDE, le PPIP,
l’ADEPME, l’APDA, le BMN, entre autres, qui touchent à tous les besoins
d’appui à l’entreprise selon la demande (approche par la demande)
 « LES SPECIALISTES »: ce sont les structures d’appui telles que l’ASEPEX, le
PAPES, le BIT, l’ASN qui se spécialisent sur un ou deux besoins de
l’entreprise/approche par l’offre.
« LES GLOBALISTES » sont les structures d’appui qui offrent un package
global/combinaison de services d’appui financier et non financier (BMN, BRS,
etc.).
Une classification selon la cible :
Globalement, les structures d’appui visent deux catégories de cibles. D’abord,
certaines structures travaillent avec toutes les catégories de MPME : c’est le cas de
l’ADEPME par exemple. Ensuite, d’autres structures cherchent à atteindre une
certaine catégorie d’entreprises. Pour ce cas, ont été citées, à titre d’exemple, les
structures suivantes : BMN, APDA, PPIP, CDE, ANEJ.
Une classification selon la durée :
Selon cette classification, il existe deux types de structures d’appui :
 LES STRUCTURES PÉRENNES : généralement constituées des structures
étatiques
 LES PROJETS DES PARTENAIRES AU DÉVELOPPEMENT : qui s’étalent sur
des périodes qui dépassent rarement 5 ans et qui n’introduisent pas de
mécanisme de pérennisation.
En ce qui concerne l’offre de services des structures d’appui, elle dépend de la nature
de leurs missions.
Pour les missions communes à la plupart des structures d’appui, l’offre de services revêt les
formes suivantes :

accueil, information, orientation,

diagnostic / étude de faisabilité/ réalisation de plan d’affaires,

renforcement de capacités,

intermédiation financière.
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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21
Quant aux missions spécifiques à chaque structure d’appui, l’offre de services se présente
comme suit :

renforcement de capacité (ONFP, BIT, FONDEF, etc.),

aménagement de sites industriels et artisanaux (APROSI, APDA/DA),

promotion des normes et de la qualité (ASN),

promotion des exportations (ASEPEX).
ROLE DES STRUCTURES D’APPUI DANS LE FINANCEMENT DES PME
Ce rôle est défini en fonction des différentes phases ci-dessous d’accompagnement
de l’entreprise :
 Accompagnement avant le financement
o
Appui à la formalisation: recherche d’une personnalité juridique,
o
Réalisation d’études de faisabilité,
o
Information, orientation par rapport à l’environnement financier local,
o
Accompagnement vers des structures de financement.
 Accompagnement pendant le financement
o
Mise en place de fonds de garantie.
 Accompagnement post financement
o
Renforcement des capacités techniques et technologiques,
o
Renforcement des capacités commerciales,
o
Renforcement des capacités managériales,
o
Amélioration du SIG.
 Accompagnement /package global (BMN, BRS)
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22
LES LIMITES DE L’INTERVENTION DES STRUCTURES D’APPUI
Dans ce cadre, dDeux types de limites ont été identifiés, notamment :
Limites d’ordre général :
Ces limites se déclinent sous les formes suivantes :
 Prolifération des structures d’appui sans une coordination des interventions
 Inexistence de cadre de concertation et d’échange
 Difficultés de la qualité des appuis liées à :

la faiblesse des moyens

l’insuffisance des ressources humaines de qualité

l’inexistence d’une démarche d’appui structurée et éprouvée et d’outils
méthodologiques
 Difficultés de rigidité dans les approches d’intervention
 Difficultés de l’impact de l’action des structures d’appui
 Difficultés de pérennisation de l’action des projets
Limites spécifiques :
En plus des limites d’ordre général, il existe d’autres limites liées à l’articulation avec
le système financier. Pour chacune des différentes phases d’accompagnement des
entreprises, correspondent des limites spécifiques qui se présentent comme suit :
 Accompagnement avant le financement
o
o
o
o
o
Faiblesse de la qualité des études de faisabilité réalisées
Indisponibilité des consultants pour l’accompagnement
Approche peu participative (techniquement et financièrement)
Faible niveau d’appropriation par les bénéficiaires
Informations sur l’environnement financier peu disponibles (bonne
connaissance des structures de financement, de leur conditionnalité et de
leurs avantages comparatifs).
 Accompagnement pendant le financement
o
Faible niveau de réussite et d’impact des expériences de fonds de garantie
o
Lenteur dans la mobilisation des fonds.
 Accompagnement post financement
o Accompagnement trop orienté sur le renforcement des capacités
managériales
o Peu d’accompagnement sur l’amélioration de la qualité des produits et le
renforcement des capacités commerciales.
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23
ANALYSE DES DEFIS A RELEVER PAR LES STRUCTURES D’ENCADREMENT
Les défis, à relever dans le secteur de la mésofinance, sont formulés sous forme de
deux grandes questions :
1ERE GRANDE QUESTION : Comment régler le problème de l’accès durable aux
services non financiers ? Autrement dit, comment réveiller durablement le marché
des services aux entreprises/BDS?
Ces défis se posent aussi bien au niveau de l’offre que celui de la demande.
Pour le niveau de l’offre publique et semi publique, les défis se présentent comme
suit :
•
•
•
•
•
•
•
•
quelle place occuper dans le dispositif (faire ou faire faire) ?
comment harmoniser et coordonner les interventions ?
comment améliorer la qualité de l’offre (ressources humaines, méthodologie,
moyens) ?
comment développer un impact appréciable sur la cible ?
comment capitaliser les bonnes pratiques et les activités des structures d’appui
projet ?
tous les besoins sont-ils correctement couverts?
comment capitaliser et modéliser les bonnes pratiques ?
comment résoudre le problème de l’ancrage institutionnel des projets ?
Concernant l’offre privée, les défis suivants ont été posés :
•
•
•
•
•
comment améliorer la qualité des prestations ?
comment concilier les exigences de viabilité des activités de consultants privés
et le faible niveau de revenu de la cible ?
comment partager l’information sur les projets et programmes ?
comment effectuer une décentralisation équitable des services offerts ?
Quelle articulation trouver avec le DSRP et les OMD ?
Pour les défis liés à la demande, ils sont de trois ordres :
 comment régler les difficultés liées à l’insuffisante prise de conscience de la
nécessité de recours au BDS ?
 comment mieux faire connaître le métier de BDS, ses produits et son impact
sur l’activité ?
 comment résoudre l’insuffisante capacité d’apprécier le travail de BDS à sa
juste valeur, combinée au faible niveau de revenu des MPME (mentalité
d’assistés, difficultés à mobiliser une participation financière) ?
Outre la nécessité de relever le défi de l’accès aux services non financiers, celui de
créer un partenariat fécond entre les structures d’appui et le système financier se
pose également comme défi fondamental.
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24
2EME GRANDE QUESTION : Quelle articulation opérationnelle entre les structures
d’appui et le système financier?
Dans ce cadre, les défis se posent au triple niveau macro, méso et micro.
 Niveau macro: quelle est la stratégie des pouvoirs publics ?
 Niveau méso: comment mettre en place un espace de dialogue qui serait un
cadre de concertation et d’échanges ?
 Niveau micro: quel type de convention de partenariat mettre en place :
bipartite ou pluripartite ?
III.3.
OFFRE ET DEMANDE DE FINANCEMENT : QUEL CONSTAT TIRER ?
Des analyses précédentes, il ressort qu’au Sénégal, il y a une inadéquation entre
l’offre et la demande de financement des PME : cette demande n’est pas satisfaite par
le niveau de l’offre des banques et des IMF. Même le soutien des structures d’appui,
en termes de services non financiers et de facilitation des PME à l’accès au crédit, ne
suffit pas à résorber le gap financier des PME. Un tel constat appelle l’impérieuse
nécessité d’examiner les raisons explicatives de la difficulté de résorption de l’écart
financier des PME.
Les contraintes, évoquées ci-dessus et auxquelles font face les banques, les IMF et les
structures d’appui, expliquent l’insuffisance des financements et surtout des
refinancements des PME qui elles-mêmes présentent de nombreuses contraintes (voir
plus haut). L’accès aux services financiers durables reste une des contraintes
majeures notamment dans le cadre des refinancements, malgré les conditions idoines
offertes par certains partenaires au développement.
Globalement, il apparaît clairement que le faible accès des PME à des crédits
s’explique d’abord par le caractère trop prudent des banques commerciales pour qui
les PME sont synonymes de risques. Or, les pratiques habituelles des banques, en
matière de prêts, reposent principalement sur deux mécanismes de gestion des
risques : d’une part, la recherche coûteuse d’informations et l’analyse de ces
informations ; d’autre part, la prise de garanties réelles. Très souvent, les prises de
garanties sont plus utilisées que la première alternative. Cependant, les PME ont des
difficultés à fournir les garanties qui leur sont exigées. Par conséquent, cette catégorie
d’entreprises est particulièrement mal placée pour faire face aux exigences des
systèmes financiers classiques. En d’autres termes, le financement des PME n’obéit
pas aux mécanismes classiques de la finance moderne.
Ensuite, le système financier souffre d’un problème lié à l’indisponibilité de
ressources longues les empêchant de répondre au besoin d’investissement des PME.
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ANALYSE ET EXPERIMENTATION DE PISTES DE
DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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25
Enfin, le système financier ne dispose pas d’outils appropriés de gestion des risques
liés au prêt en faveur des PME. A ce titre, l’assistance technique s’avère nécessaire
pour renforcer la mésofinance.
Pourtant, il existe des fonds de garantie mis en place pour résoudre les difficultés
liées à la garantie, comme par exemple le fonds de garantie de l’APDA, de la KFW,
de la coopération canadienne, de l’AFD (le fonds ARIZ), etc. (rapport Horus, 2006).
De plus, à l’exception de la BIS, de la BHS et de CITIBANK, les banques logent et
utilisent des lignes de financement ou de refinancement spécifiques aux opérations
de crédit à la PME. Les IMF aussi bénéficient de lignes de refinancement (ligne de
crédit de la KFW pour ACEP, CMS et PAMECAS).
Ainsi, à ce stade de l’analyse, nombre d’interrogations nous interpellent :
-
Quels sont les mécanismes de financement des PME au Sénégal ?
-
Comment fonctionnent-ils ?
-
Contribuent-ils efficacement au renforcement de la mésofinance ?
-
Sont-ils bien adaptés au segment de marché des PME ?
-
Quelles sont leurs limites ?
-
Existe-t-il des contraintes d’environnement qui influencent négativement le
rôle des mécanismes de financement pour la densification de la mésofinance ?
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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26
IV.
IV.1.
EXAMEN DES PRINCIPAUX DISPOSITIFS DE FINANCEMENT
DES PME AU SENEGAL
LES MECANISMES DE FINANCEMENT DES PME
Au Sénégal, les principaux mécanismes de financement des PME sont les suivants :
-
les lignes de refinancement,
les projets de financement direct,
les fonds de contrepartie,
les fonds de garantie,
le capital risque.
IV.1.1.
Les lignes de refinancement :
Les lignes de refinancement sont des lignes de crédit domiciliées auprès des banques
et IMF et visant à contribuer au financement des microprojets et au développement
des PME. Elles sont instituées dans un souci de permettre aux banques et IMF de
faire face aux difficultés d’indisponibilité de ressources longues auxquelles elles sont
confrontées. Dans ce cadre, des organisations internationales ont mis des lignes de
crédit (mécanismes à long terme) à la disposition de certaines banques commerciales
et IMF. Les banques ci-dessous bénéficient de lignes de crédits spécifiques destinées
à la PME, avec des sources de refinancement et des conditions d’emploi différentes :
B
I
C
I
S
Lignes de crédits spécifiques destinées à la PME
BOAD
FPE
Sources de refinancement
BOAD
BAD
8,5% + marge
9% + marge
BOA
FPE
Concours du siège
BAD
ND
9% + marge
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
BOAD
BEI
Sources de refinancement
BOAD
BEI
ND
ND
Conditions d’emplois
B
O
A
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
Sources de refinancement
Conditions d’emplois
B
S
T
Conditions d’emplois
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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27
C
B
A
O
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
FPE
Sources de refinancement
BOAD
Conditions d’emplois
9% + marge
E
C
O
B
A
N
K
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
FPE
Sources de refinancement
FPE
Conditions d’emplois
ND
S
G
B
S
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
FPE
PMIA
Sources de refinancement
BOAD
BAD
Conditions d’emplois
12,5%
7, 8% + marge (CT)
6,8% + marge (MT)
C
Lignes de crédits
spécifiques destinés à la
PME
FPE
Sources de refinancement
BAD
Conditions d’emplois
10%
N
C
A
S
Fonds Sino/
Sénégal
Horticole
PMIA
PARC
Médecine
Véto
PARC
Elevage
CNIA
PAPEL
Taiwan
BAD
FED
FED
EU
FAD
7,8% CT
6% MT
8%+1
8%+1
8%+2,5
8%+1
6%
C
L
S
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
FPE
Sources de refinancement
BAD
BAD
AFD
Non disponible
7,5% + marge
6,8% + marge
Non disponible
Conditions d’emplois
B
Lignes de crédits spécifiques destinés à la PME
Sources de refinancement
Conditions d’emplois
Epargne Sans Frontière
S
I
PMIA
Proparco
C
Groupe Bsic
FPE
Concours du siège
« risk shearing »
non disponible
non disponible
non disponible
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28
Outre les banques, les IMF bénéficient aussi de lignes de refinancement. C’est le cas
des IMF suivantes :
-
Le PAMECAS bénéficie de deux lignes de crédits : celle de la KFW à hauteur
de 2 millions d’euro et celle du Fonds belge d’un montant de 200 millions de
FCFA pour 6 mois ;
-
L’ACEP utilisent également deux lignes de financement : celle de la KFW avec
6,5% de taux d’intérêt et celle ARIZ de l’AFD avec 8,5% de taux d’intérêt. Des
garanties n’ont pas été exigées à l’ACEP.
-
De même, le CMS bénéficie de la ligne de crédit KFW pour une durée de 4
ans, un montant de 1,3 milliards de FCFA avec un différé de 3 ans et un taux
d’intérêt de 13%.
IV.1.2.
Les fonds de contrepartie :
Les fonds de contrepartie ont fonctionné selon une méthodologie faisant intervenir
d'une part, des intermédiaires agréés (banques et autres institutions de financement
non bancaires) chargés d'administrer le crédit et d'assurer le recouvrement, et d'autre
part, une structure technique chargée de recevoir et d'analyser les dossiers de
demande de financement. La méthodologie a connu des améliorations au fil des ans
et au fur et à mesure que les IMF devenaient les principaux intermédiaires financiers.
C’est ainsi qu’actuellement, le fonds de contrepartie sénégalo-suisse, qui prévoit
d’évoluer vers une Fondation, apporte un appui important aux MPE et autres
activités génératrices de revenus à travers la mise en place de lignes de crédit et des
subventions d’appui technique (formation) aux IMF partenaires.
Mais l’évolution institutionnelle du FCSS a retardé de manière préjudiciable aux
investissements le refinancement des IMF partenaires.
IV.1.3.
Capital risque :
Le capital risque consiste, pour des investisseurs professionnels, à prendre des
participations minoritaires et temporaires dans le capital d'entreprises naissantes ou
très jeunes. Cela permet d'améliorer considérablement le financement des entreprises
à fort potentiel de croissance en créant des conditions favorables pour l'octroi de
prêts bancaires. En effet, l'entrée au capital d'investisseurs constitue un formidable
effet de levier pour accéder au financement bancaire. Il permet également aux
entrepreneurs de profiter de conseils avisés de ces investisseurs, de leur expérience,
de leur carnet d'adresses, etc. Il n'est d'ailleurs pas rare que les investisseurs occupent
un siège au conseil d'administration assorti d'un poids non négligeable dans les
prises de décisions.
Le capital-risque concerne uniquement les opérations en fonds propres réalisées dans
les entreprises innovantes en création ou les jeunes entreprises à fort potentiel de
croissance.
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DEVELOPPEMENT DE LA MESOFINANCE
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29
Les modalités d'intervention en capital-risque sont plus ou moins sophistiquées.
Selon les cas, le capital-risqueur peut :
-
souscrire des actions ordinaires ;
-
souscrire des actions à dividende prioritaire ou assorties de "bons de
souscription d'actions" (ABSA).
-
accorder des avances en compte courant d'associé.
Les capital-risqueurs tirent essentiellement comme rémunération la plus-value
réalisée lors de la revente de leur participation. Ils risquent donc :
-
de ne jamais pouvoir revendre les actions souscrites,
-
de tout perdre si l'entreprise disparaît.
C'est pourquoi, ils s'intéressent essentiellement à des entreprises à fort potentiel de
croissance :
-
proposant un produit ou un service ayant un réel "plus" et à forte marge,
-
exerçant leur activité sur un marché en pleine expansion, accessible et
solvable,
-
dont le créateur présente de fortes qualités managériales.
Le capital-risque n'est pas une source de financement comme les autres :
-
il se distingue de l'offre de crédit bancaire : le "profil" de ces investisseurs ainsi
que leurs outils d'analyse sont différents de ceux des banquiers,
-
il confère à l'apporteur de fonds propres une partie du pouvoir : la
participation au capital d'une entreprise est assortie de droits de vote aux
assemblées. Le créateur a souvent tendance à l'oublier.
Le tableau 2 ci-dessous indique les types de capital risque actifs au Sénégal :
Tableau n°2 : Capital Risque sous-régional actif au Sénégal
Dénomination
Principaux Actionnaires
Cauris Croissance
AfricInvest
AIG Africa
BOAD, BEI, BOA,
PROPARCO…
BOA, BEI, FMO…
FMO, BEI, BOA...
AIG, SFI, BAD, BEI,
Infrastructure Fund
PROPARCO, SECO, Norfund
Auréos West
Africa Fund
CDC, Norfund, BEI
Cauris Investissement
SECO
* au 6 février 2005
Capital (millions Fcfa)
Niveau d’intervention
(millions Fcfa)
5.000
10 à 500
5.000
16.400 (€25 millions)
50 à 500
500 à 1.640
218.664 (US$ 405
millions)*
26.996
(US$ 50 millions)*
5.399 à 21.596 (10– 40
millions US$)
270 à 2.160
(0,5 -4 millions US$)
1US$ = 539,91 Fcfa
Source : BMN (2006)
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IV.1.4.
Les fonds de garantie :
La logique des fonds de garantie est d'amener les intermédiaires financiers agréés à
octroyer des crédits à des opérateurs économiques qui ne disposent pas des garanties
exigées par ces intermédiaires.
Pourquoi les fonds de garantie ? Les PME connaissent d’importantes difficultés pour
accéder à des financements à long terme. La principale contrainte à l’accès au
financement est l’incapacité des PME à fournir les garanties qui leur sont exigées par
les institutions financières. Ainsi, les fonds de garantie sont institués dans le but de
limiter cette contrainte. En d’autres termes, ils permettent de minimiser les risques
portés par les institutions financières et donc de faciliter l’accès des PME à des
financements.
Pourtant, si, pour certains, la question des garanties est fondamentale pour le
renforcement de la mésofinance, pour d’autres en revanche, l’incapacité des PME à
fournir les garanties qui leur sont exigées ne justifie pas leur faible accès à des crédits.
En effet, d’après certains responsables de ECOBANK, la garantie n’est pas une
contrainte au financement des PME. Tout dépend de la viabilité du projet. Par
conséquent, lorsqu’un promoteur présente un projet jugé viable pour lequel il n’est
pas en mesure de fournir les garanties demandées, il pourra bénéficier d’un
financement de son projet. De même, selon la BST, les financements octroyés
reposent plus sur la connaissance de la personne du client, de sa technicité et de ses
références. La BST ne privilégie pas trop les garanties, mais plutôt la relation durable
puisque, dans un environnement marqué par une forte concurrence, cette banque
préfère garder sa clientèle plutôt que de la perdre par exigence de garantie.
La question du fonds de garantie suscite également un débat portant sur un autre
point. A la question de savoir est-ce qu’une structure d’appui doit s’occuper des
problèmes de garantie, les réponses sont doublement mitigées. Pour certains, la mise
en place et la gestion des fonds de garantie doit être réservée aux institutions
financières. Pour d’autres, notamment les structures d’appui, elles jugent que l’idée
de mettre en place un fonds de garantie n’est pas en contradiction avec leur mission,
mais s’inscrit plutôt dans une logique de renforcement du dispositif existant de
manière à donner un petit coup de pouce aux PME.
Quelques fonds de garantie existent pour faciliter l’accès des PME à des
financements : il y a le fonds ARIZ de l’AFD, le fonds de garantie de l’APDA, celui
de la KFW, etc.
L’APDA a mis en place un fonds de 300 millions de FCFA, dont 49 millions d’appui
institutionnel et 251 millions de fonds de garantie. Ce fonds est, pour le moment,
réparti entre le CMS pour 60 millions de FCFA et la BRS pour 50 millions de FCFA,
avec un coefficient multiplicateur de 3. Ce fonds, établi avec l’appui du
Gouvernement du Sénégal, vise à résoudre les difficultés de garantie auxquelles sont
confrontés les promoteurs de projets dans le secteur artisanal.
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Le fonds ARIZ est un dispositif de garantie, mis en place par l’AFD, pour faciliter
l’accès aux financements pour les entreprises privées et les institutions de
microfinance qui exercent leurs activités dans les pays éligibles de sa zone
d’intervention. Ce dispositif vise à promouvoir :
-
Le financement des projets de création et de développement des entreprises
(quelle que soit leur taille), par le crédit à moyen ou à long terme et les
opérations de crédit bail mobilier.
-
Les apports en fonds propres ou quasi-fonds propres d’une maison mère dans
sa filiale majoritaire.
-
L’accès au refinancement des institutions de microfinance.
-
L’implication croissante des banques privées dans le financement des PME.
Cependant, les dispositifs de financement, mis en évidence ci-dessus, n’ont pas
encore permis de résorber le gap financier des PME. AinsiAlors, pourquoi la
contribution des mécanismes de financement au renforcement de la mésofinance n’at-elle pas permis de résorber cet écart financier ? L’examen des limites de ces
dispositifs de financement permet de mieux appréhender cette question.
IV.2.
LES LIMITES DES DISPOSITIFS DE FINANCEMENT DES PME
Les mécanismes de financement des PME comportent d’importantes limites.
IV.2.1.
Les limites des lignes de crédit :
Les limites des lignes de crédit peuvent être appréhendées sous trois angles. D’abord,
ces fonds bénéficient plus aux grandes entreprises qu’aux PME. A titre d’exemple, on
peut citer la ligne de crédit fournie par la Banque mondiale (ligne APEX) qui est
restée inutilisée pendant de nombreuses années et n’est devenue opérationnelle
qu’après une redéfinition des orientations. Malgré l’amélioration subséquente de ses
conditions de mobilisation afin de s’adapter aux PME, la ligne APEX a plutôt profité
aux grandes entreprises. De plus, selon la Chambre de Commerce d’Industrie et
d’Agriculture de Dakar (CCIAD), en dépit de la démarche FPE qui est en train de
réussir au Sénégal, le problème du financement du développement reste entier parce
que ce sont souvent les grosses entreprises qui sont financées au détriment des PME.
Ensuite, la mobilisation des financements existants se fait au détriment des
protoréseaux. En effet, la ligne de financement de la KFW n’a pu bénéficier qu’au
CMS, à l’UM PAMECAS et à l’ACEP, alors que l’APIMEC compte au moins 20 IMF
et réseaux membres.
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Enfin, les taux d’intérêt auxquels les banques bénéficient des lignes de refinancement
ne sont pas incitatifs (leur niveau moyen est de l’ordre de 8,5%). Pour une IMF
comme l’UM PAMECAS, les taux d’intérêt, appliqués dans le cadre des deux lignes
de crédit dont elle bénéficie, ne sont pas incitatifs. Dans ces conditions, elle ne trouve
pas d’intérêt à être refinancée car cela n’est pas rentable pour elle sur le plan
financier. Le taux d’intérêt de 13%, appliqué pour la ligne de crédit de la KFW en
faveur du CMS, est élevé.
Ces constats remettent en cause l'efficacité des lignes de crédit, dans leur
fonctionnement actuel, comme instrument pertinent de financement de la PME/PMI
et de la micro entreprise.
IV.2.2.
Les limites des projets de financement direct :
Les projets de financement direct de la PME et MPE recèlent généralement de
nombreuses faiblesses qui sont autant de causes de leurs dysfonctionnements. Parmi
ces faiblesses, on peut citer celles-ci :
-
-
-
-
ils ont tendance à répondre aux attentes de leurs différentes cibles avec le même
mode d'intervention, sans différenciation. Or, il est certain que les
préoccupations des PME ne sont pas identiques à celles des micros et petites
entreprises et à cet effet, les services d'appui financier devraient être
différenciés ;
ils ont tendance à adopter une approche « globaliste » plutôt qu'une approche
de financement, ce qui les conduit à cumuler plusieurs logiques d'intervention
qui sont parfois incompatibles, à savoir : logique de financement (octroi de crédit
et recouvrement), logique d'appui non financier (suivi-conseil, formation, assistance
en gestion), logique d'animation ;
ils ont généralement une structure lourde et, par conséquent, des frais de
fonctionnement élevés, ce qui entraîne d'une part, une impossibilité d'être
financièrement viable (les charges de fonctionnement sont de loin supérieures aux
produits hors subventions), d'autre part, une faible efficacité opérationnelle ;
ils ont eu des résultats très mitigés, avec généralement un faible taux de
recouvrement, et très souvent une gestion plus que chaotique qui a entraîné des
pertes énormes.
Actuellement, les projets de financement direct ont presque tous été clôturés et cette
démarche a été définitivement abandonnée par le Gouvernement et les bailleurs de
fonds à cause des dysfonctionnements et des déséquilibres dans leur conception qui
les ont rendus inefficaces, et de l’absence de perspectives de pérennisation.
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IV.2.3.
Les limites des fonds de contrepartie :
L'instrument des fonds de contrepartie pour le financement de la PME/MPE recèle
un certain nombre d'incohérences.
D’abord, il fournit des crédits pour la création et/ou le développement de
PME/MPE avec des taux d'intérêt subsidiés. Cette pratique est déstabilisante et peut
fausser la concurrence entre les PME ayant obtenu un financement sur les fonds de
contrepartie et celles ayant obtenu des crédits classiques dans la mesure où les fonds
de contrepartie ne ciblent pas des filières spécifiques. Quand bien même ce serait le
cas, certains entrepreneurs pourraient solliciter des financements sur de tels fonds
pour bénéficier de taux d'intérêt faibles et utiliser ces crédits pour d'autres activités
(détournement d'objet du crédit).
Ensuite, les IMF bénéficiaires utilisent essentiellement la ligne de crédit comme
instrument de lutte contre la pauvreté (financement des activités génératrices de
revenus et de MPE) et non comme financement de la PME, à cause notamment de sa
structuration et des bénéficiaires ciblés.
IV.2.4.
Les limites du capital risque :
L’instrument capital risque n’est pas bien développé pour le financement des PME
au Sénégal. En effet, vu le niveau d’intervention indiqué au tableau 2 plus haut, seuls
Cauris Investissement, Cauris Croissance et AfricInvest gérés par la S.A Cauris
Management et Auréos West Africa Fund peuvent intéresser la PME.
IV.2.5.
Les limites des fonds de garantie :
Les fonds de garantie recèlent certaines limites :
En premier lieu, les intermédiaires financiers accordent généralement des prêts tant
que le fonds de garantie est disponible. Celui-ci n’étant pas inépuisable (surtout s’il
est régulièrement mobilisé en compensation de créances non recouvrées), on peut
dès lors craindre que les crédits ne s'arrêtent dès épuisement des fonds de garantie.
En second lieu, un niveau élevé de fonds de garantie déresponsabilise les
intermédiaires financiers qui, étant donné que la quasi-totalité du risque de crédit est
couverte par un fonds de garantie, pourraient être moins rigoureux dans la décision
de crédit, étant entendu que les impayés éventuels seront recouvrés par prélèvement
sur le fonds de garantie.
Par ailleurs, le fonds de garantie de l’APDA est limité et ne parvient pas à absorber
les nombreuses demandes de crédit de qualité formulées par les artisans auprès de
cette structure d’appui. De plus, le taux de couverture de la garantie de l’APDA pour
le financement des artisans est très élevé (75%). Le fonds de garantie ARIZ de l’AFD
n’est pas adapté au segment de la PME puisque les entreprises éligibles sont celles
dont le niveau des fonds propres doit être supérieur ou égal à 35% de la somme du
total bilan + montant du crédit, ce qui constitue une difficulté pour les PME dont le
niveau de fonds propres est faible.
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Les limites de ces mécanismes de financement, décrites ci-dessus, peuvent expliquer
le faible intérêt des banques et des IMF à densifier le financement du segment de
marché des PME. Ce constat fonde toute la pertinence de la question suivante : quels
sont les besoins des banques et des IMF, en termes de mécanismes de financement
adéquats, pour qu’elles investissent le marché des PME ? Les entretiens, menés
auprès des banques et des IMF membres du groupe de réflexion sur la mésofinance,
ont révélé que lesdits besoins sont, globalement, de plusieurs types :
-
besoin d’assistance technique,
-
besoin de fonds de garantie,
-
besoin de lignes de refinancement,
-
besoin de cadre d’échanges entre acteurs,
-
besoin de réforme de l’environnement,
-
besoin de partenariat,
-
besoin de création d’un cadre unique d’appui aux PME, etc.
Par conséquent, ces besoins doivent être pris en compte pour promouvoir le
développement de la mésofinance.
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V.
RECOMMANDATIONS DE PISTES DE DEVELOPPEMENT DE LA
MESOFINANCE
Au terme des réflexions du groupe de travail, un certain nombre de
recommandations, allant dans le sens du renforcement de la mésofinance, sont
proposées.
V.1.
VERS LA MISE EN PLACE D’UN FONDS D’ASSISTANCE TECHNIQUE
CONSTAT : Les banques et les IMF éprouvent d’énormes difficultés à accompagner
les PME qui, de par leur nature, sont des entreprises informelles (Indisponibilité des
états financiers du fait de la non structuration des PME). Ces institutions financières ne
sont pas suffisamment bien préparées pour répondre à toute l’expertise requise pour
prendre en charge les PME. En d’autres termes, elles n’ont pas les capacités
techniques requises en matière d’analyse du segment des PME. Or, il est difficile
d’appliquer les techniques bancaires dans un secteur informel, comme celui qui
caractérise le segment des PME.
RECOMMANDATION 1 : Une expertise technique supplémentaire est donc nécessaire pour
les banques et les IMF. D’où l’importance de l’assistance technique en leur faveur. Cet
appui technique est fondamental car permettant aux banques et IMF de maîtriser les
risques, donc de pouvoir accorder des crédits aux PME.
RECOMMANDATION 2 : En outre, la subvention de l’offre de services non financiers
devrait représenter une alternative viable surtout pour les protoréseaux.
CONSTAT : En effet, les expériences de référence, au niveau international, prouvent
qu’il est possible de prêter aux PME si les institutions financières ont recours à des
techniques leur permettant de faire un plus grand nombre d’opérations, de toucher
une clientèle importante, de réduire leurs coûts et leurs risques, de proposer des
produits adaptés et d’augmenter leurs revenus.
RECOMMANDATION 3 : mettre en place une stratégie de renforcement des capacités des
intermédiaires financiers (formels et informels) pour appuyer la création et le
développement des PME au Sénégal. Autrement dit, il s’agit de renforcer les compétences
des banques et IMF par la connaissance des pratiques de référence et la formation à ces
pratiques afin de leur permettre d’atteindre des niveaux de performance indispensables au
développement d’une activité durable de financement des PME.
RECOMMANDATION 4 : Par conséquent, ces institutions financières ont réellement besoin
d’assistance technique adaptée au segment de la PME pour pouvoir investir efficacement
ce segment de marché. En termes opérationnels, le fonds d’assistance technique devra
permettre, au personnel des banques et des IMF, de renforcer leurs compétences à travers
une formation aux pratiques de référence sur la méthodologie de prêt aux PME et sur la
manière de suivre les remboursements.
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V.2.
VERS LA MISE EN PLACE D’UN FONDS DE GARANTIE ADAPTE A LA PME
L’une des contraintes au renforcement de la mésofinance est l’incapacité des PME à
fournir les garanties qui leur sont exigées par le système financier. Les hypothèques
et l’orientation des PME vers les notaires font subir à ces entreprises des coûts de
garantie plus chers que les intérêts. A ce titre, le fonds de garantie peut être utile
pour faciliter l’accès des PME au financement des banques et des IMF. Cependant,
certains fonds de garantie existants (fonds de l’APDA, par exemple) sont très limités
en termes de montant. Il est donc important de trouver des partenaires pour élever ce
fonds de garantie. D’autres fonds de garantie, comme celui de ARIZ de l’AFD, ne
sont pas adaptés au segment de la PME.
RECOMMANDATION 5 : Ainsi, il est important de mettre en place un nouveau fonds de
garantie plus adapté au segment de marché de la PME. D’où la nécessité de la
réadaptation du fonds ARIZ à cette catégorie d’entreprises.
RECOMMANDATION 6 : Dans le même ordre d’idées, les travaux du groupe de réflexion
préconisent aussi la création de structures sectorielles de garantie.
V.3.
VERS L’APPORT
CONCESSIONNELS.
DE
LIGNES
DE
REFINANCEMENT
A
TAUX
Entre autre obstacle au financement des PME, il y a le problème de l’indisponibilité
de ressources longues. En effet, le système financier est caractérisé par des difficultés
de refinancement dans la mesure où les conditions de crédit sont inadaptées :
ressources courtes, montant trop faible, taux d’intérêt élevés. Les taux d’intérêt,
appliqués dans le cadre des lignes de crédit dont bénéficient certaines banques et
IMF, ne sont pas incitatifs. Dans ces conditions, les institutions financières trouvent
peu d’intérêt à être refinancées car cela n’est pas rentable pour elles sur le plan
financier.
RECOMMANDATION 7 : Ainsi, la mise en place de lignes de refinancement à taux
concessionnels peut constituer une bouffée d’oxygène pour le système financier qui, dans
ces conditions, sera disposé à octroyer plus des crédits aux PME.
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V.4.
VERS LA CREATION D’UN ESPACE DIALOGUE PARTAGE
Le groupe de réflexion sur la mésofinance est perçu comme une centrale d’échanges
d’informations qui a permis d’asseoir une certaine complémentarité entre les
structures qui y étaient représentées.
RECOMMANDATION 8 : Les échanges d’informations entre ces structures, à travers la
mise en place d’un cadre permanent de concertation, sont jugés nécessaires. Cela leur
permettra de se positionner non comme des structures concurrentes mais comme des
institutions complémentaires. Dans ce cadre, il est souhaité une plus grande participation
des banques dont très peu ont été présentes lors des réunions du groupe de travail.
RECOMMANDATION 9 : Ainsi, le groupe de travail considère importante l’idée de mettre
en place un cadre permanent de concertation au niveau national sous un double angle :
d’abord au niveau des bailleurs, ensuite au niveau de l’offre et de la demande. Pour ce
second niveau, 4 types d’acteurs sont identifiés pour intégrer ce cadre permanent
d’échanges, à savoir : les structures d’appui, tous les réseaux d’IMF, les PME et les
banques.
V.5.
VERS LA REFORME DE L’ENVIRONNEMENT
Le niveau d’intervention des banques dans le financement de l’investissement est
très faible au Sénégal dans la mesure où la plupart des crédits octroyés sont de court
terme.
RECOMMANDATION 10 : Le groupe de travail recommande un certain nombre de
mutations, notamment sur l’environnement. D’abord, les PME doivent accepter de se
formaliser afin de pouvoir bénéficier de crédits à long terme.
RECOMMANDATION 11 : L’Etat doit prendre des mesures fiscales incitatives pour
favoriser la transparence des PME et leur érection en entreprises formelles.
RECOMMANDATION 12 : Ensuite, il faut développer de nouveaux produits financiers, à
savoir le capital risque, l’assurance crédit.
RECOMMANDATION 13 : Enfin, la règlementation, concernant les points suivants, doit
être révisée : le taux de transformation financière fixé par la BCEAO {(ressources ≥ 1 an)
/ (emplois ≥ 1 an) ≥ 100%}, les accords de classement de la BCEAO, les ratios de
portefeuille, le problème de l’utilisation des ressources à long terme, la cherté du coût du
crédit, précisément des garanties.
Si la règlementation est révisée dans ce sens, il pourrait avoir des avancées en termes de
renforcement de la mésofinance.
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V.6.
VERS LA MISE EN PLACE D’UN DISPOSITIF EFFICIENT
Il n’y a pas encore un dispositif efficient à proprement parler pour accompagner les
PME. Celui mis en place par la BRS se heurte à des contraintes d’ordre financier.
RECOMMANDATION 14 : Il est important de créer un dispositif efficient qui intègre
l’ensemble des contraintes auxquelles font face les PME.
V.7.
VERS LA CREATION D’UNE SUPERSTRUCTURE D’APPUI AUX PME
Il a été identifié plusieurs acteurs qui jouent un rôle fondamental pour le
développement de la mésofinance, notamment : l’Etat, les autorités monétaires, les
IMF, les banques, les structures d’appui, le secteur privé (cabinets d’études,
entreprises, etc.). Toutefois, selon le groupe de travail, il y a un manque de
coordination des diverses actions en mésofinance. En effet, il est constaté une
dispersion énorme dans l’offre de services des nombreuses structures d’appui en
faveur des PME.
RECOMMANDATION 15 : Les appuis au bénéfice des PME doivent converger de façon à
impacter positivement sur le développement de cette catégorie d’entreprises. De ce fait, il a
été reconnu l’importance d’asseoir une cohérence des politiques de développement de la
mésofinance devant déboucher sur la mise en place d’actions non spécifiques, mais plutôt
globalisées (capital risque, fonds de garantie, etc.).
RECOMMANDATION 16 : le groupe de travail
recommande la création d’une
superstructure qui centraliserait l’offre de services non financiers aux PME et où l’on
trouve plusieurs guichets répondant à toutes les composantes de la demande de services
non financiers des PME. Cette superstructure présente l’avantage de permettre d’avoir
des gains en termes de coûts, d’efficacité et de lisibilité.
RECOMMANDATION 17 : L’Etat doit créer cette unique institution qui centralise toutes
les agences publiques crées pour le renforcement de la mésofinance.
V.8.
VERS LE RENFORCEMENT DU NIVEAU DE FORMALISATION DES PME
Le niveau de formalisation des PME est perçu, par le groupe de travail, comme une
contrainte majeure qui les empêche d’avoir accès à des financements. En effet, le
groupe considère que le faible accès des PME à des financements s’explique, en
partie, par le fait que les banques et les IMF n’ont pas une bonne visibilité sur ce
segment de marché, en raison de son caractère informel.
RECOMMANDATION 18 : Le développement de la mésofinance devra nécessairement
passer par le renforcement du niveau de formalisation des PME. Les PME doivent donc
accepter de s’organiser en toute transparence et de mettre en place des outils de gestion
fiables.
Justement, comment amener les PME à se formaliser ? Pour ce faire, les pistes suivantes
ont été recommandées, notamment :
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RECOMMANDATION 19 : la réglementation : Il faut renforcer le niveau d’exigence des
banques et des IMF vers leurs clients PME. Pour cela, il faut une implication de ces
institutions financières pour demander à leurs clients des dossiers à fournir relativement
aux procédures d’offre de crédit. Dans ce sens, il est recommandé la mise en place d’un
cadre réglementaire qui oblige les banques et les IMF d’exiger, de leurs membres, la
fourniture des dossiers requis dans le cadre des procédures d’offre de crédit.
RECOMMANDATION 20 : la fiscalité : Le caractère informel des PME peut s’expliquer,
en partie, par la charge fiscale qu’elles supporteraient au cas où elles passeraient au stade
d’entreprises formelles. Par conséquent, une politique fiscale incitative peut conduire les
PME à se formaliser.
Recommandation 21 : la prise en charge : Le partenariat est un des moyens pouvant
permettre le renforcement du niveau de formalisation des PME. En effet, des partenaires,
comme des cabinets d’études, peuvent aider les PME à se formaliser, à travers la tenue de
comptabilité, d’états financiers, etc. A titre d’exemple, une banque, comme la BRS,
travaille avec des partenaires pour aider les PME à se formaliser.
V.9.
VERS LA RESOLUTION DU PROBLEME D’ANCRAGE INSTITUTIONNEL
Il existe un réel problème d’ancrage institutionnel des structures d’appui. Le constat
est que certaines structures ont un rôle moteur à jouer dans le dispositif de
renforcement et de consolidation de l’appui à la PME. Et au regard de leurs
difficultés de reconnaissance et de positionnement, leur capacité à remplir
efficacement leur rôle d’encadrement reste hypothétique.
RECOMMANDATION 22 : Par conséquent le groupe suggère l’idée de résoudre ce problème
d’ancrage institutionnel pour permettre à certaines structures d’appui de bien
fonctionner.
V.10.
VERS LA DIVERSIFICATION DE L’OFFRE AUX PME
RECOMMANDATION 23 : Pour permettre une meilleure visibilité du segment de marché
des PME, les structures d’appui doivent, en plus des services non financiers qu’elles
offrent aux PME, réaliser des études. En effet, le groupe de réflexion considère que les
IMF et les banques n’ont pas d’intérêt stratégique à faire par exemple des études d’analyse
des causes des échecs des projets financés dans la mesure où ces études sont coûteuses et,
de plus, ces institutions ne sont pas sûres d’en tirer des profits.
RECOMMANDATION 24 : Par ailleurs, dès lors que le financement de l’investissement est
différent du financement du fonds de roulement, le groupe de travail estime que les
banques et les IMF, qui veulent intégrer le segment de marché des PME, doivent mettre
en place une nouvelle gamme de produits.
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V.11.
VERS LE DEVELOPPEMENT DE PARTENARIAT
Recommandation 25 : L’idée de développer des partenariats entre banques, IMF et
structures d’appui a été approuvée par les structures membres du groupe de travail.
Plusieurs raisons expliquent l’importance d’asseoir un cadre de partenariat entre les
acteurs impliqués dans le processus de densification de la mésofinance.
En premier lieu, la plupart des IMF n’ont pas un bon SIG leur permettant de
prendre toujours de bonnes décisions. En outre, il est très peu probable qu’une
IMF investisse dans un vrai système juridique ou ait un bon système
d’information et de gestion (SIG). Or, le SIG devient obsolète au fil du temps et
nécessite d’être mis à jour. Ainsi, il est important de nouer des alliances
stratégiques pour mutualiser les risques. Par exemple, la BST a offert à une IMF
l’assurance d’une compensation pour qu’elle se dote d’un SIG.
En second lieu, les trois réseaux d’IMF (CMS, PAMECAS et ACEP) font chacun
plus de 20 milliards de dépôt. S’ils disparaissent, c’est comme si c’est une banque
qui disparaît. Cela peut entraîner des risques systémiques. Ainsi, des alliances
stratégiques entre les banques et les IMF sont indispensables.
En troisième lieu, le partenariat entre les banques et les IMF peut permettre à
chacun de ces acteurs de renforcer leur couverture du marché.
En dernier lieu, la collaboration entre banques et IMF en pool bancaire n’a pas
encore vu le jour car il n’existe pas un partage des risques. La syndication existe,
mais en interbancaire. Il n’existe donc pas encore de partenariat entre les banques
et les IMF dans ce sens. Pourtant, la syndication entre banques et IMF est
importante car elle permet une meilleure visibilité du segment des PME.
Le partenariat entre les acteurs peut prendre plusieurs formes :
-
-
-
-
Pour une banque comme la BRS, le partenariat souhaité avec des structures
telles que l’AFD, peut se situer à deux niveaux : lignes de refinancement et
fonds de garantie ;
Pour les banques et les IMF, le partenariat peut reposer sur les modalités
suivantes : refinancement, financement de leurs plus gros clients, échanges
d’informations, gestion des excédents de trésorerie, partenariat sur des lignes
dédiées à l’habitat (c’est l’une des plus grandes préoccupations des sociétaires du
CMS) ;
Concernant les relations entre les banques, les IMF et les PME, les institutions
financières doivent apporter des offres de produits appropriés à cette catégorie
d’entreprises en allant au niveau de chaque filière ;
Entre IMF, il est souhaité un partenariat axé sur des échanges d’informations de
nature commerciale ;
Considérant la place des structures d’appui transversale car étant à tous les
niveaux, le groupe trouve important l’environnement partenarial dans lequel
les structures d’appui pourraient jouer un triple rôle : rôle de veille car la
structure d’appui n’est pas suffisamment outillée ; rôle de centre de
compétences ; rôle de fournisseurs d’informations. Dans ce cadre, il faut un
partenariat entre les structures d’appui et les bailleurs d’une part, entre les
structures d’appui et les institutions financières, d’autre part. Les structures
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d’appui peuvent pourraient aider les banques et les IMF à renforcer les
capacités techniques des bénéficiaires de financement.
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