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10 Médecine & Santé publique E-SANTÉ D’Alzheimer à « l’interception » des cancers Janssen veut un changement de paradigme Digitalisation des parcours de soins à l’hôpital Le suivi des patients à portée de clics ●●Plusieurs éditeurs de logiciels étaient réunis fin mai à la « Paris Healthcare Week » pour présenter leurs solutions digitales de suivi à distance de patients qui nécessitent un accompagnement après une hospitalisation ou une chirurgie ambulatoire. Pour rassurer les médecins qui craignent « l’usine à gaz informatique », tous jouent la carte de la simplicité d’usage avec des interfaces web ou mobiles qui se veulent « intuitives ». Ainsi, la création d’un protocole de suivi est souvent l’affaire de quelques minutes, à l’image de « MyDocTool » qui offre des modèles « totalement paramétrables », avec de nombreux modules au choix (questionnaires d’évaluation, contenus informatifs, tâches à effectuer…). Le médecin définit la fréquence, la durée d’envoi de chacun des items vers l’interface patient, ainsi que les modalités d’alertes qui peuvent être déclenchées selon des conditions multiples. Avec un bon paramétrage, « il n’y a pas de risque d’alerte intempestive », assure Sophie Davidas, co-fondatrice de « MyDocTool », une solution aujourd’hui commercialisée et ouverte à tous types de pathologies. Évaluation des protocoles Développée par la société Exolis, la plateforme web « Engage » doublée d’applications mobiles pour les patients et soignants couvre également « tous les parcours de soins et tous les domaines » et peut intégrer des données issues de dispositifs médicaux connectés, indique Nicolas Binand, l’un de ses fondateurs. « Engage » s’installe nativement dans les établissements de santé et dispose d’une interface permettant une exploitation avancée des informations recueillies selon la version du système informatique hospi- L’application « Engage » facilite le recueil de données pour les patients suivis en sortie d’hospitalisation talier. « La solution doit permettre d’aider à optimiser les protocoles de suivi avec des possibilités de comparaison de données normalisées », ajoute Nicolas Binand. Actuellement en cours de développement, « Engage » doit entrer en phase d’expérimentation pilote sur le terrain dès cet été. Plateforme infirmière Destinée plus spécifiquement au suivi post-opératoire, la solution web et mobile « Maela » se distingue par un kit d’objets santé connectés et surtout une plateforme infirmières dédiée qui assure la gestion permanente des alertes paramétrées par le médecin. « Nos infirmières surveillent les alertes qui remontent sur la plateforme, joignent le patient et ne contactent le médecin que si nécessaire », souligne Hubert Viot, directeur de la société. Maela est actuellement en phase de test à la clinique du Val d’Ouest, à Ecully près de Lyon, avant un déploiement commercial prévu à partir de septembre. Axée sur le suivi post opératoire, la plateforme web et mobile « E-fitback » de Nouveal comprend une analyse des informations par des algorithmes intégrant le paramétrage médical qui déclenchent automatiquement des alertes en fonction des seuils déterminés. La solution est en cours de test dans deux cliniques privées de Capio France, avant une implémentation dans les 80 établissements européens du groupe courant 2017, précise Michaël Pondérant, responsable marketing de Nouveal. David Bilhaut « Planning de garde » séduit internes et médecins ●● « Planning de garde » est une solution gratuite qui permet de gérer de manière simplifiée, transparente et en partie automatisée des plannings et tableaux de services hospitaliers. L’administrateur en charge d’élaborer son planning de garde créé un calendrier et intègre les membres de l’équipe grâce à leur adresse e-mail. Chaque utilisateur renseigne sur la plateforme web dédiée ses souhaits de dates de garde et ses disponibilités pour des remplacements éventuels. « Pour la constitution du planning, on a mis en place un algorithme qui permet de générer une base de planning où au moins 80 % des gardes sont établies de manière équilibrée », indique Pour répondre aux impasses thérapeutiques du patient Alzheimer ou atteint de cancer incurable, le laboratoire Janssen ambitionne de « redéfinir les soins de santé » en développant des outils essentiels à une médecine prédictive qui puisse agir très en amont de la maladie. DR Des plateformes web et applications mobiles se développent aujourd’hui pour optimiser la prise en charge post-hospitalisation ou après une chirurgie ambulatoire. Elles offrent au médecin la possibilité d’initier rapidement des protocoles de suivi « à la carte », avec des interfaces patients « engageantes » et un système de gestion d’alertes élaboré qui promettent un gain de temps conséquent aux soignants. Etienne Depaulis, co-fondateur de planning-de-garde.fr. L’administrateur n’ayant plus qu’à effectuer les dernières retouches pour finaliser son planning qui sera envoyé par e-mail au secrétariat de l’hôpital. Une fois le planning publié, les membres de l’équipe ont accès depuis leur smartphone ou ordinateur à une version en permanence à jour. L’application propose aussi une fonction d’échange simplifiée de jours de garde entre les membres de l’équipe. « La prochaine étape est l’intégration dans le logiciel RH de l’hôpital », indique Etienne Depaulis qui y voit un moyen de développer une offre « premium » pour les D. B. établissements. LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN Lundi 27 juin 2016 – n° 9508 ●●« Le temps des produits “me too“ est vraiment derrière nous », assure Tom Aelbrecht, responsable du « Campus Janssen » en Belgique. « Notre raison d’être, c’est d’apporter de vraies innovations aux patients », a-t-il martelé face à un parterre de journalistes internationaux conviés à Beerse pour découvrir le plus grand centre européen de recherche du groupe. Situé à une quarantaine de kilomètres d’Anvers, ce vaste campus réunit 1 800 collaborateurs pour la seule R & D, autour de trois axes stratégiques : les neurosciences, l’oncologie et les maladies infectieuses. Depuis 2015, Janssen s’appuie notamment sur trois nouvelles plateformes de recherche dédiées à la prévention, l’interception des maladies ainsi qu’au microbiome. « Des domaines de l’innovation médicale transformationnelle appelés à modifier le paysage sanitaire », selon les dires de la firme. Dans le champ du cancer, « l’interception » de la maladie avant l’apparition des premiers symptômes observables représente « le futur des traitements », considère le Dr Peter Lebowitz, responsable de la branche oncologie chez Janssen. « En sortant du classique cheminement bonne santé - diagnostic - traitement vers la médecine prédictive, avant que ne survienne la tumeur, nous pensons que nous aurons de bien plus grands effets thérapeutiques », ajoute-t-il. Une approche qui nécessite en premier lieu de progresser dans la compréhension des mécanismes à l’origine de la transition des cellules normales vers un état précancéreux, quand les cellules s’avèrent moins complexes et résistantes aux traitements. Améliorer la survie Pour l’heure, le quatrième laboratoire mondial en oncologie en termes de ventes priorise plusieurs domaines thérapeutiques précis présentant des besoins non satisfaits comme les hémopathies malignes, le cancer de la prostate ou le cancer du poumon. Son Darzalex (daratumumab) en monothérapie a reçu le feu vert de la Commission européenne le 23 mai dernier dans le cadre d’une procédure accélérée pour les patients atteints de myélome multiple en rechute et réfractaires aux autres traitements disponibles. Le laboratoire fait état d’une augmentation significative de la survie globale, s’élevant à 20 mois en moyenne selon les résultats d’études de phase 2, chez ces patients lourdement prétraités dont le pronostic est généralement très mauvais (5 à 9 mois). Dans le domaine des neurosciences et notamment de la maladie d’Alzheimer, l’objectif avoué est d’arriver à sortir d’impasses thérapeutiques en ciblant la pathologie bien plus en amont. « Nous investissons beaucoup sur les technologies qui contribuent à favoriser un diagnostic précoce », indique Husseini Manji, responsable du pôle de recherche en neurosciences au sein de Janssen. C’est tout l’enjeu du partenariat conclu en février dernier entre Janssen et Neurovision pour développer une technologie d’imagerie de l’amyloïde dans la rétine en vue d’une détection et surveillance précoce de la pathologie. « L’œil est une très bonne fenêtre sur le cerveau », note Husseini Manji. Freiner la progression d’Alzheimer nécessite « d’attaquer cette pathologie complexe sur plusieurs fronts », souligne-t-il. Le laboratoire focalisant actuellement ses développements autour de l’inhibition de BACE, l’immunothérapie amyloïde et du vaccin David Bilhaut anti-Tau. Insulinothérapie dans le diabète Un nouveau système par pompe Le nouveau système de Roche Diabetes Care, Accu-Chek Insight permet une gestion intuitive et discrète des injections de bolus. ●●« Une pompe à insuline abrite de l’insuline rapide uniquement, rappelle le Pr Anne Vambergue, diabétologue au CHRU de Lille, qui pallie à la fois la sécrétion basale, “vitale“, indépendante des repas, mais fonction des fluctuations de fin de nuit, de l’activité physique, etc., et les bolus. » Le débit de base est programmé et personnalisé, avec des bolus préprandiaux en fonction de ce que l’on sait du repas à venir, l’objectif étant de mimer autant que faire se peut la sécrétion physiologique du pancréas. La pompe est a priori destinée aux diabétiques de type 1 sous traitement intensif (4 injections et plus), lorsque l’équilibre n’est pas atteint, mesuré sur l’hémoglobine glyquée, malgré un traitement intensif, en cas d’hypoglycémies à répétition, quand les variations glycémiques ou les besoins en insuline sont très différents d’une journée à l’autre, ou si les horaires de travail rendent compliquées les multiinjections. « Le candidat à une pompe à insuline doit maîtriser l’autosurveillance glycémique, indique-t-elle, et savoir adapter les doses ». Ils sont 40 000 en France aujourd’hui à l’utiliser. Accu-Chek Insight comprend une pompe de taille réduite, aux bords arrondis pour plus de confort, dont la navigation est simplifiée et, innovation, la cartouche d’insuline préremplie, ce qui évite les manipulations, suffisante pour 2 à 3 jours. Connectée via Bluetooth à la pompe, une commande à distance (en toute discrétion !) de l’injection des bolus est incluse dans une télécommande en forme de smartphone à écran tactile couleur. La navigation est intuitive à partir du menu principal vers l’ensemble des fonctionnalités, dont un lecteur de glycémie. Enfin, pour décider des doses de bolus, le patient peut s’appuyer sur un algorithme intégré dans la télécommande qui propose un « conseil bolus » prenant en compte les repas, l’activité physique et sa glycémie. Dr Brigitte Blond D’après une conférence de presse Roche Diabetes Care Pionnier de la chirurgie cardiaque congénitale Décès du Pr Claude Planché Le Pr Claude Planché, pionnier de la chirugie cardiaque néonatale, décédé le 6 juin, a mené une carrière internationale à l’hôpital Marie Lannelongue ●●Pionnier dans la chirurgie cardiaque néonatale, le Pr Claude Planché, chirurgien de stature internationale qui a exercé toute sa carrière à l'hôpital Marie Lannelongue (Plessis-Robinson) jusqu'à son départ à la retraite en 2003, membre de l'Académie nationale de chirurgie et de l'American Association for Thoracic Surgery, est décédé le 6 juin dernier à l'âge de 78 ans. « C'était l'un des chirurgiens les plus doués de sa génération, se souvient le Dr Anita Touchot, collaboratrice et amie de plus de trente ans. S'il était très célèbre à l'international pour ses travaux en cardiopathie congénitale, il est resté peu connu du grand public en France. « C'était un homme très sobre et discret, très cultivé, décrit Anita Touchot. Il travaillait, il avait des résultats et ça lui suffisait. ». La chirurgie cardiaque congénitale lui doit beaucoup, en particulier pour les cardiopathies congénitales complexes. Il commence sa carrière en 1970 à Marie Lannelongue dans la droite lignée du Pr Dubosc, premier chirurgien à opérer un « enfant bleu » dans cet hôpital dédié à la chirurgie cardiaque pédiatrique à sa création. Plus de 2 000 interventions Deux grandes avancées ont marqué sa carrière. Avec les hôpitaux Laënnec et Broussais à l'époque, il a fait partie des premiers au monde en 1984 à réaliser un « switch artériel », selon une technique française mise au point pour la correction de la transposition des gros vaisseaux. Avec plus de 2 000 interventions « switch » en 30 ans, la série Planché-Marie Lannelongue est la plus importante au monde. Pour la première fois en Europe, il a opéré d'une greffe de cœur en 1988 la petite Lucie âgée seulement de 6 jours. Le chirurgien, marié et sans enfants, n'a eu de cesse d'innover et de transmettre. « Il a entretenu une cohésion d'équipe incroyable, se remémore avec émotion le Dr Anita Touchot. Les interventions se faisaient dans le calme et la sérénité. Les confrères venaient du monde entier se former à ses côtés ». L'hôpital Marie Lannelongue lui rendra hommage dans quelques semaines en donnant son nom au bloc opératoire dans lequel il opérait avec ses équipes. Dr Irène Drogou