Prix des lycéens autrichiens 2010 DOSSIER PEDAGOGIQUE

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Prix des lycéens autrichiens 2010 DOSSIER PEDAGOGIQUE
Prix des lycéens autrichiens 2010
DOSSIER PEDAGOGIQUE
Dossier réalisé par Edouard Raix,
sous la direction de Tristan Fabiani-Pradeilles, Attaché de coopération pour le français,
Institut Français de Vienne
Prix des lycéens autrichiens
2009 – 2010
DOSSIER PEDAGOGIQUE
L’écho des armes
de Yann Mens (Ed. Thierry Magnier)
Comment utiliser ce dossier ?
Ce dossier est destiné à faciliter votre lecture du roman. Il comprend 6 grandes parties :
-
-
Une introduction avec un travail préliminaire sur le titre et la couverture du livre.
Dans un premier temps, une présentation générale : de l’auteur, du genre littéraire
de la nouvelle ; un aperçu de ce qu’est la littérature engagée.
Dans un deuxième temps, une analyse du recueil, sa structure, l’espace et le temps
et quelques thématiques récurrentes.
Une sélection de livres, de films et sites Internet pour élargir.
Un parcours du recueil nouvelle par nouvelle, incluant des précisions sur le
contexte, les personnages et la structure du récit mais aussi des pistes de lecture
sous forme de questions, des renvois à des faits de civilisation, une analyse du
lexique, et des propositions d’approfondissement ou de recherche.
A la fin, quelques exercices de réflexion et d’écriture sont proposés.
Ce dossier doit accompagner votre lecture et aider votre prise de notes dans votre carnet de
bord, qui reste votre principal instrument de travail. Ce carnet permet en effet de noter vos
impressions de lecture, de dresser et d’affiner au fur et à mesure le portrait des personnages
principaux, de dessiner la topographie des lieux, de relever les indices dispersés dans le
roman, de faire le point sur les thèmes abordés, etc. C’est à partir de ce carnet que vous
préparerez votre présentation du recueil en classe.
Introduction
Analyse de la première et de la quatrième de couverture
- Quels sont les différents éléments qui composent la couverture ? Comment interprétez-vous
le choix des formes et des couleurs ?
- Qu’évoquent les coulures et les giclées autour des lettres du titre ?
Lisez la quatrième de couverture. Que nous apprend-elle ? Que voit-on sur le côté en haut à
droite ?
Après la lecture :
- Expliquez le choix du titre du recueil.
Pour chacune des nouvelles, est-ce que le titre est en lien direct avec l’histoire ?
Expliquez le choix de l’auteur.
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1. Présentation générale
L’auteur : Yann Mens
Yann Mens est né en 1958. Il est rédacteur en chef d'Alternatives internationales. Il écrit
également des chroniques sur des disques de jazz pour La Croix et il a aussi travaillé pour le
mensuel Phosphore. Il a publié des nouvelles dans cinq recueils de la série Quinze histoires
(Quinze histoires en musique, Quinze histoires de Noël, Quinze histoires pour rire, Quinze
histoires à remonter le temps, Quinze histoires macabres, éd. Hachette Jeunesse, 1998 et
1999) ainsi que dans plusieurs publications de Bayard Presse.
Son activité de rédacteur en chef du magazine trimestriel en ligne Alternatives Internationales
est importante pour la compréhension des nouvelles du recueil. C’est le quotidien de Yann
Mens que d’informer sur les conflits et les grands enjeux internationaux. Comme on peut le
lire sur le site Internet de son magazine :
« Alternatives Internationales vous propose un regard engagé sur l’actualité de la planète. Il
fait appel aux meilleurs spécialistes français et étrangers pour vous aider à saisir le sens des
grandes mutations en cours. Convaincu qu’il n’y a pas de fatalité aux injustices mondiales, à
la destruction de l’environnement, aux atteintes aux droits de l’homme, il vous suggère aussi
des pistes pour agir.(…)
Face à la mondialisation et aux désordres de la planète, chacun voudrait y voir plus clair.
Nous avons conçu Alternatives Internationales pour vous aider à comprendre un monde
devenu plus complexe.
Alternatives Internationales explore les solutions. Nous refusons de désespérer de l’humanité.
Les citoyens peuvent s’emparer du monde pour le changer. Alternatives Internationales donne
à ses lecteurs les outils pour réfléchir et pour agir. »
http://www.alternatives-internationales.fr
A l’évidence, ce travail de journaliste fournit à l’auteur toute la documentation nécessaire
pour écrire ses nouvelles. « L’écho des armes » a en effet pour ambition de dénoncer l’horreur
de la guerre dans le monde.
Le choix de la nouvelle
Pourquoi choisir le genre de la nouvelle plutôt que celui du roman ?
Selon la définition du dictionnaire Littré, une nouvelle est une « sorte de roman très court »,
un « récit d'aventures intéressantes ou amusantes. ». La brièveté permet d'intensifier l'effet
produit par l’histoire. À la différence de la fable, il n'y a ordinairement pas de morale explicite
dans la nouvelle ; il n'y a donc pas de conclusion, d'enseignement à tirer du texte. C’est au
lecteur de l’interpréter. Les personnages sont peu nombreux et sont doués d'une réalité
psychologique, bien que celle-ci soit moins développée que dans un roman. En général, le
récit est centré autour d'une seule série d’événements qui sont tous étroitement liés les uns aux
autres et conduisent rapidement à la fin de l’histoire : la « chute » ; qui doit à la fois
surprendre, émouvoir et faire réfléchir.
Voici quelques questions à se poser pour étudier une nouvelle:
- Le rythme du récit : comment l'écriture et les personnages évoluent-ils ? Y a-t-il un
événement perturbateur ? Quel est-il ?
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- La narration : en sait-on autant que le narrateur ? Quelle est la position du narrateur ? Peuton déceler une intention d'auteur ?
- La structure : tous les éléments placés au début de la nouvelle servent pour la suite de
l’histoire. Il faut identifier leur rôle.
- La chute : y a-t-il résolution des problèmes à la fin de l’histoire ?
Pourquoi l’auteur a-t-il choisi ce genre littéraire?
Le choix de Yann Mens répond à un triple objectif :
1. Multiplier les exemples de personnages mêlés à un conflit guerrier quel que soit le pays ou
l’époque. Une seule histoire de famille confrontée à la guerre ne suffirait pas à montrer
l’universalité de ce fléau.
2. Donner vie et corps à des personnages romanesques en peu de pages. C’est parce qu’on
s’attache aux personnages que l’horreur de la guerre devient plus sensible.
3. Amplifier l’émotion du lecteur grâce à la brièveté du récit. Le lecteur a à peine fait
connaissance avec les personnages qu’ils sont déjà morts ou affreusement blessés.
Les images de la télévision conditionnent notre regard sur les conflits armés. Le
nombre incroyable de ces vidéos d’actualité qui nous parviennent finissent par banaliser
l’horreur des conflits. Ce recueil de nouvelles est en quelque sorte le contre-exemple littéraire
de la folie télévisuelle qui nous laisse croire que tous ceux qui meurent n’ont pas d’existence
réelle. C’est l’un des objectifs de ce recueil, nous expliquer et nous montrer que derrière les
images spectaculaires de la télévision, des pères, des frères, des amoureux meurent, des gens
comme nous. D’ailleurs, dans ces nouvelles, il arrive que les personnages apprennent la mort
de l’un des leurs par la radio ou bien par la télévision. On peut alors imaginer leur douleur
face à des événements qui ne sont pour nous que des images. Le lecteur peut facilement se
reconnaître et s’identifier à l’un des personnages. « Et si mon propre père était mort à la
guerre ? Ma sœur, mon frère, mon meilleur ami ? ». C’est là un des objectifs de la littérature
engagée : prendre un parti, le défendre et l’expliquer pour informer et instruire, interroger la
conscience du lecteur pour le faire réfléchir.
La littérature engagée
Histoire, objectifs
L’engagement d’un écrivain suppose un choix public, l’élection d’une cause et sa défense
dans un texte. S’engager ne va pas sans une part de danger et de courage : celui qui s’engage
contredit la pensée dominante, alimente un contre-pouvoir.
Au siècle des Lumières, Voltaire dénonce l’horreur et l’absurdité de la guerre avec Candide.
Il construit pour cela une fiction dont le but est de ridiculiser tout belligérant quelles que
soient ses justifications. Ainsi l’ironie est une composante essentielle de sa stratégie
argumentative.
En montrant les conditions de vie du petit peuple au 19ème siècle, Les Misérables de Victor
Hugo ont beaucoup contribué à faire avancer le socialisme militant. J’accuse d’Émile Zola au
moment de l’affaire Dreyfus, ou différents écrits de Victor Hugo contre la peine de mort (Le
dernier jour d’un condamné à mort, Claude Gueux) comptent toujours parmi les grand textes
de la littérature engagée en France.
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Au 20ème siècle, la violence des guerres et l'intensité des affrontements politiques ont conduit
de nombreux écrivains à "s'engager". Jean-Paul Sartre fut ainsi l'un des tenants les plus actifs
de la littérature engagée. Cependant, il exprime son désenchantement dans Les Mots, son
autobiographie : « longtemps, j'ai pris ma plume pour une épée : à présent je connais notre
impuissance ». Au cœur de la littérature engagée est ainsi posée la question de son efficacité.
Mais l’auteur ajoute qu'il continuera à écrire parce que « cela sert tout de même ». Le propre
de la littérature n'est-il pas d'éveiller l'esprit critique et de provoquer les remises en question ?
Ainsi les écrivains et les philosophes ont toujours été grâce à leurs mots au premier plan de
certaines luttes politiques.
Moyens employés
Les écrivains sont d’abord des hommes qui appartiennent à leur époque, et participent plus
que d’autres aux affaires marquantes de leur temps. Aussi n’est-il pas étonnant de voir ces
témoins mettre leur art au service d’une cause politique ou de courants de pensée. C’est ce
que nous appelons la « littérature engagée ».
Il est intéressant d’étudier les moyens qu’utilise cette littérature pour convaincre et persuader
le lecteur. Convaincre" s’emploie pour exprimer le fait que l’auteur cherche par
l’argumentation à amener le lecteur à reconnaître que son point de vue est juste. Persuader"
s’utilise davantage pour dire que l’auteur cherche à faire partager au lecteur son point de vue
en jouant sur les émotions, sur la subjectivité, sans forcément utiliser despreuves
systématiques.
2. Structure du recueil
Analyse générale du recueil
Le recueil est composé de 9 nouvelles, toutes en lien avec un épisode de guerre présente ou
passée. Elles sont racontées par un narrateur externe à l’histoire sauf la 1ère et la dernière
nouvelles qui sont narrées à la première personne par le personnage principal.
Par ailleurs, toutes ces nouvelles ont un début « in medias res », c’est-à-dire que le lecteur est
d’emblée plongé au cœur de l’intrigue. Sans rien connaître du lieu, de l’époque ou du
personnage, on est invité à suivre finalement une histoire qui est déjà en cours. Ce choix
délibéré de commencer systématiquement de cette manière permet de rendre le récit plus
vivant. Cela permet aussi de gagner du temps car le format de la nouvelle est court et une
exposition trop longue de la situation et des personnages allongerait considérablement le
texte.
De plus, le début fait toujours écho à la fin : la chute. De nombreux indices sont contenus
dans le début dont on aura une explication ou un nouvel éclairage une fois parvenu à la fin de
la nouvelle. La chute peut être une mort, une séparation douloureuse, une promesse d’exode,
ou, de manière plus positive, une pause musicale émouvante. Ainsi le récit forme une sorte de
boucle qui crée chez le lecteur la surprise, l’étonnement, le dégoût, l’émotion, la révolte…
Espace et temps
Ces récits sont l’occasion d’évoquer des conflits en différents endroits du globe. On découvre
Sarajevo (2 fois), le Sri Lanka, l’Irak (2 fois), Israël et la Palestine, le Sierra Leone, la Côte
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d’Ivoire et l’Afghanistan (voir l’exercice de géographie à la fin du dossier). C’est aussi
l’occasion de découvrir l’existence de langues étrangères: le Bété de la Côte d’Ivoire ou le
Pachtou de l’Afghanistan par exemple.
Certaines nouvelles évoquent des épisodes très courts, une anecdote de la vie de civils pris
dans la tourmente. D’autres comme Scalp passent en revue toute l’histoire de l’Irak entre
1979 et 2003. Le format très court de la nouvelle explique les fréquents retours en arrière
(effet de flash back) qui servent à éclairer la situation présente des personnages. Ils ont
toujours une fonction dans le récit.
Les conflits évoqués sont tous compris entre la deuxième moitié du 20ème siècle et le début du
21ème. Ceci pour deux raisons :
- Les plus jeunes lecteurs sont davantage concernés par des conflits récents dont ils ont des
images en tête que par des croisades médiévales, très éloignées dans le temps.
- De plus, ces conflits ont toujours une actualité. Certains pays sont encore comme sur des
volcans, sans espoir de paix dans un avenir proche.
Le fait que ce qu’on lit existe encore au moment de la lecture donne davantage de force au
récit.
Thématiques
Plusieurs thématiques sont présentes dans ces nouvelles et permettent de comprendre ce qui
est à l’origine de la guerre mais aussi ce qui en constitue le terrible quotidien.
La famille et la pauvreté
La famille est présente dans toutes les nouvelles sauf la 7ème (La leçon). Dans cette nouvelle
on ne sait rien sur le passé des personnages. C’est seulement l’évocation de deux personnages
qui se rencontrent et partagent une pause poétique, musicale et émouvante, là où le danger est
omniprésent. Dans toutes les autres, la famille joue un rôle prépondérant dans la narration.
Entendons famille au sens large : une relation père/fils, un couple, deux familles amies, des
enfants orphelins.
Un des aspects tragiques de ces nouvelles est que la famille n’est pas toujours capable de
protéger ses enfants de la guerre. Ainsi les enfants soldats sont un thème récurrent (nouvelles
1, 2 et 7). Rien d’étonnant dans le choix de ce thème pour un auteur qui écrit en direction de
la jeunesse. Les plus jeunes lecteurs sont d’autant plus sensibles et réceptifs à ce qu’ils lisent
que les personnages leur sont proches. De plus, le phénomène des enfants soldats est universel
et plutôt en expansion (Voir commentaire de la nouvelle 7).
Dans un article publié en 2004 dans le quotidien Libération intitulé « Pauvreté, sida, guerre,
un «cocktail tueur d'enfants» », la journaliste Alexandra Schwarzbrod écrivait ceci : « Les
chiffres donnent le vertige. Plus d'un milliard d'enfants, soit la moitié des enfants du monde,
vivent dans des conditions misérables qui les empêchent de se développer sainement,
menaçant ainsi l'avenir de nations entières. Et des millions d'entre eux meurent tous les ans
sous la pression conjuguée de la pauvreté, du sida et des guerres, un véritable «cocktail tueur
d'enfants» a estimé hier Jacques Hintzy, président de l'Unicef France, en présentant à Paris le
rapport annuel de cette agence de l'ONU consacrée à l'enfance. «C'est un cercle vicieux
catastrophique, explique-t-il. Le sida nourrit la pauvreté qui nourrit la guerre qui nourrit la
pauvreté et le sida... Aujourd'hui, nous tirons la sonnette d'alarme car ce constat n'est pas une
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fatalité. Les moyens financiers dans le monde existent ; la seule chose qui manque, c'est la
volonté politique !» L'Unicef a dressé une liste édifiante de sept «privations de base» : 640
millions d'enfants n'ont pas de logement adéquat, 500 millions n'ont pas accès à des
installations sanitaires, 400 millions n'ont pas d'eau salubre, 300 millions sont privés
d'information, 270 millions ne bénéficient pas de soins de santé, 140 millions ne sont jamais
allés à l'école (des filles pour la plupart), 90 millions sont sous-alimentés.
La guerre est le premier facteur de mortalité dans le monde. Depuis 1990, 55 des 59 conflits
enregistrés dans le monde se sont produits à l'intérieur-même d'un pays, impliquant ainsi
directement la population civile. Plus de 2 millions d'enfants ont été tués à l'occasion de ces
combats et 20 millions ont été déplacés. Par ailleurs, des centaines de milliers d'entre eux ont
été témoins d'actes de violence ou contraints d'y participer. Beaucoup sont enlevés ou recrutés
pour servir de soldats, messagers, cuisiniers, domestiques, voire même espions. Par ailleurs,
«la violence sexuelle est souvent employée délibérément comme arme de guerre», souligne
l'Unicef. En Bosnie-Herzégovine et en Croatie, mais aussi plus récemment en République
démocratique du Congo, en Sierra Leone ou au Darfour, le viol de filles a été une vraie
stratégie de combat. ».
De plus, de très nombreuses familles n’ont pas toujours ni les moyens physiques (devant la
pression des hommes et des armes) ni les moyens financiers de subvenir aux besoins vitaux
de leurs enfants. Dans ce contexte, l’éducation n’est pas le premier souci des parents. Dans la
nouvelle « Vani », à la page 27, le narrateur explique que les résultats scolaires de Vani
étaient médiocres et que ses parents « ne l’encourageaient guère, convaincus qu’ils la
marieraient au plus vite et que l’instruction ne lui servirait pas à grand chose pour devenir une
bonne mère. ».
L’école de la guerre
Au nom d’un idéal, ou d’une cause qui ne sont pas forcément les leurs, de nombreux civils
sont détournés de leur vie quotidienne pour devenir des miliciens. Nous avons évoqué plus
haut les enfants soldats enrôlés de force, mais il arrive aussi que des hommes entrent dans une
milice ou deviennent des meurtriers. Dans « Métro », le jeune garçon est entraîné par son père
au tir comme si c’était un jeu. Son fils l’accuse d’ailleurs à ce titre : « c’est ta faute. C’est toi
qui m’a appris ». Dans « Le camion », on rencontre des civils transformés en miliciens
assoiffés de haine parce qu’un jour certains ont revendiqué un territoire comme gage de leur
identité.
Dans la dernière nouvelle, « Messages », Béchir est persécuté par Hussein, un jeune homme
de 18 ans, un peu plus jeune que lui et qu’il connaît bien. Hussein est devenu milicien lorsque
l’Irak a été envahi par les Américains. Béchir écrit ces mots : « Maintenant ce sont des
Irakiens qui s’entretuent. Sont-ils devenus fous ? Certains qui n’allaient presque jamais à la
mosquée ont redécouvert qu’ils étaient musulmans et se sont mis à haïr leur voisin parce qu’il
ne croit pas au même islam qu’eux. » (p.150).
Les armes
Les fusils, les couteaux, les bombes aériennes, les bombes humaines, le feu apparaissent dans
toutes les nouvelles. On peut lire dans la majorité d’entre elles des évocations d’hommes, de
paysages, d’immeubles, de bibliothèques, meurtris ou ravagés par les armes, qui sont à la fois
l’instrument de la torture et de la terreur.
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La peur et l’exode
La peur est omniprésente. Les personnages ont peur des hommes en arme, du fracas des
bombes, des patrouilles de soldats, d’être écoutés par d’autres qui pourraient dénoncer leurs
propos. L’exode est alors pour beaucoup d’entre eux le seul moyen de trouver la tranquillité.
Une tranquillité toute relative puisqu’ils sont chassés de chez eux. Ils ne sont donc plus
persécutés par d’autres mais en revanche ils deviennent des «déracinés ». L’exode concerne
certains personnages des nouvelles 1, 4, 5, 8 et 9.
3. Pour élargir
Livres documentaires
J’étais enfant-soldat, de Lucien Badjoko (Editions Plon, 2005).
Lucien Badjoko s’est engagé à 12 ans dans les forces rebelles de Laurent-Désiré Kabila. Il a
été enfant soldat pendant 5 ans en République démocratique du Congo. Avec l’aide de la
journaliste française Katia Clarens, il raconte cette terrible expérience.
Le racisme expliqué à ma fille, de Tahar Ben Jelloun (Le livre de Poche, 1998)
Un petit livre d'initiation à l'antiracisme, réellement adressé aux enfants, par l'intermédiaire de
la fille de l'auteur. On verra que les questions sont simples mais qu'elles permettent, de fil en
aiguille, d'aller au fond des choses. Qu'est-ce que le racisme ? Qu'est-ce qu'un étranger ?
Pourquoi n'accepte-t-on pas facilement la «différence» ? Le raciste a-t-il peur, et de quoi ?
Romans
Le chemin parcouru : Mémoires d'un enfant soldat, de Ishmael Beah (Poche, 2008)
Ishmael a 12 ans quand la guerre civile embrase la Sierra Leone, son pays. Tous les siens sont
assassinés. Il s'enfuit alors au hasard dans la forêt, entre villages incendiés et monceaux de
cadavres. Recruté de force par des "rebelles" dans une petite troupe affamée, droguée et
hagarde, on le transforme en machine à tuer, en enfant soldat. Quinze ans plus tard, sauvé de
cet enfer par une mission humanitaire, Ishmael se souvient et raconte.
Les cerfs-volants de Kaboul, de Khaled Hossein (10/18, 2005)
Dans les années 70 à Kaboul, le petit Amir, fils d'un riche commerçant pachtoun, partage son
enfance avec son serviteur Hassan, jeune chiite condamné pour ses origines à exécuter les
tâches les plus viles. Liés par une indéfectible passion pour les cerfs-volants, les garçons
grandissent heureux dans une cité ouverte et accueillante. Ni la différence de leur condition ni
les railleries des camarades n'entament leur amitié. Jusqu'au jour où Amir remet en cause cette
relation.
Films et Documentaires
- Sur la Bosnie
No man’s land, de Denis Tanovic (2001)
Au coeur de la guerre de Bosnie, en 1993, l'histoire de deux soldats, Ciki et Nino, un
Bosniaque et un Serbe, isolés entre deux lignes de front ennemies, un "no man's land".
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- Sur l’Iran
Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2007)
A Téhéran, en 1978, Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le
monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère,
elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute
du régime du Schah. Ce film d’animation est adapté de la BD de Marjanne Satrapi.
- Sur l’Irak
Irak, le chant des absents, de Layth Abdulamir (2006)
Un road-movie du sud au nord de l'Irak, à travers les villes et des lieux emblématiques de
l'histoire et de la culture d'un pays bouleversé. Des marais du sud, berceau de l'humanité, aux
confins du nord, Irak, le chant des absents nous invite à voir les villes chiites, les palmeraies
de Bassorah, les zones occupées par les Américains, ainsi que les lieux de vie des tribus
nomades et Bagdad en pleine tragédie ...
- Sur l’Afghanistan et les Talibans
Les cerfs-volants de Kaboul, de Marc Forster (2008)
Adapté du roman de Khaled Hossein (voir plus haut dans la bibliographie).
Massoud l’Afghan, de Christophe de Ponfilly (1998)
Remarquable film documentaire de 90 minutes qui dresse le portrait du commandant Massoud
en filmant la lutte de ce dernier contre les Talibans en 1997. Il existe aussi un livre, réédité
récemment en Folio par Gallimard.
- Sur les enfants soldats
Ezra, de Newton Aduaka (2006)
Ce film raconte l’itinéraire d’Ezra, un adolescent qui tente péniblement de retrouver une vie
normale après avoir été enlevé à l’âge de 7 ans par des rebelles sierra-léonais qui l’ont utilisé
comme soldat au cours de la guerre civile particulièrement cruelle qui a fait, de 1991 à 2001,
quelque 200.000 morts.
Johnny Mad Dog, de Jean-Stéphane Sauvaire (2008)
En Afrique, de nos jours, Johnny, 15 ans, est enfant-soldat aux allures de rappeur, armé
jusqu'aux dents. Avec un petit commando, il vole, pille et abat tout sur sa route.
- Sur le trafic d’armes
Lord of war, d’Andrew Nicol (2006), avec Nicolas Cage
L'ascension irrésistible d'un trafiquant d'armes dans le monde du crime, aux quatre coins du
monde, au gré des guerres et des luttes de pouvoir.
NB : Pour avoir une idée des films proposés, consultez le site français : http://www.allocine.fr
Chansons
Boris Vian a écrit de célèbres chansons sur la guerre : Le déserteur , La java des bombes
atomiques, Le petit commerce. Cherchez des exemples de chanteurs engagés qui ont parlé de
la guerre pour la dénoncer.
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Images d’archive et sites Internet
Consultez le site de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel). Vous y trouverez les journaux
télévisés et tous les reportages majeurs consacrés aux différents conflits de la deuxième moitié
du XXème siècle :
http://www.ina.fr/histoire-et-conflits
Site des Clés de l’actualité junior :
http://www.lesclesjunior.com/
4. Au fil des nouvelles
Métro
(p. 9-20)
I/ Introduction
Contexte
L’action se déroule de nos jours dans le métro parisien. Le pays natal des deux personnages
principaux est évoqué sous forme de souvenirs. Le plus déterminant d’entre eux est celui du
siège de la ville de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. C’est le plus long siège de l'histoire de
la guerre moderne. Il a duré d’avril 1992 à février 1996 et a opposé les forces de la BosnieHerzégovine (qui avait déclaré son indépendance de la Yougoslavie) et les paramilitaires
serbes (qui voulaient rester attachés à la Yougoslavie). D'après les estimations, 11 000
personnes furent tuées et 50 000 blessées pendant le siège. Les rapports indiquent une
moyenne d'environ 329 impacts d'obus par jour pendant le siège, avec un record de 3777
impacts d'obus pour le 22 juillet 1993. Les tirs d'obus ont gravement endommagé les
structures de la ville, y compris des bâtiments civils et culturels.
Personnages
Deux personnages sont au centre du récit. Le père et le fils. Ils ont vécu l’un et l’autre dans la
ville de Sarajevo en proie aux bombardements et aujourd’hui ils mendient dans le métro
parisien. Le père y joue du violon, toujours les mêmes morceaux. Pendant ce temps-là, le fils
passe dans les rangs pour collecter la monnaie des voyageurs. Ils étaient liés comme deux
soldats lorsqu’ils étaient à Sarajevo, ils le sont encore mais comme deux mutilés de guerre. En
effet, le fils est un enfant soldat qui a banalisé la guerre au point de tirer sur des piétons au
hasard. Le jour de ses 14 ans, il commet une erreur et tire sur un casque bleu. La réplique est
violente, son père et lui en font les frais.
Analyse du récit
Plusieurs niveaux de lecture peuvent être repérés : le héros s’adresse intérieurement aux
passagers du métro et à son père, il convoque ses nombreux souvenirs de guerre jusqu’au
dernier qui constitue la chute de la nouvelle. Il y a donc une progression du récit avec
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alternance entre des souvenirs de son apprentissage du tir à Sarajevo et des moments de sa vie
présente à Paris aux côtés de son père.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Que revendique le fils en se disant à lui-même « J’ai fait la guerre, moi.Vous me devez le
respect. » (p. 12)
En compagnie de qui se trouve-t-il ?
Que reproche-t-il à son père ?
Qu’est ce que son père lui a appris à faire dans les immeubles de Sarajevo ?
Quel était leur objectif ?
Quand et pourquoi ont-ils un accident ?
Culture et civilisation
(p. 19) Casque bleu : Aujourd’hui, près de 40 000 Casques Bleus sont en mission dans 14
États. Leur tâche est souvent très compliquée et dangereuse. Ils sont issus des armées
d’environ 80 pays membres de l’ONU. Ils sont chargés d’appliquer les plans de paix proposés
par l’ONU, l’organisation qui regroupe la plupart des États du monde. Ces militaires doivent
s’interposer entre des peuples qui se haïssent comme au Kosovo (en Europe de l’est) ou au
Burundi (en Afrique). Ils sont aussi chargés d’aider les populations des pays en guerre en leur
apportant des soins et de la nourriture. Mais les Casques Bleus manquent d’hommes et
d’équipements et se heurtent parfois à des adversaires supérieurs en nombre et en armement.
Lexique
p. 11
avoir l’ouïe fine
les moutons stupides
cracher à la gueule de qn
ein feines Gehör haben
hier: „ihr dummen Schafe“
(die Menschen, die in der U-Bahn sitzen)
j-n anspucken
p. 12
laisser la vie sauve
bande de mollusques
am Leben lassen, nicht töten
hier: ihr „Weicheier“
p. 13
supporter les jérémiades
das Gejammere ertragen
p. 14
une vie de taupe au néon
l’itinéraire (masc.)
hier : „ein Leben in der U-Bahn“,
la taupe – der Maulwurf, „unterirdisch leben“
hier : der Weg
p. 15
une vieille pétoire (frç. fam.)
eine alte Knarre
11
p. 16
casser les oreilles
hier : Musik machen, die störend ist
Pour approfondir
Expliquez dans le contexte l’expression « je passe dans les rangs avec ma mine de chien
battu » (p. 11)
Qu’y a-t-il de volontairement tragique dans l’expression « J’étais un bon élève » (p. 17) et,
plus loin, « J’étais fier » ?
Expliquez pourquoi cette nouvelle forme une boucle et pourquoi la fin est une « réponse » au
début ? Que peut-on en conclure ?
Vani
(p. 21-38)
I/ Introduction
Contexte
L’action se déroule au Sri Lanka (capitale : Colombo) et plus précisemment dans un petit
village nommé Batticaloa. Très rapidement il est question de la guerre civile passée et des
Tigres. Une explication de ce que sont les Tigres et Tamouls est donnée p. 24 mais pour bien
comprendre cette nouvelle quelques précisions historiques sont nécessaires. En avril/mai
2009, l’armée sri lankaise a lancé une grande offensive pour en finir avec la guérilla menée
par les Tigres depuis 26 ans. Les Tigres tamouls combattent depuis 1983 pour l'indépendance
du peuple tamoul vivant au nord et à l'est du Sri Lanka. Comme toujours ce sont les civils qui
ont fait les frais de la guerre entre l'armée et la guérilla. Alors que l'ONU indique que 50 000
civils ont été victimes de la guerre, l'armée avance de son côté qu'il s'agirait de 15 000 morts
et que depuis le début de l'opération 100 000 individus auraient perdu leur maison. Certaines
sources prétendent que 6 500 civils auraient perdu la vie lors des derniers affrontements et que
14 000 personnes seraient blessées. 70 000 personnes auraient été tuées depuis 1983 date du
début des affrontements au Sri Lanka.
Dans ce climat de grande violence et de peur, la nouvelle aborde la question des enfants
soldats. Ces enfants sont enrôlés par des adultes qui les utilisent comme de la chair à canon,
les envoient au combat ou les transforment en kamikazes. On le voit précisément à la page 31
et à la page 35 où il est fait mention des adolescents enlevés de force.
Personnages
Anton a 12 ans. Il s’est installé il y a peu dans le village où vit Vani. Il est plutôt appliqué à
l’école et aide volontiers sa camarade de classe Vani. Vani n’est pas très douée pour l’école.
Elle préfère s’occuper de son petit frère qui n’est encore qu’un nourrisson. Elle est révoltée,
ce qui fait d’elle une proie idéale pour les Tigres. Cette nouvelle est l’évocation d’une amitié
forte entre deux enfants, trop vite arrachés l’un à l’autre par la folie des adultes.
12
Analyse du récit
Le récit commence par l’annonce à la radio d’un grand nombre de morts : « Anton sait que
cette fois, Vani ne reviendra pas » (p. 23). On comprend très vite que le récit commence par la
fin de l’histoire. Comme au cinéma, le narrateur va remonter le temps sous forme de « flashback ». La nouvelle est donc le récit, par un narrateur extérieur à l’histoire, de l’amitié qui naît
de la rencontre des deux enfants, de leurs expériences à l’école mais aussi de leurs choix de
vie.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Pourquoi la famille d’Anton a-t-elle quitté Colombo pour le village de Batticaloa ?
Quel événement rapproche les deux enfants, Vani et Anton ? Que propose Anton à Vani pour
l’aider à l’école ?
Que se passe-t-il lorsque les tigres rentrent dans la classe ? Qu’expliquent-ils aux enfants
concernant la lutte armée et quelles photos leur sont montrées ?
Qu’arrive-t-il à Vani lorsqu’elle voit celle de l’enfant mort ?
Le lendemain, que vient faire l’hélicoptère de l’armée dans la cour de l’école ?
Pourquoi Vani décide de se battre ? Que raconte-t-elle dans la lettre d’explication qu’elle fait
porter à Anton ?
A la fin, que comprend-on du flash d’information diffusé à la radio ?
Culture et civilisation
p. 24 Les Tigres : voir ci-dessus la partie « contexte »
p. 29 Velupillai Prabhakaran : né en 1954 et abbattu par l’armée sri lankaise en mai 2009, il
était le dirigeant des Tigres de libération de l'Îlam tamoul, la principale organisation
combattant pour l'indépendance des Tamouls dans la province Nord-Est du Sri Lanka.
Lexique
p. 23
la mémoire bafouille
hier : sein Gedächtnis versagt
p. 24
péricliter
hier : nicht gut laufen
p. 25
la manœuvre
une bordée d’insultes
jurer comme un charretier
die Bewegung
ein Hagel von Schimpfworten
stark fluchen
p. 26
bouquiner
lesen
13
p. 27
médiocre
encourager qn
mittelmäßig
j-n ermutigen
p. 30
être prostré
insoutenable
entkräftet sein
unerträglich
p. 36
lisiblement
les pattes de mouche (fem.)
lesbar
hier : unleserliche Schrift
Pour approfondir
Cherchez dans le récit les moments où Anton écoute la radio et expliquez leur importance
dans le fil de la nouvelle.
Expliquez ce que signifie dans la nouvelle l’expression : « Un secret est un secret. » (bas de la
page 34).
Relevez dans la nouvelle des mots, des phrases ou des situations qui peuvent laisser penser
qu’Anton est un peu amoureux.
Scalp
(p.39-64)
I/ Introduction
Contexte
L’action concerne deux familles, l’une française, l’autre irakienne, sur fond de conflit en Irak.
Ce choix n’est pas hasardeux puisque la France a soutenu pendant un temps le régime d’Irak
pour lutter contre la république d’Iran, comme précisé p. 47.
Petit rappel des 3 conflits majeurs pour bien comprendre cette nouvelle : « la guerre IranIrak » dure de septembre 1980 à août 1988 ; puis vient « la guerre du Golfe » de 1990 à 1991,
incluant l’invasion du Koweït ; pour finir, « la guerre d’Irak » a débuté le 20 mars 2003 et se
termine au début du mois de mai suivant, après la victoire des troupes américaines sur l’armée
irakienne.
Le lecteur est invité à suivre l’histoire d’une amitié entre deux hommes au cours de cette
longue période de guerre, presque ininterrompue, entre 1979 et 2003.
Personnages
Ali est Irakien. Pierre est Français. Ils sont tout les deux amis et diplômés en ingénierie la
même année. A la fin de leurs études supérieures, Ali revient dans sa patrie pour servir son
pays dans l’armée. Des années plus tard il devient général. Quant à Pierre, c’est le meilleur de
sa promotion, il excelle dans son domaine : l’armement.
14
Pierre regrette que son ami Ali soit aux ordres d’une armée aussi meurtrière. Ils continuent de
se voir régulièrement tout au long de ces années de guerre jusqu’à ce que la fille d’Ali soit
hébergée à Paris, chez Pierre, pour y faire ses études.
Khalida et Sophie sont leurs épouses respectives et n’apparaissent qu’en arrière-plan. Zaynab
et Julien sont leurs enfants.
Analyse du récit
Le lecteur n’est pas le témoin extérieur de la guerre au travers d’un ouvrage documentaire.
Tout au contraire, il est amené à vivre le quotidien de personnes confrontées à la guerre. C’est
cette proximité avec des personnages qui deviennent rapidement familiers qui le confronte de
près à l’absurdité et à l’ignominie de la guerre.
La dimension affective est très importante dans cette nouvelle. Il y a tout d’abord la relation
d’amitié entre les deux hommes, mais aussi l’histoire d’amour naissante entre leurs enfants.
Toutes les générations sont touchées par la guerre même si elle est finie. La douleur de la
perte d’un être cher ne s’arrête pas avec la fin des hostilités.
Les marqueurs temporels (juillet 1979, mars 1983…) qui ponctuent le récit permettent au
lecteur de reconnaître les différentes étapes des conflits et de mesurer la longévité de l’amitié
des deux héros. Le cadre temporel de la nouvelle couvre quasiment la durée d’une vie
humaine.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Pourquoi les amis d’Ali le chahutent-ils le jour où ils fêtent leur diplôme ?
Pourquoi Ali vient à Paris en 1983 ? Qu’apprend-on des avancées de la recherche balistique
de Pierre ?
Qu’apprend-on sur Saddam Hussein lors de la venue de Pierre à Amman en 1990 ?
Pour quelle raison les deux amis sont-ils heureux de s’entendre au téléphone en 1991 ?
Qu’est-ce qu’envoie Zaynab à Julien ?
En 2002, quel service demande Ali à son ami Pierre par téléphone ?
En 2003, pourquoi les nouvelles de l’Irak ne sont-elles pas bonnes pour Ali ?
Qu’apprend-on par la télévision en mars de la même année ?
Culture et civilisation
p. 41 Saddam Hussein : né en 1937, il est président de l’Irak de 1979 à 2003, date du
renversement du régime par les Etats-Unis et le Royaume Uni. Il est exécuté par pendaison le
30 décembre 2006 à Bagdad pour crimes contre l'humanité.
p. 47 François Mitterrand : François Mitterrand (1916-1996) a été le 21ème président de la
République française de 1981 à 1995, période qui couvre le conflit irakien.
p. 50 Massacre d’Halabja : massacre de la population Kurde par les armes chimiques dans la
ville de Halabja au nord de l'Irak dans la province d'As-Sulaymaniya. Elle a eu lieu dans la
15
zone du Kurdistan irakien pendant la guerre Iran-Irak du 16 au 19 mars 1988 à la suite de la
chute de la ville. Cette attaque a eu lieu dans le cadre de l'opération Anfal, qui a causé la
disparition de 182 000 personnes et la destruction de plus de 90 % des villages kurdes.
Lexique
p. 41
être rabat-joie
ein Spielverderber sein
p. 42
le sang dégouline le long des babines
hier:das Blut fließt langsam aus dem Mund
p. 43
maudire qn.
j-n verfluchen, verwünschen
p. 44
faire la danse du ventre
hier : sich bemühen, j-n für die Firma zu
gewinnen
p. 46
gargantuesque
hier : üppig
p. 48
une riche dame très enveloppée
eine reiche, beleibte Dame
p. 50
arracher le cœur
es zerreißt einem des Herz
p. 51
une cacophonie de klaxons
claquer la porte au nez
hier : ein « Hupkonzert »
die Türe vor der Nase zumachen
p. 52
donner du fil à retordre
mener à la baguette
hier : das Leben schwer machen
j-n an der Nase herumführen
p. 53
retrouver la raison
wieder zur Vernunft kommen
p. 54
une paire de patins
ein Paar Schlittschuhe
p. 55
une télévision rétive
le papier de soie
hier : ein nicht gut funktionierender Fernseher
Seidenpapier
p. 57
une orthographe et une syntaxe
approximatives
ton fils est penché sur le document
eine ungenaue Rechtschreibung
dein Sohn beschäftigt sich mit dem Dokument
16
p. 61
le tabouret
der Hocker
p. 63
s’effondrer
zusammenbrechen
Pour approfondir
Relevez et étudiez dans un tableau en deux parties, les changements importants pour chacune
des familles en les datant (déménagement, promotion dans le travail, maternité, naissance,
rencontre…).
Fairouz
(p. 65-82)
I/ Introduction
Contexte
Cette nouvelle se déroule en Palestine, un État revendiqué par le peuple palestinien. Israël en
retarde la construction car il redoute qu’il devienne un foyer d’opposition à son peuple installé
dans cette zone depuis le début du 20ème siècle malgré l’hostilité de la population musulmane.
En attendant, les Palestiniens vivent dans d’autres Etats de la région, comme le Liban. La
jeune femme enceinte rencontrée sur la route raconte comment les juifs du Liban ont dû
quitter leur pays en 1982 face à l’hostilité des populations musulmanes.
Personnages
Abou Youssef est pédiatre au Secours islamique. Il ne compte pas ses heures pour soigner
ceux qui sont dans la détresse. Il est à la fois sérieux et compréhensif lorsqu’il prête sa moto à
Nabila, son assistante, pour qu’elle rentre chez elle à 12 kilomètres.
Nabila est l’élève infirmière qui travaille avec lui. Elle vient des territoires palestiniens et
porte toujours son voile même lorsqu’elle fait de la moto, elle enfile son casque par-dessus.
Elle n’hésite pas à porter secours à une juive du Liban dans un pays où les juifs sont
pourchassés.
Sarah est la jeune juive libanaise rencontrée sur la route. Elle et sa famille ont dû partir
lorsqu’elle avait 15 ans pour fuir les islamistes. Elle n’a plus de mari et ses voisins préfèrent
l’ignorer. C’est une femme très seule, sans patrie et qui est obligée d’accoucher dans sa
voiture sur une route isolée.
Analyse du récit
Le narrateur est extérieur à l’histoire. La nouvelle raconte l’hostilité qui anime deux peuples
obligés de coexister. Les deux femmes qui se rencontrent renoncent à leurs préjugés mutuels
pour donner naissance à un enfant. La société et le monde dans lesquels elles vivent
17
voudraient qu’elle se haïssent mais l’accouchement et la naissance de cet enfant les
rapprochent : il aura un prénom qui existe chez les juifs et les musulmans : Sélim. Sélim est la
réconciliation symbolique de deux peuples qui se déchirent.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Qu’apprend-on au début sur les parents du bébé ? Peuvent-ils le nourrir ?
Qu’est ce qui empêche Nabila de rentrer chez elle en bus après la dernière consultation ?
Que lui propose alors Abou Youssef ?
Quelles routes a construit l’Etat palestinien et pour qui ?
Qui Nabila rencontre-t-elle sur cette route ? Comment aide-t-elle cette personne?
Qui est Fairouz ?
Quelle demande inattendue Sarah fait-elle à Nabila ?
A la fin, comment les deux femmes se séparent-elles ?
Culture et civilisation
p. 68 Naplouse : Ville palestinienne habitée par environ 300 000 habitants.
p. 69 Tel Aviv : Tel Aviv-Jaffa est une ville côtière ainsi qu’une zone métropolitaine en
Israël. Le nom de Jaffa qui lui est associé désigne l'ancienne ville arabe avec qui elle a
fusionné en 1950. La grande zone urbaine regroupe de nombreuses municipalités distinctes
qui comprennent environ 3 millions d'habitants vivant sur 14 km le long de la côte
méditerranéenne. Il y a environ 390 000 habitants à Tel Aviv-Jaffa, ce qui en fait la deuxième
plus grande ville d'Israël après Jérusalem. En 2009, Tel Aviv célèbre son 100ème anniversaire
par une série d'événements culturels et festifs. Principale métropole israélienne, Tel Aviv a de
nombreuses fois été la cible des attaques du terrorisme palestinien lié au conflit israélopalestinien.
p. 72 Cisjordanie : La Cisjordanie est une région du Proche-Orient située entre Israël et la
Jordanie. Ce territoire s'étend sur 5 879 km2. Ses limites sont très découpées et constituent un
enjeu très sensible dans les négociations entre Israël et l’autorité palestinienne. Elle est en
grande partie colonisée et contrôlée par Israël, alors qu’elle doit devenir le cœur d’un futur
Etat palestinien.
p. 75 Beyrouth : capitale du Liban qui compte environ 1 200 000 habitants. Beyrouth a été au
cœur d'une intense guerre civile de 1975 à 1990, qui a entraîné la division de la ville entre une
partie est, majoritairement habitée par les chrétiens et une partie ouest, majoritairement
habitée par les musulmans.
Lexique
p. 67
le voile
héberger qn
das Kopftuch
j-n beherbergen
18
p. 68
gigoter
le bambin
zappeln
das Baby
p. 69
un attentat suicide
un sourire triomphant
ein Selbstmordattentat
ein triumphierendes Lächeln
p. 70
chatoyant
schillernd
p. 72
rationner l’eau
das Wasser rationieren
p. 73
faire tourner la poignée
un colon
un râle
hier : Gas geben
der Kolonist, der Kolonialherr
ein Röcheln
p. 74
percuter
hier : hineinfahren (Verkehrsunfall)
p. 77
un logement décent
eine passende Unterkunft
p. 79
un horrible juron
hurler tout son soûl
ein furchtbarer Fluch
schreien bis zum umfallen
Pour approfondir
Expliquez l’expression : « Je ne suis pas un ogre » p. 70
Dans la dernière page, donnez une interprétation des propos de Sarah : « Je sais que tu ne
pourras pas, dit la femme. Mais j’aimerais que tu viennes voir Sélim. Un jour, peut-être… »
En quoi le prénom Sélim est-il un bon choix selon Sarah ?
Le camion
(p. 83-92)
I/ Introduction
Contexte
L’action se déroule pendant le siège de Sarajevo, en Bosnie Herzégovine. La ville a été
bombardée, mitraillée, les ruines constituent le décor quotidien des habitants sans cesse
menacés de perdre la vie. Progressivement, les miliciens coupent l’eau, l’électricité et les
moyens de ravitaillement, obligeant ainsi les habitants à quitter la cité.
19
Personnages
Un couple de personnes âgées, dont on ne connaît pas le nom, sont contraintes de quitter la
ville. Lui qui était un grand bavard s’est muré dans le silence. Il pense : « Nous partons, nous
nous conduisons comme des lâches ». Sa femme retient ses larmes. Ils n’emportent de leur vie
commune qu’un ballot posé à leurs pieds.
Le milicien « fouilleur » : son nom lui vient de sa fonction : il fouille les passagers des
camions. Il reconnaît dans le vieil homme un ancien bibliothécaire de Sarajevo. Il symbolise
toute l’absurdité de cette guerre et de cette évacuation menée par des combattants revanchards
et incultes.
Analyse du récit
Deux personnes âgées doivent fuir leur ville, Sarajevo. Ils ont recours à l’aide des soldats
étrangers. Cette nouvelle est l’évocation rapide de leur évacuation, l’occasion de décrire la
ville sinistrée de Sarajevo et les conditions de vie de ses habitants. Une ville où il est devenu
impossible de dormir tant les bombardements sont constants. Le texte donne d’innombrables
détails sur l’atrocité de cette guerre, tant au plan humain qu’architectural.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Pourquoi ces deux personnes âgées doivent-elles fuir Sarajevo ?
Comment se déroule le transfert ?
A la limite des lignes ennemies, comment se comportent les miliciens ?
Quel souvenir d’enfance rapporte l’un d’entre eux ? Comment considère-t-il la lecture et la
connaissance en général ?
Culture et civilisation
p. 86 Sarajevo : voir la nouvelle « Métro ».
Lexique
p. 85
les silhouettes (fem.)
un franc-tireur
hier : Leute
ein Freischärler
p. 86
faire les démarches
Initiativen ergreifen
p. 87
un bavard impénitent
les gravats (masc.)
ein unverbesserlicher Redner
der Schutt
20
p. 88
un assiégeant
un cliquetis d’armes
ein Belagerer
ein Waffengeklirr
p. 89
faire la fouille
décontenancé
un milicien
durchsuchen
verblüfft
der Milizsoldat
p. 90
éventré
aufgeschlitzt
p. 91
balbutier
un bouseux ignorant
stottern
ein « dummer Bauer »
Pour approfondir
Relevez les mots et expressions qui montrent la dégradation de la ville de Sarajevo.
Expliquez la valeur à la fois symbolique et tragique des dernières phrases : « La pluie a cessé.
Le soleil réapparaît derrière les murs moisis. La route est libre »
Freetown
(p. 93-114)
I/ Introduction
Contexte
L’histoire se déroule en Sierra Leone, une république d’Afrique de l’ouest qui regroupe près
de 6 millions d’habitants et dont la langue officielle est l’anglais. La capitale est Freetown,
comme le titre de cette nouvelle. La Sierra Leone a été touchée de1991 à 2002 par une guerre
civile qui avait pour principal objet le contrôle des zones diamantifères. Elle a causé la mort
de 100 000 à 200 000 personnes et le déplacement de plus de deux millions de personnes (ce
qui représente le tiers de la population de l'époque). Durant les conflits, de nombreuses
personnes furent mutilées, et de nombreux enfants enrôlés comme soldats.
La sécurité du pays demeure fragile mais reste garantie par la forte présence de la
communauté internationale. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) a été institué par
les Nations Unies en janvier 2002. Il est chargé de juger les principaux responsables des
graves violations du droit international humanitaire commises depuis 1996. Huit personnes
ont été jugées à ce jour pour « crimes de guerre » ou « crimes contre l’humanité ». C’est de ce
tribunal dont il est question à la page 98.
Personnages
Stella : Vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter. Elle est originaire du petit village de
Kalangba. Elle garde pour elle un terrible secret qui l’empêche de dormir depuis 6 ans.
21
Iris : C’est une ancienne camarade de classe de Stella mais lorsqu’elle la retrouve par hasard
dans le magasin, elle ne souhaite pas la reconnaître. Mauvaise élève, elle a été placée dans un
collège chic de la capitale par son père, un riche commerçant. Elle a aujourd’hui de l’argent,
ou plus précisément, elle dépense l’argent sale de son compagnon, le général James.
Le général James : ce n’est pas un militaire de profession mais « un chef milicien des plus
féroces ». Il s’est enrichi en percevant illégalement des taxes sur l’aide humanitaire qui
arrivait en Sierra Leone. Il vit richement et continue de terroriser des gens, notamment Stella
au cours d’une soirée dans une discothèque, le Macumba.
Abdou : personnage secondaire. Ce jeune homme, grand séducteur, a perdu ses mains pendant
la guerre. Des miliciens les lui ont coupées non loin de la frontière du Libéria.
Kadiatou : voisine de palier de Stella et mère de deux jumeaux âgés de 7 ans qui lui donnent
d’autant plus de travail que son mari n’est jamais revenu de la guerre. Elle se méfie des
hommes et conseille à Stella de faire de même.
Analyse du récit
Cette nouvelle est l’occasion de découvrir les exactions commises par les responsables du
pays lors d’une guerre civile qui a duré 10 ans. Un narrateur omniscient nous dévoile les
souvenirs que Stella a gardés de cette période de violences.
Stella est le personnage-clé de ce récit puisqu’elle est à la fois désirée par le général James et
Abdou mais peut-être aussi jalousée par Iris. Par ailleurs, le lecteur partage sa peur alors que
les oppresseurs semblent vivre en toute quiétude. L’évocation des exactions et des mutilations
commises par les soldats contre les civils et les femmes en particulier donnent à cette nouvelle
une tonalité tragique.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Pourquoi Iris ne souhaite-t-elle pas « reconnaître » son ancienne camarade de classe ?
Que vient-elle acheter dans le magasin de Stella ?
Quelle description est faite du général James ?
Que vient proposer à Stella son amie Debora ?
Le soir même, elle rencontre le général James au Macumba. Où l’emmène-t-il ? pour quoi
faire ?
Qu’apprend-on d’atroce sur la signification des lettres « GJ » ?
Quel horrible souvenir hante Stella depuis 6 ans ? Pourquoi sa cicatrice l’empêche d’avoir des
petits amis et même de se marier ?
Culture et civilisation
p. 100 : Kalangba : petit village qui se trouve au nord du pays.
22
Lexique
p. 96
mettre en pension (dans un collège)
ins Internat geben
p. 97
faire la moue à qn.
mit j-n böse sein, schmollen
p. 98
passer un savon
hier : mit j-n schimpfen
p. 100
un bourrelet
un portant
hier: ein « Schwimmreifen », ein Fettwulst
hier: Gardinenstange
p. 101
étrenner
hier. einweihen, zum ersten Mal benutzen
p. 102
conquérant
eroberungslustig
p. 103
avoir une mine de conspiratrice
Verschwörungsmiene
p. 106
le gamin
le garçon
p. 108
un décolleté vertigineux
éconduire qn
ein « tiefer» Ausschnitt
j-n hinauskomplimentieren
p. 109
l’alcôve (fem.)
une flûte
Bettnische
ein Champagnerglas
p. 112
un soudard
ein Grobian
Pour approfondir
p. 104 Expliquez l’expression : « C’était son péché mignon »
A partir de l’article suivant, montrez comment cette nouvelle illustre le cas des femmes
meurtries et anéanties par la violence des hommes :
http://www.fraternet.com/femmes/art78.htm
23
La leçon
(p. 115-126)
I/ Introduction
Contexte
L’action se déroule en Afghanistan dans une période qui n’est pas déterminée mais qui fait
partie de l’histoire récente. La république islamique d’Afghanistan est un pays d'Asie centrale
sans accès à la mer, entouré du Pakistan, du Tadjikistan, de l'Iran, du Turkménistan, de
l'Ouzbékistan et de la Chine. En 1997, les Talibans ont pris le contrôle du pays, à l'exception
d'une région au nord-est à dominance Tadjik, l'Alliance du Nord, dont le commandant
Massoud est la figure centrale. Les Talibans ont instauré une paix relative après des années de
guerre : ils appliquent une loi islamique stricte avec pour objectif d'instaurer « le plus pur État
islamique du monde ».
Le 9 septembre 2001, Massoud est assassiné lors d'un attentat suicide. Cet événement est suivi
quelques jours plus tard des attentats du 11 septembre aux États-Unis qui provoquent un
engagement des États-Unis sur le terrain contre les Talibans. Accusant Oussama Ben Laden et
la mouvance terroriste Al-Quaïda d'être responsables des attentats du 11 septembre, avec le
soutien des autorités talibanes, les États-Unis déclenchent une nouvelle guerre d'Afghanistan.
Avec l'aide des forces terrestres de l'Alliance du Nord et un soutien aérien des forces de
l'OTAN, ils renversent en quelques mois le régime taliban. Hamid Karzaï devient alors le
nouveau président de l'Afghanistan.
Mais les activités terroristes perdurent. Les Talibans sont réfugiés au Pakistan voisin et les
dernières élections d’août 2009 ont été à nouveau le théâtre d’une explosion très meurtrière.
Un attentat à la voiture piégée, perpétré le 25 août à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan,
peu avant l'heure de la rupture du jeûne du ramadan, a encore fait au moins 40 morts et 65
blessés.
Il est également question dans cette nouvelle des enfants soldats. Ils sont 300 000 à travers le
monde, dont 120 000 en Afrique. Ils ont moins de 18 ans, certains moins de 10 ans, et sont
utilisés par des adultes pour faire la guerre. L’histoire de ces enfants soldats est souvent la
même : d’abord, ils sont enlevés de leur famille, puis ils sont enrôlés dans des groupes de
combattants, souvent des rebelles en lutte contre l’armée de leur pays. Aux garçons, on
apprend à se servir des armes. Drogués, ils sont envoyés au combat en 1ère ligne. Les filles
servent de bonnes dans les camps, ou sont mariées de force à des soldats. La troupe devient
alors leur seule famille, et ils n’ont d’autre choix que de rester sous sa protection, s’ils ne
veulent pas se retrouver livrés à eux-mêmes dans un pays en guerre.
Personnages
Lola : jeune médecin volontaire auprès des populations locales. Elle n’est pas Afghane et a
probablement été envoyée ici par une ONG (Organisation Non Gouvernementale) occidentale
ou un Etat. Elle ne connaît que quelques mots de pachtoune, la langue de l’ethnie majoritaire
du pays. Elle est courageuse : elle n’hésite pas à braver le danger de mort pour assouvir sa
passion de la musique, chaque soir, au sommet de la colline.
24
Amin : adolescent armé, garde du corps du médecin. Il porte un fusil et reste au début très
distant de cette femme occidentale plus âgée que lui. Il fait partie de ces enfants soldats
enrôlés et formés très jeunes dans le but de faire la guerre. Grâce au médecin, il découvre la
possibilité d’échanger son arme contre un instrument de musique.
Analyse du récit
La musique fait oublier la guerre, crée l’intimité comme le montre la page 123. La poésie et le
plaisir de la musique font irruption au sommet de cette colline alors que le danger reste grand.
Le violoncelle se métamorphose symboliquement en instrument de paix et le fusil en
instrument de musique.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Quelle est la passion du jeune médecin en dehors de son travail ?
Pourquoi a-t-elle un garde du corps ? Quel lui propose-t-elle ?
Pourquoi désire-t-elle réussir son premier morceau devant Amin ?
Comment fait-elle pour mettre à l’aise le jeune soldat ?
Que fait-elle avec le fusil du jeune homme ? Quelle est la réaction du soldat ?
Avant de redescendre dans la vallée, que demande Amin à Lola ?
Lexique
p. 118
lymphatique
phlegmatisch
p.119
une faible résistance
eine schwache Widerstandskraft
p. 120
un archet
une interprétation médiocre
chiquer du tabac
der Violinbogen
eine mittelmäßige Darbietung (Instrument)
Tabak kauen
p. 122
le pachtoune
Sprache in Aphganistan
p. 124
un grincement sinistre
ein grauenerregendes Knarren
p.125
les mains en signe de supplique
avec moult solennité
die Hände bittend halten
sehr feierlich
25
Pour approfondir
Selon vous, la musique est-elle un bon moyen d’apaiser ou de faire rêver un enfant ?
Awa
(p. 127-140)
I/ Introduction
Contexte
L’action se déroule de nos jours à Paris entre le parc et le domicile des parents du petit
Alexandre. En arrière-plan, on découvre le passé d’une jeune Ivoirienne qui a connu l’horreur
dans son pays avant de trouver refuge en France. La République de Côte d’Ivoire est une
ancienne colonie française qui a acquis son indépendance en 1960. De nombreuses
manifestations (contre le pouvoir, la hausse des prix, pour le droit des femmes…) ont eu lieu
dans la capitale Abidjan ces dernières années. Certaines ont été « maîtrisées » avec une
grande violence par l’armée, notamment en 2004 où de nombreux civils ont été touchés. Sur
les 15 000 Français qui y vivaient à ce moment là, 8 000 sont rentrés en France.
Personnages
Jeannette : originaire de Côte d’Ivoire, elle a dû quitter son pays et habite aujourd’hui dans
une banlieue parisienne où elle est responsable de la garde d’un enfant.
Alexandre : le petit garçon dont Jeanette a la charge. Il est joueur, assez agité et c’est lui qui
va aider Jeannette à révéler malgré elle son terrible secret et les véritables raisons de son
émigration.
Béatrice : la mère d’Alexandre qui a choisi d’employer la jeune fille sans connaître les vraies
raisons de son arrivée en France.
Analyse du récit
Ce récit est rapporté par un narrateur extérieur à l’histoire. C’est l’évocation d’une femme à
qui la guerre a causé une inconsolable perte : celle de son enfant. Le caractère tragique de
cette nouvelle est encore renforcé par le fait que Jeanette continue d’exercer sa maternité par
procuration en s’occupant d’Alexandre.
A cela s’ajoute le contraste créé par la coexistence de deux mondes. D’un côté, le confort des
parisiens qui ont une nourrice pour leur enfant. De l’autre, la Méditerranée, qui pour Jeannette
revoie à la guerre, à la mort et à l’exode.
La tonalité générale de la nouvelle est en apparence assez légère, entre la promenade, les jeux
au parc, la partie de cache-cache et le bain du petit. La chute n’en est que plus saisissante. On
apprend le passé tragique de la jeune baby-sitter lors d’un appel de Béatrice à son amie qui vit
à Abidjan et qui est la marraine d’Alexandre.
26
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Quel est le rôle de Jeannette auprès du petit garçon ? Quels mots lui apprend-elle ?
Quel est celui qu’il répète sans cesse ?
Pourquoi Jeannette se trompe-t-elle sur le prénom d’Alexandre?
Qu’apprend-on quand Béatrice téléphone à son amie à Abidjan ?
Lexique
p. 129
le mégot
courroucé
der Zigarettenstummel
heftig erzürnt, verärgert
p. 130
le bavard
der Schwätzer
p. 131
assener un coup à qn
un garnement
j-m einen tüchtigen Schlag versetzen
der Schlingel
p. 132
s’extasier
schwärmen, in Verzückung geraten
p. 133
crasseux
schmutzig, schmierig
p. 134
une gambette
ein Bein
Pour approfondir
Expliquez l’expression page 134 : « le bambin qui gigotait comme une anguille »
Après avoir cherché dans le dictionnaire la définition du mot lapsus, cherchez dans le texte le
moment où un personnage commet un lapsus.
Messages
(p. 141-154)
I/ Introduction
Contexte
Cette nouvelle a pour cadre l’Irak, une partie du monde qui connaît depuis plusieurs décennies
et aujourd’hui encore de graves instabilités politiques. L’action se déroule après la chute du
régime de Saddam Hussein. Les Américains sont arrivés et les attentats se sont multipliés,
transformant la ville en terrain de propagation de la guerre civile.
27
Les musulmans forment l’immense majorité des habitants d’Irak. Mais ces croyants se
divisent en 2 branches : les sunnites et les chiites (cf p. 150). Les chiites sont minoritaires
parmi les musulmans du monde entier mais ils sont majoritaires en Irak. Ce mouvement
religieux musulman est né il y a environ 1400 ans à la suite d’une dispute politique opposant
les principaux dirigeants de l’Islam. Chiites et sunnites sont aussi en désaccord sur
l’importance du rôle donné à leurs dirigeants religieux. Chez les sunnites, ils ne sont pas
supposés exercer de responsabilités politiques. Chez les chiites, ils ont tous les pouvoirs.
Appelés imams, ils sont ainsi à la tête de l’Iran, voisin de l’Irak.
Majoritaires en Irak, les chiites ont été pourtant persécutés par Saddam Hussein, l’ancien
président irakien. Les sunnites ont d’ailleurs exercé jusqu'à présent toutes les responsabilités
politiques et militaires. Avec la disparition de Saddam Hussein, les chiites espèrent bien
conquérir le pouvoir pour y installer un gouvernement religieux, ce qui inquiète profondément
le gouvernement américain mais aussi les chefs des pays arabes voisins qui, sauf en Iran, sont
tous sunnites.
Dans cette nouvelle, Béchir est sunnite mais cela lui importe peu. Il ne s’occupe guère de
religion. Ce qui l’intéresse, c’est le football. Béchir symbolise toutes les populations qui ont
été expulsées de leur pays et qui un jour sont à nouveau considérées comme indésirables sur
leur terre d’accueil. Devenus apatrides, leur désarroi est immense de ne plus savoir où ils
doivent vivre et de devoir choisir entre l’exil et la mort.
Personnages
Béchir : ses parents sont morts lors d’un bombardement des Américains pour faire chuter le
régime de Saddam Hussein. Il gagne peu d’argent et se retrouve orphelin. Son père est mort
trop tôt et n’a pas eu le temps de lui transmettre sa pratique de la médecine par les plantes
qu’il tenait de son père qui le tenait lui même de son père et ainsi depuis des générations.
Béchir aime le football par passion, il est intègre et honnête. C’est un garçon simple et sans
histoire, qui devient la tragique victime de haines qu’il ne comprend pas et qui le terrorisent.
Omar l’épicier est l’homme qui transmet à Béchir le message d’Hussein l’obligeant à quitter
son pays.
Hussein : fils d’un cantonnier ami de la famille par le passé. C’est lui qui va obliger Béchir à
quitter le territoire pour retourner au Soudan.
Analyse du récit
En 5 jours, du lundi au vendredi, Béchir va être obligé de transformer sa vie et d’acheter un
billet pour retourner au Soudan. Il n’a plus qu’un oncle là-bas, un oncle qu’il n’a jamais
rencontré, dans un pays où il est né mais qu’il connaît mal.
On repère des caractéristiques propres au journal intime : l’écriture à la première personne,
l’expression des sentiments, des peurs, des passions... Par ailleurs, le journal donne un fort
sentiment de réalisme. Le lecteur ne s’en sent que plus concerné : ce qu’il lit n’est plus tout à
fait de la fiction. Béchir confie à son journal sa peur, ses tourments, ses doutes.
Ce journal est aussi un support pour décrire le quotidien des habitants, les conflits liés au
croyances qui ont détérioré les relations sociales en établissant des clivages religieux. Le père
28
de Béchir et celui d’Hussein étaient tous les deux cantonniers. Et un jour, ce sont leurs enfants
qui se déchirent. La haine l’a emporté sur l’amitié et la solidarité.
II/ Lecture
Ce qu'il faut avoir compris
Comment Béchir s’est-il retrouvé à Bagdad avec toute sa famille alors qu’il est soudanais ?
Que lui donne l’épicier Omar ?
Pourquoi le père de Béchir était-il respecté ?
De quoi Béchir a-t-il peur ?
Le choix de la religion a-t-il de l’importance à ses yeux ?
Que décide Béchir pour faire cesser la menace qui plane sur lui ?
Quelle est finalement l’identité de l’homme qui le persécute ?
Lexique
p. 143
une échoppe
ein kleiner Verkaufsstand
p. 144
qch monte à la tête de qn
etwas steigt j-m in den Kopf
p. 145
ce fou sanguinaire
ein blutrünstiger Verrückter
p. 147
vanter qch à qn
etwas anpreisen
p. 149
bourdonner dans le crâne
etwas geistert im Kopf herum
p. 151
être clément
être miséricordieux
gnädig, gütig sein
barmherzig sein
p. 153
résonner
en vitesse
widerhallen
sehr schnell
Pour approfondir
Relevez dans le texte et classez dans un tableau les noms, les adjectifs, les verbes et les
expressions qui montrent la terreur ressentie par Béchir.
Expliquez page 149 l’expression : « nous nous sommes disputés parfois pour un tacle vicieux
ou un corner incertain ».
29
5. Exercices
Exercices d’écriture
Pour la ou les nouvelle(s) de votre choix, étudiez le schéma narratif en précisant le contenu de
chaque étapeàa l’aide du tableau et du schéma suivants :
Avant les
événements
Situation initiale
L'état de vie des
personnages avant
qu'un événement
se produise.
Cet état de vie
correspond à l'état
d'équilibre initial.
La situation
initiale répond
habituellement à
quatre questions
:
Qui ? Le héros ou
l'héroïne de
l'histoire, la
personne qui
jouera le rôle
principal.
Où ? Le lieu dans
lequel évoluera le
héros ou l'héroïne:
pays, région, ville,
maison, moyen de
transport, etc.
Après les
événements
Les événements
Élément
déclencheur
Péripéties :
actions du héros
en quête d'un
équilibre
Dénouement
Suite d'actions et
d'événements qui
constituent la
partie la plus
importante du récit.
Fait, événement
ou personnage
qui rompt l'état
d'équilibre
initial.
L'élément
déclencheur est
souvent
introduit par
un adverbe ou
par un
indicateur de
temps ou de
lieu :
« soudain », « ce
jour-là », « tout à
coup », « un
jour »,
« brusquement »,
« c’est là que »,
« c'est alors
que », etc.
Réussite ou
Le déroulement
échec de la
correspond à la
quête du
recherche d'un
héros.
équilibre pour
résoudre les
problèmes posés au
début ou au cours
de l’histoire
Les péripéties sont
des actions: elles
posent donc les
questions du quoi
(que se passe-til ?)et du comment
(dans quelles
circonstances ?)
Les péripéties sont
souvent introduites
par des termes
comme : « mais »,
« alors », « puis »,
« ensuite ».
Lors du
dénouement,
le lecteur
connaît le
sort du
personnage
principal,
puis des
autres
personnages.
Situation
finale
La situation
finale le nouvel
état d'équilibre
obtenu après le
dénouement et
la résolution
des problèmes
posés au cours
de l’histoire.
C'est la
conclusion du
récit. Dans la
situation finale,
on peut
raconter ou
décrire la
victoire du
personnage
principal, ses
sentiments et
ses actions.
Cette victoire
doit être une
suite logique
des péripéties
précédentes.
30
Quand ? Le
moment, l'époque,
le temps où se
déroule le récit:
Questions:
- une saison:
printemps, été,
automne, hiver;
« Qui est menacé
ou qui
menace? »
- un moment de
l'année: juin, août,
janvier, etc.;
"Dans quelles
circonstances la
menace a-t-elle
lieu?"
« Qu'arrive-t-il
?»
- un moment de la
journée : matin,
soir, une heure
précise, etc.
Quoi ? C'est
l'action que le
personnage
principal est en
train de faire
quand le récit
commence.
Vous travaillerez aussi grâce au schéma simplifié ci-dessous :
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Source : http://www.cours.fse.ulaval.ca/
-A la manière des nouvelles que vous avez lues et à partir d’informations précises concernant
un conflit passé ou en cours, imaginez le schéma narratif d’une nouvelle mettant en scène des
personnages dont le destin est bouleversé par la guerre. Rédigez ensuite le récit.
Commentaire d’image
Faites une recherche sur la Croix Rouge Internationale (http://www.cicr.org/).
Commentez l’affiche (ci-dessous). Expliquez le titre et son rapport avec la photo. Avec
quelles nouvelles du recueil pouvez-vous la mettre en lien ?
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Exercices de réflexion. Débats en classe
- En consultant le passage concernant la littérature engagée au début de ce dossier, dites si ce
que vous avez lu vous a informé, vous a fait réfléchir, a changé votre point de vue sur tel ou
tel conflit. Vous répondrez ainsi à la question posée : « La littérature engagée est-elle
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efficace ? »
- Pour vous, est-ce que la littérature est encore un bon moyen pour défendre une cause auprès
du grand public ? Cinéma, chanson, bandes dessinées, d’un abord plus facile, ont-ils à votre
avis pris la relève ?
- A partir du site de l’INA (http://www.ina.fr/histoire-et-conflits), cherchez des images qui
puissent illustrer l’une des nouvelles. Proposez ensuite une présentation en classe à l’aide
d’un beamer pour mettre en lien la réalité et la fiction dans la nouvelle.
Exercice de géographie
- A l’aide du planisphère suivant et d’un atlas emprunté à la bibliothèque, identifiez les pays
et villes dont il est question dans l’ensemble des nouvelles.
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