DECISION D`INTERRUPTION MEDICALE DE GROSSESSE
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DECISION D`INTERRUPTION MEDICALE DE GROSSESSE
DECISION D’INTERRUPTION MEDICALE DE GROSSESSE Jean-baptiste Bénévent- Toulouse Les modalités des IMG (interruptions médicales de grossesse) sont strictement définies par la loi (CODE DE LA SANTE PUBLIQUE, Article L2213-1) : « L'interruption volontaire d'une grossesse peut, à toute époque, être pratiquée si deux médecins membres d'une équipe pluridisciplinaire attestent, après que cette équipe a rendu son avis consultatif, soit que la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme, soit qu'il existe une forte probabilité que l'enfant à naître soit atteint d'une affection d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic… . (dans le 2° cas) l'équipe pluridisciplinaire chargée d'examiner la demande de la femme est celle d'un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. Lorsque l'équipe du centre précité se réunit, un médecin choisi par la femme peut, à la demande de celle-ci, être associé à la concertation. » Les missions, les modalités d’agrément et le fonctionnement des centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal (CPDP) ont été définis dans le décret du 28/05/97. Ces CPDP regroupent des praticiens spécialisés en gynécologie-obstétrique, échographie obstétricale, génétique médicale, pédiatrie, foetopathologie, cytogénétique, biologie fœtale, psychologie ou psychiatrie. Ils fonctionnent sous la responsabilité d’un coordonnateur élu par les différents membres. Les CPDP peuvent être consultés par la femme enceinte ou par son médecin traitant, mais jamais sans l’autorisation de la femme enceinte elle-même. Les questions posées aux CPDP concernent des demandes d’IMG, mais aussi des demandes d’avis sur des dossiers de pathologie obstétricale, pouvant secondairement déboucher sur une demande d’IMG. Les dossiers sont discutés au cours de réunions ouvertes aux praticiens extérieurs qui le souhaitent. Les couples dont les dossiers sont discutés ne peuvent assister à ces réunions mais ils peuvent rencontrer séparément chaque membre du CPDP. En présence d’un dossier, le CPDP peut être amené à : – rassembler les informations du dossier médical – proposer des investigations complémentaires (échographie de référence, IRM, consultation de génétique, bilan biologique maternel ou foetal ,,,) – solliciter des avis spécialisés extérieurs – s'assurer du suivi psychologique du couple – informer le couple et son médecin en matière de diagnostic, de thérapeutique et de pronostic – proposer éventuellement une prise en charge pré et post-natale – se prononcer quant à la recevabilité de la demande d'IMG En pratique, les demandes d'IMG correspondent schématiquement à 3 situations : – la notion de gravité et d'incurabilité est évidente. Il s'agit de la grande majorité des dossiers présentés. Il peut s'agir de pathologies létales (trisomie 18, agénésie rénale bilatérale, anomalie génétique non chromosomique, anamnios précoce, RCIU sévère...) ou entraînant un handicap majeur et/ou un retard mental (polymalformations, hydrocéphalie, spina bifida, cardiopathie sans cure radicale possible, trisomie 21, X fragile, infection à CMV avec retentissement cérébral...). – La pathologie est isolée et n'entraîne pas de handicap majeur (certaines anomalies des extrémités) ou il existe une prise en charge thérapeutique satisfaisante (cardiopathies, omphalocèle, pieds varus equin, fente labiopalatine...). L'avis des CPDP est alors défavorable quant à la réalisation d'une IMG. Dans ces cas, l’équipe est confrontée au désir d'enfant parfait du couple et à l'impossibilité, pour les parents, d'accepter les moindres « risques ou anomalies ». La prise en charge psychologique et la qualité de l'information médicale du couple sont alors fondamentales pour amener les parents à accepter l'arrivée d'un enfant « différent ». – Les situations intermédiaires. Ces dossiers sont évidemment les plus difficiles. Il peut s'agir de situations où les risques sont difficiles à apprécier (agénésie du corps calleux, ventriculomégalie modérée et isolée, certaines néphropathies bilatérales ...), ou de pathologies dont la prise en charge est lourde, avec un taux d'échec ou de séquelles important (hernie diaphragmatique, lymphangiome sous-cutané étendu ...). Enfin dans certains cas la notion de gravité est diversement appréciée au sein de l'équipe du CPDP (syndrome de Turner, achondroplasie ...). Il existe évidemment des sensibilités différentes au sein de chaque équipe, d'origine morale, philosophique, religieuse ou en rapport avec l'histoire personnelle de chacun. Si la création des CPDP n'a pas réglé tous les problèmes, elle a institué la multidisciplinarité et la collégialité, ce qui est un gage de qualité. Ces dossiers difficiles sont souvent traités sur des périodes plus longues (parfois plusieurs semaines), en effet il faut parfois savoir prendre (et non pas perdre) du temps pour compléter le bilan, juger de l'évolution et informer les parents; ce délai permet parfois aux parents d'évoluer dans leur position. Chacun de ces dossiers est une « histoire différente » et il ne saurait y avoir de réponse stéréotypée. En cas d'acceptation de l'IMG, le CPDP doit recueillir tous les éléments nécessaires à la constitution d'un dossier complet (examen foeto-pathologique, prélèvements foetaux, radiographies...). En cas de refus d'IMG, le couple peut disposer de son dossier médical complet qui peut être, s'il le souhaite, présenté à un autre CPDP.