Les programmes d`éducation et de suivi pour les personnes
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Les programmes d`éducation et de suivi pour les personnes
Cahier 17 Les programmes d’éducation et de suivi pour les personnes diabétiques : Recension des écrits des éléments de programmes prometteurs Tomas, Diane, M.Sc. Inf. (UQO- 2008) Lapierre, Judith Ph.D Professeure au département des sciences infirmières, UQO Mai 2008 Ce cahier présente une section de la recension des écrits de l’essai intitulé : DÉVELOPPEMENT DE RECOMMANDATIONS RÉGIONALES EN MATIÈRES D’ÉDUCATION ET DE SUIVI, À PARTIR DES EXPÉRIENCES VÉCUES PAR UNE CLIENTÈLE DIABÉTIQUE DE TYPE 2, FRANCOPHONE PARTICIPANT À UN PROGRAMME D’ÉDUCATION DIABÉTIQUE ET D’UNE DÉMARCHE AXÉE SUR LES DONNÉES PROBANTES ET FACTUELLES. Sommaire de l’essai disponible à la bibliothèque de l’Université du Québec en Outaouais Mondialement, le diabète est reconnu comme étant un sérieux problème de santé. Qui plus est, le nombre de personnes atteintes de cette maladie chronique ne cesse d’augmenter annuellement et les conséquences ainsi que les coûts qui y sont associés sont importants tant pour les personnes diabétiques elles-mêmes que pour leurs familles et le système de la santé. L’Outaouais ne fait pas exception à cette problématique. En effet, l’état de santé de ses résidants est alarmant, vu l’ampleur du nombre grandissant de personnes diabétiques dans cette région. Ces données nous rappellent alors l’urgence d’agir auprès et avec la population afin de promouvoir les saines habitudes de vie, et espérer prévenir les complications à court et long termes. Conséquemment, il devient essentiel que les personnes diabétiques de l’Outaouais puissent bénéficier de programmes d’éducation et de suivi leur permettant d’entreprendre et de maintenir les changements nécessaires, afin de conserver ou d’améliorer leur qualité de vie. Or, bien que les programmes actuels d’éducation dans ce territoire démontrent une grande volonté à aider et soutenir positivement les personnes diabétiques, certains problèmes sont observés au niveau de l’éducation et du suivi. Cette étude qualitative a donc pour but de développer des recommandations dans une perspective éventuelle d’implantation d’un programme régional d’éducation et de suivi qui serait offert à la clientèle diabétique de type 2 de la région. Le modèle de planification PRECEDE/PROCEEDE (Green & Kreuter, 1999) est le cadre de référence utilisé pour guider les étapes de l’étude. L’approche méthodologique participative est quant à elle le devis qui a été privilégié, afin d’encourager la participation communautaire tout au long du processus. L’étude a été menée dans deux centres spécialisés pour personnes diabétiques de la région étudiée. Les participants de cette étude sont constitués de douze personnes diabétiques et de onze professionnels de la santé directement concernés par l’éducation et le suivi diabétique. La collecte des données a été réalisée à l’aide de deux questionnaires de données sociodémographiques, de quatre groupes de discussion focalisés et de quatre entrevues individuelles réalisées auprès des personnes diabétiques, ainsi que deux groupes de discussion focalisés effectués auprès des professionnels. L’analyse des données recueillies a permis d’identifier les besoins des personnes diabétiques de la région en termes d’apprentissage et de soutien. Aussi, il a été possible d’identifier les facteurs prédisposants, facilitants, de renforcement et limitants à l’intégration et au maintien de saines habitudes de vie. Finalement, les résultats obtenus ont permis de formuler des recommandations sur les aspects d’éducation et de suivi diabétique visant à guider efficacement les pratiques actuelles en tenant compte des intérêts de la clientèle diabétiques et des données probantes, dans une perspective d’harmonisation éventuelle des pratiques dans la région. Aussi, ces résultats ont favorisé l’émergence de recommandations visant la pratique infirmière, la recherche, la gestion et la formation. Les programmes d’éducation et de suivi pour les personnes diabétiques : Recension des écrits des éléments de programmes prometteurs Pour débuter, il va sans dire que pour prévenir ou retarder les complications reliées au diabète, la personne diabétique doit modifier ses habitudes de vie et être capable de maintenir celles-ci. Il est donc essentiel d’offrir les outils nécessaires à la clientèle diabétique, afin qu’elle ne soit pas tentée de tout abandonner. Selon plusieurs recherches, les programmes d’éducation diabétique représentent une stratégie efficace pour faciliter les changements reliés au style de vie chez cette clientèle (Auslander, Haire-Joshu, Houston, Rhee, & Williams, 2002; Gagliardino & Etchegoyen, 2001; Stamler, Cole, & Patrick, 2001; Trento et al., 2001). De plus, les recherches de Kim et Oh (2003) ainsi que de Piette, Weinberger et McPhee (2000) démontrent que le suivi auprès de la personne diabétique est également essentiel afin d’aider le patient à gérer les activités reliées à sa santé et à maintenir les saines habitudes de vie. Malgré ces constatations sur la nécessité d’offrir des programmes d’enseignement et de suivi à la clientèle diabétique, les résultats de l’étude qualitative de Gillibrand et Flynn (2001) rapportent malheureusement que la grande majorité des participants affirment ne pas avoir reçu suffisamment d’informations sur leur diabète lors du diagnostic et sur les moyens pour favoriser la prise en charge de leur maladie. Or, le manque de participation de la personne diabétique dans le traitement de la maladie entraîne aussi de pauvres résultats sur sa santé. L’étude qualitative de Vincent, Clark, Zimmer et Sanchez (2006) dévoile des résultats semblables. En effet, le manque d’informations ou la difficulté à accéder à de l’information sur le diabète a été décrite comme un obstacle majeur à la prise en charge du diabète par les personnes diabétiques de type 2 et les aidants familiaux participant à l’étude. Ils ont d’ailleurs exprimé de la frustration face à la difficulté à accéder à de l’information au besoin, ainsi que de comprendre et interpréter l’information obtenue. Selon Gagliardino et Etchegoyen (2001), la participation du patient constitue un facteur clef dans le traitement du diabète qui demande de la motivation, des connaissances et un devoir à se conformer à un régime complexe. Ainsi, les études démontrent que certains programmes d’éducation ne sont pas encore au point et peuvent présenter certaines lacunes. Par ailleurs, plusieurs grandes études canadiennes et internationales ont fourni une quantité considérable de preuves scientifiques qui ont élargi les connaissances sur la prévention, le diagnostic et le traitement du diabète. Par conséquent, l’Association canadienne du diabète a publié en 2003 les «Lignes directrices de pratique clinique 2003 pour la prévention et la prise en charge du diabète au Canada» reflétant ces connaissances et offrant aux professionnels de la santé une vue élargie et complète de la maladie du diabète (Association canadienne du diabète, 2003a). Les lignes directrices démontrent que les soins et programmes d’enseignement offerts aux personnes diabétiques doivent, dans la mesure du possible, être prodigués par une équipe multi et interdisciplinaire pouvant établir et entretenir un réseau de communication entre la personne diabétique et les systèmes de soins de santé et communautaires pertinents (Association canadienne du diabète, 2003b). D’ailleurs, elles précisent que l’équipe de professionnels de base devrait être composée d’un médecin (médecin de famille et/ou spécialiste du diabète) et d’éducateurs spécialisés en diabète (infirmières et diététistes). De plus, selon les besoins, divers professionnels de la santé qualifiés peuvent s’ajouter à l’équipe de base, tels que des travailleurs sociaux, des psychologues, des pharmaciens, des ophtalmologistes et des cardiologues. Il est alors essentiel que les divers professionnels collaborent et communiquent efficacement entre eux, afin d’assurer une bonne continuité des soins à la clientèle diabétique. Toujours selon les lignes directrices de l’Association canadienne du diabète (2003b), il est également souligné que chaque professionnel a un rôle important à jouer dans la prise en charge de la maladie. Il est ainsi mentionné que le médecin de famille est un acteur important, en ce sens, qu’il est habituellement le premier à établir le contact et les échanges avec le patient, à reconnaître le contexte familial, à répondre aux besoins variés et à assurer la continuité des soins de la personne. L’infirmière joue également un rôle tout aussi fondamental auprès de la personne diabétique puisqu’elle apporte une assistance, une écoute, des soins et un soutien essentiels pour la personne malade (Frich, 2003; Kenealy et al., 2004). D’ailleurs, il est démontré dans de nombreuses recherches les avantages et l’importance d’élargir les fonctions des infirmières possédant une formation spécialisée en diabète pour leur permettre de développer et de jouer un rôle plus autonome auprès de la clientèle diabétique (Davidson, 2003; New et al., 2003; Taylor et al., 2003). En plus des lignes directrices, aux États-Unis, des normes nationales pour l’enseignement diabétique de qualité ont été élaborées et présentées en 2007, afin de permettre l’implantation de programmes d’éducation dans divers milieux dans le but d’améliorer la santé des individus (Mensing et al. 2007). D’ailleurs, dix normes nationales ont été émises suite à une revue systématique de la littérature et approuvées par une équipe qualifiée composée d’individus provenant de différents organismes tels que l’Association américaine du diabète, l’Association américaine du diabète pour les éducateurs, l’Association diététique américaine et provenant de diverses professions comme des médecins, pharmaciens, infirmières, diététiciennes. Ces individus avaient tous en commun un intérêt significatif pour la dispensation de soins et l’enseignement de qualité à la clientèle diabétique. Selon ces normes, il est indiqué comme étant essentiel que tous les membres de l’équipe responsables de l’enseignement diabétique reçoivent de la formation continue sur la gestion du diabète, sur les interventions comportementales et sur les techniques d’enseignement et d’apprentissage. De plus, ces normes indiquent l’importance d’identifier et de considérer les besoins spécifiques de chaque individu avant même de débuter le programme d’éducation. Il devient alors nécessaire de rencontrer ces gens individuellement au départ afin d’identifier tout d’abord les caractéristiques et les besoins d’apprentissage propres à la personne. De plus, les programmes d’éducation et les services associés au diabète doivent tenir compte de la culture, de l’âge, du sexe et de la situation socio-économique des personnes diabétiques afin de maximiser l’efficacité de la capacité d’auto-gestion de celles-ci. Par ailleurs, comme il a été mentionné précédemment, l’implication de la famille, lorsque possible, doit être fortement encouragée et doit donc naturellement faire aussi partie intégrante de ces programmes. En effet, les études de Gagliardino et Etchegoyen (2001) et Whittemore, Bak, Melkus et Grey (2003), confirment l’importance que peut apporter le soutien positif des membres de la famille chez la personne diabétique facilitant l’adaptation face à la maladie et l’assiduité au traitement. De plus, l’éducation offerte aux personnes diabétiques doit être interactive, axée sur les solutions, fondée sur les connaissances des personnes et adaptée aux besoins et aux capacités individuelles (Association canadienne du diabète, 2003b). D’ailleurs, dans l’étude de Hartrick (1998) les personnes diabétiques expriment elles-mêmes le besoin de partager en groupe leurs expériences face à leur maladie chronique. À cet égard, les résultats de deux autres études démontrent que les séances de groupe et un suivi continu améliorent les connaissances et produisent des résultats positifs auprès de la personne diabétique (Rickheim, Weaver, Flader, & Kendall, 2002; Trento et al., 2001). Selon Gagliardino et Etchegoyen (2001), ces groupes doivent de préférence être composés d’un petit nombre de participants afin de permettre des interactions de qualité entre les éducateurs et les personnes diabétiques. D’ailleurs, plusieurs recherches sur des programmes d’enseignement ont été effectuées auprès de petits groupes de 8 à 10 participants au maximum par groupe (Gagliardino & Etchegoyen, 2001; Rickheim et al., 2002; Trento et al., 2001). Quant à la durée que devraient avoir les programmes d’enseignement, celle-ci varie beaucoup d’une étude à l’autre. À cet égard, l’Association latino-américaine du diabète, a décidé d’adapter et d’évaluer les effets d’un modèle d’éducation structuré échelonné sur quatre semaines (Gagliardino & Etchegoyen, 2001). Ce programme éducationnel en question, nommé le PEDNID-LA, a été implanté simultanément dans dix pays de l’Amérique latine. Ce programme qui est basé sur le modèle éducationnel de Davidson avait déjà été implanté avec succès dans différents pays européens et vise principalement l’amélioration des habitudes de vie chez la clientèle diabétique. La recherche quantitative qui découle de ce modèle a été réalisée auprès de 446 personnes diabétiques de type 2. Pour participer à cette étude, les participants devaient être âgés de moins de 65 ans, ne nécessitant pas de traitement d’insuline, ne présentant pas de complications sévères reliées au diabète et finalement, n’ayant jamais participé auparavant à un programme d’enseignement diabétique. Le programme comportait quatre rencontres d’une durée de 90 à 120 minutes et il a été présenté à des groupes de 10 personnes diabétiques à la fois, afin de permettre l’interaction entre les participants et l’éducateur. Durant ces rencontres, de l’enseignement a été offert sur les principes généraux du diabète, la sélection des aliments recommandés, les programmes d’activités physiques, les soins de pieds et le contrôle de la glycémie. L’emphase du programme était placée sur la participation active de la personne diabétique dans ses soins et celle-ci avait la chance de discuter de ses expériences et préoccupations en regard avec le diabète et sur les changements qu’elle devrait adopter pour améliorer sa qualité de vie. Également, les membres de la famille et les conjoints étaient fortement encouragés à participer au programme. De plus, on retrouve dans ce programme d’éducation une session de renforcement ayant lieu six mois après la fin des quatre rencontres où il est possible de revoir avec les patients les sujets qui ont été traités lors du programme et d’encourager la personne diabétique à maintenir les saines habitudes de vie. Point intéressant à noter est le fait qu’avant de débuter le programme d’éducation, les éducateurs avaient, en groupe de dix personnes à la fois, participé à deux journées de formation intensive sur les principes pédagogiques de bases, sur la gestion de petits groupes éducatifs et interactifs, sur la façon d’utiliser adéquatement le matériel éducationnel et sur les habiletés favorisant la participation active des participants. Afin de déterminer si ce programme donnait des résultats positifs, les chercheurs ont tout d’abord recueilli les données cliniques et thérapeutiques six mois avant le début du programme en question, ainsi que les données sur le coût des traitements pharmacologiques. Les chercheurs ont ensuite recueilli des données quatre, huit et douze mois après le début du programme. À la toute fin, les données colligées auprès de chaque patient au départ ont été comparées avec les données des mêmes patients ayant complété le programme. Les résultats de cette recherche démontrent que le modèle d’éducation utilisé auprès de petits groupes de patients diabétiques a été très bénéfique et qu’il a contribué aux modifications des habitudes de vie. En effet, tous les paramètres mesurables se sont améliorés de façon significative durant la période d’un an, soit la glycémie, la tension artérielle systolique et diastolique, le niveau de cholestérol et de triglycéride, ainsi que le poids. De plus, suite à cette étude, les chercheurs ont constaté une diminution importante concernant le coût des traitements pharmacologiques nécessaires pour contrôler le diabète, l’hypertension et l’hyperlipidémie. Par conséquent, les résultats bénéfiques obtenus au cours de cette recherche renforcent le fait que les programmes d’éducation constituent une partie essentielle dans les soins offerts aux personnes diabétiques. Les auteurs d’une autre étude portant sur les programmes aux personnes diabétiques (Christensen, Williams et Pfister, 2004) ont choisi, quant à eux, un programme d’éducation axé sur les bonnes habitudes alimentaires (choix des aliments, préparation des repas) étalé cette fois-ci sur trois mois. Ce projet, réalisé auprès de 155 patients diabétiques a eu pour résultats concluants de permettre d’augmenter de façon significative le niveau de connaissances des patients sur la nutrition et de diminuer le poids et le taux de glycémie des participants. Durant la période de trois mois, sept rencontres ont été réalisées auprès des individus d’une durée de 75 minutes chacune. Dans le cadre de cette étude, les données ont été recueillies avant et après le programme et elles ont été analysées statistiquement à l’aide du T-test. Comme nous pouvons le constater, les deux dernières recherches quantitatives que nous venons de présenter ne comportent pas de groupe témoin. Par conséquent, il serait intéressant et pertinent de comparer les résultats avec un groupe qui ne reçoit pas de programme d’éducation spécifique, afin d’évaluer si les résultats positifs obtenus sont significativement supérieurs chez les personnes diabétiques ayant accès à un programme d’enseignement vis-à-vis celles qui n’en bénéficient pas. Malgré les différences constatées sur la durée des programmes d’enseignement, les programmes ont en commun de mettre l’emphase principalement sur la nécessité d’offrir un suivi aux personnes diabétiques. En effet, suite à cet enseignement, le patient ne doit pas retourner sans soutien à la maison. Un suivi régulier par des infirmières se veut alors aussi important afin de maintenir les acquis (Frich, 2003; Piette et al., 2000; Huang, Wu, Jeng et Lin, 2004). Selon Frich (2003); il faudrait que les visites de ces dernières soient multiples, étendues sur une longue période et les interventions individualisées, afin d’encourager la personne diabétique à maintenir ses habitudes de vie si durement acquises pendant le programme d’éducation. D’ailleurs, des essais cliniques effectués au hasard avec groupe contrôle ont été réalisés à Hong Kong auprès de 101 patients diabétiques, afin de comparer les résultats entre les patients recevant de l’éducation diabétique de routine à l’hôpital par des infirmières (groupe contrôle) et les patients ayant reçu une autorisation de sortie hospitalière anticipée pour recevoir un programme de suivi particulier à domicile par des infirmières spécialisées (Yuet Wong, Hung Mok, Chan et Tsang, 2005). À l’aide de cette étude on cherchait à identifier s’il existe une différence significative entre les deux groupes de participants sur les résultats de HbA1c (hémoglobine glycosylée), de l’assiduité au traitement (diète, exercices, médication, monitorage de la glycémie), de l’utilisation des soins de santé et finalement, sur le niveau de satisfaction des patients. Pour participer à cette étude, les participants devaient être âgés de plus de 18 ans, être atteints du diabète de type 1 ou de type 2, présenter un état général de santé stable, à l’exception du contrôle de glycémie et démontrer de l’intérêt à exécuter le monitorage du taux de glycémie. Les participants du groupe contrôle sont demeurés à l’hôpital jusqu’à ce que leur niveau de glycémie soit devenu stable. Quant aux participants de groupe expérimental, avant de quitter le centre hospitalier, ceux-ci ont reçu un programme d’enseignement standardisé incluant principalement de l’enseignement sur les habiletés d’auto-soins et ayant pour consigne de mesurer leur niveau de glycémie quatre fois aux deux jours. Dès leur arrivée à la maison, l’infirmière spécialisée en diabète a assuré un suivi téléphonique d’une durée moyenne de 6,48 minutes auprès des personnes du groupe expérimental, et ce, à toutes les semaines ou aux deux semaines jusqu’à ce que leur niveau de glycémie soit stabilisé. Lors du suivi, l’infirmière a surveillé de près les comportements de santé des personnes diabétiques incluant le respect du régime alimentaire, les exercices effectués, la prise de la médication et la vérification régulière du taux de glycémie. De plus, si une évaluation physique ou bien de l’enseignement en face à face était considéré nécessaire par l’infirmière, celle-ci se chargeait de retourner le patient pour une consultation à la clinique où cette dernière travaillait. Également, le rôle de l’infirmière spécialisée en diabète avait pour but d’ajuster la médication en fonction des taux de glycémie rapportés par les patients. En effet, s’il était nécessaire d’effectuer des changements au niveau du dosage ou de fréquence de la prise de médicaments (hypoglycémiant ou insuline), l'infirmière consultait le médecin et ils ajustaient le plan de traitement en fonction des nouvelles données. Finalement, les deux groupes, soit le groupe contrôle et le groupe expérimental, sont retournés à la clinique pour une évaluation 12 et 24 mois suivant leur hospitalisation. En ce qui concerne la collecte des données, celle-ci a été effectuée à trois reprises soit une première fois avant que les participants quittent le centre hospitalier, et deux autres fois à 12 et à 24 semaines plus tard, et ce, à l’aide de trois instruments de mesure soit un formulaire de données cliniques, un formulaire d’évaluation de l’adhérence au traitement et un questionnaire mesurant le niveau de satisfaction des patients. Pour conclure, les résultats de l’étude de Yuet Wong et al. (2005) soutiennent que les personnes diabétiques qui ont participé au programme offert par des infirmières spécialisées à la maison suite à un congé hospitalier plus rapide démontrent une amélioration statistiquement significative au niveau des résultats de glycémie, de l’assiduité au monitorage de la glycémie et de l’exercice. De plus, la durée de l’hospitalisation étant réduite, elle a favorisé une diminution considérable des dépenses pour les hôpitaux. Par contre, les données recueillies n’ont pas démontré de différence significative entre les deux groupes concernant la fréquence de ré-admission à l’hôpital (utilisation des soins de santé) et au niveau de la satisfaction des personnes diabétiques face aux soins reçus. Deux autres études quantitatives incluant le pré, post intervention et groupe contrôle ont démontré l’importance du suivi infirmier et ce, par contact téléphonique auprès des patients diabétiques durant une période d’un an (Kim & Oh, 2003; Piette et al., 2000). Dans l’étude de Kim et Oh (2003), 50 personnes diabétiques de type 2 nouvellement diagnostiquées et répondant aux critères d’inclusion ont décidé de participer volontairement à la recherche. Les participants ont été divisés de façon aléatoire en deux groupes, soit le groupe expérimental (n=25) et le groupe contrôle (n=25). Par contre, du total des participants, seulement 36 personnes ont complété l’ensemble de l’étude, soit 16 personnes du groupe contrôle et 20 personnes du groupe expérimental. Le but principal de cette étude consistait à évaluer l’effet d’un suivi infirmier par téléphone sur les résultats de HbA1C et sur l’adhérence au traitement. Avant de débuter l’intervention, tous les participants (groupe contrôle + groupe expérimental) ont été rencontrés par un responsable de la recherche pour une durée de 30 minutes, afin de recevoir de l’information sur une brochure et un journal de bord qui ont été élaborés par les chercheurs de l’étude en question. La brochure de 49 pages comprenait de l’information sur la nature du diabète, les facteurs de risque, la diète, l’exercice, la médication, la gestion de l’hyperglycémie et de l’hypoglycémie, ainsi que la façon de compléter un journal de bord. Ensuite, les personnes diabétiques du groupe contrôle ont reçu des soins de routine qui consistaient à visiter à chaque trois mois le médecin traitant. Quant au groupe expérimental, une infirmière a assuré un suivi téléphonique à domicile auprès des participants pour une durée de 12 semaines. Lors des communications téléphoniques, l’infirmière offrait de l’enseignement continuel et du renforcement positif aux patients sur la diète, les exercices, la médication et sur l’auto-contrôle de la glycémie. De plus, les participants du groupe contrôle devaient enregistrer les résultats de glycémie plus de deux fois par jour, les repas consommés et les exercices effectués dans le journal de bord prévu à cet effet. La fréquence des appels téléphoniques était de deux fois par semaine minimum pour le premier mois et puis d’une fois par semaine pour les mois suivants. Les horaires des appels ont été prévus pour accommoder chaque participant et la durée moyenne des appels était de 25 minutes. De plus, des ajustements au niveau de la médication ont été apportés par l’infirmière en collaboration avec le médecin traitant, suite à l’observation et l’analyse des résultats de glycémie. Par la suite, les données recueillies ont été analysées statistiquement à l’aide du T-test afin de permettre aux chercheurs de comparer les caractéristiques des personnes diabétiques ayant reçu un suivi infirmier par téléphone avec celles ayant participé à des rencontres aux trois mois avec le médecin traitant. Selon les résultats obtenus, il est concluant que le suivi téléphonique a contribué à une diminution statistiquement significative de la glycémie et qu’une amélioration est observée auprès du malade sur sa capacité à gérer ses activités face à sa santé. Par ailleurs, Huang et al. (2004) nous indiquent qu’un suivi basé sur un programme infirmier à domicile favorise le contrôle optimal de la glycémie chez les personnes diabétiques âgées et vivant seules à domicile. Cette étude quasi-expérimentale avec pré et post programme (avant et après que l’infirmière prenne en charge le patient) a été réalisée à Taiwan auprès de 44 personnes diabétiques âgées de 65 ans et plus, afin d’évaluer l’efficacité d’un programme infirmier à domicile dans le contrôle de la glycémie. Pour ce faire, les participants ont été divisés en trois groupes, soit deux groupes expérimentaux et un groupe contrôle. Les deux groupes expérimentaux ont été répartis de façon semi-aléatoire de sorte à ce que l’âge (± 2 ans), le sexe, le niveau d’éducation et les antécédents de diabète correspondent entre les participants. Dans le premier groupe expérimental (groupe 1), les participants (n=15) ont reçu des visites quotidiennes à la maison pendant 6 semaines. Durant ces visites, la personne responsable de l’étude supervisait et mesurait la diète composée de 50-60 % de féculents, 30 % de matières grasses et 10-20 % de protéines, le degré de performance à l’exercice (marche de 30 minutes, trois fois par semaine et fréquence cardiaque maximale de 50-70 %), la prise de la médication et l’auto-contrôle de la glycémie par la personne diabétique. Dans le deuxième groupe expérimental (groupe 2), le programme infirmier à domicile avait également pour but de superviser les participants (n=15) dans la prise en charge de la diète, l’exercice, la médication et le contrôle de la glycémie pour une durée de six mois. Par contre, pour ce groupe, les visites quotidiennes sont remplacées par des visites hebdomadaires d’une durée moyenne de 20 à 30 minutes chacune. Quant aux autres participants (n=14), ils ont été assignés au groupe contrôle puisqu’ils ont accepté de recevoir du suivi à domicile seulement pour les aider à contrôler leur taux de glycémie. À cet effet, les résultats de l’étude rapportent que les groupes 1 et 2 présentent une diminution statistiquement significative du taux de glycémie à jeun et après les repas, une baisse du taux de HbA1c, et une réduction du cholestérol total, contrairement au groupe contrôle. De plus, le groupe 1 révèle une baisse de poids significative comparativement au groupe 2 et groupe contrôle. Par contre, aucune différence significative n’a été observée entre le groupe 1 et le groupe 2 dans l’amélioration des connaissances sur le diabète, le degré de dépression et sur la qualité de vie des personnes diabétiques. Selon Huang et al. (2004), la petite dimension de l’échantillon pourrait expliquer les résultats observés chez les participants en regard à la qualité de vie. D’ailleurs, il a été impossible pour les chercheurs de recruter un nombre plus élevé de participants puisque seulement 12,28 % du total des personnes âgées vivent seules à domicile à Taiwan (Ministère des affaires intérieures, 1997 dans Huang et al., 2004) expliqué par le fait que la majorité des personnes âgées sont prises en charge par les membres de la famille. Finalement, Huang et al. (2004) indiquent que le programme de suivi quotidien offert aux participants du groupe 1 est celui qui est optimal. Par contre, puisque ce programme exige des rencontres quotidiennes, un nombre plus élevé de professionnels de la santé devront y participer et il sera plus difficile d’implanter immédiatement ce programme dans le domaine de la santé publique. Par conséquent, les auteurs recommandent l’implantation initiale du deuxième programme (groupe 2) qui consiste à effectuer des rencontres à domicile à chaque semaine puisqu’il représente un meilleur rapport coût-efficacité. En somme, la personne diabétique doit pouvoir bénéficier d’un programme d’éducation adapté à ses besoins suite au diagnostic afin de permettre à celle-ci d’entreprendre des changements nécessaires dans son mode de vie. Certaines caractéristiques doivent être tenues en compte lors de l’élaboration ou de la dispensation d’un programme d’éducation pour la clientèle afin de maximiser les chances de réussite. Par ailleurs, le suivi suite au programme est un incontournable pour assurer le succès des interventions et améliorer la qualité de vie de cette clientèle. Références Association canadienne du diabète. (2003a). Lignes directrices de pratique clinique 2003 de l’Association canadienne du diabète pour la prévention et le traitement du diabète au Canada. Canadien Journal of Diabetes, 27, 1-162. Association canadienne du diabète. (2003b). Organisation et prestation des soins. 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