Biographie - Légion d`honneur en Beaujolais

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Biographie - Légion d`honneur en Beaujolais
L€gion d’Honneur en Beaujolais
Biographie de Th€odore CHABERT
(1758-1830 ou 1845 ?)
Source 1 : Reproduite avec l’aimable autorisation de la Maison du Patrimoine
30 r Roland 69400 VILLEFRANCHE SUR SAONE
Source 2: Silhouettes Caladoises et Beaujolaises (Tome I) de joseph Balloffet
aimablement pr•t‚ par Mr Clausel adjoint au maire de Villefranche sur Saƒne
i
Source 1 : Le G€n€ral Baron Th€odore Chabert naquit • Villefranche (Rh‚ne), le
16 mai 1758. En d€cembre 1774, il entra dans le r€giment de Bourbonnais. Il eut un
avancement rapide et parcours successivement tous les €chelons de hi€rarchie
militaire, jusqu'au grade de G€n€ral de Brigade, qu'il obtint en l'an II de la
R€publique. C'est avec ce grade qu'il servit dans l'arm€e des Pyr€n€es, sous les
ordres de Dumouriez. Le 7 prairial, il s'empara du col de Banyuls, malgr€ l'€nergique
r€sistance de l'arm€e espagnole.
Si vous poss€dez des renseignements suppl€mentaires sur ce L€gionnaire, merci de
bien vouloir nous les transmettre • : [email protected] nous mettrons • jour
sa biographie.
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L€gion d'Honneur en Beaujolais Th€odore Chabert
Il fit ensuite partie de l'arm€e du Nord, fut nomm€ commandant de place de
Liƒge et en l'an V nous le trouvons • l'arm€e de Sambre et Meuse.
En l'an VI, il fut nomm€ d€put€ du Conseil des Cinq-Cents- par le d€partement
des Bouches-du-Rh‚ne.
Il s'opposa au r€tablissement de l'imp‚t sur le sel, proposa la nomination d'une
commission d'examen des March€s militaires, et dans la s€ance du 22 vend€miaire
an VII, demande une lev€e de 100.000 hommes pour former une exp€dition contre
l'Angleterre.
Il fit voter la cr€ation d'un „lot des Monnaies • Marseille.
Lorsque l'arm€e des Alpes s'empara de Turin, il fit voter par le Conseil des
Cinq-Cents, une d€claration portant qu'elle avait bien m€rit€e de la Patrie, et qu'une
loi pourvoirait au sort des soldats de cette vaillante arm€e.
Il protesta contre le 18 brumaire et fit ensuite partie de l'arm€e du Danube, o…
i1 commanda la division du Saint-Gothard. Il passa enfin • l’arm€e de Naples.
De retour en France, il vota contre le Consulat • vie. N€anmoins, le premier
Consul n'ayant €gard qu'• sa valeur militaire, le nomma, Commandeur de la L€gion
d'honneur le 25 prairial an XII.
Il fit ensuite partie de l'arm€e d’observation de la Gironde, sous les ordres du
g€n€ral Dupont de l'Etang.
‡ la malheureuse affaire de Baylen , il commandait l'avant-garde; il fit des
prodiges de valeur et eut deux chevaux tu€s sous lui.
Ayant sign€ la capitulation d’Andujar, avec les g€n€raux Vedel et Marescot, il
fut rappel€ en France ainsi que ses deux collƒgues, enferm€ • l'Abbaye et mis en
jugement, mais il fut acquitt€ de la faˆon la plus honorable.
En 1809, Napol€on le cr€a Baron de l'Empire.
Il reprit les armes en 1814, combattit vaillamment, a Saint Julien sous Genƒve
et r€sista vigoureusement, le 30 mars, • la bataille de Paris, aux attaques de deux
divisions russes avec une seule brigade plac€e dans le bois de Romainville.
Le 20 mars 1815, il organisait un corps de volontaires dans le d€partement de
l'Isƒre. Oppos€ aux g€n€raux royalistes Gardanne et Loverdo, il les rencontra prƒs
de Gap. Il se jeta dans les bras du g€n€ral Gardanne et l’embrassa tendrement au
milieu des acclamations des deux troupes et des cris mille fois r€p€t€s de ‰ vive
l'empereur ! Š
Napol€on le nomma Lieutenant-G€n€ral.
II commanda une division de l’arm€e des Alpes, sous les ordres du Mar€chal
Suchet, et ne quitta cette arm€e que lorsqu'elle fut licenci€e.
Plac€ dans le cadre de r€serve, il alla r€sider dans les environs de Grenoble o… il
v€cu dans la retraite, jusqu’• sa mort. Il mourut en 1830.
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L€gion d'Honneur en Beaujolais Th€odore Chabert
Le nom du G€n€ral Chabert est grav€ sur l'Arc de triomphe de l'Etoile, cot€
sud.
Source 2 Les guerres de la R€volution et de l'Empire ont fait surgir de tous les coins les
plus impr€vus de la France une foule de h€ros qui, partis simples canonniers ou grenadiers,
ont conquis tous leurs grades sur les champs de bataille aux noms retentissants et
inoubliables de Valmy, Austerlitz ou Wagram. Tel est le cas pour un de nos compatriotes,
parfaitement oubli€ aujourd'hui - l'ingratitude n'est-elle pas l'apanage des foules ? - qui a
nom Th€odore Chabert.
Nos h€ros militaires sont assez rares dans notre cit€ et en Beaujolais pour que nous ne
saisissions pas l'occasion de crayonner ici la silhouette d'un officier sup€rieur, sorti du
rang, qui fait le plus grand honneur • sa ville natale.
Th€odore Chabert, fils de Jean, huissier royal, et de Anne Girotru, naquit, en effet, •
Villefranche, le 16 mai 1758.
C€dant • une vocation irr€sistible, il entrait • seize ans dans l'arm€e, comme simple soldat
au r€giment de Bourbonnais-infanterie qui, chose singuliƒre, comptait de nombreux
officiers issus de familles de notre r€gion : Arod de Montmelas, des Garets, de Talanc€.
Est-ce sur les conseils de l'un de ces officiers, rencontr€s • Villefranche, lors d'un cong€,
entre deux op€rations militaires, que le jeune Chabert choisit ce r€giment, o… il pouvait
trouver aide et protection ? Il se peut.
En tout cas, les d€buts furent durs et p€nibles. Il dut guerroyer sur terre et sur mer, car
les troupes de terre contribuaient alors • la d€fense des escadres.
La R€volution et la lev€e en masse qui en fut la cons€quence, lui procurƒrent un avancement
rapide et inesp€r€. A tel point qu'• la fin de 1793, aprƒs le siƒge de Toulon, o… se r€v€la le
g€nie de celui qui devait ceindre plus tard la couronne imp€riale, il fut nomm€ g€n€ral de
brigade. Il n'avait alors que 35 ans !...
Toulon pris aux Anglais, l'arm€e devenue libre fut envoy€e contre les Espagnols, et le
g€n€ral Chabert fut charg€ de leur enlever Banyuls, ce dont il s'acquitta brillamment.
Nous le trouverons plus tard • l'arm€e du Nord, puis dans celle de Sambre et Meuse,
ensuite dans celle du Danube, et en Italie. Mais suivre notre compatriote dans tous ses
d€placements nous entra„nerait trop loin et n'ajouterait rien • ses titres de gloire.
En l'an VI, il t‹te de la politique et est €lu par le d€partement des Bouches-du-Rh‚ne au
Conseil des Cinq Cents. Sa carriƒre militaire est de ce fait interrompue. Mais g€n€reux et
violent par nature - ne l'a-t-on pas surnomm€ le g€n€ral ‰ SalpŒtre Š ? - surexcit€ par
l'atmosphƒre politique, il ne sait pas rester ma„tre des ardeurs de son patriotisme. Il
commet une faute - mais est-ce bien une faute pour ce r€publicain d'ancienne date et
convaincu ? - qui nuira d€sormais • sa future carriƒre. Au coup d'•tat de Brumaire, il est de
ceux qui, discernant les projets ambitieux de Bonaparte, tentƒrent de s'opposer • son
€l€vation. Il vota contre le consulat • vie et Napol€on, comme nous le verrons, n'oublia
jamais l'injure faite au Premier Consul.
Malgr€ de brillants faits d'armes et l'appui de tous ses chefs, le g€n€ral Chabert ne
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L€gion d'Honneur en Beaujolais Th€odore Chabert
recevait nul avancement. En 1808, il est toujours g€n€ral de brigade, sans aucun titre, sans
dotation. Seule la cravate de commandeur de la L€gion d'Honneur est venue adoucir
l'amertume d'un ostracisme qui pƒse au valeureux soldat.
Enfin, l'heure va sonner pour lui de reprendre sa place • l'arm€e. Le corps exp€ditionnaire
qui doit envahir l'Espagne en 1807 se forme • Tours et prend le nom de corps d'observation
de la Gironde. Le g€n€ral Chabert est appel€ • y commander la premiƒre brigade de la
division Barbou, sous les ordres sup€rieurs du g€n€ral Dupont. On sait comment l'Espagne
se souleva contre les troupes imp€riales et organisa la guerre de partisans ou gu€rilla, • la
suite de l'abdication du roi Charles IV et de Ferdinand VII, son fils, arrach€e par l'astuce
de l'empereur qui voulait le tr‚ne pour son frƒre Joseph, alors roi de Naples.
La petite arm€e du g€n€ral Dupont se trouva tout d'abord fort compromise au fond de
l'Andalousie, derriƒre les hautes montagnes de la Sierra Morena; qui la s€paraient des
autres corps franˆais. Aux pr€occupations militaires des chefs se joignaient d'autres
soucis d'ordre plus intime ; en effet, bon nombre d'officiers, jugeant cette campagne
d'Espagne comme une simple marche triomphale, avaient emmen€ avec eux femme et
enfants. Tel €tait le cas pour le g€n€ral Chabert. Mais les populations espagnoles, patriotes
et farouches, n'€pargnaient personne et massacraient indiff€remment les soldats, les
femmes et les enfants. C'€tait partout une guerre d'extermination.
Ainsi bloqu€ dans d'‹pres montagnes, le g€n€ral Dupont attendait vainement des
instructions. La n€cessit€ de ravitailler ses troupes le conduisit vers Cordoue, dont il
s'empara non sans peine. Quand il se remit en route pour repasser la Sierra Morena, il en
croyait les d€fil€s gard€s par le g€n€ral Vedel, un de ses divisionnaires. Celui-ci avait
imprudemment abandonn€ la passe de Baylen, sans en avertir le g€n€ral en chef.
L'arm€e, encombr€e de nombreux chariots de malades et de bless€s, longue de trois lieues,
avanˆait lentement parmi de sinistres troph€es, cadavres de soldats franˆais horriblement
supplici€s. Aucun retardataire n'avait €chapp€. On retrouvait les uns crucifi€s sur les
arbres, les autres suspendus aux branches ou brŽl€s vifs. Certains mŒme avaient €t€ sci€s
vifs entre deux planches.
Le fils unique du g€n€ral Chabert, surpris dans une mission, mourut dans les tortures. Sa
mƒre ne fut sauv€e qu'• grand-peine par un prŒtre.
Le 19 juillet 1808, les Franˆais, dont l'avant-garde €tait command€e par Chabert,
rencontrƒrent les Espagnols fortement €tablis sur les hauteurs environnantes. La lutte
commenc€e • 3 heures du matin se prolonge jusqu'• midi, malgr€ la disproportion du nombre
et la chaleur accablante. L'avantage resta n€anmoins aux Espagnols et c'est la mort dans
l'‹me, ne parvenant plus • galvaniser ses hommes qui n'ont ni bu ni mang€ depuis trente-six
heures, que le g€n€ral Dupont, faisant appeler celui qui a eu deux chevaux tu€s sous lui et a
€t€ respect€ par la mort, son brigadier Chabert, lui confie la cruelle mission de traiter avec
l'ennemi. Ce fut la capitulation de Baylen (22 juillet 1808), qui venait pour la premiƒre fois
jeter une ombre sur les €clatantes victoires imp€riales.
Napol€on en ressentit un vif m€contentement. Les g€n€raux vaincus furent arrŒt€s dƒs leur
arriv€e en France et le g€n€ral Chabert, devenu Monsieur Chabert, fut incarc€r€ • la prison
militaire de l'Abbaye, • Paris. Il devait y rester prƒs de deux ans, ne discontinuant de
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L€gion d'Honneur en Beaujolais Th€odore Chabert
proclamer, en divers €crits, sa complƒte innocence. Une derniƒre lettre • l'empereur lui
valut sa mise en libert€. Dƒs ce moment, le g€n€ral et sa femme, mus par le mŒme d€sir
d'obtenir prompte et complƒte r€paration, ne cessƒrent de r€clamer des juges et
d'adresser p€titions sur p€titions aux autorit€s charg€es de l'instruction de l'affaire.
Toutes, craignant le ressentiment de l'Empereur, se r€cusaient et cherchaient • gagner du
temps. Enfin, le procƒs eut lieu. Berthier fut favorable aux accus€s, qui furent reconnus
innocents, mais, contre toute attente, furent condamn€s • la d€gradation par Napol€on.
Le d€cret parut le 18 mars 1812. Chabert, redevenu simple civil, €tait ray€, des cadres de la
L€gion d'honneur, et envoy€ en surveillance dans une localit€ de son choix, • 40 lieues au
moins de Paris.
Il avait opt€ pour Saint-Robert, prƒs de Grenoble, o… habitaient sa belle-mƒre et Mme
Joly, sa belle-sœur. Il se trouvait sans fortune, aprƒs 36 ans de service et 19 de grade de
g€n€ral, mais il avait un petit bien d'un rapport annuel de 600 francs, o… il pouvait se loger
et cultiver un potager, et c'est avec ce maigre P€cule qu'il dut d€sormais nourrir sa femme
et sa fille. Pendant deux ann€es, l'ex g€n€ral Chabert donna le plus bel exemple de fier
courage et de sereine r€signation.
Mais les €v€nements de 1814 se pr€paraient ; Napol€on sombrait sous le poids de ses
fautes. Les Alli€s entraient en France. D€j• l'ennemi s'€tait empar€ de la Grotte et des
•chelles, passage de Savoie en France. Il approchait de Grenoble et de Saint-Robert, dont
il n'€tait plus €loign€ que de quatre lieues. Le sang de l'ancien g€n€ral ne fit qu'un tour : il
offrit ses services qui furent aussit‚t accept€s, et il fut envoy€ aux avant-postes •
Voreppe, puis • Voiron. L•, montrant un esprit d'organisation peu commun, il assemble les
gardes nationales des paroisses voisines et, aid€ par quelques bataillons de la troupe de
ligne, il part sur les •chelles qu'il reprend • l'ennemi, et fonce sur Chamb€ry dont il est
ma„tre le lendemain (18 f€vrier 1814). La Savoie est €vacu€e, les gardes nationales sont
alors licenci€es, mais Chabert ne s'arrŒte pas en si bon chemin. Il va rejoindre Augereau et
combat sous ses ordres dans le Genevois, puis sous les murs de Paris. H€ro•que et vain
d€vouement qui n'empŒche le d€sastre, ni l'abdication de celui qui avait fait trembler si
longtemps l'Europe toute entiƒre.
Aux Cent jours, par un revirement inou• de la fortune, le g€n€ral Dupont, l'ancien chef de
Chabert et comme lui victime des affaires d'Espagne, devint ministre de la guerre.
L'occasion €tait trop belle pour que notre compatriote n'obtienne pas sa r€int€gration
d€finitive dans l'arm€e. Il revit son ancien compagnon d'armes qui lui restitua son grade et
sa croix de commandeur. En mŒme temps, on rappelait les appointements qu'il aurait dŽ
toucher pendant la derniƒre campagne, de f€vrier • juillet 1814 ; la d€tresse des finances
n'avait pas permis de faire plus.
Une consolation lui €tait €galement offerte. En retournant • Saint-Robert, il apprenait que
le roi lui d€cernait la croix de Saint-Louis.
Puis survinrent les €v€nements de 1815. Napol€on, €chapp€ de l'‘le d'Elbe, accourt, par la
Provence et le Dauphin€, • Paris o… il va reprendre son tr‚ne. A Grenoble, il -est rejoint par
celui qui n'a jamais marchand€ son patriotisme et son d€vouement et met encore une fois
son €p€e • la disposition d'un vaincu. Le g€n€ral Chabert est accueilli • bras ouverts, car
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Napol€on instruit par l'adversit€, revenait avec de meilleures dispositions vis-•-vis de ses
anciens compagnons d'armes, malmen€s autrefois. Dƒs son arriv€e triomphale • Paris,
l'empereur fait lieutenant g€n€ral son fidƒle serviteur, avec mission d'organiser les gardes
nationales dans la septiƒme division militaire.
C'est avec ce nouveau grade que Chabert servit dans l'Arm€e des Alpes, command€e par le
mar€chal Suchet. Mais Waterloo vint briser • tout jamais une carriƒre si longue et si bien
remplie. Louis XVIII, redevenu roi de France, refusa de confirmer les grades conf€r€s
pendant les Cent jours. Le g€n€ral Chabert revint donc • sa charrue, avec son ancien grade
de g€n€ral de brigade.
La vie de famille qu'il menait • SaintRobert €tait digne et simple. Une rare lettre de lui,
dat€e du 6 octobre 1828 et que nous nous faisons un plaisir de reproduire va nous en
fournir la preuve :
‰ Je ne saurais vous rendre le plaisir que mon Eug€nie (sa femme) et moi avons €prouv€ en
recevant votre lettre du 15 septembre dernier. •tant • vous attendre • la campagne chez
mon beau frƒre Joly depuis une quinzaine de jours, nous l'avons trouv€e • notre arriv€e
dans notre ermitage, o… nous vivons trƒs retir€s. Les €v€nements qui, pour moi, se sont
r€it€r€s d'une maniƒre peu favorable nous ont r€duits • cette n€cessit€.
Comme vous, mon cher ami, nous vivons avec nos enfants. Je dis nos enfants, puisque je
comprends dans ce nombre M. Simon, mon gendre, jeune breton, qui est sous tous les
rapports, ce que nous pouvions d€sirer. Ils passent l'€t€ • la campagne avec nous;
L’hiver nous allons les rejoindre en ville o… nous restons quelquefois jusqu'en mars. Nous
rentrons ensuite dans notre ermitage, o… je m'occupe d'agriculture, m'efforˆant de tirer
le meilleur parti possible de ma propri€t€.
Clarisse, ma chƒre fille, a eu deux enfants. Elle a perdu le premier • l'‹ge d'un an ; son
second est une petite fille ‹g€e de cinq ans et demi. Elle se nomme Hermance ; c'est un
petit lutin qui fait nos d€lices.
Entour€ de ma famille, €loign€ du monde, je passe des jours heureux et j'attends avec
tranquillit€ le moment qui m'en s€parera.
Je jouis d'une bonne sant€ ; je fais beaucoup d'exercice, (je veux dire autant qu'on peut en
faire • 71 ans) et pendant que je fatigue un peu mon corps, ma tŒte se repose.
La R€volution de 1830 lui permit de revoir son cher drapeau tricolore et Louis Philippe,
d€sireux de r€parer certaines injustices, confirma le v€t€ran des campagnes du Consulat et
de l'Empire dans son grade de lieutenant-g€n€ral, dans le cadre de r€serve.
Sa pension se trouva port€e • 5.000 francs et ce fut seulement • cette €poque qu'il put
faire honneur aux engagements contract€s pendant sa d€tresse.
La r€gularit€ de sa vie, sa robuste constitution et peut-Œtre le calme de sa conscience,
permirent au lieutenant-g€n€ral Chabert d'atteindre le grand ‹ge de 86 ans. Il est mort •
Grenoble, trƒs chr€tiennement, le 27 avril 1845.
Nous souhaitons que son souvenir se perp€tue • Villefranche, sa ville natale et qu'une rue il y en a tant de nouvelles aujourd'hui - porte un nom qui figure depuis longtemps sur l'Arc
de Triomphe de l'•toile, ce livre d'or des Braves.
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