MAQUETTE, REDUCTION DE LA REALITE

Transcription

MAQUETTE, REDUCTION DE LA REALITE
EROSENE , atelier d’architecture
63 / 69 rue du Général de Gaulle, 78300 Poissy
téléphone : 01 30 06 34 74 - télécopie : 01 30 06 09 33
kero .architectes @ wanadoo .fr
MAQUETTE, REDUCTION DE LA REALITE ?
Notre œil, parce qu’il permet la vision dynamique de plusieurs plans d’un volume perçus en
simultanéité, offre cette impression de relief qui donne à la vue une accentuation presque tactile que la
photo, parfait exemple d’une réduction objective de la réalité, ne permet que très difficilement.
Pour notre part, nous nous intéressons à la maquette d’architecture parce qu’elle est un outil unique et
inégalé de simulation et de visualisation de l’espace.
Par maquette, nous entendons l’expression en trois dimensions d’un dispositif volumétrique tangible
que l’on touche (on touche avec les yeux !), que l’on manipule et autour duquel on tourne pour en
observer les effets et les imperfections dont la connaissance et l’analyse sont si utiles à l’amélioration et
à la mise au point d’un projet.
De la maquette nous attendons l’apport que la fabrication apporte à l’identification des contraintes dont
la constitution de la forme dépend. Il ya dans la pratique de la maquette une dimension expérimentale,
qui privilégie le FAIRE au FAIT et qui explique deux paradoxes :
-
plus la maquette se rapproche du bel objet fini, plus d’une certaine façon elle s’éloigne de la réalité
physique de l’architecture,
-
plus la maquette est considérée comme objet d’expérimentation, plus elle permet d’isoler et de
percevoir quelques-uns des multiples composants qui participent à la matérialité du projet et plus
elle se rapproche de la réalité physique de l’architecture.
L’exemple de la modélisation du cantilever projeté pour la réalisation en 1890 du pont sur le Forth,
illustre parfaitement notre propos. Le prototype réalisé est surprenant tant par les moyens choisis pour
sa réalisation, que par sa portée pédagogique. Il s’agit pourtant bel et bien d’une maquette. Cette
maquette n’a pas d’échelle. Elle ne doit rien au réalisme. Simplement, par l’astuce de son procédé
analogique, cette maquette acquière une grande pertinence. Elle ouvre nos yeux et nous explique, par
l’exemple, un procédé technique complexe.
K E R O S E N E, atelier d’architecture, SARL au capital de 7622 €, SIRET 353 506 827 00016, ordre IDF 240
Dans cet exemple, la réalité n’a pas eu besoin d’être réduite pour être mieux comprise. L’enjeu n’était
pas la réduction d’un ensemble architectural.
La modélisation n’est pas la recherche obstinée de la réduction d’échelle d’un modèle grandeur nature.
Le réalisme maniaque de la maquette de train électrique n’a rien à voir avec la réalité. L’attrait que l’on
peut avoir pour ce type de modèle réduit tient uniquement à la poésie naïve qui émane de l’évocation
artisanale du vrai.
Ce n’est pas vers ce type de réalisme que notre travail en maquette tend. Notre but en pratiquant la
maquette d’architecture n’est pas d’assouvir nos frustrations d’architecte en recréant à échelle réduite
nos rêves de bâtisseur.
D’une façon générale l’enjeu de la maquette n’est pas celui de son échelle qui n’est qu’un prétexte et
qui n’a aucune valeur intrinsèque. Ce n’est pas parce que c’est grand que c’est plus lisible : une
maquette de plan masse réalisée à l’échelle du 1/50 sera moins compréhensible que celle réalisée au
1/200. Ce n’est pas parce que c’est petit que ce sera mieux : un détail d’assemblage sur un modèle à
l’échelle du 1/50 sera moins perceptible qu’exprimé à l’échelle du 1/10. L’utilité de sa représentation à
l’échelle du 1/50 pourra même être posée.
On dit que Mies van der Rohe eu l’intuition de la distribution du plan organisé autour de panneaux
flottants librement dans l’espace en réalisant dans le parc de la propriété de Mme Kröller-Müller, la
maquette échelle 1 d’une maison, à partir de toiles peintes tendues sur des cadres de bois. L’histoire
tient sans doute de la légende. Mais elle montre combien la mise en œuvre d’un modèle, à échelle
réelle en l’occurrence, à permis la découverte d’une propriété spatiale intéressante.
Cette découverte est le résultat d’une expérience physique, même accidentelle, que la pratique de la
maquette permet justement. Car le processus d’élaboration d’une maquette d’architecture est celui
d’une aventure exploratoire que l’on peut énoncer comme suit ;
fabrication → perception sensorielle → analyse → interprétation
Répétons-le, il a dans la pratique de la miniature une recherche de la réduction d’échelle associée à la
reproduction d’un réalisme poussé. Un réalisme d’aspect mais finalement vide de toute distanciation
critique. La réalité représentée est alors soumise à des accidents qui altèrent sa véracité ; le train
électrique avance à des allures saccadées dans des ronronnements de mixer, les personnages sont
pétrifiés, les vaches ont des socles et la poussière est un parasite neigeux qui corrompt de façon
touchante la réalité reproduite.
Il importe donc que nos maquettes d’architecture ne s’encombrent pas des scories pittoresques qui
donnent de la réalité, au mieux la dimension artistique d’une miniature de bazar, au pire d’un décor de
vitrine clinquant et clignotant.
Quand nous regardons une maquette trop réaliste, nous voyons surtout la coulure de colle à la jonction
de deux plexiglas. Et quand il n’y a pas de coulure de colle nous apprécions finalement la virtuosité du
maquettiste au détriment du regard porté à l’architecture représentée, ce qui est étrange.
Quand nous étudions une maquette d’étude, le pli maladroit du carton difficile à découper peut révéler
une difficulté de mise en œuvre ou une tension de la matière intéressante à prendre en compte.
Et après tout, nous, n’avons rien à apprendre de la stricte photocopie de la réalité, fut elle réduite.
K E R O S E N E, atelier d’architecture, SARL au capital de 7622 €, SIRET 353 506 827 00016, ordre IDF 240
Fabriquer une maquette est l’occasion de poser une méthodologie de mise en œuvre comme
préfiguration de l’édification future du projet. La simulation d’un effet spatial, l’approche d’un effet
physique oblige à des analogies de matériaux : une architecture de béton ne sera pas modélisée en
béton, une bande de bristol pliée à des réactions proches de celle d’une poutre métallique, un bout de
moquette n’est pas perçu comme de l’herbe etc…
Par cet effort continu d’abstraction auquel le travail en maquette nous force, notre esprit d’analyse et
d’invention est constamment sollicité. Espérons que la rationalité de nos constructions et la maîtrise de
la qualité spatiale de notre architecture en profite.
Pour notre part nous le pensons.
E.R. 25 11 07
K E R O S E N E, atelier d’architecture, SARL au capital de 7622 €, SIRET 353 506 827 00016, ordre IDF 240

Documents pareils