L`AILLEURS DANS L`ART introduction I. Comment et pourquoi l

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L`AILLEURS DANS L`ART introduction I. Comment et pourquoi l
L'AILLEURS DANS L'ART
Texte du programme
Présente dans la création plastique aussi bien qu’en littérature, dans les arts du spectacle, en
cinéma ou en musique, la question de l’ailleurs permet par excellence de se livrer à une véritable
histoire confluente des arts. Cet ailleurs peut être, d’évidence, un exotisme, que celui-ci soit un
orientalisme, un miroir de l’histoire ou un ressourcement primitiviste. L’ailleurs peut se dissimuler
sous la recherche nostalgique d’une époque révolue, traversant des âges antérieurs et, dès
Winckelmann, les reconstruisant idéalement. Ce peut être nostalgie d’une spontanéité que les
canons esthétiques enseignés ont fait perdre, et l’artiste se tourne alors vers l’art brut : les œuvres
des enfants, l’art asilaire. Enfin, questionner l’acculturation des arts exotiques incite à l’étude
économique de la production et des voies commerciales, autant que les premières conditions
d’expositions. Des préoccupations récentes montrent l’actualité de cette question : une
incompréhension relative, que reflètent les débats sur la muséographie ; l’intégration par
l’Occident de thèmes et de motifs qui lui sont évidemment étrangers, par exemple dans des
architectures spécifiques. Se profile, finalement, l’éventualité que cet ailleurs disparaisse : soit que
les pays émergents imposent leur propre culture, soit plus probablement que triomphent, dans une
économie artistique mondialisée, un métissage et une hybridation qui restent à interroger.
introduction
I. Comment et pourquoi l'ailleurs dans l'art
Enfin, questionner l’acculturation des arts exotiques incite à l’étude économique de la production
et des voies commerciales, autant que les premières conditions d’expositions. Des préoccupations
récentes montrent l’actualité de cette question : une incompréhension relative, que reflètent les
débats sur la muséographie ; l’intégration par l’Occident de thèmes et de motifs qui lui sont
évidemment étrangers, par exemple dans des architectures spécifiques
1. Les expositions universelles ou coloniales et la perception de l'ailleurs
Quelques expositions du XIXème siècle
Première exposition universelle à Londres en 1851. A l'origine, il s'agit de montrer les réalisations,
surtout industrielles, des pays participants. Ainsi, en 1851, ce sera le Crystal Palace. Ensuite, les
expositions intègreront les Beaux-arts ou des créations architecturales, Tour Eiffel en 1889, Grand
Palais en 1900, Palais de Chaillot en 1937, pour ce qui est de Paris.
Certaines expositions s'ouvrent aux contrées lointaines, en particulier à l'époque de l'expansion
coloniale, ce seront les expositions coloniales
Henri GERVEX (1852-1929), Distribution des récompenses à l’Exposition universelle de 1889,
huile sur toile, 615 x 982, 1897, Musée du château de Versailles
C'est un des moments importants de l’Exposition, celui où le président de la République, Sadi
Carnot, remet dans la grande nef du Palais de l’Industrie les récompenses obtenues par les
exposants des colonies françaises. Sous ses yeux défilent les délégations, en un cortège pittoresque
et plein d’exotisme (des tentes kabyles et des pagodes tonkinoises avaient aussi été exposées sur
l’esplanade des Invalides). 3000 exposants coloniaux dans des tentes kabyles, au pied de pagodes
tonkinoises, sur l'esplanade des Invalides.
http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?m=expositions universelles&d=1&i=219
L'exposition des arts décoratifs de 1925
Les années 20 sont propices à la découverte des autres civilisations et l'Afrique joue un rôle
important
Legrain, mobilier
L'exposition coloniale de 1931
Cette exposition eut un succès énorme, attira 8 millions de visiteurs, pour un, tour du monde en une
journée dans la « France de 100 millions d'habitants »
2. Des voyageurs aux touristes
- Le temps du « Grand Tour » et des cabinets de curiosité, l'ailleurs dans l'Europe des
Lumières
La notion de tourisme est assez ancienne, elle remonte au « Grand Tour » que se devaient de faire
les aristocrates anglais au XVIIIème siècle, lorsqu'ils terminaient leurs études ; leur destination
favorite était l'Italie. Ils ramenaient quelques objets archéologiques qui décoraient leurs « cabinets
de curiosités », ancêtres des musées, créés dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Ici,
l'ailleurs est autant historique que géographique.
On peut remonter bien sûr en amont, aux voyageurs du Moyen-âge et de la Renaissance, nous le
verrons pour chacune des grandes civilisations qui ont fasciné l'Occident;
Explorations, sociétés de géographie au XIXè siècle
Le XIXème siècle est l'âge des explorations, favorisées par le développement des transports, il
devient plus facile d'atteindre des ports lointains. Cependant, ensuite, il faut des années pour mener
à bien les différentes explorations.
Quelques exemples : René Caillé et Tombouctou, Livingstone en Afrique australe
On ramène des masques, des sculptures, on dessine (voir la Description de l'Egypte de l'expédition
de Bonaparte, les gravures des voyageurs anglais en Asie, etc.) ; on raconte ses voyages dans des
conférences devant les sociétés de géographie (National geographic society, fondée en 1888), on
écrit dans des revues de voyages (Le tour du monde 1857)
La croisière jaune, la croisière noire, Tristes Tropiques, les navigateurs, les voyageurs du XX ème
Au XXème siècle on lance des explorations qui sont aussi des parcours sportifs comme la croisière
noire ou la croisière jaune, on se passionne pour les navigateurs solitaires, les pionniers de
l'aviation. On commence à avoir un regard différent sur les autres cultures, comme Lévi-Strauss
dans Tristes Tropiques.
Tourisme de masse et ailleurs
Les années d'après guerre marquent le début du tourisme de masse, qui permet la Méditerranée et
ses civilisations, puis, à partir des années 70 les autres continents grâce à la baisse du prix des
transports aériens. A côté d'une découverte réelle de l'ailleurs, et d'échanges d'influences culturelles,
un certain tourisme de masse se développe à la fin du XXème siècle autour du concept de « resort »,
qui est la négation même de la recherche de l'ailleurs. Retour au point de départ ?
3. Des musées ethnographiques au Musée du Quai Branly
Muséographies anciennes
Exposition industrielle de Berlin, 1896
http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?m=expositions universelles&d=1&i=970
Vingt-cinq ans après la proclamation de l’Empire allemand, l’Exposition industrielle de Berlin de
1896 a pour dessein de montrer la richesse du pays et ses progrès industriels et économiques de
manière à renforcer l’unification de l’Allemagne et la place politique de Berlin. La présence d’une
galerie coloniale au sein de cette exposition dévoile alors la nouvelle place accordée à l’expansion
coloniale dans l’entreprise de développement de l’Empire allemand. Resté jusqu’alors en marge de
la colonisation, l’Empire allemand relance en effet l’effort colonial pour consolider et augmenter
son statut à l’étranger ; Herzog Johann Albrecht de Mecklenburg est l’une des personnalités qui
s’emploie à soutenir cette nouvelle politique étrangère.
Les polémiques lors de la création du Quai Branly
Le musée du Quai Branly correspond à une vision différentes des cultures des peuples premiers,
d'où tout pittoresque est évacué, pour ne considérer que leur valeur artistique.
Des perceptions différentes, l'affaire des têtes Maories
Museum de Rouen, musée de l'Homme
Une muséographie du XIXème siècle, le Museum d'Histoire Naturelle de Rouen
Parcours cabinet de curiosités au Museum de Rouen
http://eculturel.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/parcours_cabinet_curiosites.pdf