Comité de lecture Lire au Jardin Interview d`Alain Baraton
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Comité de lecture Lire au Jardin Interview d`Alain Baraton
Comité de lecture Lire au Jardin Interview d’Alain Baraton Chef du service des jardins de Trianon et de Marly Vous sortez à l’instant du comité de lecture qui vient de sélectionner les ouvrages en compétition pour le Prix du livre Versailles Lire au jardin. Tout s’est bien passé ? Alain Baraton : Les discussions entre nous ont été plus simples, plus rapides que l’an dernier. Les choix se sont dégagés plus facilement. C’est une bonne année. Un peu moins riche que 2012, peutêtre, mais qui comporte de très bons ouvrages. Les auteurs écrivent mieux. Ils donnent plus de place aux questions d’écologie, de protection de l’environnement, aux conseils pratiques, ils ont un vrai respect du végétal. Ils se préoccupent aussi des animaux. C’est surtout dans les livres pour enfants qu’on retrouve tous ces éléments. Vous avez l’air sensible à la qualité d’écriture des textes… Les gens qui écrivent des livres consacrés aux jardins sont de vrais auteurs ! Certains ont un style remarquable qui rend leur discours accessible, captivant… De cette façon, ils créent des ouvrages qui intéressent un public varié, composé de lecteurs qui ne sont pas forcément des passionnés de jardin. On assiste à la naissance d’un nouveau type de littérature. Quelle sont les tendances dans la catégorie « Graine de jardin », qui récompensera les ouvrages jeunesse ? Pour les enfants, on a beaucoup de titres et pour tous les goûts. Les livres d’aujourd’hui sont modernes ! Enfin on sort les jeunes lecteurs de l’ambiance enfantine et merveilleuse où on les a longtemps cantonnés. Le texte fonctionne avec des symboles, des graphismes explicatifs. On a des pages qui se déplient, qui animent le livre. Il y a de l’humour, des jeux sur les mots. Finalement on est plus proche de Prévert que de Walt Disney. Les dessins sont réalisés par des artistes de talent… la qualité de l’illustration est essentielle pour que l’enfant entre dans le monde du jardin. Dans la catégorie « « Jardin pratique » qui regroupe les livres de conseils, qu’avez-vous remarqué ? Comité de lecture Lire au Jardin Interview d’Alain Baraton Chef du service des jardins de Trianon et de Marly Il y a de l’écologie à toutes les pages ! Et puis le temps des dessins et des schémas ennuyeux est révolu. Maintenant les gestes du jardinage sont photographiés et commentés étape par étape. Et au lieu de prendre le lecteur pour un imbécile en lui expliquant ce qu’est un sécateur, ont lui apprend plutôt à bien utiliser un sécateur. Et pour les romans, les essais et les beaux livres dans la catégorie « Esprit de Jardin » ? On assiste à quelque chose d’étonnant. Le jardin devient un monde sans limites où on aborde des questions touchant à l’Homme, à la société, à la littérature. Ce n’est plus seulement un lieu de plaisir et de détente. C’est aussi une nécessité fondamentale, un moteur d’art de vivre, quelque chose qui a une influence sur la psychologie et la santé. Vous êtes donc un juré totalement satisfait… Juste un regret… Dans tout ce que nous avons lu, l’arbre n’est pas encore assez présent. Il y a un vrai manque. Qui peut d’ailleurs s’expliquer. L’arbre est encore vécu comme un élément incontrôlable, un monument intouchable. Avez-vous un chouchou dans la sélection ? Oui… je ne peux pas donner le titre, mais dans la catégorie « Esprit de Jardin », il y a un ouvrage qui se détache nettement. Beau, intelligent… une merveille. Vous êtes jardinier mais aussi auteur. Quel conseil donneriez-vous à ceux qui vont envoyer leur poème ou leur proverbe pour être sélectionnés dans le jury du Prix ? Je leur conseille de rester eux-mêmes et d’exprimer leurs vrais sentiments. Ça ne sert à rien d’essayer de faire du Baudelaire ou du Victor Hugo. L’écriture, c’est comme l’apprentissage de la cuisine ou du jardin. En pratiquant, on trouve son style, on évolue. Quand je relis mes anciens livres, j’ai envie de les refaire pour les améliorer. Pareil pour mes chroniques sur France Inter. En travaillant sur vos poèmes, vos proverbes, soyez celle ou celui que vous êtes au moment où vous écrivez !