Mme BIANCHI / Collège Paul Eluard

Transcription

Mme BIANCHI / Collège Paul Eluard
Mme BIANCHI / Collège Paul Eluard
Séquence 1 : Leçons de poésie... écoutons les poètes
Le Lombric
Bien placés bien choisis…
(conseils à un jeune poète de douze ans)
Quelques mots font une poésie
Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
Pour écrire un poème
Etirant ses anneaux au sein des mottes molles
Bien placés bien choisis
Les mots il suffit qu’on les aime
Le lombric se réveille et baille sous le sol,
On sait pas toujours ce qu’on dit
Il les mâche, digère et fore avec conscience.
Lorsque naît la poésie
Faut ensuite rechercher le thème
Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
Pour intituler le poème
Comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
En écrivant la poésie
De son corps. Aérée, elle reprend confiance.
Un poème
Le poète vois-tu, est comme un vers de terre
Mais d’autres fois on pleure on rit
Il le connaît. Il meurt, La terre prend l’obole
Ça a toujours kékchose d’extrême
-Le secret d’un poème ?
L’instant fatal, Raymond Queneau.
Des mots qui font rêver
Qu’on retient et qu’on aime…
–
–
Sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes.
Jacques Roubaud, Les Animaux de tout le monde, 1990.
Se souvenir, rêver,
La chenille
Où les hommes récoltent les denrées langagières ;
Mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
Mais comment les trouver ?
Aimer surtout soi-même.
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Jean Malaplate, in La Poésie des poètes, 1996.
Le travail mène à la richesse.
La méduse
Méduses, malheureuses têtes
Pauvres poètes, travaillons !
Aux chevelures violettes
Devient le riche papillon.
Et je m’y plais comme vous faites.
La chenille en peinant sans cesse
« Le Bestiaire ou le Cortège d’Orphée » dans Alcools de Guillaume Apollinaire
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Mme BIANCHI / Collège Paul Eluard
J’ai vu le menuisier
J’ai vu le menuisier
J’ai vu le menuisier
Tu chantais menuisier
Comparer plusieurs branches.
En assemblant l’armoire.
J’ai vu le menuisier
Je garde ton image
J’ai vu le menuisier
Moi, j’assemble des mots
Approcher le rabot.
Et c’est un peu pareil.
Tirer parti du bois.
Donner la juste forme.
Caresser la plus belle.
Avec l’odeur du bois.
Eugène Guillevic, Terre à bonheur, 1952.
Littérature
Je voudrais aujourd'hui écrire de beaux vers
Ainsi que j'en lisais quand j'étais à l'école
Ça me mettait parfois les rêves à l'envers
Il est possible aussi que je sois un peu folle
Mais compter tous ces mots accoupler ces syllabes
Me paraît un travail fastidieux de fourmi
J'y perdrais mon latin mon chinois mon arabe
Et même le sommeil mon serviable ami
J'écrirai donc comme je parle et puis tant pis
Si quelque grammairien surgi de sa pénombre
Voulait me condamner avec hargne et dépit
Il est autre science où je peux le confondre.
Mme BIANCHI / Collège Paul Eluard