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237 Le Machrek (le « Levant » en arabe) est l’appellation fréquemment utilisée pour désigner les pays du Proche-Orient ou du Moyen-Orient. Le Liban, dont la langue officielle est l’arabe et qui a été sous mandat français (1920-1943, donné par la Société des Nations), participe aux Sommets de la Francophonie ; il comporte une minorité francophone très active dans le domaine culturel, particulièrement dans le secteur littéraire (Georges Schéhadé a été le premier Grand Prix de la francophonie). L’Egypte, dont la langue officielle est l’arabe, participe aux Sommets de la Francophonie ; bien que le pourcentage de francophones n’y soit plus très élevé, l’influence du français reste tout de même appréciable, notamment dans l’enseignement et les médias. En Israël, Etat dont la fondation remonte à 1948, l’hébreu est langue officielle ; ce pays ne fait pas partie de la Francophonie, mais l’usage du français y occupe une bonne place, surtout dans le milieu politique ou universitaire. Il y existe une radio française. La francophonie relève du militantisme dans les Territoires Palestiniens, comme en témoigne l’action du centre culturel de Ramallah. Il n’empêche que c’est un roman qui porte le nom du pays qui a obtenu le Prix des Cinq continents de la Francophonie en 2008. » La Syrie, autrefois également sous mandat français (donné par la Société des Nations), ne fait pas partie de la Francophonie institutionnelle, mais le français continue d’y exercer une influence certaine. En Iran, le français fut longtemps la principale langue de culture avec un quotidien (Le Journal de Téhéran), des institutions d’enseignement de langue française et plusieurs écrivains francophones. La révolution islamique a changé la situation. ON PEUT CONSULTER BARON X., Les Palestiniens, genèse d’une nation, Paris, Le Seuil, 2000. CORM Georges, Le Liban contemporain : histoire et société, Paris, La Découverte, 2003, 256 p. Dictionnaire de la civilisation musulmane, Paris, Larousse, 1995. LAMLOUM Olfa, Al-Jazira, miroir rebelle et ambigu du monde arabe, Paris, La Découverte, 2004, 143 p. SOULAVILLE P., Le Moyen-Orient arabe : le milieu et l’homme, Paris, A. Colin, 2000. L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 PROCHE-ORIENT 238 PROCHE-ORIENT Egypte Liban Palestine Israël Nom officiel République arabe d'Egypte République libanaise Territoires palestiniens Etat d'Israël Superficie km2 1.001.450 10.452 6.020 20.072 Capitale Le Caire Beyrouth Gaza/Jérusalem-Est Jérusalem Alexandrie, Port Saïd, Assouan Tripoli, Saïda, Tyr, Baalbek, Zahlé Gaza, Hébron, Jénine, Jéricho, Naplouse Tel-Aviv, Haïfa, Beer Sheva République République République Démocratie parlementaire Chef d'Etat depuis le Hosni Moubarak 14/10/81 Michel Sulayman 25/05/2008 Mahmoud Abbas 15/01/2005 Shimon Peres 15/07/07 Chef de gvt depuis le Ahmed Mohamed Nazif 9/07/04 Saad Hariri 9/11/09 Salam Fayyad 1/06/07 Binjamin Netanyahu 31/03/09 Statut à l'OIF depuis membre 1983 membre 1973 non membre - non membre - Langue(s) off. arabe arabe arabe hébreu / arabe 23 juillet 22 novembre 15 novembre 5 et 6 du mois d'Iyar Principales villes Régime Fête(s) nationale(s) POPULATION 78.866.635 4.017.095 4.019.126 7.233.701 Moins de 15 ans 33% 25,8% 40,85% 27,9% Plus de 65 ans 4,3% 7,2% 3,1% 9,9% Indice de fécondité 3,05 1,85 3,64 2,75 Mortalité infantile pour 1000 naissances 27,26 21,82 17,15 4,22 Espérance de vie 72 ans 74 ans 74 ans 81 ans Population urbaine 43% 87% 72% 92% 71,40% 87,40% 92,40% 97,10% Alphabétisation 70,18 35,6 59,84 131,34 Usagers internet Tél. mobile % hab. 14,47% 54,52% 8,86% 29,12% IDH (rang /182) 123 83 110 27 162,28 29,26 6,641 202,10 ECONOMIE PIB en Mds USD PIB par hab. USD L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 Monnaie valeur d'1 ¤ été 10 1.800 6.780 2.900 24.720 livre égyptienne livre libanaise nouveau shekel + dinar jordanien nouveau shekel 7,14 1,88 4,84 / 0,89 4,84 % croissance 4,70% 7% 7% 0,50% % inflation 10,10% 3,40% 9,90% 3,90% % chômage 9,70% 9,20% 40,6% (Gaza) - 19% (Cisjordanie) 7,40% Structure économique Agriculture Industrie Services 13,1% 37,7% 49,2% 5,1% 18,7% 76,2% 5% 14% 81% 2,6% 32% 65,4% Principaux clients Italie, Etats-Unis, Espagne, Inde Suisse, Émirats, Iraq Israël, Union européenne Etats-Unis, Belgique, Hong Kong Principaux fournisseurs Etats-Unis, Chine, Italie, Allemagne Etats-Unis, France, Chine Israël, Italie, Chine, Etats-Unis, Jordanie Etats-Unis, Belgique, Chine, Suisse www.presidency.gov.eg www.presidency.gov.lb www.pnic.gov.ps www.mfa.gov.il Site officiel Sources : Organisation internationale de la Francophonie, The World Fact Book 2010, Ministère français des Affaires étrangères, Données des Nations-Unies, L’Observateur de l’OCDE, Atlaseco, PNUD, www.populationdata.net et www.xe.com 239 EGYPTE Ghada EL KHAYAT Professeur à l’Université d’Alexandrie, Egypte [email protected] Les prochaines élections législatives et présidentielles sont les deux sujets qui occupent la vie politique égyptienne cette année. La situation économique au pays est affectée par la crise mondiale. Cependant, l’augmentation des investissements publics a permis de compenser, en partie, le déclin des investissements privés. Parmi les secteurs les plus dynamiques figurent les industries extractives, les technologies de l’information et de la communication, la construction et le commerce de gros et de détail. Par ailleurs, les célébrations du jubilé de la télévision égyptienne s’étendent pour couvrir une période de 12 mois, avec des programmes hebdomadaires diffusés sur les différentes chaînes, sous le slogan « 50 ans de la télévision ». La collaboration scientifique entre l’Egypte et la France est concrétisée par des activités et des événements scientifiques dans le cadre de l’année franco-égyptienne des sciences et de la technologie. Le troisième mandat de M. El Baradei comme directeur général à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a expiré le 30 novembre 2009. Depuis, il a vécu à Vienne, où l’AIEA est installée. En janvier 2010, il a annoncé dans une interview qu’après avoir développé sa carrière à l’AIEA, il aura son avenir dans la politique égyptienne. Le retour de M. El Baradei a suscité un peu plus qu’une réaction ambivalente du public égyptien. El Baradei est arrivé à l’aéroport international du Caire le 19 février 2010. Les services de sécurité égyptiennes ont tenté de convaincre Mohamed El Baradei (photo lcc Harad Dettenbord) En Egypte, le décompte a officiellement commencé: élections législatives de 2010, ouvrant la voie à l’élection présidentielle en 2011. Mais la vie politique, notamment l’opposition, souffre de plusieurs maux ; spécialement ceux qui luttent pour un changement. Sur le plan institutionnel, aucune coalition ne semble tenir ses membres d’origine pendant plus de six mois. Les mouvements populaires perdent leur élan presque instantanément. Les partis politiques de l’opposition sont soit trop insignifiants pour faire une différence soit plombés par des conflits internes entre hommes politiques soucieux de leur part d’un gâteau imaginaire. Même les Frères Musulmans, dont la structure est forte et solide perdent de plus en plus la place qu’ils occupaient dans la vie politique. Sur le plan individuel, il n’y a qu’une seule personne charismatique qui jouit de l’approbation d’un important nombre de personnes, au moins dans les milieux de politiciens et de journalistes qui suivent de près la scène politique Egyptienne, c’est Mohamed El Baradei lauréat du Prix Nobel de la paix. Il s’agit d’un profil différent des politiciens de l’opposition égyptienne qui a su attirer une masse importante. C’est pourquoi il est surprenant que de nombreux politiciens de l’opposition se soient opposés à son émergence sur la scène politique de la même façon que le gouvernement. EGYPTE GEOGRAPHIE Désert coupé par la plaine et le delta du Nil, surpeuplés. 3 % des terres sont cultivées. Hydro-électricité (barrage d’Assouan), pétrole et gaz naturel. HISTOIRE 1805-1849 Règne de Mohamed Ali, fondateur de l’Egypte moderne. 1859-1869 Construction du canal de Suez par Ferdinand de Lesseps. 1936 Indépendance. 1952 (23 juillet) Le roi Farouk détrôné. Nasser chef de l’Etat. 1953 Proclamation de la République. 1956 Nationalisation du canal de Suez ; réaction militaire tripartite (Grande-Bretagne, France, Israël). 1967 (5-10 juin) Guerre des Six-Jours. 1970 Décès de Nasser. Anouar al-Sadate lui succède. 1973 (2-22 oct.) Guerre contre Israël. 1977 Visite de Sadate à la Knesset. 1979 Traité de paix avec Israël. L’Egypte au ban des pays arabes. 1981 Assassinat de Sadate. Hosni Moubarak lui succède. 1982 L’Egypte récupère le Sinaï. 1989 Retour dans la Ligue arabe. L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 POLITIQUE 240 PROCHE-ORIENT M. El Baradei, pour éviter la foule, de passer par le salon VIP, mais il a refusé. La taille de la foule l’empêchait de quitter dans le hall de l’aéroport. Il a dû sortir par un autre terminal. L’enthousiasme pour la campagne de M. El Baradei a dépassé les attentes. Le « Projet Présidentiel de M. El Baradei » bénéficie d’un site web officiel et d’un groupe facebook de plus de 60 000 membres. Mais combien de ces appuyeurs électroniques seraient en fait motivés pour assister M. El Baradei dans sa course présidentielle ? En Egypte, nous avons un grand écart entre la vie virtuelle et la réalité. Beaucoup de gens participent à la circulation des nouvelles sur l’Internet, mais la majorité d’entre eux ont très peu de contact avec ce qui se passent dans les rues égyptiennes. Si El Baradei décide de poursuivre une course à la présidence, il profitera de l’appétit pour le changement en Egypte, après près de trois décennies de Moubarak. La question maintenant est de savoir s’il peut lutter contre les obstacles. Et il n’en manque pas. Les chances sont encore massivement contre El Baradei d’arracher le pouvoir. Car il doit surmonter un certain nombre de défis de taille: le pouvoir cœrcitif et les restrictions juridiques soulevées par le régime, la nature fragmentée de l’opposition en Egypte et peut-être même sa propre ambivalence au sujet de jouer un rôle dans la vie publique égyptienne. devrait atteindre 7,5 % du PIB en 2009/10. L’inflation s’est élevée à 16,2 % en 2008/09, contre 11,7 % l’année précédente. Les cours internationaux se maintenant à un niveau plus faible, l’inflation devrait retomber à 13,2 % en 2009/10. Pour contrer les effets de la crise, le gouvernement a pris une série de mesures visant à soutenir la croissance. Les politiques budgétaire et monétaire ont permis de relancer l’activité, et des programmes ciblés ont amorti les effets de la crise sur les secteurs les plus exposés qui sont les manufactures, tourisme et commerce. La balance des paiements accuse un déficit pour la première fois depuis cinq ans en raison de L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 ECONOMIE L’économie égyptienne a ralenti en 2008/09, avec une croissance de 4,7 %, en baisse à cause de la crise mondiale. La consommation intérieure de produits finis a résisté et l’augmentation des investissements publics a permis de compenser, en partie, le déclin des investissements privés. Parmi les secteurs les plus dynamiques figurent les industries extractives, les technologies de l’information et de la communication, la construction et le commerce de gros et de détail. Toutefois, tous les domaines liés à l’international ont été affectés par la crise, particulièrement le tourisme, le canal de Suez et les fonds envoyés par les travailleurs émigrés. Les investissements directs étrangers ont baissé de 38,7 % en 2008/09. L’Égypte a bien supporté le choc, lors des premiers effets de la crise financière mondiale, grâce à son secteur bancaire réformé et en raison de sa faible intégration aux marchés financiers mondiaux. L’agence Moody’s a relevé en septembre 2009 la notation de la dette souveraine du pays, passée de la catégorie négatif à la catégorie stable. L’Égypte a progressé de dix rangs, elle se classe 106e sur 183 dans le rapport « Doing Business 2010 » de la Banque mondiale. Elle a également progressé de dix places dans le classement 2009/10 du « Global Competitiveness Report » du Forum économique mondial, se positionnant 70e sur 133 pays. Le déficit budgétaire global s’est stabilisé à 6,9 % du PIB en 2008/09, le même niveau que l’année précédente. On estime que le déficit Le film « Assal Eswed » raconte l’histoire de l’égyptien Sayed El Arabi qui a quitté l’Egypte pour les Etats-Unis. la baisse des rentrées de la balance courante, de la chute des envois de fonds par les travailleurs émigrés et du recul des investissements étrangers. L’impact de la crise économique mondiale commence à s’estomper et, avec l’amélioration des perspectives économiques globales, on s’attend à ce que le taux de croissance de l’économie égyptienne progresse, pour atteindre 5,4 % en 2009/10 et 6,1 % en 2010/11. Le déficit de la balance des paiements devrait diminuer. Parmi les grands défis figurent la montée du chômage, la baisse des investissements et les disparités de revenus. Plus de 40 % de la population est proche du seuil de pauvreté. Les maladies comme l’hépatite B et C nuisent fortement à l’amélioration de la santé et de la productivité, de même que l’éventualité d’une épidémie de grippe aviaire. 241 Le principal objectif de la réforme fiscale consiste à augmenter les recettes. Au cours de la dernière décennie, plusieurs réformes administratives et législatives ont permis de faire des progrès. Les efforts restent à poursuivre, pour alléger le fardeau de la réglementation fiscale et formaliser le secteur informel, sans perdre de vue l’impact social de nouvelles taxes envisagées, comme la taxe foncière ou une nouvelle taxe sur la valeur ajoutée. L’Égypte doit relever de nombreux défis : baisse de l’épargne, des investissements et des investissements directs étrangers, hausse du chômage, lutte contre la pauvreté, amélioration nécessaire des services de la santé et de l’éducation. Le tout, dans un contexte politique imprévisible, à l’approche des élections législatives et présidentielle de 2010 et 2011. Pendant un demi-siècle, la télévision a contribué à développer les valeurs et les principes, les traditions et les coutumes qui forment la personnalité égyptienne. Elle s’est affirmée comme un phare de lumière et un pont de la pensée et la culture dans un monde en constante évolution. Pour marquer le jubilé d’or, une nouvelle chaîne de télévision arabe sera lancée et diffusera du matériel en noir et blanc produit dans les 15 premières années suite au lancement de la télévision. Le but de cette chaîne est de rappeler aux téléspectateurs des chefs-d’œuvre de la télévision égyptienne. Sur les 80 000 bandes magnétiques portant ce patrimoine, 10 000 ont été restaurés, numérisés et sont prêts à diffuser. CULTURE Une année de recherche partagée entre France et Egypte SCIENCES Le président Sarkozy et le président Moubarak se sont félicités de l’organisation en 2010 de l’année franco-égyptienne des sciences et de la technologie, qui comprend plus de 60 événements en France et en Egypte. Six grands domaines scientifiques sont concernés : l’information et la communication, le développement durable (énergies renouvelables, eau, environnement, changement climatique et agriculture), l’espace, l’énergie nucléaire et les nouvelles technologies pour l’archéologie et la santé. L’année franco-égyptienne de la science a pour but de promouvoir la coopération entre les deux pays dans le domaine de la science et la technologie, d’étendre les liens entre les deux pays au niveaux de l’enseignement supérieur et les instituts de recherche et de créer des projets de recherche Méditerranéen dans le cadre de la coprésidence franco- égyptienne de l’Union pour la Méditerranée. } REFERENCES http://www.africaneconomicoutlook.org /fr/ countries/north-africa/egypt/ http://www.sis.gov.eg/vr/tvweb/eweb/link01.html http://www.elcinema.com/work/wk1313173/ http://globalvoicesonline.org/2010/03/01/egypt-elbaradie-has-arrived/ http://www.foreignpolicy.com/articles/2010/02/19/ egypts_reluctant_revolutionary http://yearofscience2010.org/ L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 Cette année, le film « Assal Eswed », voulant dire « Mélasse » en traduction française, a réalisé le maximum des revenus allant jusqu’à 24 millions de livres égyptiennes après huit semaines dans les cinémas. Le film raconte l’histoire de l’Egyptien Sayed El Arabi (le comédien Ahmed Helmy) qui a quitté l’Egypte et a immigré aux Etats-Unis avec ses parents à l’âge de dix ans. Vingt ans plus tard suite à la mort de ses parents, il décide de retourner en Egypte pour retrouver son pays natal. Il fait face à de différentes situations inattendues causées par la différence de cultures. Il utilise son passeport américain avec les différentes autorités et il reçoit toujours un bon traitement. Un jour, il perd son passeport américain et il utilise sa carte d’identité égyptienne. A sa grande surprise, il remarque une grande différence dans la façon dont tout le monde le traite. Il décide de se rebeller contre cette situation. Le film se déroule dans un cadre comique et soulève des questions importantes sur le niveau de service dont doivent jouir les citoyens dans leurs pays. La télévision égyptienne a commencé son activité le 21 juillet 1960. Aujourd’hui, 50 ans plus tard, elle s’est avéré être l’un des médias les plus efficaces et influents. Les célébrations du jubilé s’étendent pour couvrir une période de 12 mois, avec des programmes hebdomadaires diffusés sur les différentes chaînes, sous le slogan « 50 ans de la télévision ». Pour marquer l’événement, un timbre-poste et des pièces de monnaie seront émis. La télévision égyptienne a toujours été au cœur des événements. Comme l’un des médias importants, elle a exprimé les chagrins et les douleurs ainsi que les joies et les victoires de la population. La télévision égyptienne a par ailleurs réalisé des progrès importants. Quand elle a été lancée, la diffusion était de six heures par jour. Aujourd’hui, son temps total de diffusion quotidienne sur les différentes chaînes est de 490 heures. 242 PROCHE-ORIENT LIBAN Wassim MANSSOURI Président Manssouri and Associates Law Firm [email protected] L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 Depuis la fin de l’année 2009 et jusqu’en 2010, le Liban jouit d’une certaine stabilité dans sa vie politique. En effet, après l’élection du Président de la république et la tenue d’élections législatives en 2009, et malgré la difficulté de former un gouvernement à la suite de ces élections, la majorité a finalement nommé Saed Hariri comme chef du gouvernement. Celui-ci a réussi à former un gouvernement d’union nationale lequel a pu, jusqu’à aujourd’hui, surmonter les difficultés de gouvernance et doit faire face aux difficultés relatives à la situation régionale, à l’application de la résolution 1701 des Nations Unies et enfin au tribunal international. Union nationale Comme c’est le cas lors de la formation de chaque nouveau gouvernement, la difficulté est venue essentiellement de savoir s’il devait accepter ou non l’inclusion de tous les courants politiques. En effet, l’opposition a réclamé ce qu’on a appelé le tiers garant (le tiers des ministres plus un) afin de pouvoir le cas échéant prendre part aux décisions essentielles au sein de ce gouvernement, ce qui a engendré une problématique autour de l’accord ou le refus de Michel Suleiman, présila majorité à ce sujet. dent libanais Finalement, après une longue période d’attente, un gouvernement formé de 30 ministres dont quinze ministres pour la majorité et dix pour l’opposition a vu le jour. Ainsi, la majorité ne détient pas les deux tiers nécessaires au vote des sujets sensibles (tel qu’ils sont définis dans l’article 65 de la Constitution), et l’opposition non plus n’est pas représentée par onze ministres ce qui la prive du tiers garant. La solution est venue du fait que la part du Président de la république revient à cinq ministres, ce qui lui permet de jouer le rôle d’arbitre entre les deux parties. Ceci a redonné une certaine importance au rôle du Président de la république surtout après les difficultés que l’ancien Président Emile Lahoud a affrontées lorsqu’il a perdu la majorité parlementaire qui le supportait en 2005. Le plus difficile pour ce gouvernement a été la rédaction du rapport ministériel. Le sujet sensible concernait la légitimité des armes du Hezbollah, et la question se posait autour de l’inclusion ou non d’un article reconnaissant la résistance comme légitime, ce qui a finalement eu lieu, et qui a facilité la participation du Hezbollah dans le gouvernement. Ce nouveau gouvernement a réussi jusqu’à aujourd’hui à surmonter les difficultés et à se maintenir, et il lui reste à affronter de nouvelles difficultés que l’on précisera ci-dessous. Le climat régional Différentes circonstances régionales influencent la situation Libanaise : elles concernent aujourd’hui les sanctions imposées à l’Iran à cause de son programme de développement nucléaire, les relations avec la Syrie, les relations avec la Turquie après l’agression d’Israël sur la Flotte de la liberté. En ce qui concerne le sujet Iranien, il est évident qu’il affecte toute la région spécialement si les menaces d’attaques sur l’Iran persistent. Ceci peut avoir des répercussions sur la situation au Liban surtout au Sud et pourrait amener à des conflits entre le Liban et Israël. En ce qui concerne les relations avec la Syrie, l’année 2010 a vu une évolution sensible à la suite de plusieurs visites du premier ministre libanais à Damas. Ceci a été premièrement interprété positivement comme une rétraction aux accusations contre la Syrie de l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri, et deuxièmement, a permis la revue de nombreux accords entre les deux pays ce qui a ajusté les rapports entre les deux Etats. L’assassinat de Rafic Hariri reste au coeur des questions libanaises. (photo armée américaine) Finalement, l’agression israélienne sur la Flotte de la Liberté dans les eaux internationales au large de Gaza a abouti à une tension entre Israël et la Turquie. Le Liban participait à cette initiative et plusieurs Libanais se trouvaient parmi les blessés. Tout ceci a créé un climat régional tendu entre Israël d’une part, et l’Iran, la Syrie et la Turquie d’autre part et toute escalade peut avoir des 243 conséquences sur le Liban qui voit encore une partie de son territoire occupée par Israël. Résolution 1701 du Conseil de sécurité La résolution 1701 a mis fin à l’agression Israélienne de 2006 sur le Liban, qui a engendré plus d’un millier de victimes civiles, des milliers de blessés ainsi que près d’un million de déplacés. Cette résolution a aussi augmenté les forces de la FINUL pour atteindre les 15 000 soldats. Les forces de la FINUL sont présentes au Liban depuis l’année 1978 (par les résolutions 425 et 426) et la population libanaise est habituée à leur présence. Toutefois, l’application de la résolution 1701 reste difficile avec la violation quasi-quotidienne par Israël de l’espace aérien et maritime du Liban. De plus, quelques accrochages entre la population et les forces de la FINUL ont eu lieu dernièrement. Le 7 juillet 2010, des rencontres intensives entre le chef des forces des Nations Unis, les responsables Libanais et la population ont ramené de nouveau la stabilité dans ces relations. Le tribunal spécial pour le Liban Le sujet du tribunal spécial pour le Liban reste un sujet sensible sur le plan interne. Malgré l’accord de tous les partis politiques libanais autour de la formation de ce tribunal, des fuites médiatiques aussi bien au Liban qu’à l’extérieur pointent un doigt accusateur sur des personnes proches du Hezbollah. De plus, le président du tribunal international a affirmé lors d’une interview que l’acte d’accusation sera présenté vers la fin de l’année 2010. Tout ceci remet le tribunal à l’ordre du jour, surtout que depuis l’assassinat du premier ministre Hariri, les accusations portaient vers l’extérieur et non vers une quelconque implication Libanaise. LIBAN GEOGRAPHIE Pays méditerranéen constitué d’une étroite plaine côtière et d’une autre à l’est (la Bekaa) insérée entre deux chaînes de montagnes (le mont Liban et l’Anti-Liban), plantées d’arbres fruitiers et du fameux cèdre, emblème national. HISTOIRE XVIe-XIXe s. Domination ottomane. 1920 La Syrie et le Liban sous mandat français (traité de Sèvres). 1926 Constitution libanaise (président chrétien maronite ; chef de gouvernement musulman sunnite ; président de la Chambre musulman chiite). 1943 Indépendance. 1975 Début de la guerre après l’arrivée massive de Palestiniens (1970). La Syrie occupe le Liban (1976), Israël occupe le Sud-Liban (1978). Troubles jusqu’en 1990 ; destruction du pays. 1989 Révision de l’équilibre institutionnel en faveur des musulmans et de la Syrie (accords de Taef). 1992 Rafic Hariri premier ministre. 1996 Elections législatives. 1998 Election présidentielle : Emile Lahoud nouveau chef d’Etat. 2000 Retour au pouvoir de Hariri après sa victoire aux législatives. 2002 (18-20 oct.) Beyrouth accueille le IXe Sommet de la Francophonie. L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 Sarcophage anthropoïde féminin en marbre blanc, v. 400 av. J.-C. Trouvé dans la nécropole de Magharat Tabloun à Saïda (ancienne Sidon), au Liban. Ainsi, et malgré le fait que les proches de Hariri éloignent l’idée d’une implication du Hezbollah en tant que parti dans l’assassinat, ces fuites médiatiques répétées mènent à des réactions de plusieurs responsables politiques mettant en doute l’impartialité du tribunal. S’ajoute à cela le démantèlement d’un certain nombre de réseaux d’espionnage Israéliens et le dernier en date implique un responsable d’une des sociétés de téléphonies cellulaires libanaises. Si on considère qu’une partie de l’investigation est basée sur des écoutes téléphoniques, il serait alors possible de revoir les accusations en question. Dans tous les cas, il faudra attendre l’acte d’accusation avant de spéculer sachant que le tribunal insiste toujours sur son impartialité. Finalement, nous pouvons considérer la situation libanaise comme stable malgré tout ce que l’on vient de décrire. Il est important de noter que le Liban a dernièrement réussi à surmonter la crise économique mondiale, encore plus, la situation économique et politique reste généralement positive et on espère que cette stabilité persistera au pays du Cèdre. Même l’incident de frontière israëlo-libanais, survenu début août 2010, et qui a coûté la vie à quatre personnes, a été relativisé par les deux parties, bien que le président Souleiman ait annoncé à cette occasion un plan de renforcement de l’armée nationale. } 244 PROCHE-ORIENT ISRAEL L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 Eliezer BEN-RAFAËL Université de Tel-Aviv [email protected] Israël 2010 : L’AIU a 150 ans Dans les numéros précédents de l’AFI, nous avons présenté divers aspects des contours de la francophonie contemporaine israélienne. Nous nous attachons ici à un tour d’horizon des établissements scolaires à vocation francophone à l’œuvre dans ce pays. Car le fait marquant de cette année 2010-2011 pour la francophonie israélienne est certainement le 150e anniversaire de l’Alliance Israélite universelle (AIU - en hébreu sous une formule biblique, Kol Israel Haverim ou Tout Israël Solidaire).L’AIU est une société juive internationale dont les buts sont culturels, politiques et surtout éducatifs. Elle fut fondée en 1860 en réaction à des événements antisémites sanglants à Damas en 1840, et à la conversion forcée au christianisme de l’enfant juif Edgard de Mortara par la volonté du Pape Pie IX, en 1858. A partir de 1863, l’AIU est présidée par Adolphe Crémieux, homme d’Etat juif français, profondément impliqué dans les affaires de sa communauté et qui impulsera à l’organisation toute son énergie.La vocation de l’AIU est de soutenir les Juifs de par le monde, contre l’antisémitisme grâce à un fond de soutien, une action sociale et des supports légaux. L’organisation n’hésite pas à s’adresser aux dirigeants des nations au noms de Juifs persécutés. Le principal objectif de l’AIU est le développement d’un réseau scolaire qui va couvrir le bassin méditerranéen, les Balkans et plusieurs pays de l’est européen – il pénétrera même l’Amérique latine. Ce réseau diffuse un enseignement qui allie culture juive, culture française et éléments de modernité et de laïcité. Institution qui se réfère tout d’abord au monde juif, l’AIU coopère avec des organismes parallèles qui se sont formé dans d’autres pays et visent des buts convergents tels l’American Jewish Committee, fondé en 1906, et l’Anglo-Jewish Association. Porteur du français comme langue d’enseignement et agent de premier ordre de la culture française, l’AIU bénéficie bientôt du soutien des autorités françaises (dans les années 1920) qui voient en elle un puissant facteur de la progression de la francophonie dans le monde. Partout son œuvre promeut des élites baignées de la langue et la culture françaises, porteurs de connaissances historiques et religieuses juives et qui, en outre, se voient partie prenante de la modernité occidentale. L’AIU compte au départ près de mille membres , pour la plupart en France, mais également dans de nombreux autres pays européens (Allemagne, Autriche, Angleterre, Italie, Suisse, Hollande, Espagne). Son œuvre s’étend en Amérique latine mais c’est surtout vers le pourtour méditerranéen que l’AIU centre ses efforts. Les écoles de l’AIU sont rapidement présentes en pays musulman - Afrique du Nord et Moyen-Orient. Ces écoles qui se focalisent sur la population juive accueillent de nombreux non-juifs. A la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, l’AIU possède une centaine d’écoles et 50 000 élèves – pour la plupart dans le monde arabo-musulman. La première école, celle de Tétouan dans le nord du Maroc, fut inaugurée en 1862. La deuxième, dans la même ville, ouvrit ses portes en 1864 et était, cette fois, une première école de filles, marquant une attitude moderniste pour l’époque. L’AIU crée par la suite des écoles de plus en plus nombreuses dans un espace qui va en s’élargissant, jusqu’à atteindre la Palestine. L’AIU fut particulièrement dynamique dans les années 1920s. L’Alliance qui aspirait depuis ses débuts à l’intégration des Juifs dans leurs sociétés de résidence a longtemps été réticente à l’égard du projet sioniste; les sionistes qui aspiraient à l’établissement d’un Etat dans leur patrie originale fondé sur un renouveau de la culture hébraïque, ne partageaient pas son aspiration et étaient réticents face à son militantisme francophone. Il reste que très tôt, dès 1870, l’AIU fonda l’école agricole de Mikvé Yisrael en Palestine qui devint un pivot de l’effort d’installation de colons juifs dans le pays. Peu après, l’AIU ouvrait une seconde école à Jérusalem qui tout en enseignant en français soutenait la renaissance de l’hébreu, et une autre à Yaffo. D’autres écoles suivirent à Tibériade, Safed et Haïfa qui se fondirent plupart dans le système scolaire israélien. Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’AIU avait accueilli avec faveur la déclaration Balfour britannique instituant un ‘foyer national juif ‘en Palestine. Cependant, il faudra attendre la Deuxième Guerre Mondiale pour voir converger l’AIU vers le mouvement sioniste d’une manière définitive. L’AIU est alors plus déterminée que jamais de soutenir des projets visant à reconstituer des communautés juives en Europe et, dans un même élan de soutenir la création d’un état juif en Palestine. Après la création d’Israël, en 1948, l’Alliance ouvre des écoles à Jérusalem, Haïfa, Tibériade et Tel-Aviv, ainsi qu’une école pour sourdsmuets à Jérusalem. En 1950, ces écoles et MikvéYisrael passent sous la responsabilité du ministère de l’éducation israélien et la langue d’enseignement est l’hébreu – tout en donnant une place importante à l’acquisition du français. L’Alliance poursuit le financement de ces institutions et maintien avec elles des relations privilégiées. - Ecole d’agriculture fondée en 1870 et lycée franco-israélien Mikvé Yisrael, à l’est de Jaffa - Lycée municipal A.I.U. Edmond de Rothschild, fondé en 1884, Haïfa - Lycée municipal A.I.U. Edmond-Maurice-Edmond de Rothschild, créé en 1958, Tel-Aviv - Lycée municipal A.I.U. René Cassin, créé en 1971, Jérusalem - Lycée municipal A.I.U. Jules Braunschvig Massorati, depuis 1995, Jérusalem - Ecole alliance des sourds-muets, fondée en 1930, Jérusalem A Mikvé Yisrael, l’école-mère du réseau AIU, un lycée franco-israélien au nom de Raymond Leven fut créé en 2007 sous l’initiative conjointe des gouvernements français et israélien. Il compte aujourd’hui 210 élèves de la cinquième à la terminale répartis dans deux filières, l’une où la langue d’enseignement est l’hébreu, et l’autre, le français. Jusqu’à aujourd’hui, le réseau de l’Alliance en Israël est connu par la qualité de son enseignement. Ses écoles allient un souci d’excellence à une sensibilité pluraliste dans l’enseignement du judaïsme. En outre, son credo essentiel est d’assurer une formation biculturelle en garantissant un enseignement du français et de la civilisation française dans le programme scolaire. Ces écoles n’ignorent pas l’importance de l’anglais dans le pays et lui donnent une place importante, mais à l’encontre du reste du système scolaire israélien, ces établissements AIU exigent, dans toutes les filières d’études, une égalité de la somme des heures consacrées à l’anglais avec celles de l’enseignement français. Les écoles de l’AIU sont fort actives dans l’accueil d’enfants d’immigrants. Elles soutiennent traditionnellement des programmes à l’intention de milieux défavorisés. L’AIU représente l’impact que peut avoir une institution diasporique sur la francophonie juive en Israël. En parallèle à son action, un certain nombre d’autres institutions francophone juives œuvrent dans un même sens. On signale le Lycée Thorani (biblique) de Kfar Maïmon, par exemple, qui est un lycée pour garçons de l’étranger à tendance religieuse dont les programmes sont homologués par l’Education Nationale française. Ce lycée met l’accent sur la réussite au baccalauréat français tout en promouvant par des activités culturelles et sociales, l’intégration des jeunes dans la culture israélienne et l’hébreu. Les effectifs des classes vont de 8 à 15 élèves et selon leur situation familiale, ils peuvent bénéficier de bourses permettant de couvrir leurs frais. Le Collège français Marc Chagall de Tel Aviv, un autre établissement, accueille les enfants de 3 à 11 ans. Le collège suit le programme français et en 2010, il compte 124 élèves de 17 nationalités. Le lycée Havat Hanoar Hatsioni (Ferme de la jeunesse sioniste) de Jérusalem qui prépare au baccalauréat Français. Homologué de la seconde à la terminale, il propose à de jeunes francophones un enseignement en français dans un cadre rural. Les enseignants se conforment au programme de l’Education Nationale et sont placés sous l’administration de l’académie de Lyon. Plusieurs filières sont offertes et il compte un internat laïque doublé d’un internat d’orientation traditionale. A ces institutions juives initiées de la diaspora pour la plupart, s’ajoutent celles œuvrant dans la population israélienne non-juive. De ce point de vue, il faut avant tout citer les deux écoles chrétiennes de Jaffa et Jérusalem. Le Collège des Frères de Jaffa existe depuis 1882 et il fut créé par des Lassaliens venus de France. Il fait partie des établissements des Frères des écoles chrétiennes. L’école accueille 700 élèves, depuis la maternelle jusqu’en terminale, garçons et filles. Originalement tournée vers la communauté arabo-chrétienne de Jaffa, cette école accepte aussi depuis longtemps, des Juifs et des Musulmans. Une bonne partie des cours se fait en français et les élèves accèdent à une compétence linguistique remarquable, tout en acquérant également l’hébreu et l’anglais. L’Ecole Chrétienne des Frères à Jérusalem, créée en 1876, a connu un parcours différent. Situé dans la vieille ville sur un terrain accordé par le Patriarcat Latin, cet établissement compte en 1948 plus de 1.000 élèves. Ces élèves reçoivent un enseignement en trois langues : français, anglais et arabe. Depuis 1968, il suit le programme du Ministère de l’Education palestinien. Une nouvelle annexe hors des murs de la vieille Jérusalem fonctionne depuis 2000 avec l’assentiment du Gouvernement israélien et compte 600 élèves en 2010. En outre, le Lycée français de Jérusalem occupe ici une place privilégiée. Il fonctionne dans des locaux loués à la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition. Le Couvent dont le lycée utilise une partie des bâtiments fut construit entre 1887 et 1930. Les sœurs de Saint Joseph qui avaient au début des années 1880 ouvert une école dans la vieille ville ont poursuivi leur activité dans le couvent jusqu’à la seconde guerre mondiale. Un hôpital a ensuite occupé les locaux pendant plusieurs années avant que « l’Ecole française », devenue depuis Lycée, ne s’y installe en 1967. Limité d’abord à une école primaire, l’école accueille aujourd’hui un peu plus de deux cents élèves, répartis de la maternelle à la terminale. Elle appartient au réseau de l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Etranger. Cette Agence pour l’enseignement français à l’étranger est un établissement public national, placé sous la tutelle des ministres chargés des affaires étrangères et de la coopération. Il a pour objet de veiller, au nom de l’État français, au bon fonctionnement des établissements scolaires français situés à l’étranger appartenant à l’État (écoles publiques) ou ayant conclu une convention (écoles privées sous contrat). De cette agence dépendent des centaines d’établissements dans 125 pays. Comme eux, le lycée de Jérusalem suit les programmes officiels du Ministère français de l’Education Nationale. Il offre une scolarisation complète de la maternelle à la terminale et prépare aux diplômes français du Brevet et du Baccalauréat. La langue française est une matière enseignée sur une base optionnelle dans les lycées israéliens où elle fait figure de matière relativement prisée. Les établissements passés ici en revue représentent cependant un ensemble d’écoles pour lesquelles le français est en quelque sorte un marqueur identitaire. C’est l’ancrage de ces institutions françaises ou francophiles dans l’espace scolaire du pays – juif et arabe – qui est mis en exergue par le caractère notoire des commémorations publiques saluant ici le 150e anniversaire de l’AIU. } 245 L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 A U - D E L A D E S P AY S F R A N C O P H O N E S 246 PROCHE-ORIENT PALESTINE L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 Ziad MEDOUKH Chef du département de français Université Al-Aqsa [email protected] Nous, Palestiniens de Gaza, et notamment, Palestiniens francophones, devons saluer les efforts déployés par le consulat général de France à Jérusalem et ses différents services de coopération, ainsi que celui du centre culturel français de Gaza, seul et l’unique centre culturel étranger resté ouvert jusqu’à présent, en dépit des événements tragiques de l’agression israélienne et de la situation très difficile du blocus qui se perpétue, pour nous aider, en premier lieu à sortir de l’isolement. La situation dans la bande de Gaza est très difficile, à tous les niveaux : blocus, fermeture des passages et des frontières, division et divergence entre partis palestiniens. Malgré tout cela, le consulat de France à Jérusalem a considéré la bande de Gaza en 2010 comme une priorité pour les projets, les visites et la coopération avec les différentes institutions et associations dans ce territoire de plus en plus isolé. On peut dire que tous les responsables du consulat ont manifesté un ferme volonté de défier le blocus inhumain imposé depuis plus de 3 ans à un million et demi de Gazaouis. Le consul général en personne, ainsi que tous les attachés de coopération, ont effectué des visites régulières pour élaborer des projets avec différents partenaires palestiniens et cela, malgré tous les obstacles israéliens mis sur leur route pour les empêcher de pénétrer à Gaza via le passage d’Irez. A plusieurs reprises nous les avons vu, sans aucune justification, être refoulés par les soldats israéliens du passage d’Irez, et quelquefois être obligés d’attendre des heures et des heures avant de pouvoir entrer à Gaza. Au département de français de l’université Al-Aqsa et dans le cadre de notre collaboration avec le service de la coopération linguistique et éducative du consulat de France, nous avons eu en début de 2010 plus de neuf visites de la part de différentes délégations du consulat, pour des rencontres, des animations des ateliers, notamment d’écriture, pour les étudiants, et l’élaboration de différents projets avec notre université. Et bien sûr notre expérience n’est pas unique, cette coopération se développe avec d’autres universités, et d’autres écoles ; et pas seulement, car des hôpitaux et des associations dans la bande de Gaza bénéficient également d’un programme de soutien. Nous ne pouvons oublier la participation du consulat dans la reconstruction de l’hôpital du Croissant rouge détruit lors de différents bombardements israéliens en 2008 et en 2009, et la négociation qu’il a mené avec les autorités israéliennes pour obtenir l’accord d’entrée des matériaux de construction pour cet hôpital. Nous ne pouvons oublier les efforts du consulat pour aider des professeurs, des chercheurs et des étudiants de Gaza à sortir via le passage d’Irez pour rejoindre leurs universités et laboratoires de recherches en France. Nous ne pouvons oublier la volonté du consulat de maintenir le centre culturel français à Gaza, comme espace de liberté, ouvert aux artistes et aux jeunes palestiniens ; ses efforts pour continuer à travailler avec la bande de Gaza malgré toutes les difficultés politiques et la division entre les palestiniens ; sa volonté d’intéresser à Gaza le milieu des artistes et des intellectuels français et de les y inviter à exposer et donner des conférences ; ses efforts pour faire parvenir du matériel médical et didactique, aux universités, aux écoles, aux associations et à tous les partenaires dans cette prison à ciel ouvert, qui souffre d’une très grave pénurie. Le département de français de l’Université n’a cessé d’organiser des activités variées : projection du film « Entre les murs », conférence sur l’astronomie, réunions festives, conférence sur le pèlerinage et le nationalisme en Palestine, par Emma Aubin-Boltanski ; réception des dictionnaires le Robert offerts par le consulat Général de France à Jérusalem ; visioconférence avec l’université de Paris VIII ; concours d’écriture ; atelier d’écriture animé par l’écrivaine française Yanne Dimay, pour participer à un concours francophone international soutenu par l’UNESCO, sur l’écriture et l’imagination ; animation de l’émission hebdomadaire en français « Bienvenue en France » sur la radio privée Mannar à Gaza ; visite de la nouvelle usine d’eau minérale Arjan ; visite au collège Ramla dans la ville de Gaza, un collège d’excellence qui enseigne le français pour les filles ; cérémonie en mars pour célébrer la journée de la terre et la fête de la Francophonie, en présence de plusieurs délégations et avec la participation des écoles publiques et privées dans la Bande de Gaza. Un concours de nouvelles francophones organisé en partenariat avec le Consulat de France, a rassemblé 16 étudiantes et étudiants de tous les niveaux et a duré plus de trois heures. La remise des prix a été effectuée en juin en présence de Jean Mathiot, directeur du Centre Culturel français de Gaza, et Ziad Medoukh, responsable du département de français. Lors de cette remise de prix, des livres, des dictionnaires, des DVD et des diplômes offerts par le Consulat de France furent distribués aux quatre gagnants. } A U - D E L A D E S P AY S F R A N C O P H O N E S 247 Sonia HINDIÉ Université d’Alep [email protected] La période 2009/2010 a été riche en événements nouveaux pour la Syrie dans les domaines de la culture, de l’activité diplomatique notamment, l’ouverture avec la Turquie et de ses conséquences nombreuses au plan économique. On ne peut s’empêcher d’évoquer la fabrique des savons d’Alep, qui conserve depuis la plus haute antiquité, à l’abri de khans moyenâgeux, ce savoirfaire ancestral. Reconnu mondialement pour ses nombreuses vertus, le savon d’Alep s’élabore selon un procédé artisanal écologique au plus haut point : il intègre huile d’olive et laurier, sans aucun produit chimique ni synthétique. Cet aspect l’a popularisé alors que se répand dans le monde, la vague de l’agriculture biologique et du développement durable. L’exposition qui s’est tenue à Alep, à l’occasion des 800 ans de l’ordre des Franciscains témoigne de la vitalité de la francophonie par la présence des pères franciscains qui perpétuent jusqu’à nos jours la tradition d’un enseignement en français au Levant cher à Maurice Barrès et à Lamartine. A travers des photos et des manuscrits inédits, on y découvre dans les souks du vieil Alep, le rôle de l’école Chibéni ayant fourni une formation culturelle francophone à maints intellectuels syriens dès 1859. Cour de l’école Chibeni En marge de cet événement, on a remarqué la parution de plusieurs ouvrages sur des aspects historiques de la Syrie du Nord au XVIIIe. siècle : ainsi les chercheurs Hussein Mudarris & Olivier Salmon ont fait rééditer des ouvrages qui éclairent le lecteur à travers des textes rares, et une iconographie abondante sur l’activité diplomatique dans la Syrie d’alors ou la vie de voyageurs en quête d’itinéraires insolites ; on trouve ainsi comme témoignages édifiants sur les affaires consulaires ou commerciales, de la vie religieuse ou littéraire : « Alep sous le consulat de Henri Guys, consul de France de 1787 à 1878 », « Alep dans les récits des voyageurs français au XIXe.siècle » « Le Consulat de France à Alep au XVIIe siècle : Journal de Louis Gédoyn, Vie de François Picquet, Mémoires de Laurent d’Arvieux » « Mémoire sur la Syrie ou Promenades d’un ingénieur géographe à Alep (1831-1832) » de Camille Callier (1804-1889). L’aspect inédit des ces récits enchantera l’historien ou l’esprit curieux. Par ailleurs, un événement important aux répercussions multiples eut lieu lors du sommet de Damas en septembre 2009, où la Syrie et la Turquie ont décidé d’annuler l’obligation de visas en instaurant la libre circulation des citoyens. Cet accord abolit un vieux contentieux frontalier entre les deux pays datant du mandat français; mais il renforce aussi la coopération bilatérale en facilitant les échanges économiques dans les domaines de l’environnement, la météorologie, les grandes et moyennes entreprises, l’éducation et la recherche. Cette ouverture a, par exemple, permis la création d’une co-entreprise spécialisée dans la fabrication des panneaux solaires et permis l’embauche une centaine d’employés. Autre impact, l’échange d’informations hydrologiques et météorologiques concernant le réseau fluvial et le partage des eaux entre les pays riverains, la sécheresse et les conséquences du changement climatique. Thème crucial dans ces pays méditerranéens où la pénurie traditionnelle de l’eau, les tensions dues à son partage en période de croissance démographique, rendent indispensables le partage des expériences et la mise en commun des savoirs techniques. Pour compléter cette carte postale de Syrie, on a remarqué Valéry Giscard d’Estaing invité pour le 40ème anniversaire de la francophonie souligner cette diversité culturelle et religieuse qui caractérise la société syrienne. Le ministère du tourisme n’a-t-il pas, en effet, élaboré en 2009 un programme de promotion du tourisme religieux en Syrie à l’occasion du bimillénaire de la conversion de saint Paul à Damas en soulignant le rôle de la Syrie comme « berceau du christianisme » ? L’ancien président français, a pu apprécier spécialement la ville d’Alep si riche de son histoire et ses vestiges archéologiques dans une conférence intitulée: « Le rôle de la France et de l’Europe pour l’instauration de la paix et l’harmonie mondiale ». Territoire à la croisée de plusieurs mondes, la Syrie, traversée par les plus importantes voies commerciales, entre l’Europe, la Chine et l’Inde avec lesquels elle a toujours échangé idées et marchandises, est loin de vivre, de nos jours encore, dans un espace clos, à l’écart des courants culturels ou en retrait de la vie moderne ; elle est bien de son temps mais sur un mode propre à l’Orient. } L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1 SYRIE