proche-orient - Département d`information et de communication

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Le Machrek (le « Levant » en arabe) est l’appellation fréquemment utilisée pour désigner les pays du
Proche-Orient ou du Moyen-Orient.
Le Liban, dont la langue officielle est l’arabe et qui a été sous mandat français (1920-1943, donné
par la Société des Nations), participe aux Sommets de la Francophonie ; il comporte une minorité
francophone très active dans le domaine culturel, particulièrement dans le secteur littéraire (Georges
Schéhadé a été le premier Grand Prix de la francophonie).
L’Egypte, dont la langue officielle est l’arabe, participe aux Sommets de la Francophonie ; bien que le
pourcentage de francophones n’y soit plus très élevé, l’influence du français reste tout de même appréciable, notamment dans l’enseignement et les médias.
En Israël, Etat dont la fondation remonte à 1948, l’hébreu est langue officielle ; ce pays ne fait pas
partie de la Francophonie, mais l’usage du français y occupe une bonne place, surtout dans le milieu
politique ou universitaire. Il y existe une radio française.
La francophonie relève du militantisme dans les Territoires Palestiniens, comme en témoigne l’action
du centre culturel de Ramallah. Il n’empêche que c’est un roman qui porte le nom du pays qui a obtenu
le Prix des Cinq continents de la Francophonie en 2008. »
La Syrie, autrefois également sous mandat français (donné par la Société des Nations), ne fait pas
partie de la Francophonie institutionnelle, mais le français continue d’y exercer une influence certaine.
En Iran, le français fut longtemps la principale langue de culture avec un quotidien (Le Journal de
Téhéran), des institutions d’enseignement de langue française et plusieurs écrivains francophones. La
révolution islamique a changé la situation.
ON PEUT CONSULTER
BARON X., Les Palestiniens, genèse d’une nation, Paris, Le Seuil, 2000.
CORM Georges, Le Liban contemporain : histoire et société, Paris, La Découverte, 2003, 256 p.
Dictionnaire de la civilisation musulmane, Paris, Larousse, 1995.
LAMLOUM Olfa, Al-Jazira, miroir rebelle et ambigu du monde arabe, Paris, La Découverte, 2004, 143 p.
SOULAVILLE P., Le Moyen-Orient arabe : le milieu et l’homme, Paris, A. Colin, 2000.
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PROCHE-ORIENT
238
PROCHE-ORIENT
Egypte
Liban
Palestine
Israël
Nom officiel
République arabe
d'Egypte
République libanaise
Territoires palestiniens
Etat d'Israël
Superficie km2
1.001.450
10.452
6.020
20.072
Capitale
Le Caire
Beyrouth
Gaza/Jérusalem-Est
Jérusalem
Alexandrie, Port
Saïd, Assouan
Tripoli, Saïda, Tyr,
Baalbek, Zahlé
Gaza, Hébron, Jénine,
Jéricho, Naplouse
Tel-Aviv, Haïfa,
Beer Sheva
République
République
République
Démocratie
parlementaire
Chef d'Etat
depuis le
Hosni Moubarak
14/10/81
Michel Sulayman
25/05/2008
Mahmoud Abbas
15/01/2005
Shimon Peres
15/07/07
Chef de gvt
depuis le
Ahmed Mohamed Nazif
9/07/04
Saad Hariri
9/11/09
Salam Fayyad
1/06/07
Binjamin Netanyahu
31/03/09
Statut à l'OIF
depuis
membre
1983
membre
1973
non membre
-
non membre
-
Langue(s) off.
arabe
arabe
arabe
hébreu / arabe
23 juillet
22 novembre
15 novembre
5 et 6 du mois d'Iyar
Principales villes
Régime
Fête(s) nationale(s)
POPULATION
78.866.635
4.017.095
4.019.126
7.233.701
Moins de 15 ans
33%
25,8%
40,85%
27,9%
Plus de 65 ans
4,3%
7,2%
3,1%
9,9%
Indice de fécondité
3,05
1,85
3,64
2,75
Mortalité infantile
pour 1000 naissances
27,26
21,82
17,15
4,22
Espérance de vie
72 ans
74 ans
74 ans
81 ans
Population urbaine
43%
87%
72%
92%
71,40%
87,40%
92,40%
97,10%
Alphabétisation
70,18
35,6
59,84
131,34
Usagers internet
Tél. mobile % hab.
14,47%
54,52%
8,86%
29,12%
IDH (rang /182)
123
83
110
27
162,28
29,26
6,641
202,10
ECONOMIE
PIB en Mds USD
PIB par hab. USD
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Monnaie
valeur d'1 ¤ été 10
1.800
6.780
2.900
24.720
livre égyptienne
livre libanaise
nouveau shekel +
dinar jordanien
nouveau shekel
7,14
1,88
4,84 / 0,89
4,84
% croissance
4,70%
7%
7%
0,50%
% inflation
10,10%
3,40%
9,90%
3,90%
% chômage
9,70%
9,20%
40,6% (Gaza) - 19%
(Cisjordanie)
7,40%
Structure économique
Agriculture
Industrie
Services
13,1%
37,7%
49,2%
5,1%
18,7%
76,2%
5%
14%
81%
2,6%
32%
65,4%
Principaux clients
Italie, Etats-Unis,
Espagne, Inde
Suisse, Émirats, Iraq
Israël, Union européenne
Etats-Unis, Belgique,
Hong Kong
Principaux fournisseurs
Etats-Unis, Chine,
Italie, Allemagne
Etats-Unis, France, Chine
Israël, Italie, Chine,
Etats-Unis, Jordanie
Etats-Unis, Belgique,
Chine, Suisse
www.presidency.gov.eg
www.presidency.gov.lb
www.pnic.gov.ps
www.mfa.gov.il
Site officiel
Sources : Organisation internationale de la Francophonie, The World Fact Book 2010, Ministère français des Affaires étrangères,
Données des Nations-Unies, L’Observateur de l’OCDE, Atlaseco, PNUD, www.populationdata.net et www.xe.com
239
EGYPTE
Ghada EL KHAYAT
Professeur
à l’Université d’Alexandrie, Egypte
[email protected]
Les prochaines élections législatives et présidentielles sont les deux sujets qui occupent la
vie politique égyptienne cette année. La situation économique au pays est affectée par la crise
mondiale. Cependant, l’augmentation des investissements publics a permis de compenser, en
partie, le déclin des investissements privés. Parmi les secteurs les plus dynamiques figurent les
industries extractives, les technologies de l’information et de la communication, la construction
et le commerce de gros et de détail. Par ailleurs,
les célébrations du jubilé de la télévision égyptienne s’étendent pour couvrir une période de
12 mois, avec des programmes hebdomadaires
diffusés sur les différentes chaînes, sous le slogan
« 50 ans de la télévision ». La collaboration scientifique entre l’Egypte et la France est concrétisée
par des activités et des événements scientifiques
dans le cadre de l’année franco-égyptienne des
sciences et de la technologie.
Le troisième mandat de M. El Baradei comme
directeur général à l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA) a expiré le 30 novembre
2009. Depuis, il a vécu à Vienne, où l’AIEA est
installée. En janvier 2010, il a annoncé dans une
interview qu’après avoir développé sa carrière à
l’AIEA, il aura son avenir dans la politique égyptienne. Le retour de M. El Baradei a suscité un
peu plus qu’une réaction ambivalente du public
égyptien. El Baradei est arrivé à l’aéroport international du Caire le 19 février 2010. Les services
de sécurité égyptiennes ont tenté de convaincre
Mohamed El Baradei (photo lcc Harad Dettenbord)
En Egypte, le décompte a officiellement commencé: élections législatives de 2010, ouvrant
la voie à l’élection présidentielle en 2011. Mais
la vie politique, notamment l’opposition, souffre
de plusieurs maux ; spécialement ceux qui luttent
pour un changement. Sur le plan institutionnel,
aucune coalition ne semble tenir ses membres
d’origine pendant plus de six mois. Les mouvements populaires perdent leur élan presque
instantanément. Les partis politiques de l’opposition sont soit trop insignifiants pour faire une
différence soit plombés par des conflits internes
entre hommes politiques soucieux de leur part
d’un gâteau imaginaire. Même les Frères Musulmans, dont la structure est forte et solide perdent
de plus en plus la place qu’ils occupaient dans
la vie politique.
Sur le plan individuel, il n’y a qu’une seule personne charismatique qui jouit de l’approbation
d’un important nombre de personnes, au moins
dans les milieux de politiciens et de journalistes
qui suivent de près la scène politique Egyptienne,
c’est Mohamed El Baradei lauréat du Prix Nobel de
la paix. Il s’agit d’un profil différent des politiciens
de l’opposition égyptienne qui a su attirer une
masse importante. C’est pourquoi il est surprenant que de nombreux politiciens de l’opposition
se soient opposés à son émergence sur la scène
politique de la même façon que le gouvernement.
EGYPTE
GEOGRAPHIE
Désert coupé par la plaine et le delta du Nil, surpeuplés.
3 % des terres sont cultivées. Hydro-électricité (barrage
d’Assouan), pétrole et gaz naturel.
HISTOIRE
1805-1849 Règne de Mohamed Ali, fondateur de
l’Egypte moderne.
1859-1869 Construction du canal de Suez par
Ferdinand de Lesseps.
1936 Indépendance.
1952 (23 juillet) Le roi Farouk détrôné. Nasser chef de
l’Etat.
1953 Proclamation de la République.
1956 Nationalisation du canal de Suez ; réaction
militaire tripartite (Grande-Bretagne, France, Israël).
1967 (5-10 juin) Guerre des Six-Jours.
1970 Décès de Nasser. Anouar al-Sadate lui succède.
1973 (2-22 oct.) Guerre contre Israël.
1977 Visite de Sadate à la Knesset.
1979 Traité de paix avec Israël. L’Egypte au ban des pays
arabes.
1981 Assassinat de Sadate. Hosni Moubarak lui succède.
1982 L’Egypte récupère le Sinaï.
1989 Retour dans la Ligue arabe.
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POLITIQUE
240
PROCHE-ORIENT
M. El Baradei, pour éviter la foule, de passer par
le salon VIP, mais il a refusé. La taille de la foule
l’empêchait de quitter dans le hall de l’aéroport.
Il a dû sortir par un autre terminal.
L’enthousiasme pour la campagne de M. El
Baradei a dépassé les attentes. Le « Projet Présidentiel de M. El Baradei » bénéficie d’un site web
officiel et d’un groupe facebook de plus de 60 000
membres. Mais combien de ces appuyeurs électroniques seraient en fait motivés pour assister M. El
Baradei dans sa course présidentielle ? En Egypte,
nous avons un grand écart entre la vie virtuelle
et la réalité. Beaucoup de gens participent à la
circulation des nouvelles sur l’Internet, mais la
majorité d’entre eux ont très peu de contact avec
ce qui se passent dans les rues égyptiennes.
Si El Baradei décide de poursuivre une course
à la présidence, il profitera de l’appétit pour le
changement en Egypte, après près de trois décennies de Moubarak. La question maintenant est
de savoir s’il peut lutter contre les obstacles. Et
il n’en manque pas. Les chances sont encore massivement contre El Baradei d’arracher le pouvoir.
Car il doit surmonter un certain nombre de défis
de taille: le pouvoir cœrcitif et les restrictions juridiques soulevées par le régime, la nature fragmentée de l’opposition en Egypte et peut-être même
sa propre ambivalence au sujet de jouer un rôle
dans la vie publique égyptienne.
devrait atteindre 7,5 % du PIB en 2009/10. L’inflation s’est élevée à 16,2 % en 2008/09, contre
11,7 % l’année précédente. Les cours internationaux se maintenant à un niveau plus faible, l’inflation devrait retomber à 13,2 % en 2009/10.
Pour contrer les effets de la crise, le gouvernement a pris une série de mesures visant à soutenir la croissance. Les politiques budgétaire et
monétaire ont permis de relancer l’activité, et des
programmes ciblés ont amorti les effets de la crise
sur les secteurs les plus exposés qui sont les manufactures, tourisme et commerce.
La balance des paiements accuse un déficit
pour la première fois depuis cinq ans en raison de
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ECONOMIE
L’économie égyptienne a ralenti en 2008/09, avec
une croissance de 4,7 %, en baisse à cause de
la crise mondiale. La consommation intérieure
de produits finis a résisté et l’augmentation des
investissements publics a permis de compenser,
en partie, le déclin des investissements privés.
Parmi les secteurs les plus dynamiques figurent
les industries extractives, les technologies de l’information et de la communication, la construction
et le commerce de gros et de détail. Toutefois, tous
les domaines liés à l’international ont été affectés
par la crise, particulièrement le tourisme, le canal
de Suez et les fonds envoyés par les travailleurs
émigrés. Les investissements directs étrangers
ont baissé de 38,7 % en 2008/09.
L’Égypte a bien supporté le choc, lors des premiers effets de la crise financière mondiale, grâce
à son secteur bancaire réformé et en raison de sa
faible intégration aux marchés financiers mondiaux.
L’agence Moody’s a relevé en septembre 2009 la
notation de la dette souveraine du pays, passée de
la catégorie négatif à la catégorie stable. L’Égypte
a progressé de dix rangs, elle se classe 106e sur
183 dans le rapport « Doing Business 2010 » de la
Banque mondiale. Elle a également progressé de
dix places dans le classement 2009/10 du « Global Competitiveness Report » du Forum économique
mondial, se positionnant 70e sur 133 pays.
Le déficit budgétaire global s’est stabilisé à
6,9 % du PIB en 2008/09, le même niveau que
l’année précédente. On estime que le déficit
Le film « Assal Eswed » raconte l’histoire de l’égyptien Sayed El
Arabi qui a quitté l’Egypte pour les Etats-Unis.
la baisse des rentrées de la balance courante, de
la chute des envois de fonds par les travailleurs
émigrés et du recul des investissements étrangers. L’impact de la crise économique mondiale
commence à s’estomper et, avec l’amélioration
des perspectives économiques globales, on s’attend à ce que le taux de croissance de l’économie
égyptienne progresse, pour atteindre 5,4 % en
2009/10 et 6,1 % en 2010/11. Le déficit de la
balance des paiements devrait diminuer. Parmi
les grands défis figurent la montée du chômage,
la baisse des investissements et les disparités de revenus. Plus de 40 % de la population
est proche du seuil de pauvreté. Les maladies
comme l’hépatite B et C nuisent fortement à
l’amélioration de la santé et de la productivité,
de même que l’éventualité d’une épidémie de
grippe aviaire.
241
Le principal objectif de la réforme fiscale consiste
à augmenter les recettes. Au cours de la dernière
décennie, plusieurs réformes administratives et
législatives ont permis de faire des progrès. Les
efforts restent à poursuivre, pour alléger le fardeau
de la réglementation fiscale et formaliser le secteur
informel, sans perdre de vue l’impact social de nouvelles taxes envisagées, comme la taxe foncière ou
une nouvelle taxe sur la valeur ajoutée.
L’Égypte doit relever de nombreux défis : baisse
de l’épargne, des investissements et des investissements directs étrangers, hausse du chômage,
lutte contre la pauvreté, amélioration nécessaire
des services de la santé et de l’éducation. Le tout,
dans un contexte politique imprévisible, à l’approche des élections législatives et présidentielle
de 2010 et 2011.
Pendant un demi-siècle, la télévision a contribué à développer les valeurs et les principes, les
traditions et les coutumes qui forment la personnalité égyptienne. Elle s’est affirmée comme un
phare de lumière et un pont de la pensée et la
culture dans un monde en constante évolution.
Pour marquer le jubilé d’or, une nouvelle chaîne
de télévision arabe sera lancée et diffusera du
matériel en noir et blanc produit dans les 15 premières années suite au lancement de la télévision. Le but de cette chaîne est de rappeler aux
téléspectateurs des chefs-d’œuvre de la télévision
égyptienne. Sur les 80 000 bandes magnétiques
portant ce patrimoine, 10 000 ont été restaurés,
numérisés et sont prêts à diffuser.
CULTURE
Une année de recherche partagée entre France et Egypte
SCIENCES
Le président Sarkozy et le président Moubarak se
sont félicités de l’organisation en 2010 de l’année
franco-égyptienne des sciences et de la technologie, qui comprend plus de 60 événements en
France et en Egypte. Six grands domaines scientifiques sont concernés : l’information et la communication, le développement durable (énergies
renouvelables, eau, environnement, changement
climatique et agriculture), l’espace, l’énergie nucléaire et les nouvelles technologies pour l’archéologie et la santé.
L’année franco-égyptienne de la science a pour
but de promouvoir la coopération entre les deux
pays dans le domaine de la science et la technologie, d’étendre les liens entre les deux pays
au niveaux de l’enseignement supérieur et les
instituts de recherche et de créer des projets de
recherche Méditerranéen dans le cadre de la coprésidence franco- égyptienne de l’Union pour la
Méditerranée. }
REFERENCES
http://www.africaneconomicoutlook.org /fr/
countries/north-africa/egypt/
http://www.sis.gov.eg/vr/tvweb/eweb/link01.html
http://www.elcinema.com/work/wk1313173/
http://globalvoicesonline.org/2010/03/01/egypt-elbaradie-has-arrived/
http://www.foreignpolicy.com/articles/2010/02/19/
egypts_reluctant_revolutionary
http://yearofscience2010.org/
L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1
Cette année, le film « Assal Eswed », voulant dire
« Mélasse » en traduction française, a réalisé
le maximum des revenus allant jusqu’à 24 millions de livres égyptiennes après huit semaines
dans les cinémas. Le film raconte l’histoire de
l’Egyptien Sayed El Arabi (le comédien Ahmed
Helmy) qui a quitté l’Egypte et a immigré aux
Etats-Unis avec ses parents à l’âge de dix ans.
Vingt ans plus tard suite à la mort de ses parents,
il décide de retourner en Egypte pour retrouver
son pays natal. Il fait face à de différentes situations inattendues causées par la différence de
cultures. Il utilise son passeport américain avec
les différentes autorités et il reçoit toujours un
bon traitement. Un jour, il perd son passeport
américain et il utilise sa carte d’identité égyptienne. A sa grande surprise, il remarque une
grande différence dans la façon dont tout le
monde le traite. Il décide de se rebeller contre
cette situation. Le film se déroule dans un cadre
comique et soulève des questions importantes
sur le niveau de service dont doivent jouir les
citoyens dans leurs pays.
La télévision égyptienne a commencé son
activité le 21 juillet 1960. Aujourd’hui, 50 ans
plus tard, elle s’est avéré être l’un des médias
les plus efficaces et influents. Les célébrations
du jubilé s’étendent pour couvrir une période de
12 mois, avec des programmes hebdomadaires
diffusés sur les différentes chaînes, sous le slogan « 50 ans de la télévision ». Pour marquer
l’événement, un timbre-poste et des pièces de
monnaie seront émis.
La télévision égyptienne a toujours été au
cœur des événements. Comme l’un des médias
importants, elle a exprimé les chagrins et les
douleurs ainsi que les joies et les victoires de
la population. La télévision égyptienne a par
ailleurs réalisé des progrès importants. Quand
elle a été lancée, la diffusion était de six heures
par jour. Aujourd’hui, son temps total de diffusion quotidienne sur les différentes chaînes est
de 490 heures.
242
PROCHE-ORIENT
LIBAN
Wassim MANSSOURI
Président
Manssouri and Associates Law Firm
[email protected]
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Depuis la fin de l’année 2009 et jusqu’en 2010,
le Liban jouit d’une certaine stabilité dans sa vie
politique. En effet, après l’élection du Président
de la république et la tenue d’élections législatives en 2009, et malgré la difficulté de former
un gouvernement à la suite de ces élections, la
majorité a finalement nommé Saed Hariri comme
chef du gouvernement. Celui-ci a réussi à former
un gouvernement d’union nationale lequel a pu,
jusqu’à aujourd’hui, surmonter les difficultés de
gouvernance et doit faire face aux difficultés relatives à la situation régionale, à l’application de
la résolution 1701 des Nations Unies et enfin au
tribunal international.
Union nationale
Comme c’est le cas lors de la formation de chaque
nouveau gouvernement, la difficulté est venue
essentiellement de savoir s’il devait accepter ou
non l’inclusion de tous les courants politiques.
En effet, l’opposition
a réclamé ce qu’on a
appelé le tiers garant
(le tiers des ministres
plus un) afin de pouvoir
le cas échéant prendre
part aux décisions essentielles au sein de ce
gouvernement, ce qui
a engendré une problématique autour de
l’accord ou le refus de
Michel Suleiman, présila majorité à ce sujet.
dent libanais
Finalement, après
une longue période d’attente, un gouvernement
formé de 30 ministres dont quinze ministres pour
la majorité et dix pour l’opposition a vu le jour.
Ainsi, la majorité ne détient pas les deux tiers
nécessaires au vote des sujets sensibles (tel qu’ils
sont définis dans l’article 65 de la Constitution),
et l’opposition non plus n’est pas représentée par
onze ministres ce qui la prive du tiers garant. La
solution est venue du fait que la part du Président
de la république revient à cinq ministres, ce qui
lui permet de jouer le rôle d’arbitre entre les deux
parties. Ceci a redonné une certaine importance
au rôle du Président de la république surtout après
les difficultés que l’ancien Président Emile Lahoud
a affrontées lorsqu’il a perdu la majorité parlementaire qui le supportait en 2005.
Le plus difficile pour ce gouvernement a été la
rédaction du rapport ministériel. Le sujet sensible
concernait la légitimité des armes du Hezbollah,
et la question se posait autour de l’inclusion
ou non d’un article reconnaissant la résistance
comme légitime, ce qui a finalement eu lieu, et
qui a facilité la participation du Hezbollah dans
le gouvernement.
Ce nouveau gouvernement a réussi jusqu’à
aujourd’hui à surmonter les difficultés et à se
maintenir, et il lui reste à affronter de nouvelles
difficultés que l’on précisera ci-dessous.
Le climat régional
Différentes circonstances régionales influencent la
situation Libanaise : elles concernent aujourd’hui
les sanctions imposées à l’Iran à cause de son
programme de développement nucléaire, les relations avec la Syrie, les relations avec la Turquie
après l’agression d’Israël sur la Flotte de la liberté.
En ce qui concerne le sujet Iranien, il est évident qu’il affecte toute la région spécialement si
les menaces d’attaques sur l’Iran persistent. Ceci
peut avoir des répercussions sur la situation au
Liban surtout au Sud et pourrait amener à des
conflits entre le Liban et Israël.
En ce qui concerne les relations avec la Syrie,
l’année 2010 a vu une évolution sensible à la suite
de plusieurs visites du premier ministre libanais
à Damas. Ceci a été premièrement interprété positivement comme une rétraction aux accusations
contre la Syrie de l’assassinat du premier ministre
Rafic Hariri, et deuxièmement, a permis la revue
de nombreux accords entre les deux pays ce qui a
ajusté les rapports entre les deux Etats.
L’assassinat de Rafic Hariri reste au coeur des questions libanaises. (photo armée américaine)
Finalement, l’agression israélienne sur la Flotte
de la Liberté dans les eaux internationales au large
de Gaza a abouti à une tension entre Israël et la
Turquie. Le Liban participait à cette initiative et
plusieurs Libanais se trouvaient parmi les blessés.
Tout ceci a créé un climat régional tendu entre
Israël d’une part, et l’Iran, la Syrie et la Turquie
d’autre part et toute escalade peut avoir des
243
conséquences sur le Liban qui voit encore une
partie de son territoire occupée par Israël.
Résolution 1701 du Conseil de sécurité
La résolution 1701 a mis fin à l’agression Israélienne de 2006 sur le Liban, qui a engendré plus
d’un millier de victimes civiles, des milliers de
blessés ainsi que près d’un million de déplacés.
Cette résolution a aussi augmenté les forces de
la FINUL pour atteindre les 15 000 soldats. Les
forces de la FINUL sont présentes au Liban depuis
l’année 1978 (par les résolutions 425 et 426) et la
population libanaise est habituée à leur présence.
Toutefois, l’application de la résolution 1701 reste
difficile avec la violation quasi-quotidienne par
Israël de l’espace aérien et maritime du Liban. De
plus, quelques accrochages entre la population et
les forces de la FINUL ont eu lieu dernièrement. Le
7 juillet 2010, des rencontres intensives entre le
chef des forces des Nations Unis, les responsables
Libanais et la population ont ramené de nouveau
la stabilité dans ces relations.
Le tribunal spécial pour le Liban
Le sujet du tribunal spécial pour le Liban reste un
sujet sensible sur le plan interne. Malgré l’accord
de tous les partis politiques libanais autour de la
formation de ce tribunal, des fuites médiatiques
aussi bien au Liban qu’à l’extérieur pointent un
doigt accusateur sur des personnes proches du
Hezbollah. De plus, le président du tribunal international a affirmé lors d’une interview que l’acte
d’accusation sera présenté vers la fin de l’année
2010. Tout ceci remet le tribunal à l’ordre du jour,
surtout que depuis l’assassinat du premier ministre
Hariri, les accusations portaient vers l’extérieur
et non vers une quelconque implication Libanaise.
LIBAN
GEOGRAPHIE
Pays méditerranéen constitué d’une étroite plaine
côtière et d’une autre à l’est (la Bekaa) insérée
entre deux chaînes de montagnes (le mont Liban et
l’Anti-Liban), plantées d’arbres fruitiers et du fameux
cèdre, emblème national.
HISTOIRE
XVIe-XIXe s. Domination ottomane.
1920 La Syrie et le Liban sous mandat français (traité
de Sèvres).
1926 Constitution libanaise (président chrétien
maronite ; chef de gouvernement musulman sunnite ;
président de la Chambre musulman chiite).
1943 Indépendance.
1975 Début de la guerre après l’arrivée massive de
Palestiniens (1970). La Syrie occupe le Liban (1976), Israël
occupe le Sud-Liban (1978). Troubles jusqu’en 1990 ;
destruction du pays.
1989 Révision de l’équilibre institutionnel en faveur des
musulmans et de la Syrie (accords de Taef).
1992 Rafic Hariri premier ministre.
1996 Elections législatives.
1998 Election présidentielle : Emile Lahoud nouveau
chef d’Etat.
2000 Retour au pouvoir de Hariri après sa victoire aux
législatives.
2002 (18-20 oct.) Beyrouth accueille le IXe Sommet de la
Francophonie.
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Sarcophage anthropoïde féminin en marbre blanc, v. 400 av.
J.-C. Trouvé dans la nécropole de Magharat Tabloun à Saïda
(ancienne Sidon), au Liban.
Ainsi, et malgré le fait que les proches de Hariri
éloignent l’idée d’une implication du Hezbollah
en tant que parti dans l’assassinat, ces fuites
médiatiques répétées mènent à des réactions
de plusieurs responsables politiques mettant en
doute l’impartialité du tribunal.
S’ajoute à cela le démantèlement d’un certain
nombre de réseaux d’espionnage Israéliens et le
dernier en date implique un responsable d’une
des sociétés de téléphonies cellulaires libanaises.
Si on considère qu’une partie de l’investigation
est basée sur des écoutes téléphoniques, il serait alors possible de revoir les accusations en
question. Dans tous les cas, il faudra attendre
l’acte d’accusation avant de spéculer sachant que
le tribunal insiste toujours sur son impartialité.
Finalement, nous pouvons considérer la situation libanaise comme stable malgré tout ce que
l’on vient de décrire. Il est important de noter que
le Liban a dernièrement réussi à surmonter la crise
économique mondiale, encore plus, la situation
économique et politique reste généralement positive et on espère que cette stabilité persistera
au pays du Cèdre.
Même l’incident de frontière israëlo-libanais,
survenu début août 2010, et qui a coûté la vie à
quatre personnes, a été relativisé par les deux parties, bien que le président Souleiman ait annoncé à
cette occasion un plan de renforcement de l’armée
nationale. }
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PROCHE-ORIENT
ISRAEL
L’A N N É E F R A N C O P H O N E I N T E R N A T I O N A L E · 2 0 1 0 -2 0 1 1
Eliezer BEN-RAFAËL
Université de Tel-Aviv
[email protected]
Israël 2010 : L’AIU a 150 ans
Dans les numéros précédents de l’AFI, nous avons
présenté divers aspects des contours de la francophonie contemporaine israélienne. Nous nous attachons ici à un tour d’horizon des établissements
scolaires à vocation francophone à l’œuvre dans ce
pays. Car le fait marquant de cette année 2010-2011
pour la francophonie israélienne est certainement le
150e anniversaire de l’Alliance Israélite universelle
(AIU - en hébreu sous une formule biblique, Kol Israel
Haverim ou Tout Israël Solidaire).L’AIU est une société
juive internationale dont les buts sont culturels, politiques et surtout éducatifs. Elle fut fondée en 1860
en réaction à des événements antisémites sanglants
à Damas en 1840, et à la conversion forcée au christianisme de l’enfant juif Edgard de Mortara par la
volonté du Pape Pie IX, en 1858. A partir de 1863,
l’AIU est présidée par Adolphe Crémieux, homme
d’Etat juif français, profondément impliqué dans
les affaires de sa communauté et qui impulsera à
l’organisation toute son énergie.La vocation de l’AIU
est de soutenir les Juifs de par le monde, contre l’antisémitisme grâce à un fond de soutien, une action
sociale et des supports légaux. L’organisation n’hésite pas à s’adresser aux dirigeants des nations au
noms de Juifs persécutés. Le principal objectif de
l’AIU est le développement d’un réseau scolaire
qui va couvrir le bassin méditerranéen, les Balkans
et plusieurs pays de l’est européen – il pénétrera
même l’Amérique latine. Ce réseau diffuse un enseignement qui allie culture juive, culture française et
éléments de modernité et de laïcité. Institution qui
se réfère tout d’abord au monde juif, l’AIU coopère
avec des organismes parallèles qui se sont formé
dans d’autres pays et visent des buts convergents
tels l’American Jewish Committee, fondé en 1906,
et l’Anglo-Jewish Association. Porteur du français
comme langue d’enseignement et agent de premier
ordre de la culture française, l’AIU bénéficie bientôt
du soutien des autorités françaises (dans les années
1920) qui voient en elle un puissant facteur de la progression de la francophonie dans le monde. Partout
son œuvre promeut des élites baignées de la langue
et la culture françaises, porteurs de connaissances
historiques et religieuses juives et qui, en outre, se
voient partie prenante de la modernité occidentale.
L’AIU compte au départ près de mille membres ,
pour la plupart en France, mais également dans de
nombreux autres pays européens (Allemagne, Autriche, Angleterre, Italie, Suisse, Hollande, Espagne).
Son œuvre s’étend en Amérique latine mais c’est surtout vers le pourtour méditerranéen que l’AIU centre
ses efforts. Les écoles de l’AIU sont rapidement
présentes en pays musulman - Afrique du Nord et
Moyen-Orient. Ces écoles qui se focalisent sur la
population juive accueillent de nombreux non-juifs.
A la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, l’AIU
possède une centaine d’écoles et 50 000 élèves –
pour la plupart dans le monde arabo-musulman. La
première école, celle de Tétouan dans le nord du
Maroc, fut inaugurée en 1862. La deuxième, dans
la même ville, ouvrit ses portes en 1864 et était,
cette fois, une première école de filles, marquant une
attitude moderniste pour l’époque. L’AIU crée par la
suite des écoles de plus en plus nombreuses dans
un espace qui va en s’élargissant, jusqu’à atteindre
la Palestine. L’AIU fut particulièrement dynamique
dans les années 1920s.
L’Alliance qui aspirait depuis ses débuts à l’intégration des Juifs dans leurs sociétés de résidence a
longtemps été réticente à l’égard du projet sioniste;
les sionistes qui aspiraient à l’établissement d’un
Etat dans leur patrie originale fondé sur un renouveau de la culture hébraïque, ne partageaient pas
son aspiration et étaient réticents face à son militantisme francophone. Il reste que très tôt, dès
1870, l’AIU fonda l’école agricole de Mikvé Yisrael
en Palestine qui devint un pivot de l’effort d’installation de colons juifs dans le pays. Peu après, l’AIU
ouvrait une seconde école à Jérusalem qui tout en
enseignant en français soutenait la renaissance de
l’hébreu, et une autre à Yaffo. D’autres écoles suivirent à Tibériade, Safed et Haïfa qui se fondirent
plupart dans le système scolaire israélien. Au sortir
de la Première Guerre mondiale, l’AIU avait accueilli
avec faveur la déclaration Balfour britannique instituant un ‘foyer national juif ‘en Palestine. Cependant, il faudra attendre la Deuxième Guerre Mondiale
pour voir converger l’AIU vers le mouvement sioniste
d’une manière définitive. L’AIU est alors plus déterminée que jamais de soutenir des projets visant
à reconstituer des communautés juives en Europe
et, dans un même élan de soutenir la création d’un
état juif en Palestine. Après la création d’Israël, en
1948, l’Alliance ouvre des écoles à Jérusalem, Haïfa,
Tibériade et Tel-Aviv, ainsi qu’une école pour sourdsmuets à Jérusalem. En 1950, ces écoles et MikvéYisrael passent sous la responsabilité du ministère
de l’éducation israélien et la langue d’enseignement
est l’hébreu – tout en donnant une place importante
à l’acquisition du français. L’Alliance poursuit le financement de ces institutions et maintien avec elles
des relations privilégiées.
- Ecole d’agriculture fondée en 1870 et lycée franco-israélien Mikvé Yisrael, à l’est de Jaffa
- Lycée municipal A.I.U. Edmond de Rothschild,
fondé en 1884, Haïfa
- Lycée municipal A.I.U. Edmond-Maurice-Edmond
de Rothschild, créé en 1958, Tel-Aviv
- Lycée municipal A.I.U. René Cassin, créé en 1971,
Jérusalem
- Lycée municipal A.I.U. Jules Braunschvig Massorati, depuis 1995, Jérusalem
- Ecole alliance des sourds-muets, fondée en 1930,
Jérusalem
A Mikvé Yisrael, l’école-mère du réseau AIU, un
lycée franco-israélien au nom de Raymond Leven fut
créé en 2007 sous l’initiative conjointe des gouvernements français et israélien. Il compte aujourd’hui
210 élèves de la cinquième à la terminale répartis
dans deux filières, l’une où la langue d’enseignement
est l’hébreu, et l’autre, le français.
Jusqu’à aujourd’hui, le réseau de l’Alliance en Israël est connu par la qualité de son enseignement.
Ses écoles allient un souci d’excellence à une sensibilité pluraliste dans l’enseignement du judaïsme.
En outre, son credo essentiel est d’assurer une
formation biculturelle en garantissant un enseignement du français et de la civilisation française dans
le programme scolaire. Ces écoles n’ignorent pas
l’importance de l’anglais dans le pays et lui donnent
une place importante, mais à l’encontre du reste du
système scolaire israélien, ces établissements AIU
exigent, dans toutes les filières d’études, une égalité
de la somme des heures consacrées à l’anglais avec
celles de l’enseignement français.
Les écoles de l’AIU sont fort actives dans l’accueil d’enfants d’immigrants. Elles soutiennent
traditionnellement des programmes à l’intention
de milieux défavorisés.
L’AIU représente l’impact que peut avoir une institution diasporique sur la francophonie juive en
Israël. En parallèle à son action, un certain nombre
d’autres institutions francophone juives œuvrent
dans un même sens. On signale le Lycée Thorani
(biblique) de Kfar Maïmon, par exemple, qui est un
lycée pour garçons de l’étranger à tendance religieuse dont les programmes sont homologués par
l’Education Nationale française. Ce lycée met l’accent sur la réussite au baccalauréat français tout en
promouvant par des activités culturelles et sociales,
l’intégration des jeunes dans la culture israélienne
et l’hébreu. Les effectifs des classes vont de 8 à 15
élèves et selon leur situation familiale, ils peuvent
bénéficier de bourses permettant de couvrir leurs
frais. Le Collège français Marc Chagall de Tel Aviv,
un autre établissement, accueille les enfants de 3 à
11 ans. Le collège suit le programme français et en
2010, il compte 124 élèves de 17 nationalités. Le
lycée Havat Hanoar Hatsioni (Ferme de la jeunesse
sioniste) de Jérusalem qui prépare au baccalauréat
Français. Homologué de la seconde à la terminale, il
propose à de jeunes francophones un enseignement
en français dans un cadre rural. Les enseignants se
conforment au programme de l’Education Nationale
et sont placés sous l’administration de l’académie
de Lyon. Plusieurs filières sont offertes et il compte
un internat laïque doublé d’un internat d’orientation
traditionale.
A ces institutions juives initiées de la diaspora
pour la plupart, s’ajoutent celles œuvrant dans la
population israélienne non-juive. De ce point de vue,
il faut avant tout citer les deux écoles chrétiennes
de Jaffa et Jérusalem. Le Collège des Frères de Jaffa
existe depuis 1882 et il fut créé par des Lassaliens
venus de France. Il fait partie des établissements des
Frères des écoles chrétiennes. L’école accueille 700
élèves, depuis la maternelle jusqu’en terminale, garçons et filles. Originalement tournée vers la communauté arabo-chrétienne de Jaffa, cette école accepte
aussi depuis longtemps, des Juifs et des Musulmans.
Une bonne partie des cours se fait en français et
les élèves accèdent à une compétence linguistique
remarquable, tout en acquérant également l’hébreu
et l’anglais. L’Ecole Chrétienne des Frères à Jérusalem, créée en 1876, a connu un parcours différent.
Situé dans la vieille ville sur un terrain accordé par le
Patriarcat Latin, cet établissement compte en 1948
plus de 1.000 élèves. Ces élèves reçoivent un enseignement en trois langues : français, anglais et arabe.
Depuis 1968, il suit le programme du Ministère de
l’Education palestinien. Une nouvelle annexe hors
des murs de la vieille Jérusalem fonctionne depuis
2000 avec l’assentiment du Gouvernement israélien
et compte 600 élèves en 2010.
En outre, le Lycée français de Jérusalem occupe
ici une place privilégiée. Il fonctionne dans des
locaux loués à la Congrégation des Sœurs de Saint
Joseph de l’Apparition. Le Couvent dont le lycée
utilise une partie des bâtiments fut construit entre
1887 et 1930. Les sœurs de Saint Joseph qui avaient
au début des années 1880 ouvert une école dans
la vieille ville ont poursuivi leur activité dans le
couvent jusqu’à la seconde guerre mondiale. Un hôpital a ensuite occupé les locaux pendant plusieurs
années avant que « l’Ecole française », devenue
depuis Lycée, ne s’y installe en 1967. Limité d’abord
à une école primaire, l’école accueille aujourd’hui
un peu plus de deux cents élèves, répartis de la
maternelle à la terminale. Elle appartient au réseau de l’Agence pour l’Enseignement du Français
à l’Etranger. Cette Agence pour l’enseignement
français à l’étranger est un établissement public
national, placé sous la tutelle des ministres chargés
des affaires étrangères et de la coopération. Il a
pour objet de veiller, au nom de l’État français, au
bon fonctionnement des établissements scolaires
français situés à l’étranger appartenant à l’État
(écoles publiques) ou ayant conclu une convention (écoles privées sous contrat). De cette agence
dépendent des centaines d’établissements dans
125 pays. Comme eux, le lycée de Jérusalem suit
les programmes officiels du Ministère français de
l’Education Nationale. Il offre une scolarisation
complète de la maternelle à la terminale et prépare
aux diplômes français du Brevet et du Baccalauréat.
La langue française est une matière enseignée
sur une base optionnelle dans les lycées israéliens
où elle fait figure de matière relativement prisée.
Les établissements passés ici en revue représentent
cependant un ensemble d’écoles pour lesquelles le
français est en quelque sorte un marqueur identitaire. C’est l’ancrage de ces institutions françaises
ou francophiles dans l’espace scolaire du pays – juif
et arabe – qui est mis en exergue par le caractère
notoire des commémorations publiques saluant ici
le 150e anniversaire de l’AIU. }
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PROCHE-ORIENT
PALESTINE
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Ziad MEDOUKH
Chef du département de français
Université Al-Aqsa
[email protected]
Nous, Palestiniens de Gaza, et notamment, Palestiniens francophones, devons saluer les efforts déployés par le consulat général de France à Jérusalem et
ses différents services de coopération, ainsi que celui
du centre culturel français de Gaza, seul et l’unique
centre culturel étranger resté ouvert jusqu’à présent,
en dépit des événements tragiques de l’agression
israélienne et de la situation très difficile du blocus
qui se perpétue, pour nous aider, en premier lieu à
sortir de l’isolement.
La situation dans la bande de Gaza est très difficile,
à tous les niveaux : blocus, fermeture des passages
et des frontières, division et divergence entre partis
palestiniens. Malgré tout cela, le consulat de France
à Jérusalem a considéré la bande de Gaza en 2010
comme une priorité pour les projets, les visites et
la coopération avec les différentes institutions et
associations dans ce territoire de plus en plus isolé.
On peut dire que tous les responsables du consulat
ont manifesté un ferme volonté de défier le blocus
inhumain imposé depuis plus de 3 ans à un million
et demi de Gazaouis. Le consul général en personne,
ainsi que tous les attachés de coopération, ont effectué des visites régulières pour élaborer des projets
avec différents partenaires palestiniens et cela, malgré tous les obstacles israéliens mis sur leur route pour
les empêcher de pénétrer à Gaza via le passage d’Irez.
A plusieurs reprises nous les avons vu, sans aucune
justification, être refoulés par les soldats israéliens du
passage d’Irez, et quelquefois être obligés d’attendre
des heures et des heures avant de pouvoir entrer à
Gaza.
Au département de français de l’université Al-Aqsa
et dans le cadre de notre collaboration avec le service
de la coopération linguistique et éducative du consulat de France, nous avons eu en début de 2010 plus
de neuf visites de la part de différentes délégations
du consulat, pour des rencontres, des animations des
ateliers, notamment d’écriture, pour les étudiants, et
l’élaboration de différents projets avec notre université. Et bien sûr notre expérience n’est pas unique, cette
coopération se développe avec d’autres universités,
et d’autres écoles ; et pas seulement, car des hôpitaux
et des associations dans la bande de Gaza bénéficient
également d’un programme de soutien.
Nous ne pouvons oublier la participation du consulat dans la reconstruction de l’hôpital du Croissant
rouge détruit lors de différents bombardements israéliens en 2008 et en 2009, et la négociation qu’il
a mené avec les autorités israéliennes pour obtenir
l’accord d’entrée des matériaux de construction pour
cet hôpital. Nous ne pouvons oublier les efforts du
consulat pour aider des professeurs, des chercheurs
et des étudiants de Gaza à sortir via le passage d’Irez
pour rejoindre leurs universités et laboratoires de
recherches en France. Nous ne pouvons oublier la
volonté du consulat de maintenir le centre culturel
français à Gaza, comme espace de liberté, ouvert aux
artistes et aux jeunes palestiniens ; ses efforts pour
continuer à travailler avec la bande de Gaza malgré
toutes les difficultés politiques et la division entre
les palestiniens ; sa volonté d’intéresser à Gaza le
milieu des artistes et des intellectuels français et de
les y inviter à exposer et donner des conférences ;
ses efforts pour faire parvenir du matériel médical et
didactique, aux universités, aux écoles, aux associations et à tous les partenaires dans cette prison à ciel
ouvert, qui souffre d’une très grave pénurie.
Le département de français de l’Université n’a
cessé d’organiser des activités variées : projection
du film « Entre les murs », conférence sur l’astronomie, réunions festives, conférence sur le pèlerinage
et le nationalisme en Palestine, par Emma Aubin-Boltanski ; réception des dictionnaires le Robert offerts
par le consulat Général de France à Jérusalem ; visioconférence avec l’université de Paris VIII ; concours
d’écriture ; atelier d’écriture animé par l’écrivaine
française Yanne Dimay, pour participer à un concours
francophone international soutenu par l’UNESCO, sur
l’écriture et l’imagination ; animation de l’émission
hebdomadaire en français « Bienvenue en France »
sur la radio privée Mannar à Gaza ; visite de la nouvelle usine d’eau minérale Arjan ; visite au collège
Ramla dans la ville de Gaza, un collège d’excellence
qui enseigne le français pour les filles ; cérémonie en
mars pour célébrer la journée de la terre et la fête de la
Francophonie, en présence de plusieurs délégations et
avec la participation des écoles publiques et privées
dans la Bande de Gaza.
Un concours de nouvelles francophones organisé
en partenariat avec le Consulat de France, a rassemblé 16 étudiantes et étudiants de tous les niveaux
et a duré plus de trois heures. La remise des prix a
été effectuée en juin en présence de Jean Mathiot,
directeur du Centre Culturel français de Gaza, et Ziad
Medoukh, responsable du département de français.
Lors de cette remise de prix, des livres, des dictionnaires, des DVD et des diplômes offerts par le Consulat
de France furent distribués aux quatre gagnants. }
A U - D E L A D E S P AY S F R A N C O P H O N E S
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Sonia HINDIÉ
Université d’Alep
[email protected]
La période 2009/2010 a été riche en événements
nouveaux pour la Syrie dans les domaines de la
culture, de l’activité diplomatique notamment,
l’ouverture avec la Turquie et de ses conséquences
nombreuses au plan économique.
On ne peut s’empêcher d’évoquer la fabrique des
savons d’Alep, qui conserve depuis la plus haute
antiquité, à l’abri de khans moyenâgeux, ce savoirfaire ancestral. Reconnu mondialement pour ses
nombreuses vertus, le savon d’Alep s’élabore selon
un procédé artisanal écologique au plus haut point :
il intègre huile d’olive et laurier, sans aucun produit
chimique ni synthétique. Cet aspect l’a popularisé
alors que se répand dans le monde, la vague de l’agriculture biologique et du développement durable.
L’exposition qui s’est tenue à Alep, à l’occasion
des 800 ans de l’ordre des Franciscains témoigne
de la vitalité de la francophonie par la présence
des pères franciscains qui perpétuent jusqu’à nos
jours la tradition d’un enseignement en français
au Levant cher à Maurice Barrès et à Lamartine. A
travers des photos et des manuscrits inédits, on y
découvre dans les souks du vieil Alep, le rôle de
l’école Chibéni ayant fourni une formation culturelle francophone à maints intellectuels syriens
dès 1859.
Cour de l’école Chibeni
En marge de cet événement, on a remarqué la
parution de plusieurs ouvrages sur des aspects
historiques de la Syrie du Nord au XVIIIe. siècle :
ainsi les chercheurs Hussein Mudarris & Olivier Salmon ont fait rééditer des ouvrages qui
éclairent le lecteur à travers des textes rares, et
une iconographie abondante sur l’activité diplomatique dans la Syrie d’alors ou la vie de voyageurs en quête d’itinéraires insolites ; on trouve
ainsi comme témoignages édifiants sur les affaires
consulaires ou commerciales, de la vie religieuse
ou littéraire :
« Alep sous le consulat de Henri Guys, consul de
France de 1787 à 1878 »,
« Alep dans les récits des voyageurs français au
XIXe.siècle »
« Le Consulat de France à Alep au XVIIe siècle :
Journal de Louis Gédoyn, Vie de François Picquet,
Mémoires de Laurent d’Arvieux »
« Mémoire sur la Syrie ou Promenades d’un ingénieur géographe à Alep (1831-1832) » de Camille
Callier (1804-1889).
L’aspect inédit des ces récits enchantera l’historien ou l’esprit curieux.
Par ailleurs, un événement important aux répercussions multiples eut lieu lors du sommet
de Damas en septembre 2009, où la Syrie et la
Turquie ont décidé d’annuler l’obligation de visas en instaurant la libre circulation des citoyens.
Cet accord abolit un vieux contentieux frontalier
entre les deux pays datant du mandat français;
mais il renforce aussi la coopération bilatérale
en facilitant les échanges économiques dans les
domaines de l’environnement, la météorologie, les
grandes et moyennes entreprises, l’éducation et la
recherche. Cette ouverture a, par exemple, permis
la création d’une co-entreprise spécialisée dans
la fabrication des panneaux solaires et permis
l’embauche une centaine d’employés.
Autre impact, l’échange d’informations hydrologiques et météorologiques concernant le réseau
fluvial et le partage des eaux entre les pays riverains, la sécheresse et les conséquences du changement climatique. Thème crucial dans ces pays
méditerranéens où la pénurie traditionnelle de
l’eau, les tensions dues à son partage en période
de croissance démographique, rendent indispensables le partage des expériences et la mise en
commun des savoirs techniques.
Pour compléter cette carte postale de Syrie, on
a remarqué Valéry Giscard d’Estaing invité pour
le 40ème anniversaire de la francophonie souligner cette diversité culturelle et religieuse qui
caractérise la société syrienne. Le ministère du
tourisme n’a-t-il pas, en effet, élaboré en 2009 un
programme de promotion du tourisme religieux en
Syrie à l’occasion du bimillénaire de la conversion
de saint Paul à Damas en soulignant le rôle de la
Syrie comme « berceau du christianisme » ? L’ancien
président français, a pu apprécier spécialement la
ville d’Alep si riche de son histoire et ses vestiges
archéologiques dans une conférence intitulée: « Le
rôle de la France et de l’Europe pour l’instauration
de la paix et l’harmonie mondiale ».
Territoire à la croisée de plusieurs mondes, la
Syrie, traversée par les plus importantes voies commerciales, entre l’Europe, la Chine et l’Inde avec
lesquels elle a toujours échangé idées et marchandises, est loin de vivre, de nos jours encore, dans
un espace clos, à l’écart des courants culturels ou
en retrait de la vie moderne ; elle est bien de son
temps mais sur un mode propre à l’Orient. }
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SYRIE