résistance aux antibiotiques, notamment en aviculture

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résistance aux antibiotiques, notamment en aviculture
Conf. OIE 2001, 123-134
RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES, NOTAMMENT EN AVICULTURE
Moritz van Vuuren
Département des maladies vétérinaires tropicales, Faculté des Sciences vétérinaires
Université de Pretoria, Afrique du Sud
Original : anglais
Résumé : L’inclusion du thème « Résistance aux antibiotiques, notamment en aviculture » à l’ordre du
jour de la 14e Conférence de la Commission régionale de l’OIE pour l’Afrique souligne l’importance de
la question des résistances bactériennes aux médicaments antimicrobiens, telle qu’elle est actuellement
perçue dans sa globalité.
Les antibiorésistances et leur transfert éventuel à des bactéries humaines par les agents pathogènes
présents dans les aliments d’origine animale ont ajouté aux préoccupations du grand public et renforcé
l’attention portée par les scientifiques à l’utilisation des antimicrobiens à titre thérapeutique et
subthérapeutique chez les animaux. De nombreuses réunions internationales ont été organisées,
notamment dans les années 90, pour étudier le problème de l’émergence des antibiorésistances parmi les
bactéries pathogènes. Dans le même ordre d’idées, plusieurs rapports scientifiques ont été publiés sur ce
sujet. Les principales réunions et publications sont rappelées dans ce rapport.
Un questionnaire a été préparé à l’intention de tous les Pays Membres de l’OIE en Afrique. L’objectif
était de recueillir des informations sur les perceptions et approches actuelles de l’antibiorésistance dans
la production des animaux destinés à la consommation humaine, notamment dans l’aviculture africaine.
Dix-huit pays ont répondu à ce questionnaire.
Tous les Pays Membres comptent un grand nombre de petits élevages avicoles. Le recours aux
traitements antimicrobiens à visée thérapeutique est minime dans ce secteur et la sélection de bactéries
résistantes qui en résulte est par conséquent réduite. Les pays disposant d’une aviculture industrielle
développée sont en revanche concernés par les mêmes préoccupations que l’hémisphère Nord à propos
du risque de dissémination de bactéries résistantes ou de transfert de gènes de résistance à des bactéries
humaines.
La surveillance des quantités d’antimicrobiens utilisées pour la production animale n’existe que dans
quelques pays. La plupart des pays ont mis en place des procédures administratives en matière
d’autorisations de mise sur le marché mais le degré d’application de ces procédures varie
considérablement d’un pays à l’autre. Alors que certains pays sont conscients des effets indésirables
possibles de l’utilisation des antimicrobiens dans l’élevage, d’autres ne le sont guère.
Dans tous les pays, différentes combinaisons de points faibles tels qu’absence de législation, de
connaissances, de ressources et de Services vétérinaires ont été identifiées comme des obstacles à
l’utilisation prudente des médicaments antimicrobiens.
1. INTRODUCTION
Au cours de ces dix dernières années, le problème des résistances bactériennes aux médicaments antimicrobiens est
devenu un sujet de préoccupation croissant pour le grand public et a fait l’objet d’un intérêt scientifique accru. On
craint de plus en plus en effet que le recours aux antimicrobiens en médecine vétérinaire et pour les besoins de
l’élevage ne se répercute sur la santé humaine en cas de développement de bactéries résistantes chez les animaux et de
transmission à l’homme par la chaîne alimentaire ou l’environnement. Il n’existe encore aucun consensus sur la
responsabilité exacte des antibiotiques administrés aux animaux dans le développement des antibiorésistances et leur
transfert à des bactéries humaines. Les données expérimentales, épidémiologiques et moléculaires indiquent cependant
un rapport entre l’utilisation des antimicrobiens et l’émergence de souches bactériennes résistantes chez les animaux,
puis leur propagation à l’homme, notamment par la chaîne alimentaire.
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2. PERCEPTIONS ET APPROCHES ACTUELLES DE L’ANTIBIORÉSISTANCE
2.1.
Réunions internationales
Le problème de santé publique que pose la transmission à l’homme de bactéries résistantes chez les animaux a
conduit à l’organisation de plusieurs réunions internationales consacrées à ce sujet au cours des dernières
années. En octobre 1997, une réunion parrainée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est tenue en
Allemagne, à Berlin, sur le thème suivant : Impact médical de l’utilisation d’antimicrobiens chez les animaux
servant à la production alimentaire. Il a été recommandé entre autres à cette occasion de ne plus administrer chez
les animaux de rente importants pour la santé humaine les produits utilisés comme promoteurs de croissance si
ceux-ci ou la classe à laquelle ils appartiennent font partie de l’arsenal thérapeutique disponible en médecine
humaine ou sont connus pour engendrer des résistances croisées aux antibiotiques administrés chez l’homme
(18).
Une autre réunion parrainée par l’OMS s’est déroulée en Suisse, à Genève, en juin 1998 sur le thème suivant :
Utilisation des quinolones chez les animaux destinés à la consommation humaine et impact potentiel sur la santé
humaine. Les participants ont conclu à la nécessité de mettre au point très rapidement des directives sur
l’utilisation prudente des antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation humaine et ont estimé qu’il
convient de limiter l’utilisation massive des fluoroquinolones (19).
Une conférence organisée en septembre 1998 au Danemark, à Copenhague, dans le cadre de l’Union
européenne, avec pour thème « La menace microbienne », a traité des implications pour la santé humaine de la
résistance accrue des bactéries aux antimicrobiens. Parmi les recommandations formulées à l’issue de la
conférence, les participants ont préconisé que les États Membres de l'Union européenne centralisent des
informations sur la distribution et l’utilisation des antimicrobiens.
Une Conférence scientifique européenne intitulée « Utilisation des antibiotiques chez les animaux - protection
de la santé publique » s’est tenue au siège de l’Office International des Epizooties (OIE), à Paris (France), en
mars 1999. Cette conférence était consacrée aux stratégies et aux mesures à mettre en oeuvre pour contrôler et
réduire les risques d’antibiorésistance secondaires à l’utilisation des antibiotiques chez les animaux (12).
2.2.
Rapports scientifiques et documents de base
Plusieurs rapports scientifiques importants ont été publiés sur l’émergence d’antibiorésistances chez les bactéries
pathogènes et sur les risques associés pour l’homme. Dès 1969, au Royaume-Uni, la commission parlementaire
Swann avait présenté un rapport évoquant plus particulièrement les conséquences défavorables possibles des
antibiotiques administrés aux animaux sur les traitements des infections bactériennes chez l’homme. Cette
commission a été la première à recommander que les antibiotiques administrés pour traiter les infections
humaines et animales ne soient pas utilisés comme promoteurs de croissance (2).
Lors de la 65e Session générale du Comité international de l’OIE en mai 1997, les Pays Membres européens
ont décidé de mettre en place une étude sur le rôle du commerce international des animaux, des produits
d’origine animale et des aliments pour animaux dans la propagation de l’antibiorésistance, et sur les moyens de
contrôler la dissémination des facteurs de résistance aux agents anti-infectieux. Le rapport de cette étude réalisée
par le Centre collaborateur de l’OIE pour les médicaments vétérinaires, rattaché à l’Agence nationale du
médicament vétérinaire (ANMV) de Fougères (France), a été présenté lors de la Conférence de la Commission
régionale de l’OIE pour l’Europe, à Prague (République tchèque), en septembre 1998.
En Australie, le Comité consultatif technique mixte sur la résistance aux antibiotiques (JETACAR) a été créé en
avril 1998. Ce comité avait essentiellement pour mission d’évaluer les données scientifiques concernant le
rapport entre l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation humaine et l’émergence,
la sélection et la propagation à l’homme de bactéries antibiorésistantes. Il devait également élaborer des
recommandations fondées sur des données scientifiques en vue de maîtriser l’utilisation des antibiotiques chez
les animaux destinés à la consommation humaine. Le rapport de ce comité a été publié en octobre 1999 (7).
Dans la conclusion générale formulée à l’issue d’un travail de fond méticuleux, ce comité a estimé que l’emploi
des antibiotiques pour la production animale pouvait se répercuter sur la santé de l’homme mais que les
décisions concernant les antimicrobiens devaient être étayées par des bases scientifiques sérieuses et des
analyses de risques. Il a recommandé l’élaboration d’un programme de maîtrise de l’antibiorésistance visant à la
fois l’administration des antibiotiques chez l’homme et l’utilisation de ces produits chez les animaux. Le
gouvernement australien a répondu favorablement à ce rapport en octobre 2000 et a décidé de créer un groupe
interdépartemental rattaché au JETACAR, chargé de surveiller et de coordonner la stratégie relative aux
antibiotiques.
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En décembre 1998, aux États-Unis, le Centre de médecine vétérinaire de la FDA a publié un document intitulé
« Propositions d’évaluation des effets microbiens des nouveaux antibiotiques vétérinaires destinés aux animaux
servant à la production alimentaire et principes de sécurité ». Selon ce document, il est indispensable de tenir
compte aussi bien de l’importance des médicaments anti-infectieux utilisés en médecine humaine que de
l’exposition potentielle de l’homme aux bactéries résistantes transmises par les animaux destinés à la
consommation, directement pathogènes pour l’homme ou capables de transférer leurs résistances à des agents
pathogènes humains.
Un rapport signé par le groupe de travail du Comité consultatif sur la sécurité microbiologique des aliments
(ACMSF) a été publié au Royaume-Uni en 1999. Ce document contient une analyse approfondie du rôle des
aliments dans le transfert des résistances microbiennes aux antibiotiques. Il souligne que la responsabilité
possible des antibiotiques administrés aux animaux dans la sélection de bactéries résistantes susceptibles d’être
transférées à l’homme par les aliments et de provoquer des infections difficiles à traiter fait l’objet d’un débat
dont les débuts remontent à plus de quarante ans. Tout comme le rapport du JETACAR, ce texte reconnaît que le
principal facteur contribuant au développement des antibiorésistances est très vraisemblablement l’emploi des
antibiotiques en médecine humaine. On ne peut ignorer cependant qu’un nombre croissant de données indique
que l’administration d’antibiotiques aux animaux provoque l’émergence de certaines bactéries résistantes, ce qui
appelle les mesures nécessaires.
Les publications du DANMAP au Danemark traitent régulièrement du développement de résistances
bactériennes aux antimicrobiens. Ces rapports publiés chaque année mettent en parallèle les données portant sur
les animaux, les aliments et l’homme en matière d’antibiorésistance et les informations concernant l’emploi des
antibiotiques chez l’homme et les animaux.
Le Comité international de l’Office international des épizooties (OIE) a décidé en mai 1999 de créer un
groupe international d’experts chargé d’étudier, selon une approche globale et interdisciplinaire, les risques de
santé publique liés aux antibiorésistances dues à l’emploi de médicaments antimicrobiens en médecine
vétérinaire. Cette décision a été fortement influencée par les résultats et recommandations contenus dans le
rapport adressé par le Centre collaborateur de l’OIE à la Commission régionale de l’OIE pour l’Europe en
septembre 1998, ainsi que par les commentaires de la Commission des normes de l'OIE. Le groupe d’experts de
l’OIE avait pour mission de préparer des lignes directrices pour tous les Pays Membres de l’OIE dans les
domaines suivants :
-
Méthodologie d’analyse des risques destinée à maîtriser les répercussion potentielles sur la santé publique
des bactéries d’origine animale résistantes aux antimicrobiens.
Utilisation responsable et prudente des agents antimicrobiens en médecine vétérinaire.
Surveillance des quantités d’antimicrobiens utilisées à des fins d’élevage.
Harmonisation des programmes nationaux de surveillance des résistances aux antimicrobiens chez les
animaux et dans les aliments d’origine animale.
Standardisation et harmonisation des méthodes de contrôle de la sensibilité aux antimicrobiens.
L’objectif de ces lignes directrices n’est pas d’établir des prescriptions mais de recommander aux Pays Membres
des méthodes pour recueillir davantage d’informations destinées à étayer les prises de décision scientifiques. Le
rapport final sur les délibérations concernant les cinq séries de lignes directrices sera communiqué au Comité
international de l’OIE en mai 2001, après avoir été présenté lors de la seconde Conférence internationale de
l’OIE sur l’antibiorésistance, prévue à Paris (France), du 20 au 23 mars 2001.
2.3.
Mesures prises
Il faut également remarquer, au cours de ces dernières années, les mesures décisives et les propositions émanant
de certains Pays Membres de l’OIE. En 1998, le principe de précaution a été invoqué par l’Union européenne
pour interdire l’emploi de la virginiamycine, de la spiramycine, de la bacitracine et de la tylosine comme additifs
alimentaires.
Le 26 octobre 2000, le Centre de médecine vétérinaire (CVM) rattaché à la FDA, aux États-Unis, a publié un
appel à audition concernant sa proposition de retrait de l’autorisation d’utiliser chez les volailles l’enrofloxacine
(antibiotique de la famille des fluoroquinolones), à la suite de données nouvellement obtenues. Cette mesure a
été prise sur la base des considérations suivantes, avancées par le CVM :
-
L’administration de fluoroquinolones chez les volailles provoque le développement, chez celles-ci, de
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-
souches de Campylobacter résistantes aux fluoroquinolones, c’est-à-dire d’un agent pathogène pour
l’homme.
Ces bactéries sont transmises à l’homme et contribuent considérablement au développement d’infections
humaines dues à des souches de Campylobacter résistantes aux fluoroquinolones.
Les infections à Campylobacter résistantes aux fluoroquinolones constituent un risque pour la santé
humaine.
3. ANTIBIORÉSISTANCE CHEZ LES BACTÉRIES
HÉBERGÉES PAR LES ANIMAUX ET PAR L’HOMME
Certaines bactéries sont intrinsèquement insensibles aux antibiotiques, et l’étaient au demeurant avant la généralisation
de ces produits. La plupart des bactéries résistantes ont pourtant émergé suite à de modifications génétiques acquises
par mutation ou par transfert de matériel génétique d’une bactérie résistante à une bactérie sensible. Il est généralement
reconnu que les bactéries peuvent développer une résistance à pratiquement n’importe quel antibiotique en réponse à
son utilisation. L’exposition à des antimicrobiens conduit à une multiplication sélective de bactéries résistantes qui
peuvent persister et remplacer les bactéries sensibles (6).
Les gènes de résistance sont codés soit par les chromosomes, soit en dehors de ceux-ci par des plasmides, des
transposons et des intégrons. La facilité de transfert du matériel génétique joue un rôle important dans la propagation de
l’antibiorésistance d’une souche bactérienne à une autre. Les gènes de résistance ont par conséquent un fort potentiel de
diffusion parmi les bactéries. Il en découle que les antimicrobiens peuvent être responsables de la multiplication des
bactéries résistantes, aussi bien parmi les souches virulentes que dans la flore bactérienne normale.
Les premières descriptions d’infections humaines dues à des bactéries d’origine animale remontent au milieu des
années 60 et proviennent du Royaume-Uni. Les résistances peuvent passer de l’animal à l’homme par transmission de
bactéries zoonotiques ou commensales antibiorésistantes, ou par transfert de gènes de résistance dans le tube digestif
humain après ingestion de produits d’origine animale contaminés. Une publication a décrit entre autres les modes de
transmission de l’animal à l’homme de Campylobacter jejuni et d’autres Campylobacter thermophiles apparentés (17).
Au cours des dix dernières années, une souche multirésistante de Salmonella typhimurium de lysotype définitif DT 104
a été à l’origine de nombreuses infections humaines au Royaume-Uni et, à un moindre degré en Europe, aux États-Unis
d’Amérique et au Canada. Au Royaume-Uni, les infections ont été considérées comme d’origine zoonotique car, dans
ce pays, la souche DT 104 est la salmonelle la plus courante chez les bovins, les ovins et les porcs, et arrive en seconde
place chez les volailles (16).
Après l’introduction de la vancomycine dans les années 60, aucune résistance à ce produit n’a été rapportée pendant
près de 20 ans. À la fin des années 80, des résistances à la vancomycine ont commencé à apparaître chez des bactéries
commensales naturellement résistantes à cet antibiotique. Un rapport plus inquiétant a été publié en France en 1988.
Les travaux relatés ont en effet permis d’isoler des souches d’Enterococcus faecium résistantes à la vancomycine et
exprimant un gène (vanA) porté par un plasmide transmissible. Les recherches moléculaires ont indiqué qu’en Europe
les animaux destinés à la consommation humaine constituent le réservoir probable de ces souches particulières et que
l’emploi de l’avoparcine (antibiotique glycopeptidique apparenté à la vancomycine) est responsable de leur sélection
(20).
Des espèces de Campylobacter résistantes aux fluoroquinolones ont été détectées après l’autorisation de mise sur le
marché, en 1995, aux États-Unis d’Amérique, de fluoroquinolones à visée thérapeutique destinées aux volailles. Il en
est résulté un renforcement des soupçons sur le rôle possible des antimicrobiens utilisés par les éleveurs dans le
développement de résistances chez les bactéries pathogènes de l’homme.
4. ANTIBIORÉSISTANCE CHEZ LES BACTÉRIES DES VOLAILLES
La flore intestinale des animaux peut constituer un réservoir de bactéries antibiorésistantes capables d’infecter ou de
coloniser les hommes par la chaîne alimentaire. Ces souches sont fréquemment présentes chez les animaux destinés à la
consommation humaine, y compris chez les volailles. Les poulets peuvent être des réservoirs pour plusieurs agents
pathogènes véhiculés par les aliments, dont Campylobacter et Salmonella (8). La contamination bactérienne des
carcasses de poulet se produit généralement pendant l’abattage et la transformation, et ces micro-organismes peuvent
survivre dans le produit vendu au consommateur. Une étude de Bok et coll. portant sur l’incidence des agents
pathogènes alimentaires dans les poulets de chair vendus au détail en Afrique du Sud fait état de la mise en évidence de
Salmonella, Aeromonas, Shigella, Campylobacter et Yersinia. Il est également apparu dans ce travail que plusieurs
carcasses de poulet étaient contaminées par plus d’un agent pathogène à la fois (4). Le rapport de l’ACMSF mentionné
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plus haut a également souligné que la chair de volaille est un réservoir important de Campylobacter jejuni et
Campylobacter coli.
Plusieurs publications, dont certaines émanent du continent africain, font état d’antibiorésistances observées chez des
bactéries trouvées dans des poulets abattus et revendus au détail, ainsi que chez des poulets errants (1, 3, 9, 10, 13, 14).
L’enrofloxacine qui appartient à la famille des quinolones est largement utilisée en aviculture dans certains pays, et de
nombreux scientifiques estiment, à l’appui d’un nombre croissant de données, que l’émergence d’espèces de
Campylobacter spp. résistantes aux quinolones traduit l’utilisation de ces produits en médecine vétérinaire.
Campylobacter tout comme Salmonella DT 104 (également présente chez les volailles) ont une tendance à développer
des résistances aux quinolones. Pour les espèces de Salmonella, on a cependant plutôt caractérisé à ce jour une légère
perte de sensibilité qu’une résistance.
5. QUESTIONNAIRE ADRESSÉ AUX PAYS MEMBRES AFRICAINS DE L’OIE
L’inclusion du thème « Résistance aux antibiotiques, notamment en aviculture » à l’ordre du jour de la 14e Conférence
de la Commission régionale de l’OIE pour l’Afrique est un prolongement des nombreux travaux réalisés dans le monde
sur l’antibiorésistance. Elle reflète également les efforts constants déployés par l’OIE en vue d’aboutir à un consensus
international sur l’approche à suivre pour aborder et résoudre ce problème.
Un questionnaire a été préparé à l’intention de tous les Pays Membres de l’OIE en Afrique. L’objectif était de recueillir
des informations sur les perceptions et approches actuelles de l’antibiorésistance dans la production des animaux
destinés à la consommation humaine, notamment dans l’élevage des volailles en Afrique. Pour atteindre cet objectif, le
questionnaire a été subdivisé en six volets, à savoir :
-
Nature et importance de l'aviculture dans les Pays Membres
Utilisation des produits antimicrobiens
Autorisation de mise sur le marché des produits antimicrobiens
Conscience des préoccupations globales concernant l’antibiorésistance
Utilisation prudente des produits antimicrobiens
Surveillance et contrôle de la résistance des bactéries aux produits antimicrobiens
Les questions ont été formulées de manière à obtenir des informations sur l’antibiorésistance au sens large. L’objectif
était aussi de cerner l’importance de l’aviculture en Afrique et d’évaluer son rôle potentiel dans le développement de ce
phénomène et la dissémination des facteurs de résistance.
6. RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE
Le questionnaire a été adressé aux 44 Pays Membres du ressort de la Commission régionale de l’OIE pour l’Afrique.
Les dix-huit pays suivants, énumérés par ordre alphabétique, y ont répondu : Afrique du Sud, Algérie, Bénin,
Botswana, Burundi, Erythrée, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Mali, Maroc, Namibie, Nigeria, Soudan, Swaziland,
Tanzanie et Zimbabwe.
Le questionnaire complet est présenté ci-après, avec un résumé des réponses. La dernière partie de ce rapport est
consacrée à la discussion et aux conclusions.
A. Nature et importance de l'aviculture
1.
Veuillez compléter ci-dessous les informations concernant la branche commerciale organisée de l’aviculture de
votre pays.
a) Quel est le nombre approximatif d’échanges commerciaux de poulets de chair par semaine ?
Quinze pays se sont efforcés de répondre à cette question et 3 ne connaissaient pas la réponse. Le nombre
d’échanges commerciaux de poulets de chair par semaine varie entre un chiffre insignifiant et 12 millions par
semaine. La moyenne pour les 13 pays qui ont fourni des chiffres précis était de 1,33 million, avec une
fourchette comprise entre 5 000 et 12 millions.
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b) Quel est le nombre approximatif d’échanges commerciaux de poules pondeuses par an ?
Le chiffre annuel des échanges commerciaux portant sur les poules pondeuses varie entre 115 000 et
16,5 millions. Quatorze pays ont indiqué des chiffres précis mais certains ont fait état de données irréalistes
quant à la taille de leur secteur avicole industriel, de sorte qu’aucune moyenne n’a pu être calculée.
c) Combien de kilogrammes de chair de volailles transformée sont-ils produits par semaine ?
La production de chair de volailles était une question difficile et 8 pays seulement ont répondu. L’incertitude
engendrée par ce paramètre est due à la très faible consommation de chair de volailles dans certains pays et au
nombre important d’abattages non déclarés. Le chiffre moyen pour les 8 pays était de 1 700 tonnes/semaine,
avec une fourchette allant de 15 à 12 151 tonnes/semaine.
d) Combien d’œufs de table sont-ils produits par mois ?
Quinze pays ont fourni des chiffres précis et 3 n’ont pas répondu. Le nombre moyen d’œufs de table était de
96,6 millions par mois, avec une fourchette comprise entre 20 000 et 580 millions.
2.
L’aviculture de subsistance ou à échelle familiale est-elle pratiquée dans votre pays ?
Si oui, quelle proportion ou pourcentage de l’aviculture industrielle représente-t-elle ?
Les 18 pays qui ont répondu ont tous confirmé que l’aviculture est pratiquée à l’échelle familiale et 17 d’entre
eux ont souligné que ce type d’élevage représente une proportion significative de l’aviculture. Sur les 16 pays
qui ont fourni une estimation, la proportion moyenne était de 58%, avec une fourchette comprise entre 0,05 et
97%.
B. Utilisation des produits antimicrobiens
1.
Dans quels buts, parmi les suivants, les produits antimicrobiens sont-ils utilisés en aviculture dans votre pays ?
Promoteur de croissance (antibiotiques améliorant la digestibilité)
Prophylaxie
Action thérapeutique
Dix des 18 pays ont confirmé que des antimicrobiens sont utilisés aussi bien à titre thérapeutique qu’à titre
prophylactique en aviculture, et 7 ont également fait état de l’emploi de médicaments antimicrobiens comme
promoteurs de croissance. Un pays n’a pas répondu à cette question.
2.
Les antimicrobiens utilisés pour la prophylaxie et le traitement en aviculture sont-ils contrôlés et réglementés
dans votre pays ?
Les antimicrobiens utilisés pour le traitement et la prophylaxie sont contrôlés dans 10 des 17 pays utilisateurs
qui ont répondu à cette question.
3.
Les promoteurs de croissance (antibiotiques améliorant la digestibilité) utilisés en aviculture sont-ils contrôlés
et réglementés dans votre pays ?
Les 7 pays dans lesquels des promoteurs de croissance sont utilisés ont indiqué que ces produits sont contrôlés.
4.
Une législation sur l’achat et la vente des antimicrobiens en aviculture a-t-elle été adoptée dans votre pays ?
Si oui, veuillez indiquer à quelle instance le pouvoir réglementaire a été délégué.
Quatorze pays n’ont aucune législation pour réglementer la vente des antimicrobiens utilisés en aviculture. Dans
la plupart des cas, le pouvoir réglementaire a été délégué à la direction des Services vétérinaires et, dans certains
pays, au ministère de l’Agriculture et/ou de la Santé.
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5.
La quantité d’antimicrobiens utilisés dans votre pays pour la production d’aliments d’origine animale est-elle
contrôlée ?
Si oui,
a) Les données relatives à l’aviculture peuvent-elles être séparées de celles d'autres industries ?
b) Qui représenterait la principale source d’informations ?
c) De quelle manière l’information est-elle collectée ?
L’utilisation d’antimicrobiens n’est contrôlée que dans 5 des 18 pays et 4 d’entre eux déclarent que les données
concernant l’aviculture peuvent être séparées de celles des autres secteurs d’élevage.
Les sources d’information sont les laboratoires pharmaceutiques et les services des douanes qui centralisent des
données sur les importations et les ventes.
6.
Les vétérinaires sont-ils les seuls autorisés à utiliser les antimicrobiens chez les animaux destinés à la
consommation humaine dans votre pays ?
Si non, quelles sont les autres personnes autorisées ?
Seulement 6 pays ont indiqué que les vétérinaires sont les seuls autorisés à administrer des antimicrobiens chez
des animaux destinés à la production alimentaire. Certains d’entre eux ont ajouté que les éleveurs et le personnel
paravétérinaire ont néanmoins facilement accès à ces produits qu’ils utilisent librement. Dans les pays où
l’autorisation n’est pas limitée aux vétérinaires, les antibiotiques sont également utilisés par les éleveurs, le
personnel paravétérinaire et les agents de santé animale, le plus souvent avec des restrictions associées à
l’emploi de ces produits. Trois pays ont indiqué que par suite de l’absence de contrôle, quiconque souhaite
utiliser des antibiotiques peut s’en procurer et les employer librement.
7.
Des restrictions ont-elles été imposées sur la gamme des antimicrobiens autorisés chez les animaux dans votre
pays ?
Douze des 17 pays qui ont répondu ont mis en place des restrictions. Bien que les pays aient fourni peu de
détails, cela signifierait pour l’essentiel que certains produits enregistrés comme des traitements destinés aux
animaux d’élevage aient été exemptés de l’obligation de prescription par les instances compétentes.
8.
Dans quelle proportion les antimicrobiens sont-ils utilisés hors indications ?
L’utilisation hors indications des antimicrobiens est un autre paramètre impossible à quantifier. Selon la
définition figurant dans le document de l’Association vétérinaire américaine sur l’utilisation thérapeutique
judicieuse des antimicrobiens, l’utilisation hors indications inclut les cas suivants : administration à des espèces
ne figurant pas dans les mentions légales, utilisation dans des traitements (maladies ou troubles) non précisés
dans les mentions légales, utilisation à des doses, à des fréquences ou avec des voies d’administration différentes
de celles prescrites dans les mentions légales, ou écart par rapport aux temps d’attente définis pour les
différentes utilisations. Les mentions indiquées par les seize pays qui ont répondu ont varié entre « négligeable »
et « importante » et ont comporté des termes tels que « rare, limitée, modérée ou importante ».
9.
Existe-t-il dans votre pays un problème lié à l’utilisation frauduleuse des médicaments en aviculture ?
Onze pays estiment être à l’abri des contrefaçons. Cinq précisent être conscients du problème et deux n’ont pas
été en mesure de répondre.
10.
Comment les limites maximales de résidus et les temps d’attente sont-ils fixés dans votre pays, et quels sont les
contrôles effectués ?
Au cours de la procédure d’enregistrement des antimicrobiens, la plupart des pays prennent des décisions sur les
apports journaliers acceptables et les limites maximales de résidus. Ces décisions sont fondées sur les temps
d’attentes fixés dans le Codex Alimentarius ou les directives internationales et sur les informations fournies par
les fabricants. La surveillance des résidus tissulaires est uniquement effectuée dans les pays qui exportent de la
viande rouge vers des pays qui imposent ce type de contrôle.
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11.
L’accès aux antimicrobiens destinés à l’usage vétérinaire et leur distribution sont-ils satisfaisants dans les
régions reculées de votre pays ?
Seulement 3 pays ont indiqué que les médicaments antimicrobiens ne sont pas faciles à obtenir dans les régions
reculées et 2 pays n’ont pas répondu à cette question. Certains pays ont mentionné le rôle des ONG dans la
distribution des médicaments dans ces zones.
C. Autorisation de mise sur le marché des produits antimicrobiens
Dix-sept pays ont fourni des réponses complètes aux quatre questions de cette partie, et un autre n’a transmis aucune
information.
1.
Qui est responsable de l’évaluation des antimicrobiens importés dans votre pays ?
Dans les 17 pays qui ont répondu, la responsabilité de l’évaluation des antimicrobiens importés a été déléguée
soit à des ministères ou à des instances gouvernementales, soit à des conseils, comités ou autorités
subventionnés par le gouvernement, soit à des centres ou des laboratoires de référence nationaux.
2.
Quels sont les critères utilisés pour déterminer l'origine des produits antimicrobiens ?
Les 17 pays ont tous répondu que seuls sont autorisés les antimicrobiens provenant de fabricants agréés et en
mesure de prouver que leur procédé de fabrication est conforme aux bonnes pratiques de fabrication reconnues
au niveau international. Les autres critères importants sont les certificats d’enregistrement dans le pays d’origine
et dans les autres pays ainsi que les dossiers scientifiques fournis par l’importateur ou le fabricant.
3.
Quelles sont les mesures mises en place pour contrôler l’importation de produits non autorisés sur le marché ?
Tous les pays ont répondu que l’importation de produits non enregistrés n’est pas permise. Dans certains pays, il
existe des services d’inspection rattachés à un ministère ou des comités spécialement chargés de ces questions.
Les plupart des pays ont cependant précisé que la délivrance des licences d’importation par les services des
douanes constitue la principale mesure de contrôle des produits importés.
4.
Après autorisation de mise sur le marché, qui contrôle la distribution et l’utilisation des antimicrobiens ?
La surveillance de la distribution et de l’utilisation des antimicrobiens est assurée par des organismes intitulés
selon les pays Division/Service d’inspection, Agence nationale ou Conseil fédéral mais, dans la plupart des pays,
c’est la direction des Services vétérinaires qui remplit cette fonction. L’un des pays a indiqué qu’aucune
surveillance n’est actuellement exercée. Trois pays ont ajouté que même si ces mesures existent officiellement,
elles ne sont pas toujours mises en oeuvre avec efficacité.
D. Information
1.
Comment les informations concernant l’utilisation et la disponibilité des antimicrobiens destinés à l’aviculture
sont-elles diffusées aux producteurs ?
Dans 8 pays, les informations émanent des publications avicoles, des publicités et des représentants des
laboratoires. Cinq pays ont indiqué que les informations proviennent à la fois des représentants des laboratoires
et des publicités tandis que dans 4 pays, les représentants des laboratoires constituent la seule source
d’information. Un pays a déclaré que ces informations n’étaient disponibles que dans les publications avicoles et
un autre n’a pas répondu.
2.
Existe-t-il, dans votre pays, une prise de conscience de la menace croissante d’une antibiorésistance ?
Quinze des 18 pays ont répondu que la menace émergente de l’antibiorésistance a fait l’objet d’une prise de
conscience, alors que les 3 autres ont déclaré qu’il n’existait encore aucune perception de ce problème.
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3.
Votre pays est-il préoccupé par les éventuels effets indésirables de l’utilisation des antimicrobiens dans les
productions animales sur la santé animale et humaine ?
Si oui, par quels groupes d’intérêts ou par quels acteurs sociaux ces préoccupations sont-elles exprimées ?
Les 18 pays ont tous répondu par l’affirmative, même si 3 d’entre eux avaient déclaré à la question précédente
que les résistances bactériennes aux médicaments antimicrobiens n’étaient pas encore reconnues comme une
menace émergente. Certains pays ont précisé que si une telle prise de conscience existe, elle reste très limitée.
Les 18 pays ont répondu que les vétérinaires sont conscients des risques de l’utilisation des antimicrobiens chez
les volailles pour la santé humaine et animale ; 3 d’entre eux estiment que cette prise de conscience se limite
exclusivement aux vétérinaires et 4 ont déclaré que les médecins se sentent aussi concernés. Les 11 autres pays
ont indiqué que les vétérinaires, les médecins, les éleveurs, l’administration, les organisation non
gouvernementales et/ou les consommateurs font partie des groupes informés.
4.
Les consommateurs de votre pays sont-ils informés de l’existence de temps d’attente recommandés pour la
viande et les œufs ? Si oui, comment cette information est-elle communiquée aux consommateurs ?
Onze pays sur 18 ont déclaré qu’une partie des utilisateurs d’antibiotiques connaissent les temps d’attente. Les
vétérinaires, les agents de développement et les prospectus des produits ont été cités comme sources
d’information dans ce domaine. Les 7 autres pays ont répondu par la négative à cette question.
E. Utilisation prudente/responsable des produits antimicrobiens
1.
Quelles mesures de contrôle ont été adoptées dans votre pays pour s’assurer d’une utilisation responsable des
antimicrobiens dans la production d’aliments d’origine animale ?
De l’avis général, il n’existe aucune autre mesure de contrôle spécifique que les restrictions applicables aux
produits en vente libre ou que les produits réservés aux vétérinaires dans les pays ayant fixé des conditions.
2.
Existe-t-il des mesures permettant de contrôler la disponibilité et l’approvisionnement des produits
antimicrobiens dans votre pays ?
Cette question a pour l’essentiel donné lieu aux mêmes réponses que la question n° 22.
3.
Dans votre pays, quelle est la raison principale qui s’oppose à une utilisation responsable/prudente des
antimicrobiens en aviculture ?
Dix-sept pays ont cité comme principaux obstacles l’absence de législation (7 pays), la carence des Services
vétérinaires (3 pays), le manque d’information (7 pays) et/ou la faiblesse des ressources (13 pays).
4.
Des lignes directrices expliquant l’utilisation prudente des antimicrobiens ont-elles été éditées dans votre pays
par une organisation représentative, à destination des prescripteurs, des fabricants, des distributeurs et des
usagers ?
Six pays sur 17 ont déclaré que ce type de document existe. Un pays n’a pas répondu. Le questionnaire ne
demandait malheureusement pas d’information complémentaire concernant ces textes.
F. Surveillance et contrôle de la résistance des bactéries aux produits antimicrobiens
1.
Disposez-vous d’un ou plusieurs laboratoires dans votre pays possédant les compétences pour :
Fournir un service de diagnostic aux industries de production animale, et capables notamment d’effectuer des
isolements et des identifications de bactéries pathogènes à partir de prélèvements ?
Dix-sept pays ont répondu par l’affirmative et un par la négative.
Effectuer des antibiogrammes sur les produits antimicrobiens utilisés chez les animaux de rente ?
Dix-sept pays ont répondu par l’affirmative et un par la négative.
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Agir en qualité de laboratoire national de référence pour la surveillance et le contrôle de l’antibiorésistance des
bactéries présentes chez les animaux destinés à la consommation humaine ?
Onze pays ont répondu par l’affirmative et sept par la négative.
2.
Votre pays dispose-t-il de programmes de surveillance des antimicrobiens à l’aide d’antibiogrammes ?
Si oui, ces programmes portent-ils sur :
Les animaux malades chez lesquels est effectué un diagnostic ou un traitement ?
Les animaux sains ?
Deux pays ont fait état de programmes de surveillance utilisant des prélèvements provenant à la fois d’animaux
malades et d’animaux sains. Cinq pays analysent uniquement les prélèvements provenant d’animaux malades et
les 11 autres n’ont pas de programme de surveillance.
3.
Enfin, votre pays dispose-t-il d’un ou plusieurs laboratoires fournissant un service réservé à l’aviculture ?
Douze pays sur 18 disposent de laboratoires de diagnostic réservés à l’aviculture.
7. DISCUSSION ET CONCLUSIONS
Le but de la première partie du questionnaire était d’obtenir des informations sur l’importance de l’aviculture dans les
Pays Membres et sur la taille des populations de poulets susceptibles d’être exposés aux antibiotiques. Dans les
réponses obtenues, le point le plus frappant a été la multiplicité des petits élevages de poulets comparativement à la
taille de l’aviculture industrielle dans les différents pays. Ainsi, dans un pays comme le Nigeria, qui compte
114 millions d’habitants et une aviculture industrielle capable de fournir 580 millions d’oeufs par mois, le nombre de
poulets de basse-cour est estimé à plus de 70 millions. De même, au Botswana qui compte 1,5 million d’habitants, plus
de 3 millions de poulets sont élevés sur place. Le Kenya, qui compte une population de 28 millions d’habitants, a
17 millions de poulets de basse-cour. Selon Sonaiya (15), la taille moyenne d’un élevage de basse-cour en Afrique est
comprise entre 5 et 10 volailles. Il semble cependant que l’exposition aux antimicrobiens soit relativement réduite dans
ce type d’élevage. Au Botswana, seuls 13% des petits éleveurs de poulets font état de l’utilisation de médicaments
vétérinaires (parasiticides compris) (11), ce qui implique l’emploi presque exclusif des tétracyclines à des fins
thérapeutiques (5). Il est peu probable que cette situation diffère significativement de celle des autres Pays Membres qui
comptent de nombreux petits élevages. Le recours aux médicaments antimicrobiens dans les petits élevages africains de
poulets peut par conséquent être considéré comme limité et ne devrait actuellement pas contribuer beaucoup à la
sélection de bactéries résistantes. Dans les pays à secteur avicole industriel très développé, les risques de propagation
des bactéries résistantes ou de transfert des gènes de résistance à des bactéries humaines seraient tout aussi
préoccupants que dans l’hémisphère Nord.
La quantité d’antimicrobiens utilisée n’est contrôlée que dans 5 pays mais ceux-ci n’ont pas précisé si cette surveillance
intervient dans le cadre d’une directive officielle. Les données concernant les quantités d’antimicrobiens utilisées dans
un pays sont toujours difficiles à obtenir, même lorsqu’il existe des procédures d’enregistrement complètes pour les
médicaments. Dans ces pays, une fois que l’autorisation de mise sur le marché est délivrée, les chiffres d’importation et
de distribution restent essentiellement entre les mains des sociétés importatrices et sont partiellement connus des
services de douane.
L’objectif idéal que s’efforcent d’atteindre tous les organismes internationaux concernés par la santé animale est de
faire inscrire tous les antimicrobiens utilisés contre les maladies animales sur la liste des produits délivrés
exclusivement sur ordonnance. Six pays ont indiqué que seuls les vétérinaires ont le droit d’employer des
antimicrobiens. Ce résultat peut très certainement s’expliquer par le fait que dans certains pays seuls les vétérinaires de
l’État peuvent accéder à ces médicaments et les distribuer.
La réglementation des ventes et des achats des antimicrobiens employés chez les animaux de rente dans les Pays
Membres a été déléguée dans la plupart des cas à la direction des Services vétérinaires et, parfois, au ministère de
l’Agriculture et/ou de la Santé, en fonction du système d’enregistrement appliqué. Les pays peuvent en effet procéder à
l’enregistrement complet des médicaments ou bien se cantonner à tenir une liste de produits. La première approche
implique la soumission d’un dossier scientifique en vue d’une évaluation complète de la qualité, de la sécurité et de
l’efficacité du produit, ainsi que des contrôles de qualité appliqués dans les unités de production. Ce système requiert
un service d’enregistrement et/ou un organisme de contrôle. Dans le système de liste, un registre est tenu pour
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l’approbation des médicaments devant être importés, ce qui permet de tenir à jour une liste de produits. Aucune
obligation officielle n’impose l’obtention d’un numéro d’enregistrement ou la modification des étiquettes et/ou des
prospectus. Le produit est utilisé tel qu’il est reçu. Cette approche ne nécessite pas d’organisme de contrôle.
Grâce au système de liste, 5 pays sur 18 connaissent les quantités d’antibiotiques utilisées et sont capables de séparer
les données concernant les volailles de celles des autres productions. Ces pays, contrairement à ceux qui imposent
l’enregistrement, connaissent les produits pénétrant sur leur territoire puisqu’une licence d’importation est requise pour
chaque lot à importer. Ils connaissent également les produits destinés à l’aviculture.
Douze pays ont fait état de restrictions portant sur la gamme des antimicrobiens autorisés chez les animaux. Deux
situations sont probablement à l’origine de ce résultat : d’une part le système de liste qui permet aux pays concernés de
limiter la gamme des produits par le biais des licences d’importation et, d’autre part, le système de classification
appliqué par certains pays, en vertu duquel certains antimicrobiens sont en vente libre pour les éleveurs alors que
d’autres sont uniquement délivrés sur ordonnance.
Les 18 pays qui ont participé à l’enquête ont tous déclaré qu’il existait une prise de conscience des effets indésirables
possibles de l’utilisation des antimicrobiens pour la santé humaine et animale. Le niveau de prise de conscience est
cependant variable et peut être considéré comme minime dans certains pays. Il faut néanmoins signaler des initiatives
en faveur de la formation des utilisateurs d’antibiotiques dans toutes les sphères de l’élevage. La seconde Conférence
sur l’enregistrement des médicaments vétérinaires en Afrique australe et orientale (SEAVDRAC), qui s’est tenue à
Nairobi (Kenya) en juillet 2000, en témoigne puisqu’une part importante de cette manifestation était consacrée à
l’analyse des risques et à l’antibiorésistance.
Tous les pays (sauf un qui n’a pas répondu) ont décrit un ou plusieurs obstacles à l’utilisation prudente des
antimicrobiens chez les volailles (et par analogie aux autres animaux). Il en résulte que l’utilisation prudente des
antibiotiques dans les Pays Membres ne sera optimale que lorsque ces obstacles auront été réduits à un niveau
acceptable.
La surveillance et le contrôle de l’antibiorésistance en laboratoire sont limités à 7 pays dont 2 examinent les bactéries
isolées aussi bien chez des animaux malades que chez des animaux sains. Cinq autres pays évaluent seulement les
prélèvements provenant des animaux et des volailles malades. Cette situation limite considérablement l’obtention des
informations indispensables à l’élaboration de politiques nationales visant à contenir les résistances aux antimicrobiens.
D’après l’abondante littérature internationale qui existe, il est clair que les résistances aux médicaments antimicrobiens
chez l’homme et les animaux constituent un problème émergeant, et que l’utilisation abusive des antibiotiques en
médecine humaine et vétérinaire contribue à ce problème. En Afrique, il convient entre autres de s’attacher à remédier
aux lacunes suivantes :
-
-
Absence de législation pour favoriser l’utilisation prudente et responsable des antimicrobiens en médecine
vétérinaire.
Carence des Services vétérinaires et donc de vétérinaires capables d’identifier les problèmes sanitaires récurrents et
de développer des stratégies alternatives pour assurer la protection ou la lutte contre les maladies, et réduire de ce
fait la nécessité de recourir aux antimicrobiens chez les animaux d’élevage.
Manque d’information et/ou de formation pour faire connaître les avantages d’une utilisation prudente des
antimicrobiens et les risques associés à un emploi inadapté.
Faiblesse des ressources entraînant un impact négatif sur les efforts visant à développer les programmes de
surveillance et de suivi, les stratégies de formation, l’évaluation et l’autorisation des antimicrobiens ainsi que sur les
actions visant à combattre la distribution et l’utilisation de produits illégaux ou issus de contrefaçons.
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