Jardin d`intériEur

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Jardin d’intérieur
Espace coup
de cœur
Parmi les tendances affirmées de 2016, le jardin d’intérieur
s’imagine aisément comme un espace de réflexion et de détente.
On peut aussi y recevoir famille ou amis pour des moments apaisés.
Si et seulement si l’espace l’autorise.
Par JEan-gilles oyone
A
ctivité professionnelle, networking,
sorties culturelles, ludiques ou sportives, quoi que l’on en dise, c’est en
ville que tout se joue. En permanence.
Le faste ultime y est pourtant la maison de campagne. Pour abriter les aspirations à
profiter de l’art de vivre dans un paradis vert, du
roucoulement des oiseaux, des bruits champêtres
du petit matin, de l’atmosphère douce des soirées
au coin du feu… En attendant, en semaine ou toute
l’année, un petit espace de verdure au cœur d’un
appartement ou dans le prolongement d’une villa
est néanmoins possible. Pour cela, il n’est besoin que
d’investir dans l’une des multiples formes du jardin
d’intérieur, une des grandes tendances de 2016.
Aux frontières entre l’architecture d’intérieur et
le paysagisme, le jardin est multidimensionnel :
cet objet technique à vocation fonctionnelle revêt
aussi une dimension sociale et de plaisir indéniable.
Dans ses formes les plus élaborées, il implique que
le professionnel théorise la collaboration entre
les différents espaces ou entre les pièces, et qu’il
prenne en compte l’incidence de la vie du jardin
sur l’ “écosystème” (qui s’étend alors aux habitants,
aux éléments de structures qui fondent le bâtiment
– par exemple ses matériaux – et comprend les
considérations telles que l’ensoleillement, l’humidité, les déplacements éventuels des personnes ou
des animaux, etc.). Le jardin d’intérieur est aussi
la matérialisation d’une démarche dans laquelle
s’inscrivent celles et ceux qui ont à l’idée de vivre
entre les cloisons comme s’ils n’y étaient plus, ou
avec des espaces ouverts sur l’extérieur et un succédané, voire un prolongement du mobilier d’habitude réservé aux pièces classiques. Avec, ici et là,
un soupçon de mise en cohérence pour épouser ou
contraster l’environnement principal – à l’intérieur.
La créativité sous contrainte
Parmi les figures imposées, le paysagiste se doit de
composer avec la dictature des murs. Dans une très
large mesure, ils le contraignent dans son travail,
mais sa créativité doit s’en nourrir. Au lieu de subir,
tout le génie consiste à faire beaucoup avec peu, à
créer de la profondeur dans des espaces sans relief,
à marier les variétés de plantes : celles qui grimpent,
celles qui rampent, celles qui excellent dans l’art
de se tenir bien droit… Faire le choix du type et
de l’implantation des différents végétaux est aussi
important que de déterminer la pièce, l’espace,
l’endroit qui va accueillir le jardin.
À côté du choix des essences de végétaux, le mobilier est une question centrale. Suivant la taille de
la pièce qui accueille le jardin, un emplacement
plus ou moins grand sera destiné à accueillir des
meubles. Cet arbitrage intervient dans la phase
préparatoire qui permet aussi au professionnel
de faire ses différents essais et d’étudier toutes
les possibilités de configurations. Tables, tables
basses, chaises, fauteuils (sur pied ou suspendus),
poufs transportables, canapés, balancelles, tables de
jardin – en bois, en métal, en résine ou en rotin –,
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photo DR.
parasol chauffant, fauteuil de relaxation, chaise
longue, hamac (classique ou parachute), balancelle,
tonnelles, bar à vins ou à cocktails, arabesques,
guirlandes lumineuses… Le salon de jardin s’imagine façon détente ou à visée plus fonctionnelle.
Bois patiné, tissages raffinés aux motifs contemporains, marbre, terre cuite, mosaïques, métal (fer
forgé, inox, aluminium, acier), les matériaux les
plus divers se sont adaptés à cet espace. Opter pour
des matières résistantes permet d’inscrire la déco
du jardin dans la durée, mais il est aussi possible
d’aménager et réaménager régulièrement son jardin d’intérieur grâce à du mobilier transportable.
Lorsque l’espace s’y prête, ajouter des pavés ou des
pas japonais en construisant un chemin, sur du
sable ou du terreau, est un must.
L’utilisateur final,
maître du temps long
Un bon jardin d’intérieur résulte d’une démarche
dans laquelle le paysagiste fait jouer l’acuité de
son regard et sait mettre en balance les points de
détails autant que la vue générale, à la recherche
de la pertinence. C’est aussi un jardin qui intègre
la dimension du temps. La connaissance des
végétaux est essentielle à ce titre, car toutes les
plantes ne s’épanouissent pas à la même vitesse,
elles éclosent à des moments et des degrés variés.
Ces décalages contribuent grandement à la création du tableau rêvé.
La difficulté peut être de maintenir ledit tableau,
dans un contexte où le jardin est peu accessible
ou lorsque les usagers n’ont pas la main verte.
Le jardin d’intérieur est donc autant un projet
d’architecture qu’un projet socioculturel. Pour un
architecte paysagiste, la compréhension du besoin
du client compte autant que celle de sa personnalité. Car c’est à celui-ci que cet espace est destiné ;
le jardin doit lui correspondre et c’est l’articulation
entre les attentes du client, son budget et son
espace qui fonde la recherche des possibles pour
le paysagiste. Cette nécessaire et indispensable
collaboration entre le client et le professionnel
nourrit l’effort d’imagination du paysagiste. Le
paysagiste Michel Corajoud avait eu ces mots
assez justes : “La formidable potentialité de notre
métier de paysagiste est d’être un métier de curieux,
un métier qui aiguise le regard et l’attention et les
porte sur le monde”. C’est aussi valable pour les
jardins d’intérieur.
un espace
intime
de transition
entre
intérieur et
extérieur.
À q u i s ’a d r e s s e n t- i l s ?
Kevin
Lelievre
A rch i t ec t e paysag i s t e,
Ateli er KLP ( paysag i stes & Co )
Q uel t ype de jardins d’intérieur ou
j a r d i n s d ’ h i v e r p r o p o s e z-v o u s ?
Tous ! Nous nous adaptons à la demande de nos clients…
Lorsqu’ils nous sollicitent pour la conception d’un jardin,
qu’il soit en interface proche ou directe avec les pièces
de vie d’une maison, d’un appartement ou de tout autre
bien immobilier. Nous créons du sur mesure en fonction
des personnalités et des environnements qui s’y prêtent.
Jardin sec, jardin tropical, jardin arabo-andalou, jardin
contemporain et même parfois jardin-cadre (tableau
végétal). Dès que l’espace est défini, le jardin est un
must have à la portée de tous, y compris lorsqu’il s’agit
d’un micro-jardin.
Les demandes viennent de particuliers, de promoteurs
immobiliers et aussi de sociétés d’exploitation, et même
d’hôtels pour qui nous donnons vie à des jardins en
fonction des saisons. Chaque projet est unique, le choix et
les arbitrages dépendent de l’architecture d’intérieur, de
l’architecture, des attentes et de la personnalité du client.
C’est grâce à notre connaissance du terrain et des plantes
que vient naturellement la touche de l’atelier KLP dans
toutes ses créations. Croyez-moi, partout, je peux vous
créer un espace de verdure. En fonction des espaces, nous
pourrons les qualifier de patio, cour, orangeraie, serre...
Q u i fa i t l e c h o i x d e s v é g é ta u x ?
Nous intervenons pleinement sur l’essence des végétaux,
c’est le cœur de notre métier en tant qu’architecte
paysagiste. Bien entendu, nous associons les envies
et essences que souhaitent nos clients. Cela reste une
démarche de conseil. Sachez que tout est réalisable ! Les
technologies nous permettent vraiment de répondre aux
moindres désirs de nos clients… tout en respectant les
végétaux et leurs besoins. Dernièrement, pour un client
marocain, nous avons importé tout droit d’Indonésie des
Plumeria rubra (Frangipaniers) de plusieurs dizaines
d’années. Il sera le seul à avoir cette qualité de plante
dans son jardin au Maroc !
Atelier KLP (paysagistes & co) — Kévin Lelievre
Résidence Olivier, App. 18, route de Safi,
Marrakech/Bellevue 44110 Soudan (France)
Tél. +212 (0)5 24 43 17 02/+212 (0)6 36 04 61 22
Patio dans
la médina de
Marrakech.
Jardin tropical
planté en
novembre 2013,
en interface
avec la façade
vitrée de la
maison sur les
trois niveaux.
Une création
atelier KLP.
PHOTOs © Portrait par Nicolas Charbonnier (Studio KLAK) et jardin par Mathilde Crespo.
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Qu’est-ce que ça coûte, un beau jardin ?
Idéalement, il faudrait allouer 3 à 5 % du budget total de
la construction au jardin et faire appel à un paysagiste.
C’est beaucoup moins cher en aménagement postérieur,
mais le résultat n’a rien à voir. Les grands promoteurs
ont intégré la nécessité d’un jardin dans la proximité
immédiate des pièces à vivre et il n’y a plus de projet
sans paysagistes. Le jardin a acquis une importance
capitale dans l’acte de vente. Quand on achète une
maison, c’est pour avoir un jardin.
miya belkora
A rch i t ec t e paysag i s t e,
M iya b elko ra d esi g n
photos miya belkora design
Le jard i n d ’i ntérieu r a le vent en p o u pe.
Dans les régions où il fait froid, le recours au jardin
d’hiver permet souvent d’intégrer des plantes qui
n’auraient aucune chance de survie en temps normal.
Au Maroc, vu la permanence du soleil, cette fonction est
moins nécessaire. Il n’empêche, les verrières se répandent
sur des constructions orientées plein sud. C’est qu’un
jardin visible à travers assure une forme de transition
entre intérieur et extérieur. Dès qu’on dispose de 2, 4
ou 6 m2, un projet de jardin aménagé peut naître, bien
au-delà du simple alignement de pots de fleurs. Les patios
et vérandas fleurissent, car c’est une nécessité d’avoir
de la végétation au niveau du point focal de la maison.
C o mm e n t c r é e z-v o u s v o s j a r d i n s ?
Je m’attache à comprendre le style de la maison, ensuite
j’étudie le paysage, le sol, l’eau… puis je discute avec le
client pour arbitrer entre ses attentes et la cohérence
d’ensemble. J’imagine ensuite un jardin qui respecte
l’architecture, l’harmonie, la nature et qui soit
fonctionnel. Pour le choix des végétaux, en association
avec Arbres et Bambous, j’essaie d’intégrer de très belles
graminées pour obtenir un effet visuel intense et inédit,
qui s’éloigne des graminées déjà largement utilisées
au Maroc. Cela enrichit la diversité de nos jardins
et la biodiversité également. Enfin, je n’hésite pas à
marier minéral et végétal en proposant des jardins secs,
avec des couvre-sol différents, entre galets, paillages
et sculptures de roche, en lieu et place du tout gazon.
Miya Belkora Design
Contact : 2, rue Baït Lahm (angle av. Mohammed V), Appt
5, Rabat. 05 37 73 00 09. www.miyabelkoradesign.com
Arbres et Bambous. 05 37 72 61 41. www.arbresetbambous.com
Une touche
japonisante
Dans une
villa privée
du quartier
Souissi, À Rabat,
réalisée par
l’agence Miya
Belkora Design