Lettre # 20 - WordPress.com
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La lettre d’Archimède L’actualité de l’Eldo vue par un spectateur Sommaire No 20 — 8 août 2015 Hill of Freedom Umrika — Alien, le huitième passager Frankenstein — 2001, l’odyssée de l’espace Le film mystère Prochains rendez-vous à l’Eldo HILL OF FREEDOM un film de Hang Sang-soo MORI. — Tu parles japonais ! SANGWON. — Je ne sais dire que « je t’aime ». MORI. — C’est très utile. Au centre linguistique où elle travaille, Kwon découvre une enveloppe qui lui est destinée et qui contient des lettres de Mori, un Japonais qu’elle a connu naguère, et un post-it : « Je t’envoie ces lettres parce qu’elles ont été écrites pour toi. Tu vas bien ? » Le jeune homme est revenu à Séoul pour elle, il lui décrit son arrivée récente, son installation dans une maison d’hôtes traditionnelle à cinq minutes de chez elle, l’attente de son retour, la découverte du café au nom japonais signifiant « la colline de la liberté » qu’elle aime tant… Émue, Kwon laisse échapper les lettres dans un escalier. Incapable d’en reconstituer l’ordre chronologique, la jeune femme poursuit néanmoins la lecture… A priori, Hill of Freedom est l’histoire incomplète des déambulations et rencontres de Mori à Séoul, racontées par lui-même dans un ordre aléatoire. Spectateur, nous nous prenons au jeu pour rétablir la chronologie des scènes, les indices ne manquant pas. Cependant, le nouvel ordre a sa propre logique, inversant parfois causes et conséquences, modifiant notre découverte de péripéties dont connaissions déjà l’existence mais que nous imaginions autrement. Un autre facteur de confusion (et d’humour) est l’anglais approximatif que Mori doit utiliser pour communiquer avec les Coréens. Aucune subtilité n’est possible, sa pensée doit se plier à la pauvreté de son vocabulaire. La psychologie des personnages se révèle alors par un autre biais, les conversations faites souvent de variations sur les mêmes questions obligées et les mêmes lieux communs, ou les contradictions entre les discours et les faits. À y regarder de plus près, certains éléments du film faussent le jeu, une remarque incongrue ici, un changement de destinataire là, comme si certaines pièces du puzzle ne s’emboîtaient pas parfaitement, ou qu’elles étaient surnuméraires. Nous en venons à douter de ce qui est évident — ce que nous voyions estil le contenu des lettres ? est-ce la réalité, la version de Mori ou l’imagination de Kwon ? Et si Hill of Freedom n’était que le rêve d’un jeune homme qui a peur de la vie ? Hill of Freedom (자유의 언덕 ; Corée du Sud ; 2014 ; 66’ ; couleur, 1.85:1), écrit et réalisé par Hong Sang-soo, produit par Kim Kyoung Hee ; image de Park Hong-yeol, montage de Hahm Sung-won, musique de Jeong Yong-jin ; avec Ryô Kase (Mori), Moon So-ri (Youngsun), Seo Young-hwa (Kwon), Kim Eui-sung (Sangwon). Distribué par Les Acacias. Indiewire Critics’ Poll Award 2014 ; Montgolfière d’or au Festival des 3 Continents 2014 ; International Cinephile Society Award 2015. Lu ailleurs Umrika Alien, le huitième passager Umrika Umrika (Inde ; 2015 ; 98’ ; couleur, 2.35:1), écrit et réalisé par Prashant Nair, produit par Manish Mundra et Swati Shetty ; image de Petra Korner, montage de Xavier Box et Patricia Rommel, musique de Dustin O’Halloran ; avec Suraj Sharma (Ramakant), Tony Revolori (Lalu). Distribué par ARP Sélection. Prix du public au Festival du film de Sundance 2015. « La critique lors de la sortie en salle du 29/07/2015 » par Jacques Morice (Télérama) Voilà une fable douce-amère sur les fantasmes et les désillusions des migrants. […] Le film, qui réserve des surprises, alterne émotion et humour, cède parfois à la facilité. Mais il explore avec acuité les raisons enfouies qui poussent à émigrer. « [Critique] Umrika » par Pierre (Le Blog du cinéma) Mais dans le fond il s’agit bien de nous présenter une relation mère/fils des plus déchirantes, Ramakant allant jusqu’à privilégier le bonheur de sa mère au sien. Toute la tragédie viendra de cet amour pollué par les non-dits. Umrika nous fait vivre par sa série de rebondissements un flot d’émotions variées et nous laisse avec une profonde mélancolie. Avec ce film, Prashant Nair colle au renouveau du cinéma indien depuis quelques années, qui tend à s’éloigner du modèle de Bollywood, comme l’on avait pu le voir dernièrement avec The Lunchbox de Ritesh Batra. Alien, le huitième passager Alien. Le 8e Passager (Alien ; États-Unis, Grande-Bretagne ; 1979 ; 116’ ; couleur, 2.35:1 ; Dolby), réalisé par Ridley Scott, écrit par Dan O’Bannon, produit par Gordon Carroll, David Giler et Walter Hill ; image de Derek Vanlint, musique de Jerry Goldsmith ; avec Tom Skerritt (Dallas), Sigourney Weaver (Ripley), Veronica Cartwright (Lambert), Harry Dean Stanton (Brett), John Hurt (Kane), Ian Holm (Ash), Yaphet Kotto (Parker), Bolaji Badejo (l’alien), Helen Horton (voix de la mère). Coquille d’argent de la meilleure Oscar des meilleurs effets visuels 1980 ; BAFTA Awards de la meilleure direction artistique et du meilleur son 1980 ; Saturn Awards du meilleur film de science-fiction, de la meilleure actrice dans un second rôle et de la meilleure réalisation 1980 ; Prix Hugo du meilleur film 1980 ; inscrit au National Film Registry en 2002 ; OFTA Film Hall of Fame 2012. Interdit aux moins de 12 ans. « Reprise : Alien, la terreur intacte » par Florence Colombani (Le Monde) Ridley Scott filme Sigourney Weaver, notamment dans la scène finale, de façon inhabituelle dans le cinéma hollywoodien. Ici comme dans ses films ultérieurs, la fascination pour l’effort et la résistance physique remplace la traditionnelle érotisation du personnage féminin. En luttant pour anéantir la menace, Ripley assume la fonction d’ordinaire dévolue au héros de film d’action. L’angoisse la plus insidieuse naît de la certitude qu’elle se trompe de combat. […] Chasser l’alien, chasser le ça, c’est le désir le plus ardent de Ripley. « Alien (Director’s cut) » par Nicolas Plaire (Films de culte) La clé de voûte de l'efficacité tient dans une mise en scène à vocation documentaire, violente et agitée quand il le faut, et incroyablement calme et fluide l'instant suivant. Elle se distingue aussi par une économie de moyens, jouant avec les zones d'ombre, rendant la créature difficile à distinguer, la transformant par ce biais en pur succube, être né des peurs et fantasmes humains. Créatures de cinéma L’ORGUEIL DE L’HOMME Frankenstein — 2001, l’odyssée de l’espace Frankenstein 2001, l’odyssée de l’espace Les méchants extraterrestres, les êtres surnaturels suceurs de sang, les hommes-poissons venus du fond des âges ou les animaux refusant l’ordre naturel ne sont pas les seules créatures dont l’espèce humaine ait à se méfier au cinéma. Lorsqu’il manque d’humilité, quand il tente de créer un être à son image (ou presque), l’homme trouve souvent un rival en sa créature. Depuis sa première apparition à l’écran (1910), plus de 150 acteurs ont incarné le célèbre monstre de Frankenstein au cinéma et à la télévision, mais, pour la plupart d’entre nous, son visage reste celui de Boris Karloff dans Frankenstein (1931), La Fiancée de Frankenstein (1935), tous deux réalisés par James Whale, et Le Fils de Frankenstein (1939) de Rowland V. Lee. L’histoire et les personnages de la version de Whale sont très différents du roman gothique de Mary Shelley (1818) dont il s’inspire. Quoi que doté du cerveau anormal d’un criminel, le monstre ne tue pas par vice, mais pour se défendre ou par accident. Malgré son corps effrayant et son esprit débile, la créature se révèle plus humaine que les proches de Henry Frankenstein qui ne voit en lui qu’une aberration scientifique, ou les villageois qui veulent venger Maria sans autre forme de procès. Dans La Fiancée de Frankenstein, le monstre s’humanisera, par ses expressions, par l’acquisition du langage, le comique sera plus présent et les effets spéciaux plus impressionnants (pour l’époque), le film gagnera en poésie sur Frankenstein mais perdra en force tragique. Dans Docteur Folamour, ou Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe (1964), Stanley Kubrick décrivait comment un système automatisé de défense militaire entrainait une catastrophe mondiale sans que l’humanité puisse l’empêcher. Dans 2001, l’odyssée de l’espace (1968), il franchit une nouvelle étape avec Hal, « cerveau » et « système nerveux » du vaisseau spatial Discovery One en route pour Jupiter. Si le périmètre d’action de cet ordinateur est plus réduit, la machine est programmée pour réagir comme si elle était douée de conscience et qu’elle éprouvait des sentiments. Le problème est que, pour Bowman et Poole comme pour le spectateur, il est difficile de distinguer entre simulation et réalité. Cette créature est d’autant plus impressionnante qu’il est difficile d’en appréhender la forme — en conservant la métaphore du cerveau, le corps de Hal est l’ensemble du vaisseau, et la capsule « tueuse » n’est qu’un de ses membres. Pour les astronautes, Hal se concrétise en une voix et un œil, à la fois uniques et omniprésents — la créature semble alors plus proche de Dieu que de l’Homme. Certains réalisateurs sauront retenir cette leçon de 2001, l’odyssée de l’espace, gommant les attributs technologiques trop démonstratifs, comme, récemment, Spike Jonze dans Her (2013) ou Alex Garland dans Ex Machina (2015). Frankenstein (États-Unis ; 1931 ; 70’ ; noir et blanc, 1.37:1 ; mono), réalisé par James Whale, écrit par Garrett Fort et Francis Edward Faragoh d’après la pièce (1927) de Peggy Webling adapté du roman Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818) de Mrs. Percy B. Shelley, produit par Carl Laemmle Jr. ; image d’Arthur Edeson, montage de Clarence Kolster, musique de Bernhard Kaun ; avec Boris Kerloff (le monstre), Colin Clive (Henry Frankenstein), Mae Clark (Elizabeth), John Boles (Victor Moritz). Inscrit au National Film Registry en 1991 ; OFTA Film Hall of Fame 2011. 2001, l’odyssée de l’espace (2001: A Space Odyssey ; États-Unis, Grande-Bretagne ; 1968 ; 160’ ; Technicolor, 2.20:1), produit et réalisé par Stanley Kubrick, écrit par Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke d’après la nouvelle The Sentinel de ce dernier ; image de Geoffrey Unsworth, montage de Ray Lovejoy ; avec Keir Dullea (Dr. Dave Bowman), Gary Lockwood (Dr. Frank Poole). Le film mystère Dans Nosferatu, actuellement à l’Eldorado dans le cycle d’été Créatures de cinéma, F.W. Murnau utilise de nombreux effets visuels, tel l’évanouissement progressif du comte Orlok surpris par le chant du coq. Dans le film mystère de la semaine, le personnage principal commence à disparaître de la même manière — voir l’image ci-dessous. Reconnaissez-vous ce film mystère ? La première personne qui nous communiquera le titre du film mystère et le nom de son réalisateur recevra deux invitations valables à l’Eldorado pour le film (ou les films) de son choix. La réponse doit être remise soit par mail à [email protected], soit sur papier libre à l’accueil du cinéma (dans ce cas, noter la date et l’heure, ainsi qu’un nom et une adresse mail ou postale). Le film mystère précédent Entre son premier long-métrage Piranha 2 : Les Tueurs volants (1981), suite du film Piranhas (1978) de Joe Dante, et Aliens : Le Retour, suite du film Alien (1979) de Ridley Scott, James Cameron réalisa un projet plus personnel, Terminator (The Terminator, 1984) avec Arnold Schwarzenegger et Linda Hamilton. Félicitations aux rares qui ont reconnu le dernier plan de ce film, particulièrement à Jacqueline M. qui a été la plus rapide à nous répondre et qui a donc gagné deux places gratuites. Au vendredi 7 août, 507 spectateurs ont donné 41 086 €. Et vous ? Informations et modalités de la souscription sur le site Web de l’Eldorado Prochains rendez-vous à l’Eldo Août Mardi 11, 20 h : Avant-première de Les Mille et Une Nuits, volume 3 : L’Enchanté de Miguel Gomes. Mardi 18, 20 h : Avant-première de Les Mille et Une Nuits, volume 3 : L’Enchanté de Miguel Gomes. Jeudi 20, 19 h 30 : Projection de More et d’Amnesia en présence du réalisateur Barbet Schroeder. Septembre Jeudi 3, 20 h 15 : Projection de La Vanité, en présence du réalisateur Lionel Baier. Cinéma Eldorado 21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected] Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado La lettre d’Archimède Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]