L`ÉVOLUTION, LE MAINTIEN ET LA FIN D`UNE RELATION

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L`ÉVOLUTION, LE MAINTIEN ET LA FIN D`UNE RELATION
L’ÉVOLUTION, LE
MAINTIEN ET LA FIN
D’UNE RELATION
PSY3071
Relations interpersonnelles
2005-06
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• 1. Les étapes de l’évolution d’une relation
• 2. Deux théories expliquant le maintien d’une relation
• Théorie de l’équité
• Théorie de l’interdépendance
• 3. Le niveau d’engagement et le maintien d’une relation
• 3. Faire face à la fin d’une relation
Naissance et maintien d’une relation
• Toute relation interpersonnelle a une histoire: un
début, une période de maintien et une fin
• On s’intéresse ici aux relations fondées sur un choix:
particulièrement les relations amoureuses car elles ont
fait l’objet de plus de travaux systématiques
• Plusieurs auteurs ont proposé des modèles pour rendre
compte des étapes et de l’évolution d’une relation
amoureuse
1
Étapes de la vie d’un couple: modèle A B C D E de Levinger (1979)
•
A comme Attraction réciproque:
•
B comme Bâtir la relation:
Ce sont des dimensions physiques qui semblent principalement fonder l'attraction amoureuse
augmentation de l'intimité (révélation de soi), de la passion et du désir
le (la) partenaire devient progressivement la figure centrale aux différents niveaux
de besoins de base: attachement, prise en charge, sexualité
• C comme Couple:
affirmation de l’interdépendance mutuelle
formation d’une identité de couple: nous < moi
•
D comme Détérioration
réduction de la force du plaisir, de la diversité des expériences partagées
prise de conscience des barrières sociales, personnelles
interférence des pairs
•
E comme Échec et rupture
Étapes de la vie d’un couple
(Levinger, 1970)
• Modèle A B C D E
– A comme attraction réciproque
– B comme bâtir une relation (révélation de soi et
connaissance de l’autre permet de bâtir l’intimité)
– C comme couple (identité de couple)
– D comme détérioration
– E comme échec
A
B
C
D
Stade
Stade
des
des
stimuli
stimulus
Stade
des valeurs
Attrait
Attrait
Physique
Physique
Croyances
religieuse
proximité
Proximité
sexuelle
Convictions
politiques
Désir
échange
sexuel
des
intérêts
Valeurs et
projets
de vie
Partage
activités
communes
E
Stade
des rôles
Ajustement réciproque
des partenaires à partir
des rôles de chacun:
rôles sexuels,
domestiques,
professionnels,
sociaux …
Les étapes de la formation du couple
(Modèle stimuli, valeurs, rôle de Murstein, 1987)
2
Stade
des
stimuli
Stade
Des valeurs
Stade
Des rôles
rôles
valeurs
stimuli
Les étapes de la formation d’un couple
Les
étapes de
la formation du couple
9Murstein,
1987)
(Murstein, 1987)
Modèle de Murstein
• Stade des stimuli
– Étape de la rencontre dominée par le désir, la
recherche de la proximité physique, la volonté
d’être avec l’autre, le partage d'intérêts
– Étape au cours de laquelle se construit l’attirance
mutuelle et l’intimité
– Étape dominée par la découverte progressive de
l’autre et du plaisir partagé
• Évolution
– L’attirance mutuelle augmente durant ce stade puis
demeure relativement stable
Modèle de Murstein
• Stade des valeurs
– Étape de la construction du couple dominé par le
partage des valeurs, des projets, des conceptions de
vie …etc.
– Étape au cours de laquelle les partenaires peuvent
découvrir si leurs systèmes de valeurs s’accordent
• Évolution
– Au cours de cette étape la question des valeurs
prend le plus d’importance alors que les
stimulations de l’étape précédente perdent de leur
importance dans la construction du couple
3
Modèle de Murstein
• Stade des rôles (stade de l’ajustement respectif des rôles)
– Dominé par l’ajustement mutuel et la recherche d’harmonie
entre les conceptions de vie de chacun des partenaires
– Le couple < chacun des partenaires
– Chacun doit s’adapter à l’autre
• Prendre sa place dans le jeu des activités et des
interactions quotidiennes
• Accorder une place à l’autre, reconnaître et accepter les
différences
• Évolution: la recherche de stimulation est acquise,
la question des valeurs partagées (ou non) est réglée, la
construction du couple est au centre fondée sur les accords et
les accommodements mutuels
Les étapes de la formation des couples:
commentaires et réserves
• Il s’agit de modèles « descriptifs » même s’ils reposent sur des études
systématiques (souvent des études rétrospectives)
• Ces études ont le plus souvent été menées auprès de jeunes de 18 à 25 ans
engagés dans une vie de couples (fiancés ou jeunes mariés)
• Les modèles sont assez »normatifs »
• Forte présence de points communs
– Nécessité de bâtir la relation
• Construction de l’intimité à travers la révélation mutuelle de soi
• Partage d’intérêts et de valeurs communs
• Accéder à des rôles mutuellement compatibles
– Accéder à une identité de couple
LE MAINTIEN DUNE RELATION
• Observation: certaines relations ont une vie courte,
d’autres se poursuivent (toute la vie durant)
• Les modèles de développement d’une relation de couple
offrent une analyse qualitative des étapes qui mènent à
la formation d’un couple
• Question : quels sont les mécanismes fondamentaux qui
sont en jeu dans la construction d’une relation
durable?
• Deux théories principales ont tenté d’y répondre:
– Le modèle de l’interdépendance
– Le modèle de l’équité
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1. La théorie de l’interdépendance
• Auteurs principaux: Thibaut et Kelley (1978)
• Modèle de base de la théorie: modèle économique du
comportement humain
– Toute relation est fonction des bénéfices qu’elle procure
(chacun veut maximiser les profits et réduire les pertes)
• Les auteurs insistent sur:
1. L’interdépendance des partenaires : c’est cette
interdépendance qui fonde la continuité dans le temps
2. Les processus cognitifs: ce ne sont pas les réalités objectives
qui sont prises en compte mais les réalités subjectives, ce qui se
passe dans la tête des partenaires
La théorie de l’interdépendance sociale
Notions de coûts / bénéfices
• Toute relation apporte des gains, des bénéfices:
– être avec quelqu’un > tout seul
– Amour, tendresse, plaisirs sexuel
– Support en cas de détresse …
• Mais toute relation implique des coûts
– Le temps passé et les efforts mis dans la relation
– Les souffrances en cas de conflit
– Abandon d’autres plaisirs …
• Règle de base de la théorie: une relation qui offre plus de
bénéfices que de coûts sera plus satisfaisante et plus durable, une
relation qui offre plus de coûts que de bénéfices sera moins
satisfaisante et moins durable
La théorie de l’interdépendance sociale
• Résultats des études: la règle de base est confirmée
– Les couples heureux rapportent plus de bénéfices et
de plaisirs > expériences négatives et de pertes
– Les couples malheureux rapportent plus
d’expériences négatives et de pertes > bénéfices
• Remarque: l’évaluation des coûts et des bénéfices est
subjective
– Le biais égocentrique: en général, dans les couples,
chacun pense qu’il en fait plus que l’autre
– Chacun estime qu’il « paie » plus que l’autre
5
La théorie de l’interdépendance sociale
– Les principaux éléments de la théorie sont:
• Investissement: tout ce qu’une personne met et a mis dans une
relation (attentions, temps consacré, cadeaux offerts..) et
qu’elle ne pourra pas récupérer au moment de la rupture
• Les résultats: ce qu’une personne estime recevoir d’une
relation
• Niveaux de comparaison : ce qu’une personne attend d’une
relation
• Comparaison des alternatives: ce qu’une personne croit
pouvoir recevoir d’une autre relation
La théorie de l’interdépendance
Les niveaux de comparaison
• Principe: nous sommes porté à comparer une relation actuelle à
d’autres que nous avons vécues antérieurement
– Le niveau de comparaison (NC) est fondé à la fois sur les
expériences antérieures et les attentes à l’égard de la relation
actuelle
– Grandes variations entre les personnes
• Certaines ont un N.C. bas: elles ont connu des relations
difficiles et leurs attentes sont faibles
• D’autres ont un N.C. élevé: elles ont vécu des relations très
gratifiantes et ont des attentes élevées
– Règle: ce sont les écarts positifs ou négatifs entre le niveau de
comparaison et les résultats qui fondent la satisfaction
La théorie de l’interdépendance
Les alternatives
• La notion d’alternative fait référence aux autres relations que je
pourrais avoir si je n’étais pas engagé dans la relation actuelle
• Le niveau d ’évaluation des alternatives (CAlt) fait référence aux
gains qu’une personne pense pouvoir trouver dans une autre
relation potentielle
• Mais est également déterminé par les réalités objectives
(matérielles, possibilité de rupture)
• Règle: Si la relation actuelle apporte plus que l’alternative, la
relation sera plus stable et plus satisfaisante
6
Théorie de l’interdépendance perspectives actuelles
• Cette théorie a connu et continue d’avoir un très
grand succès dans l’analyse des facteurs de
maintien des couples (mais aussi les amitiés et
même les relations professionnelle)
• Elle a le mérite d’avoir décortiqué des éléments
qui fondent le niveau de satisfaction des relations:
les attentes, degré d’investissement, analyse des
alternatives ..
• La théorie a trouvé généralement de bons supports
empiriques (Booth, 1990; Dainton, 2000)
Théorie de l’interdépendance perspectives actuelles
(Buunk et al. 2001)
+
Résultats
NC
CAlt
_
Relation stable et satisfaisante
+
CAlt
+
_
Résultats
Relation insatisfaisante et instable
+
Résultats
_
NC
Relation insatisfaisante instable
Calt
NC
NC
Résultats
_
CAlt
Relation insatisfaisante stable
2. La théorie de l’équité
• Initialement développée par Homans (1961) et reprise par Walster, 1978
et Adams, 1997)
• Le principe de la réciprocité (justice distributive: Homans, 1961) est une
règle de base de toute relation symétrique (amitiés, relations
amoureuses)
• Règle: pour qu’une relation soit satisfaisante, il faut que ce que chacun
donne et ce que chacun reçoit soit relativement similaire
• La perception de l’iniquité dans une relation intime crée des émotions
négatives: injustice, colère ou culpabilité
• Équité est différent d’égalité: si je donne plus mais que je reçois plus
(que mon partenaire) la relation et équitable (théorie de l’échange
équitable)
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La théorie de l’équité (Walster, 1978)
• Fondée sur un principe simple de justice distributive: une relation sera plus
satisfaisante si le rapport entre la contribution et les résultats des deux
partenaire est similaire
mes résultats
______________
ma contribution
les résultats de mon partenaire
_________________________
la contribution du partenaire
=
résultats:
+ être aimé, se sentir bien, se sentir apprécié et valorisé, avoir un partenaire
agréable, connaître le plaisir sexuel …
- ne pas se sentir aimé, sentiment de ne pas compter pour l’autre, vivre de
nombreux conflits, perdre d’autres occasions
contribution:
+ tout ce que je fais pour rendre mon partenaire heureux: faire des
compliments, offrir des fleurs, donner des baisers, passer du temps
- ne rien faire ou très peu pour rendre le partenaire heureux
La théorie de l’équité
•
Validation de la théorie: Walster (1978) applique deux échelles séparément aux
deux partenaires dans des couples
1. échelle de la satisfaction conjugale(0 à 100)
2. mesure subjective de l’investissement (de 0 à 100)
3. évalue l’effet de l’équité perçue sur la durabilité des couples après 1 an
1
2
3
4
•
•
partenaire A
80/100
30/60
80/50
20/100
partenaire B
80/100
50/100
20/100
20/100
résultats
équitable
équitable
inéquitable
équitable mais
gains trop faibles
La théorie se vérifie dans les cas 1 et 2 (équité entraîne le maintien) et dans le cas
3 (inéquité entraîne la rupture)
Dans le cas 4 la faiblesse des gains est plus déterminante sur l’avenir de la relation
que la perception de l’équité
L’engagement et le maintien des relations
• Définition: l’intention explicite ou implicite d’une personne de poursuivre et
maintenir une relation
• Trois Fondements de l’implications(Johnson, 1999)
– 1. Personnels (je veux poursuivre)
• Attrait pour le partenaire
• Attrait envers la relation
• Identité relationnelle
– 2. Moraux (je dois poursuivre)
• Principes moraux : » le mariage est sacré »
• Les obligations envers l’autre: « j’ai pas le droit de le la quitter »
• Consistance cognitive: « je dois persévérer malgré tout »
– 3. Facteurs structuraux (je n’ai pas le choix)
• Les pression du réseau social
• Le s problèmes attachés aux procédures de séparation
• Les coûts personnels et financiers
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L’engagement et le maintien des relations
• L’engagement est un processus dynamique et évolutif
– Le niveau de satisfaction, l’évolution de la vie de couple
renforce ou réduit le niveau d’engagement
– Les événements de vie (naissance d’un enfant, pertes,
maladie ..) peuvent renforcer ou réduire le niveau
d’engagement
– Kurdek (2000) a suivi pendant 5 ans des couples hétéros et
homosexuels. Dans tous les couples
• Le niveau d’attrait de la relation, le niveau de
satisfaction sont +ent reliés au niveau d’engagement
• La diminution des contraintes personnelles et sociale
contre la séparation réduit l’engagement
• Le niveau d’engagement protège contre l’infidélité
C. La fin d’une relation
de l’insatisfaction à la rupture
• Certaines relations se poursuivent (toute la vie) d’autres se
terminent
• Pourquoi certaines relations finissent-elles?
– Facteurs structuraux:
• le sexe
• Le temps
– Facteurs attachés aux couples, aux individus et à
l’environnement qui entraînent la rupture
Le sexe
• Les femmes sont plus actives dans la rupture
que les hommes
• Hommes et femmes ne font pas la même lecture
– Les femmes sont plus insatisfaites que les
hommes quand la relation et pauvre (elles
souffrent plus)
– Elles sont plus conscientes des difficultés et
des problèmes
– Elles perçoivent plus les incompatibilités
9
Le temps
•
Le temps exerce son influence de façon positive
+ 1. Les partenaires qui se sont « fréquenté » plus longtemps avant de s’engager dans
la vie de couple sont plus satisfaits
+ 2. Les couples qui passent plus de temps ensemble sont plus satisfaits (règle des
loisirs partagés)
-
Mais surtout le temps exerce une influence négative
- toutes les études longitudinales indiquent une érosion (variable mais généralisée) de
la satisfaction à l’égard de la vie de couple
- cette détérioration est rapide (1 an de vie commune: Hutton et McHale, 1996)
les images idéalisée du partenaire ne résistent pas aux réalités quotidiennes
le vie de couple perd de son intensité initiale
découverte progressive d’intérêts divergents
le temps engendre la répétition, l’ennui, la routine
Facteurs qui menacent le couple
(Hill et al . (1976)
•
Facteurs reliés au couple:
– Les facteurs qui réduisent l’interdépendance des partenaires
– Absence de complémentarité des rôles respectifs dans le couple
– Iniquité dans la relation (important pour la durée)
•
Facteurs reliés aux personnes
– Modes d’attachement
– Besoin de pouvoir d’un partenaire (plus souvent masculin)
•
Autres facteurs environnementaux
– Acceptation par le réseau social
– Les problèmes matériels et financiers
– Changements critiques dans la vie d’un des partenaires
Faire face à la détérioration et à
l’insatisfaction
• Modèle de Rusbult (1987)
• Codex page 75 à 89
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Faire face à la fin d’une relation
Toute séparation (divorce, rupture, mort) entraîne d’intenses
émotions négatives
Cependant le niveau de détresse varie beaucoup
• 1. La fin d’une relation heureuse, de longue durée et
hautement interdépendante peut susciter beaucoup de
détresse
• 2. Toutes les formes de dépendance (affective et
matérielle) entraînent énormément de détresse au
moment de la rupture
Les femmes vivent plus de détresse avant et pendant la
séparation, alors que les hommes vivent plus de détresse après.
Faire face à la fin d’une relation
• Les mode de « coping » les plus adéquats (Gottman,
1999)
– Prendre l’initiative de la rupture > être la victime
– Mettre l’échec sur le compte des problèmes que
connaissait la relation < rendre l’autre responsable
– S’attribuer une part importante de la responsabilité
de l’échec (se blâmer > blâmer l’autre)
• cela augmente certes la culpabilité
• augmente le sens du contrôle sur sa vie
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