a tous nos détracteurs.ai

Transcription

a tous nos détracteurs.ai
LA VIEILLE
Paroles : Charlie Carteron Musique : Didier Roman
La vieille a lentement
Refermé la barrière
Le vieux s’en est allé
Pour sa marche dernière
Mais elle ne pleure pas
Ses larmes sont taries
Depuis le temps d’avant
Depuis cette autre vie
La vieille lentement
Trempe la soupe grasse
Se signe en murmurant
Avant de rendre grâces
Et remplit les écuelles
En attendant qu’il vienne
S’asseoir à cette place
Depuis toujours la sienne
La vieille lentement
Descend vers la rivière
Il est allé bien sûr
Débusquer sous les pierres
Quelques truites endormies
Au chant de l’eau qui court
Ou bien s’est attardé
Au cabaret du bourg
Dont il ne reste rien
Que cette solitude
Qui déjà la prépare
À la triste habitude
De voir passer les jours
De voir fondre les nuits
De dissoudre ses joies
Au creux de son ennui
Mais la nuit peu à peu
Vient assaillir la lampe
La soupe refroidit
Et le pain se détrempe
L’horloge à balancier
Dévore le silence
Comme pour mieux marquer
Le poids de cette absence
Car le vieux n’est pas mort
Non ce n’était pas lui
Qu’on enterrait tantôt
En ce jour d’aujourd’hui
C’était quelque très vieux
Un de ces très anciens
Qu’on a perdu de vue
Qu’on ne connaît plus bien
Sans autre voix que celle
Que lui renvoi l’écho
De ses propres paroles
De tous ces pauvres mots
Qu’elle jette au silence
Qui se fracassent aux murs
Et ne laissent à la bouche
Qu’un pli amer et dur
Dans le foyer de pierre
Sous le cul du chaudron
Les flammes s’assoupissent
En devenant tisons
Mais la vieille immobile
Et sa bouche rentrée
Inlassable répète
Qu’il va bientôt rentrer
Mais qu’il faut honorer
Puisque c’est la coutume
Mais la vieille s’obstine
Descend la pente rude
Qui la mène au grand pré
Juste avant la rivière
Bordée de saules gris
Sous la froide lumière
Hier il était là
Leurs ombres se croisaient
De l’étable au cellier
Et quand ils se taisaient
Libérés de ces mots
Dont on est prisonnier
Tout au long de ces heures
De travaux journaliers
A l’aube de la nuit
Un regard un silence
Suffisaient à traduire
Le bonheur et la chance
Mais il ne rentre pas
Et ne rentrera plus
Et minuit va sonner
Et soudain il a plus
La lune est à son plein
Et les arbres frissonnent
Comme tremble la vieille
Dans le froid de l’automne
Sur le chemin de pierre
Où claquent les sabots
Sur le chemin c’est sûr
Qu’il va prendre bientôt
C’est là qu’il va venir
Comme il venait jadis
La rejoindre en secret
Sous la lune complice
Oui c’est là qu’il l’attend
Debout sur l’autre rive
Et la vieille lui rit
En lui criant j’arrive
Sans souci de cette eau
Qui la glace déjà
Comme pour mieux bénir
Leur noce en l’au-delà
PONT MUSICAL
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