Dominique Lapierre n`avait pas assez de temps pour
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Dominique Lapierre n`avait pas assez de temps pour
158 ANNEXE - VII Dominique Lapierre n’avait pas assez de temps pour nous rencontrer pendant sa visitc k Kolkata cn fovreir 2006. II n’etait pas egalemcnt cn plcinc forme. Pourtant, il n’a pas oublie a nous faire parvenir les reponses ci-apres a notre questionnaire que nous avons envoys a Ramatuelle ou se trouve sa maison au sud de la France. 1. Pour quoi vous avez choisi le metier de joumaliste? Tres jeunej’avais la chance de faire le tour du monde. Ces voyages m’avaient donne une veritable curiosite de lieux et de gens. 2. On a bien appreefo votre fa<?on d’ecrire I’histoire et 1’epopees humaines. J’ai aime 1’histoire a 1’ecole, mais les livres historiques etaient si ennuyeux. C’est pourquoi j’ai fait une melange des techniques modemes de joumalisme et les demarches classiques de la recherche historique. 3. A propos de votre genre litteraire que nous appelons « chronique narrative » ... La litterature se divise en trois grandes families. Dans la premiere se figure des histoires que 1’on connait et les raconte a des gens qui les eonnaissent aussi. C’est la tradition du mythe et de la tragedie. La deuxieme contient des histoires que 1’on connait et les raoonte a des gens qui ne les eonnaissent pas. C’est la tradition romanesque. Dans la troisieme, il s’agit des histoires que I’on ne connait pas et les raconte a ceux qui ne les eonnaissent pas aussi. C’est la tradition orientale des 159 conteurs et des improvisateurs. Je pense que le lecteur a souvent 1’impression de se trouver au sein de cette troisieme famille a la lecture de mes recits. Je me laisse entrainer par Ies gens, Ies chapitres, les aventures. II regne la un bonheur sans melange, une euphorie les plus contagieuses. Tout peut arri ver au detour de ehaque ligne ... 4. En faisant la recherche pour vos iivres, vous avez connus des experiences fabuleuscs. Bien sur. Dans Mille soleils. je partage avec mes lecteurs plusieurs rencontres avec des personnalites dont Ies destins ont ete de grandes nouvelles pour le monde entier. Au fait, j’ai vecu plusieurs vies et. c’&aient des moments glorieux de ma vie. Mes rencontres avec David Ben«- Gurion, Golda Meir, Ehud Avriel, El Cordobes, Caryl Chessman, Henrique Galvao, Raphael Matta, Mountbatten, Indira Gandhi, Mere Teresa m’ont permi de ddcouvrir, tout en reconstruisant l’histoire de leurs accomplissements extraordinaires, que Thomme peut faire ce qui lui semble impossible. Toutes ces rencontres ont alimente mes ambitions, nourri ma foi dans la capacity de I’homme d’etre plus grand que l’adversite. 5. Votre premiere rencontre avec i’lnde... C’est en Inde que je connais, avec mon collaborateur Larry Collins, 1’aventure litteraire la plus passionnante.Mes visites a ce grand pays a la recherche de T information pour notre livre Cette nuit la liberte. c’etaient 160 des pelerinages fantastiques qui sont a I’origine de l’amour ardent de l’lnde dans mon cceur. 6. Cette histoire d ’amour a mene a votre croisade humanitaire a Kolkata. Mes rencontres avec Mdre Teresa et les bienfaiteurs anonymes de 1’humanite tels que Paul Lambert Margreta et Les Gosh etaient a 1’origine de ma croisade pour les desherites de Kolkata. Et puis, c’etaient les pauvres du slum << Anand Nagar » qui ont tout a fait change' les sens et les priorities de ma vie. II est vraiment incroyable de voir que ces gens ne perd jamais I’espoir en face de difficulty extremes. Je ne pourrai jamais decouvrir leur secret. Ces misdrables vivent leur propre proverbe : II y a toujoursmille soleils au-dela les nuages. 7. Pourquoi avez-vous appele votre bidonville < la cite de la joie » ? Ce n’est pas moi qui a donne ce nom au slum. C’est la traduction fiddle de « Anand Nagar »- C’est comment ses habitants appellent leur taudis. Ce que j’ai fait, c’est a trouver le moyen de justifier cette appellation. La conception centrale de mon livre est que ces gens font face & leur vie pleine de difficulty extremes avec courage et bon humeur. Au lieu de se plaindre et de se lamenter de leur sort, ils se rejouissent. La, on peut apprendre des lemons importantes Ils n’ont fas pitie d’eux-memes, mais ils se divertissent dans la joie qu’ils peuvent trouver car ils partagent dans un monde de communaute tout en respectant les valeurs sociales et S 61 religieuses sans oublier leurs traditions et leurs croyanoes. C’est pourquoi on appelle ce slum decrepit«la citd de la joie ». 8. Vous Stes citoyen d’honneur de Kolkata. C’&ait mon moment de gloire. II rn’est arrive en 1996. Cc papier qui certitie que je suis le titulaire de cet honneur est le plus beau de tous les prix que j ai re<;us dans ma vie. 9. A propos de nofine etude « Du bon usage ...» J’apprecie votre effort pour justiffer ce que j’ai dit concemant le message et les lemons de mes recits sur l’lnde. J’espere que vous pourrez proposer des demarches pour leur utilisation. Bon succ&s. 10. De tous les gens dont vous avez ecrit dans La cite de la ioie et Mille soleils la flamme de quelle personae bruie-Lil toujours dans votre cceur ? Celle de Padmini, 8 ans, habitante de la cite de la joie. Elle se leve tout le matin a 5 heures pour chercher, sur le remblai de voies ferries le long du slum, des morceaux de charbon tombes des locomotives pendant la nuit. Son pere s’en sert pour alimenter le petit fbumeau chez elle. Ce que fait Padmini, c’est un acte tres extraordinaire de survie. histoire dans Mille soleils. Je suis filer d’avoir raconte son C’est une representation magique du proverbe indien qui a inspire le titre de ce recit. Je 1’avais lu sur le mur d’un arret de bus a Chennai: fl y a toujours mille soleils au-deld des nuages. 162 11. Les gouvemements de l’lnde et de Bengal n’ont pas encore reconnu en forme d’un prix votre litterature ni vos travaux philanthropiques. Qu’en pensez - vous? Ce n’est pas yraiment mon desir. Mais je suis citoyen d’honneur de Kolkata et 1’annee demiere plus de 50 000 habitants de plus de sept lies des Sunderbans ont fait Dominique dada ieur bienfaiteur. ^a c’est beaucoup plus pour moi que n’importe quel prix.