Dominique Lapierre n`avait pas assez de temps pour

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Dominique Lapierre n`avait pas assez de temps pour
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ANNEXE - VII
Dominique Lapierre n’avait pas assez de temps pour nous rencontrer
pendant sa visitc k Kolkata cn fovreir 2006. II n’etait pas egalemcnt cn plcinc
forme. Pourtant, il n’a pas oublie a nous faire parvenir les reponses ci-apres a
notre questionnaire que nous avons envoys a Ramatuelle ou se trouve sa
maison au sud de la France.
1.
Pour quoi vous avez choisi le metier de joumaliste?
Tres jeunej’avais la chance de faire le tour du monde. Ces voyages
m’avaient donne une veritable curiosite de lieux et de gens.
2.
On a bien appreefo votre fa<?on d’ecrire I’histoire et 1’epopees humaines.
J’ai aime 1’histoire a 1’ecole, mais les livres historiques etaient si
ennuyeux. C’est pourquoi j’ai fait une melange des techniques modemes
de joumalisme et les demarches classiques de la recherche historique.
3.
A propos de votre genre litteraire que nous appelons « chronique
narrative » ...
La litterature se divise en trois grandes families. Dans la premiere se
figure des histoires que 1’on connait et les raconte a des gens qui les
eonnaissent aussi.
C’est la tradition du mythe et de la tragedie.
La
deuxieme contient des histoires que 1’on connait et les raoonte a des gens
qui ne les eonnaissent pas.
C’est la tradition romanesque.
Dans la
troisieme, il s’agit des histoires que I’on ne connait pas et les raconte a
ceux qui ne les eonnaissent pas aussi. C’est la tradition orientale des
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conteurs et des improvisateurs.
Je pense que le lecteur a souvent
1’impression de se trouver au sein de cette troisieme famille a la lecture de
mes recits. Je me laisse entrainer par Ies gens, Ies chapitres, les aventures.
II regne la un bonheur sans melange, une euphorie les plus contagieuses.
Tout peut arri ver au detour de ehaque ligne ...
4.
En faisant la recherche pour vos iivres, vous avez connus des experiences
fabuleuscs.
Bien sur. Dans Mille soleils. je partage avec mes lecteurs plusieurs
rencontres avec des personnalites dont Ies destins ont ete de grandes
nouvelles pour le monde entier.
Au fait, j’ai vecu plusieurs vies et.
c’&aient des moments glorieux de ma vie. Mes rencontres avec David
Ben«- Gurion, Golda Meir, Ehud Avriel, El Cordobes, Caryl Chessman,
Henrique Galvao, Raphael Matta, Mountbatten, Indira Gandhi, Mere
Teresa m’ont permi de ddcouvrir, tout en reconstruisant l’histoire de leurs
accomplissements extraordinaires, que Thomme peut faire ce qui lui
semble impossible.
Toutes ces rencontres ont alimente mes ambitions,
nourri ma foi dans la capacity de I’homme d’etre plus grand que
l’adversite.
5.
Votre premiere rencontre avec i’lnde...
C’est en Inde que je connais, avec mon collaborateur Larry Collins,
1’aventure litteraire la plus passionnante.Mes visites a ce grand pays a la
recherche de T information pour notre livre Cette nuit la liberte. c’etaient
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des pelerinages fantastiques qui sont a I’origine de l’amour ardent de
l’lnde dans mon cceur.
6.
Cette histoire d ’amour a mene a votre croisade humanitaire a Kolkata.
Mes rencontres avec Mdre Teresa et les bienfaiteurs anonymes de
1’humanite tels que Paul Lambert Margreta et Les Gosh etaient a 1’origine
de ma croisade pour les desherites de Kolkata.
Et puis, c’etaient les
pauvres du slum << Anand Nagar » qui ont tout a fait change' les sens et
les priorities de ma vie. II est vraiment incroyable de voir que ces gens ne
perd jamais I’espoir en face de difficulty extremes. Je ne pourrai jamais
decouvrir leur secret. Ces misdrables vivent leur propre proverbe : II y a
toujoursmille soleils au-dela les nuages.
7.
Pourquoi avez-vous appele votre bidonville < la cite de la joie » ?
Ce n’est pas moi qui a donne ce nom au slum. C’est la traduction
fiddle de « Anand Nagar »- C’est comment ses habitants appellent leur
taudis.
Ce que j’ai fait, c’est a trouver le moyen de justifier cette
appellation. La conception centrale de mon livre est que ces gens font face
& leur vie pleine de difficulty extremes avec courage et bon humeur. Au
lieu de se plaindre et de se lamenter de leur sort, ils se rejouissent. La, on
peut apprendre des lemons importantes
Ils n’ont fas pitie d’eux-memes,
mais ils se divertissent dans la joie qu’ils peuvent trouver car ils partagent
dans un monde de communaute tout en respectant les valeurs sociales et
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religieuses sans oublier leurs traditions et leurs croyanoes. C’est pourquoi
on appelle ce slum decrepit«la citd de la joie ».
8.
Vous Stes citoyen d’honneur de Kolkata.
C’&ait mon moment de gloire. II rn’est arrive en 1996. Cc papier qui
certitie que je suis le titulaire de cet honneur est le plus beau de tous les
prix que j ai re<;us dans ma vie.
9. A propos de nofine etude « Du bon usage ...»
J’apprecie votre effort pour justiffer ce que j’ai dit concemant le
message et les lemons de mes recits sur l’lnde. J’espere que vous pourrez
proposer des demarches pour leur utilisation. Bon succ&s.
10. De tous les gens dont vous avez ecrit dans La cite de la ioie et Mille soleils
la flamme de quelle personae bruie-Lil toujours dans votre cceur ?
Celle de Padmini, 8 ans, habitante de la cite de la joie. Elle se leve
tout le matin a 5 heures pour chercher, sur le remblai de voies ferries le long du
slum, des morceaux de charbon tombes des locomotives pendant la nuit. Son
pere s’en sert pour alimenter le petit fbumeau chez elle. Ce que fait Padmini,
c’est un acte tres extraordinaire de survie.
histoire dans Mille soleils.
Je suis filer d’avoir raconte son
C’est une representation magique du proverbe
indien qui a inspire le titre de ce recit. Je 1’avais lu sur le mur d’un arret de bus
a Chennai: fl y a toujours mille soleils au-deld des nuages.
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11. Les gouvemements de l’lnde et de Bengal n’ont pas encore reconnu en
forme d’un prix votre litterature ni vos travaux philanthropiques. Qu’en
pensez - vous?
Ce n’est pas yraiment mon desir. Mais je suis citoyen d’honneur de
Kolkata et 1’annee demiere plus de 50 000 habitants de plus de sept lies des
Sunderbans ont fait Dominique dada ieur bienfaiteur. ^a c’est beaucoup plus
pour moi que n’importe quel prix.

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