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ILS ONT FAIT LES EDC
ANDRÉ COURTAIGNE, PRÉSIDENT DU CFPC (1984-1988)
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Depuis septembre 2012, une équipe de chercheurs de l’École des hautes
études en sciences sociales et du CNRS travaille sur l’histoire des EDC
avec le soutien de la direction du mouvement. Cette équipe est composée
de Nicolas de Bremond d’Ars, Marie-Emmanuelle Chessel, Hélène Frouard
et André Grelon. Si vous avez des archives ou un témoignage à apporter,
veuillez contacter Marie-Emmanuelle Chessel ([email protected]).
« Heureux ceux
qui souffrent de
ne pouvoir payer
les salaires qu’ils
voudraient (…) ;
heureux ceux
qui souffrent
de ne pas donner d’emploi à
tous ceux qui en
ont besoin (…),
heureux ceux qui ont faim et soif
de justice, Car ils seront rassasiés »
(A. Courtaigne, Confirmer l’entreprise ?
L’échelle de Jacob, Aubin Éditeur,
Saint-Étienne, 1998, 122 p.). En 1979,
André Courtaigne, membre laïc du
CFPC, propose une lecture personnelle des Évangiles. Cet acte est une
nouveauté. Jusque-là en effet, la lecture de la doctrine sociale de l’Église
était faite par les conseillers ecclésiastiques du mouvement, des clercs à la
solide formation théologique.
Né en 1923, André Courtaigne entre
au comité directeur du CFPC en
1978 – il en deviendra président
en 1984. Auparavant, ce fin gestionnaire, ancien ingénieur des
Ponts et Chaussées, a découvert les
techniques américaines de mana-
© Revue Profession et Entreprises, septembre 1986
L’appel d’André Courtaigne ou
la conversion personnelle du dirigeant
gement. Il les a lui-même utilisées
dans la gestion du laboratoire pharmaceutique Delalande qu’il dirige.
Consciente des compétences de
Courtaigne, la direction du mouvement l’invite en 1979 à rédiger
un plan stratégique pour le CFPC.
Courtaigne répond par un rapport dans lequel le « levain évangélique » est appelé à « faire lever
cette pâte qu’est l’économie ». Il y
irrigue sa réflexion prospective de
ses compétences en matière religieuse. L’homme a en effet bénéficié d’une longue formation spirituelle, acquise avec son épouse au
Centre pour l’intelligence de la foi,
une institution créé dans le sillage
de Vatican II pour offrir aux classes
moyennes un approfondissement
de leur foi.
Éclairant le domaine économique à
la lumière des Évangiles, Courtaigne
aborde aussi bien la solitude du chef
d’entreprise que les privatisations ou
les problèmes du chômage. Il montre
ainsi la possibilité de penser par soimême l’articulation entre convictions chrétiennes et activité de dirigeant d’entreprise. « Le Courtaigne »,
comme est rapidement rebaptisé ce
rapport, connaît un grand succès au
CFPC : dans le contexte ouvert par le
concile Vatican II, ce nouveau rapport à la foi et à l’Église répond en
effet aux attentes d’un grand nombre
de membres. « Le Courtaigne », largement diffusé, symbolise ainsi
l’une des possibilités explorées
par le mouvement : encourager la
conversion intérieure des dirigeants
d’entreprise. ■
Hélène Frouard
Nous remercions Monsieur André Courtaigne
pour les entretiens qu’il a bien voulu
nous accorder.
mai-juin 2015 dirigeants chrétiens n° 71