brassens - Aidem Communication

Transcription

brassens - Aidem Communication
1961
Dans l’eau de la claire fontaine
Il est des chansons qui ont une légèreté de plume. L’esprit s’y accroche,
l’espace d’un instant, et s’accorde, grâce à elles, une fugue hors du temps.
n Dans l’eau de la claire fontaine possède cette grâce « qui
charme toujours et jamais ne nous lasse. » Sans effet de style,
usant parfois d’assonances au lieu des rimes qu’il affectionnait,
Georges Brassens nous offre ici l’hymne le plus subtil à l’amour
délicieusement frivole.
n Œillade décochée par-delà les siècles à l’une des chansons les
plus célèbres de notre folklore : A la claire fontaine. Les deux ballades se distinguent pourtant par la dissemblance des sentiments. La douceur mélancolique de l’une contraste avec la suavité érotique de l’autre. Dans la première chanson, la belle pleure
l’amour qu’elle-même a refusé, dans l’autre la nymphe s’abandonne à la passion qu’elle a suscitée… L’une refuse à son ami
Pierre son bouton de rose, la seconde ne s’effarouche pas de perdre sa fleur d’oranger. Les symboles de virginité et de pureté
sont, dans les deux poèmes, délicatement suggérés.
n Il existe plusieurs variantes masculines et féminines de A la
claire fontaine. Versions naturellement différentes selon qu’elles
sont interprétées par Nana Mouskouri ou Guy Béart !
Guy chante :
J’ai perdu mon amie
Sans l’avoir mérité
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai
Alors que chez Nana le bouquet de roses se transforme en bouton de rose :
C’est pour mon ami Pierre
Qui ne veut plus m’aimer,
Pour un bouton de rose
Que je lui refusai
(La symbolique du bouton se laisse aisément deviner …)
n Le vent, qui soudain jette les habits de l’espiègle dans les nues,
est considéré une fois encore par Brassens comme un complice
providentiel. Autre symbole célèbre : la feuille de vigne servant à
voiler la nudité des statues antiques (sur les ordres d’un quelconque pape, « Tartuffe 1er » sans doute.) Georges se fait un malin
plaisir d’en vêtir l’innocente baigneuse pour mieux l’en priver
ensuite…
La belle n’était pas bien grosse… Nous sommes plus proches ici
de la Fille à cent sous que des attraits au volume étonnant de
Vénus callipyge.
n Brassens affirmait que sa préférence allait aux chansons
d’amour qui finissent mal. Peut-être, à son avis, plus poétiques
que les autres. Mais fi des amours aux fins malheureuses que
nous content L’amandier, Les Lilas, Putain de toi, Une jolie fleur,
L’orage, Je suis un voyou, Comme une sœur, Les ricochets…
Cette ingénue-là, volage, émerillonnée, éprise de liberté, est la
sœur de Margot, d’Hélène, de Cendrillon, de Princesse… c’est
elle qui est célébrée dans J’ai rendez-vous avec vous, Embrasseles tous, Il suffit de passer le pont…
BRASSENS
Chansons à la Plume et au Pinceau
MISE EN VENTE
21 FEV. 2013
n Chaque quatrain de cette ode à une naïade est une suite
d’aquarelles au charme particulier. La nostalgie ajoute son grain
d’enchantement aux tons pastel de ce poème. Le legato de l’archet de Pierre Nicolas semble parfaire l’élégance de cette bluette
que le temps immortalise. Dans un siècle ou dix on chantera sans
doute Dans l’eau de la claire fontaine comme on chante
aujourd’hui encore, trois cents ans après, A la claire fontaine.
JEAN-PAUL SERMONTE / HÉRAN
n C’est assurément cette version qui a inspiré Dans l’eau de la
claire fontaine…
Le mot fontaine doit être pris ici dans son sens étymologique :
celui de source (aqua fontana), la jolie muse se baigne dans un
cours d’eau plutôt que dans une fontaine (publique) comme on
l’entend couramment.
COLLECTION
25 cm n°8.
CHANSONS À LA PLUME ET AU PINCEAU
marinette (j’avais l’air d’un…)
Si les chansons de Brassens sont universelles, chacun y porte son propre regard,
chacun peut faire sien ce cadeau que nous a
laissé le « bon maître ».
C’est bien de cela dont il s’agit dans
ce recueil de 45 textes et dessins.
1957
Chacun sait combien Brassens aimait parsemer son œuvre
de petits clins d’œil littéraires.
n Son immense culture le lui permettait. Avec un mot, un vers,
une pensée d’un auteur qu’il affectionnait, il organisait une sorte
de jeu de piste pour des auditeurs attentifs. Peut-être éprouvaitil, par le biais d’une référence, d’une allusion, d’une expression,
le désir de nous faire partager ses lectures favorites ? Attention,
il ne s’agit pas de plagiat, d’imitation non avouée, d’emprunts
dissimulés. À l’encontre de bien d’autres artistes, il s’en expliquait aisément. Il offrait souvent à ses amis les livres des auteurs
en question. Aux journalistes même, il donnait la source de telle
ou telle chanson. Par exemple, concernant Les deux oncles, il
confie à Danièle Heymann, dans L’Express, en 1964, que l’idée de
la chanson lui est venue en découvrant l’aphorisme de Léautaud :
« Celui qui meurt pour une idée est un imbécile ».
n De même, il expliquera à André Tillieu que c’est l’épilogue de
l’ouvrage d’Albert Marchon, Le bachelier sans vergogne, qui lui
inspira non pas Les quatre bacheliers, mais la Chanson pour
l’Auvergnat.
Brassens connaissait-il La chanson de Marinette de Dieudonné
Tagliafico (1889) ? La conclusion de cette chanson a-t-elle marqué pour lui le point de départ de sa Marinette ?
Mais les chansons ont leur destin
Un soir que, fredonnant la nôtre,
Sous sa fenêtre je revins
Marinette… Marinette en chantait une autre !
n Était-ce là une simple réminiscence, une tacite connivence
avec les passionnés de chansons (ce titre a été repris depuis sa
création par près de trente interprètes dont les derniers furent
André Dassary, Jack Lantier et Mathé Altéry…) ou simplement,
comme nous le croyons, une simple coïncidence ?
n Marinette, enregistrée le 13 janvier 1956 (sortie du 25 cm en
mars de la même année) connut assez rapidement la faveur du
public. En 1979, Brassens déclare à Philippe Némo qu’il a écrit
cette chanson en une heure. Dans son livre intitulé L’espérance
folle (Robert Laffont), Guy Béart révèle : « J’avais vingt-sept ans
et je méprisais alors tout ce qui pouvait être succès facile, c’està-dire tube. Des années après, quand Brassens m’a chanté
Marinette, c’était à son tour de me dire : “C’est trop facile. Est-ce
que tu crois que je peux la chanter en public ?” Faisait-il semblant de m’interroger, alors que sa décision était, je le parie, déjà
prise ? Je lui répondis à mon tour comme lui m’avait répondu
autrefois. Contrairement à son habitude, il avait terminé cette
chanson en quelques heures, dans un élan. »
n Brassens, ce grand artisan de la rime riche, n’en a point
pourvu Marinette. Qu’importe d’ailleurs (longtemps, peu d’entre
nous s’en sont aperçu !), car le poète renoue avec la tradition des
troubadours. Dans les chansons de geste, comme La Chanson de
Roland, ainsi que dans de nombreuses chansons populaires,
l’assonance faisait office de rimes.
n À propos, qu’a donc voulu signifier Georges en parlant de ce
« rhume mal placé » qui a emporté la pauvre Marinette ? Les lexicologues brasséniens ont omis de se pencher sur cette expression ignorée des meilleurs dicos. Il s’agit là, à notre avis, assurément, d’une MST !
L’expression, est paraît-il, employée parfois dans le Nord de la
France. Un passage du livre Banlieue sud-est, de René Fallet, tendrait à corroborer cette assertion : « Tu t’étais pas nettoyé après ?
– Non. – Jeunesse ! C’est comme ça qu’on attrape les rhumes. »
Marinette demeure l’un des titres préférés des interprètes de
Brassens. Déjà, en 1975, Denis Pépin avait transformé ce fox-trot
rapide en un succès pop.
C’est dans cette chanson également
que l’on entend pour la première fois
un célèbre « petit vocable de trois lettres », qui effrayera bien des oreilles.
La chanson du premier con en quelque sorte.
25 cm n°4.
1962
la fille à cent sous
Avec La fille à cent sous Brassens a frappé fort.
Dès le premier couplet l’uppercut est fulgurant.
n Quelques mots suffisent à planter un décor tout droit sorti de
La tour des miracles :
Du temps que je vivais dans le troisièm’ dessous…
à définir un individu qui rappelle, en pire, La mauvaise herbe et
Le mauvais sujet avant qu’il ne soit repenti :
Ivrogne, immonde, infâme,
à installer une histoire sordide à souhait :
Un plus soûlaud que moi, contre un’ pièc’ de cent sous,
M’avait vendu sa femme.
Ce dernier vers avait fait objecter à un vieux macho : « Vendre sa
femme passe encore, mais à ce prix-là, c’est immoral… »
n De nombreux admirateurs ont présumé, un peu promptement,
qu’en matière de gent féminine, le poète marquait, avec cette
chanson, sa préférence pour les maigrichonnes, les chétives, les
planches à pain…
Ne chantait-il pas sur le même disque les charmes envoûtants
d’une naïade évanescente : Une belle qui n’était pas bien grosse ?
(Dans l’eau de la claire fontaine).
Mais c’était oublier un peu vite la réplique du goujat :
Remball’ tes os, ma mie, et garde tes appas,
Tu es bien trop maigrelette…
Car le bougre tricéphale : Ivrogne, immonde, infâme, est un épicurien préférant aux haridelles, l’éminence charnue de ces
dames. Le sac à vin méprise le sac d’os :
Je suis un bon vivant, ça n’ me concerne pas
D’étreindre des squelettes.
n À propos de rotondités convoitées, il y reviendra plus tard : en
1965, il s’extasiera sur le volume étonnant des attraits d’une
Vénus callipyge et en 1969, dans Rien à jeter, il vantera les hanches solides de sa mie.
n N’oublions pas, également, les fameuses confessions d’Oncle
Archibald :
Fi ! des femelles décharnées ! Vive les bell’s un tantinet/
Rondelettes » !
Et puis, cerise posthume sur le gâteau, cet inénarrable cadeau
d’outre-tombe : Si seulement elle était jolie (1985).
Jean-Paul Sermonte, poète et écrivain (à la
plume) et Héran, dessinateur (au pinceau),
esquissent les contours d’un B r a s s e n s
inattendu, apportant, au travers de ce double
prisme, un éclairage nouveau sur des chan s ons que nous pens ions c onna î tre ou q ue
nous découvrons…
n Le poète, on s’en souvient, en avait été déjà affligé. Sa muse de
l’époque semait à tout vent les gonocoques. Marinette et la petite
Jo ne sont peut-être qu’une seule et même chipie ?
Si seul’ment elle avait des formes,
Je dirais : «Tout n’est pas perdu,
Elle est moche, c’est entendu,
Mais c’est Vénus, copie conform e ».
Malheureus’ment, c’est désolant,
C’est le vrai squelette ambulant.
format
nb de pages
façonnage
couverture
pelliculage
24,5 x 22,5
96 couleurs
relié
cartonnée
mat
n Revenons à La fille à cent sous. Le réalisme de ce tableau est
saisissant : un taudis misérable, un pauvre pochard (plus riche
néanmoins que le mari forcé de vendre sa femme pour cent sous,
l’équivalent de 5 francs !), sur un paddock défait, tenant sur ses
genoux une bougresse famélique… Pourtant cette chanson sombre possède son pesant… d’azur.
vernis
brillant
TVA
7%
réf.
DC H8136
ISBN 978-2-84167-813-6
prix public ttc 17,90 €
Jean-Paul Sermonte est romancier et poète.
Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages :
romans, contes, poèmes et biographies
(Brassens, Leclerc, Vigneault).
Passionné depuis son enfance par Brassens,
il lui a consacré plusieurs livres :
Brassens, Au bois de son cœur,
La tombe buissonnière,
Brassens et les poètes.
En 1991, il a créé la revue
Les Amis de Georges
dont il est le rédacteur en chef.
n En huit quatrains Georges nous narre une authentique histoire
d’amour. Il ne s’agit pas ici de ces amants célèbres qui ont tant
inspiré les artistes et fait rêver les jeunes filles : Tristan et Iseult,
Roméo et Juliette, Ulysse et Pénélope…
n Au-delà de l’humour et du rythme guilleret, la chanson est plus
profonde qu’elle n’y paraît. Il s’agit d’un amour qui se rit des
apparences… Ici Cupidon prend le visage qu’il veut, et non pas
celui que la logique ou les convenances s’appliquent souvent à lui
imposer. Les amours improbables sont-elles les amours les plus
sincères ? Brassens semble le croire. Et le « je t’aime » du poivrot
à la pauvresse rivalise avec « je t’aime » de tous les amoureux
mythiques :,
Eh bien, pauvre Ninon/ Console-toi, je t’aime.
Ces vers ne rappellent-ils pas ceux tout aussi émouvants de La
Première fille ?
Moi je te garde et moi je t’aime
dernier cadeau du père Noël
Mais la petite fille peut être rassurée, le
père Noël, cette fois-ci, a les traits d’un
troubadour.
25 cm n°8.
Héran est dessinateur de presse
et auteur de BD depuis 1981.
Il a publié, entre autres,
dans Le Canard Enchaîné, L’Express,
L’Évènement du Jeudi, Le Monde
de l’Éducation, La Grosse Bertha
pour le dessin de presse,
Pilote et Fluide Glacial pour la BD.
C’est pour ce dernier qu’il crée la série
« L’étoffe des Zéros » qui donnera lieu
à quatre albums.
Il collabore depuis 2006
à la revue Les Amis de Georges.
L’un et l’autre nous livrent leur vision, leur
analyse et leur sensibilité sur les œuvres
abordées. Regards croisés, parfois différents,
jamais contradictoires, fruits d’une complicité
et d’une grande amitié – valeur si chère à
Brassens – entre le poète et l’humoriste.
Mélange des genres ? Sans aucun doute. C’est
certainement là l’un des secrets des recettes
réussies. Brassens lui-même ne s’y était pas
trompé, passant allègrement de la poésie à la
gaudriole.
Jean-Paul Sermonte maniant les mots avec
brio et pertinence, Héran, les images avec
humour, férocité ou tendresse, leur impératif
commun reste :
« Qu’en aurait pensé Brassens ? Aurait-il
aimé ? »
Gageons que oui, et qu’il ne sera pas le seul…
SERVICE MEDIAS
Sandra Mottais :
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éditions
didier
carpentier
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