01 Réseau Éducation Sans Frontières de l`Ain

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01 Réseau Éducation Sans Frontières de l`Ain
01
Réseau Éducation Sans Frontières de l’Ain
Place du château 01370 MEILLONAS [email protected]
04 74 35 47 58 06 84 71 26 61 04 74 51 33 24
Communiqué du Réseau Éducation Sans Frontières de l’Ain.
Demandeurs d’asile : faux problèmes, fausses solutions, bonnes questions.
On a pu lire ces dernières semaines dans la presse de nombreux articles concernant les
demandeurs d’asile. A Bourg, les primo arrivants sont contraints de dormir dans des garages
faute d’hébergement, à Hauteville, le préfet impose à la commune l’installation cet hiver de
120 personnes dans un immeuble désaffecté. L’ouverture de ces 120 places permettra-telle de
régler le problème des demandeurs d’asile laissés à la rue ? Certainement pas.
L’arrivée depuis août d’environ 80 demandeurs d’asile venus du Kosovo ou d’Albanie n’a
rien d’exceptionnel. Tous les départements de France reçoivent des demandeurs d’asile venus
de bien d’autres pays et ce n’est pas la première année que certains doivent dormir à la rue à
Bourg comme ailleurs. Sur les presque 600.000 habitants de l’Ain, 80 personnes ne
représentent pas le début d’un envahissement, pas même sur les 40.000 habitants de Bourg.
L’hébergement et la prise en charge des demandeurs d’asile est une obligation légale faite à
l’État par des conventions internationales. En refusant de les héberger, le département de
l’Ain se place hors la loi. Qui va obliger l’État à respecter la loi ?
Les demandeurs d’asile doivent selon la loi être hébergés dans des CADA (Centres d’Accueil
des Demandeurs d’Asile). Il ne s’agit pas d’hébergement d’urgence. Dans l’Ain, c’est
l’association Alfa3a qui gère les CADA. Il n’y a que trois CADA : à Montluel, à Culoz, et à
Ambérieu. Il est très difficile de savoir combien de places CADA sont ouvertes, seule
certitude : elles ne suffisent pas. Beaucoup de demandeurs d’asile sont placés dans d’autres
foyers, certains se logent par eux-mêmes, ou dorment dans la rue ou des garages.
Qu’attendent les pouvoirs publics pour ouvrir d’autres CADA en nombre suffisant, en
particulier dans la plus grande ville du département ?
L’argument de l’ « appel d’air » est invoqué pour justifier ce refus d’hébergement. Mais les
migrants n’ont pas le choix de partir ou de rester. C’est l’insécurité et la misère qui les
poussent, pas la prétendue « ouverture » de la France (tous les pays reçoivent des demandeurs
d’asile), encore moins les prétendues « filières » (les passeurs sont la conséquence de
l’immigration, pas la cause). Rien ne peut empêcher l’immigration, pas même l’accueil
indigne que nous leur réservons pour tenter de les dissuader.
Une « solution » est avancée : expulser tous les demandeurs d’asile « déboutés » de leur
hébergement pour faire de la place ! La France n’accorde pas généreusement l’asile, en
particulier aux Kosovars et Albanais. Mais ceux qui ont essuyé un refus ne peuvent pas
tranquillement rentrer « chez eux » après avoir « tenté leur chance » ! Ce n’est pas un jeu !
Ces familles qui se retrouvent « sans papiers » n’ont pas d’autre alternative que le combat
juridique pour obtenir le droit au séjour en France. Si elles avaient le droit de travailler, elles
libéreraient une bonne partie des logements occupés.En attendant, pour elles comme pour
tous, il existe un droit au logement. RESF les soutient dans ce parcours du combattant.
Mettre en concurrence les demandeurs d’asile déboutés et les primo-arrivants est non
seulement inacceptable du point de vue humain, mais c’est un non sens : les places qu’ils
occupent ne sont pas des places CADA. Les 120 places que le préfet veut ouvrir à Hauteville
relèvent de l’hébergement d’urgence dans le cadre du plan froid, cela n’a rien à voir avec
l’accueil des demandeurs d’asile. A l'heure qu'il est, les familles avec enfants qui étaient dans
les garages ont fini par être logées, à Ambérieu, à Bourg ou ailleurs. Qui sont donc ces 17
élèves supplémentaires à Hauteville dont on parle ? Et puisqu'il reste 57 personnes dans les
garages, d'où vont venir les 120 promis à Hauteville ? Seront ils déplacés depuis d'autres
foyers ? Sur quels critères ? Comment sera assurée la continuité de la scolarité pour les
enfants ? Et puisqu'il s'agit d'une mise à l'abri hivernale, que vont-ils devenir au printemps ?
RESF 01 milite pour l'accueil digne des étrangers, en particulier pour la scolarisation dans de
bonnes conditions des enfants. Des solutions doivent être trouvées. Mais RESF 01 tient
également à exprimer sa solidarité avec la commune d'Hauteville, ses élus, et en particulier
son maire, Bernard Maclet. L'arrivée de 120 personnes supplémentaires dans une petite
commune de moins de 5000 habitants, avec une seule école, ne peut que créer des
déséquilibres. Hauteville et Cormaranche abriteraient à elles seules un quart des étrangers
demandeurs d'asile ou déboutés du département.Et comment ne pas voir dans ce choix une
décision politique destinée à punir un maire et une population connus pour avoir défendu le
respect des droits des étrangers et de leurs enfants ? La ritournelle des xénophobes est bien
connue : « vous aimez les étrangers ? Eh bien, vous n'avez qu'à les prendre chez vous ! »
L'opposition de droite a bien compris le message et entend profiter de ce cadeau électoral
offert par la préfecture.