Les Dentelles de Montmirail
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Les Dentelles de Montmirail
Les Dentelles de Montmirail La formation des Dentelles remonte à la lointaine époque du trias. À cette époque, la Provence était recouverte par une mer peu profonde et soumise à un climat chaud et aride. À la charnière entre le trias et le jurassique (205 à 195 millions d'années [Ma]) va s'accumuler au fond de cette mer une couche de près de 400 m d'épaisseur. Les couches de gypse et de sel gemme alternent avec des dolomies et des marnes colorées. Dans le Vaucluse, cette couche est située actuellement à 6000 m de profondeur. Durant le jurassique, la plate forme provençale s'effondre lentement. La mer peu profonde et fermée de la fin du trias s'ouvre sur la mer alpine et devient une mer profonde : la fosse vocontienne. Dans cette fosse, dont la profondeur excède les 3000 m, vont s'accumuler les matériaux en provenance du Massif Central. Des marnes, alternant avec des bancs de calcaire, se déposent au fond de la fosse. Ils forment les marnes bleues oxfordiennes (161 à 155 Ma). Au dessus s'installe une couche de vase claire que le temps transformera en calcaire, le calcaire tithonien. À la fin du jurassique, plusieurs centaines de mètres de sédiments se seront accumulées dans la fosse vocontienne. Durant le crétacé (145 à 65 Ma), le régime de sédimentation ne change pas fondamentalement. La fosse accumule les vases et les restes d'animaux marins. Entre 130 et 125 Ma cette sédimentation s'accélère pour former une couche de 800 m de calcaire, le calcaire urgonien (barrénien et aptien). Ce calcaire forme aujourd'hui l'ossature des Monts du Vaucluse, du Mont-Ventoux et des monts du Lubéron. Durant les périodes du paléocène, de l'éocène et de l'oligocène, l'ancien tertiaire (65 à 24 Ma), la fosse vocontienne se comble définitivement. La mer laisse la place à des terres émergées. La formation des Pyrénées et des Alpes, liées aux collisions des péninsules ibérique et italienne avec le continent européen, va créer de fortes tensions dans la croute terrestre et générer un "accident" géologique. Le sel possède une densité plus faible que les roches et devient malléable lorsqu'il est soumis à une forte pression. Sous la pression des Alpes et des Pyrénées, la couche de sel gemme accumulé à la fin du trias va jaillir vers le haut à la faveur d'une fracture survenu dans la faille de Nîmes. La faille de Nîmes est la plus importante du sud-est de la France. Elle se situe à plusieurs kilomètres de profondeur, prend naissance en Catalogne, traverse le Midi et se perds dans les Alpes. Cette poussée du sel gemme vers le haut prend la forme d'un champignon et se nomme un diapir. Dans le Vaucluse ce diapir va propulser vers le haut en les redressant à la verticale les couches calcaires du tithonien (150 à 145 Ma). Les Dentelles de Montmirail sont nées. Au miocène (24 à 5,5 Ma), la mer envahit à nouveau le couloir rhodanien et contourne les Alpes par l'ouest et le nord. Les Dentelles de Montmirail et le Mont-Ventoux sont des iles autour desquelles les courants marins accumulent des dunes de sables issus de l'érosion des Alpes naissantes. C’est ainsi que s’est formé le rocher de Rocalinaud. La mer se retire définitivement durant le pliocène (5,5, à 2,5 Ma). Depuis, le massif des Dentelles de Montmirail subit l'érosion pluviale et venteuse provoquant de nombreux éboulis que les torrents puissants liés à la fin des périodes glaciaires du pléistocène (2,5 Ma à 11 000 ans) ont déblayés. Le massif des Dentelles de Montmirail est constitué de trois arêtes parallèles. Au nord-est se trouve la crête de Saint-Amand qui culmine à 732 m, au centre se trouvent les Dentelles Sarrasines avec leurs 667 m d'altitude et au sud le Grand Montmirail domine de ses 553 m la plaine du Comtat Venaissin. Ces trois arêtes sont séparées par des vallons recouverts d'une chênaie verte souvent impénétrable. La chênaie qui occupe le fond des vallons cède avec l'altitude la place à la garrigue qui s'amenuise peu à peu pour laisser la place à l'univers minéral des crêtes.