Art Paris 2016 : « Art Paris est porté sur la passion, plus - Magnin-A

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Art Paris 2016 : « Art Paris est porté sur la passion, plus - Magnin-A
Art Paris Art Fair 2015 ©
Emmanuel Nguyen Ngoc
Art Paris 2016 : « Art Paris est porté sur la
passion, plus que sur le marché spéculatif »
25 mars 2016
Posté par Pauline Le Gall
On aura beau épiloguer sur la frilosité des collectionneurs en ce début d’année 2016, rien ne
les empêchera de se presser du côté de la foire printanière Art Paris qui s’est fait sa place
depuis une poignée d’années parmi les grands rendez-vous hexagonaux.
Guillaume Piens, qui pilote l’événement depuis 2011, a été l’architecte du changement
d’image d’Art Paris. Il a travaillé aux axes qui pourraient lui permettre de tirer son épingle du
jeu face aux grands rendez-vous de l’automne : ouverture à l’est, curiosité pour les galeries
régionales, prix raisonnables, solo shows… La formule Piens a fait ses preuves et Art Paris
voit sa fréquentation augmenter chaque année.
À quelques semaines du début d’Art Paris, le directeur artistique de l’événement nous a reçu
dans ses locaux parisiens pour nous en dire plus sur le marché de l’art, la scène coréenne et
ses attentes pour cette édition 2016, qui se déroulera du 31 mars au 3 avril au Grand Palais.
News of the Art World : Comment appréhendez-vous votre cinquième édition en tant
que directeur artistique d’Art Paris ?
Guillaume Piens – Depuis 2012, je pense que nous sommes repartis sur des bases qui
fonctionnent, en redéfinissant l’identité de cette foire.
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Aujourd’hui, Art Paris est une foire européenne qui regarde d’une part vers l’est et d’autre
part vers les scènes émergentes. Le fonctionnement de l’événement est désormais bien
identifié et plaît. Cette année, on a 143 galeries avec de nouveaux pays représentés comme
l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Colombie. La Corée est le pays invité, elle est donc très présente dans
la foire, tout comme l’Asie en général.
Contrairement à d’autres foires, on s’intéresse beaucoup aux galeries européennes et aux
villes comme Zurich ou Milan. En France, nous cherchons aussi à avoir une bonne
représentation régionale. Une quinzaine de galeries viennent de Bordeaux, Lille, Marseille,
Strasbourg… C’est une façon de renouveler les contenus et de voir des choses qui sont peu
représentées ailleurs.
Claudine Drai,
Sans titre, 2013, © Galerie 111
La liste de galeries change-t-elle encore beaucoup cette année ?
Oui, la liste est encore meilleure cette année. Nous avons un taux de renouvellement de
40% et nous accueillons de nouveaux arrivants comme André Magnin, Eric Dupont,
Pascal Lansberg, François Paviot…
Art Paris s’améliore d’année en année, les demandes sont donc naturellement de qualité
supérieure. Dans un univers très compétitif, il est essentiel d’avoir une identité forte. Il y a
trop de gens qui déclinent la même chose. Pour Art Paris, j’ai envie d’avoir de grandes
galeries, mais aussi de jeunes enseignes qui amènent du sang neuf.
Les galeries que nous allons chercher en région ou dans les autres villes d’Europe nous
permettent de découvrir des scènes singulières. Les gens y sont moins sensibles à la mode, il y
a moins d’argent et de pression. Actuellement, nous observons un vrai formatage de l’art
contemporain, et c’est contre ça que nous essayons d’aller. Il y a plein de choses intéressantes
autour de nous : il suffit de regarder.
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Cette formule séduit-elle les collectionneurs ? Sont-ils heureux de miser sur des
découvertes ?
Oui, d’ailleurs nous avons de plus en plus de collectionneurs et de musées qui se rendent à Art
Paris. Contrairement à des événements très élitistes de l’art contemporain, nous essayons
d’être plus incluants, avec des prix accessibles et d’offrir le meilleur accueil possible. Cela
passe par exemple par des visites de décryptage, par un site internet qui met les acheteurs en
relation avec les galeristes et permet de faire des recherches en amont… Cela permet de lever
la peur que certaines personnes ont de parler aux galeristes. Nous ne voulons plus que l’art
contemporain soit réservé à une élite.
En cela, Internet est un outil formidable d’ouverture, de promotion, qui ouvre à la vente.
Art Paris est porté sur la passion, plus que sur le marché spéculatif. Nous ne voulons pas
parler des artistes comme d’un produit financier.
Pourquoi avoir choisi de mettre la Corée à l’honneur ?
Il y a de la passion et de la stratégie dans ce choix. De la stratégie, parce que c’est l’année
France-Corée, et que nous nous inscrivons dans ce programme. Et de la passion parce que j’ai
toujours été un homme de l’est. L’ouest est pour moi synonyme d’un occident un peu épuisé.
On a mis la Chine à l’honneur en 2014, Singapour et les îles du Sud-Est en 2014, la Corée est
le dernier volet de cette trilogie. Nous passerons à l’Afrique en 2017.
La scène Coréenne arrive actuellement à maturité et il faut en parler. Le pays a une histoire
qui est en train de se faire et ses artistes ont un vrai désir d’être présents à l’international. Sur
place, on sent un vrai dynamisme qui vient de la scène artistique et des institutions. Par
ailleurs, le marché de l’art s’intéresse depuis quelques temps au mouvement Dansaekhwa des
années 60 et 70. C’est une école de peinture qui tend vers les monochromes et elle est très
recherchée actuellement.
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Moon
Beom, Possible Worlds, 2006 © Gallery Simon
On entend beaucoup dire que les collectionneurs sont particulièrement prudents cette
année… Avez-vous des craintes pour la foire ?
Pas vraiment. Actuellement, comme toujours en période de crise, les collectionneurs
n’achètent quelque chose de cher qu’à une condition : que l’œuvre soit vraiment validée par
l’histoire. Si on achète par plaisir, alors on mise sur des œuvres plus accessibles. Et à Art
Paris, on peut se faire plaisir à des prix très raisonnables !
Ce n’est pas l’euphorie générale sur le marché, mais on a tout fait pour que les collectionneurs
soient au rendez-vous !
http://newsoftheartworld.com/art-paris-2016-art-paris-porte-passion-plus-marche-speculatif/
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