La Bagagerie

Transcription

La Bagagerie
C.A.I.O.
Centre d’Accueil
d’Information et d’Orientation
La Bagagerie
Bilan de l’année 2013
C.A.I.O.
6, rue du Noviciat
C.S 71343
33080 Bordeaux-Cedex
 05.56.33.47.80 -  05.56.33.47.94
Depuis septembre 2011, le service de la bagagerie a ouvert ses portes au 7, rue Ausone à
Bordeaux.
C’est un lieu d’accueil qui propose aux personnes sans domicile fixe 50 casiers dans
lesquels elles peuvent déposer leurs affaires moyennant la somme de 5 euros.
Jusqu’au mois de Juillet 2013, la bagagerie était animée par 2 salariées en contrats aidés,
qui étaient auparavant bénévoles à la bagagerie située 34, place André Meunier, organisée
dans un local de la CUB squatté par une association de personnes de la rue.
Au mois de juillet 2013, les budgets engagés ne pouvant plus financer ces deux postes, il a
été décidé :
- une des salariées a signé un contrat auprès du Centre d’Animation qui la met à
disposition de la Bagagerie
- une des salariées a vu son contrat de travail, au moment du renouvellement du
contrat aidé, passer de 35 heures à 26 heures.
Il est néanmoins à signaler que ces deux salariées marquent profondément ce lieu de leur
personnalité, et permettent à ce site de donner un accueil de grande qualité en termes
d’humanité.
Au fil du temps, les usagers se sont appropriés cet endroit, où il ne leur est demandé ni de
se dévoiler, ni de s’investir dans une démarche d’insertion.
C’est un lieu qui reste convivial, où les personnes peuvent se poser, tisser du lien social,
échanger.
Et alors qu’on ne leur demande rien et peut-être justement parce que rien ne les y oblige, les
usagers parlent de leur passé, de leurs espoirs ou de leurs souffrances aux accueillantes
dont ils savent qu’elles ne les jugeront pas.
Ils s’adressent à elles pour demander un conseil, pour informer d’une démarche ou pour
évoquer un problème matériel ou plus existentiel. Les salariées de la Bagagerie peuvent
alors orienter, via le 115 ou via la PAPE vers les services ou dispositifs adaptés à la
demande ponctuelle.
Ce lieu, au départ positionné sur le dépôt des bagages et l’accès à l’hygiène, de petite taille
et bien intégré dans l’environnement local, propose un espace convivial où les personnes
sans domicile peuvent disposer de nombreux services : douche, laverie, café et parfois
restauration.
Les salariées aident dans les démarches d’accès aux droits et proposent d’orienter les
usagers vers les structures les mieux adaptées à leur situation.
En termes de principes de fonctionnement, il faut prendre en compte ce qui implique l’accueil
de populations parfois difficiles à gérer : la structure est utilisée par un public marginalisé
présentant de façon croissante des problèmes de comportement, ce qui rend la mission de
plus en plus difficile à gérer.
Les principes majeurs sont :
o
o
o
accueil à bas seuil
inconditionnalité de l’accueil
accueil anonyme, sans exclusive et immédiat
La bagagerie présente à ce titre un contexte favorable à l’échange puisqu’il se greffe sur
l’utilisation de différents services qui servent alors de prétexte au dialogue informel.
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La bagagerie de la rue Ausone offre plusieurs services annexes :
- Axés sur l’hygiène : des douches, une laverie.
Les salariées lavent et sèchent les effets déposés par les usagers, qui viennent les
rechercher plus tard dans la journée ou le lendemain.
- Axés sur la convivialité : du café, du chocolat et du lait sont proposés.
Pierre VIDAL-NAQUET dit « ces structures favorisent un processus de restauration de soi, à
la fois physique et mental, le matériel et le symbolique apparaissant souvent étroitement
liés »1.
En cela, la bagagerie constitue l’un des tous premiers maillons de la chaine des dispositifs
d’insertion. Elle est cependant positionnée sur le domaine de l’urgence et agit en lien avec
d’autres acteurs de l’insertion, notamment via le 115 qui est chargé d’orienter.
A noter toutefois que le besoin de ce service sur Bordeaux est tel que le « bouche à oreille »
a très rapidement fait connaitre le lieu.
Eléments statistiques
Les données fournies par la bagagerie sont souvent parcellaires.
L’équipe, composée donc de ces deux salariées en contrats aidés, issues des « gens de la
rue » porte une moindre attention à la composition qualitative du public accueilli et est avant
tout préoccupée par la réponse aux demandes du public.
D’autre part, l’anonymat qui entoure l’accueil rend la collecte des données difficile.
Toutefois, les accueillants connaissent la situation passée et actuelle de la plupart des
usagers, qui reviennent en majorité plusieurs fois et s’en ouvrent à l’équipe.
 Profil du public fréquentant le lieu de la bagagerie
Trois catégories de publics peuvent être aisément distinguées :
-
les personnes de passage sur Bordeaux
les personnes en attente d’entrée dans un hébergement
les personnes vivant régulièrement à la rue.
Il s’agit majoritairement d’hommes isolés.
Quatre groupes ont été repérés comme étant en augmentation durant l’année 2013 :
-
-
-
les jeunes : âgés d’environ 20 ans et très souvent en rupture familiale. Ils sont
généralement sans ressources et sans qualification professionnelle et sont
engagés dans des conduites addictives.
les femmes : même constat que sur les dispositifs d’urgence, les femmes sont en
nombre et en demande croissante, dans une situation sociale le pls souvent
extrêmement dégradée
les retraités : âgés souvent de plus de 65 ans et très isolés, ils perçoivent les
minimas sociaux.
les européens : il s’agit principalement de migrants économiques à la recherche
d’un emploi.
Vidal-Naquet P. et Tièvant S., Des moments pour être soi, enquête auprès des usagers des structures d’accueil de jour, rapport, ministère
des Affaires sociales, de la santé et de la ville, 1997.
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 Les chiffres concernant le service de bagagerie
En 2013, 108 personnes ont pu bénéficier d’un des 50 casiers mis à disposition.
Le recours à ce service va d’une demande ponctuelle d’une journée à la mobilisation du
casier sur 8 mois. Il varie en fonction de la situation des personnes.
En effet, le nombre de refus et le manque de place en accueil d’urgence, font qu’une grande
partie des bénéficiaires laissent leurs effets personnels sur des durées relativement longues.
Sur les 108 bénéficiaires, 29 situations n’ont pas réglé la participation du service faute de
ressources. Pour 73% des utilisateurs la participation au service s’est faite normalement.
 Les chiffres concernant l’accueil de jour
Sur l’année 2013, ce sont :
-
8 212 cafés qui ont été servis
758 machines à laver qui ont été faites
et 1 416 douches prises.
On constate que ces services prennent une place importante dans l’offre en direction de ce
public.
Les liens avec le quartier
En 2011, l’installation de la bagagerie dans le quartier était vécue avec inquiétude par les
riverains et les commerçants.
Trois ans après, où en sommes-nous ?
Au fil des mois, la bagagerie a réussi à s’inscrire dans un réseau d’acteurs sur le quartier et
sur la ville de Bordeaux.
Elle participe dans la mesure du possible à la vie du quartier.
Elle entretient des relations avec les associations, les commerçants et les particuliers du
quartier. Le regard porté sur les SDF dans le quartier a évolué et on peut parler d’un travail
d’inclusion sociale :
-
-
deux fois par semaine, la boulangerie du quartier amène les invendus du jour à la
bagagerie
pendant l’hiver, le café voisin a offert une boisson chaude par jour
les habitants du quartier apportent régulièrement des vêtements pour les
personnes sans domicile
à l’occasion de Noël, une voisine de la bagagerie et une de ses amies ont
proposé d’organiser un repas pour les personnes de la bagagerie. Trente
personnes ont participé à ce moment de rencontres et d’échange
une voisine apporte régulièrement, issus de sa propriété, viande et nourritures
diverses
le Président de la Ronde des Quartiers (plutôt hostile à la mise en place de la
bagagerie en 2011) est venu rencontrer la bagagerie pour offrir des chocolats et
expliquer que ses craintes s’étaient dissipées
Tous ces éléments nous permettent d’affirmer que les actions de la bagagerie sont facteurs
de dynamismes individuels, de reconstructions des liens sociaux et de citoyenneté.
Elles permettent la construction d’un espace d’échange entre des personnes venues
d’horizons différents et surtout correspondent à un vrai besoin pour les personnes sans
domicile fixe.
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Perspectives et début d’actions mises en place :
Il nous a semblé important, compte tenu du nombre de personnes transitant par cette
bagagerie, compte tenu également de l’évolution vers un dispositif d’accueil en urgence et
transitoire, de réfléchir à une « intégration » du dispositif global d’insertion en ayant recours à
des partenaires spécialisés… aller vers …
Aussi, depuis le dernier trimestre 2013, les intervenantes sur l’action SELF (conseillère
emploi et CESF) ont commencé à mettre en place des rencontres qui restent à ce jour
informelles et informatives, notamment sur l’accès à l’emploi et l’accès à l’hébergement /
logement.
Ces rencontres sont basées sur le modèle questions / réponses.
Cette volonté de permettre aux personnes d’avoir accès à des informations quant à
l’insertion sociale et professionnelle, a, au départ, rencontré une certaine méfiance de la part
des usagers … c’est pour cela que les premiers échanges sont restés dans l’informel, sans
but affiché comme tel.
Néanmoins, au fils des semaines et des rencontres, les questions se sont faites plus
précises, de la documentation demandée, etc.
Nous espérons, courant 2014, pouvoir amener certains de ces usagers, à bénéficier d’un
accompagnement plus approfondi, en dehors du cadre de la Bagagerie.
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