Le Jardin d`Acclimatation - Bruges-la
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Le Jardin d`Acclimatation - Bruges-la
Le Jardin d’Acclimatation […] On se réconcilie avec le temps présent et le progrès à voir les spécimens de sauvages que le Jardin d’Acclimatation expose chaque année : on y a vu successivement des Esquimaux du pôle, ceux de la Terre de Feu, des Peaux-Rouges du Missouri, des Lapons. Voici en ce moment une exhibition curieuse de Hottentots (sept hommes, cinq femmes et deux enfants). Ils son laids à souhait, mais d’une laideur étrange et pleine de caractère ; peau jaune, nez aplati, chevelure laineuse, pommette en saillie. Après tout, le beau et le laid physique sont peut-être une convention, une habitude de l’œil, et il n’est pas impossible que les Hottentots nous trouvent nous-mêmes d’une laideur repoussante. Et nos costumes, doivent-ils s’en amuser entre eux ! Nos pantalons presque collants, nos redingotes qui nous sanglent ! Et nos gants : voilà, j’imagine le plus grand de leurs étonnements. Et aussi nos meubles, nos ustensiles, nos objets de toilette ! Il paraît qu’une chose surtout leur paraît extraordinaire et tente leurs instincts de vol : c’est une brosse ! cet objet si curieux pour eux et si déroutant : un morceau de bois sur lequel il pousse des cheveux ! Quoi qu’il en soit, les Hottentots du Jardin d’Acclimatation sont vêtus de façon plus que sommaire : un baudrier, un pagne de couleur vive ; les femmes ont un petit tablier et une peau qui leur descend tout le long du dos. Ils s’amusent beaucoup ici, eux qui dans leur pays doivent tout le temps chasser, chercher de la nourriture en leur coin d’Afrique voisin de la Cafrerie, où ils vivent en petites bandes de plus en plus rares, décimées par d’incessantes privations. Néanmoins, ils ne voulaient pas quitter leurs kraals ou villages, convaincu qu’on les emmenait pour les engraisser et les manger ensuite. Encore aujourd’hui ils ne sont pas bien convaincus qu’ils ne finiront pas aux champignons. A part cela, ils sont insouciants, végétatifs, avec cette particularité qu’ils n’ont aucune notion du temps, ce qui fait que tous ignorent leur âge, et qu’ils n’ont aucune notion non plus de l’art. Rien ne leur paraît plus drôle qu’une statue ou un buste, dont ils ne savent pas voir pas voir ni comprendre la ressemblance. C’est à peu près comme ce chef nègre à qui un roi envoya un jour son buste exécuté par un grand sculpteur qui avait fait pratiquer le plâtre en riche et solide marbre. Le chef nègre refusa l’envoi, fort en colère de ce qu’on lui présentât comme son image et son portrait. Le buste était en marbre blanc.