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Premier Plan
14
Un regard sur le monde
La jeune Angola
16
L’Esprit et le Droit
4
Ritalin :la pilule de l’obéissance
Editorial
La mémoire au-delà du temps
18
Giuseppi Terrugina
5
Construire la Paix
Non à la guerre juste
20
Dossier
Fil d’Ariane
Laisser un héritage
“Le royaume des cieux est au milieu de vous”
dma
Revue des Filles
De Marie Auxiliatrice
Via Ateneo Salésiano 81
000139 Roma
Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06
e.mail : [email protected]
Changer, est-ce possible ?
Directrice Responsable
Mariagrazia Curti
Maria Antonia ChinelloAnna Condò
Emilia Di Massimo  Dora Eylenstein
Laura Gaeta  Bruna Grassini
Rédacteurs
Maria Pia GiudiciPalma Lionetti
Giuseppina Teruggi
Anna Rita Cristiano
Anna Mariani Adriana Nepi
Louise PasseroMaria Perentaler
Collaboratrices
Loli Ruiz Perez Paola Pignatelli
Tonny Aldana  Julia Arciniegas 
 Lucia M;RocesMaria Rossi 
Mara Borsi Piera Cavaglià .
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
2
27
35
En recherche
Communiquer
28
Culture
36
La passion la plus haute
Mémoire et communication
30
Pastoralement
Ni programme ni contenu
mais un plan
32
En Mouvement
Les Jeunes du Brésil et le JMJ
34
En dialogue
Interview à Rachael Chadwick
et April Cabacang
On “Fait” pour “Dire”
38
Femmes sur le terrain
Femmes au service du Royaume
40
Vidéo
La bicyclette verte
42
Livre
Le temps est un dieu bref
44
Musique
La musique dans
les teen-drama
46
Camille
Maison, douce
maison
Traductrices
EDITION EXTRACOMMERCIALE
France : Anne-Marie Baud
Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice
Japon : Province japonaise
Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma
Grande Bretagne : Louise Passero
C.C.P.47272000
Pologne : Janina Stankiewicz
Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970
Portugal : Maria Aparecida Nunes
Espagne : Amparo Contreras Alvarez Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c,
Legge 662/96 – Filiale di Roma
Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande
N° 7/8 Juillet-Août 2013
Tipographia Istituto Salésiano Pio XI
Via Umbertide 11,00181 Roma
La mémoire-au delà du temps
Giuseppina Teruggi
Transmettre l’extraordinaire héritage que Jésus
nous a donné d’être soi-même une Présence
vivante est la raison d’être de l’Eglise, son
parcours dans l’histoire. Un mystère de foi, une
certitude qui est motif de consolation et
d’espérance.
L’année de la foi offre l’opportunité de revitaliser
la mémoire de la Présence de Jésus : source à
laquelle nous buvons pour donner crédibilité à
l’annonce de la Bonne Nouvelle aux jeunes.
C’est ce que nous ont transmis Don Bosco et
Marie-Dominique : héritage à conserver et à
transmettre, fidèle et créatif. La force du
charisme nous entraîne à déposer dans le
coeur des jeunes le “levain de l’annonce évangélique”. Petites semences à jeter dans le terrain
de l’histoire, dans la vie des jeunes : nous ne
connaissons pas la durée de la germination et
de la floraison. Mais certainement les fruits
mûriront, selon les rythmes qui ne nous
appartiennent pas. C’est ce que souligne le
présent numéro de la Revue
Le récit de Justin est impressionnant, philosophe chrétien, martyr à Rome vers 167 après
Jésus, qui nous rapporte comment les premiers
chrétiens vivaient la Mémoire de la Présence
de Jésus. “Les prières terminées… sur proposition, des frères venaient porter un pain et une
coupe d’eau et de vin modéré ; ils les prenaient
et les élevaient en rendant gloire et louange au
Père de l’univers au nom du Fils et de l’EspritSaint et rendaient grâces.
Quand ils avaient terminé les prières et rendu
grâces, tout le peuple présent acclamait :
“Amen”. Après, ceux que nous appelons
diacres, distribuaient à chacun des présents,
le pain, le vin et l’eau consacrés et en
portaient aux absents. Ce repas est appelé
par nous Eucharistie, et il n’est permis à
personne d’y participer sinon à ceux qui
partagent notre foi... En effet nous les
prenons non comme de la nourriture ordinaire
mais comme corps et sang de Jésus incarné.
En effet les Apôtres dans l’Evangile transmettent
ce que Jésus leur a commandé”.
Justin poursuit :”Dans le jour appelé “le
Soleil” ils se réunissaient tous ensemble,
habitants de la ville ou de la campagne, et
lisaient les mémoires des Apôtres ou les
écrits des Prophètes. Quand le lecteur avait
terminé, le prêtre par une homélie nous
recommandait et nous exhortait à imiter ces
bons exemples. Puis tous ensemble nous
nous levions et commencions les prières ; et,
comme nous l’avons dit, la prière terminée,
on apportait le pain, le vin et l’eau... avec la
prière et l’action de grâces”.
C’est bon de penser que nous sommes nous,
aujourd’hui, les héritiers de cette richesse,
avec les jeunes auxquels Benoît XVI a
rappelé l’invitation :” Allez et faites des
disciples de tous les peuples “
[email protected]
.
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
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Laisser un héritage
“Le Royaume des cieux est
au milieu de vous”
Emilia Di Massimo
La signification du terme héritage, nous la
connaissons tous. Elle nous rappelle
généralement le monde juridique, tout ce qui
concerne l’ensemble des biens acquis ou
transmis. Mais, l’on trouve aussi dans le
dictionnaire, parmi les différentes nuances
celle-ci : "ensemble de valeurs, de
sentiments qui constituent un legs spirituel".
Les biens matériels nous rappellent souvent
une personne chère mais, sans la dimension
affective, aucun souvenir aurait une telle
valeur et serait important. En fait, la littérature
mondiale, révèle entre les lignes ou
clairement le désir fondamental de ne pas être
oublié, de laisser un héritage d’amour qui
permet de perpétuer le lien entre les vivants et
ceux qui ne sont plus de ce monde. Ceci est
le désir profond qui est au cœur de tout être
humain, sans exception, parce qu’en chaque
individu vibre une insatiable exigence de
bonheur. Dans un certain sens, donc, la
littérature reflète, de manière plus ou moins
évidente, la tradition chrétienne, et exprime
d’une façon ou d’une autre une foi en une vie
extra-terrestre et éternelle. Le désir de bonheur
traverse le cœur de l’homme, peut-être est-ce
pour cela que ce que Jésus affirme dans le
"discours sur la montagne", rapporté dans
l’évangile de Matthieu au chapitre 5 et dans
l’évangile de Luc au chapitre 6, rejoint directement notre cœur et rencontre son aspiration :
"parce que le royaume de Dieu est en vous". Le
Royaume de Dieu que Jésus annonce, avec
les Béatitudes, est exactement cette nouvelle
humanité rassemblée par Dieu et qui correspond
à un besoin de salut émergeant de situations
humaines détériorées et tragiques. C’est une
ouverture d’espérance qui s’entrouvre au
milieu des réalités qui sont vécues, indépendamment du comment elle se présente.
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
L'héritage du "Royaume des cieux",
sommet du bonheur.
“Bienheureux" signifie "immensément et extraordinairement heureux", ce qui comme on
l’affirmait précédemment, répond au désir de
tout être humain. Eh bien, certifie Jésus, “vous
les pauvres, qui avez tout laissé pour me
suivre, soyez bénis parce que le Royaume de
Dieu est en vous, est à vous”. Le Royaume de
Dieu n’indique pas une extension géographique, mais signifie que Dieu prend soin de
chacun de nous. On comprend que les paroles
prononcées par Jésus cachent une promesse
extra-terrestre et qu’elles font allusion à cette
joie profonde dont nous sommes à la recherche
tout au long de notre vie et que nous n’arrivons
pas à saisir totalement. Elles font référence à
cette signification du bien-être comblé de joie
qui existe seulement dans nos rêves. Elles
traduisent, comme aucune autre phraséologie
humaine, nos nostalgies de l’avenir.
En somme, on ne met pas longtemps à comprendre que sous ces sentences fulgurantes du
discours sur la montagne se cachent quelque
chose de grand. Et que, de ce mystérieux
"Royaume des cieux", la chose la plus aisée
que l’on puisse dire est qu’il représente le
sommet du bonheur. Oui, Jésus veut donner
une réponse à l’aspiration primordiale qui agite
depuis toujours l’âme humaine. Nous avons été
créés pour le bonheur. La joie est notre
vocation. C’est l'unique projet voulu par Dieu,
pour chacun d’entre-nous. Une joie possible,
vraie, qui, tandis qu’elle est déjà donnée sur la
terre, renferme une promesse d’éternité. Les
paroles de Jésus semblent nous suggérer que,
si nous voulons avoir part à l’héritage du
royaume, nous devons soit devenir pauvres soit
privilégier les pauvres.
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NNEE LVII  MENSUEL / MAI-JUIN
Un héritage à faire fructifier.
Un jour, monseigneur Armido Gasparini,
évêque missionnaire au Sidamo (Ethiopie) est
rempli de stupeur en voyant un groupe
d’enfants éthiopiens, aux yeux écarquillés par
la faim, il dit à un ami : «Regarde : ces enfants
sont des fils de Dieu et cela ne me surprend
pas du tout. Tout comme ils sont en même
temps frères de Jésus-Christ. Mais ce qui me
déconcerte et m’exalte c’est que ces pauvres
sont aussi les héritiers du paradis! Cela
semble absurde. Mais c’est vraiment au nom
d’une telle "absurdité"que je suis heureux
d’avoir dépensé toute ma vie au milieu de ses
gens». Si monseigneur Gasparini avait été un
contemporain de don Bosco, il se serait senti en
parfaite syntonie avec le saint des jeunes. La vie
de don Bosco a été une profession d’amour
soit pour Jésus soit pour le prochain, et de
manière particulière pour les jeunes, sans
dichotomie. L'exemple de don Bosco nous
stimule en ce sens et c’est intéressant et bon
de se rappeler quelques belles caractéristiques de sa méthode éducative ayant pour
but de former de "bons chrétiens et
d’honnêtes citoyens": étude, travail, liberté
encadrée, joie, civilité, tout ceci empreint de
raison et de religion. Don Bosco voulait une
formation intégrale pour ses jeunes.
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"L'éducation" – disait-il - "est une affaire de
cœur", il faut que- tous les protagonistes de
l’éducation convergent en une communion
d’intérêts et d’objectifs, pour la croissance
d’une authentique personnalité humaine et
chrétienne. Mais don Bosco ne s’arrête pas
pour contempler le "ciel" de ses garçons. Il
vit au milieu d’eux et sait, ou "sent", que
ceux-ci ne supportent pas d’avoir des idées
noires; en plus il se rend compte et
expérimente combien ils souffrent de la
"pauvreté" et de "l'abandon" et il connaît
leurs aspirations, plus ou moins expri-mées.
C’est pourquoi sa pédagogie ne peut pas ne
pas tenir compte du "style" des garçons dont il
s’occupe. Donc, nécessairement, il "s’humanise"
dans ses contenus et ses méthodes.
Le "salut éternel" est ainsi recherché en
passant à travers les indispensables formes
de salut terrestre (nourriture, vêtement,
héberge-ment, travail, profession, socialisation) et dans un style compatible avec la
sensibilité des jeunes (sécurité affective,
sérénité, convivialité familiale, joie). Ensuite,
en avançant dans ce dernier quart de siècle,
avec le développement d’oeuvres nombreuses et variées, don Bosco donne un
sens fort et plus ample aux termes "pauvres"
et "abandonnés", tout en restant
dma damihianimas
ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
fidèle jusqu’à la fin de sa vie au choix
originel et préférentiel pour la pauvreté
économique,
sociale,
religieuse.
Sa
sollicitude s’étend idéalement à tous les
jeunes touchés par une "précarité", morale,
professionnelle, culturelle, pour lesquels se
révèlent nécessaires des actions diversifiées
d’accueil, d’assistance, de soutien, de
promotion. De manière cohérente, les
institutions et les méthodes s’ouvrent à une
plus vaste "disponibilité". Et les paroles du
"père et maître de la jeunesse" sont
écoutées avec une sympathie croissante et
consensuelle par des catégories de
personnes variées, sensibles au problème
de l’éducation de la jeunesse dans un
monde en continuelle évolution. Cette
sympathie pour don Bosco, naît certainement de la prise en compte de critères
d’action éducative largement partagés : les
étapes de la croissance des jeunes ne sont
pas des évènements transitoires, mais des
expériences de vie essentielles et qui auront
une influence sur l’avenir; les garçons sont
et doivent être non seulement des collaborateurs actifs de leur éducation, mais aussi
d’authentiques prota-gonistes; la joie et la
difficulté de dire et de se projeter n’est pas
qu’une simple tâche ou un devoir, mais c’est
surtout un élan, une invention, une passion
pour la vie et pour le sens de la vie; la relation
éducative implique une relation d’amitié, une
édification de la communauté, une présence
qui propose des valeurs et des idéaux. Tout
ce que nous avons dit sur l’œuvre de don
Bosco, est complété et enrichi par la
présence féminine de Mère Mazzarello.
Mère Mazzarello n’a pas laissé en héritage
les initiatives et les oeuvres, elle a laissé
une expérience spirituelle et un charisme à
renouveler chaque jour et à rendre créatif
en tout temps. Comme don Bosco, Mère
Mazzarello, parce qu’elle est une grande
experte de Dieu, a été prophète. Le
prophète c’est celui qui voit l’avenir, qui sait
regarder l’histoire présente avec les yeux
de Dieu et sait répondre aux appels du
présent avec le cœur de Dieu. Tout ce que
la Cofondatrice a vécu est pour nous
aujourd’hui une opportunité inédite pour
répondre soit à la vocation reçue soit aux
attentes des jeunes.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Opportunité qui peut se résumer ainsi : le courage
de tendre à la sainteté, la sagesse du cœur, la
spiritualité éducative, prendre soin des personnes.
Il s’agit donc de vivre l’amorevolezza. En synthèse
: aller à contre-courant en choisissant la mesure
la plus haute de la vie chrétienne : la sainteté; la
sagesse du cœur, la capacité de vivre des
relations pour créer une société plus humaine; le
courage de reprendre en main la spiritualité
éducative.
L'héritage que don Bosco et Mère Mazzarello nous
ont laissé est un héritage à ne pas dissiper mais à
faire fructifier toujours plus dans la société
contemporaine, aujourd’hui plus que jamais, une
société qui aspire à des valeurs et à des
témoignages. C’est une interpellation qui doit nous
pousser à renouveler la qualité de notre foi, de
notre vie fraternelle, de notre mission éducative.
D’une telle "qualité" harmonieuse dépend la
formation intégrale des jeunes, l'éducation
authentique qui conduit à être et devenir "de bons
chrétiens et d’honnêtes citoyens".
8
«Le Christ remet le Royaume à son Père» dit Saint Paul (1Cor 15,28), non dans le sens qu’il
renonce à son autorité en lui remettant son Royaume, mais parce que nous, nous serons le
Royaume de Dieu quand nous serons rendus conformes à la gloire de son corps... Après qu’il
nous aura constitués «Royaume de Dieu» à travers la glorification de son corps, il nous
remettra à Dieu. Il nous remettra au Père en tant que Royaume, selon ce qu’en dit l’Evangile :
«Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis le
commencement du monde» (Mt 25,34).
«Les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père» (Mt 13,43). Parce
que le Fils remettra à Dieu, comme son Royaume, ceux qu’il a invités dans son Royaume,
ceux à qui il a promis la béatitude spécifique de ce mystère avec les paroles : «Bienheureux
les coeurs purs, ils verront Dieu» (Mt 5,8)... Le Christ remet à Dieu le Royaume et voici que
ceux qu’il donne au Père comme son Royaume voient Dieu. Le Seigneur, lui-même a
expliqué au milieu de vous» (Lc 17,21).
[email protected]
,
L'éducateur : un héritier
Retourner aux sources est important,
toutefois notre vie est pleine de questions.
Certaines proviennent de la culture dans
laquelle nous vivons, d’autres sont
personnelles, elles nous arrivent à
l’improviste selon notre vécu, les joies et les
angoisses qui le traversent au fil des jours.
Ce sont des questions qui viennent à notre
cœur ou à notre esprit pour la simple raison
que nous vivons, espérons, aimons.
Beaucoup de ces questions sont des cris de
douleur, qui enflamment notre existence, à
cause de toutes les choses que nous
aurions le droit de posséder et qui nous sont
au contraire confisquées sans ménagement.
L'inquiétude qui nous habite nous pousse à
chercher, inlassablement, des réponses à
nos interrogations.
Dieu prend toujours l'initiative. Il nous invite
à le rencontrer, à croire en lui, à parier sur
lui. Il nous assure de son amour qui
accueille, qui sauve, qui remplit notre vie
mais dit-il, sans moyens termes car la
mesure de l’amour est de donner sa vie pour
ceux qu’on aime, sans certitudes et sans
trop de "si" et de "mais". Voilà, il semble que
c’est cette "mesure" qui fait de l’éducateur
un héritier.
L'accompagnement spirituel :
un héritage qui nous a été confié.
L’accompagnement spirituel des jeunes est
défini comme une relation singulière qui se
construit dans la foi et dans la charité entre
deux personnes, l’une vit un temps de
“maturité” de la foi, et l’autre au contraire, “un
chemin” vers une maturité de la foi. Vivre ce
temps de maturité de la foi signifie avoir unifié
sa vie dans le Seigneur Jésus, et vivre le temps
de la fidélité, de la stabilité. L’adulte dans la foi
est celui qui a découvert le trésor de sa vie, et
qui a identifié sa vocation comme étant une
expérience quotidienne de la grâce. Celui qui
accompagne a habituellement quelques années
de plus que celui qui est accompagné, ou
mieux, il a déjà parcouru un bout de chemin et
pour cela il connaît les joies et les difficultés de
la vie humaine et spirituelle.
Il sait que le Seigneur est fidèle, et qu’il nous
accompagne. Il sait que la vie de foi est
exigeante, qu’elle demande fidélité, discipline,
temps de prière silencieuse et partage, et
qu’elle a besoin d’une vie fraternelle.
Celui qui accompagne sait faire mémoire de
son chemin spirituel, de ce qui a été son
expérience, son parcours de foi, il ne l’absolutise
pas, mais il se souvient des passages et des
grâces que le Seigneur lui a faites. Sans de tels
fondements, on ne peut pas accompagner, on
ne transmet rien, on ne partage aucun héritage.
.
9
dma damihianimas
ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
NNEE LIX  MENSUEL MAI-JUIN 2012
Du testament spirituel de Saint Jean Bosco
Mes très chers et aimés fils en J. C.,
Avant de partir pour mon éternité, je dois accomplir envers vous plusieurs devoirs et satisfaire
ainsi un vif désir de mon cœur. Avant tout je vous remercie de tout cœur pour votre obéissance
et pour tout le travail que vous avez fait pour soutenir et développer notre congrégation. Je vous
laisse sur cette terre, mais seulement pour un peu de temps. J’espère que l’infinie miséricorde
de Dieu fera que nous pourrons tous nous retrouver un jour ensemble dans l’éternité bienheureuse. C’est là que je vous attends.
Je vous recommande de ne pas pleurer ma mort. C’est un débit que nous devons tous payer,
mais après nous serons largement récompensés de toutes les difficultés rencontrées et vécues
par amour de notre Maître, le bon Jésus. (…) Si vous m’avez aimé dans le passé, continuez de
m’aimer dans l’avenir par l’exacte observance de nos constitutions. (…) Adieu, ô mes chers fils,
adieu. Je vous attends au ciel. Là nous parlerons de Dieu, de Marie mère et soutien de notre
congrégation; là nous bénirons éternellement notre congrégation, dont l’observance des règles
contribue puissamment et efficacement à nous sauver. Sit nomen Domini benedictum ex hoc
nunc et usque in saeculum. In te Domine, speravi non confundar in aeternum.
Celui qui se fait accompagner spirituellement
souhaite être dans la vérité, la clarté et
l’authenticité; il demande que l’éducateur ait
une maturité affective discrète, parce que dans
l'accompagnement les contenus ne suffisent
pas, les gestes, le non-dit, l’affection sincère, la
pédagogie de la bonté sont aussi importants.
"Gratuité": il n’y a pas de plus grand
amour
Le résultat d’un accompagnement spirituel
authentique conduit le jeune à s’ouvrir à la
solidarité, une valeur inséparable de la gratuité.
«N’enterrez pas vos talents, pariez sur de
grands idéaux, allez à contre-courant, une vie
sans défi n’existe pas, et un garçon ou une fille
qui ne sait pas les affronter sans s’impliquer n’a
pas d’épine dorsale». C’est seulement un
florilège de citations parmi d’autres que le Pape
François nous offre comme un cadeau.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Ses rappels à la responsabilité personnelle
réveillent le goût de la conquête, la valeur du
sacrifice, le sens de la lutte pour l’amour, la
liberté, la justice; ils nous renvoient à une
conception de la vie entendue comme une
partie à jouer endossant les vestes de
protagonistes.
Transmettre aux jeunes l’héritage spirituel
c’est leur offrir la joie de la rencontre avec le
Christ, et nous savons que l’histoire de Jésus
de Nazareth est une histoire d’amour et de
don : il "passa au milieu de nous en faisant le
bien". Le Bon Samaritain de l’Evangile qui
passa à côté du malheureux, le regarda, "il a
eu de la compassion", "il se fait proche de lui ",
(..) " et il en prit soin", il est devenu l'image du
style de Jésus et, en même temps, du
témoignage chrétien. Le volontariat, forme
moderne du don de soi et de la relation
gratuite, devient ainsi un témoignage chrétien
du destin éternel.
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Dieu prend toujours l'initiative. Il nous invite à le
rencontrer, à croire en lui, à parier sur lui. Il
nous assure de son amour qui accueille, qui
sauve, qui remplit notre vie mais dit-il, sans
moyens termes car la mesure de l’amour est de
donner sa vie pour ceux qu’on aime, sans
certitudes et sans trop de "si" et de "mais".
Voilà, il semble que c’est cette "mesure" qui fait
de l’éducateur un héritier.
L'accompagnement spirituel : un héritage qui
nous a été confié.
L’accompagnement spirituel des jeunes est
défini comme une relation singulière qui se
construit dans la foi et dans la charité entre
deux personnes, l’une vit un temps de
“maturité” de la foi, et l’autre au contraire, “un
chemin” vers une maturité de la foi. Vivre ce
temps de maturité de la foi signifie avoir unifié
sa vie dans le Seigneur Jésus, et vivre le temps
de la fidélité, de la stabilité. L’adulte dans la foi
est celui qui a découvert le trésor de sa vie, et
qui a identifié sa vocation comme étant une
expérience quotidienne de la grâce. Celui qui
accompagne a habituellement quelques années
de plus que celui qui est accompagné, ou
mieux, il a déjà parcouru un bout de chemin et
pour cela il connaît les joies et les difficultés
humaines et spirituelles.
Il sait que le Seigneur est fidèle, et qu’il nous
accompagne. Il sait que la vie de foi est
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exigeante, qu’elle demande fidélité, discipline,
temps de prière silencieuse et partage, et
qu’elle a besoin d’une vie fraternelle.
Celui qui accompagne sait faire mémoire de
son chemin spirituel, de ce qui a été son
expérience, son parcours de foi, il ne
l’absolutise pas, mais il se souvient des
passages et des grâces que le Seigneur lui a
faites. Sans de tels fondements, on ne peut
pas accompagner, on ne transmet rien, on ne
partage aucun héritage.
Celui qui se fait accompagner spirituellement
souhaite être dans la vérité, la clarté et
l’authenticité; il demande que l’éducateur ait
une maturité affective discrète, parce que
dans l'accompagnement les contenus ne
suffisent pas, les gestes, le non-dit, l’affection
sincère, la pédagogie de la bonté sont aussi
importants.
"Gratuité": il n’y a pas de plus grand
amour
Le résultat d’un accompagnement spirituel
authentique conduit le jeune à s’ouvrir à la
solidarité, une valeur inséparable de la
gratuité. «N’enterrez pas vos talents, pariez
sur de grands idéaux, allez à contre-courant,
une vie sans défi n’existe pas, et un garçon
ou une fille qui ne sait pas les affronter sans
s’impliquer n’a pas d’épine dorsale
dma damihianimas
ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Histoire d’un peu de pain
Quand l'ancien docteur est mort, ses trois fils
arrivèrent pour régler le problème de l’héritage :
les meubles anciens et pesants, les précieux
cadres et les nombreux livres. Dans une
délicate vitrine, le père avait conservé des
morceaux de sa mémoire : des verres
délicats, d’antiques porcelaines, des souvenirs
de voyage et tant d’autres choses encore.
Dans l’étagère du bas, tout au fond, ils
trouvèrent un objet étrange : cela ressemblait
à un morceau dur et gris. En le voyant en
plein jour, ils restèrent tous les trois stupéfaits,
c’était un très vieux morceau de pain, séché
depuis longtemps. Comment avait-il pu finir au
milieu de toutes ces choses précieuses?
La femme qui s’occupait de la maison raconta :
Dans les années de famine, à la fin de la
grande guerre, le docteur est tombé gravement malade et il était épuisé, sans énergie.
Un de ses collègues médecin avait murmuré
qu’il était nécessaire de lui procurer un peu de
nourriture. Mais où la trouver en ces temps
difficiles? Un ami du docteur lui apporta un
morceau de pain cuit à la maison qu’il avait
reçu en cadeau. En le tenant dans les mains,
le docteur malade avait la larme à l’œil. Et
quand l'ami est parti, il ne voulut pas le
manger, mais le donner à une famille dont la
maison était proche de la sienne et qui avait
une petite fille malade. "Cette fillette a plus
besoin de guérir que moi, qui suis un vieil
homme", pensa le docteur
La maman de la fillette malade porta le
morceau de pain donné par le docteur à la
femme réfugiée de guerre qui logeait dans le
grenier et qui était étrangère au pays.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Cette femme étrangère apporta
le
morceau de pain à sa fille, qui vivait
cachée avec deux enfants dans une cave
par peur d’être arrêtée. La fille se souvint
du docteur qui avait soigné gratuitement
ses enfants et qui maintenant était alité et
gravement malade I
Le docteur reçut le morceau de pain et il
le reconnut tout de suite, il en fut très
ému. "Si ce pain est encore là, si les
hommes ont su partager entre eux ce
dernier morceau de pain, je ne dois pas
me préoccuper du sort de nous tous", dit
le docteur. "Ce bout de pain a rassasié
beaucoup de gens, sans avoir été
mangé. C’est un pain qui est saint !".
Qui sait combien de fois ce vieux docteur
aura regardé ce bout de pain, le contemplant et recevant de lui la force et
l’espérance spécialement les jours les
plus difficiles ! Les fils du docteur sentirent que leur papa leur était très proche à
travers ce vieux morceau de pain, il leur
était même plus présent que dans les
meubles coûteux et les trésors qui remplissaient cette maison. Ils tenaient entre
leurs mains ce morceau de pain, cet
héritage authentique et précieux comme
un mystère pétri de la force de la vie.
Ils partagèrent cette histoire en mémoire
de leur père, et en souvenir de Celui qui,
le premier, il y a longtemps, avait partagé
le pain avec amour".
(Don Angelo Saporiti)
12
La jeune Angola
Miguel Natalia
L’Angola est un pays situé au sud-ouest de
l’Afrique. Sur environ 16.335.000 habitants,
45 à 50 % de la population a moins de
quinze ans. Cette donnée nous précise que
c’est une nation jeune.
Ce pays est indépendant depuis 1975, mais
il a été marqué par la guerre civile pendant
27 ans, ce qui a détruit l’identité humaine,
perturbé de nombreuses familles, provoqué
des migrations forcées et la détérioration de
nombreuses infrastructures, etc. L’accord
de paix a été conclu le 4 avril 2002, et voilà
maintenant 11 ans que l’Angola vit dans la
paix et la démocratie.
Du point de vue économique c’est un pays
qui a beaucoup de ressources pour pouvoir
se développer. En fait, au cours des
dernières années il bénéficie d’une croissance
dans le domaine économique, mais malheureusement elle laisse de côté une bonne
partie de la population, en particulier les
plus pauvres.
La plus grande source de richesse du pays
est le pétrole, mais la dépendance à l'égard
de cette forme de revenu creuse un fossé
entre riches et pauvres.
La majorité de la population est chrétienne
avec 60% de catholiques et 15% de protestants. 28 % sont adeptes de la religion
tradition-nelle et 3% sont des musulmans
immigrés d'Afrique centrale.
Situation des jeunes.
La situation des jeunes en Angola est très
hétérogène, ce qui signifie que les jeunes
ne sont pas tous égaux. Une étude réalisée
par le Secrétariat national de la Pastorale
des Jeunes, immédiatement après la guerre
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
civile, a constaté que la réalité des jeunes
pouvait être divisée en différentes catégories, notamment : les jeunes du milieu
urbain et les jeunes du milieu rural.
Les premiers, même s’ils n'ont pas vécu directement la guerre, en ont subi les conséquences, en particulier l'influence du
marxisme. Nombreux sont les étudiants ayant
des engagements sociopolitiques, entrepreneurs, fonctionnaires et ils sont également
engagés dans la vie ecclésiale. Mais tous n’ont
pas la possibilité de trouver un premier emploi
digne, c’est pourquoi certains deviennent
commerçants ambulants. La plupart d'entre
eux sont issus de familles relativement
pauvres ou désunies, et manifestent un sens
critique grâce aux études et à l'utilisation des
médias. En outre, les écoles offrent un
enseignement sérieux. Parmi les jeunes qui
vivent à la ville, beaucoup expérimentent la
marginalisation et deviennent violents, ils font
peur en créant des problèmes et les politiques
ne parviennent pas à prendre soin d'eux qui,
par des actions malveillantes, cherchent à
attirer l'attention sur eux.
D’autre part, il y a les jeunes qui vivent en
milieu rural et qui ont vécu la guerre. Parmi
eux, certains sont agriculteurs, chasseurs,
(surtout des filles), tandis que d'autres sont
étudiants, soldats démobilisés ou autres. En
raison de la guerre ils ont eu une éducation
culturelle limitée, mais on peut dire que ces
jeunes sont l'identité culturelle africaine
originale. Ils veulent travailler et n'ont pas peur
de faire des sacrifices. Ils sont calmes, respectueux, sincères, humbles, religieux, peu critique
cependant. Ils vivent les différentes étapes de
l'école à un âge avancé contrairement aux
jeunes citadins. Habituellement, ils sont la
force des communautés chrétiennes de base.
14
.
Notre attention pastorale
Dès le début, l'Eglise a eu un soin particulier
pour les pauvres, en particulier en temps de
guerre. Dans les années 80-90, l'Institut a
lancé une pastorale d’urgence, en prenant
soin de la catéchèse paroissiale, du
patronage et de l'alphabétisation ; puis, dans
la période d'après-guerre, les sœurs ont
ouvert des écoles, des cours de formation
professionnelle et ont mis en place d'autres
propositions éducatives informelles
En cette période de paix les prospectives
sont autres et requièrent une certaine
continuité. À mon avis, tandis que le pays
est en train de reconstruire ses infrastructures, une reconstruction de l'anthropologie chrétienne des jeunes est nécessaire. Face à une société qui, de façon
accélérée, absorbe les idéaux de la
globalisation, les points de référence des
jeunes sont en crise ; généralement, dans
leurs décisions de vie, ils n’écoutent pas la
voix de leur conscience et tombent facilement dans des choix contraires à l’éthique
chrétienne.
-
15
D’autre part, nous sommes dans un change
ment de culture et d’époque non proportionnel
- du point de vue diachronique – vis-à-vis de
l'Occident. On observe chez les jeunes une
course à l’"avoir” plutôt qu’à l’être", en adoptant le style et la mentalité capitaliste, le consumérisme et le relativisme, où l'attention au
bien commun et au prochain passe en dernier
Par conséquent, il est nécessaire de créer une
pastorale
de
l'éducation
aux
valeurs
chrétiennes qui conduisent à un changement
de mentalité. Education à la valeur inaliénable
de la vie contre la culture de mort qui se
propage, de la solidarité et gratuité contre la
mentalité individualiste, de la transparence
contre la corruption, de la responsabilité et de
la fidélité, etc.
Dans ce changement d'époque, il semble
important que le cheminement soit fait
ensemble, nous éduquant réciproquement,
cherchant à être, avec les jeunes, des acteurs
de transformation sociale tout en regardant audelà. Comme nous le disait Don Bosco "mon
désir est de vous voir heureux dans le temps
et l'éternité”.
dma damihianimas
■ ANNEE LX JUILLET-AOUT 2013
Ritalin :
la pilule del’obéissance
Rosaria Elefante
En faisant de tout foin une meule on passe
de la superficialité à la culpabilité et l’on
brûle des jeunes esprits sans doute brillants
et particulièrement actifs. Le Ritalin est un
médicament destiné aux enfants : né dans
les années cinquante, le méthylphénidate qui en constitue le principe actif – a été
employé pour soigner certaines maladies
rares du système nerveux (comme la
‘’narcolepsie’’). On a ensuite pensé que ce
médicament pourrait avoir un bon effet
calmant chez les enfants hyperactifs. Et tout
en le diffusant on a découvert un nouveau
syndrome. Ainsi des enfants, qui selon nos
aïeules étaient pétris de «vif argent», sont
devenus les porteurs d’une altération
biologique,
l’Adhd
(Attention
deficit
hyperactivity disorder) c’est à dire d’un
comportement désordonné marqué par un
manque d’attention, un manque de concentration et de l’activisme, mais aussi de la
distraction et de l’impulsivité. En somme des
enfants, jouissant d’une vivacité particulière
et d’une difficulté à être «sages» ont été
considérés comme des…malades.
Cependant, des critères scientifiques sérieux
pour faire la distinction entre la vivacité et la
pathologie, n’existent pas et le syndrome de
Adhd reste quelque chose de vague, confiné
entre les maladies les plus controversées de
la psychiatrie infantile, soit parce qu’on en
refuse l’authenticité pathologique, soit parce
qu’on en conteste la thérapie sur les petits
malades (ou présumés tels). Peu importe si
on a le sentiment que l’on veut transformer
les enfants en petits soldats et en écoliers
obéissants ! (cf. le succès commercial du
Ritalin, qui entre 1989 et 1996 a vu exploser
les prescriptions de 60 % aux USA, pays qui
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
aujourd’hui absorbe 90 % de la production
mondiale du méthylphénidate). Et cela a encore
moins d’importance que perdure la fastidieuse,
et ancienne tentation de la psychiatrie de
classifier la normalité sociale
Et puis, si le traitement pharmaceutique de ce
trouble n’a pas de fondement qui le justifie –au
dire de nombreux experts– il est souvent
dangereux. Inutile aussi parce que le Ritalin –
comme tous les médicaments à base de
métyhlphénidate– ne peut rien guérir. Et en
plus si le traitement, qui doit nécessairement
être prolongé, devait être interrompu à cause
d’effets secondaires (insomnie, anorexie,
inhibition de la croissance, tachycardie incontrôlée ou arythmie, hypertension, troubles gastrointestinaux, hallucinations), les symptômes
originaires de l’Adhd se reproduiraient de façon
plus marqués. Mais, étant donné que déjà
après la première prise, le médicament produit
un effet sédatif, le syndrome du «vif argent»
semble s’évanouir et les petits deviennent très
obéissants, ils surmontent comme des automates les apparentes difficultés de l’apprentissage. Ils suscitent l’enthousiasme des parents
et des enseignants.
Les vrais produits psycho-pharmaceutiques.
C’est un fait que les médecins, suite à la
demande de parents stressés par d’autres
problèmes et à celle d’enseignants intolérants
face à des classes exubérantes, prescrivent
des psychostimulants. Sans tenir compte des
terribles effets collatéraux, de la prédisposition
à la toxicomanie ou de quelque induction au
suicide, ce qui a été relevé chez de petits
patients auxquels on a administré le Ritalin.
16
LVII  MENSUEL / MAI-JUIN 2011
Il se peut que la préoccupation de parents
dont les enfants sont normalement doués ou
au-dessus de la moyenne, et affectés aussi
par «l‘hyper activisme» et le manque d’attention, deviennent des outsiders socialement
marginalisés, porteurs de troubles de
l’apprentissage, acceptent les lourdes conséquences du Ritalin, surtout s’ils sont soutenus
par l’espoir que bientôt on pourrait suspendre
la prise de ce médicament « dangereux » .
Mais il produit, au contraire une accoutumance, et pour maintenir le même effet
calmant, la dose doit être progressivement
augmentée. En somme, plus qu’une «pratique»
thérapeutique, tout ceci apparaît comme une
violence lourde et non-justifiée sur le
développement de la personnalité et sur la
croissance physique des enfants et des
adolescents.
Et pourtant ceci n’est pas suffisant pour faire
réfléchir un certain monde scientifique,
politique, ainsi que les responsables de
produits pharmaceutiques. Bien plus, un peu
à la fois on a été poussé à diagnostiquer
l’Adhd dès la première année de vie, jusqu’à
prescrire le Ritalin à des bébés. Et ce,
17
malgré le très sérieux avertissement reporté sur
le feuillet accompagnant le produit : « Il faut
considérer qu’une sérieuse nécessité s’impose :
une supervision et un étroit contrôle du patient
durant la suspension de la prise du médicament, car la possibilité existe de voir surgir de
graves dépressions comme les effets de la
suractivité chronique ».
Il est certain que le Ritalin n’aurait pas du tout
plu à Don Bosco. Et puis qui sait si à la
diffusion de ce médicament n’est pas lié la
découverte, ces dernières décennies, de la part
des psychiatres, que le marché des petits
enfants soit intéressant et plus facile. Mais si
les laboratoires pharmaceutiques ont le droit de
produire des médicaments, il est clair que
chacun a le droit sacré de ne pas subir des
diagnostics faux ou forcés. Comme aussi
chaque enfant a le droit sacré –jusqu’à preuve
scientifique du contraire- de ne pas être
considéré comme un malade. Sinon, nous
droguerons nos enfants, au lieu de les
accompagner dans l’amorevolezza, la raison et
la religion.
[email protected]
dma damihianimas
■ ANNEE LX JUILLET-AOUT 2013
Non à la ‘guerre juste’
Martha Sëide
«Il est contraire à la raison de penser
qu’à l’ère atomique
la guerre puisse être utilisée comme un
instrument de justice».
(Pacem in Terris 67).
C'est l'une des affirmations innovantes de
Pacem in Terris, l'historique encyclique de
Jean XXIII publiée le 21 Avril, 1963, a marqué
un tournant décisif sur la question des conflits
entre les peuples. La célébration du 50e
anniversaire de l'encyclique nous donne
l'occasion de revenir sur la "théorie de la
guerre juste" et de confirmer le besoin urgent
d'abandonner cette doctrine menée par
l'Eglise catholique depuis quinze siècles. Luigi
Lorenzetti, théologien reconnu dans la morale,
en étudiant le sujet détecte la nouveauté du
message de Pacem in Terris, reprise par
Vatican II indiquant la décision de l'Eglise à
l'écart de la théorie, a estimé la relation
incompatible entre l'adjectif «juste» et le
substantif «guerre», puisque la guerre ne peut
pas être un instrument de justice.
Jamais plus la guerre
Si la guerre ne peut pas être un moyen
d'obtenir justice, il est clair que la théorie de la
guerre juste doit être rejetée. "Jamais plus la
guerre !" S'exclamait déjà Paul VI dans le
Discours à l'Assemblée générale de l'ONU en
1965. Cette exclamation repris avec force par
Jean-Paul II exprime clairement la volonté des
Pontifes à s’orienter vers des routes alternatives. Toutefois, cette position n'a pas toujours
été effectuée d'une manière radicale. Preuve
en est la confirmation du Catéchisme de
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
l'Église catholique, qui beaucoup plus tard
(1992), fait allusion à la justification de la
guerre, tout en notant que cette décision doit
être soumise à des conditions rigoureuses de
légitimité morale (cf. CCC 2309).
En fait, comme l'a déclaré Lorenzetti, peutêtre manquons-nous de courage pour reconnaître que, dans la guerre moderne, les règles
sont violées. Toute tentative de guerre est
donc, inacceptable.
Légitimité inacceptable
Justement, les principes de légalité,
interprétés par les États selon la convenance,
ouvriront la voie à un retour en force à la
politique de guerre, en particulier après les
attentats du 11 Septembre 2001. En effet, en
cette dernière décennie, on est revenu, de
temps à autre, à qualifier la guerre de juste,
nécessaire, inévitable, asymétrique, intelligente
et, plus récemment, de préventive et humanitaire. Évidemment, si on pense à l'horreur et
aux atrocités de la guerre, avec ses énormes
conséquences sanglantes sur les populations
civiles, on ne peut, à aucun moment et en
toutes circonstances, soutenir la possibilité
d'une guerre, parce qu'elle est incompatible
avec l'expérience humaine. Par conséquent,
la guerre doit être condamnée avec force,
comme le fait remarquer le Concile dans
Gaudium et Spes: «Tout acte de guerre, qui
vise indistinctement à la destruction de villes
entières ou de vastes régions avec leurs
habitants est un crime contre Dieu et contre
l'humanité elle-même et doit être condamnée
sans hésitation."(GS 80).
18
Comment notre communauté vit-elle
son engagement pour la paix ?
Les Sœurs de la communauté Marie Auxiliatrice de Saladeang - Bangkok (Thaïlande) se
partagent l'une des nombreuses expériences d'engagement à la paix par la force
transformatrice de la Parole de Dieu
«Nous croyons fermement en la puissance de la Parole de Dieu que nous essayons de vivre et
de partager tous les mercredis avec un groupe de femmes latino-américaines. Parfois,
certaines personnes arrivent énervées et repartent sereines parce que, dans la prière et la
Parole, elles ont trouvé la paix. C'est le cas de M. Umberto, colombien, 84 ans, qui est venu à
Bangkok à l'invitation de son fils pour les vacances d'été. Sa belle-fille témoigne : durant le peu
de temps où il a participé au groupe de partage, mon beau-père a radicalement changé sa vie.
De superbe et vindicatif, il est devenu un homme gentil, humble, capable de donner et de
recevoir le pardon. A son retour en Colombie, la famille ne le reconnaissait plus tellement il
était devenu bon. A sa mort soudaine, les parents ont remercié la communauté qui lui avait
redonnait la vie en Dieu et l’avait préparé, à son insu, à la rencontre définitive. Nous avons
touché du doigt comment la Parole peut vraiment transformer les cœurs.
Pour la défense de la vie de tous
Déjà en 2001, les données de la Caritas
Internationale illustraient clairement la violation
des règles qui rendaient la guerre injuste. Il
suffit d'évaluer les effets sur la population
civile: «Dans la Première Guerre mondiale, le
pourcentage de victimes parmi les civils était
de 5%, dans la deuxième guerre il a augmenté
de 50% dans le conflit du Vietnam il a encore
dépassé les 80%. Dans les conflits les plus
récents 85% à 95% des victimes de la guerre
sont des civils. "Les pourcentages indiqués
nous font toucher du doigt combien les
conditions de légitimité sont intolérables.
De la guerre juste à la paix juste
Nous pouvons affirmer que la théorie de la
guerre juste a fait son temps, aujourd'hui c’est
l’heure de la paix juste. Aujourd’hui défendre
les causes justes de façon juste: c'est le défi
auquel l'Eglise catholique doit répondre
19
en collaboration avec les autres Confessions
chrétiennes, les différentes Religions (Lorenzetti). Pour rendre ce parcours effectif nous
devons agir ensemble, c'est-à-dire au niveau
international, national, régional et en particulier pour ce qui a trait à un niveau personnel
et communautaire dans la vie quotidienne (cf.
DSC 500-503).
Nous devons accueillir les demandes de la
Déclaration œcuménique sur la paix juste
pour tracer les voies de la paix dans trois
directions : être avec les Eglises et dans les
églises sacrement, signe prophétique et
instrument de paix. Comment ? Chacun se
met à l’écoute de l'Esprit, en communion avec
la communauté ecclésiale pour discerner les
moyens appropriés selon le propre environnement.
[email protected]
dma damihianimas
■ ANNEE LX JUILLET-AOUT 2013
Changer, est-ce possible ?
Maria Rossi
«Que cela plaise ou non, nous sommes
constamment sollicités par le changement.
Nous naissons, devenons adultes, vieillissons,
nous tombons malades, nous mourrons.
Cellules et connexions cérébrales se
renouvellent à tout instant. Au cours de notre
vie, il peut nous arriver de changer d’amis…de
travail, de maison, de ville. Nous traversons
des deuils, des crises, des maladies, mais
aussi des réussites, des amours, des
chances. Tout cela influe sur notre mode de
pensée et sur notre émotivité, tout cela nous
change…» (CIONI Isabella, Changer en
mieux, in FOCUS 248, juin 2013, pag. 39.
Egalement d’autres références à cette étude
pag 39-44).
Outre ces changements personnels, nous
sommes aussi impliquées dans de grands
changements sur les plans sociaux et culturels, à cause des progrès scientifiques et
technologiques et de la rapide expansion
d’internet et des réseaux sociaux, changements qui sont en train de donner lieu, en
particulier chez les parents, les éducateurs et
les éducatrices, à un sentiment d’incertitude,
de désorientation lié à la crainte de ne plus
être à la hauteur de son propre rôle d’éducateur ni d’être en mesure de mettre au point
un dialogue de compréhension réciproque
avec les nouvelles générations.
Ensuite, tandis que se vit l’effort du changement, le poids et l'entrave d’un certain immobilisme et d’une monotonie dans les habitudes
se font également sentir. Si l’on observe
certains phénomènes comme les successions
sans surprise des jours et des ans ; comme la
naissance, la croissance et la mort des
personnes ; comme la distribution inégale des
biens et des savoirs qui crée en permanence
des poches de pauvreté : comme la soif de
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
possession et de pouvoir qui continue de
provoquer des guerres et supprimer et/ou
contraindre des populations entières à l’émigration, on en vient à penser à l’Ecclésiaste (1,9),
«Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est
fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau
sous le soleil.»
L’immobilisme et l’habitude ne sont pas à
confondre avec la stabilité. Une certaine
stabilité va de pair avec le changement, qu’elle
rend possible, concourant à l’harmonie de la
croissance et de la formation de l’identité propre
de chacun. En repensant à notre propre histoire,
nous remarquons -tandis que nous vivons au
sein d’un processus de changement social,
culturel et aussi physique-, à quel point nous
ressentons toujours les mêmes choses. C’est
cela qui est très important.
Les changements culturels, vécus à partir des
années 68-70 et plus, constituent une expérience permanente, parfois bouleversante, pénible dans tous les cas. Quand ces changements
laissent entrevoir des possibilités et des améliorations, l’effort pèse moins lourd, mais quand
les objectifs sont incertains, qu’ils touchent à
des traditions qui ont fait leurs preuves, qu’ils
requièrent de nouveaux apprentissages, de
nouvelles frontières, des déplacements, quand
ils ralentissent ou empêchent l’activité physique,
alors ils entraînent l’angoisse, la crainte, le
malaise.
On peut changer pour le meilleur comme pour
le pire. Une personne, en observant l’état
actuel de son vieillissement prévoit que «ce
sera de pire en pire». Changer en pire, de toute
façon, c’est très facile. Il suffit de demeurer
figés dans nos propres habitudes, de porter son
attention sur les faits négatifs, de geindre
piteusement et de laisser la vie faire le reste.
20
«C’est si simple –dit l’auteure citée – qu’au moins
la moitié de l’humanité pense qu’aller mal est
normal et ne fais rien pour alléger ses propres
maux».
Il nous est impossible d’ignorer le changement.
Aller à son encontre constitue un effort inutile.
Croire qu’on l’arrête en restant figé dans ses
propres habitudes et ses préjugés c’est se fermer
à toute amélioration, c’est rester en marge des
autres et des évènements : c’est mourir. Mais on
peut aussi changer en mieux.
Un processus conscient et pénible
La prudence et aussi la science conseillent
d’entrer en toute connaissance de cause dans le
processus de changement pour en repérer les
côtés positifs et réussir à le gérer avec sagesse
pour ne pas y être soumises ni entraînées ou au
contraire pour ne pas en être exclues.
La Mère générale, dans la circulaire de préparation du prochain Chapitre général, affirme que
«Pour donner un souffle nouveau et plus ouvert à
notre Communauté, quelques changements
structurels sont nécessaires, qui portent sur notre
mode de vie, notre emploi du temps, nos
habitudes consolidées». La perspective des
changements, bien qu’elle soit dans la ligne des
Chapitres précédents, semble plus pressante.
Ce qui est à la fois désir et proposition, c’est de
changer en mieux : «donner un souffle nouveau
et plus ouvert à notre communauté» et cela
devient possible grâce à une restructuration
profonde de la personnalité, chose très difficile
pour certaines personnes.
Mais s’il est très facile de changer en pire,
l’évolution vers le meilleur demande un effort non
négligeable et qui s’explique aussi par la
structure et la physiologie des neurones qui
constituent le réseau nerveux de notre cerveau.
D’après la neuroscience, sur le plan des
neurones, le changement est la norme. Toutefois
vers 10 à 15 ans, en notre cerveau se forme une
«carte» qui d’une certaine façon représente notre
manière de penser et de sentir et qui, même si
elle continue d’évoluer, est relativement stable.
Mais il s’agit d’une structure qui «en l’absence
21
d’évènements traumatiques ou d’une transformation active et consciente, se fait toujours plus
rigide avec le temps ».
Changer n’est facile pour personne. Les
changements, -en demandant de laisser de côté
les anciens points de repère et de réorganiser sa
propre vie autour d’autres repères mieux adaptés
mais toujours chancelants et peu stables-,
rompent l’équilibre acquis et souvent engendrent
incertitude et épuisement chez tous et surtout
chez ceux qui appartiennent aux catégories les
plus fragiles.
Quand ensuite les changements sont nombreux
et qu’ils comprennent bien des nouveautés, ils
peuvent désorienter en particulier les personnes
d’un certain âge et les enfants. Les personnes
d’un certain âge, sans compter le fait qu’elles ont
des structures mentales moins souples, que
physiquement elles sont fragiles et ont dû
abandonner des fonctions socialement essentielles, ont déjà perdu des références personnelles
importantes (amis, parents, connaissances). Les
enfants également, souffrent de déséquilibre
quand ils sont soumis à des changements
excessifs. Il leur faut une bonne stabilité pour
former leurs structures spatio-temporelles nécessaires pour s’orienter dans la vie et pour
construire une identité personnelle claire. Celui-là
en sait quelque chose, qui a l’expérience
d’enfants ballotés dès leur plus tendre âge d’une
personne à l’autre, d’un abandon ou d’une
maison ou d’une institution à une autre. Un
minimum de stabilité, c’est un ballon d’oxygène
pour tous.
Les adultes ne sont pas exempts de ces
difficultés, en particulier si les changements
demandent une restructuration de la personnalité, s’ils touchent, c’est-à-dire s’ils s’en prennent
aux habitudes et aux styles de vie : c’est le cas
pour une maladie, l’octroi d’une responsabilité,
un changement dans le travail, un événement
traumatisant. Le changement est possible même
si les personnes dépourvues d’assurance et
rigides et celles qui ne sont pas entraînées au
sacrifice, à la résistance et n’ont pas su faire de
la difficulté un point de force, peuvent être
confrontées à un problème majeur.
dma damihianimas
■ ANNEE LX JUILLET-AOUT 2013
Les habitudes surtout les bonnes, sont
d’une grande aide dans la mesure où
elles permettent d’éviter de toujours
réfléchir et décider de la manière dont il
faut agir. Elles permettent également
d’épargner du temps et de l’énergie pour
se consacrer à des activités ou à des
études utiles et intéressantes, à la prière
ou à un violon d’Ingres. Parfois, surtout
pour les personnes qui ont tendance à
une certaine rigidité et qui sont portées à
croire que pour sauver l’esprit salésien il
faut faire «comme on a toujours fait», cela
peut devenir un piège et conduire à la
disparition de ce que l’on aurait voulu
sauver.
Les cheminements possibles, ensemble :
Si l’on observe la situation actuelle sans
nostalgie ni regret, nous pouvons noter,
même à l’intérieur de l’Institution, comment
des progrès importants ont été réalisés.
Dans le contexte social, par exemple, nous
sommes plus ouvertes et solidaires, plus à
même d’accueillir ceux qui sont différents
de nous, sur le plan ethnique et religieux ;
au niveau international, nous luttons encore
pour les droits humains et contre la
discrimination raciale. Mais les améliorations ne sont jamais suffisantes. La vie
continue.
Par ailleurs, être déjà parvenues à affronter
plusieurs changements nous donne à penser
que nous sommes capables de le faire de
nouveau.
Etant donné que le cheminement est pénible, il
faut savoir clairement quel but on désire
atteindre, savoir que l’effort a un sens et se
doter de patience, de résistance, de confiance
en soi, dans les autres, en Dieu. Si par la suite
on pouvait avoir auprès de soi un guide ou
quelqu’un qui nous aime et qui nous réconforte
et nous confirme dans nos propres capacités, il
nous serait plus facile de sortir de nos stéréotypes mentaux, de nos habitudes inappropriées.
Si par ailleurs, nous réussissons à croire aux
normes scientifiques relatives à la souplesse
d’adaptation de notre cerveau, avec la certitude
aigue que Celui qui nous a appelées nous aime
personnellement et ne nous abandonne pas
dans la difficulté ; que d’autre part, Marie
Auxiliatrice chemine toujours dans nos maisons
et qu’elle est prête à nous donner un coup de
main, l’espace réservé à l’angoisse, à l’incertitude et aux peurs en serait grandement
diminué et la vie en deviendrait plus légère.
Pour ne pas rester soumis ou en marge, il
faut entrer en toute conscience dans le
processus de changement propre à notre
époque et recherché par l’Institution et par la
mission éducative ; il faut également réaffirmer notre identité personnelle et charismatique
en affrontant les racines de notre histoire
propre et du patrimoine que, nous FMA,
nous avons reçu en héritage.
Si enfin nous parvenons à couler nos racines
dans le précieux héritage reçu, en réaffirmant
notre identité personnelle et charismatique, au
cœur de la succession inchangée des jours et
des générations, dans le tourbillon actuel
caractérisé par des possibilités énormes et
attirantes ; ce tourbillon est aussi caractérisé
par des violences, des déchirures, des contradictions, des ombres de mort : nous pourrions
alors déposer les semences de vie encore
fécondes de notre patrimoine, les faire fleurir et
fructifier pour la joie et la vie, la nôtre, celles de
nos jeunes, de l’humanité. Et le rêve et le désir
proposés par la Mère générale, de donner un
souffle nouveau et plus ouvert dans nos
communautés deviendrait réalité.
Il est également utile de savoir qu’il faut
s’entrainer à la capacité de résilience, c’està-dire à notre capacité à répondre d’une
manière constructive aux changements et
quand surtout les structures y contribuent.
[email protected]
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
22
.
La passion la plus élevée
Mara Borsi
La foi est la passion la plus élevée
de tout être humain. Il y a peut-être
en chaque génération, beaucoup de
personnes qui n’y arrivent pas, mais
personne ne peut passer outre…
(Cf S. Kiergkegaard).
Témoignage :
«Enracinés et fondés
en Christ, restez fermes
dans la foi» (Col 2, 7).
Ce sont les paroles de l’apôtre qui poussent
les jeunes à vivre leur vie à partir de la foi
dans le Christ Jésus.
Sous peu nous aurons l’opportunité de vivre
de nouvelles Journées Mondiales de la
Jeunesse à Rio de Janeiro.
Personnellement, j’ai eu la joie de participer,
en tant que membre d’une communauté
d’accueil, à celle de Madrid en août 2011.
Tous nous avons pu voir de grands mouvements, soit sur les cours de récréations
salésiennes pleines de jeunes du MSJ
(Atocha et Carabanchel), soit lors de la
veillée de CuatroVientos.
Mais il y a aussi d’autres gestes qui parlent
avec plus de force encore, ce sont les
gestes vécus dans l’intimité, le silence,
lorsque la porte se ferme et que la lumière
s’éteint ; voilà la grandeur de notre foi et de
la foi des jeunes. Les grands événements
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Il est à la porte et il frappe, affirme
l’Apocalypse. Dieu déchire notre solitude, se
mettant lui-même en premier lieu sur la route
de l’histoire, en tissant un dialogue qui est
avant tout la révélation de son être et de sa
vie. Au commencement il y a l’amour de Dieu
qui interpelle personnellement. Touchés par
sa gratuité, nous répondons en toute liberté
nous font voir ce qui existe mais ce n’est pas
toujours visible.
En Espagne on se plaint parce que les
jeunes désertent les célébrations dominicales ; nous vivons une période de sécheresse en ce qui concerne les vocations à la
vie consacrée ; la crise des valeurs touche
surtout ceux et celles qui doivent donner une
orientation à leur propre vie. Toutefois dans
ce contexte difficile, lors des grands événements organisés par l’Eglise catholique,
des milliers de jeunes remplissent les
paroisses des grandes villes et montrent
avec joie leur choix explicite pour le Christ :
ils disent avec force que la proposition
chrétienne est attrayante et que cela vaut la
peine de la vivre aujourd’hui.
Même s’il y a encore des familles où la foi
est transmise dans la vérité, surtout grâce
aux grands parents, en Espagne nous
travaillons depuis quelques temps déjà avec
des enfants et des jeunes qui, pour la
première fois, entendent parler de Dieu, à
l’école ou dans des rencontres de groupes
de réflexion.
28
ce qui peut
consentement.
générer
un
refus
ou
un
L’adhésion c’est justement la foi, saisir la main
de Dieu qui nous est offerte même si nous
sommes limités par notre état de créature ou
noyés dans le péché.
Ces dernières années j’ai eu l’opportunité
de connaître des jeunes qui vivent leur foi
et l’expriment dans des gestes concrets.
Presque tous sont soutenus par leur
famille, ce qui les encourage à continuer
dans leur choix par rapport à la foi. Il y en a
d’autres qui ont trouvé Dieu après un
temps de recul et de recherche, d’autres
ont fait un choix sérieux après avoir reçu le
sacrement de la confirmation ou après
avoir été invités à vivre un service concret.
Nous avons en mains la possibilité de faire
des propositions. La foi n’est pas une
réalité à vivre en privé, seulement dans
l’intimité du cœur, même si les politiques
de presque toutes les nations occidentales,
cherchent à ce qu’il en soit ainsi. La foi
s’exprime dans le service des autres et
dans les choix quotidiens. Et c’est vraiment
ici que les éducateurs sont appelés à être
de véritables témoins, c’est seulement
ainsi que l’on peut exiger des jeunes la
cohérence nécessaire pour être chrétien
aujourd’hui et continuer à les accompagner, bien enracinés dans le Christ Jésus
Sr. Maribel Gómez, Spagna
29
Pour illustrer cette irruption du divin en nous
avec toute son efficacité, la parabole de la
semence jetée en terre est très significative.
C’est Jésus qui nous la raconte en Mc 4, 26-29.
Que le laboureur veille ou dorme, ce n’est pas
déterminant pour la semence parce que d’ellemême elle génère une tige et ensuite un épi plein
de grains de blé. La foi c’est reconnaître qu’il
existe une présence invisible qui est à l’œuvre
dans l’histoire, c’est accueillir avec joie ce don
qui nous fait vivre une existence toute neuve.
Il existe une profonde unité entre l’acte de croire
et les contenus que nous assumons.
L’apôtre Paul nous permet d’entrer à l’intérieur
de cette réalité lorsqu’il écrit : « Avec le cœur…
on croit…et avec la bouche on professe la foi »
(Rom 10, 10). Le cœur indique que le premier
acte par lequel on arrive à la foi est un don de
Dieu et une action de la grâce qui agit et
transforme la personne au plus profond de son
être.
L’adhésion à la foi est un parcours de vie : c’est
la confiance, c’est l’abandon à Celui qui se
révèle, au Rédempteur, c’est se fier à lui, à ses
bras paternels. La foi a donc un aspect de
risque, de consigne de soi-même, tout en
sachant que l’horizon mystérieux de Dieu est
bien plus haut que le nôtre.
La foi implique toute la personne dans son
intégralité et comprend donc aussi des choix
sociaux et des comportements visibles, elle crée
des structures, s’exprime en rites et en traditions.
Le fil interminable de la foi, initié aux origines de
l’histoire humaine, semble aujourd’hui toujours
plus ténue, toutefois les paroles de Jésus
continuent de résonner : « Vous croyez en Dieu,
croyez aussi en moi ! » (Jn. 14, 1).
dma damihianimas
ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Ni programme
ni contenu
mais un plan
M. Borsi, P. Lionetti, A. Mariani
Comment concevoir les itinéraires d’éducation de la Foi à l’époque du réseau ?
Beaucoup affirment que notre temps est
celui du récit bref et non du roman.
Nous nous rendons compte que nous
devons nous organiser de façon différente
mais il est difficile de passer de l’intuition à
la mise en œuvre.
L’itinéraire n’est pas un programme déjà prêt
à appliquer, avec des contenus à transmettre
et à assimiler passivement : c’est une carte de
“repérage” qui guide, sur un chemin à
parcourrir soi-même selon les possibilités et
les situations différentes. Les étapes, où il
s’articule, sont des aspects complémentaires
qui, souvent, doivent se développer simultanément avec des différences d’intensité et
de priorité.
L’itinéraire conçu avec une mentalité de
réseau aide à ne pas perdre de vue l’ensemble, même si l’on vise l’immédiat, à soigner
l’organisation rationnelle des différents
aspects, même si l’on fait attention au détail ;
à intégrer les interventions diverses de façon
qu’elle s’enrichissent réciproquement et
entraînent dynamisme et transformation des
personnes et des groupes avec lesquels on
agit.
Le risque, c’est d’oublier qu’en éducation et
surtout dans l’éducation à la foi, le protagoniste n’est pas l’éducateur qui enseigne et
forme, encore moins le programme ou le
catéchisme, mais la personne qui s’ouvre
librement à un autre, à Dieu qui l’appelle et la
provoque : c’est la rencontre de deux libertés
qui dialoguent.
L’itinéraire présente simplement quelques
constances et des références fondamentales
qui aident à chaque étape à discerner les
défis et les possibilités du moment à veiller à
l’intégrité et à l’organisation fonctionnelle des
réponses, des pas à accomplir et de deux
déjà réalisés. Là se trouvent en même tems la
ticvhesse et la fragilité d’un itinéraire
d’éducation à la foi..
Le devenir chrétien
La praxis ecclésiale actuelle tend à reprendre la
paradigme de l’éducation chrétienne et du catéchuménat pour décrire “L’engagement chrétien”.
C’est ainsi qu’apparaît le profond changement
de situation où l’Eglise doit réaliser sa mission.
D’un contexte caractérisé par les valeurs
chrétiennes, où l’éducation de la foi se faisait
dans la famille et dans le milieu social lui-même
on est passé à un contexte toujours plus
sécularisé et pluraliste sur l’option pour la foi ne
trouve d’appui ni dans le milieu, ni dans les
institutions sociales,
Dans cette situation, assez ressemblante par
bien des aspects à celle des première
communautés chrétiennes, le fait de devenir
chrétien n’est plus un processus naturel inscrit
profondément dans relui de la socialisation,
mais une option personnelle qui se fortifie dans
un contexte de conversion des mentalité et de
conduite, dans un apprentissage de vie, guidé
et encadré par la communauté chrétienne.
Cet itinéraire qui ne doit pas être un schéma
prévu avec rigidité mais une orientation à suivre
.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
30
avec ouverture et souplesse d’esprit. C’est le
moyen pédégogique où se déploient et se
vivent l’ »esprit et les but de l’initiation
chrétienne, c’est à dire : l’initiative de Dieu qui
appelle et du St Esorit qui nous précède en
ouvrant le cœur à la Paroçle ; la palce dentrale
d’une première annonce qui conduit à une
rencontre personnelle avec Jésus-Christ et à la
conversion ; la conception de la foi comme
échange vital en réponse au don de Dieu.
L’itinéraire doit correspondre à uine vision
anthropologique et pédagogique in tégrale qui
tienne compte des défis du “monde digital” et
dépasse une vision dualiste où la foi serait
conçue comme une alternative ou un ajout à a
raisn ou l’humain serait différent sinon opposé à
ce qui est chrétien.
L’esprit, le cœur et les mains
L’attention aux jeuneq qui viven dans un climat
diffgérent et superficiel avec une conception
négative et des préjugésd sur l’Eglise et la Foi
chrétienne exige de nous : évangélisateurs, la
proposition d’un itinéraire spécifique qui les
aide à développer la dimension reloigieuse de
leur existence, qui réveille en eux le sens de
Dieu et ainsi les ouvre et les dispose à
l’annonce de la première évangélisation.
Pour cela, il faut absolument proposer des
expérences qui les aident à développer la
dimention relligieuse de leur existence, qui
réveillent en eux le sens de Dieu et ainsi les
ouvrent et les disposent à l’annonce de la
première évangélisation..
Il est donc indispensable de proposer des
expérience qui aident à vivre des comportments
humains qui sont des bases pour l’ouverture à
Dieu (l’intériorité –savoir rentrer en soi-même –
être capable de faire silence– l’écoute profonde
de soi-même et des autres) ; la capacité
d’admirer et de s’émerveiller devant le bien, la
beauté, le sens du don et de la gratuité, la
recherche de la vérité.
31
Un autre élément à considérer avec attention
quant à cette proposition, c’est sûrement une
formation religieuse critique et systématique
qui éclaire l’esprit et développe la recherche
de sens tout en vivant en même temps la
“proximité” : Eduquer à la communication et
au partage, à la participation et à la
responsabilité, au don, au service gratuit et à
la solidarité
A travers ces étapes qui sont déjà le début
d’un véritable chemin d’évangélisation, la
personne s’ouvre et se dispose à écouter
l’annonce, à y répondre pssitivement. Surtout
quand elle st encouragée et accompagnée
par une communauté chrétienne qui montre
sa prosimité set son désir sincère de
communiquer vie et sens.
Identité, Amour, Avenir, comme éduction au
choix pourraitêtre les secteurs d’intervention
concrète d’où partir pour projeter les
itinéraires d’éducation à la foi dans le contexte
de la culture contemporaine, dans une logique
de réseau.
[email protected]
dma damihianimas
ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Les jeunes du Brésil
pour les JMJ
Sœur Elisabeth Pasti Montarroyos, est la
responsable FMA du Mouvement Salésien
des Jeunes pour le Brésil (MSJ). Nous lui
avons demandé comment les jeunes de son
pays se préparaient à ce grand événement
des JMJ qui auront lieu en Juillet à Rio de
Janeiro.
Ce sont des jours d’attente, de prière,
d’organisation, d’approfondissement du thème
des JMJ, des documents de l’Institut, de
l’Eglise, de la parole du Pape. C’est un temps
de joie, avec la possibilité de connaître
tellement de jeunes du MSJ qui vivent la
même spiritualité salésienne et qui seront à
Rio.
Comment le Mouvement Salésien des
Jeunes, au Brésil, vit-il cette préparation aux JMJ ?
De nombreux jeunes du MSJ sont également
engagés pour la préparation et l’accueil de
beaucoup d’autres jeunes qui participent aux
journées préparatoires, c’est-à-dire à la
semaine missionnaire qui précède les JMJ,
réalisant ainsi l’appel pressant reçu du Pape
«Allez et faîtes de tous les peuples des
disciples».
Le Mouvement Salésien des Jeunes du
Brésil vit ce temps préparatoire aux JMJ
avec un engagement très fort et beaucoup
d’espérance.
Beaucoup de jeunes sont engagés dans des
groupes de travail en vue des diverses
activités des JMJ et des rencontres qui
auront lieu durant ces jours, comme la
rencontre continentale du MSJ d’Amérique
du 18 au 21 Juillet sur le thème «Les Jeunes
évangélisant les Jeunes» et la fête mondiale
du MSJ qui se déroulera le 24 Juillet avec la
participation de jeunes du monde entier.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Quelle est la signification, pour les
jeunes brésiliens, de cette occasion
de rencontre ?
C’est une occasion de rendre concret cet
appel que le Christ continue à nous faire
32
«Allez par le monde entier et de tous les
Peuples faîtes des disciples» par des gestes
concrets d’accueil, de joie dans les rencontres, en nous faisant missionnaires au
milieu d’autres jeunes. C’est une très belle
expérience de partager la joie d’une grande
famille vivant du même idéal : annoncer
Jésus à tous les jeunes du monde.
L’ASJ/MSJ est pour les jeunes un “lieu” où
expérimenter sa vie, sa foi. On offre aux
jeunes l’opportunité de vivre la solidarité, de
réfléchir sur le sens de sa vie, vie à recevoir
et à donner pour le bien du prochain. C’est
l’occasion d’approfondir la spiritualité de la
jeunesse salésienne pour qu’ils perçoivent la
vie quotidienne comme le lien privilégié de la
rencontre avec eux-mêmes, avec les autres,
avec Dieu, assurés que dans le joie et
l’accomplissement de sa vocation on trouve
la sainteté.
Sur les pas de Don Bosco et de Mère
Mazzarello, le Mouvement Salésien des
Jeunes favorise la création de groupes
spécialisés où chaque jeune fait l’expérience
de sa croissance personnelle et de sa
maturation dans la foi.
Est-ce que se développe, chez les
jeunes, ce sentiment d’appartenance
au Mouvement Salésien des Jeunes ?
Avec l’engagement pour la préparation des
JMJ grandit chaque jour davantage la
reconnaissance de l’identité et de l’appartenance au MSJ. Cela révèle la vraie
dimension de ce que nous réalisons
comme Pastorale des Jeunes. Cela exige
de cultiver un rapport plus étroit avec le
Christ, bien conscients que le vrai sens de
la vie c’est de recommencer en repartant
de Lui, en l’ayant vraiment rencontré, en
devenant ses disciples et missionnaires, en
33
apprenant, de ce Maître, la dignité et la
plénitude de la vie.
Dans le programme de ces journées, il
y aura une rencontre mondiale de tous
les jeunes du Mouvement Salésien des
Jeunes, quel message voulez-vous leur
adresser ?
Chaque chrétien est missionnaire. Il doit faire
de sa vie une mission en annonçant l’Evangile
de la joie au monde. Les jeunes sont une
lettre du Christ par laquelle II s’adresse aux
autres jeunes.
Ce thème des journées “Allez faire de
tous les peuples mes disciples” est-il
actuel pour les jeunes brésiliens
d’aujourd’hui ?
Ce thème des journées mondiales de la
Jeunesse est bien actuel parce que nous
sommes appelés à la sainteté et à être
missionnaires dans notre milieu. Quand nous
recevons favorablement cette invitation, c’est
Jésus que nous accueillons dans notre vie. A
partir de cet appel, nous sommes conduits à
nous convertir, à devenir disciples, à vivre en
communion, ce qui est fondamental pour
devenir missionnaires, pour semer la joie et
l’amour de vivre en chrétiens.
Répondre à l’appel de Jésus, c’est participer à
la vie de Jésus, en collaborant avec Lui à la
construction d’un monde meilleur. Sur les
traces du maître, le disciple place au centre
de sa vie, le commandement de l’amour ; il
est amené à comparer ses positions éthiques
et religieuses avec celles de Jésus, en plaçant
au centre le commandement de l’amour
“Aimez-vous les uns les autres comme Jésus
vous a aimés”.
dma damihianimas
ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Interview à Rachael Chadwick
et April Cabaccang
Rachael
est
une
ancienne des Salésiennes de Livepooll
(Angleterre). Elle est à la
tête du ministère de
l’enseignement primaire
et volontaire au Vides
du Royaume Uni.
April est aspirante, elle vit avec les FMA dans
l’Antario au Canada. Elle a fréquenté la
paroisse salésienne de Serrey en ColombieBritannique, (Canada).
En quoi la pédagogie salésienne de la
bonté a-t-elle orienté ta vie ?
Rachael : Quand je repense au temps où je
fréquentais l’école secondaire, je retrouve de
beaux souvenirs. L’Ecole Supérieure Saint
Jean Bosco de Liverpool était une communauté au véritable esprit de famille.
L’Instruction dans un établissement salésien
ne vise pas seulement les bons résultats
scolaires. J’ai été accompagnée sur un chemin
de croissance sociale et spirituelle. Ce que je
suis aujourd’hui, je le dois aux sœurs
salésiennes que j’ai rencontrées au fil des
années ; elles n’étaient jamais trop occupées
ou trop fatiguées pour me consacrer de leur
temps. Après mes études, j’ai continué à
travailler avec les sœurs comme volontaire
VIDES au Royaume Uni, ce qui m’a envoyée
en Italie, aux philippines, au Kenya et dans
plusieurs régions du Royaume Uni.
April : J’ai grandi dans une paroisse confiée
aux salésiens de Don Bosco, dans le Surrey et
j’ai été émerveillée de leur bonté envers les
jeunes. Ils nous ont toujours donné la
possibilité de croître dans notre vie spirituelle
et de développer nos talents, en nous
consacrant des soirées entières pour des
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
réunions ou en restant des heures-au
confessionnal. Pour les jeunes, la paroisse était
comme une seconde maison. Aujourd’hui, je
voudrais rendre aux jeunes «l’amore-volezza»
dont j’ai profité. Je veux faire entrer les jeunes
dans l’amitié de Jésus et de Marie pour que,
lorsqu’ils traverseront les tempêtes de la vie,
cela les rende fermes dans leur foi.
Quelles réponses le charisme salésien
peut-il donner aux jeunes, aujourd’hui ?
Rachael : Contrairement à la croyance
populaire, les jeunes sont encore ouverts à la
spiritualité et on les trouve même souvent
engagés dans bien des tâches où ils se
mettent au service des autres. Je désir
vraiment très fort transmettre ce que j’ai reçu.
C’est vrai, souvent je repense aux Sœurs
salésiennes qui ont marqué ma vie et je me
demande : «Que feraient-elles dans cette
situation ?». Leur réponse : “Fais savoir aux
jeunes qu’ils sont aimés, qu’on leur fait
confiance, qu’on les met en valeur”.
April : Au Centre Don Bosco Markham, nous
avons des activités programmées pour les
jeunes adultes de la Région de Toronto :
comme des retraites, de la catéchèse, du
volontariat, des moyens pour le discernement,
l’accompagnement quant à leurs projets et
choix vocationnels. Je puis témoigner de nombreuses façons dont les sœurs salésiennes au
Canada emploient “raison, religion, amorevolezza pour permettre aux jeunes de s’orienter
en les aidant à trouver Dieu dans leur vie et à
partager aux autres sa bonté.
!
34
Mémoire et communication
Maria Antonia Chinello
La mémoire est une des catégories avec
lesquelles on interprète le processus économique, dans le fait d’assurer la transmission,
dans le temps et dans l’espace, des éléments
les plus significatifs d’une culture contribuant
ainsi à la construction d’une communauté
d’appartenance, à la cohésion sociale.
A la racine de cette intention se trouve l’exigence de la communauté de représenter des
événements, des mythes et traditions pour les
connaître (et faire connaître) à un niveau plus
profond.
Quel rapport entre mémoire, histoire
personnelle, récit et traditions des peuples en
un temps qui court et change rapidement ?
Nous avons peu, trop peu de mémoire ou, au
contraire, nous en possédons beaucoup,
presque trop ? Nous risquons de perdre la
mémoire et de nous priver de l’histoire ?
dates, de nouvelles, de mises à jour...presque
enfoncés dans un éternel présent.
Les mémoires toujours plus technologiques,
nous restent une “historicité moyenne” de
machines et d’appareils qui balaient les
formes de mémoire traditionnelle, qui est
spontanéité, orale de transmission directe
entre les générations, cette institution des
grandes agences éducatives. Les nouvelles
générations semblent “amnésiques”, avec un
faible intérêt pour l’histoire. Et, au niveau
social, nous nous débattons entre “hypertrophie”
(des informations et narrations historiques) et
“atrophie” (des connaissances et sens du
passé.
Mémoires médiatiques, mémoires
sociales.
Photographies, journaux, notes, comptes
bancaires, audio, vidéo, éparpillés entre
tablettes, portables, cellulaires et le Réseau.
Notre vie, toujours plus digitale est éparpillée
en byte. Nous pensons le digital comme
quelque chose d’’immatériel”, mais en réalité,
il est très concret et demande l’occupation
d’espace de mémoire.
Nous vivons la hantise de perdre le cellulaire
; nous multiplions les fils par peur qu’un black
out ou quelques autres grilles imprévisibles,
limites nous empêchent l’accès aux données
personnelles ; nous expérimentons l’anxiété
du “tout” qui doit être documenté, archivé et
rendu disponible, dans un harcèlement de
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
36
ANNEE LVII  MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011
l’accélération du temps et la mutation
continue, avec le modèle dynamique de la
construction des données engendrées de
temps en temps par l’usager, met en évidence
la fragilité du souvenir et la vulnérabilité de la
mémoire, quand Internet est aujourd’hui peutêtre le plus grand magazine de la
connaissance, une archive instable qui, de
jour en jour, se remodèle sur les bases des
mises à jour que ses producteurs-usagers
construisent. C’est un espace sujet à la
transformation continue, incapable de fournir
des garanties tenant compte de la
permanence des données “telles quelles”
produites à l’origine.
Mémoire et identité personnelle et sociale
De la mémoire nous ne pouvons faire à moins.
Elle nous est nécessaire pour définir qui nous
sommes comme personne, comme communauté. Chaque époque a ses instruments pour
fixer la mémoire, conserver les faits, transmettre
le vécu.
Aujourd’hui, télévision, cinéma, radio, presse,
internet peuvent augmenter ou limiter les opportunités du souvenir. Le fait qu’aujourd’hui on
connaisse le passé presque essentiellement
grâce à la vision des produits de l’industrie des
medias (documentaires, films, récits audiovisuels),
avec la participation à distance des événements
et des avènements (télécommunications, webcam,
vidéoconférences, etc... et toujours moins à
travers la rencontre de témoins oculaires et
l’écoute des récits oraux, cela n’est pas privé de
conséquences vis à vis des mécanismes de la
construction de l’identité et de la mémoire.
* Le risque des nouvelles formes de discrimination basées sur la possibilité d’accéder à
la connaissance qu’offrent les technologies
digitales. Un certain apartheid technologique
fait supposer qu’un allègement de la technologie semble porteuse d’une nouvelle démocratie de liberté, de paroles et d’actions (sur le
passé et le présent) , d’autres ferment, dans
certains cas, l’accès au savoir (et au passé) à
ceux qui ne sont pas en mesure de les utiliser
Des répercussions, si on regarde au sens de la
continuité des générations, à se sentir au moins
appartenir à une communauté unique avec ses
traditions, au rapport entre souvenir individuel et
mémoire collective
L’Institut est “mémoire vivante”, “mémoire en
péril”. Notre expérience vocationnelle s’insère
dans les sillons qui ont précédé l’histoire du
salut et des générations de sœurs qui, à
travers diverses modalités et temps divers,
ont la mission d’’évangéliser en éduquant
“(Dans les sillons de l’alliance, 5).
Mémoire et éducation
D’où partir pour éduquer à la mémoire et à
l’histoire sur les bases du vécu d’aujourd’hui ?
* Le passé fragmentaire en flashs médiatiques
n’est pas en état de fournir une représentation de
l’histoire comme processus linéaire et de définir
un sens de profondeur historique ancré à une
origine ou à des points stables, quand les
mémoires sont constamment sujettes au processus de réécriture et d’expansion, à travers
l’incessante production des nouvelles versions,
articulées dans l’histoire et rendues réciproques.
“Ceci pour dire”, alors cette fois, signifie nous
éduquer à récupérer le sens de l’histoire et de
la mémoire pour avoir une vision globale,
planétaire, qui risque d’être faite d’un seul
présent, d’un “aujourd’hui et maintenant” infini,
plus ou moins gouverné par un Grand Frère
Médiatique, et transmettre aux générations
futures le “Rêve” qui nous a fascinées : afin
que les jeunes aient la vie en abondance, et
soient heureux ici et dans l’éternité
*La logique de la souscription constante, pratique quotidienne et inexorable qui accompagne
[email protected]
.
37
dma damihianimas
■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Femmes au service du Royaume
Bernadette Sangma,
Mary Getui, une femme, mère de trois enfants
et professeur au département des Etudes
Religieuses de l’Université Catholique d’Afrique
Orientale, est membre de l’EATWOT, Association Œcuménique des Théologie du Tiers
Monde, dont elle est la coordinatrice africaine
depuis 2010. Elle appartient aussi au Cercle
des Théologies Africaines depuis sa fondation
en 1989. Elle est aussi la présidente du Conseil
national pour le contrôle de l’AIDS au Kenya,
de 2009 à aujourd’hui.
Mary Getui est une femme hautement engagée,
au niveau académique, dans l’élaboration de la
pensée du dialogue entre science et foi, mais
elle est aussi capable de contact direct avec les
gens surtout avec les femmes.
Quelle est la contribution spécifique des
théologies dans l’annonce du Royaume
de Dieu?
Avant tout, les théologies peuvent opérer
au niveau académique ou au service du
ministère de l’Eglise et pour la protection de
la vie. Au niveau académique, avec le
groupe du Cercle des Théologies Africaines, nous avons commencé une réflexion
sur la culture en regard de la vie quotidienne et en tant qu’elle contribue à
conduire à une plénitude de vie. A la base
de cette approche il y a la définition du
Royaume de Dieu comme promotion,
protection et appréciation de la vie qui, entre
autre, est bien présent dans l’Evangile.
Donc, nécessairement nous sommes
comme un pont entre l’académie et la vie.
C’est pourquoi, une des stratégies utilisées
en particulier, par nous est le travail de
groupes où nous nous laissons interpeller
par les questions des communautés.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Ainsi, nous évitons le danger de rester dans
l’abstrait, en cherchant à découvrir l’histoire
de Dieu présent au milieu des hommes soit
personnelle, soit collective et communautaire. Pour vivre tout cela nous gardons
toujours en mémoire un proverbe Akan, une
ethnie du Ghana : “Pour pouvoir voler,
l’oiseau a besoin de ses deux ailes”. Nous
sommes profondément conscients, quand
nous parlons du rôle et des potentialités des
femmes, que nous ne devons pas oublier
l’aile humaine complémentaire, constituée
par les hommes et que la société a besoin
des femmes et des hommes pour édifier le
Royaume de Dieu.
Nous les femmes, théologiennes ou non,
nous pouvons aussi être des exemples et
agir pour une meilleure reconnaissance des
femmes, ceci du fait que notre société met
bien plus souvent en avant les hommes que
les femmes.
Tu affirmes : “Toute femme est théologienne car en général les femmes
sont beaucoup plus spirituelles”. Peuxtu nous l’expliquer?
On ne peut pas ne pas constater la
particulière empreinte spirituelle présente
dans le cœur des femmes. Par exemple,
nous pouvons remarquer que les femmes
sont les plus nombreuses à participer aux
célébrations religieuses et liturgiques. Ce
n’est pas seulement une question de
présence et/ou de participation, c’est la
manifestation de leur grand désir de relation
avec l’Absolu. En Afrique les femmes,
surtout la génération de ma mère, fortement
enracinée dans les pratiques traditionnelles
culturelles, vivent tout dans une attitude de
prière et voient Dieu présent dans tous les
événements de la vie. Leur confiance en
38
Leur manière d’être est une théologie pour la
vie, avec la vie et à travers la vie.
En tant que théologienne, comment lisezvous le verset de Matthieu 13, 33 : «Le
royaume des cieux peut se comparer à
du levain, qu’une femme a pris et
mélangé avec trois mesures de farine ; et
bientôt toute la pâte fermente»?
Dieu est très forte surtout dans les moments de
grandes difficultés et d’épreuves. Dans les
situations de guerre et de grandes calamités, qui
ne manquent pas en Afrique, ce sont elles qui
tiennent le coup et montre l’exemple. Elles sont
les moteurs qui apportent et donnent la vie à la
société, sans elles certaines disparaîtraient.
Pour les femmes, donner la vie est quelque
chose de naturel parce que, en tant que mère,
elles participent au mystère de la co-création
avec Dieu.
En Afrique, des femmes sont devenues de
grandes productrices de denrées alimentaires.
Les statistiques de l’ONU disent qu’en Afrique
Sub-saharienne, 80-90% des denrées alimentaires sont produites et vendues par des
femmes. Ce sont elles qui aident à la survie des
autres membres de la famille souvent en la
préférant à la leur. En synthèse, nous pouvons
dire que les femmes sont toujours au service de
la vie en communion avec la Vie, le Christ. Si
nous pensons que “faire de la théologie” c’est
comprendre Dieu en s’appuyant sur sa
révélation dans la Bible et dans la vie, les
femmes qui s’attachent à Dieu dans leur vie
quotidienne, inspirées et soutenues par sa
Parole, sont de vraies théologiennes.
Le fait que Jésus prend une image féminine pour
représenter le Royaume de Dieu mérite une
considération spécifique. Au temps de Jésus, le
pain était confectionné dans la famille par les
femmes pour une consommation familiale. Le
fait intéressant est que, habituellement, dans
l’Ancien Testament le levain était considéré
comme un élément corrompu. Jésus, au
contraire, le compare à l’annonce évangélique.
Dans la mission de fermentation de l’humanité,
Jésus valorise le rôle et la sagesse féminine qui
ne peut pas être substituée. En fait, je retiens
que même si nous les femmes nous pouvons
être des professionnelles, nous avons reçu un
privilège d’origine divine que nous ne pouvons
pas oublier : celui de devenir mère.
Ce privilège nous donne la possibilité de mettre
le levain du Verbe dans la pâte humaine de nos
enfants dès leur tendre enfance. Etre mères
nous fait devenir enseignantes, guides, arbitres:
nous avons un rôle spécial à jouer dans la
société et dans l’Eglise. Le verset de Matthieu
cité plus haut met en évidence un autre élément
qui peut aussi être un symbole féminin : la
patience. L’action du levain mélangé à la pâte
requiert de la patience jusqu’à ce que la pâte
lève et soit prête à être enfournée pour donner
du bon pain. Les femmes qui sont enceintes
attendent pendant neuf mois la croissance
progressive de la vie dans leur corps, et elles
sont aussi à même d’attendre l’action du levain
du Verbe dans les cœurs de leurs enfants et de
tant d’autres personnes.
[email protected]
.
39
dma damihianimas
ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
La bicyclette verte
de Haifaa Al Mansour
Arabie Saudite/Germanie 2012
Mariolina Perentaler
Présenté lors de la 69è Mostra de Venise avec
son titre original « Wajda » (nom de l’héroïne), le
film d’Haifaa Al Mansour, première femme
cinéaste d’Arabie Saoudite, a touché et conquis
le public du Lido où il obtient le prix du cinéma
d’art et d’essai –cinéma pour la paix et pour la
richesse de la diversité– et de l’Inter film Award
pour la promotion du dialogue interreligieux. Le
caractère particulier de cette reconnaissance met
l’accent sur le côté « cas d’étude » d’un film qui
est destiné à rester dans l’Histoire à plus d’un
titre : premier film réalisé entièrement en Arabie
saoudite et dirigé par une femme de 38 ans,
metteur en scène dans un pays où « l’autre
moitié du ciel » n’a pas voix au chapitre et où il
n’y a pratiquement pas de cinémas. Début
heureux, accueilli avec les applaudissements et
l’émotion d’une salle fascinée par son histoire
simple et chargée de sens, « La bicyclette
verte » est un récit suggestif entre la réalité et
l’image, du désir des femmes et des filles
arabes de conquérir la parité des droits. Derrière
l’apparence d’une comédie sans préten-tions, la
réalisatrice met en scène une dénonciation
courageuse des intentions et du résultat, une
histoire qui nous conquiert par sa délicatesse et
sa vision
Vers la liberté, sur deux ou quatre roues.
Où qu’elle aille, c’est déjà un record, rappelle
joyeusement la réalisatrice au cours de la
conférence de presse : « je suis fière d’avoir
tourné le premier long métrage jamais filmé en
Arabie saoudite. Il y a dans ce pays beaucoup
de fillettes comme Wadjda, qui vivent de grands
rêves, ont de fortes personnalités et tant de
potentiel : elles peuvent remodeler et redéfinir
notre Nation et je pense qu’elles le feront. C’est
cet horizon là que je regarde.
J’espère aussi que le film parle du thème
universel grâce à quoi nous pouvons nous
mettre en rapport avec des personnes de toutes
cultures.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Le lieu où se
déroule le récit
est essentiel pour
le récit lui-même.
Nous nous trouvons en fait en
Arabie et l’histoire qui est racontée est
vraisemblable dans la mesure où elle est
insérée dans ce contexte spécifique. Voilà
pourquoi, après la première déclaration,
Haifaa continue à souligner la raison pour
laquelle elle a choisi un objet symbolique : la
bicyclette –« les deux roues » - pour son petit
récit d’émancipation féminine « vers la
liberté » : une des difficultés majeures a été
de tourner en des endroits où nous ne
pouvions en aucun cas mettre les pieds. Je ne
connais pas les rues de mon pays parce que
les femmes ne peuvent tourner « librement. Et
encore moins conduire. J’ai dû dépendre
« complètement » des hommes de ma
troupe »
Née dans une atmosphère familiale délibérément libérale, j’ai pu être diplômée de
l’université du Caire et me spécialiser dans les
études de cinéma à Sydney : c’est la raison
pour laquelle on se risque à « rompre le
silence arabe » en portant sur les écrans
internationaux la situation des femmes
saoudiennes et leurs aspirations. Je le fais à
travers une gamine de 10 ans, qui vit dans la
banlieue de Riyad, la capitale saoudienne.
Vive et affectueuse mais aussi entreprenante
et rebelle, elle supporte mal le voile et les
autres contraintes imposées par la tradition.
Peu soucieuse de la réprobation des femmes
adultes de son entourage, elle joue avec
Abdullah, un garçon de son âge et de son
quartier, avec qui elle n’a pas le droit de jouer
et qui, en la suivant à bicyclette, la provoque.
Elle voudrait bien défier le garçon : son regard
s’arrête sur une splendide bicyclette qui est à
vendre, mais deux problèmes se posent. Il
n’est pas toléré que les femmes roulent à
bicyclette et puis cela coûte cher. Consciente
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POUR FAIRE PENSER
L’IDEE DU FILM
Montrer au monde et dans les écoles l’histoire
de Wajda, c’est raconter l’histoire de milliers
de fillettes, jeunes filles et femmes
saoudiennes qui voient la négation de leurs
droits fondamentaux.
LA REVUE DU FILM
Quand elle sera grande, l’adolescente de
maintenant qui aura tant lutté pour avoir
une bicyclette, peut avoir avec toutes les
jeunes saoudiennes des droits plus
importants : celui de se mouvoir librement.
Avec cet outil fascinant et essentiel, on place de
fait les jeunes gens et jeunes filles dans des
conditions leur permettant non seulement de
connaître et de comprendre les aspects peu
connus d’un pays mais aussi de contribuer en
toute connaissance de cause et efficacement à
la construction d’une culture universelle des
droits des femmes en Arabie saoudite et dans le
monde. A l’exemple de la réalisatrice elle-même,
au-delà du rôle de l’héroïne indomptée du film.
Haifaa Al Mansour est très connue dans son
pays par d’autres court-métrages et des documentaires qui ont fait parler d’eux. En d’autres
termes, pour avoir cherché à « rompre le silence
» qui englobe la vie des femmes sur leur
territoire, contraintes de grandir telle Wajda dans
des écoles uniquement féminines, où la rigidité
incontournable imposée par la directrice s’exprime
ainsi : « la voix de la femme ne devrait pas
franchir les portes, la voix de la femme est sa
nudité. Désormais, il n’est plus permis d’apporter
des fleurs ou des lettres à l’école, ni de se tenir
par la main… »
Un droit qui, comme le montre le film, est nié par
une législation absurde qui empêche les femmes
de se mettre au volant. « La révolution est là si
une gamine se met en selle « démontre le film,
de la manière la plus captivante. « C’est une
œuvre importante, capable d’engager une petite
histoire dans le grand flux des faits qui
transforment l’Histoire », écrit l’Evaluation
pastorale du film. En 1990, 40 femmes sont
sorties en voiture et on conduit le long de l’une
des rues importantes de la capitale, pour défier
la tradition. Elles ont été arrêtées, certaines
d’entre elles ont perdu leur travail, et leur action
a été durant des années stigmatisée dans les
sermons religieux et dans les cercles sociaux.
Encore aujourd’hui et malgré les déclarations
récentes du roi Abdullah, il leur est toujours
interdit de voyager, d’avoir un travail rétribué,
d’accéder à des études supérieures ou de se
marier sans l’autorisation d’un homme qui a un
pouvoir sur elles !!!-poser, sur lequel discuter.
que sa mère ne peut se rendre compte de ce qui
se passe parce qu’elle est trop. occupée à
convaincre son père de ne pas prendre une
seconde femme, la fillette décide de gagner cet
argent. Au moment même où elle se prépare à
abandonner, la directrice de son école organise
un concours de récitation du Coran avec une
somme d’argent comme premier prix et Wadjda
se risque. Le concours ne sera pas facile,
spécialement pour une fureteuse désabusée et
« débrouillarde » comme elle, mais elle n’en
démord pas, elle est bien décidée à se battre
pour réaliser son rêve, pour son avenir.
L’œil de la réalisatrice observe finement et
délicatement l’évolution de la vie quotidienne à
Riyad, où la rencontre et la confrontation avec
les règles imposées par le Coran et la pression
de la modernité aux frontières, vivent
des
moments difficiles. Son film se déroule à un
rythme décontracté et captivant, éloigné de la
pesanteur des films à thèse. Capable de
surprendre par sa spontanéité et son désenchanil
tement, avec la fraîcheur enjouée incarnée dans
le visage espiègle et curieux de l’héroïne. La télé
caméra l’accompagne pratiquement constam-ment
le long des rues de la maison à l’école, des
moments où elle rêve d’un avenir libre et libéré
des préjugés. « Sans hurler ni bouleverser les
sentiments ni dénoncer les changements, le
scénario accompagne le désir d’humanité et de
sagesse qui se manifeste quand le souffle de
l’intelligence domine et unit les personnes de
générations diverses, commente l’Evaluation
pastorale. Si ce premier titre tourné en Arabie
avec un casting strictement saoudien peut avoir
une valeur sur les plans historique, et statistique,
le même film a un mérite infiniment plus grand,
plus percutant, plus décisif sur le plan de son
déroulement. Le défi gagnant d’Haifaa est
double : celui du message et son rôle de femme
réalisatrice dans la société saoudienne».
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dma damihianimas
ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Mariapia Veladiano
Le temps, un dieu à court terme
Adriana Nepi
«A trois mois, Tommaso a commencé à
pleurer et ne s’est plus arrêté depuis… une
affreuse dermatite lui a recouvert le corps de
croûtes qui lui donnaient des démangeaisons
continuelles. Il se grattait jusqu’à s’arracher
les ongles qu’il avait si fins, pauvre minuscule
Job innocent… je le regardais et me demandais
comment il était possible d’avoir engendré
tant de douleur. Cela passera, il s’agit d’un
mal bénin… mais les pleurs d’un enfant ont
quelque chose d’accablant, chaque enfant qui
voit le jour devient une voie possible à la
pénétration du mal». C’est la mère, l’héroïne,
qui raconte. Elle se nomme Hildegarde : il
s’agit d’une jeune femme qui travaille à Milan
comme journaliste dans une revue catholique
et son mari, Pierre, est également journaliste.
Ils sont très différents l’un de l’autre : elle est
fille unique, longtemps attendue par ses
parents, de braves gens de la campagne. Issu
d’un milieu très supérieur, lui, troisième enfant
ni désiré ni aimé, est né d’une mère dure et
constamment déprimée. Il a grandi en passant
d’une baby Sitter à une autre et il s’est
toujours senti un intrus, ce qui l’a rendu
incapable de donner ou de recevoir de
l’amour. Hildegarde aime beaucoup son mari,
qui est beau, cultivé, surdoué et elle a
cherché en lui, sans doute inconsciemment,
un refuge affectif, l’ayant épousé après la
perte quasi simultanée de ses parents. Elle
perçoit le repliement de Pierre sur un pessimisme sombre, devenu pratiquement une
maladie de l’esprit, sans que la jeune femme
parvienne à engager un dialogue explicite.
Même la naissance d’un fils, que par ailleurs il
n’a pas désiré, ne l’y encourage pas.
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
Rapidement, les rapports entre les jeunes
époux se détériorent au point que trois ans
après leur mariage, Pierre disparaît sans une
parole d’explication. La souffrance indicible de
l’abandon se confond avec la peur qu’Hildegarde
au fond d’elle-même subit comme un cauchemar. Il semble en effet que l’ombre de la mort
effleure à plusieurs reprises son enfant qui est
toute sa vie, le petit Tommaso, si adorable ; et
puis que va-t-il advenir de lui, sans son père ?
Hildegarde a fait de la théologie, elle est
diplômée dans un domaine du savoir où l’on
analyse le mystère de Dieu, mais la foi est une
aptitude à se mesurer dans une véritable lutte
avec Lui. Croyait-t-elle ou croyait-t-elle qu’elle
croyait ? Elle se le demande, après avoir en
vain recherché une réponse à des questions –
des questions de toujours, des questions que
tout le monde se pose– auxquelles la foi seule
ne peut donner une réponse. Dieu peut-il
vouloir la mort des enfants ? S’Il est toutpuissant, pourquoi ne le sauve-t-Il pas ? Il ne
peut pas, Il ne peut pas ! Seulement si Dieu ne
peut nous sauver du mal, son amour, lui, est
sauf.…
Et elle qui a tant étudié tombe à son tour dans
l’échappatoire ambigüe du lieu commun d’un
Dieu impuissant face à ceux qu’il « prétend
sauver »… Car c’est ainsi que l’on présente
leur créateur, leur sauveur. La jeune femme finit
par devenir victime d’une agitation, d’une peur
quasi obsessionnelle jusqu’à sombrer dans la
maladie, dans le malheur qui la pousse à imaginer son enfant sous les roues d’une voiture
ou sur un petit lit d’hôpital ou carrément sur le
marbre d’une morgue.
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Ce qui contribue à son angoisse maladive, c’est
sans doute son travail de rédaction au sein
d’une revue catholique, où il faut commenter
avec des mots d’espoir les évènements
tragiques si fréquents du quotidien.
Des circonstances providentielles font que du
fond brumeux de la plaine de la vallée du Pô,
une opportunité la transfère sur les splendides
cimes enneigées du haut Adige. Le changement de paysage est pratiquement le symbole
concret d’un virage à angle droit : de la peur
devenue obsessionnelle, des fantasmes du
passé, des doutes lancinants qui traversent ses
pensées, elle en vient à vivre le réveil de
l’espérance et le retour à une vie pleine de
sens. Le besoin d’évasion, à l’approche de
Noël, loin de l’atmosphère suffocante dans
laquelle elle vivait à Milan a conduit Hildegarde
à demander à un ami qui connaît la montagne :
« connais-tu un paradis lointain, isolé et enneigé où je pourrais passer Noël avec Tommaso ?».
L’ami répondra : « Campodalba »
Et c’est là que se produit le miracle. Là-haut,
dans l’unique hôtel gai et hospitalier, un homme
pleure, à l’écart. C’est un pasteur luthérien ; il a
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perdu son fils unique ; sa femme l’a abandonné, ne pouvant supporter une présence trop
reliée à la perte de l’enfant et au souvenir d’un
Dieu qu’elle déteste avec toute la rancœur
d’une mère blessée. Lui-même (il se nomme
Dieter) est désormais en proie à un doute
terrible et inavouable : où est Dieu ?
Tommaso se familiarise immédiatement avec
l’inconnu, trouvant finalement en lui le père
qui lui manquait et lui posant des questions
que seule la spontanéité des enfants peut
faire accepter : comment s’appelait ton fils ?
Quel âge avait-t-il ? Comment est-t-il mort ? Et
l’homme l’accompagne avec une tendresse
de père, paraissant retrouver en l’enfant un
peu de son petit Martin perdu.
Un peu à la fois comme le germe d’une vie
nouvelle après la tempête naît une chaude
amitié entre Dieter et la maman de Tommaso.
Jusqu’au moment où les deux, l’homme
naufragé de la vie et la femme malade de
peur connaissent la puissance revivifiante de
l’amour. Un évènement qui risque de finir
en tragédie viendra à bout des dernières
résistances d’Hildegarde. Des années plus
tard, une forme latente d’épilepsie déclenche
en l’enfant une attaque très violente et les
deux êtres le veillent ensemble. L’épreuve est
surmontée mais la mère, par amour, dans un
élan d’amour désespéré a offert sa vie, sans
toutefois avertir (son entourage) qu'offrir la vie
veut dire demander la mort. Et la mort s’annonce
proche, attendue en paix cependant. « je
parle souvent avec Dieu, mais cela je l’ai
toujours fait. Dieu, Lui, ne répond pas mais
cela aussi, Il l’a toujours fait. Tout va bien, Il
est présent en tout. Ce qu’il faut faire c’est ne
rien désirer et tout aimer. Et espérer. Espérer
que ce mot ne soit pas le dernier. Le dernier
mot, c’est Dieu».
Le livre se révèle à la fin être une sorte
d’autobiographie spirituelle conduite avec une
grande sagesse dans le récit, composé à la
manière d’un roman. Il prend naissance dans
les pleurs d’un enfant, il s’étend à un ensemble d’interrogations inquiétantes et se conclut
par un acte de pur abandon dans la foi.
dma damihianimas
ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
La musique dans les teen- drama
Mariano Diotto
Tu sais ! Toutes les chansons ont une fin,
Jake, mais est-ce une bonne raison pour ne
plus écouter la musique? » (da One tree
Hill)
Depuis toujours, l’alliance entre télévision et
musique a été gagnante et productive pour
les deux domaines concernés. Toutes les
télévisions du monde consacrent une partie
de leur programme à la musique et c’est
ainsi que dès 1981 est née MTV qui fut la
première chaîne télévisée consacrée exclusivement à la musique. Dès le début la
chaîne est parvenue à inciter jeunes et
adultes à imposer leurs modes et les
cultures de masse mais la crise du secteur
musical a conduit cette remarquable chaîne
télévisée à diversifier ses propres choix en
introduisant des téléfilms et des programmes qui ne parlent pas exclusivement de
musique.
C’était déjà arrivé pratiquement au moment
de la naissance de cette alliance télévisionmusique : c’était en 1982, et la fameuse
chaîne américaine NBC décidait de produire
un téléfilm qui avait pour thème central la
musique et les adolescents : Fame, («Ils
seront célèbres»). Le téléfilm s’inspirait du
film du même titre et développait des sujets
autour de la vie des adolescents, d’où la
sortie de séries de téléfilm intitulées teendrama (téléfilms pour adolescents et avec
des adolescents pour en incarner les principaux héros).. Les acteurs des premières
séries enregistrèrent plusieurs disques avec
les chansons des séries et grimpèrent au
faîte des classements, entraînés par ailleurs
par leurs passages à la TV. Dès lors la route
était toute tracée et les producteurs de
disques se battaient pour avoir aussi un
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
passage de quelques secondes dans un teendrama à cause du succès qui en résultait pour
les ventes.
De One tree Hill a O.C. : le lancement de
nouveaux chanteurs.
Le premier téléfilm qui a vraiment fait comprendre au monde de la musique comment on
pouvait grimper au faîte des classements grâce
à quelques secondes d’une chanson ; ce fut en
2003 : One tree hill. Le plus étonnant c’est que
le thème central était le basket et la vie de
jeunes adolescents à leurs débuts dans la
découverte du monde, des sentiments, des
émotions. La musique toutefois joue un rôle de
premier plan dans la série tant au niveau de la
trame que dans les passages d’une scène à
l’autre. En fait à la fin de chaque épisode,
quelques scènes étaient reliées entre elles et la
chanson, en général exécutée dans son entier,
aidait à relier, entre elles, des situations au
départ sans lien les unes avec les autres.
Ensuite, quatre compilations furent réalisées et
parvinrent au sommet des classements aux
Etats Unis. Dans les diverses stations furent
introduits des personnages comme Mia
Catalano qui est la chanteuse Kate Voegele
dans la réalité et qui mit en scène sa propre
carrière de chanteuse parallèlement à la fiction.
La même opportunité bénéficia au chanteur
Kevin Federline dans le rôle de Jason et à
Bethany Joy Lenz qui interprétait Haley James
Scott. Une chance extraordinaire accompagne
l’indicatif du téléfilm intitulé I Don't Want To Be,
écrit et interprété par Gavin de Crow qui doit
son succès personnel à ses passages à la
télévision. L’utilisation de la musique a aussi
été déterminante dans le teen-drama O.C et les
7 compilations ont ensemble obtenu la première
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place au hit-parade du monde entier, ce qui est
également le cas pour les Phantom Planet,
auteurs de l’indicatif du titre Californie. Dans les
92 épisodes figurent plus de 500 chansons,
exécutées elles aussi en peu de secondes et
qui servirent à mettre en valeur les émotions et
les histoires des jeunes héros.
Ce téléfilm raconte l’histoire de quelques
garçons et filles du lycée, qui appartiennent
au groupe de chant nommé Glee Club, plutôt
talentueux mais considérés comme «malchanceux» (à l’origine, des losers, des perdants) par rapport aux autres étudiants qui
sont soit majorettes, soit footballers.
L’avènement de la High School
Musical et Gee
En
l’occurrence
la
musique
devient
incontestablement partie prenante et non
seulement pour les auteurs à l’origine des
chansons, mais aussi pour les acteurs euxmêmes, lesquels réinterprètent les chansons
à leur manière.
Le tournant de l’alliance entre la musique et
teen-drama eut lieu grâce au film High School
Musical, qui a envahi l’air de chansons écrites
exprès pour les adolescents et avec pour
thème central la musique. Grâce à ce succès
intitulé Disney, la fox TV a démarré en 2009 la
production de Glee.
Qu’est-ce que les teen-drama ?
Les teen-drama sont des téléfilms qui ont pour
acteurs des adolescents avec leurs aventures
familiales et scolaires. Ce genre est né avec le
film « Happy days » et vit son plus grand
moment de réussite dans les années 80 avec
la transmission des séries Beverley Hills
90210.
Le succès de ce genre télévisé
comprend aussi la naissance de chaînes
thématiques comme par exemple The CW,
The ABC Family, Disney Channel et the N aux
Etats Unis où la programmation est
exclusivement tournée vers les adolescents.
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La chaîne de télévision émettrice a signé un
accord directement avec le plus gros
distributeur de musique numérique dans le
monde, iTunes, la sortie des chansons
destinées à la vente ayant lieu dès les
quelques minutes qui suivent leur exécution
au cours de l’épisode transmis. Cela a suscité
un intérêt marqué chez les maisons de
disques : en effet, au-delà du fait que celles-ci
pouvaient vendre la chanson originale, elles
bénéficiaient aussi du produit de la vente du
passage téléfilmé lui-même, où les acteurs
chantaient la chanson. Aux Etats unis de
grands chanteurs participent à un concours
pour jouer dans un épisode : Madonna,
Britney Spears, Ricky Martin, Gloria Estefan,
Josh Groban, Olivia Newton John, Whitney
Houston en ont déjà remporté.
[email protected]
dma damihianimas
ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013
Maison, douce maison
Certainement vous avez deviné d’après mes
considérations passées, en ces mois la
“maison” a eu la meilleure place et je n’ai
pas résisté à la tentation de me laisser aller
à quelques considérations ; juste pour
donner ma modeste contribution à la
réflexion sur le prochain Chapitre Général.
Avant tout, sœurs, nous avons finalement le
courage de le dire !
Il y a maison et maison !
Mais toutes les demeures ne sont pas
comme nous nous les imaginons ! Ce sont
des maisons–palaces et des maisonscabanes, des maisons-roulottes et des
maisons-sur pilotis, des maisons casernes
et maisons-familles... en somme, il y en a
pour tous les goûts !
A part quelques petites différences, les
maisons se ressemblent toutes : elles
doivent être bien bâties sur un terrain solide,
doivent offrir un toit sous lequel on puisse
se refaire, avoir un passage à travers lequel
on puissent entrer et sortir et ainsi de
suite....mais dans nos communautés il y a
un type de maison qui n’a rien à voir avec
les maisons ordinaires : c’est la MAISON
DANS LA MAISON !
Dans la MAISON- DANS-LA MAISON nous
sommes nombreuses à être tentées de
nous réfugier et les motifs pour le faire sont
réels et sublimes : la MAISON-DANS-LAMAISON est le seul local dans lequel on
cherche refuge (simplement notre chambre...) ;
c’est le rideau à la fenêtre qui protège
dma |damihianimas
REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE
des regards indiscrets (parce que nous
prétendons que le droit à la vie privée nous est
reconnu...) ; c’est le sol ciré sur lequel nous
cheminons en pantoufles (avec l’excuse que si
le milieu ambiant n’est pas propre et en ordre,
cela ne fait pas bonne impression...) c’est la
porte fermée à clé pour éviter des visites désagréables (justifiée par la nécessité de préserver
les choses de dommages possibles...) c’est le
jardinet fleuri auquel on donne le maximum de
soin (sous prétexte qu’il convient d’éduquer au
goût du beau...) c’est la paix qui règne quand
finalement on peut se reposer (le repos qui,
évidemment, nous est mérité !).
En somme, la MAISON-DANS-LA MAISON est
cet “espace très personnel” que l’on retrouve
après la fatigue d’une dure journée de travail,
c’est ce “climat d’intimité relaxante” dans lequel
on se retrempe l’esprit, tout en écoutant le
rosaire à la radio ou en écrivant à une amie.
Et de MAISON-DANS-LA MAISON, dans ma
communauté, il y en a plus d’une ! Tellement
que je me suis dit :”Jamais ce ne sera cette
maison qui évangélise ?!” Et quand j’ai essayé
de demander des explications à mes sœurs qui
pensaient être sur la bonne voie, une jeune
sœur nous a éclairées :” En somme la
MAISON-DANS-LA MAISON est quand on vient
t’offrir un château et tu préfères rester dans ta
taupinière !”..”
Jeunes et impertinentes !
Parola di C.
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