Le choix du matériel Je voulais aussi qu`ils prennent leurs
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Le choix du matériel Je voulais aussi qu`ils prennent leurs
Entretien de Jean-Paul Aubry réalisé en 2002, revu par le témoin en 2010 Le choix du matériel Je voulais aussi qu’ils prennent leurs responsabilités. Je n’ai pas eu à dire que je voulais cela comme matériel, je veux ça. Non. Eux ils décidaient ce dont ils avaient envie, comme matériel. C’était normal et moi je disais : « Attention, n’achetez pas cela. Cela ne va pas. Cela ne correspond pas. » (…) C’était surtout les bureaux. Au départ, quand je suis arrivé, cela se cantonnait à des hommes de bureaux, plus moi. Cela ça n’a pas duré des années, je vous le dis tout de suite. Cela a duré deux ou trois ans ou quatre ans. L’ensileuse, c’était moi qui décidais avec les bureaux. La moissonneuse-batteuse aussi. La charrue, j’ai été mis de côté. Quand on ne vous voulait pas, on vous mettait de côté. La charrue, c’est tout simple. On avait un budget X. Moi, avec le budget X, je savais qu’on pouvait acheter une charrue, trois corps réversibles mais pas le quatrième. C’était impossible mais avec des sécurités, ce qu’on appelle sécurités non-stop. Au bureau, eux, ils voulaient ce type de charrue-là. Je n’étais pas contre. C’était un chef de charrue qui convient bien à ces terres lourdes, à claire voie. Eux, voyant le prix de la charrue avec des sécurités non-stop, ils ont préféré de la sécurité à boulon. Nettement, moins chère mais avec un corps supplémentaire. On s’en est servis une campagne. La première campagne nous a coûté 2 000 francs de boulons de sécurité. On a commencé à grincer des dents, mais j’ai dit « C’est vous qui l’avez achetée ». On était obligés de renégocier la charrue, l’année d’après ; c’était impossible... Cela devenait une catastrophe, pour ne citer que ça. J’avais été contacté pour l’évacuateur des veaux. C’est un détail aussi qui était important. L’évacuateur des veaux, je ne voulais pas qu’il soit installé comme cela. C’était un ancien collègue de travail. Il est à la retraite maintenant, je m’en fous. Il avait l’évacuateur-là qui lui restait sur les bras. Il a vendu à l’INRA, un évacuateur qui ne correspondait pas du tout à ce qu’on avait besoin. A l’époque, il manquait 10 000 francs. En 1984, 10 000 francs, cela représentait une certaine somme. J’aurais insisté un peu plus mais j’étais neuf dans la maison en 84... un an… on n’impose pas ses lois. (…) Je n’imposais pas ma loi, non plus. Je ne suis pas un homme à imposer mes lois non plus. J’aime bien que tout le monde donne son avis. Maintenant, on a une technique. Elle a peut-être ses inconvénients, mais elle a beaucoup d’avantages. Tous ceux qui vont utiliser le matériel, sont contactés pour le renouvellement ou, pour un nouvel achat. Ils sont tous contactés. On décide tous ensemble, autour d’une table, les questions. « Qu’est-ce que tu préfères qu’on achète ? Plus gros ou plus petit ? Telle marque ? Tel type ? » On discute tout cela ensemble, avec l’autre. (…) C’est que, j’aimais bien que, l’utilisateur participe. Cela a une fin très stratégique, méchante de ma part : c’est qu’après, ils ne peuvent plus rouspéter ! Ils étaient d’accord au départ. « Vous êtes d’accord au départ. Alors, arrêtez de pleurer. » Par exemple, on a un tracteur en ce moment. Quand on a fait la démonstration de ce nouveau tracteur, j’ai dit : « Attention, il est très bruyant, ce tracteur. Je ne l’aime pas, il est bruyant. » Le vendeur me dit : « Mais non. » Les ouvriers disent : « Mais non. Il n’est pas si bruyant que cela. C’est toi qui a une idée. On en reparlera. » Cela n’a pas traîné après : « Qu’est-ce qu’il est bruyant ce tracteur… qu’est-ce qu’il est bruyant ce tracteur… » « Rappelez-vous ce que je vous ai dit ».