Tais-toi

Transcription

Tais-toi
Tais-toi
et parle-moi
De David Thomas
Mise en scène de Hocine Choutri
25 juin au 25 juillet 2007
Lundi, mardi, mercredi à 21 h
Manufacture des Abbesses
7 rue Véron - 75018 Paris
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Contacts presse : Guillemette Ferrié
01 42 58 03 67 – 06 10 34 47 54
[email protected]
Tais-toi et parle-moi
Texte
Mise en scène
David Thomas
Hocine Choutri
Distribution
Mme Torve
Barbara Beretta
Mr Torve
Marc Bottiau
Melle Elle
Sandra Valentin
Mr Lui
Raphaël Cohen
Soltera
Olga Sokolow
Mme Sens
Catherine Lenne
Mr Sens
Jean-Paul Sermadiras
25 juin au 25 juillet 2007
Manufacture des Abbesses
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Tais-toi et parle-moi
En une succession de tableaux, Tais-toi et parle-moi, montre sept personnages aux
prises avec leurs sentiments, leurs désirs, leurs difficultés à s’entendre. Trois couples comme
trois moments de la vie amoureuse : la rencontre, la crise, l’abnégation. Et une femme seule,
écho du désir incontrôlé, encombrant.
Une histoire de langage…
Nous ne sommes pas ce que nous disons...
Le langage (mots, gestuelles, expressions, respirations, positions du corps, silences…) ne reflète pas
toujours l’exactitude de nos pensées, et parfois, les trahissent. Plus nous connaissons notre interlocuteur et
plus ce langage devient ambigu, sensible, interprété. “Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…”. Ce qui est
entendu n’est pas forcément ce qui est dit. Particulièrement dans le lien amoureux où la séduction et
l’exposition, qui passent inéluctablement par le langage, sont fragilisées par la nudité des sentiments, des
émotions et la nécessité de l’autre.
Tais-toi et parle moi montre ces difficultés à dire et à faire entendre ce que nous ressentons vraiment. Parce
que les mots “n’en font qu’à notre tête” et ne sont plus cet outil qui permet de communiquer. Ils
s’emballent, nous échappent. Il faut donc les prendre au pied de la lettre, cesser de s’interpréter...
Certaines scènes tentent la comédie. Le choix du comique est délibéré. Mais ce comique n’est pas de
situation. L’auteur ne joue pas pour autant sur les mots. Pas de jeux de mots, donc, mais il joue avec eux.
Ici, une femme autorise un homme à la rencontrer mais elle précise bien qu’elle ne le rencontre pas, un
homme perd sa libido comme on perd ses clés, un autre est un malade sans maladie, une femme traîne
littéralement son ennui derrière elle et malgré toute leur bonne volonté pour y parvenir, un couple n’arrive
pas à se disputer… Au pied de la lettre vous dit-on.
… et de couple…
Tais-toi et parle moi est aussi une pièce sur les relations dans le couple et le langage qui s 'y rapporte. Les
personnages expriment leurs difficultés à s’entendre. Au sens propre. Si le désir et l’amour sont là, les mots
font obstacle. Ils troublent les rapports, les compliquent. Une rencontre est souvent fragile, un mot, une
phrase peut tout faire basculer. Lorsque le couple est en crise, les silences sont parfois plus parlants que les
mots, mais se taire, c’est encore une façon de dire.
Dans cette pièce, chaque couple a son propre langage, du plus quotidien (donc brut) pour celui qui se
rencontre, au plus “décalé” (donc précis) pour celui qui a décidé de rester ensemble.
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Tais-toi et parle-moi
L'équipe artistique...
David Thomas, auteur
David Thomas est né en 1969. Il est journaliste, il a collaboré à de nombreux magazines de presse écrite,
Voyager Magazine, Mer & Océan, Technikart, SOFA, Demeures & Châteaux, BIBA, ELLE, entre
autres… ou du web, journaliste littéraire pour Infonie-Tiscali, Librairing. Il a collaboré à l’écriture du
moyen-métrage d’Agathe Teyssier A ta place (Prix de la Recherche, Clermont-Ferrand 2003, présélection
César 2004, acheté par France 3 et Canal +) et à celle du long métrage d’Agathe Teyssier La femme invisible
(4A4 Productions) en cours de développement. Il est en contrat d’écriture d’un long-métrage pour la
société de production Kobayashi.
Hocine Choutri, metteur en scène
Né en 1963, Hocine Choutri a longtemps travaillé au Plateau 31, à Gentilly. Il a mis en scène La peau
d’Elisa de Caroline Fréchette, ainsi que deux créations, Le cube, et, Un baiser… ou des fois y a des trucs, ainsi
que L’œuf, de Félicien Marceau au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise. En tant que comédien, il a interprété un
de ces textes, Remise à niveau, il a joué au théâtre Hébertot et au théâtre Fontaine dans Un vrai bonheur, de
Didier Caron, et dans de nombreuses créations de Stéphanie Chévarra, dont la dernière, Six mois au fond
d’un bureau. Il joue jusqu’au 26 mai dans une création de Frédéric Ferrer, Pour Wagner, à l’hôpital
psychiatrique de Ville-Evrard. Au cinéma, il a travaillé avec Cédric Klapisch, Jean-Luc Godard, Edouard
Molinaro, Alain Tasma, Yves Boisset…
Les interprètes
Barabara Beratta, Madame Torve
Barbara Beretta a 28 ans. A 21 ans, elle entre au cours Perimony et suit parallèlement une formation de
chant et de danse. En 2001/2002 elle joue pour les enfants au Mélo d’Amélie. En 2003, elle est au
Trianon, pour une comédie musicale : Providence mise en scène par Luc Florian. Elle joue ensuite dans un
spectacle mis en scène par Lydie Muller, Au petit bonheur la chance, qui restera a l’affiche de l’Essaïon
pendant plus de dix mois en 2005.
Marc Bottiau, Monsieur Torve
Marc Bottiau commence par interpréter des poésies de Rimbaud sous la direction de Vicky Messica au
théâtre des Déchargeurs. Puis il rencontre Jean-Paul Sermadiras qui le met en scène dans Amour et piano de
G. Feydeau. La collaboration continue avec Pour un oui ou pour un non de N. Sarraute (2001), spectacle qu'il
reprend régulièrement partout en France. En 2004, il joue coup sur coup dans deux mises en scène de
Simon Bakhouche, Guerres privées de J. McLure et Danser à Lughnassa de B. Friel, puis dans La mégère
apprivoisée créée par J-F Granadel et enfin Topographies de N. Renaude mis en scène par Jean-Paul
Sermadiras. A l'écran, il a travaillé avec Tony Kay, Alain Corneau, Michel Hazanavicius...
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Sandra Valentin, Mademoiselle Elle
Sandra Valentin a suivi les cours Florent. Elle a joué dans différents spectacles au centre Mathis à Paris
comme Allemagne dans les années 30, écrit et mis en scène par Olivier Medicus, Une virée d’enfer écrit et mis
en scène par Virgile Fouliou. Elle a également joué dans Les caprices de Marianne de Alfred de Musset sous
la direction de Jean-Paul Rouve, Au théâtre de Karl valentin, mis en scène par Françoise Valance, Droit
d’Asile de Etienne Malinger mis en scène par Samir Bouadi. Elle tourne régulièrement à la télévision sous
la direction de Bernard Stora, Nicolas Kuche, Bruno Bontzolakis, Dominique Tabuteau , Christian
Bonnet.....
Raphaël Cohen, Monsieur Lui
Raphaël Cohen joue sa première pièce en 1998 sous la direction de Kurt Banner au théâtre du Tambour
royal, puis il suit l'enseignement de Jean-Laurent Cochet avec lequel il jouera trois pièces, Chat en poche de
G. Feydeau au Théâtre Mouffetard (2000/01) et en tournée, Doit-on le dire? de E. Labiche (2002/03
Nomination aux Molière 2003) au théâtre Mouffetard et au Tristan Bernard et également en tournée en
France et à l'étranger, et enfin 29 degrés à l'ombre de E. Labiche au Théâtre 14. En 2005 il joue Le mariage de
Mademoiselle Beulemans de Fonson et Wicheler au théâtre Tête d'or à Lyon sous la direction de David
Michels avec les comédiens du théâtre des Galeries de Bruxelles.
Olga Sokolow, Soltera
Durant sa dernière année de formation à l'Ecole les enfants terribles, Olga Sokolow a joué notamment
dans Danser à Lughnasa de Brian Friel et Violette sur la terre de C. Fréchette, spectacles mis en scène par
Maxime Leroux. En 2003 elle interprète Rosette dans On ne badine pas avec l'Amour de Musset mis en scène
par Catherine Brieux au théâtre des Cinq diamants. A Avignon, Paris, puis en tournée depuis deux ans, elle
joue dans Crime et Châtiment de Dostoievski mis en scène par Serge Poncelet. Elle a tourné récemment
dans Le monde à l'Envers, moyen métrage réalisé par Marc Lévi.
Catherine Lenne, Madame Sens
Danseuse contemporaine pour de nombreuses compagnies (Fondation Cartier, DCA-Decouflé, TCD
Paris…). Elle a travaillé avec Jean-Claude Berutti dans La Traviata, et Laurent Pelly, La Belle Hélène. Au
théâtre, elle a joué récemment : La Casa de Bernarda Alba de Lorca (mise en scène d’Anne Barlind), Un
garçon impossible de Petter Rosenlund (mise en scène de Richard Leteurtre), Le Père Goriot de Balzac (mise
en scène de Frédéric Le Bret), Attention travaux et Emboîte le pas de Eugène Durif (mise en scène
d’Alexandre Ribeyrolles), Dracula Night (mise en scène Olivier Besson), Faust de Goethe (mise en scène de
Richard Leteurtre). Depuis 1997, elle travaille pour le Thalia Théâtre : Drôle de Ménage de Cocteau, Un p’tit
lopin de terre, Mémoires de jardin, Voix d’archives. Elle a travaillé avec Denis Tricot, Andrès Spinelli et
Frédéric Ferrer.
Jean-Paul Sermadiras, Monsieur Sens
Comédien et metteur en scène, on l'a vu dans L'Ecole des Femmes de Molière avec Pierre Arditi et aux côtés
d'Anouck Grinberg dans Feydeau Terminus, deux spectacles mis en scène par Didier Bezace. Il a joué
également Brecht, Botho Strauss, Oscar Wilde, Shakespeare. Il a tourné dans une trentaine de films et
téléfilms sous la direction notamment de François Ozon, Edouard Molinaro, Didier Grousset, Philippe
Triboit, Alain Tasma….. Il a fondé la compagnie du Pas Sage et y a créé un rendez-vous mensuel, Au Bord
des Lignes, autour du théâtre contemporain qui donne lieu à des mises en lectures et à une diffusion radio
de celles-ci. Il a mis en scène Dario Fo, Feydeau, Sarraute, Durringer…
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Tais-toi et parle-moi
Infos pratiques
Lieu
Manufacture des Abbesses
7 rue Véron Paris 18ième
Dates
Du 25 juin au 25 juillet 2007
Jours de représentation - horaire
Les lundi - mardi - mercredi à 21 h
Prix des places
Plein tarif : 20 euros. Tarif réduit : 12 euros.
Renseignements/Location
01 42 33 42 03
www.manufacturedesabbesses.com
www.billetreduc.com
www.theatreonline.com – 0 820 811 111 ( 0,129 / min )
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Tais-toi et parle-moi
Extraits...
MADAME SENS : Qu’est-ce que tu fais ?
MONSIEUR SENS : Je cherche ma libido.
MADAME SENS : Tu l’as encore perdue ?
MONSIEUR SENS : Ben oui.
MADAME SENS : C’est agaçant cette manie que tu as de tout perdre.
MONSIEUR SENS : Je sais, je suis distrait.
MADAME SENS : Ecoute, tu la chercheras demain, on n’en a pas besoin ce soir.
MONSIEUR SENS : Si je pouvais la retrouver ce soir, ça m’arrangerait.
MADAME SENS : Pourquoi ce soir en particulier ?
MONSIEUR SENS : Tu sais ce que c’est, quand on égare quelque chose, on du mal à s’endormir.
MADAME SENS : Bon alors, est-ce que tu te souviens de la dernière fois que tu t’en es servie ?
MONSIEUR SENS : Attends que je réfléchisse, t’étais avec moi, je crois…
MADAME SENS : C’était pas ce mois-ci, ni le mois dernier…
MONSIEUR SENS : Non…
MADAME SENS : Ni le mois d’avant…
MONSIEUR SENS : Non plus…
MADAME SENS : C’est pas simple, ça nous ramène à loin.
MONSIEUR SENS : Ah ça y est, c’était cet été en Corse.
MADAME SENS : Ne me dis pas que tu l’as oubliée en Corse ?
MONSIEUR SENS : Je crains que si.
MADAME SENS : Tu sais qu’on n’y retourne pas avant l’été prochain ?
MONSIEUR SENS : Oui, je sais. Écoute, au moins on sait où elle est.
MADAME SENS : C’est juste. Et puis, là où elle est, elle risque pas de s’user.
MONSIEUR SENS : Effectivement, quand on sait à quelle vitesse ça diminue ces choses-là.
MADAME SENS : Bon ben nous voilà rassuré. Allez viens te coucher mon chéri.
***
MONSIEUR LUI : Et sinon, vous faites quoi dans la vie ?
MADEMOISELLE ELLE : Pas mal de trucs.
MONSIEUR LUI : Mais encore ?
MADEMOISELLE ELLE : Ben comme tout le monde quoi, je vais, je viens, je m’ennuie, je rigole, je
cogite, je rêvasse…
MONSIEUR LUI : Oui mais il y a bien un truc que vous faites en particulier. Un truc que vous aimez
faire ?
MADEMOISELLE ELLE : Vous voulez vraiment le savoir ?
MONSIEUR LUI : Oui.
MADEMOISELLE ELLE : Ben ce que j’aime faire et que je fais le mieux c’est les problèmes. Voilà, je
fais des problèmes.
MONSIEUR LUI : Ah.
MADEMOISELLE ELLE : Même le truc le plus simple, j’arrive à le compliquer. C’est plus fort que moi.
MONSIEUR LUI : Vous vous compliquez la vie quoi.
MADEMOISELLE ELLE : Oh pas que la mienne, aussi celle des autres. Je peux pas approcher
quelqu’un sans lui compliquer la vie.
MONSIEUR LUI : Mais vous aimez ça les problèmes ?
MADEMOISELLE ELLE : Pas particulièrement.
MONSIEUR LUI : Alors pourquoi vous en faites ?
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MADEMOISELLE ELLE : Ce que je sais. Quand on est doué pour un truc, faut le faire. Faut pas lutter
contre la nature.
MONSIEUR LUI : Mais comment vous vous y prenez ?
MADEMOISELLE ELLE : Franchement je saurais pas vous dire, c’est comme un don. Ça vient tout
seul, il suffit que je me laisse faire et les problèmes viennent tout seul.
MONSIEUR LUI : Mais… vous en faites aussi là où y en a pas ?
MADEMOISELLE ELLE : Surtout là où y en pas. Vous pensez, quand y en a pas pour moi c’est du petit
lait.
MONSIEUR LUI : Ça pourrait peut-être m’intéresser.
MADEMOISELLE ELLE : Oh ben si c’est que ça, je peux peut-être vous donner quelques tuyaux.
MONSIEUR LUI : Ce serait gentil.
MADEMOISELLE ELLE : Le truc de base c’est d’entendre le contraire de ce que l’on vous dit et de
penser le contraire de ce que vous dites.
MONSIEUR LUI : Ah oui, je vois. Et quand vous dites oui, vous pensez non.
MADEMOISELLE ELLE : Oui, enfin pas forcément, je peux aussi penser peut-être.
MONSIEUR LUI : Ah oui, c’est plus fin.
(…)
***
MADAME TORVE : Où es-tu ?
MONSIEUR TORVE : Je suis là.
MADAME TORVE : Où ?
MONSIEUR TORVE : Là.
MADAME TORVE : Ah oui…
MONSIEUR TORVE : Ce sont les plombs qui ont dû sauter…
MADAME TORVE : Je me suis toujours demandé au-dessus de quoi ils sautaient ?
MONSIEUR TORVE : Ça n’a pas d’importance, laisse-les sauter à leur guise. Si ça les amuse de sauter
qu’ils sautent…
Un temps
MONSIEUR TORVE : Je ne te vois pas.
MADAME TORVE : Moi non plus, mais ce n’est pas grave, je n’ai plus besoin de te voir. Même se parler
ça devient inutile, on peut plus faire confiance aux mots.
MONSIEUR TORVE : J’en ai marre des mots.
MADAME TORVE : Moi aussi.
MONSIEUR TORVE : Ils n’en font qu’à notre tête, c’est compliqué…
MADAME TORVE : On les croit toujours plus grands qu’ils sont.
MONSIEUR TORVE : Exactement, il faut les remettre à leur place.
MADAME TORVE : Les prendre au pied de la lettre.
MONSIEUR TORVE : C’est leur élasticité. Ils sont trop élastiques. On leur fait toujours dire ce qu’ils ne
disent pas et du coup on se comprend pas.
MADAME TORVE : Mais comment on va faire si on arrête de se parler ?
MONSIEUR TORVE : On va pas arrêter de se parler, on va simplement cesser de s’interpréter. On va se
dire des choses et on va se tenir à ce que ces choses disent, un point c’est tout.
MADAME TORVE : T’es loin de moi ?
MONSIEUR TORVE : Non je ne crois pas, si je tends mon bras je devrais pouvoir t’atteindre.
MADAME TORVE : Tu sens ma présence ?
MONSIEUR TORVE : Oui.
MADAME TORVE : Et ça te fait quoi ?
MONSIEUR TORVE : Le même effet que quand je bois un jus d’abricot. C’est doux. C’est calme. C’est
juste pour moi. (Un temps) Tu veux que j’y aille ?
MADAME TORVE : Où ?
MONSIEUR TORVE : Remettre la lumière.
MADAME TORVE : Non restons comme ça. Restons comme ça jusqu’à demain matin. Je voudrais
passer la nuit avec ta présence.
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***
MONSIEUR SENS : Ça fait longtemps qu’on s’est pas engueulé.
MADAME SENS : Ah oui, c’est vrai, ça fait longtemps. Combien de temps déjà ?
MONSIEUR SENS : Je sais pas, c’est tellement loin que je ne m’en souviens plus.
MADAME SENS : On pourrait s’engueuler.
MONSIEUR SENS : Oui, c’est une idée. Tu commences ?
MADAME SENS : Non, je t’en prie, vas-y.
MONSIEUR SENS : Bon… et bien… Heue…
MADAME SENS : Tu ne trouves pas ?
MONSIEUR SENS : Non… je suis pas inspiré, là.
MADAME SENS : Tu veux que je t’aide ?
MONSIEUR SENS : Non, non… Attends… Ça y est j’ai trouvé. Alors voilà, j’aimerais bien que le soir,
avant de te coucher, tu cesses de t’enduire le visage de cette abominable crème.
MADAME SENS : Ah bon ? Mais pourquoi ?
MONSIEUR SENS : Et bien parce que je trouve qu’elle pue. Donc quand tu te mets au lit, tu pues. Et en
plus ça colle.
MADAME SENS : Oui c’est vrai, ça sent pas très bon et il faut reconnaître que ça colle un peu…
MONSIEUR SENS : D’autant que ça ne sert strictement à rien, puisqu’avec ou sans crème tu es de plus
en plus ridée.
MADAME SENS : C’est juste.
MONSIEUR SENS : Ça ne t’agace pas ce que je viens de te dire ?
MADAME SENS : Non, parce que je te comprends tout à fait.
MONSIEUR SENS : Bon ben alors à toi.
MADAME SENS : Et bien… Heue… Voyons… Ah oui, il y a quelque chose que je ne supporte plus
chez toi, d’ailleurs j’ai toujours eu beaucoup de mal avec ça, c’est ton rire.
MONSIEUR SENS : Mon rire ?
MADAME SENS : Oui, ton rire. Je le trouve complètement idiot ton rire.
MONSIEUR SENS : Ah bon, mais je ris comment ?
MADAME SENS : Tu ris comme ça (elle imite son rire).
MONSIEUR SENS : Non ! Je ne ris pas comme ça tout de même ?
MADAME SENS : Mais si, je t’assure.
MONSIEUR SENS : Ah oui, c’est complètement ridicule. Je savais que j’avais un rire particulier, mais pas
à ce point-là.
MADAME SENS : Ah si, et encore, je t’imite mal.
MONSIEUR SENS : Tu fais bien de me le faire remarquer. Quelle honte !
MADAME SENS : Tu peux le dire, franchement, parfois je ne sais plus où me mettre.
MONSIEUR SENS : Le problème, c’est qu’à mon âge, ça va être difficile de le changer.
MADAME SENS : Ça ne t’énerve pas ce que je viens de te dire ?
MONSIEUR SENS : Penses-tu, j’imagine combien tu as dû prendre sur toi durant toutes ces années avec
moi. Non, je suis confus, vraiment.
MADAME SENS : Bon ben alors à toi, mais fais un petit effort parce qu’on ne va pas y arriver. (…)
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