le proces de nuremberg et sa representation

Transcription

le proces de nuremberg et sa representation
Matthieu Balu
Master Recherche Etudes Européennes et Affaires Internationales
Cours de madame Aubourg
année 2007-2008
LE PROCES DE NUREMBERG ET
SA REPRESENTATION:
QUELLE PLACE SUR INTERNET?
Sommaire
Introduction..............................................................................................................3
I. La présentation des faits................................................................................5
1°) Pourquoi Nuremberg? Histoire de la création du tribunal..........................5
2°)Un tribunal combinant les traditions anglo-saxonnes et européennes.........6
3°) Les chefs d'accusation.................................................................................7
4°) Les protagonistes.........................................................................................9
5°) Déroulement du procès...............................................................................10
II. Les sources premières et leur disponibilité en ligne....................................12
1°) La couverture du procès...............................................................................12
2°)Les documents disponibles en ligne .............................................................14
3°) Les ressources video du procès....................................................................17
III. Le débat autour du procès: quelle légitimité pour Nuremberg?...............19
1°) La vague négationniste et le procès de Nuremberg.....................................20
2°) Katyn, point de fixation de la nébuleuse négationniste................................22
Conclusion..................................................................................................................24
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Introduction
Le procès de Nuremberg, qui s'est ouvert le 20 novembre 1946, fut une immense innovation d'un
point de vue judiciaire autant qu'une volonté politique de marquer la fin de la seconde guerre
mondiale par l'exact opposé de la barbarie dans laquelle elle fut engagée. En effet, en mettant les
responsables sous la triple accusation de crimes de guerre, crime contre la paix,et crime contre
l'humanité, cette dernière notion ayant été défini pour la première fois lors du procès. De plus, c'est
à l'occasion de ce procès, où auront lieu onze autres procédures à mesure que les responsabilités
seront dégagées, donnant notamment lieu au fameux « procès des médecins », que l'on fait appel
pour la première fois au concept de justice internationale.
Nuremberg, ville emblématique des grands messes hitlériennes des années trente, a donc servi à
refermer le terrible chapitre de la seconde mondiale: utiliser sciemment le lieu symbolique de toute
la haine hitlérienne pour y dresser, au milieu des ruines, un tribunal relève d'une volonté politique
des alliés de s'adresser à l'opinion, faisant de ce procès une véritable tribune, un moment d'histoire
imaginé comme tel.
C'est pourquoi le procès de Nuremberg reste l'un des plus médiatisés, mais aussi le plus discuté:
le nombre de journalistes présents et la quantité des plaidoiries fait de l'analyse de la procédure
autant que du sens général à donner à une telle mise en scène un exercice riche en enseignement et
ouvert aux remises en cause. Internet, en tant que canal de partage pour toutes les sortes de médias,
est riche de cet accès si inédit aux minutes du procès. Ainsi, les photos, videos, enregistrements
sonores sont nombreux et permettent de revivre intégralement le premier des douzes procès de
Nuremberg.
Mais le prisme d'internet accentue aussi l'aspect unique d'une telle procédure, et met en avant
mes polémiques ayant pu naître autour de ce procès et de sa légalité: le débats ne manquent pas,
dans la mesure où, plus encore qu'un sujet d'histoire d'une importance capitale, il s'agit d'un élément
fondateur de la justice internationale telle qu'elle existe aujourd'hui.
Enfin, si comme nous le verrons le procès de Nuremberg a été pensé dans un souci de pédagogie,
d'explication à destination des populations et des générations futures, internet en tant qu'outils de
vulgarisation est là aussi le moyen de faire comprendre la terreur nazie, en particulier vers les plus
jeunes générations.
Ce guide de ressources présentera donc d'une manière organisée le procès de Nuremberg tel que
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l'on peut le rencontrer sur internet, pour le présenter de la manière dont il a été imaginé dès
l'origine: avant tout un outil de compréhension et de mémoire.
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I. Le procès de Nuremberg et sa présentation sur internet
1°) Pourquoi Nuremberg? Histoire de la création du tribunal
Le tribunal de Nuremberg est issu d'une réflexion entamée dès l'année 1940, et mettant en avant
les persécutions faites au populations des pays occupés. L'idée d'un respect des « lois de la guerre »
et d'un arbitrage international n'est pourtant pas alors une nouveauté: dès 1794, avec le « Traité de
Jay » s'impose l'idée qu'un litige entre deux pays peut être réglé par le truchement d'un pays tiers.
Celle de la défense des populations civiles n'est pas non plus toute récente: en 1872, à la sortie du
conflit franco-allemand, Gustave Moynier, président de la Croix-Rouge, propose déjà l'instauration
d'un tribunal de Droit international humanitaire. De même le traité de Versailles prévoit, à son
article 122, la création d'un tribunal visant à juger l'empereur Guillaume Iipour « offense suprême
contre la morale internationale et l'autorité sacrée des traités », mais il n'en sera rien.
Il faudra donc attendre le début de la seconde guerre mondiale pour que s'enclenche, avant même
de connaître l'issue ni même l'issue de la guerre, un processus visant à juger des hommes pour des
crimes commis durant le conflit. Un site personnel reprend chronologiquement les différents
événements ayant amené cette création:
http://pagesperso-orange.fr/d-d.natanson/nuremberg_creation.htm
Dans un registre plus institutionnel, le site de la cour pénale internationale effectue un historique
des réflexions ayant amené à l'instauration d'une cour permanente; si elle ne fait pas référence à
Nuremberg, l'influence du procès est en filigrane dans la progression du sujet:
http://www.icj-cij.org/court/index.php?p1=1&p2=1
Comme l'on peut le voir sur le premier des documents, la décision de juger les principaux
responsables nazis fut prise durant les grandes conférences alliées. A quelles fins? La déclaration
conjointe du 30 octobre 1943, à Moscou, nous l'apprend: il s'agit avant tout de permettre aux
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victimes de juger leurs bourreaux. En multipliant les atrocités, les nazis ont ainsi outrepassé le droit
traditionnel de la guerre, se rendant coupable de crimes ne pouvant être expiés que par l'inversion
des rôles, cette fois au nom et par le biais du droit. Les considérations géopolitiques sont par ailleurs
évidentes: des tribunaux mettant au jour les exactions ennemis ne peuvent que renforcer la légitimé
de l'intervention, en particulier aux yeux de la puissance américaine qui, rappelons-le, n'a pas été
touchée par l'agression nazie.
Pourquoi avoir choisi la ville de Nuremberg? C'est dans le choix de ce lieu que s'illustre le plus
clairement la volonté à la fois pédagogique et historique des vainqueurs. Lieu de tous les rêves
nazis, de toutes les constructions les plus gigantesques au nom du Führer, la ville n'est, quand les
alliés traversent la Rhin, plus qu'un champ de ruine, et immédiatement l'on ordonne que des
prisonniers dégagent les gravats pour permettre d'ériger le futur tribunal. Un descriptif de
l'importance de Nuremberg dans le système nazi est donné à cette adresse:
http://www.rijo.homepage.t-online.de/pdf/FR_NU_45_congresf.pdf
Ainsi, le cycle de la guerre et de la terreur pourrait de terminer là où il avait commencé. L'aspect
symbolique de ce choix est donc considérable, et une telle logique se retrouvera dans d'autres mise
en accusation de nazis célèbres, comme Hans Biebow, administrateur du ghetto de Lodz, qui sera
jugé et exécuté en Pologne. La liste des nazis mis en accusation ou ayant réussi à échapper à la
justice se trouve dans un autre site personnel très exhaustif sur ce thème:
http://pagesperso-orange.fr/d-d.natanson/devenus.htm
Le procès s'ouvre donc le 20 novembre 1945; 21 accusés sont présents.
2°)Un tribunal combinant les traditions anglo-saxonnes et européennes
C'est à Londres, en août de l'année 1945, que les alliés signèrent la Charte attestant la création
d'un tribunal destiné à juger les criminels de guerre. C'est aussi à cette occasion que furent faits des
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choix fondamentaux quant à la manière d'appliquer la loi:
. La technique de l'accusation, tout d'abord, qui constitue le point d'opposition le plus net entre
les deux types de juridiction, est un compromis: en effet, si dans le système judiciaire américain,
toute la charge des preuves revient aux accusés, qui doivent démontrer qu'ils sont innocents, il est
décidé à Nuremberg qu'il reviendra, pour une part importante, à l'accusation de prouver la véracié
des accusations portées à l'encontre des anciens nazis. Une explication juridique plus poussée est
disponible sur le site spécialisé dans l'analyse des procès célèbre courttv.com à l'adresse suivante:
http://www.courttv.com/archive/casefiles/nuremberg/law.html
. Dû à la spécificité de la situation, un autre trait de la justice anglo-saxonne n'a pas été
retenue:les accusés n'ont pas eu le droit, à Nuremberg, de mettre en accusation à leur tour la véracité
des preuves qui étaient présentées à leur charge. Ces dernières devaient simplement être jugées
« probantes » par le tribunal pour être acceptées.
. Aucun appel n'était prévu.
La charte régissant le fonctionnement du tribunal et les différents choix effectués est disponible
dans son intégralité sur un site spécialisé dans le droit et l'analyse des procédures:
http://www.law.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/nuremberg/NurembergIndictments.html
Le procès pouvait alors s'engager, même si une question restait ouverte: sous quels chefs
d'accusation pouvait-on faire fonctionner une cour inédite de ce genre?
3°) Les chefs d'accusation
Une autre innovation du procès de Nuremberg, jamais répétée depuis, fut la création de chefs
d'inculpation par le tribunal qui s'apprêtait à juger les criminels: ainsi les trois motifs de convocation
des responsables nazis devant la cour ont été définis par la cour elle-même.
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–
Crime contre l'humanité: « assassinat, extermination, réduction en esclavage, déportation et
tout autre acte inhumain commis contre toute population civile […], ou bien les persécutions
pour des motifs raciaux ou religieux […] »;
–
Crime contre la paix: « la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d'une
guerre d'agression, ou d'une guerre en violation des traités, assurances ou accords
internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l'accomplissement
de l'un quelconque des actes qui précèdent »;
–
Crime de guerre: « Assassinat, mauvais traitements ou déportation pour des travaux forcés,
ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, assassinat ou mauvais
traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, exécution des otages, pillages de
biens publics ou privés, destruction sans motif des villes et des villages, ou dévastation que ne
justifient pas les exigences militaires. » .
Ces trois chefs d'accusation ont donc été défini par la cour, d'après les débats ayant eu lieu lors
de la conférence de Londres évoquée plus haut. Le site, dépendant de l'université de droit de Yale,
Avalon Project, constitue une énorme base de donnée pour l'étude du procès de Nuremberg et de
son cadre légal. Il est possible d'y trouver le rapport, daté du 7 juin 1945, du Lord Justice Jackson,
premier juge de la cour de Nuremberg, au président Eisenhower, dans lequel il dessine les contours
précis des futurs chefs d'accusation:
http://www.yale.edu/lawweb/avalon/imt/jack01.htm
La décision ferme quant à la définition de ces crimes eut donc lieu à l'occasion, quelques mois
plus tard, de la rencontre des chefs des quatre Etats alliés Etats-Unis, URSS, Angleterre, France, et
fut là encore l'occasion d'une communication du président du tribunal, cette fois à l'attention du
public:
http://www.yale.edu/lawweb/avalon/imt/jack02.htm
Les questions théoriques ayant été réglée, dans une volonté des alliés d'apparaître comme unis
face à la chute de l'idéologie nazie, le procès pouvait s'engager. Une juridiction d'exception comme
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celle de Nuremberg allait une fois de plus être l'occasion d'une mise en oeuvre particulièrement
singulière, et les accusés se retrouver au centre de l'attention médiatique durant toute la durée du
procès, à l'opposé du huis-clos habituel d'une cour de justice régulière.
4°) Les protagonistes
La composition tribunal fut le reflet des négociations alliées: quatre juges, quatre assesseurs,
autant de procureurs, chacun issu, dans une égale proportion, de l'un des quatre pays vainqueurs.
- Juges
Henri Donnedieu de Vabres
Francis Biddle
Lord Justice Geoffrey Lawrence
Général Nikitchenko
- Assesseurs
André Falco
John Parker
Sir Norman Birket
Colonel Volchkov
- Procureurs
François de Menthon, puis Champetier de Ribes
Robert Jackson
Sir David Maxwell-Fyfe, puis Sir Hartley Shawcross
Général Rudenko
Les accusés sont au nombre de 24: un site détaille leur histoire ainsi que leur condamnation de
manière très claire:
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http://pagesperso-orange.fr/d-d.natanson/nuremberg.htm
S'ils sont, à n'en pas douter, parmi les plus importants responsables nazis, il manquait à ce procès
les têtes pensantes de la solution finale: Hitler bien sûr, qui s'était suicidé juste avant l'arrivée des
alliés, mais aussi le Lieutenant-Colonel Eichmann, responsable de l'organisation des déportation. Ce
dernier sera rattrapé en 1960, en Argentine, pour être jugé et pendu en Israël.
L'un des criminels, Martin Bormann,fut jugé par contumace, mais on s'aperçut par la suite qu'il
était mort durant la bataille de Berlin.
La ligne de défense de ces hommes ne fut pas absolument la même; selon la règle établie ^par le
tribunal, ils pouvaient se choisir un avocat ou se représenter eux-mêmes: aucun ne choisit cette
dernière solution. L'université de droit de l'Arkansas dispose d'une base de données très large sur la
défense et les différents protagonistes du jugement, détaillant les lignes défense:
http://www.law.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/nuremberg/meetthedefendants.html
5°) Déroulement du procès
Le procès de Nuremberg est singulier par la longueur de sa procédure: la seule lecture du verdict
prendra deux scéances, couvrant plus de 250 pages de compte-rendu. Ainsi, les sites donnant une
vision large et complète des débats, de la présentation des preuves, de l'accusation, de la défense et
du verdict sont rares. Prétendre à l'exhaustivité est une tentatative vouée à l'échec; le site
courttc.com réussit pourtant, au travers d'extraits de chaque moment de la procédure, à nous faire
vivre la progression de la mise en accusation:
http://www.courttv.com/archive/casefiles/nuremberg/
Le site de Yale Avalon Project donne un large spectre de la progression des débats, séparant bien
la description des crimes des différents témoignages, et mettant en avant l'aspect pédagogique du
procès de Nuremberg, qui fut l'occasion d'expliquer largement toutes les entorses au droit ayant été
commises:
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http://www.yale.edu/lawweb/avalon/imt/imt.htm
Mais la manière la plus appropriée de rendre accessible à la fois la complexité et l'ambiance des
débats reste la vidéo: ici internet, en tant que base de données, est un atout considérable. Un
documentaire datant de 1965, sur le procès a été mis en ligne sur les principaux sites de videos en
ligne, et aujourd 'hui ces liens sont repris par l'ensemble du réseau Français d'étude du procès.
http://www.dailymotion.com/kaz1988/video/x3esv2_le-proces-de-nuremberg-p1
http://www.dailymotion.com/kaz1988/video/x3etlb_le-proces-de-nuremberg-p2
http://www.dailymotion.com/video/x3ety6_le-proces-de-nuremberg-p3
http://www.dailymotion.com/kaz1988/video/x3f2hz_le-proces-de-nuremberg-p4_events
http://www.dailymotion.com/kaz1988/video/x3f2xh_le-proces-de-nuremberg-p5_events
Un bref récapitulatif sera trouvé à l'adresse suivante:
http://www.holocaust-history.org/short-essays/nuremberg.shtml
Pour plus de clarté, on trouvera une chronologie des différentes phases du procès à cette adresse:
http://www.law.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/nuremberg/NurembergChronology.html
Le premier octobre 1946, soit plus de dix mois plus tard, la sentence du premier procès du
tribunal militaire de Nuremberg est rendue: sur les vingt-et-un accusés, onze sont condamnés à
mort. Quinze jours plus tard, Goering sera retrouvé mort dans sa cellule, après avoir ingéré une
capsule de cyanure; le lendemain les dix autres pendaisons prévues ont lieu dans l'ancien gymnase
de la ville de Nuremberg. Un récapitulatif des sentences est situé à l'adresse déjà située plus haut:
http://pagesperso-orange.fr/d-d.natanson/nuremberg.htm
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Le récit du procès de nuremberg est donc largement détaillé dans un certain nombre de sites,
universitaires en particulier: retenons principalement celui de l'université de Yale et l'université de
droit du Missouri-Kansas. Notons que les sites spécialisés sont rarement aussi précis que les sites de
droit, n'en donnant souvent qu'une vision très liminaire, rapportant les chefs d'accusation et les
sentences. Ceci tient à la spécificité du procès qui en fait une première sur le plan du droit: jamais
un tribunal international n'avait jusqu'ici été mis en place pour juger des hommes. La où l'analyse
historique voit une forme de continuité dûe à la perte de la guerre, les juristes s'intéressent au
caractère inédit d'une telle mise en accusation. Là encore, le procès a donc servi de cas d'école, de
pédagogie dans ce domaine.
C'est aussi la volonté d'enseigner au monde les horreurs nazies, et de créer un précédent qui
puisse éviter que les mêmes événements se répètent qui a amené les chefs d'Etats à vouloir la
publicité du procès, et au-delà, à encourager la prise d'images et de son. Ce trait particulier rend
l'étude du procès de Nuremberg par le prisme d'internet particulièrement riche.
II/ Les sources premières et leur disponibilité en ligne
350 journalistes et écraivains triés sur le volet, dont John Steinbeck, Ernest Hemingway, ou
encore le futur chancelier Willy Brandt, assistèrent au procès, rapportant dans leurs jouraux
respectifs parfois plusieurs pages par jour de débats. Ce procès fut d'un retentissement médiatique
sans égal, captivant l'ensemble des populations du globe, et plus particulièrement, bien sûr, celles
ayant eu à subir la domination nazie.
1°) La couverture du procès
France Culture a consacré en 2005, à l'occasion des 60 ans du procès de Nuremberg, un grand
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dossier à ce dernier, au sein duquel apparaît une partie consacrée entièrement au compte-rendu des
débats dans la Presse Française, de l'ouverture du tribunal au verdict:
Une vue d'ensemble:
http://www.radiofrance.fr/chaines/franceculture2/dossiers/2005/nuremberg/listereportage_themes.php?
PHPSESSID=fcff9a986f1ded7845ee5e701c794616
http://www.radiofrance.fr/chaines/franceculture2/dossiers/2005/nuremberg/reportage_themes.php?report_id=135010046&atheme=1
Sur l'ouverture du procès:
http://www.radiofrance.fr/chaines/franceculture2/dossiers/2005/nuremberg/reportage_themes.php?report_id=135010041&atheme=1
Sur les révélations faites à propos des camps de concentration:
http://www.radiofrance.fr/chaines/franceculture2/dossiers/2005/nuremberg/reportage_themes.php?report_id=135010044&atheme=1
Ou encore la lecture du verdict:
http://www.radiofrance.fr/chaines/franceculture2/dossiers/2005/nuremberg/reportage_themes.php?report_id=135010046&atheme=1
Un autre exemple, provenant d'un journaliste indépendant de la Presse américaine, nous est
donné par la transcription d'un article à cette adresse:
http://www.mindfully.org/Reform/Nazi-Execution-Smith16oct46.htm
Ces articles constituent des sources premières afin de comprendre l'état d'esprit de la population
de l'époque vis-à-vis de la tenue d'un tel procès: comme l'on peut le voir, les journalistes jouent à
plein leur rôle de médiateur, en se plaçant comme un filtre entre la mécanique d'un procès, l'aspect
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froid de la procédure, et les émotions humaines, la colère accumulée par les lecteurs ,mais aussi les
journalistes eux-mêmes, contre les accusés.
Mais cette couverture par la presse écrite n'est pas une nouveauté en soi: depuis Voltaire et
l'affaire Callas, combien de journaux ont fait de la couverture de l'activité des tribunaux une part
importante de leurs sujets? Un nouveau, revanche, a fait son apparition: les actualités. Peu de
sources sont disponibles, du fait de l'inexistence de la télévision alors, mais les « Actualités
Françaises » rapportent évidemment la tenue de la procédure:
. Un point sur l'ouverture du procès:
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?
vue=notice&from=fulltext&full=nuremberg&num_notice=2&total_notices=17
. Un rappel de la procédure en cours:
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?
vue=notice&from=fulltext&full=nuremberg&num_notice=5&total_notices=17
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?
vue=notice&from=fulltext&full=nuremberg&num_notice=7&total_notices=17
La production audiovisuelle diffère fortement, dans son ton, de celle des articles d'alors: d'une
moins bonne qualité d'information, ces comptes-rendus sont forcément moins analytiques que leur
équivalent écrit, à cause d'une limite de temps très contraignante. L'on voit ainsi poindre une
différence de fonds, récurrente, entre l'information écrite et parlée.
La spécificité la plus forte de ce procès n'est pourtant pas dans cette nouvelle intrusion de la
technique, même si elle y joue un rôle fondamental: c'est bien la publicité des débats, qui, si elle ne
rend pas obsolète les compte-rendus, leur ôte une partie de leur valeur, qui fait du procès de
Nuremberg une initiative faite, au moins en grande partie, pour l'opinion publique.
2°)Les documents disponibles en ligne
Le choix de rendre public les minutes de procès, comme d'autoriser les prises de vue et de films,
fut un choix important, démontrant le besoin d'expliquer, de montrer le plus incroyable des desseins
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nazies, sans en oublier le plus abominable. Il est intéressant de noter que ce choix d'un procès
entièrement filmé fut renouvelé lors d'autres grands procès nazis; citons le procès Eichmann, à
Jérusalem, mais aussi la procès Barbie tenu au tribunal de grande instance de Paris.
Les transcriptions du procès de Nuremberg sont une masse d'informations et de documents
gigantesques: internet joue ici le rôle de bibliothèque, d'archive dématérialisée. Là encore,
numériser les informations est un travail si important que les sites universitaires sont généralement
les plus complets. La base données la plus exceptionnelle est sans aucun doute celle établie par la
Harvard Law School, avec le « Nuremberg Trial Project ». La page principale est disponible à cette
adresse:
http://nuremberg.law.harvard.edu/php/docs_swi.php?DI=1&text=overview
Le problème majeur de cette archive est qu'elle est, pour l'instant, incomplète aux vues du travail
extraordinaire qui a été entrepris. En effet, il s'agit pour l'Université de mettre en ligne des scans de
toutes les preuves produites, tous les témoignages, les discours de l'accusation, de la défense, ainsi
que le verdict de chacun des douze procès de Nuremberg. Mais le projet prévoit aussi de classer
tous ces documents au sein d'une base de données suivant une multitude de critères, comme l'année,
l'auteur, ou le thème de chaque document. Ce travail titanesque ne leur permis, jusqu'ici, que de
proposer trois procès, qui n'intègrent pas encore le premier, celui des grands responsables nazis.
L'on trouve néanmoins tous les documents touchant au second procès, dit « procès des
médecins », et l'oeuvre accomplie est déjà considérable: pour prendre l'exemple de ce dernier, il est
d'abord présenté, avec un rappel des accusés, des charges et de la chronologie du procès:
http://nuremberg.law.harvard.edu/php/docs_swi.php?DI=1&text=medical
Puis le site se divise en deux grandes parties, les documents produits pendant le procès, et les
minutes de ce dernier. Les documents sont accessibles via un moteur de recherche multicritères qui
permet unje grande précision. Un exemple avec cette note du tribunal sur un preuve à charge contre
le médecin Frick:
http://nuremberg.law.harvard.edu/php/pflip.php?
caseid=HLSL_NMT01&docnum=2614&numpages=1&startpage=1&title=Letter+concerning+the
+sterilization+of+the+ill+[in+the+context+of+euthanasia+policies].&color_setting=C
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La Law School de Harvard a donc développé un outil extrêmement puissant, bien qu'incomplet
pour l'instant, qui a le mérite d'être très didactique et simple d'utilisation malgré l'énorme masse de
documents qui sont ici collectés. Ceci nous donne l'exemple d'une utilisation d'internet et de
l'informatique en général salvatrice pour la recherche, permettant un aboutissement automatique des
recherches.
Un autre travail universitaire, abordant cette fois le premier des procès de Nuremberg, réunit un
certain nombre de sources premières: il s'agit de la Cornell University , qui a réuni plus de 150
volumes de minutes du procès scannées, en plus des notes personnelles d'un témoin privilégié, le
général américain William J. Donovan:
http://library.lawschool.cornell.edu/WhatWeHave/SpecialCollections/Donovan/index.cfm
Cette collection est exceptionnelle car elle réunit en particulier les témoignages de nazis célèbres,
comme Hess et Kaltenbrünner, ou encore Schacht. Ce site vient compléter intelligemment le
premier, dans la mesure où s'il est moins fourni, il est aussi plus accessible avec une véritable
présentation en chapitres, et non pas un moteur de recherche certes efficace, mais aride.
Signalons enfin le célèbre site Nizkor Project, spécialiste de l'étude de la Shoah et de la
dénonciation du négationnisme. Là encore, un travail titanesque a été accompli par ce qui constitue
la référence en matière de base de données sur le système nazi et les camps de concentration: en
effet, tout le compte-rendu, minute après minute, du plus célèbre des procès de Nuremberg est
disponible à cette adresse:
http://www.nizkor.org/hweb/imt/tgmwc/
Cette base de données est d'autant plus remarquable qu'elle contient non pas les pages originales
scannées, mais une retranscription sur traitement de texte, ce qui la rend bien plus lisible. Ces
archives sont classées par périodes: le seul défaut du site est de ne pas disposer d'un moteur de
recherches comme ceux déjà évoquées.
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3°) Les ressources video du procès
L'intégralité du procès de Nuremberg a été filmée, et ces images furent disponibles immédiatement,
mettant en cause le principe de confidentialité d'une procédure, et confirmant l'idée d'un procès
d'exception. Là encore, les dix mois de procédure rendent difficiles la gestion de ces archives
filmées. Une base de données répertorie une grande partie des archives filmées des douze procès
ayant eu lieu à Nuremberg, en les répertoriant de manière précise:
http://resources.ushmm.org/film/search/simple_search.php?Query=Nuremberg+Trials
Ce site est celui du United States Holocaust Memorial Museum.
On peut y trouver tous les moments marquants des procès, comme le témoignage de Goering, ainsi
que d'autres plus anecdotiques. Ce qui fait leur force en tant qu'outil pour le chercheur est
probablement ce qui les rend difficile à aborder par l'amateur d'histoire: même si un descriptif en
Anglais est disponible à côté de la video, cette dernière est d'une mauvaise qualité, et non soustitrée.
Le reste des sites spécialisées ne donne qu'un aperçu disparate de ces videos du procès. De
manière plus anecdotique, il est possible d'obtenir des enregistrements audio de certains moments
particulier du procès, en cherchant dans les archives des grandes radios. Ainsi la BBC a-t-elle
récemment rediffusé la tentative de décompte du nombre de victimes par le procureur Shawcross en
juillet 1946:
http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/november/20/newsid_4356000/4356166.stm
Le procès de Numreberg tenait, en tout, sur 250 bobines de films videos. Ce chiffre extrêmement
élevé explique que l'on ne trouve pas, mis à part le site évoqué plus haut, de base de données
reprenant sur internet l'exhaustivité de la procédure: les sites d'études du procès de Nuremberg étant
généralement issu des universités ou d'organisations mémorielle, leurs fonds ne permettent pas
d'héberger sur un serveur un nombre aussi élevé de videos. De plus, il est plus difficile de « trier »
les différents moments du film d'un procès aussi précisément que les scripts et les pièces à
conviction.
On devra donc, en général, se contenter sur internet de sources secondes, généralement les
journaux télévisés, reprenant des moments particuliers du procès, et diffusant, à l'intérieur du sujet,
une partie de ces archives video. En voici un exemple, avec un journal d'informations américain de
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1946 diffusant le verdict pour les 21 accusés du premier procès de Nuremberg.
http://www.weshow.com/us/p/13942/21_nazi_chiefs_guilty
On peut trouver ces sources secondes sur les sites des archives télévisuelles, mais en quantités
réduite. Ainsi le site des l'INA ne répertorie que 17 médias en rapport avec le procès de Nuremberg,
et 10 seulement exploitent les images d'archives, comme ce journal datant de 1947 :
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=nuremberg+proc
%E8s&num_notice=5&total_notices=11
Les autres sites d'archives video, comme la BBC, mènent au même constat: le format de la
télévision a encourager à faire de courts résumés, et par conséquent à ne s 'intéresser qu'aux
moments forts des débats, comme les chefs d'inculpation, les preuves les plus importantes, le
verdict ou encore les exécutions.
L'un des paradoxes du procès de Nuremberg apparaît donc une fois de plus ici: sans conteste le
plus médiatisé des tribunaux, il est pourtant assez peu difficile d'en obtenir un compte-rendu
exhaustif. Le chercheur trouvera donc une base de ressources plus travaillée et pratique dans les
documents écrits, qu'ils soient scannés ou retranscrits.
Pour compléter la réflexion sur l'usage des images au procès de Nuremberg ainsi que leur
impact sur le sens à donner à cette procédure, un article s'impose, disponible sur le site d'analyses et
d'études indépendant cairn.info:
http://www.cairn.info/search.php?
WhatU=nuremberg&Auteur=&doc=N_VING_072_0063.htm&ID_ARTICLE=VING_072_0063&
DEBUT=#HIA_1
Rappelons que c'est à John Ford, déjà célèbre réalisateur, que les alliés ont demandé de filmer le
procès. L'utilisation des images était donc pensée comme devant à l'avenir servir plus de buts plutôt
qu'être une simple source première pour les chercheurs.
C'est là l'un des points qui a conduit, en particulier depuis les années 1960, le procès de
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Nuremberg à fait lui-même l'objet d'accusation et de remises en cause. La spécificité du procès,
l'enjeu extraordinaire qu'il a représenté l'ont conduit à être au centre de débats, tenant le plus
souvent du négationnisme, et dont internet est aujourd'hui le relais le plus puissant, car le plus libre
de poursuites.
III/ Le débat autour du procès: quelle légitimité pour Nuremberg?
Il convient d'aborder l'analyse des débats qui ont eu lieu, et qui parfois continuent, autour de
Nuremberg, avec une analyse strictement juridique. Rares sont les sites qui proposent une analyse
poussée de la place du tribunal de Nuremberg dans l'optique du droit national et international. Il est
néanmoins possible d'obtenir une vision en profondeur des bases légales sur lesquelles reposent
l'initiative d'un procès international pénal. Il s'agit du site de la Croix-Rouge, qui milite, bien
entendu, pour la généralisation de tribunaux internationaux; il s'agit donc d'un plaidoyer, mais très
bien argumenté et agrémenté de références.
http://icrc.org/web/fre/sitefre0.nsf/html/5FZHQ3
Penser, néanmoins, que le tribunal de Nuremberg a fait l'unanimité lors de sa création, poussée
par l'émotion et l'envie de voir la page des gueres mondiales se tourner, serait une erreur. Ainsi,
même si la population des pays alliés voyait très majoritairement d'une manière très favorable
l'ouverture du procès, c'est dans le domaine juridique que des voix se sont fait entendre. Une
réfutation, datant de 1946, du procès de Nuremberg par un juge Américain nous permet d'en
comprendre les arguments, et le justifie sur le plan du droit:
http://www.theatlantic.com/unbound/flashbks/nurember/wyprec.htm
On le voit, des obstacles juridiques existent, mais cela n'écarte pas deux justifications majeures à
la création d'un tribunal de jugement des responsables nazis: cette initiative a été le premier pas
dans la création d'une justice pénale internationale, et le tribunal de Nuremberg n'a pas gagné sa
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légitimité uniquement sur des bases strictement juridiques, en visant des fins historiques et
pédagogiques.
Une analyse actuelle, commanditée par le centre d'Etudes et de Recherche Internationales,
répond aux critiques faites à Nuremberg en la remplaçant dans le contexte de la naissance de la
justice internationale: ces imperfections seraient la base nécessaire, la pierre angulaire permettant
d'avoir, aujourd'hui, une justice pénale internationale reconnue par tous:
http://www.ceri-sciencespo.com/publica/critique/article/
Il n'empêche que le procès de Nuremberg n'aura été, en aucun cas, une procédure irréprochable,
malgré l'énorme travail accompli: l'exigence de faire comparaître les criminels nazis immédiatement
, pour les raisons déjà évoquées, ainsi que la nécessité de ne pas froisser les pays alliés, l'URSS en
tête, a conduit a certaines approximations.
Si à l'époque du verdict, les points remis plus tard en cause ne pouvaient pas être éclaircis par les
chercheurs, il y a eu depuis des travaux précisant certaines erreurs commises. Ces derniers,
s'inscrivant dans une démarche historienne, ne remettent en cause ni le verdict ni les responsabilités
nazies.
La « vague » négationniste, en revanche, née en France et aux Etats-Unis dans les années 1960,
puis prenant une tournure très médiatique dans les années 1980, autour de personnages comme
Robert Faurisson, a largement exploité ces erreurs pour procéder à une généralisation de ces
approximations, pour enfin enlever toute valeur au procès de Nuremberg.
1°) La vague négationniste et le procès de Nuremberg
La rhétorique, découverte par le grand public en 1978 sous le qualificatif trompeur de
« révisionnisme , et que l'historien Henri-Iréné Marrou qualifie comme une « surexcitation de
l'esprit critique », s'est emparée de tous les thèmes de la deuxième guerre mondiale, de l'arrivée
d'Hitler jusqu'à la clôture du conflit par la voie légale, donc le procès lui-même. Le site
www.phdn.org contient, pour les francophones, la réfutation la plus claire, argumentée et organisée
de l' »argumentaire »' négationniste.
Mais la référence internationale est sans doute, plus encore que ce dernier, le site www.nizkor.org
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, qui répertorie toutes les preuves, les témoignages et les images qui mettent à bas toute tntative de
travestir. Ce site reste néanmoins moins clair que phdn, et de plus ne comporte pas tout à fait les
mêmes documents: ainsi phdn.org contient-il tout particulièrement une réfutation organisée du
négationnisme français.
Le négationnistes médiatiques sont peu nombreux, mais profitent de l'impact médiatique que
provoque une entreprise telle que la réfutation de l'existence des camps de la mort, voire de
l'ensemble des crimes nazis; internet est aussi l'occasion, pour eux comme dans l'ensemble des
mouvements extrêmistes ou sectaires, de connaître une audience inespérée.
Il ne faut ainsi qu'une rapide recherche sur les moterus de recherches les plus célèbres, google
par exemple, pour atterrir sur un site revisionniste. La liberté que permet le réseau permet
l'existence de sites au nom transparent, comme www.revisionists.com . Signalons que ces sites,
même francophones, ne sont jamais hébergés en France, du fait des lois interdisant la réfutation du
génocide juif.
Le cas de Nuremberg a donc concentré une partie importante de la vindicte des négationnistes,
dans la mesure où il vient établir, avec preuves à l'appui, une vérité qu'ils refusent. Le texte
disponible en ligne le plus clair sur cette question est issu du site personnel d'un négationniste
Allemand Ernest Zündel, www.zundelsite.org
On y trouve donc en PDF toute une diatribe contre le procès de Nuremberg, réfutant sa légitimité
et les preuves apportées :
http://zundelsite.org/english/porter/French.pdf
Ce documents contient, de manière anarchique, un ensemble de points de détails, sur des
imprécisions dans les preuves où les témoignages, qui semblent d'après lui invalider le procès. La
technique négationniste est toujours la même: en prenant un point précis qui n'a pas été éclairci de
la manière la plus rigoureuse (et on comprend ici pourquoi, étant donné le complexité et l'urgence
de la situation) puor le généraliser et invalider toute la procédure. Cette malhonnêteté intellectuelle
caractérise notamment un débat qui a constitué une grande partie de l'acharnement négationniste
envers Nuremberg: le massacre de Katyn.
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2°) Katyn, point de fixation de la nébuleuse négationniste
Lors de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne et l'URSS en 1939, les Soviétiques capturèrent
par traîtrise 15 000 officiers polonais. Par ordre de Staline, ils les assassinent alors presque tous
dans les circonstances les plus atroces (exécutions de masse, noyades, etc.). Cette réalité fut occulté
lors de la reconquête Russe de la Pologne en1943: une commission est en effet montée, pour
conclure à la responsabilité nazie dans ce crime de masse.
A Nuremberg, les alliés Russes mettront alors tout leur poids pour faire rentrer le massacre de
Katyn dans l'acte d'accusation contre les responsables nazis. Pourtant, des témoignages furent
produits, disculpant la responsabilité nazie dans cette affaire précise; et même si l'on ne mit
évidemment pas l'URSS en accusation, l'abandon des charges contre les criminels nazis en ce qui
concerne l'affaire de Katyn a été reçu comme une désignation claire du coupable de la part du
tribunal de Nuremberg.
Ces tentatives de pressions sont détaillés à cette adresse:
http://www.phdn.org/histgen/katynnuremberg.html
Pourquoi alors, si la culpabilité russe a bien été établie, et reconnue d'ailleurs par une
commission américaine en 1952, les négationnistes ont-ils faits de Katyn une preuve du mensonge
entourant la seconde guerre mondiale? C'est, d'après eux, un signe de la duplicité et de la
malhonnêteté des alliés, qui ont préféré accuser l'Allemagne d'un crime qu'elle n'avait pas commis,
plutôt que de prendre le risque de se brouiller avec l'allié communiste. Un texte, issu du site
négationniste cité plus haut, reprend cet argumentaire:
http://www.zundelsite.org/french/rhr/Katyn.pdf
La prolifération des diatribes négationnistes autour du procès de Nuremberg est logique, si l'on
retient, que même dans les milieux modérés de juristes et d'historiens la justice internationale, et
tout particulièrement la manière dont a été menée la procédure à Nuremberg, ne fait pas l'unanimité.
Un procès récente a encore vu le procès de Nuremberg accusé dans sa légitimité: Bruno
Gollnisch, à l'époque délégué général du Front National, a ainsi tenu en 2004 des propos qui lui ont
valu une citation à comparaître devant le tribunal de grande instance de Lyon, et dont voici les
conclusions:
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www.gollnisch.com/affaire/conclusions%20_st_just.doc
Les phrases qu'il a prononcé, dans le cadre de l'Université Lyon III dont il est l'un des
enseignants, reprennent une partie de la rhétorique habituelle du négationnisme, niant toute
légitimité au procès de Nuremberg. Le point de vue du site phdn sur cette affaire est très éclairant:
http://www.phdn.org/negation/gollnisch2004.html
Dans une volonté de croiser les sources et les points de vue, on se reportera aussi au site de
l'intéressé:
http://www.gollnisch.com/actualites.php
Ces attaques contre le procès de Nuremberg omettent délibérément le fait que ce procès fut une
manière de servir les intérêts de la paix, en dénonçant les fauteurs de guerre. En passant sous silence
la pédagogie associée au procès, aussi bien qu'en méprisant le sérieux et la rigueur dont il a été alors
fait preuves, les négationnistes tentent de donner au procès de Nuremberg l'impact contraire à celui
recherché. Il s'agit en effet, par le rétablissement du droit, de clôre un chapitre sombre de l'histoire,
mais aussi de préparer un travail mémoriel long, difficile, mais se terminant par des blessures
totalement refermées des deux côtés.
Signalons pour finir une initiative qui semble aller dans ce sens: la création, en 2007, d'un
manuel d'Histoire franco-allemande. L'une des originalités de ce livre est en effet de revenir sur les
épisodes opposant le plus fermement les deux côtés du Rhin: le procès de Nuremberg est l'un des
thèmes abordés. Il est présenté par le site de l'Elysée:
http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/actualites/deplacements_a_l_etranger/2006/mars/fi
ches/conseil_franco-allemand/manuel_d_histoire_franco-allemand.43946.html
Le procès de Nuremberg avait vocation, dès son installation, à devenir un symbole de la capacité
des peuples à terminer une guerre.
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Conclusion
Les ressources relatives au procès de Nuremberg disponibles sur internet le sont donc souvent à
plus d'un titre: même si la plupart des documents originaux sont disponibles grâce aux unités de
recherche historique de grandes facultés, il et rare qu'elles ne soient pas assorties d'un travail
pédagogique. Le tribunal instauré à Nuremberg est unique, parce qu'il n'a pas vocation à n'intéresser
que les coupables et les victimes, mais au contraire à être le plus visible possible aux yeux du
monde. C'est sur ce postulat que se fonde la justice internationale, même si les autres tribunaux
internationaux n'ont pas eu une couverture médiatique d'une ampleur aussi élevée.
Les débats provoqués par l'existence de ce tribunal montrent d'abord que le concept de justice
internationale ne fait pas encore l'unanimité, mais aussi que le monde n'a pas fini de s'inspirer de cet
exemple, et de ses éventuelles erreurs, pour régler les conflits futurs. Internet, en tant que lieu
d'amplification des débats et des tensions, joue ici le rôle multiplicateur, avec un effet pervers bien
connu: en donnant à chacun l'occasion d'être entendu, le risque est de donner à toutes les opinions la
même valeur. Ce relativisme, qui poussé à son extrême peu conduire, comme nous l'avons vu, au
négationnisme, est précisément l'un des fléaux contre lesquels a été instauré un procès comme celui
de Nuremberg, destiné à monter pour toujours que les valeurs humaines doivent être placées audessus des autres.
Mais ce danger, celui de la dévalorisation des buts et des conclusions du procès, est aussi l'un des
traits qui permet au procès d'être si accessible sur internet: en restant l'objet de débats, il conduit les
partisans de la vérité historique, ou de la rigueur juridique, à le mettre au premier plan de leurs
études. Le travail accompli par les universités et les fondations dans ce domaine est extraordinaire,
tant le procès fut long et complexe.
La seule chose que l'on puisse alors regretter et le manque de mise en réseau de ces bases de
données: en s'appuyant sur les mêmes données, elles risquent d'être redondantes, alors que la
quantité de documents fait qu'un partage du travail est tout à fait possible sans altérer la qualité de
l'oeuvre accomplie.
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