MILLAU (AVEYRON) Lavoir de l`Ayrolle Note complémentaire

Transcription

MILLAU (AVEYRON) Lavoir de l`Ayrolle Note complémentaire
MILLAU (AVEYRON)
Lavoir de l’Ayrolle
Note complémentaire
___________________________________________
1. Historique
La construction du lavoir débute
en avril 1749, après l’arrêt du conseil
du Roi daté de février de la même
année. Il fut construit sur un terrain
appartenant
aux
Carmes
qui
le
1
vendirent à la ville en 1747 . Cet
arrêt faisait suite à divers échanges
de courriers, devis et plans entre
Monsieur de Courtielle, l’Intendant
des
finances
Lescalopier,
du
roi,
l’Intendant
Monsieur
de
la
Généralité d’Auch, le maire, M. Sarret et les consuls de Millau2.
Les consuls et le maire de la ville se virent en effet confier en octobre 1748, suite à la
proposition de l’intendant Lescalopier, la réalisation d’un lavoir destiné à embellir la ville
et à lui procurer toutes les commodités3. A ces fins, « le sieur Raimond, Ingénieur
ordinaire du Roi, fit un devis des ouvrages à faire pour la construction du lavoir ».
L’intendant jugea que les fortifications et notamment les avancements des portes et les
tours des remparts devaient être détruits et leurs matériaux employés à la construction
du lavoir4 et à d’autres constructions « jugées nécessaires pour la décoration de la
ville »5. L’arrêt du Conseil d’Etat de février 1749 stipulait en outre que les portes et les
tours étaient inutiles à la ville et nuisibles à ses abords et à son entrée6.
1
A. M. Millau, cc 232 (1747).
A. D. Lot, c 202 (1749).
3
A. M. Millau, BB 18, f° 1, Délibération communale du 27 octobre 1748.
4
« abattre les avancements des portes de la ville et les tours qui sont aux remparts et de
prendre ces matériaux pour la construction dudit lavoir à mesure qu’ils fairont besoin »,
A. M. Millau, BB 18, f° 1 (1748).
5
A. M. Millau, BB 18, f° 16 (1749). Il s’agit probablement de la réparation de l’hôtel de
ville (alors hôtel de Tauriac) et des fontaines de la ville, A. M. Millau, BB 18, f° 240 (14
août 1755).
6
A. D. Lot, c 202 (1749).
2
1
En juin 1753, des corvées sont employées « pour le charroy de la pierre de la carrière
de Graulés à employer au lavoir »7.
En juin 1754, le lavoir est encore en construction et il semble que les pierres tirées du
pays engendrent des difficultés qui ralentissent les travaux8.
Au mois d’août suivant, la démolition des avant-portes ne semble pas avoir été
effectuée9 et la ville rencontre des problèmes financiers10. Cependant, l’ouvrage a
suffisamment avancé et la ville décide de charger le sieur Viguier de la « fourniture de la
tuile nécessaire pour la couverture dudit lavoir » et de mettre tout en œuvre afin de
payer les travaux effectués11.
En 1773, la toiture menace ruine et la commune décide l’abattre12. Elle n’a pas été
reconstruite depuis et seule une partie du bassin est aujourd’hui couverte, depuis les
années 1950.
En 1793, les inscriptions qui figuraient sur le fronton sont martelées13.
Le lavoir est classé monument historique par arrêté du 03 mars 1931, en même temps
que la tour du beffroi.
2. Description
De
forme
oblongue,
le
lavoir,
d’ordonnance classique, est ouvert sur le
boulevard par trois portiques en plein
cintre surmontés de balustrades et d'un
fronton aux armes de la ville. Les côtés et
l'arrière,
de
reproduisent
sans
forme
cette
fronton.
Des
semi-circulaire,
même
composition,
pilastres
séparent
chacune des arcades. Sur le boulevard, les
trois portiques voient leurs arcs ornés, de guirlandes feuillagées pour le central, de clefs
pendantes pour les latéraux ; ils retombent sur des chapiteaux toscans. Un entablement
7
A. M. Millau, cc 232 (juin1753).
« ...plus a été proposé qu’attendu les difficultés qui se levaient journellement par rapport à la qualité
grandeur de ce pays sur les pierres du lavoir... », A. M. Millau, BB 18, f° 233 (8 juin 1754).
9
« ...sans compter les démolitions des avant-portes qui restent à faire... », A. M. Millau, BB 18, f° 240
(14 août 1755).
10
« ...et augmentations portées par le devis pour payement desquels articles il n’a été
imposé que la somme de quatre mil livres savoir deux mil livres l’année 1745, mil livres
en 1746 et autres mil livres en 1747 en sorte qu’il manque la somme de deux mil livres
pour faire fonds au payement desdites dépendes... », A. M. Millau, BB 18, f° 240 (14
août 1755).
11
A. M. Millau, BB 18, f° 240 (14 août 1755).
12
ARTIERES J., Millau à travers les siècles, 1943, p. 221.
13
ARTIERES J., Millau à travers les siècles, 1943, p. 221.
8
2
couronne l'ensemble. Une inscription à la gloire du roi y figurait sur l’entablement, face
au boulevard, jusqu'à sa destruction (au moment des troubles révolutionnaires).
À l'intérieur, le bassin, peu profond en forme de U est adossé aux portiques.
L’ensemble du lavoir est bâti en pierres de taille de grandes dimensions, de grès.
Il était alimenté en eau par le canal de Vézoubies, qui provenait du nord de la ville,
descendait une partie du haut de la rue du Barry (moulins) desservait le bassin du jardin
du château de Sambucy (construit vers 1679) et aboutissait avant 1748, à un lavoir,
celui dit de la tour des canals14, en bordure du rempart.
3. Les matériaux
Il est probable que les pierres provenant de la démolition des fortifications dont il est
fait mention dans l’ensemble des documents d’archive ne furent employées, si elles le
furent, que pour le fourrage. Les pierres de taille de grès qui composent le lavoir ne
semblent pas avoir été employées avant les 17-18e siècles, et il est peu vraisemblable
que de telles pierres aient constitué les remparts du Moyen Age. La délibération
communale du 2 février 1749 précise par ailleurs que si les matériaux issus de ces
démolitions devaient permettre la réalisation du lavoir ou d’autres constructions, ils
devaient également pouvoir fournir les frais nécessaires au déplacement, aux frais et au
paiement des honoraires de maître Castanède représentant de la communauté de Millau
à Paris, chargé de suivre l’expédition de l’arrêt confirmant les travaux et embellissements
à effectuer15. Ils étaient donc destinés à être vendus.
Le grès, à la charge de la ville, était extrait par l’entrepreneur des ouvrages du roi, le
sieur Fabre qui était également conducteur des ponts et chaussées16. D’après un texte de
1753, la pierre provenait de la carrière « de Graulès »17 dont on ignore à l’heure actuelle
la localisation. Peut-être est-ce une carrière située dans les environs de Soulobres, audessus de Millau ?
Françoise Galés,
Chargée de mission pour l’inventaire
Août 2007
14
D’après Jules Artières (Millau à travers les siècles, p. 208), les magistrats de Millau
décidèrent de la construction de ce lavoir, ainsi que d’un autre, sous la porte de Jumel,
en 1674.
15
A. M. Millau, BB 18, f° 16 (1749).
16
A. M. Millau, BB 18, f° 240 (14 août 1754).
17
A. M. Millau, cc 232 (juin1753).
3