green-invest, une societe de tiers investissement ethique et

FORMULES ALTERNATIVES D’INVESTISSEMENTS
© MICHEL OGIER, SAFIR 2005
GREEN-INVEST, UNE SOCIETE
DE TIERS INVESTISSEMENT ETHIQUE
ET ECOLOGIQUE
Pas facile de changer les mentalités… Production d’huile de Colza
Interview d’Emmanuel Berryer, co-fondateur de la société de
tiers investissement Green-Invest.
p Qui est Green-Invest ?
Emmanuel Berryer : Green-Invest existe depuis mai 2006 ; Elle
a été créée à l’initiative de 2 personnes, un ingénieur civil, Jehan
Delacroix et un économiste (moi-même) qui ont rencontré deux
autres investisseurs extérieurs motivés par les mêmes thèmes :
Sherpa Invest et Laurent Minguet.
Au départ, notre volonté était de faire du tiers investissement en
biomasse. On s’est rendu compte que pour les pouvoirs public et
dans une moindre mesure les particuliers, le fait de changer le mode
de production de l’énergie est quelque chose qui demande une
flexibilité d’esprit assez important. Il y a une grande inertie dans les
comportements et il faudrait vraiment une révolution, une explosion
ou une grande guerre pour abandonner le bon vieux gaz et passer
à quelque chose que l’on ne connaît pas, pour lequel il y a des incertitudes sur l’approvisionnement, etc. Et cela, en dépit du fait que
les solutions proposées sont garanties à tous les niveaux.
Ce manque de maturité du marché nous a poussé à élargir notre
champ d’action tant au niveau de la demande d’énergie (isolation)
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que de la production (photovoltaïque) pour le privé. C’est d’ailleurs
avec des privés que nous avons signé nos premiers investissements. Récemment, nous avons installé une chaufferie à pellets
de bois complétée par des capteurs solaires thermiques dans un
home de 120 lits pour personnes âgées. Il se fait que c’est à l’occasion de la construction d’une extension à ce home que nous
avons pu intervenir à ce moment clé pour minimiser les investissements nécessaires : le fait qu’il y ait une nouvelle construction
a permis de penser dès le départ aux aspects toitures pour les
panneaux solaires, silo pour le stockage du combustible, etc.
p Avez-vous un seuil minimum d’investissement ?
EB : 100 000 €. On peut toutefois monter plus haut comme
c’est le cas pour le projet éolien participatif de Vaux-sur-Sûre.
p Qu’est ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’éolien avec
Vent d’Houyet ?
EB : Le projet éolien de Vaux-sur-Sûre n’est plus tout à fait du tiers
investissement. Par contre, c’est bien le côté éthique, participatif
qui nous a poussé à nous y lancer.
Nous avons eu l’occasion de rencontrer Vent d’Houyet qui est
aussi actif dans la biomasse et dans le solaire dans la région. Nous
FORMULES ALTERNATIVES D’INVESTISSEMENTS
avons été positivement surpris par le succès de leurs éoliennes
coopératives et nous trouvions que le fond était très intéressant.
C’est pourquoi nous leur avons proposé de monter un projet
éolien dans la province du Luxembourg où nous sommes à 50/50
en tant que développeur du projet et où la coopérative Emission
Zéro animée par Vent d’Houyet se retrouvera comme actionnaire et gestionnaire partiel du parc de 6 éoliennes.
p Pourquoi un projet éolien participatif ?
EB : Je dirais cette phrase qu’on utilise : partage du paysage,
partage des richesses. Je me vois mal arriver dans un endroit
comme un étranger et puis installer quelque chose qui change le
paysage. On s’accapare une partie d’un paysage et d’une
ressource naturelle. Je trouve donc assez logique et sain que la
population locale soit partenaire du projet. Très prosaïquement
aussi, cela permet d’être plus facilement adopté par la population, tout en rendant les choses beaucoup plus agréables.
p Est-ce que Green-Invest dispose d’indicateurs de performance environnementaux tels que le CO2 épargné par
euro investi ?
EB : Non. Par contre, nous sélectionnons les filières les plus
rentables en terme de CO 2 récupéré et nous ne nous lançons pas
dans les filières sur-subsidiées. Je fais allusion au photovoltaïque
qui coûte 5 certificats verts au contribuable et qui permet d’économiser moins de CO 2 que l’éolien.
p Green-invest : Financière puis éthique ou éthique puis
financière ?
EB : Ah ! (Pause de quelques secondes). Je crois d’abord éthique,
ensuite financière…. Ethique, car le domaine nous intéresse.
C’est parce qu’il nous intéresse depuis un bout de temps et que
notre réflexion sur le sujet a bien mûri que nous avons décidé de
nous y lancer. Et puis, je dirais en deuxième lieu financière
(mais pas trop tard après) sinon notre société ne serait pas
viable très longtemps.
p Est-ce que vous pensez continuer le tiers investissement
dans l’ensemble des filières ER ?
EB : Oui. Je pense que cette année passée dans la biomasse et
la cogénération nous a amené beaucoup de contacts et une
certaine expertise technique que nous allons encore valoriser. Sur
le long terme, je crois qu’il y aura de la demande concernant les
acteurs dans ces domaines car peu de choses se font et l’urgence
est là.
Il faudra sans doute aussi une augmentation du prix des combustibles et un réveil de nos responsables politiques ! u
PROPOS RECUEILLIS PAR JADE CHAROUK
QU’EST-CE QUE LE TIERS INVESTISSEMENT?
Le principe du tiers investissement est d’investir pour compte
de tiers. Cela permet à quelqu’un qui n’a pas ou peu d’accès
à la trésorerie de bénéficier des nouvelles technologies ER
(Energies Renouvelables) sans devoir débourser un euro. Par
ailleurs, le tiers investisseur prend en charge tous les aspects
liés à la définition du projet, aux études techniques, à la
gestion et la maintenance du système mis en place. Il se
rémunère sur les économies d’énergie réalisées par l’investissement. Sa marge sera d’autant plus grande que la différence entre le prix de l’énergie conventionnelle et le prix de
l’énergie renouvelable est grande. Le tiers investisseur parie
ainsi sur une forte évolution du prix des combustibles fossiles
dans les prochaines années.
© APERe
Associer la population locale à l’appropriation du paysage par l’éolien … Wind days, juin 2007
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