Comment bien détenir les chevaux?
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Comment bien détenir les chevaux?
Spécial Revue UFA Comment bien détenir les chevaux? Iris Bachmann, Haras national, 1580 Avenches Des études scientifiques ont rendu visibles certains problèmes dans la détention des chevaux. Même si durant les dix dernières années des améliorations ont été réalisées, les chevaux sont souvent détenus de manière traditionnelle (en box individuel ou à l'attache), malgré une utilisation très différente et plus restreinte. Une espérance de vie plus courte, de fréquentes infirmités chroniques, des blessures incurables ainsi que l'apparition de troubles du comportement ont permis de d’en conclure que la détention des chevaux ne concordait souvent pas avec leurs besoins exigeants. Optimiser la détention en box selon les besoins de l'espèce Une détention en box optimale ainsi qu'une détention en groupe bien conduite satisfont les exigences de l'espèce (cf. encadré). C'est au détenteur de décider de la forme de détention du cheval. En tant que responsable des soins, il joue un rôle décisif pour le bien-être de l'animal. Il est important que lui-même soit convaincu du système de détention choisi. Un box devrait au moins présenter les dimensions minimales recommandées et disposer idéalement d'un accès permanent à une courette. Ainsi le cheval aura la possibilité de choisir de se tenir à l'intérieur ou à l'extérieur. Le contact avec son environnement est important. Lorsqu'un paddock n'est pas disponible, le box devrait avoir au moins une ouverture donnant sur l'extérieur et il faudrait permettre au cheval de se déplacer librement et quotidiennement durant plusieurs heures sur un parc ou une place praticable en tout temps. Des fenêtres ou des portes ouvertes en permanence sont des conditions essentielles pour un climat d'étable sain et une luminosité suffisante. Un cheval doit avoir un contact social avec des congénères. Avec une détention en box, les contacts corporels sont possibles pour autant que les parois de séparation ne soient pas fermées jusqu'en haut. Ainsi, sur la moitié de la longueur, la paroi ne devrait pas dépasser la hauteur de la poitrine et ne pas être grillagée, alors que l’autre moitié devrait être fermée jusqu’en haut, ce qui permet au cheval de se tenir à l’écart de son voisin. Avec des boxes disposant de courettes, il est possible d'installer entre les chevaux une barrière permettant un contact corporel sur la courette alors que On parle de détention conforme à l'espèce lorsque les fonctions corporelles et le comportement des animaux ne sont pas dérangés et lorsque leur capacité d'adaptation n'est pas dépassée. La révision de l'ordonnance sur la protection des animaux, qui est encore en consultation jusqu'en novembre, devrait concrétiser ces principes textuellement. le box intérieur permet à chaque cheval de se retirer à l'écart de ses congénères. Il faut veiller à ne pas loger côte à côte des chevaux d'humeur incompatible. Aussi bien le cheval de rang élevé que celui de rang plus faible pourraient sinon souffrir d'un stress social chronique. Des objets de divertissement et des possibilités d'occupation sont offerts sous diverses formes sur le marché. Tout ce qui peut être grignoté est intréressant, comme des branches fraîches et non toxiques. La détention en groupe requiert des connaissances professionnelles La détention en groupe satisfait au mieux les exigences naturelles et les besoins de l'es- Illustration 1: Détention en groupe de chevaux de sport au haras national d'Avenches 4 Élevage chevalin 10/06 Élevage chevalin Illustration 2: Une détention en box conforme au besoin du cheval . (Photos I. Bachmann) pèce. Bien planifiée et bien suivie, elle est possible pour toute les races et tous les types d'utilisation. Elle est le mieux adaptée pour les groupes de chevaux dont la composition demeure stable sur une longue période. La détention en groupe suppose nettement plus de connaissances professionnelles et de temps pour l'observation des animaux. Une détention en groupe mal gérée peut conduire à des problèmes considérables: stress social chronique, manque de repos, couverture insuffisante des besoins alimentaires par jalousie et dégâts sérieux en raison de blessures. Dans de tels cas, on ne peut plus parler d'une détention respectueuse de l'espèce. L'idéal: une détention en groupe dans une étable à aires multiples Il existe diverses formes de détention en groupe chez les chevaux. Une stabulation à aires multiples se compose d'une aire intérieure de repos, d'une aire extérieure et d'une aire d'affouragement. Pour que ce système fonctionne, il faut suffisamment d'espace et surtout une subdivision claire des différentes aires. Il faut que les chevaux de rang inférieur aient en tout temps la possibilité de se détendre, d'éviter les conflits avec les animaux de rang supérieur et d'accéder à toutes les aires de la stabulation (deux accès menant à l'aire de repos, éviter les culs-de-sac et les passages étroits). Les parois séparant les différentes aires de la stabulation devront être suffisamment hautes pour que les chevaux ne puissent se voir de part et d'autre. Pour la plupart des groupes, il est nécessaire de disposer d'un affouragement Élevage chevalin 10/06 individuel, que ce soit par l'attache des animaux, des cornadis ou une distribution assistée par ordinateur. D'une part, parce que les animaux ont des besoins en fourrage différents et d'autre part, parce que les animaux de rang supérieur ne laissent quasiment pas les autres manger tranquillement. Dans toute détention en groupe, il doit y avoir la possibilité de séparer les chevaux malades ou ceux qui sont à intégrer au groupe. Un box de secours ou une infirmerie devrait donc être disponible ou facile à installer en cas de besoin. Le froid ne pose pas de problème pour les chevaux détenus dans une stabulation à aires multiples. Des courants d'air peuvent apparaître dans des étables chaudes, mais pas dans les étables ouvertes soumise au climat extérieur. Les chevaux détenus dans des étables ouvertes développent un pelage d'hiver très épais, qui est immédiatement trempé de sueur lors d'exercices intensifs et qui ne sèche que lentement. Il est possible de pallier ce problème en tondant et en couvrant le cheval. Attention à l’intégration au sein du groupe Un groupe de chevaux ne se définit pas simplement comme la cohabitation sur une surface restreinte de plusieurs chevaux qui ne se connaissent pas. Un groupe existe effectivement en tant que tel lorsque les chevaux ont le temps d'apprendre à se connaître, d'établir une hiérarchie au sein du groupe et de vivre ensemble durant une certaine période. Intégrer prudemment un nouveau cheval dans un groupe est très exigeant. Il faut d'abord détenir le cheval seul, mais lui donner la possibilité d'avoir des contacts avec le groupe. Ensuite il sera laissé en pré- sence d'un membre sûr du groupe existant, jusqu'au moment où il pourra intégrer tout le groupe. Le nouveau cheval doit préalablement avoir la possibilité de découvrir la nouvelle installation sans la présence des autres chevaux. Selon le cheval et le groupe, l’intégration peut durer entre plusieurs jours et quelques mois. Avec une détention en groupe, on ne peut et on ne doit pas exiger qu'il soit renoncé au ferrage des chevaux, même si les conséquences d'un coup de sabot ferré sont naturellement plus graves. Dans un groupe bien établi, le risque de blessures suite à un coup est faible. Il en est autrement pour l'intégration d'un cheval étranger dans un groupe établi. Chaque détenteur doit alors lui-même déterminer s'il faut, au moins pour un temps, retirer les fers arrières des ■ chevaux. Conditions pour une détention conforme à l'espèce: • Contact visuel avec les congénères ou mieux, contact corporel et possibilité de retrait. • Le plus de mouvement possible, dont la majorité sans contrainte et en plein air (courette ou pâture). • L'air de l'étable doit avoir la même qualité que l'air extérieur, en ce qui concerne la température, l'humidité, la concentration en gaz nocifs et en poussière. • Lumière naturelle: près des animaux, l'intensité lumineuse doit représenter au minimum 15 Lux durant toute la journée • Une litière propre et sèche qui réponde aux exigences minimales concernant la surface, les besoins en chaleur et en sécurité lors du déplacement des animaux. • Possibilité de participer aux activités de l'entourage et d’occupation. • Une alimentation répondant aux besoins physiologiques et éthologiques des animaux: des repas fréquents, en petite quantité, riches un fourrage grossier bien structuré et de l'eau fraîche. Pour de plus amples informations: http://www.bvet.admin.ch/tierschutz/00230/index.html?lang=fr 5