l`entrevue avec Monique Rothan-Tondeur, présidente du

Transcription

l`entrevue avec Monique Rothan-Tondeur, présidente du
http://www.espaceinfirmier.com/
Actualités
30/11/2009
Monique Rothan-Tondeur : le PHRI, un programme pour
« se confronter à de vraies valeurs de recherche »
La présidente du comité de sélection du tout nouveau Programme
hospitalier de recherche infirmière encourage les IDE à tenter
l’expérience.
Lancé en septembre dernier sous l’égide du ministère de la Santé, le PHRI
s’adresse à toutes les infirmières hospitalières souhaitant lancer un projet
de recherche. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 5 janvier. Le point
avec Monique Rothan-Tondeur, présidente du comité de sélection (1).
Quels sont les thèmes couverts par ce nouveau programme ?
La qualité et la sécurité des soins, la maladie d’Alzheimer, la maltraitance, le maintien de
l’autonomie, les soins palliatifs et l’information du patient sont les six principaux champs
couverts. Ils sont détaillés dans la circulaire du 28 septembre dernier. Ce qu’il faut retenir,
c’est que nous avons voulu couvrir un large périmètre. C’est la première fois, et pour la
première année, qu’un tel programme est lancé. Il est hors de question que l’on puisse nous
dire, après la sélection : « J’avais une idée, mais je ne peux pas la réaliser car cela ne rentre
pas dans le programme. »
Pour cette raison, une sorte de « thème blanc » a été prévu, de façon à ce que toutes sortes
de projets de recherche puissent être examinés. Ils pourront concerner le management, ou
encore la formation. Par exemple, l’arrivée du nouveau référentiel de formation en Ifsi
depuis la rentrée d’automne pourrait être l’occasion, pour une formatrice, d’étudier la mise
en place de nouveaux types de pédagogie.
Certains thèmes, comme la qualité et la sécurité des soins, sont très vastes. Et
heureusement, car l’infirmière n’est pas qu’une « piqueuse » ! Dans cette notion de soins,
on inclut par exemple tout ce qui a trait à la prévention.
Enfin, les projets ne sont pas tenus de se cantonner à ce qui se passe à l’hôpital. Si j’exerce à
l’hôpital et que je travaille avec des infirmières libérales, je peux très bien aborder à la fois le
chemin clinique du patient et son suivi.
Qui peut présenter sa candidature ?
L’investigateur principal doit absolument être une infirmière travaillant à l’hôpital. Le
diplôme d’État suffit : le but n’est pas que ce programme soit réservé aux supérieurs
hiérarchiques ! En pratique, comme la plupart du temps dans la recherche, les infirmières
travailleront plutôt en équipe, le nombre d’investigateurs pouvant être très variable. Quant
à la durée des travaux, si elle est limitée à trois ans, elle pourra être bien plus courte.
Pouvez-vous décrire la démarche à entreprendre pour lancer un projet ?
Prenons une infirmière, titulaire du DE et exerçant à l’hôpital, qui a une problématique en
tête. Elle va faire une revue de littérature des champs à explorer. Elle va obtenir l’accord de
sa hiérarchie, jusqu’au directeur de l’hôpital. Si le projet est retenu, le financement sera
attribué à l’établissement.
Il importe surtout qu’elle se fasse aider pour la méthodologie, bien avant le dépôt de sa
candidature. Nous sommes début décembre et la date limite est fixée au 5 janvier, donc il
vaut mieux, aujourd’hui, qu’elle l’ait déjà fait… Pour cela, elle peut s’adresser, au sein des
hôpitaux, aux unités de recherche clinique (URC) et à la direction de la recherche clinique.
Pour développer un projet de recherche, il faut toujours un investigateur principal et un ou
plusieurs investigateurs associés. Les investigateurs secondaires ne sont pas forcément des
infirmières. Certains peuvent être épidémiologistes, sociologues, médecins… il faut que
l’infirmière qui mène la recherche sache s’accompagner des meilleurs !
D’autres programmes de recherche existent déjà à l’hôpital. Celui-ci sera-t-il plus
accessible aux infirmières ?
Le Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) [mis en œuvre annuellement dans les
établissements publics de santé depuis 1993, ndlr] n’est pas tout à fait fermé aux infirmières,
mais jusqu’ici, rares étaient celles qui voyaient leur projet retenu. J’ai entendu dire certains
que « ce sera plus facile » avec le PHRI. Je ne sais pas encore combien de projets ont déjà été
déposés (ils sont adressés au ministère de la Santé (2)), et encore moins combien on en
recevra. Mais je sais que même s’il n’y en a que dix et que les dix sont mauvais, ça ne
passera pas ! Le comité de sélection comprend une trentaine d’experts, dont la plupart sont
des « pointures » à l’échelle nationale et internationale dans leur domaine.
Cela dit, une infirmière qui se demande cette année si elle va se lancer doit se dire : « C’est
possible ». Je le répète, il est important qu’elle aille voir des méthodologistes qui l’aiguillent.
Dans le pire des cas, ils pourront lui dire « Tu es mal partie cette année, mais d’ici l’an
prochain on va t’aider à consolider ton projet ». Déposer sa candidature, c’est l’occasion de
se confronter à de vraies valeurs de recherche, et de savoir si l’on est prêt ou pas prêt. Je
souhaite dans tous les cas bonne chance à tout le monde, car je sais que préparer la
présentation d’un tel projet demande beaucoup d’investissement.
Propos recueillis par Nicolas Cochard
1- Infirmière de formation, Monique Rothan-Tondeur est titulaire de la chaire de recherche
infirmière de l’AP-HP et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes.
Directrice du département de Sciences infirmières et paramédicales de l’EHESP, elle est
également fondatrice et membre de l'Observatoire du risque infectieux en gériatrie (Orig,
UMR S 707 de l’Inserm).
2- Informations pratiques du ministère de la Santé.
http://www.wkf.fr