Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe - Alors qu`est

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Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe - Alors qu`est
Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich
Voici un article sur les travaux de Paula Tallal et de Michael Merzenich
aux étasunis, qui confirme les travaux sur la dyslexie et la discrimination
auditive donc l’écoute, menés dans les années 50-60 par un médecin
ORL le docteur Tomatis et publié en 1971 dans un ouvrage intitulé "Education et Dyslexie"1 aux éditions ESF Paris dans la collection "Sciences de
l'éducation". Voir extrait en annexe.
Article publié dans le S&V n° 950 de Novembre 1996 par Philippe CHAMBON sous le titre :
Dyslexie : l'ordre rétabli
De 8 à 10 % des enfants souffrent de dyslexie. Et le traitement de ce trouble est très laborieux. Grâce à une méthode radicalement neuve, deux
chercheurs américains viennent d'obtenir des résultats spectaculaires.
Les premiers pas dans l'apprentissage de la lecture et de
l'écriture sont toujours hésitants, mais, chez certains
enfants. ces tâtonnements sont parfois inquiétants. Au
cours préparatoire, des signes de dyslexie peuvent apparaître dès la fin du premier trimestre. La confirmation
ne viendra que plus tard dans l’année, mais. en cas
d'alerte, il faut se montrer vigilant, car ce trouble peut
compromettre toute la scolarité. Or il n'est pas rare : la
dyslexie frappe de 8 à 10 % de nos enfants. Le succès
de la "rééducation" dépend de la précocité du diagnostic
et de la compétence de l'orthophoniste, mais elle est
souvent longue de deux à cinq ans. C'est pourquoi une
équipe de chercheurs américains propose une approche
radicalement nouvelle, qui permettrait de gagner un
temps précieux, du moins chez certains enfants. L'enfant dyslexique peut être atteint à des degrés divers, de
la simple difficulté à lire de façon courante et expressive, jusqu'à l'incompréhension totale du texte, car l'enfant fait des confusions entre les lettres dont les graphismes sont proches (q-g) ou les sonorités (f-v, dans
"fa"-"va" ou "fe"-"ve" ... ). Il commettra les mêmes erreurs en orthographe. Pourtant, les dyslexiques ne manifestent aucun trouble mental, aucun déficit sensoriel
et leur QI est normal. Cependant, plusieurs spécialistes
ont remarqué que nombre de ces enfants avaient aussi
un léger retard dans l'élaboration du langage, des difficultés d'orientation spatiotemporelle et des dérèglements de la perception visuelle qui perturbent la corrélation entre vision et audition nécessaire à la lecture et à
l'écriture. Ce sont ces derniers troubles qui ont retenu
l'attention de Paula Tallal, du Center for Molecular and
Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de
Michael Merzenich, du Coleman Laboratory de San
Francisco (Californie).
Paula Tallal, psychologue expérimentale, travaille sur la
perception du langage depuis une vingtaine d'années.
Elle se consacre à l'étude d'enfants à l'intelligence normale dont les résultats aux tests de langage oral sont
très mauvais.
A l'aide d'exercices qui demandent aux enfants de discriminer différents sons, elle constate qu'ils éprouvent
une. plus ou moins grande difficulté à distinguer des
syllabes proches, telles que "ba" et "da", dont la pro-
Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe
nonciation de la consonne ne dure que
quelques dixièmes de
seconde. Est-ce la
cause de leur dyslexie?
Paula Tallal en est persuadée : elle suppose
que le cerveau de ces
enfants est incapable
de traiter les informations qui se succèdent
au rythme de quelques
fractions de secondes.
Lacune qui retentit
essentiellement sur le
langage.
Paula Tallal a d'abord
pensé que le dommage
était irréversible.
C'était sans compter
avec les travaux de
Michael Merzenich.
RÉÉDUQUÉE PAR LES JEUX
VIDÉO
A Newark, dans le New Jersey,
la psycholinguiste Paula Tallal
montre à une enfant victime de
troubles de l'acquisition du
Langage le fonctionnement
d'un outil expérimentai de rééducation. Sous forme de Jeu
vidéo, il permet à l'enfant d'
améliorer ses capacités à distinguer certains sons.
DES PROGRÈS APRÈS 4 SEMAINES DE
THÉRAPIE
Grâce à des expériences menées sur des singes, ce neurologue montre qu'il est possible d’améliorer la capacité
du cerveau à discriminer les stimuli rapides. Ce phénomène s'explique par la plasticité du cerveau, son aptitude à se transformer physiquement en fonction de l'expérience du·sujet. Ce qui est vrai pour le singe, se dit
Michael Merzenich, devrait l'être aussi pour "l'homme ;
donc pour les enfants auxquels s'intéresse Paula Tallal.
En 1993, les deux chercheurs décident d'unir les efforts
de leurs équipes. Chez Tallal, on met au point une série
de jeux du type "Jacques a dit", qui intiment aux enfants d'exécuter des commandes parlées.
Les ingénieurs de chez Merzenich les modifient en allongeant de 50 % l'énonciation des syllabes et en amplifiant légèrement le niveau sonore des consonnes. Ainsi,
elles deviennent audibles pour les enfants déficients.
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Vingt d'entre eux sont répartis en deux groupes: le
groupe expérimental utilise les jeux modifiés, le groupe
de contrôle joue avec les originaux. Simultanément, le
groupe expérimental découvre des jeux vidéo bien plus
élaborés, dans lesquels l'enfant marque des points
quand il réussit à discriminer les différents phonèmes
( 1). Plus il progresse, plus la difficulté augmente, c'està-dire moins les paroles sont "étirées". Le groupe de
contrôle, lui, ne dispose que de jeux vidéo destinés à
développer la mémoire et la coordination œil-main,
mais qui n'ont pas d'influence sur la perception auditive.
C'est un peu l'équivalent du placebo des tests d'efficacité des médicaments, La comparaison des performances
des deux groupes permet de mesurer les bénéfices de
l'entraînement mis au point par les équipes américaines.
Il dure quatre semaines et comprend une trentaine de
sessions de vingt minutes. Les deux groupes font des
progrès, mais, dans le groupe expérimentai, certains
enfants rattrapent jusqu'à deux ans de retard dans la
maîtrise du langage. Et cette amélioration perdure lors
des tests pratiqués six semaines après l'expérience. Pour
autant, celle-ci ne portait pas sur la dyslexie proprement
dite.
Forts de leur succès, Tallal et Merzenich lancent ensuite
une expérimentation clinique à grande échelle, sur 500
enfants. L'entraînement dure jusqu'à ce que l'enfant
parvienne à un niveau normal, tant sur le plan de la discrimination des phonèmes que sur le plan de la compréhension du langage. Les résultats seront publiés à la
fin de ce mois, mais Michael Merzenich nous assure
déjà qu'ils sont "exceptionnels". «Cette fois, nous avons
cherché à évaluer l'efficacité de notre méthode sur des
dyslexiques et des enfants atteints de déficit d'attention.»
Tallal et Merzenich envisagent de mettre au point une
méthode de grande diffusion en Amérique du Nord, dès
1997, et, plus tard, dans d'autres aires linguistiques. Des
versions adaptées aux langues européennes, en cours de
développement, entreront en phase d'essai d'ici à l'année
prochaine. La méthode est d'ores et déjà présentée au
public sur Internet (http://www-Id.ucsf.edu/) 2.
Le marché potentiel est énorme : Paula Tallal estime
que « 80 % des dyslexiques sont victimes de ce trouble
de la perception des phonèmes rapides ».
La déficience serait liée à une anomalie située dans
l'hémisphère cérébral gauche, chargé de la majeure partie du traitement du langage. Plus précisément, chez ces
enfants, la zone du cerveau connue sous le nom de
corps genouillé médian présenterait des cellules plus
petites et plus rares que la normale.
QUAND POSER LE DIAGNOSTIQUE
Habituellement, on ne peut pas parler de dyslexie avant
que l'enfant commence à lire et à écrire. Le cours préparatoire (CP) est donc le lieu de dépistage.
Certains spécialistes estiment qu'il faut constater un
retard d'apprentissage de dix-huit mois pour être en mesure de poser le diagnostic. Un retard moins long pourrait être dû aux aléas normaux de l'apprentissage. D'autres spécialistes pensent que le diagnostic est possible
dès le troisième ou le quatrième mois de CP, et qu'en
général il est sûr à la fin de l'année scolaire. Avec cette
limite: il est établi à partir de données qualitatives.
L'évaluation du déficit varie donc sensiblement d'un
médecin à l'autre.
Les orthophonistes et les gestionnaires de l'assurance
maladie aimeraient bien disposer d'un moyen de diagnostic plus fiable et plus précoce, qui leur permettrait de
prendre en charge les enfants plus tôt. Par précaution,
1
Les phonèmes sont les plus petits éléments d'une syllabe. par exemple le son représenté par "d" dans '"da".
2
http://www.ucsf.edu/
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empêcherait les enfants dyslexiques de bien distinguer
certains
phonèmes parmi les plus courts, comme les consonnes
dures du type b, p, k, t, sans affecter l'ouïe elle même.
Ces enfants ont donc également des difficultés à associer les sons aux lettres qui les représentent, ce qui leur
pose des problèmes de lecture, donc d'orthographe. Cela pourrait expliquer les nombreux échecs des traitements classiques de la dyslexie, qui seraient imputables
non à l'incompétence des thérapeutes ou à la mauvaise
volonté des enfants mais, simplement, à l'inadéquation
des méthodes.
Les spécialistes se sont longtemps querellés sur les causes de la dyslexie. Aujourd'hui, un consensus s'établit
autour de son origine neurologique. Peut-elle se résumer à un déficit dans le traitement des sons ? Ce n'est
pas sûr : plusieurs études tendent à montrer que le trouble prendrait sa source dans des structures plus profondes du cerveau, au de là des centres de traitement du
son, dans les aires cérébrales dédiées au langage.
La zone de l’hémisphère gauche du cerveau mobilisée
pour distinguer les sons qui se ressemblent est moins étendue chez les enfants dyslexiques, qui n'utilisent que l'aire
de Broca. (Cette image a été obtenue à l’aide d'une caméra
à positons)
Monique Touzin, orthophoniste à l'hôpital Robert-Debré, à Paris, recommande que les enfants qui manient
difficilement le langage à l'entrée au CP soient surveillés de près.
De son côté, Guy Willems3 , neuropsychologue au Centre William-Lennox, à Ottignie4, en Belgique, a mis au
point une batterie de tests, qu'il a expérimentée pendant
dix ans sur 6 000 enfants. Il affirme aujourd'hui pouvoir
dépister les futurs dyslexiques dès l'âge de 5 ans. Ses
tests comprennent notamment une" évaluation de la
discrimination digitale. Il semble, en effet, que les dyslexiques éprouvent aussi une difficulté à distinguer
deux stimuli tactiles très rapprochés.
Peu reconnus et encore très expérimentaux, ces tests
présentent l'intérêt d'utiliser un signe indépendant des
symptômes de la dyslexie et repérable avant son apparition. A suivre.
MALENTENDANT MALGRÉ UNE BONNE
OUÏE
Or ce centre, dont on pense qu'il . prend en charge les
flux rapides d'information sonore, joue pour les signaux
auditifs le rôle d'une station relais vers les structures
supérieures du cortex. Son mauvais fonctionnement
Utah et Christopher Frith 5, chercheurs de l'unité de développement cognitif du Medical Research Council, à
Londres, ont comparé l'activité cérébrale de cinq
adultes ayant souffert de dyslexie à celle d'adultes
"normaux". Ils ont remarqué que, lorsqu'ils doivent distinguer des phonèmes aux sonorités voisines, les adultes
normaux "activent" simultanément plusieurs zones du
centre du langage - l'aire de Broca, l'aire de Wernicke et
l'insula -, tandis que les dyslexiques n'activent qu'une
seule zone (voir photo page précédente). Cette moindre
mobilisation complique peut-être la tâche de décodage
du langage. Cependant, ces études portent sur un nombre limité de sujets, en raison des risques inhérents à la
technique d'imagerie, qui implique l'absorption d'une
substance faiblement radioactive.
Qu'elle agisse sur les circuits de décodage auditif ou sur
des structures cérébrales plus profondes, la technique de
Tallal et Merzenich ne manque pas d'efficacité. Mais de
simples jeux vidéo suffiront-ils à guérir la dyslexie ?
UNE IMAGE DE SOI ALTÉRÉE
« En admettant que les problèmes liés au traitement des
sons et de la phonétique soient résolus, il faut ensuite
s'attaquer à la lecture elle-même, à l'orthographe, à la
grammaire et à la syntaxe, souligne Monique Touzin6,
orthophoniste à l'hôpital Robert-Debré, à Paris. Tâches
d'autant plus ardues que ces enfants ont une très mauvaise intuition de la langue et ont développé des stratégies alternatives d'apprentissage afin de contourner leur
handicap. En outre, l'aspect psychologique n'est pas
négligeable : l'image de soi est souvent altérée, et les
relations avec l'entourage et avec l'école en subissent
les conséquences.»
Autrement dit, l'indéniable avancée des chercheurs
américains ne résout pas définitivement la question de
la prise en charge de la dyslexie, qui réclame encore des
3
neuropédiatre et neuropsychiatre auteur de : Troubles de l'attention chez l'enfant
http://www.cnwl.be/les-services/neuropediatrie/ Cf. logopèdes
5 https://sites.google.com/site/utafrith/
6 http://www.cenopfl.com/troubles-apprentissage/dyslexie/congres_dyslexie.html#8
4
Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 3/5
moyens diagnostiques adaptés et des critères d'évaluation standardisés.
Ces images révèlent les zones activées du cerveau lors d'un test
sut la capacité à suivre les mouvements rapides d'un point lumineux. Le dyslexique (à droite), qui obtient de moins bons résultat, mobilisant moins de zones de son cerveau (en rouge). Ce
test fournirait-t-il un moyen de dépister la dyslexie avant l’apparition des symptômes ? des chercheurs explorent cette hypothèse..
ANNEXE
coupures de presse :
les formes de la dyslexie varient selon les langues s&v 12/2009
L'Express du 29/03/2001
La dyslexie à l'étude7
par Sylvie O'Dy
7
La France est en retard dans le traitement de ce
phénomène, dont on commence à cerner les
causes
Il ne fait pas bon être dyslexique en France! Non
seulement notre pays est très en retard quant au
dépistage précoce et à la prise en charge de
ces enfants pour qui la lecture constitue un
casse-tête insoluble. Non seulement l'Education
nationale ne reconnaissait pas officiellement ce
trouble jusqu'au 21 mars, date à laquelle Jack
Lang et Bernard Kouchner ont annoncé le lancement d'un grand plan pour améliorer la scolarisation des dyslexiques. Mais, en plus, une étude
récente démontre que la langue française est
particulièrement à risque pour ces bambins ! On
estime que ce trouble neurocognitif touche, à
des degrés divers, de 4 à 5% des écoliers de
l'Hexagone. Les petits Britanniques ne sont pas
non plus à la fête, contrairement aux jeunes Italiens, qui bénéficient d'une langue plus clémente.
Selon la complexité de la langue
De quoi s'agit-il ? En fait, le nombre de dyslexiques dans un pays est un reflet direct de la
complexité orthographique de sa langue. On en
trouve moins dans les pays où l'orthographe est
simple. Mais, si le handicap varie selon les langages et les cultures, il a partout et toujours les
mêmes bases neurologiques. C'est ce que démontrent des travaux menés par une équipe
internationale, parus récemment dans la revue
américaine Science . L'anglais, disait un humoriste, est une langue où l'on écrit «élastique» et
où l'on prononce «caoutchouc»!
Un constat en forme de boutade que confirme
la science: en anglais, on ne dénombre pas
moins de 1 120 façons d'écrire (graphèmes) les
40 sons (phonèmes) utilisés dans le langage parlé. Le français, autre langue dite «irrégulière»,
compte, lui, 190 graphèmes pour 35 phonèmes.
Exemple caractéristique: le son «o» s'orthographie o, ot, ots, os, ocs, au, aux, aud, auds, eau,
eaux, ho, ô. L'italien, troisième langue étudiée
par les chercheurs, est dit «transparent»: il ne
possède que 33 graphèmes pour 25 phonèmes.
L'activité cérébrale de trois groupes d'étudiants
dyslexiques, un dans chaque langue, en train de
lire, a été comparée à celle de trois groupes
épargnés par ce trouble, en utilisant la tomographie par émission de positrons. Chez tous les
dyslexiques, pendant la lecture, une activité cérébrale réduite dans la partie inférieure du lobe
cérébral gauche a été mise en évidence, prouvant l'universalité neurologique de ce handicap.
En revanche, les Italiens ont fait moins d'erreurs
de lecture que les Anglais et les Français. Un tra-
hhttp://www.lexpress.fr/informations/la-dyslexie-a-l-etude_641874.html
Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 4/5
vail qui plaide pour une réforme de l'orthographe des langues complexes. Réforme qui n'est
pas au menu des 28 mesures du plan LangKouchner, lequel vise surtout à mieux identifier,
et plus jeunes, les porteurs de ce trouble.
Commentaires
L’article de la page 1 fait référence à : #
Cependant, plusieurs spécialistes ont remarqué que
nombre de ces enfants avaient aussi un léger retard
dans l'élaboration du langage, des difficultés d'orientation spatiotemporelle et des dérèglements de la perception visuelle qui perturbent la corrélation entre vision
et audition nécessaire à la lecture et à l'écriture.
Ce qui démontre ce que Tomatis appellait dans
les années 70 la « Dyslatéralisation » page 90 91 :
Extrait du livre :
« Education
et Dyslexie »
A.A.A.Tomatis 1971 page 196-197
La dyslexie est un problème auditif, disais-je en commençant ce livre: Que l'on me pardonne d'avoir débuté par ce
mot de la fin, mais je suis sûr que le lecteur sait maintenant ce que j'entends par ce qu'« écouter» veut dire.
Comment, de fait, l'oreille ne serait-elle pas impliquée
dans la difficulté du lire, elle qui est l'organe du langage,
la voie royale de son intégration, la clé de son contrôle,
le capteur qui en régit la coulée? Sans elle, en vérité,
point de verbe, sans verbe point d'écoute, sans écoute
point d'écrits et sans écrits point de lecture. Il n'y a plus
qu'un palier à franchir pour que se dégage, de ce syllogisme, que «sans oreille, il n'y a point de lecture» ; en
somme, on lit avec son oreille; et c'est cela même qu'il me
plaisait à rapporter de mes réflexions sur cette cascade
de relation transférielle qui conduit de l’esprit à la lettre
au travers d’une oreille mise à l’écoute. De ce long plaidoyer, il ressort que de toute évidence le dyslexique
existe, qu'il est là et attend, et que, de surcroit l'écoute
s'érige au rang des « fonctions » grâce à l'éducation qui
sait induire l'appareil auditif, ontogénétiquement et phylogénétiquement promu à d'autres activités, à devenir le
capteur essentiel de la Pensée verbalisée.
Ainsi la latéralité, terme qu'il serait peut-être utile de
repenser, en terme d’équilibre droite-gauche, demande
à être envisagée d’une façon globale et ce n’est pas au
simple niveau de quelques petits mécanismes d'apprentissage plus ou moins acquis qu'il convient de l'étudier
essentiellement
…/…
Le dyslexique est donc dans cette perspective, l'élément
le plus remarquablement mal équilibré, mal harmonisé
au sein de cette organisation de la structure fonctionnelle qui met en présence « l'efficience et le corps ».
Autrement dit, être dyslexique c'est ne pas pouvoir se
déchiffrer soi-même comme celui qui aurait à jouer
d'un instrument sans en connaître le clavier. Car nombreux sont ceux qui peuvent justement jouer du piano
sans pour autant lire la musique; ils savent jouer
d'oreille comme le précise le langage populaire ; pour
eux, l'apprentissage de la lecture musicale sera chose
aisée car ils ont déjà intégré leur instrument piano, véritable prolongement du coté matériau instrument de
leur corps. Mais combien est handicapé celui qui, pour
obtenir les mêmes performances tout en connaissant
cependant les notes, n'arrive pas à les transcrire sur
son clavier. Après un long et pénible apprentissage qui
s'éternise, il ne parvient d'aucune manière à préparer
ce dialogue nécessaire, né du désir de cette première
rencontre qui doit affronter l'artiste en soi et l'instrument qui lui est offert. Celui-là est le modèle du dyslexique qui ne peut et ne sait jamais jouer de son corps
parce qu'il le connaît imparfaitement. Quelles complications d'avoir de surcroît à déchiffrer l'extérieur, voire
la lettre, si déjà le dialogue avec soi-même est si profondément complexe.
Ainsi le dyslexique est, sans exception -son quotient
étant supposé normal bien-entendu- un dyslatéralisé
pour utiliser le jargon psychologique.
L’imagerie médicale de Paula Tallal et Michael
Merzenich, montre bien les déficiences de mobilisation du cerveau du dyslexique pour distinguer les sons qui se ressemblent, ou à suivre les
mouvements rapides d'un point lumineux.
Cette étude montre que la communauté scientifique dénie encore le concept global de dextralité dans la fonction du langage et sa nature
structurante dans sa construction ontogénétique.
Voir également « BASES NEUROBIOLOGIQUES
DU LANGAGE », Par le Pr. J. Lehouelleur
http://schwann.free.fr/Langage01.html
Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 5/5