Bonnie and Clyde, un film mythique et déroutant

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Bonnie and Clyde, un film mythique et déroutant
Bonnie and Clyde, un film mythique et déroutant
Jamais Bonnie sans Clyde dans l’un des plus fameux road movies d’Arthur Penn. Un film
issu d’une union sacrée entre action et amour à travers les routes tortueuses de l’Amérique
des années 30 où Bonnie et Clyde, prisonniers du temps, s’embarquent dans une aventure à
couper le souffle qui n’a pour seule issue que la mort. Pris dans un cercle vicieux qui mêle
cavale, risques et romance, les deux amants hors-la-loi révoltés contre le système,
défendent des pauvres paysans, victimes des banques qui ne cessent de prendre une place
beaucoup trop importante dans le système social. L’implication de Penn dans ce film à
travers l’idéologie défendue par les héros est visible durant la totalité du long métrage et plus
particulièrement durant les rencontres entre les paysans et les protagonistes. L’assimilation
de Bonnie et Clyde à des héros et défenseurs de la justice ainsi que leur amour naissant qui
les unis même dans les pires moments provoque chez le spectateur un attachement aux
personnages qui se reconnaît dans au moins un trait de leur caractère et évoque chez lui
une part de sa personnalité ou même un idéal qu’il voudrait atteindre. Mais sous leur image
héroïque, Bonnie et Clyde ne sont-ils pas à quelques moments du film des anti-héros ?
Sous leur image de grands héros et justiciers, Bonnie et Clyde ont quelques faiblesses qui
les rendent certainement d’autant plus attachants. Ces faiblesses qui sont pour eux un
désavantage énorme il faut l’avouer, ne le sont d’aucune façon pour le film qui d’ailleurs
grâce au grand art et au talent d’Arthur Penn, sont devenus un avantage. Clyde,
impressionnant baroudeur, perd quelque peu sa crédibilité quand le spectateur est mis face
à son impuissance qui subsiste jusqu’à quasiment la fin du film et qui met Bonnie dans une
situation particulière et peu commode, qu’elle brave néanmoins avec tolérance et respect, ce
qui les lie davantage à nous et même tous les deux. Le côté anti-héros de Bonnie est plutôt
selon moi dans son état, sa classe sociale et peut être également son côté trop superficiel.
Effectivement, malgré sa classe sociale peu élevée, elle tend à se croire un peu trop connue
et supérieure et se voit parfois être un peu trop entreprenante à mon goût mais n’est-ce pas
ce qui la rend craquante, attirante et attachante ?
La fin choquante et tragique est sans doute le moment le plus mémorable. D’une violence
inoubliable, les deux héros criblés de balles arrêtent brusquement leur tour de l’Amérique,
arrêtent de défendre le bas peuple mais c’est aussi notre histoire qui s’arrête avec la leur. Le
lien d’union créé par la mise en scène entre eux et nous est rompu par une horreur
indescriptible. C’est une fin arrachante que de les voir mourir de la sorte après avoir créé ce
lien avec eux et c’est aussi notre rôle dans le film qui s’éteint en même temps qu’ils arrêtent
de vivre. Cela est malgré tout très cohérent et avec un peu plus d’attention et de réflexion, il
aurait été possible de la prévoir.
Même cinquante ans après, Bonnie and Clyde n’a pas perdu son sens. Il n’a pas subi ce
vieillissement qui a touché beaucoup de films du vingtième siècle même bien plus récents,
sans doute parce qu’il reste et restera d’actualité tant que la crise nous touchera. Un
phénomène générationnel dès sa sortie et pour encore longtemps, l’intemporel Bonnie and
Clyde restera dans la culture cinématographique, un de ces films cultes que tout le monde
connaît.
Charlotte Brondis Guela, 1ère L, Lycée Saint-Charles d’Orléans

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