Synergie Santé Environnement - Communauté métropolitaine de
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M037_PMGMR 2015-2020_SYNERGIE SANTÉ ENVIRONNEMENT MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 Par Synergie Santé Environnement Nathalie Robitaille, directrice générale par intérim Le lundi 21 septembre 2015 À Montréal MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 Synergie Santé Environnement – Notre mission et nos engagements Créé en 2006 par des professionnels de la santé, Synergie Santé Environnement (SSE) est un organisme à but non lucratif et une entreprise d’économie sociale qui a pour mission d’accompagner les établissements de santé dans la réduction de leurs impacts environnementaux et dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales, et ce, en appliquant les principes de santé environnementale et de développement durable. Il nous apparaît primordial de rétablir le lien entre la santé humaine et celle de l’environnement au sens large (nature, ressources, milieu de vie, projets communautaires, etc.) dont, rappelons-le, l’humain est partie intégrante ! Un peu partout dans le monde, des études démontrent que le système de santé tel qu’il s’est développé au cours des dernières décennies ne fait plus ce lien et, ainsi, ne rempli pas une partie de sa mission. Notre vision est de rétablir une synergie entre la santé et l’environnement dans une perspective écosystémique et participative. À ce jour, SSE compte 27 établissements de santé et de services sociaux adhérents parmi les établissements de santé, représentant 190 bâtiments. Au cours des dernières années, SSE a bâti une solide expertise dans le domaine de la saine gestion des matières résiduelles dans le réseau de la santé et ce, en réalisant des études variées dans plusieurs établissements : le CSSS de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent, le CSSS du Coeur-del’Île, le CSSS Jardins-Roussillon, le CSSS de Laval, le CSSS du Nord-de-Lanaudière, le CSSS Pierre-Boucher et l’hôpital Notre-Dame (CHUM), entre autres. Voici en résumé quelques actions qui témoignent de l’engagement de SSE en faveur d’une saine gestion des matières résiduelles : Mise sur pied et responsable d’un groupe GMR destiné aux établissements de santé ; Membre du comité mixte de réduction à la source de RECYC-QUÉBEC ; Répondant GMR auprès des établissements de santé pour le compte de RECYCQUÉBEC ; Création d’un site web en GMR (http://gmr.synergiesanteenvironnement.org/), répondant ainsi à sa mission de partage et de diffusion des meilleures pratiques ; Réalisation d’une caractérisation des matières organiques putrescibles, de même qu’un projet pilote visant la déshydratation thermique au centre hospitalier régional de Lanaudière (CHRDL) ; Réalisation d’un court métrage sur le projet pilote de déshydratation thermique au CHRDL ; Réalisation projet pilote, financé par Environnement Canada et Recyc-Québec, visant la récupération de plastiques hospitaliers. 21 septembre 2015 page 2 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 Portrait de la GMR dans les établissements de santé québécois Par leur importante consommation de ressources et leur grande production de déchets, les établissements de santé contribuent de façon significative à la pollution. En effet, comme le mentionnait en 2001 le Dr Trevor Hancock1 dans le document Doing Less Harm: « […] il est raisonnable de penser que le système de santé, à la fois directement à travers ses activités et indirectement à travers l’achat de produits et de services, contribue pour environ 10 % des problèmes de santé et de la mortalité prématurée qui résultent de l’impact environnemental négatif des activités de l’économie canadienne». Cette situation est bien entendu paradoxale compte tenu du fait que leur mission consiste notamment à promouvoir, maintenir et améliorer l’état de santé de la population. En ce qui a trait spécifiquement aux matières résiduelles, selon Recyc-Québec, un établissement de santé en génère 17 types : Référence : SSE (2012). Formation en santé environnementale Malheureusement, outre le papier et le carton, ces matières, dans la plupart des cas, sont envoyées à l’enfouissement. Compte tenu des objectifs gouvernementaux à atteindre en termes de valorisation des matières recyclables (70 %) et des matières organiques (60 %) d’ici 2025, les établissements ont besoin d’un sérieux coup de main. Le taux global de valorisation se 1 Hancock, T. 2001. Doing less harm : Assessing and reducing the environmental and health impact of Canada’s health care system. The Canadian Coalition for Green Health Care. http://www.sc.edu/sustainableu/TrevorHancockInfo.pdf 21 septembre 2015 page 3 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 situe autour de 11% (études menées avant 2008 dans 6 établissements par RecycQuébec). Référence : SSE (2012). Formation en santé environnementale Les établissements de santé avec lesquels nous travaillons sont de plus en plus conscients de leurs impacts et déterminés à améliorer leurs pratiques. Plusieurs mesures sont mises en place afin de valoriser les matières et obtenir, lorsque le contexte y est favorable, des redevances. Voici quelques pratiques et projets mis en place dans certains établissements de santé : Mise en place de la responsabilité élargie des producteurs - récupération des piles Mise en place de la responsabilité élargie des producteurs - récupération des produits électroniques Mise en place de la responsabilité élargie des producteurs - récupération des lampes au mercure Mise en place de la responsabilité élargie des producteurs - récupération des huiles usées Mise en place de la responsabilité élargie des producteurs - récupération de la peinture Récupération des métaux Récupération des huiles usées alimentaires Récupération du papier nominatif et non nominatif Récupération du carton En ce qui a trait à la récupération du bois et du mobilier, les systèmes en place sont plutôt informels et la pérennité n’est pas assurée. Tout matériel désuet (appareil, mobilier, équipement, etc.) est assujetti à la politique du Ministère de la Santé et des Services sociaux et doit être offert à l’ensemble du réseau. Dans le cas où ce matériel ne trouverait 21 septembre 2015 page 4 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 pas preneur, l’établissement peut alors s’en départir à sa guise ou l’envoyer à l’enfouissement. Quant aux matières organiques putrescibles (MOP), qui représentent environ 25% du volume des matières résiduelles générées par un établissement de santé, un nombre grandissant d’établissements utilisent les services de compagnies privées afin de traiter ex situ leurs MOP. Ce type de gestion, plus coûteux financièrement que l’enfouissement, entraîne certains irritants relatifs à l’odeur et à l’entreposage. À la demande du CSSS du Nord-de-Lanaudière, SSE a mené un projet pilote visant à trouver des alternatives à l’enfouissement aux 151 tonnes métriques de MOP générées annuellement par le centre hospitalier régional de Lanaudière (CHRDL). Un projet pilote d’une durée de trois mois a permis d’évaluer l’option du déshydrateur thermique. Les résultats ont été concluants de part la technologie simple, le peu d’espace requis et la facilité d’installation. Des analyses des résidus de déshydratation, de l’eau de déshydratation, de même que des essais en laboratoire (au Cégep régional de Lanaudière) démontrent un potentiel intéressant pour l’horticulture et l’agriculture. Comme vous pouvez le constater, le système de la santé est très dynamique et n’hésite pas à s’engager dans de beaux projets alliant la santé et l’environnement et répondant à leur mission sociale de protection et de promotion de la santé. Un défi important dans la gestion des matières résiduelles concerne la récupération des plastiques médicaux. Les établissements de santé génèrent d’importantes quantités de plastiques de différents types pour lesquels, jusqu’à tout récemment, nous ignorions les volumes. Grâce au projet pilote (financé par Environnement Canada et Recyc-Québec) que nous menons actuellement, nous connaissons désormais les volumes de par type de plastiques (PET, HDPE, PVC, LDPE, PP, PS, Autre-#7 et les non identifiés) et par département. Nous sommes donc en mesure d’affirmer, par exemple, que la salle d’opération est un très grand générateur de polypropylène. Les caractérisations ont été réalisées dans trois hôpitaux (Cité de la Santé, Pierre-Boucher et Jean-Talon) mais peuvent très bien s’extrapoler, en fonction du nombre de lits, à d’autres hôpitaux québécois. Le tableau suivant présente les volumes estimés (valeurs sous-estimées qui s’explique par une méthodologie dite participative) lors des caractérisations. 21 septembre 2015 page 5 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 Ces informations permettront de mettre en place, pour certains types de plastiques et dans certains hôpitaux, un système efficace de récupération et de valorisation. Toutefois, il est important de rappeler que les hôpitaux ont pour mission première de soigner les gens et qu’ils ne sont pas des centres de tri ! Soulignons également que les contraintes d’espace et de ressources humaines et financières viennent complexifier la gestion de ces matières. Les plastiques générés par les hôpitaux, contrairement à la croyance populaire, sont extrêmement propres et parfois même encore stériles lorsqu’ils sont mis à la poubelle. Plusieurs récupérateurs ont démontré un intérêt pour certains types de plastiques « plus payant » mais des conditions s’appliquent à savoir, l’accumulation d’une importante quantité. Quant aux plastiques non identifiés, l’intérêt y est moins important, pour ne pas dire absent. Ce désintérêt s’expliquerait par l’absence de maind’œuvre pour en faire le tri. Dans une perspective de santé environnementale et de développement durable, il nous apparaît incohérent d’enfouir une telle matière ! Exemples de partenariats Collaboration avec des organismes à but non lucratif : Création d’un plateau de travail à l’hôpital de Verdun (en collaboration avec le CRDITED de Montréal) et à l’hôpital Pierre-Boucher (en collaboration avec l’organisme D’un couvert à l’autre) où des usagés aux prises avec une problématique de santé mentale, déchiquètent le papier nominatif. Ateliers Transition offre le même service, en ses murs, à (l’ancien) CSSS RichelieuYamaska ; Création d’un plateau de travail de récupération de boîtes de conserves et de canettes à l’hôpital Pierre-Boucher en collaboration avec l’organisme D’un couvert à l’autre ; Partenariat entre l’organisme Lange bleu et le CSSS de Laval afin de réaliser un projet pilote de culottes d’incontinences lavables au centre d’hébergement Rosede-Lima. 21 septembre 2015 page 6 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 En collaboration avec des MRC et/ou des municipalités Au courant des deux dernières années, l’équipe de SSE a travaillé fort afin d’établir un dialogue avec les élus des MRC et des municipalités. Les objectifs de recyclage et de valorisation à atteindre par ces derniers jumelés aux importants volumes générés par les établissements de santé constituaient nécessairement un partenariat gagnant-gagnant. Voici quelques exemples de partenariat qui se sont réalisés grâce à l’engagement des acteurs du réseau de la santé et du milieu municipale : L’arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension effectue la collecte des résidus alimentaires de l’hôpital Jean-Talon 2 destinés à la fabrication de compost et de fertilisant naturel. Ce partenariat s’inscrit dans les orientations de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles qui vise à bannir d’ici l’année 2020 les matières organiques des sites d’enfouissement ; La MRC Marguerite d’Youville a accepté de prêter gratuitement des conteneurs aux établissements de santé situés sur son territoire et de les intégrer à la collecte sélective. La MRC récupère ainsi le carton, le plastique, le verre et le métal (PVM) générés par ces établissements ; La municipalité de Laval offre la collecte sélective à la Cité de la santé à Laval (une vingtaine de bacs de 360 litres) et à plusieurs centres d’hébergement ; La municipalité de St-Donat offre la collecte à trois voies, et ce sans limite de bacs, à tous les établissements de santé se trouvant sur son territoire ; La MRC de D’Autray offre la collecte sélective, et ce sans limite de bacs, à tous les établissements de santé se trouvant sur son territoire et évalue la possibilité de suivre les traces de la MRC Marguerite d’Youville et d’offrir gratuitement et d’intégrer des conteneurs dans la collecte sélective. Voilà quelques beaux exemples de partenariat réalisés par nos établissements de santé ! Recommandations 2 https://www.cssscoeurdelile.ca/actualites/actualite/l-hopital-jean-talon-et-larrondissement-de-villeray-saint-michel-parc-extension-des-leaders-au-sein-d-unecommunaute-en-sante/6bac144e14a564fb1a963666bcfc576f/ 21 septembre 2015 page 7 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 Dans une volonté et un devoir collectif d’atteindre les objectifs gouvernementaux de valorisation des matières recyclables (70 %) et des matières organiques (60 %) d’ici 2025, il nous apparaît impératif de créer des partenariats entre les institutions publiques, que sont les établissements de santé, les MRC, les municipalités et les acteurs de l’industrie du recyclage. Les avantages de ces partenariats sont triples. Premièrement, cela permettrait aux municipalités d’améliorer leur taux de récupération ; deuxièmement, une plus grande proportion de matières (notamment le plastique, le verre et le métal) serait détournée de l’enfouissement, réduisant ainsi les impacts sur la santé et l’environnement ; finalement, la réduction des frais (pouvoir du nombre) permettrait une meilleure gestion des fonds publics. Les opportunités de récupérer et de valoriser les matières résiduelles générées par les établissements de santé, en termes de qualité et de quantité, sont nombreuses et prometteuses. Cette proposition est en cohérence avec les mesures 23 et 74 de votre projet de PMGMR 2015-2020. Nous recommandons d’uniformiser les façons de faire à l'ensemble de la CMM, à savoir offrir gratuitement la récupération du PVM à tous les bâtiments de santé (hôpitaux, centres d’hébergement, CLSC) comme c'est le cas à Laval ou à l’hôpital Jean-Talon. Votre volonté, à la mesure 16 de votre PMGMR d’offrir une filière de récupération ou de réemploi pour les encombrants valorisables, correspond à un besoin flagrant, ne serait-ce que pour les matelas et le mobilier n’ayant pas trouvé preneur lors de l’application (dans le cas du mobilier) de la politique du ministère de la santé et des services sociaux. En ce qui a trait à la gestion des matières organiques putrescibles, le traitement ex situ offert actuellement par des compagnies privées rencontre certaines limitations liées notamment à la contrainte d’espace, aux odeurs perceptibles (surtout lors des journées chaudes) en raison de la proximité des conteneurs et à la charge de travail grandissante. Une diversité d’alternatives serait sans doute souhaitable. Le projet pilote mené au centre hospitalier régional de Lanaudière démontre qu’il est intéressant de mettre en place une gestion à plus petite échelle répondant aux besoins particuliers des services alimentaires d’un établissement de santé en plus de produire une matière de qualité pouvant être utilisée à des fins horticole et agricole. Une aide financière permettrait un plus grand déploiement des nouvelles technologies et valoriserait ainsi une quantité importante de matière. La CMM pourrait également s'inspirer de l’arrondissement Villeray-SaintMichel-Parc-Extension et offrir une collecte gratuite à tous les centres d’hébergement se trouvant sur son territoire. L’équipe de SSE se serait heureuse d’accompagner la CMM et les arrondissements/municipalités/MRC à mettre en place les systèmes dans les bâtiments. Enfin, une meilleure connaissance des matières générées par les établissements de santé, l’établissement d’un dialogue entre les acteurs du réseau de la santé, les acteurs municipaux et les acteurs de l’industrie du recyclage et une volonté de collaborer afin de 3 Mesure 2 : Desservir les industries, les commerces et les institutions produisant des matières recyclables assimilables, en termes de quantité et de qualité, aux matières résidentielles. 44 Mesure 7 : Implanter un service de collecte porte- à-porte pour l’ensemble des matières organiques à l’intention des industries, des commerces et des institutions produisant des matières assimilables, en termes de quantité et de qualité, aux matières résidentielles. 21 septembre 2015 page 8 Synergie Santé Environnement MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA CONSULTATION PUBLIQUE SUR LE PROJET DE PLAN MÉTROPOLITAIN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 2015-2020 mettre en œuvre un système répondant aux attentes et aux besoins de chacun, sont autant de mesures qui nous permettaient d’atteindre collectivement les objectifs gouvernementaux et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les établissements de santé sont prêts à faire leur part, aidez-les et collaborez ! Nous remercions la Communauté Métropolitaine de Montréal pour l’attention qu’elle porte à notre mémoire. Nathalie Robitaille, Directrice générale par intérim Synergie Santé Environnement 21 septembre 2015 page 9 Synergie Santé Environnement