Résumé de Welcome

Transcription

Résumé de Welcome
Longtemps, Calais fut une ville britannique ; certains aujourd’hui
souhaiteraient qu’elle le soit demeurée, mais voilà maintenant, il y a
cette foutue Manche à traverser. C’est donc à Calais que s’entasse
toute la misère du monde, dans l’espoir discutable de trouver de
l’autre côté de l’eau une vie enfin meilleure.
C’est à Calais que Philippe Lioret a planté sa caméra, nous livrant le
portrait d’une ville qui, de prime abord, ressemble à une autre là où
toutes les villes se ressemblent, la piscine municipale. C’est dans ce
symbole de l’anonymat que Simon (Vincent Lindon dans un de ses
meilleurs rôles) exerce son métier de maître nageur. C’est un type
comme un autre, Simon, avec un emploi, donc, une vie qui a fini petite là où les coupes
sportives qui décorent son appartement auraient pu laisser entrevoir un peu plus ; une femme
aussi, Marion (Audrey Dana), prof de collège, qui plaque ce mari quelque peu ectoplasme dont
la mollesse contraste avec sa propre énergie, qui la pousse à s’investir dans l’humanitaire,
jusqu’à participer dans la froideur de la nuit aux distributions de colis aux clandestins bloqués
par la frontière.
Comment être héroïque quand on est maître nageur en piscine et qu’on fait pratiquer la brasse
à des scolaires ? L’occasion va lui en être fournie par Bilal, jeune réfugié kurde bien décidé à
apprendre à crawler jusqu’au point de pouvoir gagner l’Angleterre à la nage, vu l’insuccès, qu’il
connaîtra aussi, de ceux qui tentent de se faufiler dans des camions, si nécessaire après avoir
engraissé des passeurs. Bilal ne dit rien à Simon de cette soudaine passion pour l’art nautique
et les leçons sont chères, mais ce dernier va deviner ses cartes et l’assister. Petit à petit, ce qui
est au départ volonté de se prouver qu’il est un type bien et que son ex devrait s’en rendre
compte se mue en compassion pour cet ado, qui a potentiellement tout pour lui sauf un
passeport. Des cours gratuits à l’entraînement à outrance, légère infraction à la loi, la piscine
ayant ses règlements, il va passer à la vraie transgression, l’hébergement de celui qui devient
son protégé. C’en est trop. Des commères qui voient le sexe en tout jusqu’aux associations qui
lui reprochent de rompre le fragile équilibre obtenu de haute lutte entre l’aide humanitaire d’un
côté et la volonté de sanctionner de l’autre, en passant par la police…
Voici un résumé sommaire du film Welcome, passé récemment au théâtre des trois
Chênes au Quesnoy et au Gaumont de Valenciennes.
Le Vivier, après avoir en octobre dernier proposé un débat sur le film « Entre les
murs », relance l’opération avec ce film touchant sur l’immigration clandestine.
Nous vous invitons donc le mardi 19 mai à 20h à la salle Don Bosco de
Jolimetz pour échanger vos impressions sur ce film vu par un grand
nombre d’entre vous.
Le Vivier aide à dépasser nos peurs …
Une soirée-ciné autour du film « Welcome » (réal. Philippe Lioret, avec
Vincent Lindon, mars 2009) projeté à Le Quesnoy et Valenciennes; puis, un
débat (à Jolimetz) pour réfléchir et se dire nos questionnements à partir
des immigrés qui cherchent à gagner l’Angleterre, les aidants, les passeurs
… Tous coupables d’être hors la loi ou pris en flagrant délit de ...solidarité !
Une fois encore, Le Vivier a rempli sa mission d’écoute et d’attention à
l’autre. Echos : « On n’a pas le droit de ne pas aider quelqu’un dans la
détresse ! » (Delphine, Saint Amand les eaux); « Si j’habitais Calais, j’aurais
du mal à fermer ma porte » (Marie-Thérèse, Brillon); « Laisser ces hommes
risquer à ce point leur vie est non-assistance à personne en danger »
(François-Xavier et Emmanuelle); « J’avoue avoir pleuré en regardant ce
film … j’ai aussi beaucoup aimé la relation avec l’eau, la mer » (Isabelle,
Jolimetz); « C’est un sujet politique qui lie l’Union européenne; il faut
d’abord aider les populations à ne pas fuir leur pays et dénoncer les
régimes corrompus dont elles veulent s’échapper pour ce qu’elles croient
être l’Eldorado » (Sébastien, Jolimetz); « Le sentiment, c‘est bien, mais
quand on gouverne, il y a des choix à faire, c’est autre chose » (Daniel,
Villers Pol); « Cà veut dire quoi accueillir ? Le film m’a bousculée et
interrogée sur la manière dont une société crée des liens avec l’autre,
l’étranger, l’immigré, le réfugié; çà me ramène à ... moi,bien sûr » (Thérèse,
Villers Pol); « Et nous, comment nous comportons-nous, quels sont nos
possibles au village, dans le quartier ? » (Henri-Pierre, prêtre, Jolimetz).
L’actualité a été évoquée, des extraits de coupure de presse lus, la position
de la conférence des évêques de France rappelée (notre évêque, le père
Garnier, étant président de la commission épiscopale pour la mission
universelle de l’Eglise) et un extrait du Catéchisme de l’Eglise catholique
(Mame Plon, 1992) sur l’étranger (chapitre « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même », n°2241) proposé par Sébastien. Une soirée
constructive où chacun a pu s’exprimer et où l’accent sur le sens que nous
donnons aux actes que nous posons et aux convictions que nous
défendons a été rappelé.
Ramant contre vents et marées, Le Vivier par les débats de société qu’il
permet -il a en projet de visionner le film « Nos enfants nous accuseront »
autour de la biodiversité- fait mentir l’adage « L’homme est un loup pour
l’homme ». Ici, c’est de fraternité et d’engagement, en parole ou en silence,
qu’il s’agit. Au nom de la « Bienvenue » (Welcome !) sur la terre des
hommes.
Pour le Vivier
Philippe Courcier