la girafe du roi - Ville de Saint
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la girafe du roi - Ville de Saint
PAGE 5 patrimoine LA GIRAFE DU ROI Elle fut la première girafe à entrer en France. Du Soudan à Saint-Cloud, retour sur le destin incroyable de celle qui sera surnommée « Zarafa ». 13 octobre 1826. Un girafon vient de débarquer dans le port de Marseille. Cadeau du pacha d’Égypte Méhémet Ali au roi de France Charles X, le fabuleux animal (capturé au Soudan) a navigué sur un bateau spécialement aménagé pour qu’il puisse passer sa tête sur le pont. À son bord, trois « chaperons » soudanais veillent sur lui, tandis que l’accompagnent trois vaches, dont il boit le lait, et deux antilopes. Après un séjour en quarantaine, le girafon et son escorte sont autorisés à rejoindre les jardins privés du préfet, où le petit, habitué au climat africain, doit prendre ses quartiers d’hiver, le temps de s’acclimater. Toute la bonne société marseillaise s’empresse alors de défiler pour découvrir cet hôte exceptionnel ! Le 9 juillet, la belle au long cou est présentée au roi… Mais Charles X réclame sa girafe ! La merveille africaine doit rallier Saint- Cloud à pied (880 km !), par petites étapes, sous la houlette de l’illustre naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire. Le 20 mai 1827, l’exotique convoi prend donc la route, précédé par des gendarmes à cheval. Les jours de pluie, la girafe revêt un costume imperméable aux armes de Charles X et du pacha, ainsi que des bottines pour protéger ses sabots. Le voyage, sous les yeux ébahis des foules nombreuses, dure 41 jours à raison d’une moyenne de 27 kilomètres par jour ! Le 9 juillet, la belle au long cou est présentée au roi au château de Saint-Cloud. Elle reçoit de la main du souverain de France une poignée de pétales de rose. C’est le début d’une véritable « girafomania » : en moins d’un an, 600 000 visiteurs se pressent au Jardin des plantes pour admirer la girafe, qui devient l’idole de Paris. La lithographie Girafe, sous-titrée Girafe âgée de 2 ans et demi, arrivée à Paris le 30 juin 1827, conduite le 9 juillet à Saint-Cloud, devant la famille royale, Malenfant (auteur) et Lacroix (lithographe), première moitié du XIXe s., musée des Avelines. On loue sa grâce, on crée toutes sortes d’objets à son effigie (des plaques de cheminée jusqu’à la vaisselle en passant par des tissus ou du papier peint), on compose des textes à sa gloire… Les femmes se coiffent « à la girafe » pendant que les hommes nouent leurs cravates… « à la girafe » ! Cet engouement durera plus de trois ans. Le bel animal survivra au règne de Charles X et coulera des jours tranquilles jusqu’à sa mort d’une tuberculose bovine le 12 janvier 1845, à l’âge de 21 ans. Naturalisée, la célèbre girafe a été transférée au Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle, où on peut toujours l’admirer. Son nom « Zarafa » apparaît quant à lui bien plus tard, en 1998, dans un livre de Michael Allin. Variante phonétique, « zerafa » signifie en arabe « charmante ». n