Toshiba teste en France ses solutions d`e

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Toshiba teste en France ses solutions d`e
Tous droits réservés - Les Echos 20129/2/2012P.14Innovation
TÉLÉMÉDECINE
Le projet du groupe japonais, actuellement à l’essai dans le Bas-Rhin, doit permettre de maintenir les personnes âgées à leur domicile.
Toshiba teste en France ses solutions d’e-santé
n joystick en main, le docteur
Claude Bronner place la
caméra de manière à voir le
fond de la gorge de son patient qui
se plaint d’irritations. Situation
banale s’il en est, sauf que dans ce
cas précis, les deux acteurs sont
éloignés de plusieurs kilomètres
l’un de l’autre. A l’aide de son écran
de contrôle, le généraliste pose son
diagnostic et peut, ponctuellement, demander à une étudiante
en médecine de reproduire certains gestes. Installée aux côtés du
patient, c’est elle, par exemple, qui
va diriger la pointe de l’otoscope
dans le conduit auditif jusqu’à
l’approcher du tympan. C’est elle
aussi qui va faire les palpations sur
une zone sensible. « Elle est ma
main », explique le généraliste.
Une fois l’examen terminé, à l’aide
d’un stylo numérique, il rédige
l’ordonnance qui sera envoyée au
patient par e-mail.
Dans un avenir proche, ce
médecin va consacrer une matinée complète à ce type de consultations pour voir les problèmes qui
peuvent se poser. Et compte bien
utiliser cette technologie pour les
examens de contrôle postopératoires, afin d’éviter aux patients des
déplacements trop fréquents et
souvent éprouvants.
Cette téléconsultation est
actuellement en test dans le BasRhin. Elle n’est qu’une partie du
projet d’e-santé Déméter qui met
en œuvre de la high-tech pour
offrir plus d’autonomie aux personnes âgées ou dépendantes.
Mené par Toshiba France en coopération avec divers acteurs locaux
dont l’Association bas-rhinoise
d’aide aux personnes âgées,
Orange pour la transmission et le
stockage des données et l’Alsacienne de protection pour la gestion de la plate-forme d’écoute et
d’alerte, Déméter est actuellement
en phase de rodage. Il implique,
pour chaque maillon de la chaîne,
une modification des comportements. Et pose un certain nombre
de questions. D’abord celle de la
relation entre le médecin et son
TSF
U
La téléconsultation, actuellement en test à l’hôpital Pasteur de Strasbourg, est un des éléments du projet Déméter.
patient – même si, dans l’expérience, les deux peuvent continuer
de se rencontrer occasionnellement. Autre point sensible, la confidentialité des données est en
principe garantie par le recours à
des plates-formes agréées.
Infirmière à distance
Le test, grandeur nature, mobilise
pendant une quinzaine de mois un
panel représentatif de personnes
âgées. L’objectif est triple : assurer le
lien social, coordonner les acteurs
intervenant au domicile et intégrer
la domotique dans l’habitat, même
en zone rurale.
Rien a priori ne prédisposait
Danièle Meneux, infirmière, à passer maître dans le maniement des
outils technologiques. Un changement qu’elle ne regrette pas.
Depuis un PC ou même un smartphone, elle coordonne une équipe
de 9 aides-soignants déployés
auprès de 40 personnes âgées souvent isolées géographiquement.
L’infirmière dialogue ainsi à distance avec ses équipes comme
avec les seniors chez eux. Mais
attention, l’exercice ne remplace
pas le contact direct : « Chaque fois
qu’un patient présente un problème, je me déplace », dit-elle.
Le troisième niveau du test touche plus directement les personnes âgées. Outre les contacts avec
les personnels médicaux, elles
peuvent échanger avec leurs proches en utilisant les mêmes technologies qu’eux, e-mails et photos
numériques pour la plupart. Assis
face à un écran tactile, ce très vieux
monsieur, résidant d’une maison
de retraite au pied du massif des
Vosges, va dialoguer dans quelques instants en visioconférence
avec sa fille. Encore mal à l’aise
avec cette nouvelle méthode, il est
visiblement heureux de ce
Le Bas-Rhin est
confronté au
vieillissement accéléré
de sa population. De
71.700 personnes en
2007, les plus de
75 ans devraient être
124.000 d’ici à 2030.
moment. Les mails, auxquels il
répondra avec un stylo numérique, attendront un peu. Dans le
cas de la maison de retraite, la
borne numérique est pour l’instant commune à l’ensemble des
pensionnaires. Chacun peut se
connecter au réseau et s’identifier
via une clef USB. A terme, chacun
pourra disposer d’une tablette.
Comme les autres départe-
ments, le Bas-Rhin est confronté
au vieillissement accéléré de sa
population. De 71.700 personnes
en 2007, les plus de 75 ans
devraient être 124.000 d’ici à 2030.
Pour le département, l’équation
est simple : « Nous ne pouvons pas
multiplier les infrastructures pour
accueillir autant de personnes »,
explique Guy-Dominique Kennel,
le président du conseil général. Ce
n’est pas faute d’avoir cherché
ailleurs. « Nous avons examiné les
initiatives lancées en Europe, mais
nous n’avons rien trouvé de global », explique-t-il.
technique va être évaluée mi-2012.
A terme, plusieurs de ces projets
devraient cohabiter. Quant au
modèle économique, il relèvera de
la politique commerciale de chacun. « La répartition des coûts
devrait être faite fin 2012-début
2013 », explique un expert. In fine,
ces solutions doivent permettre au
département de créer de la valeur
tout en répondant à un besoin.
Quant aux entreprises, et à Toshiba
notamment, les tests sur le terrain
leur permettront de dupliquer les
systèmes mis au point ailleurs.
Bien au-delà du Bas-Rhin.
17 projets innovants
MICHEL DE GRANDI
À STRASBOURG
D’où le projet TIC et Santé, dans
lequel le conseil général a investi
1 million d’euros. Lancé en 2010,
l’appel d’offres a donné lieu à
17 projets porteurs de solutions
innovantes. Sept ont été retenus,
dont Déméter. Leur pertinence