La seconde guerre mondiale : la logique du conflit

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La seconde guerre mondiale : la logique du conflit
Module
H I S T O I R E
LEÇON 3 :
LA LOGIQUE D’UN CONFLIT 1939-1942
Nombre de pages : 12
Plan de la leçon
I.
LES VICTOIRES DE L’AXE EN EUROPE ...........................................................2
A. UN NOUVEAU TYPE DE GUERRE : LE « BLITZKRIEG » ...................................2
B. 1939-1940 : LES VICTOIRES FOUDROYANTES DU « BLITZKRIEG ».................4
C. 1941 : La fuite en avant de l’Allemagne ......................................................6
D. 1942 : L’Allemagne remporte ses derniers succès.........................................8
II. Les victoires du Japon .................................................................................8
A. Comprendre Pearl Harbor .........................................................................8
B. La situation du Japon en 1940 ...................................................................9
C. La fuite en avant du Japon .......................................................................9
D. Pearl Harbor (7 décembre 1941).............................................................. 10
E. L’expansion japonaise (septembre 1941-printemps 1942) ........................... 11
Module d’Histoire
Introduction
La Seconde Guerre mondiale constitue l’un des événement majeur du
XXè avec plus 5à millions de morts. Elle met en œuvre des moyens
techniques sans précédent, et s’achève sur la première et unique
utilisation de l’arme atomique. Née de la montée des totalitarismes, de
l’expansionnisme hitlérien et de la crise économique des années trente.
En 1945, l’avancée des troupes alliées en Europe, soviétiques à l’Est et
anglo-américaine à l’Ouest, dessine une nouvelle carte de l’Europe et
bientôt une nouvelle organisation du monde.
Après étudié la leçon 2, nous connaissons les origines de la guerre.
Voyons à présent comment elle se déroule.
Attention : il ne s’agit pas d’accumuler le maximum d’informations sur
l’histoire militaire du conflit, mais de bien comprendre sa logique.
Nous avons constaté dès l’introduction de la leçon 1, avec des cartes,
que la guerre se déroule très nettement en deux temps :
- de 1939 à 1942, il n’y a pratiquement que des victoires de l’Axe
- de 1943 à 1945, l’Axe recule jusqu’à son écrasement total.
Pourquoi ce déroulement en deux temps ?
I.
LES VICTOIRES DE L’AXE EN EUROPE
A. UN NOUVEAU TYPE DE GUERRE : LE « BLITZKRIEG »
1. Stratégie et tactique
Nous connaissons déjà une des causes des victoires de l’Allemagne : sa stratégie, qui
consiste à battre ses adversaires les uns après les autres :
- Lorsqu’elle attaque la Pologne en septembre 1939, elle sait que l’URSS ne bougera
pas. En effet, la position de l’URSS est désormais vital, le 23 août 1939, le monde
apprend avec stupeur la signature d’un pacte de non-agression germano-soviétique qui
découle sur un accord secret entre les deux protagonistes concernant le partage de la
Pologne.
- Lorsqu’elle attaque la France et l’Angleterre en mai 1940, la Pologne est déjà
écrasée. L’URSS est encore neutre, ainsi que les Etats-Unis.
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Mais l’Allemagne sait aussi que sa supériorité militaire n’est pas éternelle, et qu’elle
doit vaincre vite. Elle espère remporter cette victoire rapide grâce à une nouvelle
tactique militaire, qu’il nous faut à présent présenter : le BLITZKRIEG.
2. Définition du « Blitzkrieg »
Pour commencer, philosophons un peu. Le plus ancien traité d’art militaire a été écrit
au IV° siècle avant Jésus-Christ par le chinois Sun Zi. Il commence son ouvrage « l’Art
de la guerre » par ces mots :
« La guerre est d’importance vitale pour l’Etat ; la province de la vie et de la mort ; la
voie qui mène à la survie ou à l’anéantissement. Il faut l’étudier très sérieusement »
Nous reviendrons, au terme de ce paragraphe, sur l’importance que l’on peut attribuer
à cette phrase. Passons pour l’instant du chinois à l’allemand, et intéressons nous au
mot « Blitzkrieg ».
« Bitzkrieg » signifie « guerre-éclair » en allemand. C’est en effet l’état-major allemand
qui a mis au point cette nouvelle forme de combat. Il s’agit d’un retour à la guerre
offensive et rapide, grâce aux armes modernes : l’aviation, et surtout les chars.
3. 1914-1918 : La fin de la guerre de mouvement ?
Retour, parce que la guerre de 1914-1918 avait vu le passage à la guerre défensive,
de position. Toutes les offensives de fantassins échouaient face à la puissance de feu
des armes modernes : canons et mitrailleuses à tir puissant et rapide. Pour se
protéger, les armées se sont enterrées dans des tranchées qui constituaient une sorte
de muraille continue et infranchissable, de la Mer du Nord à la Suisse. Les grandes
batailles, comme celle de Verdun (1916), ont entraîné des pertes énormes sans
parvenir à percer le front.
4. Comment a été préparée la guerre suivante ?
Après 1918, et jusqu’en 1940, l’état-major français reste convaincu que la guerre ne
peut être que défensive. La frontière avec l’Allemagne est protégée par une ligne
continue de fortifications en béton, la « ligne Maginot ». La conception stratégique de
l’état-major français est donc celle d’une muraille infranchissable, protégeant le
territoire national.
En face, l’état-major allemand prépare la guerre d’une toute autre façon. Si la muraille
défensive est plus solide qu’au XIX° siècle, il suffit de mettre au point un bélier
suffisamment puissant pour l’enfoncer. C’est possible, grâce aux chars d’assaut
appuyés par l’aviation. A une condition toutefois : comprendre que désormais le sort
de la bataille ne repose plus sur les fantassins, mais sur les chars, et les concentrer
dans de puissantes divisions blindées (« panzerdivision » en allemand).
Contrairement à ce que l’on croit parfois, les Français avaient en 1940 autant de chars
que les Allemands. Mais ils les avaient dispersés sur tout le front, pour soutenir leur
ligne défensive, parce qu’ils ne pensaient pas que les chars permettaient de reprendre
l’offensive.
Les schémas présentés
dans le cours médiatisé permettent de résumer les deux
conceptions stratégiques, et de comprendre le drame de la France en mai-juin 1940 :
les deux armées ne jouent pas le même jeu…
Cette différence de conception stratégique est parfaitement résumée par une phrase
du général français Delestraint : « Nous avions chacun trois mille chars, nous en avons
fait mille paquets de trois, et les Allemands en ont fait trois paquets de mille »…
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Alors que l’armée allemande s’est minutieusement préparée au « Blietzkrieg », en
France, seuls quelques isolés, comme le colonel de Gaulle, ont proposé de concentrer
les chars pour leur faire prendre l’offensive. Pourquoi n’ont-ils pas été écoutés ? Ce
n’est évidemment pas parce que les responsables français auraient été moins malins.
Mais pour une raison historique plus profonde : après le drame de 1914-1948, la
France victorieuse, mais épuisée, ne veut en aucun cas revoir la guerre. Ses chefs sont
incapables de préparer sérieusement un conflit dont ils ne veulent pas. Ils sont donc
incapables de comprendre que l’industrie moderne a complètement révolutionné les
conditions de la guerre. En face, l’Allemagne nazie veut sa revanche, et elle s’en donne
les moyens.
Et nous en revenons à la citation de Sun Zi au début de ce paragraphe. La guerre n’est
pas une simple question de technique militaire, mais un affrontement politique où se
jouent la vie et la mort des nations. Les conditions de cet affrontement changent selon
les périodes historiques. Comprendre la guerre, c’est d’abord comprendre son temps.
Malheur à celui qui ne le fait pas !
B. 1939-1940 : LES VICTOIRES FOUDROYANTES DU « BLITZKRIEG »
1. Septembre 1939 : la défaite de la Pologne
En septembre 1939, l’armée polonaise est écrasée en trois semaines par les blindés et l’aviation
allemande. Conformément à sa conception défensive, l’armée française reste cantonnée derrière la
ligne Maginot. … Et conformément aux clauses secrètes du Pacte germano-soviétique, l’armée
rouge occupe la partie orientale de la Pologne.
2. Octobre 1939 – avril 1940 : la « drôle de guerre »
Après l'arrêt complet des combats en Pologne (début octobre), une longue phase d’attente
commence : c’est la « drôle de guerre », qui désigne un conflit où l’on ne se bat pratiquement pas.
Cette inactivité montre bien la confusion des objectifs franco-britanniques. La guerre a été déclarée
pour sauver la Pologne … mais celle-ci n’existe plus ! Alors pourquoi continuer, et avec quel projet
? En réalité, Français et Anglais attendent que leur supériorité économique et leur maîtrise des mers
leur donnent l’avantage. Mais ceci suppose que l’Allemagne reste passive, ce qu’elle n’a
évidemment pas l’intention de faire.
En attendant, seules des opérations périphériques se déroulent.
Durant l’hiver 1939-40, l’URSS attaque la Finlande pour obtenir une rectification de frontière. Les
Alliés envisagent très sérieusement d’aider la Finlande, ce qui souligne la confusion de leurs
objectifs : qui est vraiment l’ennemi, Hitler … ou Staline ? Mais les Finlandais signent la paix (mars
1940) avant que les Franco-Britanniques n’aient eu le temps d’intervenir.
En avril 1940, l’Allemagne occupe le Danemark et la Norvège, pour protéger ses importations de
minerai de fer en provenance de Suède. Français et Anglais répliquent par un débarquement à
Narvik. Cette opération ne donne aucun résultat, parce que, depuis le 10 mai, la vraie guerre se
déroule ailleurs.
3. Mai – juin 1940 : la défaite de la France
Le 10 mai 1940, l’armée allemande pénètre en Hollande et en Belgique, tournant les fortifications
de la ligne Maginot. L’état-major franco-britannique a évidemment prévu cette manœuvre, déjà
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effectuée par les Allemands en 1914. Les armées franco-anglaises se portent en Belgique à la
rencontre de l’ennemi. Mais la véritable offensive se produit les 13 et 14 mai un peu plus à l’est, à
travers le Luxembourg et le massif des Ardennes. Les divisions blindées allemandes percent le front
français, et foncent vers la mer. La bataille est pratiquement perdue dès ce moment, parce qu’il n’y
a plus ce front continu sur lequel reposait toute la tactique des Alliés.
Il n’est pas question pour vous de retenir le détail des opérations militaires. Il faut pourtant
comprendre, en suivant attentivement les cartes du cours médiatisé, comment deux conceptions de
la guerre s’affrontent. Celle de la France conduit à la catastrophe, parce que ses dirigeants n’avaient
pas compris que le monde avait changé, et que désormais « l’armée des machines » (selon
l’expression de de Gaulle) remplaçait l’armée des fantassins.
A partir du 20 mai 1940, la France connaît une véritable débâcle. Nous reviendrons davantage sur
ses caractéristiques et ses conséquences en étudiant le cours sur « la France dans la Seconde Guerre
mondiale ». Restons en pour l’instant au déroulement général du conflit.
Le gouvernement français, dirigé par Paul Reynaud, comprend très vite qu’il n’y a aucune chance
de rétablir la situation militaire. Que faire désormais ? On ne peut envisager de poursuivre la guerre
qu’en se repliant sur l'Angleterre et sur l’Afrique du nord. C’est ce que propose le général de
Gaulle, qui vient d’entrer au gouvernement.
Ce serait une décision audacieuse et sans aucun précédent. Le maréchal Pétain, également membre
du gouvernement, s’y oppose catégoriquement et propose de demander l’armistice.
Sa position est renforcée par un nouveau coup du sort le 10 juin : l’Italie déclare la guerre à la
France. Mussolini, qui connaît l’impréparation de son pays, s’est prudemment tenu à l’écart en
1939. Mais en juin 1940, il veut participer à une victoire désormais certaine. L’Italie fasciste n’est
pas une grande puissance militaire. Son entrée dans le conflit accroît pourtant en France
l’impression d’une catastrophe insurmontable.
Paul Reynaud, découragé, démissionne le 16 juin. Il laisse la place à Pétain qui demande aussitôt
l’armistice, signé le 22 juin.
De Gaulle, réfugié à Londres, a lancé le 18 juin sur les ondes de la BBC un appel à poursuivre la
guerre. Mais il ne dispose d’aucune autorité officielle ni d’aucune force militaire.
L'Angleterre est désormais seule face à l’Allemagne nazie.
4. L’Angleterre seule
Après la défaite de la France, Hitler espère que l'Angleterre se résignera à une paix de
compromis, reconnaissant l’hégémonie allemande sur le continent européen. Le
gouvernement anglais refuse catégoriquement. Le premier ministre, Winston Churchill,
devient l’incarnation de la volonté de résistance britannique.
Hitler envisage alors un débarquement en Angleterre. Il est évident (nous y
reviendrons à propos du débarquement de Normandie en juin 1944) qu’une telle
opération est très complexe, très risquée, et ne peut être envisagée en quelques
semaines. Le fait que l’Allemagne ne l’avait pas préparée auparavant montre qu’elle
n’avait pas véritablement, au delà du contient européen, de stratégie mondiale. Il
faudra vite abandonner ce projet de débarquement.
En attendant, les Allemands tentent de briser la résistance britannique par une vaste
offensive aérienne. C’est la « bataille d'Angleterre », qui se déroule pendant tout l’été
1940. Les Anglais ne cèdent pas. Et dès octobre l’offensive se ralentit, à cause des
énormes pertes infligées par la défense anti-aérienne et la Royal Air Force.
A la fin de 1940, contrairement aux espoirs d’Hitler, et grâce à la résistance
britannique, l’Allemagne est installée dans une guerre longue, et a étendu les fronts
qu’elle doit défendre jusqu’à l’Atlantique et la Méditerranée.
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Bilan à la fin de 1940
Apparemment, l’Allemagne nazie est triomphante. Elle a annexé l’Autriche et la moitié
de la Tchécoslovaquie sans se battre. Elle a écrasé la Pologne, et surtout la France,
avec une rapidité que personne n’avait prévu, pas même Hitler.
Mais nous avons souligné dans la leçon précédente que le seul espoir de victoire de
l’Allemagne se trouvait dans une succession d’affrontements courts : décourager ou
battre ses adversaires vite, et les uns après les autres. Nous avons également souligné
que l’objectif essentiel des nazis se trouvait à l’est, contre l’URSS. Hitler espère ne
l’affronter qu’après s’être complètement débarrassé de ses adversaires à l’ouest.
Or, dès l’été 1940, un grain de sable vient bloquer cette mécanique : l'Angleterre
décide de continuer la guerre, malgré son isolement et son infériorité. Pressée par le
temps ; l’Allemagne nazie risque fort de se lancer dans une fuite en avant : atteindre
tous ses objectifs le plus vite possible, pendant qu’elle a encore la supériorité militaire.
Et donc attaquer l’URSS avant d’avoir fini la guerre à l’ouest.
C’est ce qui va effectivement se passer, et conduire à une extension démesurée du
conflit.
C. 1941 : LA FUITE EN AVANT DE L’ALLEMAGNE
1. La guerre s’étend en méditerranée
Confronté à la résistance anglaise, Hitler doit prendre une décision : que faire ?
Dès l’automne 1940, il donne la priorité à la guerre contre l’URSS, convaincu que la défaite
soviétique enlèvera tout espoir à l’Angleterre. Ainsi commence la fuite en avant.
En décembre 1940, Hitler ordonne l’attaque contre l’URSS pour le 1° mai 1941. En effet, la rudesse
du climat russe impose d’avoir vaincu les Soviétiques avant l’arrivée de l’hiver.
Mais l’offensive doit être retardée, essentiellement en raison des déboires de l’encombrant allié
italien. Mussolini, qui n’a rien obtenu lors de la défaite de la France, cherche désespérément un
succès en Méditerranée. Il attaque l’Egypte à partir de la Libye (septembre 1940), puis la Grèce à
partir de l’Albanie (octobre 1940). Au début de 1941, les troupes italiennes sont partout en
difficulté. Les Anglais ont débarqué en Grèce, et ils contre –attaquent en Libye. Hitler est bien
obligé de voler au secours de Mussolini, d’autant plus qu’un coup d’état hostile à l’Allemagne se
produit le 27 mars 1941 en Yougoslavie.
L’intervention allemande se produit dans deux directions :
- En Libye, Hitler envoie l’Afrika Korps, dirigé par un de ses meilleurs généraux, Erwin Rommel.
Une offensive en mars – avril 1941 conduit Rommel jusqu’aux frontières de l’Egypte.
- Dans les Balkans, en avril 1941, une attaque allemande submerge en quelques semaines la
Yougoslavie, la Grèce et la Crète.
Une fois de plus, les succès allemands sont foudroyants. Mais ils ne règlent en rien le problème
essentiel : l'Angleterre va-t-elle cesser la guerre ? Evidemment non ! Le seul résultat concret de la
guerre en Méditerranée a été de retarder de sept semaines l’attaque contre l’URSS. Ce qui est très
grave pour les Allemands, si on se souvient des contraintes du climat.
Accessoirement, la guerre en Méditerranée a permis d’attaquer ou de menacer les lignes de
communication anglaises vers l’Egypte, le canal de Suez, le pétrole du Moyen-Orient, les Indes.
Mais Hitler n’y a jamais accordé d’importance essentielle (un exemple : Rommel en Libye n’a reçu
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que des moyens modestes, et il a du faire construire de faux chars en bois pour impressionner les
Anglais …). Pour Hitler, la priorité était bien l’attaque contre l’URSS.
2. L’offensive contre l’URSS
Il faut le rappeler : l’objectif essentiel des nazis était à l’Est :
- D’une part pour y conquérir un « espace vital » (Lebensraum) dans lequel les « sous – hommes »
(Untermenschen) slaves seraient réduits en esclavage, et les « sous – hommes » juifs anéantis.
- D’autre part pour détruire le régime communiste de l’URSS, ennemi du nazisme tout comme l’est
la démocratie libérale.
L’offensive contre l’URSS est déclenchée, avec sept semaines de retard, le 22 juin 1941. Les
moyens sont énormes : 3 millions d’hommes et 3500 chars. Et Hitler a entraîné dans la guerre
contre l’URSS la Roumanie, la Hongrie et la Finlande. La tactique est celle du « Blitzkrieg » : des
offensives rapides menées par les divisions blindées, qui foncent vers Moscou et Leningrad, en
encerclant au passage les armées soviétiques.
Staline, qui voulait à tout prix retarder la guerre, n’a pas cru à la rupture du Pacte germanosoviétique, malgré de multiples avertissements. L’Armée rouge est mal préparée, et pendant tout
l’été 1941, le « Blitzkrieg » triomphe. Mais l’URSS n’est pas la France, d’abord par ses dimensions
: il y a 900 km de la frontière polonaise à Moscou, alors qu’il n’y a que 180 km de la frontière belge
à Paris. Le « Blitzkrieg » se perd dans l’immensité de la plaine russe. Lorsque l’hiver arrive, ni
Moscou ni Leningrad ne sont tombés. Et les troupes allemandes ne sont pas équipées pour l’hiver
…
A ce moment là, Staline sait que le Japon ne l’attaquera pas, en particulier par les informations de
l’espion soviétique Sorge, installé à Tokyo. L’Armée rouge peut ramener de nombreuses troupes
d’orient vers Moscou. Le 7 décembre 1941, une offensive soviétique dégage les abords de la
capitale. Pour la première fois, le « Blitzkrieg » a échoué.
A la fin de 1941, malgré des succès militaires impressionnants, l’Allemagne n’a pas gagnée. Elle est
installée dans une guerre longue, et désormais sur deux fronts.
Cette guerre devient mondiale le 7 décembre 1941, avec l’attaque japonaise contre les Etats-Unis.
Mais l’attitude américaine avait déjà évolué vers une intervention de plus en plus grande dans le
conflit.
3. L’évolution de l’attitude américaine
Vous connaissez déjà les raisons de la neutralité américaine : l’isolationnisme, qui a triomphé après
1918. Les Etats-Unis ne sont pas signataires du Traité de Versailles.
Les Américains ont évidemment plus de sympathie pour la France et l'Angleterre que pour
l’Allemagne nazie. Mais ils ne veulent pas de la guerre. En novembre 1940, le président Franklin
Roosevelt est réélu pour un troisième mandat, cas sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis. Il a
fait sa campagne électorale en promettant la paix.
Cependant, les dirigeants américains sont parfaitement conscients des dangers qui pèsent sur eux.
Les victoires foudroyantes de l’Allemagne laissent l’Angleterre seule face à Hitler. Si l’Allemagne
nazie gagne la guerre, elle établira son hégémonie sur l’Europe, la Méditerranée, l’Atlantique
C’est d’autant plus inquiétant qu’une autre hégémonie menace à l’ouest des Etats-Unis.
Le Japon, déjà présent en Chine profite de la défaite française pour installer des bases militaires en
Indochine.
Le Japon va-t-il devenir la puissance dominante dans toute l’Asie et le Pacifique?
Face à ces dangers, le président Roosevelt décide de réagir mais sans engager son pays dans une
guerre dont le peuple américain ne veut pas.
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En mars 1941, les Etats-Unis adoptent la loi prêt – bail. Elle permet de livrer à l'Angleterre des
quantités illimitées d’armements, qui seront, en principe, remboursés après la guerre.
Lorsque l’URSS est attaquée par l’Allemagne (juin 1941), elle bénéficie aussi de cette loi.
En août 1941, Churchill et Roosevelt se rencontrent sur un navire de guerre au large de Terre –
Neuve. Ils signent ensemble la Charte de l’Atlantique, qui affirme la solidarité de leurs deux pays
autour du principe de la liberté des peuples.
Le 7 décembre 1941, l’attaque japonaise contre Pearl Harbor fait basculer les Etats-Unis dans la
guerre. Nous y reviendrons plus loin…
D.
1942 : L’ALLEMAGNE REMPORTE SES DERNIERS SUCCES
1. L’offensive vers le sud de la Russie
Bloqués devant Leningrad et Moscou, les Allemands cherchent au printemps 1942 une
nouvelle façon d’arracher la victoire le plus vite possible : la fuite en avant se poursuit.
Ils se tournent vers le sud, en direction des puits de pétrole de Bakou. S’ils privent les
Soviétiques de ce pétrole, et en disposent pour eux – mêmes, ils auront obtenu un
avantage décisif. En mai – juin 1942, l’offensive allemande avance sur plusieurs
centaines de kilomètres … mais ne parvient pas à vaincre. A la fin de juillet 1942,
l’armée allemande atteint Stalingrad, où l’Armée rouge oppose une farouche
résistance. La même situation (encore des succès allemands, mais insuffisants pour
finir la guerre) se rencontre en Méditerranée.
2. Nouvelle offensive en Méditerranée
Rommel lance en juin 1942 une nouvelle offensive vers l’Egypte et le canal de Suez. Il
est arrêté en octobre 1942 à El Alamein.
Lorsque les Anglo – Américains débarquent en Afrique du Nord (novembre 1942), les
Allemands ripostent en occupant la zone « libre » française, ainsi que la Tunisie.
3. Bilan à la fin de 1942
L’Allemagne occupe la plus grande partie de l’Europe. Elle est solidement installée sur
les rives sud de la Méditerranée, en Libye et en Tunisie. Sa puissance est encore
impressionnante. En réalité, l’Allemagne a perdu son pari. Elle devait vaincre ses
adversaires rapidement et les uns après les autres. Elle se retrouve dans une guerre
longue, à la fois contre l’URSS, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Elle ne peut plus que
reculer face à des forces très supérieures aux siennes.
En Asie, c’est le Japon qui connaît le même vertige de la puissance militaire, et le
même échec.
II.
LES VICTOIRES DU JAPON
A. COMPRENDRE PEARL HARBOR
Le 7 décembre 1941, le Japon commet un acte apparemment insensé : sans
déclaration de guerre, ses porte – avions attaquent la base américaine de Pearl
Harbor, aux îles Hawaï.
En agissant ainsi, le Japon déchaîne contre lui une puissance qui va l’écraser en 1945.
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Alors pourquoi une telle décision ?
Le problème essentiel est donc de comprendre Pearl Harbor.
Puis nous verrons comment, après Pearl Harbor, le Japon étend en quelques mois sa
domination sur une immense partie de l’Asie et du Pacifique.
B. LA SITUATION DU JAPON EN 1940
Nous avons déjà souligné que l’objectif du Japon était d’établir son hégémonie en Asie
orientale et dans le Pacifique, et nous en avons expliqué les raisons. Ce petit pays sans
richesses naturelles, brutalement modernisé et industrialisé à la fin du XIX° siècle,
estime avoir le droit de se construire par la force une zone d’influence en Asie.
Pourquoi ne l’aurait-il pas, alors que l’Angleterre, la France, les Pays-Bas, ont colonisée
toute l’Asie du sud ?
Pour imposer sa domination en Asie orientale, le Japon doit écarter les puissances
européennes présentes par leurs colonies :
- Le Royaume-Uni : Indes, Birmanie, Malaisie, Singapour, Hong Kong.
- La France : Indochine (Vietnam, Laos et Cambodge).
- Les Pays-Bas : Indes néerlandaises (actuelle Indonésie).
- Les Etats-Unis sont également présents dans le Pacifique : Philippines (prises à
l’Espagne en 1898), Hawaï (annexé en 1898). Les Américains
sont aussi très
intéressés par le marché chinois. Ils défendent en Chine la politique de la « porte
ouverte », selon laquelle toutes les nations ont le droit de faire du commerce en Chine
… ce qui exclut que le marché chinois soit réservé au Japon.
En 1932, le Japon a enlevé la Mandchourie à la Chine. Depuis 1937, le Japon occupe
une grande partie de la Chine elle – même. Les dirigeants japonais n’ont pas compris
ce qu’aujourd’hui tout le monde sait : par la masse énorme de sa population (environ
400 millions d’habitants au moment de la Seconde Guerre mondiale, trois fois plus
aujourd’hui…) la Chine est incontrôlable par un occupant étranger. L’armée japonaise
ne vient pas à bout d’une résistance animée tant par les nationaliste (le Guomindang
dirigé par Tchang Kaï-chek) que par les révolutionnaires (le Parti communiste dirigé
par Mao Zedong).
Le gouvernement nationaliste chinois, réfugié à Tchoungking est ravitaillé par les
Français depuis l’Indochine, et par les Anglais depuis la Birmanie. Aux Etats-Unis, la
sympathie est vive pour la résistance chinoise.
Bloqué en Chine, le Japon va essayer d’atteindre ses objectifs par d’autres moyens, et
se lancer, comme l’Allemagne, dans une fuite en avant.
C. LA
FUITE EN AVANT DU JAPON
Depuis 1936, le Japon est lié à l’Allemagne nazie par le Pacte anti - Komintern. Cette
alliance a été confirmée en septembre 1940 par le Pacte tripartite (Allemagne, Japon,
Italie). Cependant, le Japon se méfie : il s’est senti abandonné par l’Allemagne au
moment du Pacte germano – soviétique. Après 1939, renonçant à affronter l’URSS, le
Japon a orienté uniquement ses ambitions vers le sud : la Chine, l’Asie du Sud-Est.
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En juillet 1940, l’Allemagne semble triompher en Europe :
- La Pologne a été rayée de la carte
- Le Danemark, la Norvège, la France, la Belgique et les Pays-Bas sont occupés
- L’Angleterre est isolée dans son île.
Evidemment, le Japon est tenté de profiter des succès de son allié allemand. La
France vaincue et occupée ne peut plus défendre sa colonie d’Indochine. Le Japon en
profite pour y installer progressivement des bases militaires (1940-41), sans grande
résistance du gouvernement de Vichy. Il ne s’agit pas seulement de prendre la place
des Français en Indochine, mais aussi d’encercler la Chine et de couper une voie de
ravitaillement pour la résistance chinoise.
L'Angleterre, en guerre contre l’Allemagne, n’a pas les moyens d’intervenir
sérieusement en Asie. Les Etats-Unis se trouvent alors placés devant une énorme
responsabilité : vont-ils laisser faire le Japon ? Roosevelt répond « non » en décidant
un embargo sur le pétrole américain vendu au Japon. Décision très grave pour le
Japon, qui n’a pas de richesses naturelles, et ne peut envisager aucune domination de
l’Asie sans pétrole pour ses avions et ses navires.
A la fin de 1941, le Japon doit choisir :
- Soit il cède à la demande américaine, qui est tout simplement d’évacuer l’Indochine
et la Chine. Ce serait, pour une grande puissance, capituler sans combattre, ce qui ne
s’est jamais vu.
- Soit il trouve ailleurs du pétrole. Il y en a aux Indes néerlandaises, que les Pays-Bas
occupés par l’Allemagne sont bien incapables de défendre. S’en emparer serait facile.
Mais ce serait à l’égard des Etats-Unis une provocation qui conduirait presque
sûrement à la guerre.
Alors, faut-il faire la guerre à l'Amérique ?
Les Japonais sont conscients de la supériorité industrielle des Etats-Unis. La seule issue
serait d’infliger d’emblée aux Américains une défaite telle qu’elle les décourage de
poursuivre le combat. C’est ce qu’affirme l’amiral Yamamoto, hostile à la guerre, mais
qui explique que si on veut la faire quand même, il est indispensable de frapper fort et
de frapper les premiers. D’où la décision de détruire par surprise (c’est à dire sans
déclaration de guerre) la flotte américaine du Pacifique basée à Pearl Harbor.
D. PEARL HARBOR (7 DECEMBRE 1941)
L’attaque est menée par une escadre de six porte-avions conduite par Yamamoto. En
faisant un vaste détour par le nord, elle s’approche à 200 km des îles Hawaï sans être
repérée. Les avions japonais attaquent par surprise et détruisent une quinzaine de gros
navires. Plus de 1000 Américains sont tués.
Militairement, c’est un succès (bien que deux porte-avions américains, alors en mer,
n’aient pas été coulés). Mais, politiquement, l’échec est complet. Le peuple américain,
indigné par l’agression, bascule totalement du coté de la guerre. Il n’y aura pas de
négociation, mais une guerre totale.
Le président Roosevelt déclare à la radio le 9 décembre 1941 :
« Nous devons faire face à la grande tache qui est devant nous, en abandonnant immédiatement et
pour toujours l’illusion que nous pourrions jamais nous isoler à nouveau du reste de l’humanité ».
L’isolationnisme américain est mort pour longtemps. S’il y a un événement dont il faut se souvenir
pour comprendre notre temps, c’est bien celui-là !
Leçon 3 :La logique d’un conflit 1939-1942
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Module d’Histoire
E. L’EXPANSION JAPONAISE (SEPTEMBRE 1941-PRINTEMPS 1942)
1. L’occupation d’une aire immense
Les Etats-Unis peuvent mettre en marche une énorme puissance militaire. Mais dans
un premier temps, au lendemain de Pearl Harbor, ils sont désarmés.
Le Japon en profite pour occuper une zone immense, entre le 7 décembre 1941 et le
printemps 1942. Vous n’avez pas à retenir précisément ses contours, mais simplement
à constater, sur une carte, son ampleur : elle va du Pacifique à l’est, aux portes de
l’Inde à l’ouest, et aux portes de l’Australie au sud !
Le drapeau japonais flotte sur Hong Kong, Manille, Singapour, Jakarta …
Mais des succès aussi impressionnants ne répondent pas à la question essentielle :
qu’est-ce que le Japon peut faire ensuite, quelle est sa stratégie ?
2. L’absence de stratégie mondiale
La première stratégie du Japon a échoué : elle consistait à décourager les Etats-Unis,
et à les amener à négocier en position de faiblesse, c’est à dire à reconnaître
l’hégémonie japonaise sur l’Asie. (Remarque : c’est exactement ce que l’Allemagne
attend de l’Angleterre : non pas qu’elle disparaisse, mais qu’elle reconnaisse
l’hégémonie allemande sur le continent…)
Alors, y a-t-il une autre stratégie, qui cette fois permettrait de vaincre les Américains
et leurs alliés européens ? Si le conflit concerne l’Europe, on pense tout de suite au
rôle qu’y joue l’Allemagne. Or, on le constate avec surprise, le Japon et l’Allemagne ont
mené deux guerres parallèles sans jamais coordonner leur combat. Les hauts
dirigeants des deux pays ne se sont jamais rencontrés. Une offensive commune
(allemande vers le Moyen-Orient, japonaise vers les Indes) n’a jamais été envisagée
sérieusement. Il y avait pourtant là un objectif essentiel, et qui n’était pas seulement
le pétrole : le soulèvement des peuples (arabes, indiens …) dominés par l'Angleterre et
par la France.
Comme pour toute erreur stratégique, ce n’est pas l’intelligence des dirigeants qui est
en cause. Alors il faut se demander les raisons réelles de leur erreur. Sans doute le
Japon et l’Allemagne n’étaient-ils pas assez présents à l’échelle mondiale pour avoir
une vision mondiale du conflit : l’Allemagne ne s’intéresse qu’à l’Europe, le Japon ne
s’intéresse qu’à l’Asie. Dans cette première guerre véritablement mondiale, pouvaient
difficilement gagner ceux qui n’avaient pas de stratégie mondiale.
Dans la leçon suivante nous verrons que la Grande Alliance avait, elle, cette stratégie.
3. Deux coups d’arrêt : Midway et Guadalcanal
Dès 1942, l’expansion japonaise connaît deux coups d’arrêt.
En juin, la flotte japonaise tente de détruire la flotte américaine en provoquant un
grand engagement au large de l’île de Midway. La bataille tourne à son désavantage.
Quatre porte-avions japonais sont coulés. Pour la première fois dans l’histoire des
batailles navales, les deux flottes ennemies se sont combattues sans se voir,
uniquement par l’intermédiaire des appareils lancés depuis les porte-avions. Le porteavions est devenu l’arme maîtresse du combat naval.
Leçon 3 :La logique d’un conflit 1939-1942
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Module d’Histoire
En août 1942, les Américains bloquent l’avance japonaise vers l’Australie dans l’île de
Guadalcanal. Les combats durent jusqu’en février 1943. Mais dès l’été 1942, le Japon
est sur la défensive.
Conclusion :
1942
Le
monde
à
la
fin
de
Sur la carte, la domination de l’Axe atteint à la fin de 1942 des
dimensions sans précédent : toute l’Europe, des Pyrénées à la Volga ;
toute l’Asie du Sud, des portes de l’Inde aux portes de l’Australie. En
réalité, l’Axe a déjà échoué dans ce qui était sa seule chance sérieuse de
victoire : battre ou décourager ses adversaires rapidement, et les uns
après les autres. La Grande Alliance rassemble désormais des forces très
supérieures à celles de l’Axe, et doit logiquement l’emporter. Cependant
en 1942, les peuples qui combattent et leurs dirigeants ne voient pas
aussi clairement les choses. Nous consacrerons la leçon suivante à faire
le point au milieu de la guerre (1942-43).
Leçon 3 :La logique d’un conflit 1939-1942
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