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CLYSTERE
E-revue mensuelle illustrée
Histoire des objets et instruments médicaux
Histoire de la santé
SOMMAIRE N° 43 – OCTOBRE 2015
L’image du mois : L’ambulance de Larrey reconstituée (Bernard Baldivia)
Histoire des instruments :
-
L’antisepsie, Joseph Lister, Just Lucas-Championnière et les pulvérisateurs à vapeur (Louis-Jean
Dupré)
Trousse dentaire du Docteur David utilisée pendant la Première Guerre mondiale (Xavier Riaud)
Histoire de la santé :
-
Une facette mal connue de l’immense talent de Louis Siriès, orfèvre du Roi Louis XV : la fabrication d’instruments de chirurgie (Quentin Désiron)
L’Australie n’échappa pas à l’épidémie de la grippe espagnole (Claire Dujardin)
Les médailles de l’Institut de France du docteur Charles Bouchard (1837-1915) (Frédéric Bonté)
En musardant sur la Toile (Bernard Petitdant)
Courrier des lecteurs
OSNI (Objets Scientifiques Non Identifiés) : un coffret de seringues original (Jacques Hotton)
Petite annonce
Nouveautés en librairie
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Actualités
Appels à publication
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CLYSTÈRE
(ISSN 2257-7459)
Conception –réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin
Service de gériatrie, Centre hospitalier Jean Leclaire BP 139
Le Pouget, CS 80201 24206 Sarlat cedex, France
Abonnement gratuit sur : www.clystere.com
Comité scientifique France :
Michèle Moreau (cadre supérieure de santé honoraire, membre fondatrice et trésorière-adjointe de
l'Association des Amis du Musée de l'AP-HP (ADAMAP)
Frédéric Bonté (Docteur en pharmacie, membre de l’Académie Nationale de Pharmacie)
Guy Gaboriau (Docteur en médecine, Collectionneur et spécialistes des instruments médicaux anciens)
Guillaume Garnier (Docteur en Histoire moderne et contemporaine)
Richard-Alain Jean (Docteur en médecine, égyptologue, spécialiste de la médecine égyptienne)
Philippe Lépine (Ingénieur retraité du fabricant d’instruments médicaux Lépine, à Lyon)
Bernard Petitdant (Cadre kinésithérapeute, spécialiste de l’histoire de la kinésithérapie)
Xavier Riaud (Docteur en chirurgie dentaire, spécialiste de l’histoire dentaire et napoléonienne)
Comité scientifique hors France :
Doug Arbittier (MD, MBA & Michael Echols) York, Pennsylvanie, USA. http://medicalantiques.com
Other women or men around the world are welcome.
Clystère sur :
01 octobre 2015
Facebook : https://www.facebook.com/Clystere
www.clystere.com / n° 43.
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L’IMAGE DU MOIS : L’ambulance de Larrey reconstituée
Bernard BALDIVIA
Contact : [email protected]
Dominique Jean Larrey est né le7
juillet 1766, à Beaudean, petit village attenant à Bagnères de Bigorre, dans la vallée de Campan,
au bord de l’Adour. Son père, cordonnier, meurt en 1770. Ce petit
orphelin pyrénéen, va devenir Baron d’Empire et le chirurgien emblématique de La Garde Impériale
de Napoléon Ier.
Opérateur mili-
taire hors pair, enseignant exceptionnel, il reste surtout connu comme le créateur du concept de la prise en charge précoce du blessé,
quelle que soit sa nationalité.
A une époque où la règle était d’abandonner les blessés à leur sort jusqu’à la fin de la bataille, il va
(en parallèle avec son contemporain JF Percy) mettre en place des unités chargées de donner les premiers soins vitaux sur le lieu même de la blessure. Il invente un véhicule (ancêtre de nos actuels VSAB
Véhicule de Soins aux Asphyxiés et aux Blessés) destiné à transférer les blessés « mis en condition »
vers l’arrière afin qu’ils y reçoivent des soins plus complets [Fig. 1].
En cela, il a jeté les bases de la chirurgie de
l’avant sur le plan militaire et du Samu sur le
plan civil .Avec JF Percy, chirurgien en chef
de la Grande Armée ,50 avant Solferino et
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Henri Dunant, il a anticipé la « Croix
Rouge » en déclarant que « dans la prise en
charge des blessés, ,peu importait la nationalité ou le grade, seule importait la gravité
de la blessure »..
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Larrey meurt en 1842. Il repose, depuis 1992, dans le caveau des Gouverneurs aux Invalides.
Sa maison natale, léguée à la ville de Beaudean par son fils Hippolyte Larrey (1808-1895), lui-même
chirurgien en chef des Armées de Napoléon III, est aujourd’hui un musée, destiné à évoquer le souvenir des Larrey père et fils mais aussi celui de la famille Larrey qui a compté de nombreux chirurgiens
(Alexis Larrey à Toulouse, Jean François Larrey à Nîmes).
Ce musée (site internet : http://musee.larrey.beaudean.a3w.fr/ ), par ailleurs, présente de fréquentes
expositions sur les traditions pyrénéennes, l’art dans la Vallée de Campan et accueille de nombreux
artistes de tous horizons.
Une reproduction taille réelle, de la célèbre ambulance est exposée dans la cour du Musée. La construction de ce véhicule a fédéré de nombreuses bonnes volontés et, en particulier, a constitué le projet 2014 du lycée technique de Tarbes. Cette ambulance était présente en Mai 2015 sous l’Arc de
Triomphe pour célébrer le retour de l’Aigle et a participé en juin 2015 à la reconstitution de la bataille
de Waterloo.
2016 va être l'occasion de commémorer le 250è anniversaire de la naissance de Jean Dominique Lar-
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rey.
Pour toute information supplémentaire, Contact : Association des Amis du Baron Larrey :
Dr Renault : [email protected] ou Dr Baldivia : [email protected].
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L’antisepsie, Joseph Lister, Just Lucas-Championnière et les pulvérisateurs à vapeur
Louis-Jean DUPRÉ
Anesthésiste réanimateur, Médipole de Savoie, 73190 Challes-les-Eaux
E-mail : [email protected]
Au milieu du XIXe siècle la mortalité dans les hôpitaux est très
élevée. Près de 20% des accouchées meurent. La cause essentielle en est la fièvre puerpérale, encore appelée « peste noire
des femmes ». Le corps médical se perd en conjectures sur la
nature du mal, et se montre impuissant à la combattre (2). A
cette époque, les résultats de la chirurgie sont tout aussi ca-
« Les plus éminents maîtres de la
chirurgie, épouvantés, arrivaient à
douter de leur art. Trélat fuyait l'hôpital Saint-Louis, après y avoir perdu
tous ses blessés; Gosselin, Verneuil
et Nélaton fermaient leurs salles.
Broca déposait son bistouri».
Paul Reclus (1)
tastrophiques, la mortalité après amputation dans les hôpitaux peut varier de 30 à 80 %, les chirurgies péritonéale, pleurale ou articulaire ne sont pratiquement pas pratiquées car grevées d’une mortalité à près de 100%. « L’infection purulente, l’érysipèle, le tétanos, le phlegmon gangréneux compli-
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quaient toute opération chirurgicale » (3) [Fig. 1].
Figure 1 : Gangrène après une amputation de bras pendant la guerre de Sécession (1861-65).
© Wellcome Library London.
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Les chirurgiens ne comprennent pas la cause de ces infections et pensent qu’il s’agit de génération
spontanée ou comme Hippocrate (460-371 av JC) de miasmes transmis par l’air : « l’air entre dans le
corps… souillé de miasmes morbifiques. » (4). Impuissants, ils préconisent simplement une bonne
aération des locaux. Pourtant au XVIe siècle, la notion de contagion avait déjà été mise en évidence
par Jérôme Francastor (1483-1553), en 1546, dans son ouvrage « De contagione et contagiosis morbis et eorum curatione ». Par la suite, Anton van Leeuwenhoek (1632-1723), dans son « Observations
sur les êtres invisibles » publié à Leyde, en 1684, fait la description des premiers éléments unicellulaires, qu’il observe au microscope. Malgré cela, la théorie de la génération spontanée est encore
cautionnée au XVIIIe siècle par des savants réputés comme l’abbé John Needham Tuberville (17131781), biologiste anglais ou le français Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788). L’abbé
Lazzaro Spallanzani (1729-1799), biologiste de Padoue, démontre qu’il n’y a pas de génération spontanée, mais qu’il existe des germes préexistants dans l’air (5).
En cette fin du XVIIIe siècle, William Buchan (1729-1805), médecin écossais, est convaincu que la plupart des maladies sont contagieuses, transmises par les soignants, médecins et domestiques, par
leurs mains et leurs habits. Il pose les bases de l’hygiène : se laver les mains, changer d’habit… (6)
[Fig. 2].
On doit croire que la contagion est souvent transportée d'un lieu en un
autre, par le peu de soin que les médecins ont d'eux-mêmes. Plusieurs
médecins affectent ordinairement de rester auprès du lit du malade, et
de lui tenir la main pendant un temps considérable. Si le malade a la
petite-vérole, ou toute autre maladie contagieuse, il n'est pas douteux
que les mains du médecins, ses habits, etc., ne soient imprégnés des
miasmes de la contagion; et il va sur-le-champ visiter un autre malade,
ceq ui lui arrive très souvent, sans s'être lavé les mains, sans avoir
changé d'habits, ou sans s'être exposé au grand air, est-il étonnant qu'il
porta la maladie partout avec lui ? Les médecins non seulement exposent les malades, mais ils s'exposent eux-mêmes par cette négligence :
aussi très souvent en sont-ils les victimes.
Figure 2 : La contagion est le fait des médecins eux-mêmes. (6)
Ces idées sont largement diffusées dans un ouvrage intitulé
“Médecine Domestique” publié
en anglais avec de nombreuses
rééditions, des traductions en
français et même des contrefaçons. Malheureusement, ces
notions d’hygiène élémentaire,
ne pénètrent pas la médecine
officielle. L’histoire d’Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865) jeune professeur assistant à la maternité de l’hôpital général de Vienne en 1846, auprès du professeur Johann Jakob Klein (1788-1856) est
bien connue. Cette maternité fondée en 1784, dispose de trois sections, l’une sous la responsabilité de
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Klein, forme les médecins, la seconde sous la responsabilité du Professeur Franz Xavier Bartsch (18001861) participe à la formation des sages-femmes, les internes n’y viennent pas, la troisième section,
sous l’autorité de Bartsch est réservée aux patientes pouvant payer. Dans le service de Klein, la mortalité des accouchées est de 15 à 30%, alors qu’elle est beaucoup plus faible dans le service de Bartsch
(2%). Semmelweiss observe que la mortalité a fortement augmentée, depuis que les internes en 1840
sont autorisés à disséquer. Après leurs dissections faites à mains nues, les internes reviennent en salle
d’accouchement examiner les femmes en couche, sans se laver les mains. Semmelweiss obtient des
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chefs de service qu’un échange se fasse entre les étudiants en médecine et les sages-femmes. Les taux
de mortalité s’inversent. Un collègue et ami de Semmelweiss, le docteur Jakob Kolletchka (1803-47),
anatomiste, meurt d’une plaie acquise au cours d’une autopsie, les symptômes sont les mêmes que
ceux de la fièvre puerpérale. Semmelweiss comprend alors que ce sont les étudiants qui contaminent
les accouchées. Il exige alors que les internes comme les sages-femmes se lavent les mains avec une
solution de chlorure de chaux en entrant en salle d’accouchement. La mortalité passe en dessous de
3%, confirmant sa vision correcte des choses. Mais Semmelweiss, d’un caractère difficile, peu compliant, devient la risée des autres médecins, qui attribuent ces résultats au hasard et ne suivent pas
ces idées (7). L’importance de ses idées ne sera reconnue que bien plus tard après sa mort [Fig. 3].
Figure 3 : Les mères reconnaissantes devant la statue d’Ignace Semmelveiss. Photographie d’une frise au Social Hygiene
Museum de Budapest. © Wellcome Library London.
Aux USA, Oliver Wendell Holmes (18091894) à la même époque, prêcha pour
le lavage des mains, par les médecins,
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mais là encore sans résultat (8) [Fig. 4].
Figure 4 : Oliver W Holmes en 1843,
montre lui aussi l’intérêt de
l’hygiène et du lavage des mains
pour ne pas propager la contagion
(8).
C’est Sir John Pringle (1707-1782), médecin d’Edimbourg qui en 1752, le pre-
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"While I attended these women in their fevers, I changed my
clothes, and washed my hands in a solution of chloride of
lime after cach visit. I attended seven women in labor during
this period, all of whom recovered without sickness"
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mier, utilise le terme « antiseptique ». Sensible aux idées de Leeuwenhoek sur les micro-organismes, il
préconise pour traiter les locaux, les couches et les vêtements, l’utilisation d’acides et d’alcools distillés qu’il nomme substances antiseptiques, pour prévenir les infections telle que la dysenterie qu’il a
observée comme médecin général des forces britanniques pendant la guerre des Flandres (9). Ces
travaux sont confirmés par Marie Geneviève-Charlotte Thiroux d’Arconville (1720-1805), femme de
lettre et chimiste française. Elle
poursuit
une
d’expériences
entre
série
1755
et1763, qui prouvent la valeur
du
quinquina
comme
an-
tiseptique et rejoint les idées de
Pringle dont elle a traduit les
travaux en 1755 (10). A la fin
du XVIIIe siècle, un chimiste
français Louis-Bernard GuytonMorveau
(1737-1816)
avait
imaginé pour enrayer les épidémies de typhus ou « fièvre
nerveuse » de désinfecter les
locaux avec des fumigations Figure 5 : Appareil de Guyton Morveau pour désinfecter une salle avec des fud’acide muriatique (acide chlor-
migations d’acide chlorhydrique (11, 12).
hydrique). Il avait même conçu un « appareil permanent de désinfection » à cet usage (11) [Fig. 5].
Ce mode de désinfection connaitra un grand succès en Europe au début du XIXe siècle (12). L’iode est
découvert par hasard, en 1811, dans des cendres d’algues marines par un chimiste français et fabricant de salpêtre Bernard Courtois (1777-1838). Ce chimiste avait déjà isolé la morphine à partir de
l’opium, sans donner d’importance à sa découverte. Il en sera de même pour l’iode, alors que la teinture d’iode (solution alcoolique de diiode), à partir de 1839, deviendra un des désinfectants le plus
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utilisé [13]. En 1834, le chimiste allemand, Friedlieb Ferdinand Rünge (1795-1867), découvre l’acide
carbolique ou phénique dans la houille fossile, mais c’est le français Auguste Laurent (1807-1853) qui
le purifie. Charles Gerhart (1816-1856), ami de Laurent, lui donne le nom de phénol [14].
Gilbert Déclat de Neboud (1827-1896), médecin français, a revendiqué toute sa vie la primauté de
l’utilisation de l’acide phénique comme antiseptique en médecine et chirurgie depuis 1861. Il conteste
l’attribution à Joseph Lister (1827-1912) de cette utilisation de l’acide phénique dans l’avant-propos
de son ouvrage de 1890 « Mais le malheur voulait qu'en Novembre 1865 j'eusse adressé au Dr. Simpwww.clystere.com / n° 43.
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son, mon Traité de l'acide Phénique, où était relatée tout au long l'histoire d'une gangrène traumatique arrêtée par moi au moyen de pansements à l’acide Phénique à l'hôpital St. Jean de Dieu, devant
les Docteurs Gros et Maisonneuve en 1861. Le Dr. Simpson était le maître de M. Lister, qu'il avait dans
son service. Ne lisant pas le français, il lui avait donné » (15,16). François Jules Lemaire (1814 -1866),
pharmacien français, a lui aussi publié sur les bienfaits de l’acide phénique, succinctement dès 1861,
puis de façon beaucoup plus conséquente en 1863 et 65.
Lemaire raconte comment il a bu pendant 8 jours, 1 litre d’eau phéniquée par jour, soit à jeun, soit
mélangé à son vin (17). Mais pour Lemaire, comme pour Déclat, l’action de l’acide phénique n’était
envisagée qu’à titre thérapeutique, par voie locale ou générale, mais pas dans un contexte chirurgical. Déclat décrit les voies orales, rectales, inhalatrices mais aussi les injections hypodermiques.
Enrico Bottini (1835-1903) a été le premier à utiliser l‘acide phénique à titre
préventif, pour la chirurgie, à l’hôpital
de la Charité de Novare en Italie, un
premier flacon d’acide phénique lui
ayant été rapporté de Londres en 1862,
par un de ses amis. En 1866, il a déjà
réalisé 600 interventions en nettoyant
les plaies et les instruments chirurgicaux
avec l’acide phénique, qu’il publie sous
le titre « Dell'azione dell'acido fenico Figure 6 : L’article original de Enrico Bottini en 1866 (18).
nella chirurgia pratica e nella tassidermica » (14,18) [Fig. 6].
Un autre précurseur est le Français Alphonse Guérin (1816-1895). S'inspirant des expériences de Louis
Pasteur (1822-1895), et de John Tyndall (1820-1893) établissant que le filtrage de l'air à travers la
ouate débarrasse cet air des innombrables particules organiques ou non qu'il contient et le rend opti-
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quement pur, il imagina le pansement ouaté et l'appliqua pour la première fois avec succès en décembre 1870 sur un soldat blessé à Champigny. Après nettoyage de la plaie avec de l’acide phénique,
il enfermait la plaie dans un pansement occlusif très large fait de plusieurs couches de ouate neuve
imbibées de perchlorate de fer (19,20).
Joseph Lister, est le fils de Joseph Jackson Lister (1786-1869), un riche négociant en vin et amateur
passionné de microscopie, qui a fait évoluer de façon sensible les microscopes optiques. D’une famille
Quaker, dissidents de l’église anglicane, il ne peut faire ses études qu’à l’Université de Londres ou il
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obtient en 1852, le grade de « Bachelier en Médecine ». De par son père, il est plutôt porté sur le naturalisme et la micrographie. En épousant en 1854, la fille du chirurgien James Syme (1799-1870),
pionnier de la chirurgie écossaise, il se dirige vers la chirurgie et est nommé professeur de chirurgie à
Glasgow en 1860. Son intérêt pour les micro-organismes et la lecture des travaux de Pasteur qui lui a
été conseillé par son collègue, le professeur de chimie Thomas Anderson (1819-1874), vont inciter le
chirurgien qu’il est devenu à mettre au point la méthode antiseptique qui portera son nom et va révolutionner la chirurgie (21). Le 12 août 1865 Joseph Lister traite un premier patient, atteint d’une fracture ouverte de jambe, avec de l’acide phénique mêlé au sang du patient, qu’il badigeonne sur la
jambe. Il recommence le badigeon tous les jours et le patient guérit. Dans les deux années suivantes,
il traite ainsi 11 fractures ouvertes, dont 9 guérissent sans infection. Puis Lister applique l’acide phénique mélangé à de l’huile ou de la craie dans d’autres interventions. Il publie ses premiers résultats
en 1867 dans le Lancet puis le British Medical Journal (22,23). Rapidement, il affine sa technique opératoire, le chirurgien et ses aides se lavent les mains avec de l’eau phéniquée, les instruments et le
catgut trempent dans de l’acide phénique, le champ opératoire est préparée avec une solution diluée
d’acide phénique, solution qui est aussi pulvérisée sur la plaie opératoire et les mains des opérateurs
pendant toute la durée de la chirurgie, le drainage de la plaie opératoire est systématique (24,25),
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[Fig. 7, 8, 9].
Figure 7 : Publication de Lister le 21 septembre 1867, dans le British Journal of Medicine (23).
Si Lister a éclipsé Bottini et d'autres c'est qu'il a eu le grand mérite d’apporter un aspect scientifique à
la technique en mettant en parallèle ses propres observations avec les découvertes presque simultanées de Louis Pasteur. Malgré des résultats spectaculaires pour l’époque, il peine à convaincre ses
confrères, en Angleterre.
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Figure 8 : Les éléments de la méthode antiseptique de Lister, de gauche à droite et de haut en bas :
La préparation des compresses, le pulvérisateur, les instruments et le catgut baignent dans l’acide
phénique, le drainage en fin d’intervention est systématique (24).
Figure 9 : Intervention pour mastectomie selon les principes de Lister. Au premier plan à
droite, l’aide qui surveille et oriente le pulvérisateur à vapeur. © Wellcome Library London.
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Lawson Tait (1845-1899) de Birmingham sera un farouche opposant (26). Lister aura quand même un
ardent défenseur en la personne de William Watson Cheynes (1852-1932), bactériologiste et chirurgien à Edimbourg (24). Lister voyage en Europe pour diffuser sa technique, et reçoit de nombreux
confrères, dans son hôpital de Glasgow. En Allemagne, Heinrich Adolf Bardeleben (1819-1895), Vincent Czerny (1842-1916), Friedrich August Esmach (1823-1908), Johan Nepomuk Ritter Nussbaum
(1829-1890), Carl Thiersch (1822-1895) et surtout Richard von Volkmann (1830-1889) avec son assistant Max Schede (1844-1902) adoptent la méthode, Charles Girard (1850-1916) et Auguste Reverdin
(1848-1908) en Suisse, William Mac Cormac (1836-1901) à Belfast, Matthias Hieronymus Saxtorph
(1822-1900) à Copenhague, furent parmi les premiers. En France la technique de Lister va se développer avec Paul Jean Bar (1853-1945), Jules Boeckel (1848-1927), Pierre Constant Budin (1846-1907),
Antoine Alphone Gilbrin (1833-1903), Frederix Gross (1844-1927), Jean Joseph Emile Letievant (18301884), Paul Legandre (1854-1936), Auguste Mazet (18..), Samuel Pozzi (1846-1918), Charles Edouard
Schwartz (1852-1924)… La plupart de ces chirurgiens seront à l’origine d’ouvrages sur l’antisepsie
avec la méthode de Lister (26-36). Mais c’est surtout Just Lucas-Championnière (1843-1913) qui deviendra le chantre de Lister en France et partout en Europe.
Just Marie Marcellin Lucas-Championnière est le fils
de Just Lucas-Championnière (1803-1858) médecin,
créateur et rédacteur unique du Journal de Médecine et de Chirurgie Pratiques, revue de vulgarisation destinée aux médecins praticiens [Fig. 10].
Il fait ses études de médecine à Paris, est admis à
l’Internat en 1865, passe sa thèse en 1870 et devient chirurgien des hôpitaux en 1874. Il sera
d’abord chirurgien adjoint à la maternité de Cochin
sous la direction de Stéphane Tarnier (1828-1897),
puis prendra la tête des services de chirurgie de
Tenon, Saint Louis, Beaujon et enfin de l’Hôtel-Dieu
où il termine sa carrière en 1906. Il meurt d’un AVC,
le 22 octobre 1913, alors qu’il finit de présenter une
communication à l’Académie des Sciences sur la
trépanation préhistorique. Lucas-Championnière
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fera l‘objet de nombreuses preuves de reconnaisFigure 10 : Just Lucas-Championnière (3).
sances en France et à l’étranger : Lauréat de
l’Académie de Médecine en 1879, de l’Institut en
1892, Président de la société Obstétricale et Gynécologique 1892, de la société de Chirurgie 1894, de
l’association française de Chirurgie 1901 et de la société internationale de Chirurgie 1911, VicePrésident de la société de Médecine Publique 1894, membre de la société d’Anatomie en France, du
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collège royal des chirurgiens de Londres, du collège royal des chirurgiens d’Edimbourg, de l’Académie
de Médecine de New-York (37,38). Lucas-Championnière découvre les travaux de Lister, parus dans le
Lancet en 1867 et se rend à Glasgow, pendant ses vacances en 1868, alors qu’il n’est encore
qu’interne. Il y reste un mois et se lie d’amitié avec Lister. « Il y a plus de trente ans, c'était en 1868,
je vis Lister pour la première fois. C'était un bien petit personnage, et je n'étais qu'un élève en troisième année d'internat. J'ai bien le droit de vous dire avec quelque fierté, que je compris, dès ce jourlà, la portée de la découverte qu'il me signala, que je vis ce qu'aucun chirurgien français ni étranger
n'avait compris à ce moment. La première publication que je fis en janvier 1869 en est le témoignage » (39). Il fera un nouveau séjour à Glasgow en 1875. De 1869 jusqu’en 1969, Just LucasChampionnière va se consacrer à la défense de la chirurgie antiseptique qu’il va finir par faire triompher. Il ne prétend pas avoir fait une découverte, mais se bat pour faire admettre la doctrine de Lister.
Alors que même en Ecosse, on discute la technique, argumentant sur la mauvaise odeur et le prix
élevé de l’acide carbolique. En France, alors que les désastres chirurgicaux s’additionnent aux dégâts
de la guerre de 1870, les chirurgiens ne comprennent pas encore l’intérêt de l’antisepsie (3). C’est en
novembre 1874, que Lucas-Championnière réalise ses premières interventions, avec la méthode antiseptique, à l’hôpital de la Riboisière de Paris, hôpital de mauvaise réputation puisqu’aucun amputé
n’y avait survécu durant toute l’année. Il remplace Photinos Panas (1832-1903). Dès le premier jour, il
réalise une kélotomie pour hernie étranglée et une désarticulation de l’épaule, le second il trépane un
patient comateux souffrant de crises d’épilepsie. Le chirurgien ne dispose que d’un peu d’acide phénique dans l’eau, mais suffisant pour préparer les aides, les mains, les instruments et la peau des sujets. Les trois patients guérissent, comme beaucoup d’autres pendant son remplacement de deux
mois. Lucas-Championnière présente sa trépanation début 1875, à la société de chirurgie. Cela lui
vaut un rapport élogieux, mais critiquant « l’importance que j’avais attribué dans mon succès, à la
méthode antiseptique » (40). A cette époque, les seuls chirurgiens à soutenir Lucas-Championnière
sont Aristide Auguste Stanislas Verneuil (1823-1895) et Jean Casimir Félix Guyon (1831-1920), qui dès
1876, lui demanderont de faire venir du matériel d’Edimbourg (40). Les difficultés à introduire la
technique sont telles que, encore en 78, à Cochin, Lucas-Championnière est l’objet de « querelles homériques » avec le directeur de l’hôpital. Le savon fourni par l’administration est tellement détes-
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table, que Lucas-Championnière en achète de ses propres deniers et les apporte à ses élèves, pour
qu’ils se lavent les mains. Mais le directeur veut interdire cette introduction de savon ! En 1876, Lucas-Championnière publie son livre : « Chirurgie antiseptique. Principes, Mode d’application et Résultats du pansement de Lister » [Fig. 11].
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Ce livre sera traduit en anglais, italien, espagnol et
russe et fera l’objet de réédition en 1880 (25).
L’antisepsie telle que l’a conçue Lister et développée
Lucas-Championnière, nécessite d’opérer dans une atmosphère antiseptique, obtenue par la pulvérisation
permanente d’acide phénique sur le champ opératoire
et les mains des opérateurs. Cette pulvérisation est aussi
utilisée sur les pansements septiques et dans les salles
considérées comme souillées. Mais l’antisepsie, conçue
par Lister, ne s’adresse qu'aux germes présents dans
l'air. La vaporisation d'acide phénique dans l'air et son
application sur les plaies, n’attaque que les microbes
dans le champ opératoire. C'est assez peu efficace
quand il faut opérer en profondeur et, de plus, l'acide
phénique a un effet caustique sur l'opérateur et sur le
patient, son odeur est très désagréable. Des 1869, des
accidents liés à l’utilisation de l’acide phénique sont
Figure 11 : L’ouvrage princeps de Lucas Championnière publié en 1876. Il sera suivi de nombreuses
traductions et rééditions (25).
rapportés, accidents locaux, mais aussi généraux par
intoxication avec collapsus, coma et décès (41). Sous
l’influence de Louis Pasteur, on va chercher plutôt qu'à combattre l’infection par l’antisepsie à la prévenir, c’est l’asepsie. “Au lieu de s'ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus
raisonnable de ne pas en introduire" (42). A partir de 1883, la stérilisation par la chaleur s’installe,
c’est l’asepsie. L’antisepsie n’intervient plus en chirurgie que pour la préparation cutanée des zones
opératoires. Les pulvérisations en cours d’intervention sont abandonnées, même si LucasChampionnière le regrette : « Depuis que je n'emploie plus le spray, dont je regrette l'action protectrice, j'ai augmenté ce traitement, l'action de ce lavage terminal à l'eau phéniquée forte » (40).
Alors que Just Lucas-Championnière a apporté une contribution très importante à la chirurgie, pour
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l’antisepsie bien sûr, mais aussi les cures de hernies et autres laparotomies, la chirurgie gynécologique et des annexes en particulier, les trépanations, le traitement des fractures, la direction de 1848
à 1913 du Journal de Médecine et de Chirurgie pratiques à l’usage des médecins praticiens, fondé par
son père…, il est étonnant de penser que le nom de ce chirurgien reste essentiellement attaché à un
pulvérisateur à vapeur, dont il n’est pas réellement le concepteur. Il est vrai que ce type d’appareil est
resté utilisé quotidiennement dans la plupart des établissements de santé pour des pulvérisations en
ORL, la désinfection des salles, le traitement de furoncles et d’anthrax jusqu’au milieu du XXe siècle.
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Son emploi dérivé, pour les soins dermatologiques et esthétiques, est largement répandu de nos jours
[Fig. 12].
Figure 12 : Le pulvérisateur de Lucas Championnière moderne tel qu’il est employé actuellement
dans le service de dermatologie du CHU de Genève, dans les dermites stéroïdiennes, eczémateuses…
http://www.hug-ge.ch/procedures-de-soins/pulverisateur-de-lucas-championniere.
Initialement, dans l’esprit de Lister, la source de contage était l’air, et il lui fallait protéger la plaie
opératoire de l’air. Des premiers essais d’intervention sous des compresses imbibées d’huile phéniquée ne lui parurent pas offrir une protection suffisante. Il eut alors l’idée de créer autour de la plaie,
du champ opératoire, une atmosphère antiseptique par pulvérisation d’acide carbolique (phénique)
(25). Lors de ses premières interventions, Lister utilisait un pulvérisateur à pression de type Richardson, avec un système manuel, qui nécessitait la présence permanente d’un aide, vigilant à ne pas
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arrêter ses mouvements de pression [Fig. 13].
Figure 13 : Pulvérisateurs de Richardson, tels qu’ils ont été utilisés par Lister. Fabriqués en Grande Bretagne,
constructeur inconnu. © Wellcome Library London.
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Des améliorations à ce système ont été inventées, avec un appareil portatif, conçu par Reverdin, un
pulvérisateur avec une bonde empêchant l’obstruction et surtout un pulvérisateur à trois becs avec
une pompe à pied, construit par Collin, à la demande de Lucas-Championnière (25) [Fig. 14].
Figure 14 : Les pulvérisateurs à pression, de gauche à droite et de haut en bas : pulvérisateur de
Richardson simple (24), avec une buse pour éviter l’obstruction, de poche de Reverdin, à pied de
Lucas-Championnière (43).
Un des inconvénients du pulvérisateur à pression, était le
manque de puissance du jet, ce qui amena à construire
un pulvérisateur avec un manche de manœuvre très long
pour une pression plus élevée, sans fatigue excessive pour
l’aide, en Angleterre. Ce vaporisateur fut appelé « donkey
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engine » [Fig. 15].
Figure 15 : Le « Donkey » pulvérisateur utilisé par J Lister
aux environ de 1871. L’appareil sera rapidement remplacé par un pulvérisateur à vapeur. Copie d’après l’engin
original de Andrew Brown, construite en 1927 pour
l’exposition du centenaire de Lister au Wellcome Institute
of History of Medicine. © Wellcome Library London.
www.clystere.com / n° 43.
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D’autres pulvérisateurs ont été imaginés, avec des bouteilles d’air comprimé (43), un système à poudre et
mécanisme d’horlogerie, breveté en
1879 par Anthony Bell ( ?- ?), chirurgien de Newcastle [Fig. 16], mais
sans réussir à s’imposer. Assez rapidement, Lister abandonne les pulvérisateurs à pression, pour le pulvérisateur à vapeur de Siegle. Emile Siegle (1833-1900), médecin à Stuttgart
a conçu au début des années 1860,
le premier
inhalateur
à vapeur,
pour pulvériser des médicaments
dans les voies aériennes. Il en dépose
le brevet en 1864 (44) [Fig. 17,18]. Le
pulvérisateur se compose d’une
chaudière à vapeur, avec une soupape de sécurité, de deux tubes se Figure 16 : Le pulvérisateur de Anthony Bell, chirurgien de Newcastle,
construit en 1879. Un petit marteau frappant le réservoir de poudre, libère
rencontrant à angle presque droit, une petite quantité régulière, mêlée à l’acide phénique et propulsée par
le jet d’air. © Wellcome Library London et Letters Patent UK No. 237,468,
avec un ajutage terminal sur chaque dated February 8, 1881.
tube.
Le premier tube, horizontal amène le
jet de vapeur qui frappant sur
l’ajutage très fin du tube vertical,
baignant dans le liquide antiseptique, provoque la pulvérisation. Ce
phénomène a été décrit en 1796 par
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Giovanni Battista Venturi (17461822), prêtre et physicien italien.
L’utilisation du pulvérisateur à vapeur, implique d’utiliser une solution
d’acide phénique plus concentrée
que dans les vaporisateurs à air (43).
www.clystere.com / n° 43.
Figure 17 : Le pulvérisateur à vapeur de Seigle, dont le brevet a été déposé
en 1864. Avec l’aimable autorisation de Mark Sanders.
http://www.inhalatorium.com/
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Lister fera évoluer le pulvérisateur avec deux modifications qui
lui paraissent essentielles. Un
angle aigu entre les deux tubes,
et un opercule qui recouvre la
mèche du réchaud à alcool pour
l’éteindre et le rallumer en fonction des besoins. Ce dispositif
sera rapidement complété par
un réglage de hauteur de la
mèche, permettant de réguler le
chauffage. Lister confie la réalisation de son vaporisateur au
Figure 18 : Le pulvérisateur à vapeur de Seigle, dans une version plus rustique, à
usage domestique. Avec l’aimable autorisation de Mark Sanders.
http://www.inhalatorium.com/
fabricant
David
Marr
de
Londres. En Angleterre, le ré-
chaud à alcool est souvent remplacé par un bec de gaz (43) [Fig. 19 à 23]. Lister abandonnera la pulvérisation dès 1887. Ceci explique peut-être que l’on ne trouve pas (ou très peu ?) de vaporisateurs de
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Lister à chauffage électrique.
Figure 19 : Photo de l’un des premiers pulvérisateurs à vapeur utilisé en chirurgie, suivant les
concepts de Lister. Fabricant inconnu. © Wellcome Library London.
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Figure 20 : Le vaporisateur de Lister construit par David Marr de Londres. L’appareil est
trop lourd, pesant 4,5 kg. On imagine la difficulté de l’aide chargé de le tenir pendant
toute l’intervention. © Wellcome Library of London.
Figure 21 : Un vaporisateur à acide carbolique de Lister. On remarquera l’angle aigu formé par les deux tuyaux
et la commande de réglage du chauffage, en bas et à droite, qui sont les éléments indispensables pour Lister. A
droite, l’appareil démonté : la chaudière, le réchaud et le récipient pour l’acide phénique. © Wellcome Library
London.
www.clystere.com / n° 43.
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Figure 22 : Pulvérisateurs à vapeur de Lister vers 1875-1885. Avec
l’aimable autorisation de en haut : Wellcome Library of London, à
gauche : Gordon Museum de Londres, à droite : Science Museum /
Science & Society Picture Library.
Figure 23 : Le pulvérisateur de Lister tel qu’il apparaît au catalogue des établissements Galante à
Paris en 1885 page 166. Le prix varie selon le modèle de 65 à 150 francs.
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Dans l‘édition de son livre en1876, Just Lucas-Championnière, trouve que le pulvérisateur à vapeur est
trop onéreux et difficile à se procurer en France (25). Mais dans la seconde édition, en 1880, c’est un
revirement total : « pour faire la grande chirurgie, le pulvérisateur à vapeur est indispensable. Il faut
une continuité parfaite dans la pulvérisation. Il faut une finesse de pulvérisation que les autres appareils n'atteignent pas, car ils mouillent tous plus ou moins. Enfin l'appareil à vapeur marche longtemps et sans aide » (43). Mais les pulvérisateurs à vapeur disponibles en France, celui de Siegle modifié,
construit
par
Henry Galante ou celui
construit par Mariaux
paraissent
priés
inappro-
pour
Lucas-
Championnière
[Fig.
24].
Il demande alors à
Collin de lui fabriquer
un appareil différent de Figure 24 : Pulvérisateur de Siegle, construit par Galante en 1885et Pulvérisateur à Vapeur
celui
de
Lister
construit par Mariaud vers 1880 (Catalogue Galante 1885 à gauche et image visible sur
par EBay à droite).
« quelques simplifications, quelques perfectionnements de détails, et, surtout, moins coûteux au
point que les établissements hospitaliers les plus modestes peuvent se le permettre » (43). Les caractéristiques du pulvérisateur, définies par Lucas-Championnière sont précises. La chaudière est sphérique ce qui la rend plus solide, avec une soupape de sécurité et une espèce d’entonnoir de remplissage fixe, deux tubes de sortie, sans robinet mais avec un dispositif permettant de les arrêter en les
relevant fortement. L’angle de
rencontre de ces tubes avec les
tubes plongeant dans le liquide
antiseptique est aigu. La présence
de deux tubes ne sert pas élargir la
surface de pulvérisation, mais de
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dépannage en cas d’obstruction de
l’un d’eux. La lampe à alcool se
remplit sur le côté, et dispose d’un
dispositif permettant de régler la
flamme (43) [Fig. 25 à 27].
Figure 25 : Le pulvérisateur à vapeur, modifié par Lucas Championnière et
construit par Collin en 1878 (43).
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Figure 26 : le pulvérisateur de Lucas Championnière, avec les modifications décrites en
1880, fabriqué par E. Haran, Paris. © Collection
Rocchini Dumas.
[http://www.amber-ambreinclusions.info/nuova%20inalatori.htm]
Figure 27 : Pulvérisateurs de Lucas Championnière.
En haut à gauche, appareil attribué à la maison Mathieu à Paris, à droite fabriqué par J de la Croix à
Paris. © Collection Rocchini Dumas
[http://www.amber-ambre-inclusions.info/nuova%20inalatori.htm]
En bas à gauche appareil de R. et A. Collin, Paris. © Science Museum / Science & Society Picture
Library.
En bas à droite, un autre appareil du même constructeur. © Wellcome Library London
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A la même période, de nombreux pulvérisateurs à vapeur, différents selon les pays, vont être imaginés et construits, comme celui de Mathias Hieronymus Saxtorph, qui retient l’attention de LucasChampionnière. Cet obstétricien danois, petit fils du célèbre Mattias Saxtorph (1740-1800) est l’un des
premiers disciples de Lister à qui il a rendu visite en 1869. « Il en a fait construire un fort intéressant
dont la chaudière est rattachée au vase d'acide phénique par un conduit souple. Ce dernier vase peut
être tenu en main et dirigé à volonté. La lampe de son appareil est fort bonne. La chaudière présente
des robinets pour indiquer les niveaux du liquide » (43). De la fin du XIXe siècle, jusque vers les années
1940, les pulvérisateurs de Lucas-Championnière apparaitront sur les différents catalogues des fabricants d’instruments de médecine, sous des noms différents, ne correspondant pas toujours aux critères décrits précédemment : pulvérisateur de Lister, de Lucas-Championnière, pulvérisateur à vapeur,
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pulvérisateur à vapeur parisien [Fig. 28 à 31].
Figure 28 : C’est bien un pulvérisateur répondant
aux critères de Lucas Championnière qui apparaît
en couverture du catalogue de la maison Lépine à
Lyon en 1882, mais dans le texte le nom de Lucas
Championnière n’apparaît pas.
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Figure 29 : Catalogue Bruneau à Paris en 1907, les pulvérisateurs
apparaissent simplement sous le nom de pulvérisateur à vapeur.
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Figure 30 : Catalogue Legris 1932. Les
pulvérisateurs
fonctionnent
à
l’électricité, à l’alcool ou au gaz. Noter
la petite faute d’orthographe sur
Championnière.
Figure 31 : Dans le catalogue 1905 de la maison Mathieu
à Paris, à la page 259, figurent les pulvérisateurs de Lucas
Championnière en haut et Lister en bas. Mais ils semblent
inversés par rapport aux précisions données par LucasChampionnière dans son livre de 1880 (43).
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Lucas-Championnière par métonymie va désigner
le plus souvent tous les pulvérisateurs à vapeur qui
au cours de la première moitié du XXe siècle évolueront peu dans la forme si ce n’est par l’apport
de l’électrification [Fig. 32]. Les indications ne sont
plus la pulvérisation per opératoire, totalement
abandonnée avant 1900. Ces pulvérisateurs servent au traitement des plaies infectées et la désinfection des salles ou des chambres, avec différents
antiseptiques. Mais surtout, ce type de pulvérisateur à vapeur va revenir à l’indication première qui
est la pulvérisation d’agents thérapeutiques pour
les voies aériennes [Fig. 33 à 35].
Figure 32 : Appareil de Lucas Championnière électrique en
inox, grand modèle. Fabricant inconnu. 1920-1930. ©
Collection de l’auteur.
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Figure 33 : Pulvérisateur à vapeur début XX°
siècle, encore appelé pulvérisateur parisien à
vapeur. En haut : Prêt à fonctionner. En bas, les
éléments constitutifs de gauche à droite et haut
en bas : la chaudière en inox, le support en métal
peint en noir, l’embout à pulvérisation orale, le
réchaud à alcool, le récipient à acide phénique ou
autre, l’éteignoir, pour un chauffage intermittent. © Collection de l’auteur.
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Figure 34 : Mode d’emploi du pulvérisateur à vapeur. © Collection de l’auteur.
Figure 35 : Différents vaporisateurs à vapeur, première moitié du XX°
siècle. Le plus petit en inox, fonctionne à l’électricité. © Collection de
l’auteur.
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Comme le souligne Louis Eugène Henri Lardennois (1872-1964): « Le merveilleux développement de
l’art chirurgical à la fin du siècle dernier est dû à trois grandes découvertes presque simultanées :
l’anesthésie, l’hémostase et l’antisepsie » (45). Lister est reconnu comme le père de l’antisepsie, ce qui
a fait dire à Nussbaum que « Grâce à Lister, des milliers de malades sont arrachés à une mort dont,
sans lui, ils auraient été la proie... Plus un érysipèle, plus un cas de pourriture d'hôpital, la pyohémie a
disparu ». Lister ne fut pas réellement le pionnier, mais il est devenu célèbre car il a su bâtir et étayer
sa technique sur les travaux de Pasteur. Leur communauté de pensée verra son apogée lors de
l’accolade entre les deux hommes le 27 décembre 1892 à la Sorbonne, devant 4000 personnes applaudissant debout en présence du Président Sadi Carnot [Fig. 36]. Quant à Lucas-Championnière, son
nom reste attaché au pulvérisateur à vapeur car comme il le dit lui-même « Lister n'a jamais publié
que des mémoires scientifiques ou des leçons cliniques. J'ai présenté, moi, sa doctrine en la formulant
de telle façon qu'elle pût être acceptée chez nous et en bien des pays, par les esprits prévenus contre
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elle » (39).
Figure 36 : Lors de la cérémonie en l'honneur de Louis Pasteur le 27 décembre 1892 à la Sorbonne. Louis Pasteur au bras
du Président de la République Sadi Carnot, reçoit l'accolade de Lister, devant 4000 spectateurs applaudissant debout les
deux hommes. Tableau de JA Rixens. Conservé à l’Atelier Pasteur, 39100 Dole.
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Toute référence à cet article doit préciser :
01 octobre 2015
Dupré L.-J. : L’antisepsie, Joseph Lister, Just Lucas-Championnière et les pulvérisateurs à vapeur. Clystère (www.clystere.com), n° 43, 2015.
www.clystere.com / n° 43.
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Trousse dentaire du Dr David utilisée pendant la Première Guerre mondiale
Xavier RIAUD
Docteur en chirurgie dentaire, Docteur en épistémologie, histoire des sciences et des techniques.
Lauréat et membre associé national de l’Académie nationale de chirurgie dentaire.
Membre libre de l’Académie nationale de chirurgie.
145, route de Vannes, 44800 Saint Herblain
E-mail : [email protected]
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Figure 1 : Trousse dentaire vue du fermoir.
Figure 2 : Trousse dentaire vue du dessus.
Figure 3 : A l’intérieur, cachet du fabricant de la trousse dentaire. On peut
lire : « Favre fabricant 1, rue de l’Ecole
de médecine ».
Figure 4 : Trousse dentaire vue de l’intérieur.
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Figure 5 : Instruments contenus dans la trousse dentaire.
Figure 6 : Poche interne à la trousse dentaire. Longueur :
19,7 cm / Largeur : 6,4 cm / Fermoir métallique gris sans
motif : 2,5 x 1,8 cm / Cachet doré dans la trousse : 2,6 x 1,4
cm / Trousse dépliée : 17,8 x 19,7 cm / Poids total : 215 gr /
Poids à vide (sans instrument) : 65 gr
Détail des instruments (de la gauche vers la droite) [Fig. 5] : une lime ; une pince porte-aiguille ; un
ciseau chirurgical ; un petit fouloir dont les embouts cylindriques, l’un étant plus gros que l’autre, ont
été chauffés à blanc - ils en portent la trace -, soit pour les nettoyer au-dessus de la flamme des restes
d’amalgame, soit pour cautériser ; un excavateur ; un brunissoir double avec un embout en spatule à
bouche et avec un autre embout boule pour sculpter les amalgames ou les fouler. Le dernier pourrait
être une aiguille, mais elle est trop grosse (1,5 mm de diamètre) et très longue (environ 5 cm). Il y a 2
orifices de chaque côté de la tige qui est creuse en son centre et présente un orifice également au
milieu du mandrin.
Au XIXe siècle, Favre, coutelier d’une grande production, succède à Boulay, au 1, rue de l’Ecole de médecine. Boulay (1779 - vers 1847) était, quant à lui, coutelier de l’Ecole royale vétérinaire d’Alfort, au
début du XIXe siècle. Favre tiendra deux échoppes de coutellerie et Bourgogne prendra sa suite.
Rappelons la loi Brouardel (30/11/1892) qui confère un statut aux chirurgiens-dentistes. "Nul ne peut
exercer la profession de dentiste s'il ne possède le diplôme de docteur en médecine ou de chirur01 octobre 2015
gien-dentiste. Le diplôme de chirurgien-dentiste sera délivré par le gouvernement à la suite d'études
organisées suivant un règlement rendu après avis du conseil supérieur de l'Instruction publique". Les
études auront une durée de 3 ans, se feront au sein d’une faculté de médecine et seront sanctionnées,
à la fin, par un examen. Le titre du Dr David laisse à penser qu’il a suivi cette formation avec succès.
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Au 1er janvier 1913, à Paris et dans sa proche région, dans une liste de 280 chirurgiens-dentistes et
dentistes, il a existé un dentiste du nom de Gabriel-Félix-Etienne David qui a exercé, à Boulogne, au
76, rue Thiers. Georges-Désiré David, autre dentiste, a exercé, quant à lui, au 17, rue des Rosiers à
Colombes-Courbevoie. Cette liste, qui ne peut en aucun cas être qualifiée d’exhaustive, ne s’attarde
pas sur les autres régions du territoire français où il y a certainement eu d’autres praticiens du nom
de David. De plus, ces deux hommes ne sont que dentistes. Autrement dit, ils ne sont pas chirurgiensdentistes, ont suivi la formation d’une école privée, n’ont pas rempli les obligations requises par le
cursus prévu par la loi Brouardel et ne méritent donc pas, par conséquent, le titre de docteur.
Il me semble, par souci d’honnêteté, important d’évoquer le Dr Théophile
David (1851-1892), un grand bâtisseur de la chirurgie dentaire du XIXe et
du XXe siècles, qui a été le directeur de l'Ecole dentaire de Paris de 1884 à
1889, ce qui impliquerait donc, si elle était à lui, que cette trousse n’a pas
franchi le seuil du XXe siècle et qu’elle n’a pas officié pendant la Grande
Guerre. Si elle l’a fait, ce serait donc entre les mains d’un autre praticien.
Lequel ? Nul ne sait.
Figure 7 : Dr Théophile David.
En conclusion, tout laisse à penser par ailleurs que cette trousse est bien une trousse dentaire ayant
été utilisée à l’époque de la Grande Guerre, comme elle a été présentée par son ancien propriétaire.
Avant, pendant ou après ? Nul ne sait. Il est très difficile d’en effectuer l’estimation.
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Références :
Braye Gérard, « L’art dentaire et les couteliers chirurgicaux du quartier des Cordeliers à Paris au XIXe
siècle », in Actes de la Société française d’histoire de l’art dentaire, 2011 ; 16 : 44-47.
Martin Jean-Pierre, Instrumentation chirurgicale et coutellerie en France, L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2013.
Morgenstern Henri, Les dentistes français au XIXe siècle, L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à
travers les siècles, Paris, 2009.
Préfecture de Police, Liste des docteurs en médecine, officiers de santé, sages-femmes, chirurgiensdentistes, pharmaciens de Paris exerçant dans le ressort de la préfecture de Police, Paris, 1913.
Riaud Xavier, collection privée, Nantes, 2015.
Toute référence à cet article doit préciser :
Riaud X. : Trousse dentaire du Docteur David utilisée pendant la Première Guerre mondiale. Clystère
(www.clystere.com), n° 43, 2015.
www.clystere.com / n° 43.
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Une facette mal connue de l’immense talent de Louis Siriès, orfèvre du Roi Louis XV : la fabrication
d’instruments de chirurgie.
Quentin DÉSIRON
Chef de Clinique, CHU Sart-Tilman, Liège
Maître de conférences, Université de Liège, Belgique
Contact : [email protected]
La découverte récente de l’existence d’un prospectus imprimé (vignette-adresse) d’un Maître coutelier français (1) [Fig.1], Louis Siriès, exerçant à Florence, fût l’occasion de faire quelques recherches et
de découvrir tout le génie artistique de cet homme hors du commun et dont l’activité de fabrication
d’instruments de chirurgie est peu connue, voire ignorée.
Ce prospectus, non signé et non daté, est dans le style Louis XV avec motifs « à la rocaille ». Un cartouche central délimité par des volutes, des rinceaux de fleurs, des fruits en grappe, deux bénitiers et
un masque de « barbu » est surmonté par deux putti tenant l’enseigne accompagnée d’une banderole
ou on peut lire : « Al Bicchiere Incoronato in Firenze » à gauche et : « Au Verre Couronné à Florence »
à droite. En bas on trouve, à gauche, l’inscription : « Luigi Siries Coltellinaio Franzese Fabrica de buoni
Rasori Lancette, Cisoie, et altri Strumenti da Chirurgico per il corpo Vmano » et, à droite : « Louis Siries Maître Coutelier François fait de bons Razoirs, Lancettes, Sizeaux, et autres Ferremens de Chirurgie pour le corps Humain ». Au sein du cartouche sont représentés une cinquantaine d’instruments
dont la majeure partie est à usage chirurgical. Parmi ces instruments, on reconnaît les traditionnels
scie, lancette et trépan communs aux prospectus des couteliers de l’époque. Par ailleurs, tout
« l’appareil » pour la lithotomie est présent : bistouri lithotome, gorgeret, dilatatoire de vessie,
sondes diverses et pince à extraction. Sont également représentés une pince à séton, un speculum
matricis et un speculum oris appelé aussi « glossocatoche ».
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Au vu du style de la gravure et en tenant compte des caractéristiques de certains instruments de chirurgie y figurant, il est plus que probable que ce prospectus publicitaire date du premier quart du
XVIIIe siècle. Plus précisément, au vu des éléments biographiques de Louis Siriès développés plus bas,
nous pouvons dater le document entre 1710 et 1725. Curieusement, et en contradiction avec la plupart des prospectus connus, il n’est pas mentionné d’adresse précise. Siriès déjà fort réputé avait-il
pignon sur une rue commerçante bien connue de la ville florentine ? Etait-il incontournable dans cette
spécialité ? Où est-ce simplement un oubli ? Questions sans réponses.
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Figure 1 : Prospectus publicitaire du Maître Coutelier Louis Siriès à Florence, début XVIIIe. © 2015 Collection iconographique Q. Désiron .
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Louis Siriès est en fait né à Figeac-en-Quercy dans l’actuel département du Lot [Fig.2]. D’après
Debons (2) ,1675 est l’année de naissance de Siriès mais, selon Vuaflart, par déduction, celle-ci serait
plutôt aux alentours de 1686 (3). Il semble que
le jeune Siriès ait porté son intérêt très tôt
pour la coutellerie (2). On ignore cependant
chez quel(s) coutelier(s) il fit son apprentissage
et où il obtint sa « maîtrise ». Bientôt Louis
Siriès se tourna vers l’orfèvrerie et la bijouterie
et son apprentissage dans ce domaine le conduisit dans plusieurs villes de France pour finalement rejoindre la capitale (2). Grâce à ses
qualités d’artiste extraordinaire et aux joyaux
qui sortirent de ses mains, il acquit à Paris une
renommée remarquable. Par ailleurs, par ses
connaissances et sa pratique du travail des
métaux, il découvrit le moyen de conférer à
l’or davantage de dureté, propriété qu’il appliqua, par la suite, en orfèvrerie mais également
en horlogerie (4). Cette découverte fût saluée Figure 2 : Portrait de Louis Siriès. Détail de l’autoportrait de
Violante Béatrice Siriès. Florence, Galleria degli Uffizi. © 2015.
par l’Académie Royale des Sciences en 1723 Photo Scala, Florence. Courtesy of the Ministero Beni e Att.
(4).
Culturali.
Le désir d’apprendre sans cesse de nouvelles choses dans son art poussa Louis Siriès à sortir de ses
frontières. Apparemment, il se fit remarquer à chaque endroit où il passa (2). Son voyage le conduisit
à Florence où, inévitablement, il fût séduit par la magnificence des arts et des Médicis. D’après D.
Masala, cité par A. Giusti (5, 6) l’installation du couple Siriès dans la cité florentine pourrait dater du
début de l’année 1709. Au vu de l’heureux événement qui suit, on peut même raisonnablement penser que les Siriès s’installèrent plus tôt.
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Durant la première période florentine de Louis Siriès, qui verra la naissance de ses deux enfants, Violante Béatrice en janvier 1709 et Cosimo en février 1719, celui-ci exerce donc le métier de coutelier
et d’orfèvre. Il s’adonne aussi à la gravure de médailles en acier (5). De son atelier sortent des splendeurs qui renforcent sa notoriété. Il s’attire les faveurs de personnalités importantes et bientôt des
têtes couronnées.
En 1713, Louis Siriès exécute une médaille en acier ciselé pour le Doge de la République de Venise (5).
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En 1722 Louis Siriès est engagé comme orfèvre sous Come III de Médicis (reg 1670-1723) (6). Quatre
années plus tard, en 1726, Louis Siriès quitte Florence et embarque sa famille à Paris suite à sa nomination comme orfèvre du Roi Louis XV (reg 1715-1774) (7).
En 1732, le Grand-duc de Toscane Gian Gastone de Medicis (reg 1723-1737) rappelle Louis Siriès à
Florence et lui offre la responsabilité de l’atelier de la galerie grand-ducale (7). Cette nomination fût
profitable dans l’orientation artistique et la qualité de la production.
C’est sur le tard, vers 1746, que Louis Siriès s’essaya à l’art de la gravure sur pierres dures (8). Son
coup d’essai fût un coup d’éclat. Il développa cet art parfaitement et fût nommé en avril 1749 directeur du musée et des ouvrages en pierre dure de la galerie de S.M. Impériale François Ier (reg 17371765) (3).
Le nombre grandissant de chefs-d’œuvre de Siriès fût l’occasion de publier à Florence, en 1757, un
catalogue comprenant la description de pas moins de 168 pierres gravées par l’artiste dont de sublimes camées (8) [Fig.3]. C’est la reine Marie-Thérèse, grande-duchesse de Toscane dont Siriès fût le
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protégé, qui fit l’acquisition de cette collection inouïe conservée à Vienne (9).
Figure 3 : Frontispice du Catalogue des Pierres Gravées par
Louis Siriès. Florence, 1757. © 2015 Collection iconographique
Q. Désiron.
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Durant cette période « lapidaire » et, avec autant de responsabilités dans la galerie impériale, Louis
Siriès eut-il l’occasion de continuer à fabriquer des instruments de chirurgie régulièrement ? Difficile
de répondre mais, on sait en tout cas que Masotti, lithotomiste réputé à Florence, confia en 1755 à
Louis Siriès le dessin et la fabrication de nouveaux cathéters conducteurs (sciringoni) pour l’opération
de la taille (10).
Masotti, quelques temps auparavant, avait confié au fils de Louis Siriès l’invention et la création d’un
mécanisme très ingénieux pour un nouveau dilatateur vésical à trois branches [Fig.4], dont la fabrication fût réalisée conjointement avec Francesco Capineri fabricant d’instruments de chirurgie et arquebusier à Florence (11).
Figure 4 : Dilatateur vésical de Masotti (fig. I, III et IV) dont le mécanisme d’action des 3 branches fût conçu et réalisé par
le fils de Louis Siriès en 1748. © 2015 Collection iconographique Q. Désiron.
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C’est en 1759 que Cosimo Siriès devient le digne successeur de son père à la tête de la galerie impériale (12). Quant à la fille de Louis Siriès, Violante Béatrice, elle fût artiste peintre, pastelliste et autoportraitiste. On connaît d’elle au moins deux autoportraits avec en « toile de fond » le portrait de son
illustre père [Fig.5] (13).
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Figure 5 : Autoportrait de Violante Béatrice
Siriès avec le portrait de son père Louis Siriès
en arrière-plan. Florence, Galleria degli
Uffizi. © 2015. Photo Scala, Florence. Courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali.
Louis Siriès, le coutelier, l’orfèvre, le
graveur, le ciseleur, celui qui fût
artiste
de
quatre
souverains,
s’éteint à Florence en 1762 à un
âge avancé. Sa carrière artistique
fût longue et brillante. Cet autodidacte toucha la perfection dans
tous les arts qu’il entreprit. A n’en
pas douter, les instruments de chirurgie qui sortirent de son atelier
furent des « œuvres d’art » également.
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Références
1- E. Modigliani. « Tessere Artistiche del settecento ». III Biglietti commerciali e carte d’ammissione.
Emporium. Volume XXIV. N°143. Bergamo, 1906 ; 357, 358.
2- A. Vuaflart, H. Bourdain.. Les Portraits de Marie-Antoinette, étude d’iconographie critique. A. Marty Editeur ; Paris, 1909 ; 3.
3- J.F. Debons. Annales Ecclésiastiques et Politiques de la ville de Figeac, en Querci, Diocèse de Cahors.
Toulouse, 1829 ; 415- 420.
4- J. de Saint-Laurent. Description et explication d’un camée de lapis-lazuli, fait en dernier lieu par Mr.
Louis Siriès. Florence, 1747 ; 16,17.
5- A. Giusti. « Louis Siries, un artefice per tre sovrani » . Arte e Manifattura di « Corte a Firenze. Livorno, 2006; 81-88.
6- A. Giusti. “Splendours of the Ancient Régime”. Pietre Dure : The art of semiprecious stonework.
Getty Publication ; Los Angeles, 2006; 170.
7- P.A. Orlandi. Supplemento alla serie dei trecento elogi e ritratti degli uomini i piu illustri in pittura,
scultura e architettura. Firenze, 1776 ; 1436, 1437.
8- L. Siriès. Catalogue des pierres gravées par Louis Siriès orfèvre du Roi de France. Florence, 1757 ; 3.
9- E. Babelon. La Gravure en Pierre Fines, Camées et Intailles. Paris, 1894 ; 289,290.
10- D. Masotti. Lettera di Domenico Masotti Di S. Maria Nuova Di Firenze sopra Gl’Instromenti Necessari per la Litotomia nelle Donne. Firenze, 1756, viii.
11- D. Masotti. La Litotomia delle Donne Perfezionata. Faenza, 1763 ; 35,36,74.
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12- A. Lombardi. Storia della Letteratura Italiana nei secolo XVIII. Venezia, 1832, 339.
13- J. Fortune. Invisible women; forgotten artists of Florence. The Florentine Press Ed., 2010; 48, 49.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Désiron Q. : Une facette mal connue de l’immense talent de Louis Siriès, orfèvre du Roi Louis XV : la
fabrication d’instruments de chirurgie. Clystère (www.clystere.com), n° 43, 2015.
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L’Australie n’échappa pas à l’épidémie de la grippe espagnole
Claire DUJARDIN
Licenciée et agrégée en Histoire
Avenue Paul Pastur, 279/024
B. 6032 Mont-sur-Marchienne
Belgique
La grippe espagnole dans l’Australian Imperial Force
La grippe espagnole sévit en plusieurs vagues. Les deux premières, l’une au printemps et l’autre à
l’automne de 1918, frappèrent l’Amérique du nord et l’Europe.
En effet, les troupes américaines débarquées à Brest propagèrent le virus en France puis en GrandeBretagne et, enfin, dans le reste de l’Europe et du monde. La troisième vague, sans doute la plus mortelle, se répandit après l’Armistice du 11 novembre 1918. Les nombreuses manifestations de joie
attiraient les foules et favorisaient ainsi la transmission de la grippe.
Selon les termes de l’Armistice, l’armée allemande devait avoir franchi la frontière est de la Belgique
pour le 2 décembre au plus tard et la Rhénanie serait soumise à une occupation militaire constituée
de Belges, de Britanniques, de Français et d’Américains. Intégrées au sein de la 4ème Armée britannique, les 1ère, 2ème, 4ème et 5ème divisions australiennes entamèrent leur marche vers le Rhin. Le Corps
australien devait tenir la zone arrière de (la 4ème Armée) entre les rivières de la Meuse et de la Sambre
et les villes de Dinant, Charleroi et Avesnes » (1). Finalement, le commandement britannique décida
de ne pas inclure les troupes australiennes dans l’armée d’occupation de la Rhénanie (2). Les Australiens furent alors cantonnés dans l’Entre-Sambre-et-Meuse durant l’hiver 1918-1919 [Fig. 1].
Au début du mois de
décembre
1918,
des
officiers australiens (3)
étaient déjà venus repérer les disponibilités
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de logement.
L’Etat-
Major australien disposait, en effet, d’une
estimation de la « Approximate
Figure 1 : contingent de troupes australienne, 1914-1918. Non localisé. Postcard by Raphael Tuck & Sons. © clystere.com
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billeting
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capacity of Belgian towns and villages » (4) dressée par les autorités militaires belges avant la guerre.
En matière d’hébergement, la préférence fut donnée aux bâtiments publics tels que les écoles, des
casernes ou encore des usines pouvant accueillir un plus grand nombre de soldats. Lorsqu’ils logèrent
chez l’habitant, les soldats ne furent guère plus de deux ou trois au maximum (5).. Par conséquent, ils
partagèrent pendant quelques semaines durant l’hiver de 1918-1919 le quotidien de ces familles.
En février 1919, après deux mois d’accalmie, l’épidémie reprit de la vigueur. Elle fut particulièrement
virulente chez les jeunes adultes en raison de leur métabolisme qui faisait évoluer une infection virale
en maladie mortelle (6). Ce nouveau virus attaquait violemment le système immunitaire et provoquait
une hémorragie dans les poumons. Etouffé par ses propres fluides, le malade succombait (7).
Selon les instructions,
tout soldat australien
ressentant les premiers
symptômes
de
la
grippe, soit un mal de
tête, des frissons et de
la fièvre, était tenu
d’en faire immédiatement la déclaration.
L’incubation était de
courte durée et la contamination très rapide
(8). Fréquemment, les Figure 2 : Mont- sur- Marchienne, décembre 1918 (© Coll. Frans Bondroit). Des membres
complications
pulmonaires
de la 7th Australian Field Ambulance posent devant cinq de leurs ambulances motorisées.
pleuro- Les ambulances portaient chacune un numéro, visible sur le capot du moteur et les moet
des
dèles utilisés étaient des Sunbeam, des Daimler et des Ford.
troubles cardiaques entraînaient la mort des malades (9).
Après un passage par une « Field Ambulance » (10) australienne, les cas jugés sérieux étaient transportés dans une « Casualty Clearing Station » (11) où ils étaient isolés des autres patients (12). Admis
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avec une P.U.O. (pyrexia uncertain origine) (13), ils étaient, peu de temps après leur arrivée, généralement déclarés « dangerously ill »(14) et la mort survenait alors très rapidement (15).
L’infection résistait aux différents traitements notamment la quinine ou l’aspirine (16). En prévention,
le gargarisme au permanganate de potassium, le port de vêtements chauds de jour comme de nuit, la
ventilation des lieux d’hébergement furent recommandés aux soldats australiens (17). Au début, le
malade recevait du lait, de l’eau à laquelle on ajoutait une tranche de citron ou encore du jus
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d’orange. Par la suite, si le patient résistait à la maladie, une nourriture plus consistante était introduite avec du potage, des œufs… (18).
Pourtant, dans leurs rapports, les officiers faisaient souvent état d’une assez bonne résistance de
leurs soldats face à l’épidémie qui faisait rage parmi la population locale de l’Entre-Sambre-et Meuse
où ils étaient cantonnés. Leurs journaux de guerre relatent souvent ces nombreux décès de civils.
Afin de limiter la propagation de la grippe, les autorités militaires australiennes avaient interdit tout
ce qui favorisait la promiscuité, c’est-à-dire les bals, les concerts, les rencontres sportives et les
séances de cinéma. Quant aux services religieux, ils se déroulaient dorénavant au grand air (19).
Toutes ces mesures s’estompèrent au début du mois de mars, et, comme le nota un officier du 56th
Australian Infantry Battalion, le 5 mars 1919, «Ces restrictions ont maintenant heureusement cessé ».
(20). Toutefois, des soldats restèrent soumis à des inoculations au mois d’avril (21) et même durant le
voyage de retour car « Tous reçurent l’inoculation pour l’influenza » (22) inscrivit, dans son dernier
carnet, à la date du 22 juin 1919, Alexander Mactaggart.
L’Australie confrontée à la pandémie
En dépit de strictes mesures de quarantaine, la grippe espagnole gagna l’Australie. De toute évidence,
le retour des troupes favorisa son développement. Pourtant, dès le mois d’octobre 1918, le Dr John
Howard Lidgett Cumpston, Directeur général du Département de la Santé du Commonwealth, déclara
que la quarantaine serait d’application dans le cas de cette grippe. Dès lors, des mesures strictes (23)
à l’égard des navires ramenant des troupes d’Europe furent imposées.
A Fremantle, port situé en bordure de la côte ouest de l’Australie occidentale, une station de quarantaine, vaste complexe comprenant un hôpital, des dortoirs, des salles de douches etc., avait été aménagée dès la fin du XIXe siècle afin d’accueillir les personnes atteintes de maladies très contagieuses
comme la peste bubonique, la tuberculose (24) etc. La « Woodman Point Quarantine Station » servit
ainsi tout naturellement à isoler les soldats rentrant au pays pour éviter la propagation de la grippe
espagnole. En effet, les transports de troupes débarquaient les soldats dans les ports des différents
Etats en commençant par l’Australie occidentale. Bien souvent, pour les bateaux en provenance de
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Grande-Bretagne, l’escale en Afrique du sud favorisa l’infection par le virus.
Sur la période s’étendant du mois d’octobre 1918 au mois d’avril 1919, quelque 2.800 personnes atteintes par la grippe sur des navires arrivant en Australie furent admises dans des hôpitaux de « quarantaine » tandis que les personnes qui les avaient côtoyées durant le voyage étaient isolées pendant
une certaine période (25). Au total, le Service de Quarantaine dut s’occuper de 174 transports de
troupes infectés (26).
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D’autres « Quarantine Stations » étaient établies dans les principaux ports d’entrée en Australie. Ces
Stations de Quarantaine avaient accueilli les immigrants au XIXe siècle (27).
Arrivant à destination, les soldats rapatriés étaient parfois obligés de rester à bord pendant le nombre
de jours réglementaires lorsqu’un cas ou des cas étai(en)t déclaré(s). Cette attente supplémentaire,
avant de revoir leurs proches, les frustrait beaucoup (28), mais tout était mis en œuvre pour les distraire et les occuper (29).
A ce sujet, le cas de
transports de troupes
mérite d’être évoqué,
comme celui du « Boonah », par exemple. A
la fin de 1918,
« Boonah »
dernier
troupes,
le
[Fig.
4],
transport
de
quitta
l’Australie avec quelque
1200 hommes à bord.
Quand il fit escale à
Durban en Afrique du
Figure 3 : Deux soldats australiens en quarantaine. Front Beach, Quarantine Station,
Nepean, Australia, Sergeant Major G.P. Mulcahy, World War I, Apr 1919. © Museum
Victoria (http://museumvictoria.com.au/).
Sud, l’Armistice venait
d’être signé trois jours
auparavant. Son retour
au pays fut rapidement décidé. Malheureusement, des soldats étaient déjà infectés par le virus de la
grippe en raison de contacts avec des dockers. Pendant le voyage, les mauvaises conditions météorologiques obligeaient les soldats à rester confinés à l’intérieur du navire et, par conséquent, les cas de
grippe se multipliaient chaque jour davantage, affectant également des membres d’équipage. Deux
jours avant le « Boonah », le « Wyreema », rapatriant d’Angleterre des infirmières de l’armée austra-
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lienne, avait quitté l’Afrique du Sud. Les deux navires restèrent en contact par radio et, afin de prodiguer des soins aux malades du « Boonah », il fut demandé à 20 infirmières volontaires du « Wyreema » de débarquer à Woodman Point, Station de Quarantaine de Fremantle.
Le 12 décembre, le « Boonah » arrivait à Fremantle avec un quart de ses passagers atteints par la
grippe. Comme la pandémie avait jusqu’alors épargné l’Australie occidentale, les autorités en charge
de l’immigration du Commonwealth refusèrent, dans un premier temps, le débarquement des soldats.
Après avoir reçu l’autorisation des autorités, les malades les plus atteints furent transportés à
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Woodman Point. Certains décédèrent dès le premier jour. Des membres du personnel soignant furent
aussi infectés par le virus.
Figure 4 : Le Boonah. Carte postale. © clystere.com
Pour les autres soldats restés à bord, il fallait attendre un délai d’incubation de 7 jours sans nouveaux
cas déclarés afin d’affirmer que la maladie était endiguée. Pendant ce temps, la population
s’indignait des conditions de vie difficiles à bord qui provoquaient le développement de nouveaux cas.
La « Returned Servicemen’s Association » (Association de militaires) menaça même de monter à bord
pour ramener les malades sur la terre ferme.
Finalement, après neuf jours, et en dépit des règles de quarantaine, les autorités laissèrent repartir le
navire, sans doute pour désamorcer une situation devenue trop tendue. Dix-sept nouveaux cas apparurent entre Albany et Adelaïde. Le reste des soldats fut débarqué à la Station de Quarantaine de
Torrens Island en Australie méridionale et comme aucun autre décès n’était survenu entretemps, ils
furent autorisés à rentrer dans leurs foyers. Cependant, à Woodman Point, 4 infirmières et 27 soldats
décédèrent des suites de la grippe espagnole (30).
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Le premier cas de grippe espagnole fut détecté au début du mois de janvier 1919 dans l’Etat de Victoria et, quelques jours plus tard, plusieurs cas apparurent en Nouvelle - Galles du Sud (31). Ces deux
Etats furent plus atteints par la pandémie que l’Australie méridionale et le Queensland (32). La population civile d’Australie occidentale fut épargnée jusqu’au début de juin 1919 grâce aux sévères mesures de quarantaine (33). Même en Tasmanie, île pourtant isolée, des cas de pneumonie se déclenchèrent vers la fin du mois d’août 1919 (34).
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Les dispositions pour tenter d’enrayer la propagation de la grippe eurent un impact sur la vie sociale
car les lieux publics dont les théâtres, les cinémas, les écoles, les lieux de culte furent fermés ainsi que
les rassemblements tels que les courses de chevaux, très prisées par les Australiens, furent interdits.
En rue, les policiers infligeaient des amendes aux personnes qui ne portaient pas de masque désormais obligatoire. Des restrictions furent imposées aux navires qui voyageaient d’un Etat à l‘autre. La
Station de Quarantaine de North Head à Sydney travailla sans relâche en raison des arrivées et des
départs incessants de bateaux observant une période de quarantaine fixée à 4 jours. Les hôpitaux et
le personnel soignant étaient débordés à tel point que des écoles, voire des églises, servirent
d’hôpitaux (35). L’activité économique du pays fut perturbée et, dans l’éventualité d’un décès causé
par la grippe, il était possible de s’assurer contre une perte de revenus (36). Toute personne infectée
était obligatoirement signalée aux autorités.
Lorsqu’ils prenaient le train pour quitter la ville, les citoyens étaient tenus de produire une déclaration
signée mentionnant qu’ils n’avaient eu aucun contact avec une personne infectée depuis 3 jours ainsi
qu’une déclaration d’un médecin affirmant qu’ils ne présentaient aucun symptôme de la grippe.
Vingt-quatre heures avant le voyage, ils devaient aussi être passés par une chambre d’inhalation (37).
Des journaux détaillaient les différentes formes de la grippe qui se déclarait subitement. Peu après,
les problèmes respiratoires apparaissaient rapidement. Ces quotidiens diffusaient aussi les soins à
prodiguer. Dans tous les cas, le malade devait rester au lit, bien au chaud, avec des bouillottes et,
dans les cas moins sévères, il était conseillé de boire, toutes les 4 heures, une cuillère à soupe de
brandy ou de whiskey avec de l’eau à part égale. Ceci ne s’appliquait pas aux cas « extrêmes » lorsque
le patient souffrait d’hémorragie ou de saignement par la bouche. Le traitement passait également
par une bonne ventilation des pièces, essentielle pour donner de l’air frais (38).
En 6 mois de temps, dans les différents états, 819.000 personnes, dont 440.000 à Sydney, avaient été
vaccinées (39). En Australie occidentale où l’inoculation était gratuite (40), 638 décès furent recensés
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(41).
Conclusion
En Australie, la « Spanish Lady » faucha près de 10.000 jeunes personnes, principalement âgées de 15
à 35 ans. En 1919, la population dépassait à peine les 5 millions de personnes (42). Si le nombre de
morts restait faible, comparé à celui de l’Europe et de l’Amérique, c’est que, dès la fin de 1918,
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l’Australie s’employa à contenir la propagation de la maladie. Cependant, la démobilisation, suivie du
retour des soldats, rendit la tâche plus ardue.
Combien de familles plongèrent dans le chagrin après la disparition d’un être cher, terrassé, après
l’Armistice, dans un lointain hôpital de Grande- Bretagne, de France, de Belgique ou encore dans une
Quarantine Station par cette terrible « Spanish serial killer» alors que les armes l’avaient épargné ?
Ces décès ne venaient qu’alourdir davantage les pertes, pourtant déjà énormes de l’Australian Imperial Force sur les fronts occidental et oriental.
Au cimetière communal de Charleroi, dans lequel 77 soldats australiens reposent aujourd’hui, 70 décédèrent de la grippe espagnole, 4 soldats australiens sur 14 au cimetière de Marcinelle et 4 soldats
australiens sur 5 au cimetière de Belgrade dans la province de Namur. En 1919, ces soldats étaient
toujours considérés « in Field » (en campagne) et, par conséquent, leurs noms furent gravés sur le
tableau d’honneur de l’Australian War Memorial au même titre que ceux qui perdirent la vie sur les
champs de bataille.
Quand la grippe s’éloigna, le gouvernement fédéral australien comprit qu’il était nécessaire de mettre
en place une politique de santé nationale.
Dès 1921, le Commonwealth Department of Health (Ministère de la Santé du Commonwealth) fut
créé et des programmes de santé préventive furent élaborés aussi bien par les gouvernements des
états que par le gouvernement fédéral. L’efficacité de la vaccination permit à la médecine scientifique
ainsi qu’aux médecins de gagner davantage la confiance de la population (43).
L’expérience traumatisante de la guerre suivie de l’épisode de la grippe espagnole marqua fortement
la société australienne.
N.B. Nous tenons à adresser nos sincères remerciements à Mmes Shannon Lovelady, Allie Paiva,
Sandra Playle, Maureen Roberts pour leur aide précieuse et spécialement Mme Ruth Johnson qui
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nous a envoyé sa thèse, non publiée, sur la grippe espagnole en Australie occidentale.
Références
1- BEAN (C.E.W.), o.c. vol.VI, p.1053. « l’Australian Corps (…) was to hold the rear area of (the Fourth
Army), between the rivers Meuse and Sambre and the towns of Dinant, Charleroi and Avesnes “
2- « …it being definitely decided that Australian Troops would not go to Germany… » AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 5th Australian Pioneer Battalion, 14/17/35 January 1919, appendix 1.
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3- « The following day (7décembre), Major Brown and an advance party were transported to Charleroi to inspect billets for the battalion» « Le jour suivant, le Major Brown et un détachement d’avantgarde furent transportés à Charleroi pour inspecter les logements pour le bataillon ». N. Browning,
The Blue and White Diamond. The history of the 28th Battalion, 1915-1919, Bassendean, 2002, p.469.
4- « …d’une capacité approximative de logement des villes et villages belges » AWM, collections, First
World War, Australian Army Diaries, Formation Headquarters, General Staff, Headquarters 2nd Australian Division, 1/44/40, November 1918.
5- « …two or three men in each house, which brings them half-way back to the comforts of civil life ».
The Advertiser (Adelaide, SA), 13 January 1919, p.7
6- LARCAN (A.), FERRANDIS (J-J.), Le service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale, éd. LBM, Paris, 2008, pp.460-462. / WINTER (J.), La grippe espagnole, dans l’Encyclopédie de la
Grande Guerre sous la direction de AUDOUIN - ROUZEAU (S.), Bayard, Paris, 2004, p.944.
Nous avons trouvé cette autre explication pour la grippe dite « espagnole ». En 1889, l’Espagne connut une épidémie de grippe qui avait causé la mort de 200.000 personnes. Il se pourrait qu’on ait fait
référence à cet événement. L’Histoire, éd. Seuil, Paris, novembre 2003, n°281, pp. 82, 83.
7- http://www.auspostalhistory.com/articles/1123.php
8- L’Histoire, éd. Seuil, Paris, novembre 2003, n°281, p. 82.
9- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 27th Infantry Battalion,
23/44/42, February 1919, Appendix 28. En parcourant les états de service des soldats, nous avons
constaté qu’un certain nombre d’entre eux développaient la maladie après leur retour de permission
en Grande-Bretagne.
10- Une « Field Ambulance » pouvait accueillir 50 patients. La 7th Field Ambulance fut aménagée à
Mont-sur-Marchienne. AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, Assistant
Director of Medical Services, 2nd Australian Division, 26/19/36, December 1918.
11- Hôpital militaire bien équipé du point de vue médical et parfois spécialisé dans les maladies infectieuses, les désordres nerveux etc.
12- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 27th Infantry Battalion,
23/44/42, February 1919, Appendix 28.
13- «… fièvre d’origine incertaine ».
14- « …dangereusement malade ».
15- Selon une étude menée par Dennis Shanks G. MacKenzie A., Mclaughlin R., Waller M., Dennis P.,
Lee S. et Brundage J.F., dans les archives médicales et les dossiers militaires des soldats de l’Australian
Imperial Force hospitalisés pour des problèmes respiratoires, il ressort que plus les soldats comptaient
d’années de service dans l’armée, plus ils avaient de chance de résister à la terrible « pneumoniainfluenza » qui sévit durant l’automne- hiver 1918-1919. En effet, ils avaient développé une certaine
immunité contre les virus de la grippe contrairement aux troupes arrivées dans le courant de l’année
1918. http://jid.oxfordjournals.org/content/201/12/1880
16- Les médecins militaires australiens ont utilisé en plus de ces substances un « médicament » sans
doute plus agréable au goût…« Brandy has been used fairly freely and apparently with benefit ». « Du
brandy a été employé assez librement et apparemment avec profit ». AWM, collections, First World
War, Australian Army War Diaries, 3rd Australian Casualty Clearing Station, 26/64/29, February
1919, appendix 3 Medical Report.
17- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 49th Infantry Battalion,
23/66/33, February 1919 et 27th Infantry Battalion, 23/44/42, February 1919, Appendix 28.
18- http://www.nzhistory.net.nz
19- LARCAN A., FERRANDIS J.J., Le service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale,
Paris, LBM, 2008, pp.460-462. / WINTER J., « La grippe espagnole », Encyclopédie de la Grande
Guerre, sous la direction de AUDOUIN - ROUZEAU S., Paris, Bayard, 2004, p.944. / AWM, collections,
First World War, Australian Army War Diaries, 14th Infantry Brigade, 23/14/36, March 1919. Septante neuf soldats australiens de la Première Guerre mondiale sont enterrés dans le cimetière de
Charleroi et quatorze à Marcinelle dont 74 sont décédés de la grippe espagnole./ AWM, collections,
First World War, Australian Army War Diaries, 6th Brigade, 23/6/42, February1919.
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20- « These restrictions have now fortunately ceased ». AWM, collections, First World War, Australian
Army War Diaries, 56th Infantry Battalion 23/14/36 March 1919.
21- AWM, collections, First World War, Australian Army War Diaries, 56th Infantry Battalion,
23/14/36, March 1919 et 17th Infantry Battalion, 23/34/43, April 1919.
22- « All get inoculated for influenza » cf. Carnets d’Alexander Mactaggart, 2nd Light Trench Mortar
Battery.
23- « …and by the end of 1919 more than 12 000 Autralians had lost their lives in the epidemic… ».
« …quarantine procedures were introduced at all Australian ports in October 1918… ». « …et à la fin
de 1919, plus de 12 000 Australiens avaient perdu la vie à cause de l’épidémie » et « …les procédures
de quarantaine furent introduites à tous les ports australiens en octobre 1918… ». Mc CRACKEN (K),
CURSON (P.), The Spanish influenza pandemic of 1918-19: new perspectives, p.110.
http://www.jstor.org Mme Ruth Johnson qui prépare sa PhD thesis « Unshed tears and Stilled Suffering » sur la grippe espagnole en Australie occidentale, nous a aimablement fourni des informations
complémentaires sur le sujet.
24- http://www.woodmanpointquarantinestation.com
25- Wartime, April 2009, issue 45, p.23
26- http://influenza.sph.unimelb.edu.au/data/S0001/chapters/P2_chap_2.pdf
27- Une loi relative à la Quarantaine fut promulguée en 1908.
28- Wartime, April 2009, issue 45, p. 24
29- BEAN (C.E.W.), Anzac to Amiens, o. c. p.519
30- http://www.samhs.org.au/Virtual%20Museum/Notable
31- Selon Ruth Johnson, il n’est guère aisé d’affirmer quel Etat fut touché le premier.
32- Voir tableaux pour les mois de janvier et février 1919.
http://influenza.sph.unimelb.edu.au/data/S0001/chapters/P2_chap_2.pdf
33- Information de Ruth Johnson
34- http://influenza.sph.unimelb.edu.au/data/S0001/chapters/P2_chap_2.pdf
35- https://prezi.com/i9tnchhvtznf/what-impact-did-the-spanish-flu-epidemic-have-on-health-poli/
36- “People could take out insurance policies to cover loss of earnings to death, in the event of contracting influenza”. JOHNSON (R.), « Unshed tears and Stilled Suffering», p.80
37- Newcastle Morning Herald and Miners’ Advocate (NSW : 1876-1954), 16 January 1951, p. 4
http://trove.nla.gov.au/
38- “6. Stimulant every four hours, either one tablespoon full of brandy or whiskey in equal quantities
of water Fresh air essential” http://trove.nla.gov.au , Daily Telegraph (Lauceston, Tas.:1883-1928),
Friday 15 August 1919, p.7
39- https://prezi.com/i9tnchhvtznf/what-impact-did-the-spanish-flu-epidemic-have-on-health-poli/
40- “ (…). Arrangements were in hand for the opening of public inoculation depots as might be necessary. Such inoculation would be free to the public (…) no charge should be made for inoculation to the
public”. Western Mail (Perth, WA: 1885-1954), 29 November 1918, p. 28 http://trove.nla.gov.au/
41- http://www.wanowandthen.com/spanish-flu.html
42- http://www.flupandemic.gov.au/internet/panflu/publishing.nsf/Content/history-1
43- http://prezi.com/i9tnchhvtznf/what-impact-did-the-spanish-flu-epidemic-have-on-health-poli/
Toute référence à cet article doit préciser :
Dujardin C. : L’Australie n’échappa pas à l’épidémie de la grippe espagnole. Clystère
(www.clystere.com), n° 43, 2015.
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Les médailles de l’Institut de France du Docteur Charles Bouchard (1837-1915)
Frédéric BONTÉ, Ph D
Membre de l’Académie nationale de Pharmacie
Contact : [email protected]
La découverte de deux médailles nous fait redécouvrir un grand médecin, Charles Bouchard, précurseur dans de nombreux domaines.
L’Institut de France est une des plus anciennes et belles institutions françaises institué par l’article 198
de la constitution de l’an 3. La réception à l’Institut s’accompagne de la remise d’une médaille représentant la déesse protectrice Minerve gravée par Rambert Dumarest [Fig.1].
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Figure 1 : médaille de membre et médaille laissez-passer d’entrée de l’Institut de France. © Collection privée.
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Cette médaille en argent remise dès 1796 fait 49 mm de diamètre et son avers présente, en fort relief,
un buste de Minerve casquée à droite entouré de la légende Institut de France. Au revers se trouve
une couronne de laurier et au centre le nom, prénom et année de l’élection [Fig.2] (1,2).
Figure 2 : médaille de membre de l’Institut de France Académie des
Sciences (revers). © Collection privée.
Peu de temps après sa fondation, à partir du 5 fructidor an VI (22 août 1798) fut instaurée une petite
médaille de 32mm avec à l’avers la tête de Minerve et au revers dans une couronne de laurier le nom
et prénom du titulaire, et l’année de son élection comme « laissez-passer » d’entrée à l’Institut (3).
Charles Jacques Bouchard est né le 6 septembre 1837, rue Saint-Rémy à Montier en Der (HauteMarne), de Jean Baptiste Athanase Bouchard, âgé de 25 ans, Maître en pension, et de Féline Catherine Penet, 22ans, qui tient un petit commerce de rubans.
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En second prénom, il porte le prénom de son grand-père paternel, Jacques Bouchard qui avait eu un
parcours étonnant. En effet, à la révolution, fils de serrurier, il s’est engagé, à l’âge de 14 ans, comme
volontaire et pendant 18 ans parcourt les champs de batailles. A la proclamation de l’empire il rentre
à Chalons, épouse Jeanne Ybry et occupe un poste à Etrigny où naquit Jean-Baptiste.
Son père, Jean-Baptiste, est originaire (né 21 avril 1812) de Balleure commune d’Etrigny en Saône et
Loire, fut professeur au collège de Cluny et envoyé à Montier en Der ou naquit Charles, champenois
www.clystere.com / n° 43.
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par hasard et d’ascendance bourguignonne. Jean-Baptiste Bouchard est plus tard démis de ses fonctions pour idées (trop) libérales et part pour Lyon. Cette mésaventure familiale permet à Charles d’y
terminer ses études puis de rentrer à l’Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de Lyon.
En 1857, Charles Bouchard est 1er au concours de l’internat de Lyon ce qui lui donne droit de faire un
séjour parisien de 6 mois. A l’hôpital Cochin, il se lie d’amitié avec un autre bourguignon, Etienne-Jules
Marey, qui était interne dans le service du Pr Joseph-Simon Beau et qui s’intéresse à la physiologie de
la circulation sanguine. En 1866 à Paris, sous la présidence de Béhier, il soutient sa thèse de doctorat
intitulée « Étude sur quelques points de la pathogénie des hémorragies cérébrales ». En 1868 il est
chef de clinique chez J. Béhier à l’Hôtel-Dieu. Agrégé de la faculté en 1869, Lauréat de la société de
médecine de Strasbourg en 1869, il s’intéresse à de nombreux sujets. Il travaille avec Charcot sur les
scléroses de la moelle épinière, les contractures des hémiplégiques, les hématomes intracérébraux et
les ruptures des micro-anévrismes des artérioles cérébrales. Il propose aussi que les petites ecchymoses observées sur les mains des vieillards sont des signes avant-coureurs de l’apoplexie et des hémorragies cérébrales.
Dans le domaine de la recherche, il est pionnier dans l’utilisation de nouvelles méthodes et précurseur
de nouveaux concepts. Il joue ainsi un rôle primordial dans la promotion de l’histologie, de l’utilisation
du microscope, de la micrographie, de la physique… Il développe aussi la notion de « statistique clinique » (par un recueil et une analyse mathématique d’un grand nombre d’observations de malades)
et de « bien être des malades» où il s’oppose à la suppression de rideaux dans les chambres communes pour cause de cout de blanchissage jugé trop élevé (4).
Ses titres et travaux sont éloquents (5). On citera une note sur l’hygiène des hôpitaux (Gazette médicale de Lyon en 1865), une sur l’action physiologique de la vératrine (Gazette hebdomadaire de 1867),
une sur la valériane comme médicament de l’azoturie (Société de biologie en 1873), une avec le docteur Gimbert de Cannes sur le pouvoir antiseptique de la créosote dans le traitement de la phtisie
pulmonaire (Gazette hebdomadaire de médecine et chirurgie en 1877)... L’étude des substances
toxiques sécrétées par les cellules vivantes amène Bouchard à la conception nouvelle du développement de maladies par auto-intoxication. Il décrit ainsi l’auto-intoxication d’origine gastro-intestinale
et le rôle pathogène du tube digestif. Il déclare que des sous-produits d'une digestion incomplète
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pourraient empoisonner le corps, et donc causer des maladies. Pour lui le tube digestif est un laboratoire de poisons. Il s’intéresse aussi aux infections et ses observations conduiront à la notion de rhumatisme infectieux.
Dès 1861, il fait également de nombreuses recherches sur les maladies de peau, la pellagre, ses parasites et les kystes dermoides. En 1877, il s’intéresse à la pathologie du coup de soleil concluant de
ses travaux que « l’action irritante des rayons du spectre solaire augmente à mesure que l’on se rapproche de la partie violette et diminue si on se rapproche de la partie rouge » lui permettant de conwww.clystere.com / n° 43.
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clure que « le coup de soleil est dû, non aux rayons caloriques, mais aux rayons chimiques ». Il démontre aussi que l’application de sels de quinine protège du coup de soleil. Ses travaux ouvriront la
voie 60 ans plus tard à la synthèse des premiers filtres solaires et aux recherches sur les effets néfastes des UVA et B. II donne aussi des cours sur la recherche de médicaments et des poisons dans les
urines. Il enseigne l'anatomie et la physiologie à l'Ecole de santé de Strasbourg jusqu'en 1870, puis
est nommé à la chaire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy en 1872 et de Bordeaux de
1876 à 1899. Il est chargé de professer en 1875-1876 un cours d’histoire de la médecine de 38 leçons
qu’il consacra à « Hygiène et prophylaxie des maladies vénériennes dans l’antiquité et dans les temps
modernes » (6). Il est également titulaire de la chaire de pathologie générale à la Faculté de Paris en
1879. Il est avec Hyacinthe Guilleminot, peu après 1897, le créateur à l’Hôpital de la Charité, du deuxième service de radiologie médicale et envisage le diagnostic radiologique de la tuberculose.
Il fait acte de candidature à la séance de l’Institut de France du 6 mai 1887. Lors de la séance du 16
mai, le comité secret de la section de médecine et chirurgie présidée par Marey, le place en première
ligne dans la liste des candidats à la place devenue vacante suite au décès de Paul Bert. Le 23 mai
1887, il est élu au second tour de scrutin par 32 voix sur 61, membre de l’institut, Académie des
sciences (section de médecine). Il sera élu président le 29 juin 1908 à la suite de l’élection du président
en exercice Henri Becquerel aux fonctions de secrétaire perpétuel (7).
Charles Bouchard a fait rayonner sa philosophie médicale personnelle, la doctrine pathogénique et les
méthodes de traitement qu’il en avait déduit.
En 1900, membre du conseil supérieur de l’Instruction publique, inspirateur d’une réforme sur les
études médicales, il écrit cette profession de foi :
« La science est fascinante, l’application est captivante, elle est aussi obligatoire,
Chercher la vérité, découvrir les causes, savoir comment elles troublent la vie et comment l’ordre se
rétablit,
Par la science et la persuasion de préserver les hommes
Par la science, la douceur et la fermeté combattre la mort et détruire la souffrance
Guider, encourager, consoler dans un esprit fraternel et tolérant,
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C’est la médecine »
Le 12 janvier 1875, il avait épousé Hélène Henriette Ruffier, fille du directeur de la succursale lyonnaise de la banque Aynard. Officier d’Académie en 1878, Il est élevé au grade de Chevalier légion
d’honneur le 18 janvier 1881, Officier 12 juillet 1891, Commandeur 31 décembre 1895 et Grand officier le 24 janvier 1906, réception par Emile Loubet [Fig.3].
www.clystere.com / n° 43.
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Il est fait Grand-croix en août 1914. Malade,
il doit quitter Paris (il habite alors 174 rue de
Rivoli) sur conseil de ses médecins le Dr Noir
et le Doyen Landouzy pour s’installer à
Sainte-Foy-les-Lyon. Il ne peut ainsi recevoir
sa décoration, qui lui est envoyée le 19 octobre 1915 et il décède quelques jours plus
tard le 28.
Note : Charles Bouchard a également fait
l’objet d’une plaque (57 x70mm) en bronze
gravée par J. C. Chapelain en 1902 gravée
avec au revers dans un univers de laboratoire
une femme drapée assise (probablement
Hygie ou la médecine) s’interrogeant sur un
malade couché en arrière-plan avec dans le
champ les mots en haut à gauche INTOXICATION DANS LES MALADIES - LES MESURES
MEDICALES. Et en haut à droite ANTIQUAILLE
LA SALPETRIERE LARIBOISIERE. Cette plaque
est conservée à l’Académie nationale de
Médecine, Paris, France.
http://www.biusante.parisdescartes.fr/histm
ed/image?anmhaas0570
Figure 3 : portait de Charles Bouchard, Photo de Pierre Petit.
Carte publicitaire de la Compagnie des eaux minérales de La
Bourboule (Sources Choussy et Perrière). D’après ses décorations
d’après 1906. © Collection privée.
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Références :
1- H. Henin. Histoire numismatique de la révolution française, 1826, Merlin.
2- La médaille de l’Institut, l’intermédiaire des chercheurs et des curieux, 20 février 1894, p186.
3- P Gauja, L’Académie des sciences, 1934, Gauthier Villars ed.
4- P Le Gendre. Un médecin philosophe Charles Bouchard, son œuvre, son temps, 1924 Masson ed.
5- C. Bouchard. Exposé des titres et travaux scientifiques, 1876, Impr. Pillet et Dumoulin. Son second
prénom est erroné sur la notice de Wikipédia (consultée le 14/12/2014) où il est dénommé joseph.
6- Hygiène et prophylaxie des maladies vénériennes dans l’antiquité et dans les temps modernes.
Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie,1876, n°29, 30, 32, 34, 36, 37, 40,43,
7- CR hebdomadaires des séances de l’académie des sciences publiés par MM. Les secrétaires perpétuels, 1887, T 104, p1252, p1385 source Gallica BNF.
Remerciements : Nous adressons nos remerciements à madame Florence Greffe de l’Institut de
France et à Monsieur Galanopoulos de la BIU Santé (Paris) pour leur aide précieuse.
Toute référence à cet article doit préciser :
Bonté F. : Les médailles de l’Institut de France du Docteur Charles Bouchard (1837-1915). Clystère
(www.clystere.com), n° 43, 2015.
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En musardant sur la Toile …
Une rubrique de Bernard Petitdant
Sur la médecine chinoise
http://www.coursdemedecinechinoise.com/historique-de-la-medecine-chinoise.html
Louis Pasteur, normalien, docteur en physique/chimie et l’un des pères de la microbiologie moderne : http://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/l-histoire/louis-pasteur
Le texte de la Conférence de Pasteur en 1857 à la Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de
Lille : http://societe-sciences-agriculture-arts-lille.fr/wp-content/uploads/2014/08/Sol_2007.pdf
Histoire de l’Académie Nationale de Chirurgie
http://www.academie-chirurgie.fr/ememoires/005_2006_5_2_18x23.pdf
En accès libre, un article anglais sur l’histoire du marteau à réflexe de Douglas J. Lanska : The history
of reflex hammers
http://www.neurology.org/content/39/11/1542.full.pdf+html
Histoire de la douleur et de la médecine sont inséparables
http://cours.medecine.2007.free.fr/Site_14/Cours_de_medecine_sciences_humaines_et_sociales_fil
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es/conceptions%20de%20la%20douleur.pdf
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Courrier des lecteurs
L’instrument présenté par le Pr Alain Neidhart, un curieux tube magnétique signé Martin, a été identifié par le Dr Jean-Michel Meunier, comme étant un « aimant crayon pour
corps étrangers oculaires ». La preuve en
image avec la présentation de cet aimant
dans le catalogue Lüer de 1940 (en haut de la
page 177), avec un autre modèle, plus volumineux, dit « aimant de Sexe ». Ce type
d’instrument est plus ancien, puisqu’il en est
fait état dans le catalogue Collin de 1882,
mais sans illustration.
En réponse au poinçon « L couronné » présenté par Jean-Michel Meunier dans le Clystère n° 42 (septembre 2015) Philippe Mereau répond que « Le L couronné
existe bien mais impossible de connaitre la ville ou le coutelier. Ce marquage se trouve sur des lancettes datant
certainement du XVIIIe siècle. Sur la deuxième, on dirait
presque un L surmonté d'un bateau … Mais la relation avec
un coutelier de Châtellerault me parait improbable. »
Le Docteur René Gentaz souhaite vendre ce panneau ancien avec une scène comportant l'usage d'un clystère,
mais aussi en savoir plus sur lui : « Je pense le dater du
XVIe-XVIIe mais vos connaissances permettraient de mieux
connaître la date et l'origine de ce tableau. Pour moi, la
scène me semble relever de l'art théâtral populaire du
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XVIIe siècle. Il s'agit d'un original, peinture sur bois, voilà
les dimensions : 30 x 23 et l'épaisseur du bois est d'environ 2cm. Le bois est dans un état moyen, en partie vermoulu.
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Je n'ai pas trouvé de signature... Il est difficile de le dater puisque dans les œuvres du moyen âge, le
lavement se pratiquait avec une poire. Le clystère tel que peint sur ce tableau me semble récent (16e
siècle).
D'autre part le chapeau de l'apothicaire pose problème: ce chapeau conique ne correspond pas au
costume habituel du moyen-âge. A mon avis, ce tableau présente des contradictions :
- Des personnages habillés de vêtements moyenâgeux avec un chapeau conique réservé aux femmes.
- Le clystère administré en position inhabituel : la position moyenâgeuse était le genu-pectorale.
- Le style de l'habitation semble inhabituel.
Je pense donc qu'il s'agit d'un simulacre de clystère relevant d'une scène théâtrale bouffonne et érotique destinée à séduire les foules de cette époque.
Qu'en pensez-vous ? »
Tout commentaire sur cette œuvre sera le bienvenu. Commentaires et offre éventuelle à :
[email protected]
OSNI (Objet Scientifique Non Identifié) : un coffret de seringues original
Le Dr Jacques Hotton, membre du
club d’histoire de l’anesthésie et de
la réanimation (CHAR) a ramené de
l’ancienne RDA un coffret de seringues original qui appelle plusieurs observations et questions :
« Plusieurs articles très complets
ont été consacrés aux seringues
dans Clystère, présentés par des
auteurs
experts
ment Clystère
(Voir
notam-
n° 24, novembre
2013 ; n° 26, janvier 2014 ; n°31,
01 octobre 2015
juin 2014). Nous voudrions y ajouter
ce modèle particulier, déniché en
brocante en Allemagne (ex-RDA).
D'apparence quelconque, ce coffret
de seringues, en plastique dense,
présente une caractéristique origi-
www.clystere.com / n° 43.
Figure 1 : le coffret de seringues sans graduation. © Jacques Hotton.
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nale (fig1). En effet, les corps de seringues, faits de verre et d'inox, ne portent pas de graduations.
Pour déterminer la quantité à injecter, il convient d'utiliser le petit pied à coulisses, fourni dans le couvercle du coffret, qu'il convient évidemment de ne pas perdre ou abimer....
Par le matériau du coffret et sa présentation, cet ensemble date probablement des
années 1970; il porte sur le couvercle un
insigne de fabriquant à l'image d'un cygne
(de quelle marque s’agit-il ?); il s'agit probablement d'une fabrication soviétique
(fig2).
Il contient une aiguille manifestement rapportée afin de donner l'illusion d'un coffret
complet.
Nous n'avons pas rencontré à ce jour
d'autres seringues de ce modèle, et tous les
commentaires des lecteurs de Clystère seFigure 2 : marque « Cygne » à identifier.
ront les bienvenus. » [email protected]
Petite annonce
01 octobre 2015
Un lecteur de Clystère met en vente un coffret de chirurgie signé Mathieu, en noyer, tous les instruments
sont en métal. Contact :
[email protected]
www.clystere.com / n° 43.
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Nouveautés en librairie
Les princes du sang. Gilbert Schlogel. Le livre de poche, 1994,
960 p.
ISBN : 9782253097686.
Pas vraiment une nouveauté, puisque paru en 1994, cette passionnante saga romanesque nous fait revivre, à travers cinq
praticiens d'une même lignée, l'histoire de la chirurgie depuis le
XVIIIe siècle.
Simples «barbiers» sous Louis XVI, novateurs intrépides durant
les guerres de l'Empire, notables respectés à la fin du XIXe
siècle, ils ont vu naître l'anesthésie, la radiologie, les antibiotiques, les greffes d'organes. D'artistes, ils sont devenus des
techniciens de haut niveau. Soumis aux tempêtes de l'histoire
et de la passion, ils ont rendez-vous chaque jour avec leur combat contre la mort.
Disponible chez l’éditeur (9.20 €) : http://www.livredepoche.com/les-princes-du-sang-gilbertschlogel-9782253097686
Gilbert Schlogel est né en 1932 à Paris. Chirurgien exerçant en région parisienne, il part en Provence en 1971 ;
après avoir publié plusieurs livres, il y prend sa retraite professionnelle (à Aix-en-Provence) pour se consacrer
01 octobre 2015
exclusivement à l'écriture (depuis 1992). Gilbert Schlogel est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.
www.clystere.com / n° 43.
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Petro D’Abano, le médecin qui avait la tête dans les
étoiles. Philippe Scherpereel. The book edition, 156 p.
Pietro d’Abano fut médecin, philosophe et astronome du
Trecento. Après ses études à Padoue, il partit à Byzance se
perfectionner en grec afin de traduire médecins et philosophes de l’Antiquité. Il enseigna à Paris où il débuta la
rédaction de son œuvre majeure le Conciliator. De retour
à Padoue, il rencontra Giotto et Dante. Il fut ami de Marco
Polo, de philosophes et musiciens. Refusant les miracles et
les dogmes, il fut persécuté par l’Inquisition. Il mourut lors
de son procès et sa dépouille fut brûlée. Les faits rapportés ont une base historique mais ont été repris dans un
contexte romanesque.
Disponible chez l’éditeur (18.54 €) :
http://www.thebookedition.com/philippe-scherpereel-pietro-d-abano-p-127287.html
Jusqu’à ce que mes yeux se ferment… Philippe Scherpereel. The book edition, 156 p.
L’auteur de ce livre n’est autre qu’Albert Calmette luimême dont P. Scherpereel n’a fait que retranscrire le plus
souvent les propres écrits, en particulier quelques pages
manuscrites, inédites. Ce livre est un hommage à un
homme exceptionnel, une personnalité hors du commun,
très attachante.
Disponible chez l’éditeur (9.60 €) :
http://www.thebookedition.com/philippe-scherpereel-
01 octobre 2015
jusqu-a-ce-que-mes-yeux-se-ferment…-p-92754.html
Philippe Scherpereel est Professeur à la Faculté de Médecine de
Lille. Il a été Chef du Département d’Anesthésie réanimation au CHU de Lille, où il continue d’exercer comme
Médecin Médiateur. Ses fonctions institutionnelles qu’il a exercé au niveau national et international l’ont amené
à voyager et enseigner dans de nombreux pays. Il préside jusqu’en 2016 le Comité Scientifique de la fédération
Mondiale d’Anesthésiologie.
www.clystere.com / n° 43.
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Et si la seconde guerre mondiale nous était racontée autrement... Xavier Riaud. L’Harmattan, octobre 2015, 142 p.
ISBN : 978-2-343-07167-1
La Seconde Guerre mondiale n'a pas dérogé à l'apparition
d'innovations, notamment sur le plan médical, au prix parfois
de vies humaines perdues au cours d'expérimentations très
discutables. L'infiniment petit semble avoir joué un rôle inattendu dans le déroulement des évènements. Amphétamines,
expérimentations médicales douteuses, projet de guerre bactériologique sans parler de l'atome et de ses conséquences dévastatrices sur le Japon, les Nazis ont-ils été les seuls criminels de
cette guerre ?
Disponible chez l’éditeur au prix de 14.73 € :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=48229
A voir
Pour les passionnés de l’histoire de la neurologie, un petit tour sur le site hyper-documenté baillement.com (consacré au … baillement, vous l’aurez deviné !) du Dr Olivier Walusinski s’impose. Vous y
trouverez de nombreuses biographies des maîtres de la neurologie (articles en français et en anglais).
http://baillement.com/recherche/publications.html
Actus
01 octobre 2015
L’Association du Musée Hospitalier Régional de Lille a publié sa lettre d’information n° 17 (septembre
2015) à télécharger à cette adresse :
http://www.association.patrimoinehospitalierdunord.fr/accueil/2-semestre-2015.pdf
www.clystere.com / n° 43.
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Appel à publications
Clystère est une revue gratuite, entièrement bénévole. Pour continuer à paraître et pour me permettre de ne pas avoir la hantise du numéro blanc, j’ai besoin d’articles et de nouveaux auteurs. Les
auteurs réguliers répondent toujours présents, ce dont je les remercie. N’ayez pas peur de prendre la
plume (le clavier, je veux dire !) et envoyez vos articles, ou photos commentées. La poursuite de Clystère dépend de vous. Merci d’avance. [email protected]
Appel à publications, numéro spécial n° 50, mai 2016
Pour fêter le 50è numéro de Clystère qui paraîtra en mai 2016, je souhaite faire un numéro spécial sur
la médecine antique (jusqu’au IVe siècle). Plusieurs articles et propositions d’articles ont été reçus,
mais il reste de la place… Merci de votre participation ! Envoi des articles à [email protected]
Pour les documents supérieurs à 2 Mo, merci d’utiliser les sites de transfert de documents comme
transfernow (https://www.transfernow.net/)
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Prochain numéro :
1er Novembre 2015
www.clystere.com / n° 43.

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