Cancer radiothérapie (ISSN 1278-3218 ) 2012
Transcription
Cancer radiothérapie (ISSN 1278-3218 ) 2012
RÉDACTEUR EN CHEF J.J. Mazeron, Service d’oncologie radiothérapique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 47–83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France. Tél. : 01 42 17 81 42. Télécopie : 01 42 17 82 50. E-mail: [email protected] RÉDACTEURS EN CHEF ADJOINTS P. Maingon, Département de radiothérapie, Centre Georges-François-Leclerc, 1, rue du Professeur-Marion, BP 77980, 21079 Dijon cedex, France. Tél. : +33 (0)3 80 73 75 18. Fax : +33 (0)3 80 73 77 06. E-mail : [email protected] F. Mornex, Centre hospitalier Lyon-Sud, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite cedex. Tél. : 04 78 86 42 53. Télécopie : 04 78 86 42 65. E-mail : [email protected] P. Van Houtte, Institut Jules-Bordet, département de radio-oncologie, service de radiothérapie, 1, rue Héger-Bordet, 1000 Bruxelles, Belgique. Tél. : 32 2 538 52 03. Télécopie : 32 2 538 75 42. RÉDACTEUR EN CHEF ÉMÉRITE J.M. Cosset (Paris, France). COMITÉ DE RÉDACTION D. Azria (Montpellier, France), I. Barillot (Tours, France), C. Bourgier (Villejuif, France), R. de Crevoisier (Rennes, France), F. Denis (Le Mans, France), É. Deutsch (Villejuif, France), V. Favaudon (Orsay, France), R. Garcia (Avignon, France), P. Giraud (Paris, France), C. Hennequin (Paris, France), M. Khodri (Lyon, France), J.L. Lagrange (Créteil, France), V. Marchesi (Vandoeuvre-lès-Nancy, France), R. Mazeron (Villejuif, France), G. Noël (Strasbourg, France, O. Pradier (Brest, France), P. Poortmans (Tilburg, Pays-Bas), S. Rivera (Paris, France), S. Supiot (Nantes, France). COMITÉ SCIENTIFIQUE M. Afiane (Alger, Algérie), D. Ash (Leeds, Royaume-Uni), J.P. Bahary (Montréal, Canada), H. Bartelink (Amsterdam, Pays-Bas), J. Bernier (Bellinzona, Suisse), A. Biete Sola (Barcelone, Espagne), G.B. Biti (Florence, Italie), N. Bouaouina (Sousse, Tunisie), J. Bourhis (Villejuif, France), A. Bridier (Villejuif, France), M. Brites Santos Patricio (Lisbonne, Portugal), F. Brochet (Chicoutimi, Canada), V. Budach (Berlin, Allemagne), G. Calais (Tours, France), F. Calvo (Madrid, Espagne), B. Chauvet (Avignon, France), L. Cionini (Pise, Italie), N. Daly-Schveitzer (Paris, France), J.M. Deneufbourg (Liège, Belgique), B. Dubray (Rouen, France), B. El Gueddari (Rabat, Maroc), F. Eschwège (Villejuif, France), N. Foray (Grenoble, France), C. Freeman (Montréal, Canada), B. Glínski (Cracovie, Pologne), N. Ghilezan (Cluj-Napoca, Roumanie), L. Grimard (Ottawa, Canada), F Guedea (Barcelone, Espagne), C. Haie-Meder (Villejuif, France), L.B. Harrison (NewYork, NY, États-Unis), A. Kahlain (Casablanca, Maroc), G. Kantor (Bordeaux, France), C. Kappas (Patras, Grèce), M. Kinay (Izmir, Turquie), I. Kunkler (Édimburg, Écosse), M. Larochelle (Québec, Canada), É. Lartigau (Lille, France), D. Lefkopoulos (Villejuif, France), M. Maalej (Tunis, Tunisie), M.-A. Mahé (Nantes, France), W. Mendenhall (Gainesville, FL, États-Unis), R. Mirimanoff (Lausanne, Suisse), M. Overgaard (Aarhus, Danemark), D. Peiffert (Vandoeuvre-lès-Nancy, France), A. Poitevin (Mexico, Mexique), A. Nabid (Sherbrooke, Canada), E. Nasr (Beyrouth, Liban), I. Petschen Verdaguer (Valence, Espagne), R. Pötter (Vienne, Autriche), W. Sauerwein (Essen, Allemagne), P. Scalliet (Bruxelles, Belgique), M. Trovo (Aviano, Italie), P. Verelle (Clermont-Ferrand, France), J.F.Wilson (Milwaukee, WI, États-Unis). COMITÉ SCIENTIFIQUE (membres d’honneur) : F. Baillet (Paris, France), A. Barrett (Glasgow, Royaume-Uni), P. Bey (Paris, France), M. Bolla (Grenoble, France), J.F. Bosset (Besançon, France), D. Chassagne (Villejuif, France), J.M. Cosset (Paris, France), J.B. Dubois (Montpellier, France), A. Dutreix (Villejuif, France), J. Dutreix (Villejuif, France), J.P. Gérard (Nice, France), A. Gerbaulet (Villejuif, France), M. Guichard (Villejuif, France), J.C. Horiot (Dijon, France), C. Lalanne (Nice, France), A. Laugier (Paris, France), O. Le Floch (Tours, France), E. Malaise (Villejuif, France), G. Marinello (Créteil, France), M. Pernot (Vandoeuvre-lès-Nancy, France), H. Pourquier (Montpellier, France), F. Reboul (Avignon, France), J.C. Rosenwald (Paris, France), S. Schraub (Besançon, France), M. Schlienger (Paris, France), H.D. Suit (Boston, MA, États-Unis), N. Trouvalas (Le Pirée, Grèce), M. Tubiana (Villejuif, France), C. Vrousos (Grenoble, France), A. Wambersie (Bruxelles, Belgique). Cancer radiothérapie (ISSN 1278-3218) 2012 (volume 16) Un an ; 8 numéros. France (TTC) : 330 euros. Voir tarifs complets sur www.elsevier-masson.fr/revue/ZCR Adresser commande et paiement à Elsevier Masson SAS, Service Abonnements, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex : paiement par chèque, carte de crédit (CB, MasterCard, EuroCard ou Visa : indiquer le n°, la date d’expiration de la carte, le cryptogramme et signer) ou par virement : La Banque postale, Centre de Paris, n° RIB 20041 00001 1904540H020 95. Les abonnements sont mis en service dans un délai de 4 semaines après réception du paiement. Ils partent du premier numéro de l’année. Les numéros de l’année et les volumes antérieurs doivent être commandés à l’éditeur. Les réclamations pour les numéros non reçus doivent parvenir dans un délai maximal de 6 mois après la parution. Expédition par voie aérienne incluse. Secrétaire général de rédaction - Marie-Aude Bolignano Responsable de production éditoriale - Nathalie Cormier. Tél. : (33) 01 71 16 54 05. Fax : (33) 01 71 16 51 67. E-mail : [email protected] Publicité - Nicolas Zarjevski. Tél. : (33) 01 71 16 51 38. Fax : (33) 01 71 16 51 51. E-mail : [email protected] Responsable de marché - Claire Ebersold. Tél. : (33) 01 71 16 51 14. Fax : (33) 01 71 16 51 51. E-mail : [email protected] Site web : www.compharma.fr Abonnements - Tél. : (33) 01 71 16 55 99. Fax : (33) 01 71 16 55 77. E-mail : [email protected] Éditeur - Chantal Gamby Directrice de la publication - Stéphanie van Duin Les modalités d’abonnement, les recommandations aux auteurs, les sommaires de chaque numéro ainsi que les résumés des articles publiés dans cette revue sont disponibles sur le site internet d’Elsevier Masson SAS : http://www.em-consulte.com Imprimé en France par Jouve, 53101 Mayenne CPPAP : 0115 T 81159 - Dépôt légal à parution ISSN 1278-3218 © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 20/06/2013 par SCD Paris Descartes (292681) Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 325–329 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Traitement locaux ablatifs de la maladie oligométastatique : les progrès technologiques modifient les profils évolutifs cliniques Improvements of ablative local treatments modify the management of the oligometastatic disease J. Thariat a,∗,b , S. Vignot c , R.-J. Bensadoun d , F. Mornex e,f a Département de radiothérapie oncologique, centre Antoine-Lacassagne, institut universitaire de la face et du cou, 33, avenue Valombrose, 06189 Nice, France Institut universitaire de la face et du cou, université Nice–Sophia-Antipolis, 33, avenue Valombrose, 06189 Nice, France c Oncologie médicale, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France d Département de radiothérapie oncologique, centre hospitalier universitaire, 2, rue de la Milétrie, BP 577, 86021 Poitiers cedex, France e Département de radiothérapie oncologie, centre hospitalier Lyon-Sud, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite cedex, France f EA3738, université Claude-Bernard Lyon, domaine Rockefeller, 8, avenue Rockefeller, 69373 Lyon cedex 08, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 28 mars 2012 Accepté le 5 avril 2012 Disponible sur Internet le 10 juillet 2012 Mots clés : Oligométastase Cancer Traitement local Traitement ablatif Irradiation Chirurgie Survie Contrôle local Qualité de vie Curatif r é s u m é Les traitements systémiques permettent rarement un contrôle durable de la maladie au stade métastatique mais il convient de distinguer différents profils évolutifs métastatiques allant d’une présentation oligométastique à des métastases disséminées. Nous avons évalué les pistes physiopathogéniques et les pratiques de traitement des oligométastases. Une revue de la littérature a été réalisée pour évaluer les pratiques de traitement local ablatif des oligométastases. L’amélioration des traitements locaux permet d’envisager des traitements ablatifs avec des taux de contrôle local des sites traités dépassant 70 % et des survies prolongées avec une qualité de vie acceptable. L’évolution des traitements locaux ablatifs a modifié la prise en charge de la maladie oligométastatique, s’intégrant dans une chronicisation de la maladie métastatique, permettant dans quelques cas une rémission prolongée du cancer, sous réserve d’une bonne sélection des indications, selon des critères et scores qui restent cependant à optimiser. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: Oligometastasis Oligometastases Cancer Metastases Metastatic Local treatment Irradiation Survival Local control Quality of life Ablative Curative Systemic treatments rarely allow durable disease control at a metastatic stage. However, distinct metastatic profiles should be considered: from an oligometastatic state (one to five metastases) to disseminated metastases. Biomolecular mechanisms of metastatic spread and patterns of presentation and care were studied. A review of the literature focusing on local ablative treatments of oligometastases was performed. Improvement of local treatments, including surgical ablation, radiofrequency and irradiation (mostly with stereotactic radiotherapy) allow for metastatic control rates at treated sites of over 70% and increased survival with preserved quality of life. Improvements of ablative local treatments have dramatically modified the management of the oligometastatic disease. Metastatic disease may become in rare occasions a chronic disease, with some patients experiencing prolonged remission or even cure, provided proper selection of patients for local aggressive treatments using optimal criteria and scores that remains to be defined. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Thariat). La première cause de décès par cancer est liée aux métastases à distance [1]. Les patients atteints d’un cancer métastatique 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.04.005 326 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 325–329 Fig. 1. Phases cliniques de la maladie métastatique. reçoivent le plus souvent un traitement systémique dans une intention palliative [2]. Si certains de ces traitements permettent d’obtenir des réponses objectives importantes et des contrôles parfois prolongés de la maladie, un échappement thérapeutique finit par survenir tandis que certains traitements posent des problèmes de toxicité cumulative ne permettant pas leur utilisation au long cours. La maladie métastatique peut en pratique correspondre à des situations cliniques distinctes (Fig. 1). Avec l’amélioration des traitements locaux, il y a proportionnellement plus d’échecs métastatiques et ces échecs métastatiques sont potentiellement plus responsables des décès que les échecs locorégionaux [3,4]. Les mécanismes impliqués dans la progression métastatique sont complexes et impliquent plusieurs d’étapes : envahissement de l’organe d’origine, franchissement des parois vasculaires, survie au sein du compartiment sanguin, arrêt dans un organe à distance, nouveau franchissement des parois vasculaires, puis enfin, prolifération au sein du site métastatique [5]. La cascade métastatique est ainsi un processus complexe mais de rendement relativement faible. La présence précoce dans l’évolution du cancer de mutations oncogéniques offre un avantage théorique de croissance qui s’avère trop faible (moins de 1 %) à lui seul pour expliquer l’existence de métastases : la vitesse d’apparition séquentielle de mutations oncogéniques, leur avantage prolifératif et le temps de division cellulaire semblent en fait nécessaires [6], même si certaines lésions peuvent présenter précocement un profil de dissémination métastatique agressif (tumeurs de petite taille d’emblée métastatiques, carcinomes de primitif inconnu). De plus, le passage dans le compartiment vasculaire de cellules tumorales n’implique pas systématiquement la formation de métastases à distance. En effet, la détection de cellules tumorales circulantes n’est pas strictement associée à une progression métastatique ultérieure, même si ce constat reste un facteur pronostique fort pour différentes localisations tumorales [7]. En fait, seule une faible proportion des cellules tumorales circulantes acquiert la capacité à essaimer dans les tissus distants et à proliférer dans un microenvironnement différent de l’organe d’origine [8,9]. Parmi les mécanismes moléculaires impliqués dans la formation des métastases à distance, certains systèmes de chémokines et récepteurs de chémokines peuvent expliquer l’existence de sites métastatiques préférentiels pour certaines localisations tumorales en fonction des récepteurs et co-récepteurs exprimés par les cellules néoplasiques, d’une part, et l’endothélium vasculaire des organes cibles, d’autre part [10]. Ces éléments représentent un fondement biologique à la théorie de la graine et du sol (Seed and Soil), conceptualisée dès la fin du XIXe siècle par Paget [11] ; les métastases ne sont pas distribuées au hasard ou strictement selon le flux circulatoire mais répondent à une interaction entre la cellule tumorale et l’organe cible. 2. La maladie oligométastatique est-elle vraiment confinée à un ou peu de sites ? La notion de métastase isolée peut paraître contre-intuitive et il y a plus de décès chaque année par métastases que de longs survivants après traitement de métastase unique confinée à un organe dans la littérature [12]. De plus, des cellules tumorales sont fréquemment retrouvées dans le sang ou la moelle osseuse des patients atteints de cancer sans signe clinique ou histopathologique de métastases [13]. Cependant, leur existence n’est pas forcément corrélée avec la survie [14]. Les systèmes chémokines/récepteurs de chémokines évoqués plus haut permettent d’expliquer la diffusion préférentielle des cellules tumorales, voire de justifier, des présentations confinées à un seul organe. Les mécanismes de diffusion à partir de la tumeur primitive, par voie lymphatique ou hématogène, n’excluent pas la possibilité d’une diffusion limitée au sein de l’organisme des cellules tumorales, se basant alors sur des principes anatomiques (atteinte des aires ganglionnaires de drainage, atteinte hépatique préférentielle, voire exclusive, des cancers digestifs). Deux concepts peuvent en fait être évoqués devant une présentation clinique oligométastatique : • la maladie oligométastatique correspond aux lésions secondaires visibles mais il existe par ailleurs des micrométastases pouvant potentiellement évoluer ultérieurement. La présentation oligométastatique est alors une étape évolutive dans l’histoire naturelle de la maladie cancéreuse ; • la dissémination est effectivement limitée à quelques sites sans micrométastase à distance et une présentation oligométastatique correspond alors à un profil évolutif spécifique. Dans la première hypothèse, un traitement locorégional optimal des lésions visibles ne se conçoit qu’en cas de recours possible à un traitement systémique (cytotoxique, hormonothérapie ou thérapies moléculaires ciblées), permettant de contrôler, voire éradiquer, les lésions micrométastatiques. Si ce concept semble mieux s’intégrer dans une logique de dissémination métastatique globale à partir de la tumeur primitive, il est pris en défaut par des exemples issus de la pratique clinique où la prise en charge chirurgicale de lésions secondaires permet d’obtenir des rémissions prolongées en l’absence de traitement systémique actif (cancer de la thyroïde, sarcome ainsi que cancer du rein, notamment avant l’ère des thérapies moléculaires ciblées) s’inscrivant alors de fait dans la seconde hypothèse d’une diffusion métastatique limitée. Le rationnel biologique sous-jacent n’est à ce jour pas formellement établi et il reste difficile de préciser l’ensemble des mécanismes moléculaires pouvant justifier l’un ou l’autre de ces modes de présentation de maladie oligométastatique. Le corollaire logique est qu’il n’y a pas de facteur pronostique biologique validé permettant de déterminer, a priori, si la maladie sera réellement confinée. Parmi les différents modèles biologiques évoqués pour expliquer les mécanismes de progression métastatique, le concept de cellules souches tumorales circulantes (migrating cancer stem cells) suppose la présence au sein de la tumeur initiale d’un ensemble de cellules souches ayant des possibilités de prolifération locale, mais aussi de diffusion à distance où elles reproduisent alors une lésion secondaire phénotypiquement proche de la lésion primitive [15,16]. Dans un modèle de progression linéaire, la dissémination de ces cellules est supposée augmenter au fil du temps, et de l’augmentation en taille de la tumeur, tandis que le modèle d’évolution parallèle est basé sur une dissémination précoce (d’emblée ?) d’un faible nombre de cellules souches tumorales circulantes en différents sites métastatiques évoluant ensuite indépendamment en fonction du microenvironnement local et de la diffusion des éventuels traitements systémiques reçus par le J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 325–329 327 Fig. 2. Objectif thérapeutique en fonction du contexte clinique. patient [17]. Cette approche permet notamment d’expliquer des progressions cérébrales isolées (notion de sanctuaire préservé des traitements ?) et peut participer à l’explication des mécanismes d’une maladie oligométastatique. Il s’agit à ce jour de modèles en cours d’investigation et l’identification des cellules souches tumorales circulantes représente un enjeu majeur dans la compréhension des processus métastatiques. Ainsi, il ne s’agit possiblement pas d’un continuum entre la maladie oligométastatique et la maladie disséminée mais d’entités biocliniques distinctes [18,19]. 3. Y a-t-il des outils prédictifs d’évolution vers une maladie polymétastatique dans un contexte oligométastatique ? L’identification de signatures géniques, pour certaines au moins en partie liées à l’interféron, pourrait expliquer le potentiel d’oligométastase vraie sans événement ultérieur au traitement à visée curative, par opposition à un potentiel polymétastatique [19,20]. Par ailleurs, des travaux récents réalisés à partir de séries de patients traités en conditions stéréotaxiques pour des oligométastases ont recherché sur échantillons tumoraux, une base biologique à ces oligométastases en utilisant l’expression des microRNA pour identifier des patients susceptibles de rester oligométastatiques après traitement ablatif de leurs métastases [21]. Sur xénogreffe de modèle murin, une surexpression des microRNA-200c était associée à une évolution vers un état polymétastatique [21]. Cette signature microRNA devra être confirmée chez des patients traités pour oligométastases. 4. Changement des paradigmes de traitement des oligométastases ? Des résections chirurgicales de métastases pulmonaires ou hépatiques à visée palliative symptomatique ont été décrites dès les années 1980. À cette époque, il est non seulement observé une amélioration des symptômes, mais aussi une prolongation de la survie pour certains patients [22,23]. Les métastases ne s’associent pas toujours à une évolution fatale et le traitement ablatif des métastases peut aboutir à une rémission prolongée dans des cas sélectionnés [18] (Fig. 2). Cette observation a été une observation charnière qui a rapidement fait évoluer les paradigmes de la maladie métastatique. Cependant, il apparaît rapidement essentiel d’identifier des critères prédictifs de non-évolution une maladie polymétastatique/disséminée dans les mois qui suivent le traitement local pour consolider ce bénéfice à la fois de prolongation de la survie et de maintien de la qualité de vie. Les oligométastases traitées évolueraient vers d’autres métastases préférentiellement confinées au même organe [24]. Dans ce contexte, des traitements itératifs se sont avérés faisables et efficaces [25]. 5. Le concept de traitement local ablatif de la maladie oligométastatique n’est donc pas nouveau En effet, les premières études randomisées de traitement d’oligométastases datent des années 1980 [26–28]. Ce concept et celui de pause de chimiothérapie aboutissent pour certains cancers à la notion de maladie chronique, concept qui se substitue à la fatalité d’une évolution métastatique classique, et qui encourage les patients concernés à suivre des traitements parfois lourds, à visée (pseudo)curative [29]. Le nombre de survivants rapportés, en particulier atteints de métastases pulmonaires ou hépatiques de cancers du sein ou du côlon, augmente rapidement ces dernières années. En effet, l’amélioration des traitements ablatifs permet désormais d’éradiquer des oligométastases. De plus, le concept d’oligométastase déclarée/détectable est d’autant plus pertinent que la sensibilité des méthodes diagnostiques moléculaires et radiologiques augmente et permet un diagnostic plus précoce des oligométastases. Si la réalité biologique d’une oligométastase n’est pas encore complètement comprise, le traitement local à visée curative d’une maladie oligométastatique détectable reste, lui, pertinent cliniquement. Ces évolutions ont été possibles du fait des progrès dans les stratégies de traitements systémiques permettant d’obtenir un meilleur contrôle de la maladie, voire de permettre la prise en charge de lésions initialement inaccessibles à un geste local. Parallèlement, les progrès en anesthésie et réanimation ont rendu possibles des interventions complexes tandis que le développement des réunions de concertations pluridisciplinaires a conduit à une communication optimale, même au stade métastatique. La chirurgie des métastases hépatiques est emblématique de ces évolutions. 6. L’évolution des traitements locaux et l’augmentation de leur efficacité font changer les concepts de traitement de la maladie métastatique Finalement, la maladie oligométastatique apparaît « curable » dans un petit nombre de cas très sélectionnés, et un traitement ablatif qui a pour but de prolonger significativement la survie (au moins six mois ?) sans dégrader la qualité de vie est pertinent, mais les outils de sélection des patients sont encore actuellement manquants. Notamment, des algorithmes seraient utiles pour déterminer le traitement optimal : systémique et/ou local et la séquence de traitement. De même, des nomogrammes, qui 328 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 325–329 Fig. 3. Arbre décisionnel pour les traitements ablatifs locaux selon les situations cliniques. pourraient idéalement prédire le risque d’évoluer vers une maladie polymétastatique à court terme après un traitement local ablatif de métastase, seraient utiles. Des échelles, bien qu’imparfaites, telles que celles utilisées pour les métastases cérébrales, sont utilisées (GPA pour Graded Prognostic Assessment/RPA pour Recursive Partioning Analysis) pour poser une indication de traitement en conditions stéréotaxiques. Elles permettent de sélectionner des patients pour un tel traitement sur des critères tels que leur âge, leur état général, le nombre de localisations métastatiques, et/ou le délai d’apparition de la métastase par rapport au primitif, etc. Pour aboutir à ces outils de traitement, il est peut-être nécessaire auparavant de convenir de définitions consensuelles. C’est l’intérêt de la démarche Datecan de l’European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC), qui se déroule en parallèle de celle du National Cancer Institute (NCI) en vue d’une harmonisation des définitions pour l’intercomparabilité des études, en particulier des essais cliniques. Ainsi, on constate dans la littérature des variantes en termes de définition d’une « oligo »-métastase [12,30] : s’agit-il de trois, cinq ou plus métastases synchrones au maximum ? Et une métastase unique rentre-t-elle ou non dans cette définition ? Par ailleurs, il reste à élucider les différences en termes de survie et la pertinence d’un traitement local dans un contexte de maladie oligométastatique symptomatique par opposition à une découverte fortuite dans le cadre d’un bilan, pour les tumeurs pulmonaires par comparaison aux tumeurs hépatiques, cérébrales ou osseuses, etc. Il faudrait aussi définir les moyens d’évaluer le bénéfice clinique : est-ce la survie globale, la survie sans progression, le contrôle local au niveau du site métastatique traité, et quelle est la durée minimale souhaitée pour que le traitement local ablatif soit jugé utile [24] ? On pourrait aussi proposer un critère de jugement composite comme la survie globale sans dégradation de la qualité de vie [31], prévoyant ainsi de ne pas inverser le rapport bénéfice–risque. Dans le contexte de la maladie oligométastatique, se pose aussi la question du nombre de traitements itératifs [32,33], et sur quelle période (à prendre en compte dans la qualité de vie). Enfin, quel est le coût acceptable pour le système de santé pour traiter une maladie métastatique ? 7. Quel traitement local ? Une attitude chirurgicale peut être adoptée et des traitements itératifs sont possibles. Si certaines métastases pulmonaires, hépatiques, cérébrales, etc., sont opérables, la morbidité de l’intervention doit être prise en compte dans le choix du traitement en fonction de l’âge, des « comorbidités », du site, de l’histologie et des alternatives de traitement local moins invasives. Ainsi, la radiothérapie est moins invasive que la chirurgie, la radiofréquence, la cimentoplastie, la chimioembolisation. Les traitements en conditions stéréotaxiques sont largement développés dans le cadre de la maladie oligométastatique [34–39]. Des outils de suivi de la cible de type tracking sans pose de matériel se sont développés pour le Fig. 4. Avantages et inconvénients des traitements ablatifs locaux. J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 325–329 poumon. L’hypofractionnement, possible avec certaines méthodes d’irradiation en conditions stéréotaxiques, peut permettre un certain confort de vie en limitant le temps du traitement, donc des transports et du séjour à l’hôpital. La place de la chimiothérapie concomitante avec les traitements en conditions stéréotaxiques est à l’étude [24,40]. 8. Conclusion L’évolution des outils de traitement local de la maladie oligométastatique a largement contribué à repenser le concept de maladie métastatique (Fig. 3 et 4). Il apparaît que, dans des indications bien sélectionnées qu’il reste à bien définir, idéalement à l’aide de scores de type Recursive Partioning Analysis ou de nomogrammes par exemple, la survie de patients peut être prolongée avec une bonne qualité de vie et que certains patients peuvent bénéficier d’un traitement à visée curative. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Mina LA, Sledge Jr GW. Rethinking the metastatic cascade as a therapeutic target. Nat Rev Clin Oncol 2011;8:325–32. [2] Rubin P. Comment: are metastases curable? JAMA 1968;204:612–3. [3] Vikram B, Strong EW, Shah JP, Spiro R. Failure at distant sites following multimodality treatment for advanced head and neck cancer. Head Neck Surg 1984;6:730–3. [4] Yao M, Lu M, Savvides PS, Rezaee R, Zender CA, Lavertu P, et al. Distant metastases in head-and-neck squamous cell carcinoma treated with intensitymodulated radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:684–9. [5] Chiang AC, Massague J. Molecular basis of metastasis. N Engl J Med 2008;359:2814–23. [6] Martin M. Rewriting the mathematics of tumor growth. J Natl Cancer Inst 2011;103:1564–5. [7] Riethdorf S, Pantel K. Clinical relevance and current challenges of research on disseminating tumor cells in cancer patients. Breast Cancer Res 2009;11:S10. [8] Norton L, Massague J. Is cancer a disease of self-seeding? Nat Med 2006;12:875–8. [9] Comen E, Norton L, Massague J. Clinical implications of cancer self-seeding. Nat Rev Clin Oncol 2011;8:369–77. [10] Murphy PM. Chemokines and the molecular basis of cancer metastasis. N Engl J Med 2001;345:833–5. [11] Paget S. The distribution of secondary growths in cancer of the breast. Cancer Metastasis Rev 1989;8:98–101. [12] Rubin P, Brasacchio R, Katz A. Solitary metastases: illusion versus reality. Semin Radiat Oncol 2006;16:120–30. [13] Alix-Panabieres C, Riethdorf S, Pantel K. Circulating tumor cells and bone marrow micrometastasis. Clin Cancer Res 2008;14:5013–21. [14] Gray RT, O’Donnell ME, Verghis RM, McCluggage WG, Maxwell P, McGuigan JA, et al. Bone marrow micrometastases in esophageal carcinoma: a 10-year follow-up study. Dis Esophagus 2012 [doi:10.1111/j.1442-2050.2011.01307.x]. [15] Brabletz T, Jung A, Spaderna S, Hlubek F, Kirchner T. Opinion: migrating cancer stem cells – an integrated concept of malignant tumour progression. Nat Rev Cancer 2005;5:744–9. [16] Monteiro J, Fodde R. Cancer stemness and metastasis: therapeutic consequences and perspectives. Eur J Cancer 2010;46:1198–203. 329 [17] Klein CA. Parallel progression of primary tumours and metastases. Nat Rev Cancer 2009;9:302–12. [18] Hellman S, Weichselbaum RR. Oligometastases. J Clin Oncol 1995;13:8–10. [19] Weichselbaum RR, Hellman S. Oligometastases revisited. Nat Rev Clin Oncol 2011;8:378–82. [20] Wuttig D, Baier B, Fuessel S, Meinhardt M, Herr A, Hoefling C, et al. Gene signatures of pulmonary metastases of renal cell carcinoma reflect the disease-free interval and the number of metastases per patient. Int J Cancer 2009;125:474–82. [21] Lussier YA, Xing HR, Salama JK, Khodarev NN, Huang Y, Zhang Q, et al. MicroRNA expression characterizes oligometastasis(es). PLoS One 2011;6: e28650. [22] Nordlinger B, De Sena G, Szawlowski A, Parc R, Malafosse M, Huguet C. Résection chirurgicale des métastases hépatiques des cancers du côlon et du rectum. Gastroenterol Clin Biol 1983;7:240–3. [23] Gadd MA, Casper ES, Woodruff JM, McCormack PM, Brennan MF. Development and treatment of pulmonary metastases in adult patients with extremity soft tissue sarcoma. Ann Surg 1993;218:705–12. [24] Lo SS, Teh BS, Mayr NA, Olencki TE, Wang JZ, Grecula JC, et al. Stereotactic body radiation therapy for oligometastases. Discov Med 2010;10:247–54. [25] Milano MT, Katz AW, Okunieff P. Patterns of recurrence after curativeintent radiation for oligometastases confined to one organ. Am J Clin Oncol 2010;33:157–63. [26] Hughes KS, Simon R, Songhorabodi S, Adson MA, Ilstrup DM, Fortner JG, et al. Resection of the liver for colorectal carcinoma metastases: a multi-institutional study of patterns of recurrence. Surgery 1986;100:278–84. [27] Nordlinger B, Rougier P. Nonsurgical methods for liver metastases including cryotherapy, radiofrequency ablation, and infusional treatment: what’s new in 2001? Curr Opin Oncol 2002;14:420–3. [28] Nordlinger B, Rougier P. Liver metastases from colorectal cancer: the turning point. J Clin Oncol 2002;20:1442–5. [29] Chua TC, Liauw W, Chu F, Morris DL. Viewing metastatic colorectal cancer as a curable chronic disease. Am J Clin Oncol 2012;35:77–80. [30] Milano MT, Katz AW, Schell MC, Philip A, Okunieff P. Descriptive analysis of oligometastatic lesions treated with curative-intent stereotactic body radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:1516–22. [31] Carey Sampson M, Katz A, Constine LS. Stereotactic body radiation therapy for extracranial oligometastases: does the sword have a double edge? Semin Radiat Oncol 2006;16:67–76. [32] Milano MT, Philip A, Okunieff P. Analysis of patients with oligometastases undergoing two or more curative-intent stereotactic radiotherapy courses. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:832–7. [33] Milano MT, Zhang H, Metcalfe SK, Muhs AG, Okunieff P. Oligometastatic breast cancer treated with curative-intent stereotactic body radiation therapy. Breast Cancer Res Treat 2009;115:601–8. [34] Macdermed DM, Weichselbaum RR, Salama JK. A rationale for the targeted treatment of oligometastases with radiotherapy. J Surg Oncol 2008;98: 202–6. [35] Christodouleas JP, Marks LB. Analysis of patients with oligometastases undergoing two or more curative-intent stereotactic radiotherapy courses: in regard to Milano et al. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:832–7 [Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:1628; author reply 1628–1629]. [36] Lo SS, Fakiris AJ, Teh BS, Cardenes HR, Henderson MA, Forquer JA, et al. Stereotactic body radiation therapy for oligometastases. Expert Rev Anticancer Ther 2009;9:621–35. [37] Thariat J, Marcy PY, Lagrange JL. Radiothérapie des cancers métastatiques ou oligométastatiques en dehors des irradiations à visée antalgique. État des lieux en 2010 avec focus sur l’Asco 2010. Bull Cancer 2010;97:1467–76. [38] Ben-Josef E, Lawrence TS. Using a bigger hammer: the role of stereotactic body radiotherapy in the management of oligometastases. J Clin Oncol 2009;27:1537–9. [39] De Bari B, Guillet M, Mornex F. Radiothérapie en conditions stéréotaxiques des métastases hépatiques. Cancer Radiother 2011;15:72–6. [40] Kao J, Packer S, Vu HL, Schwartz ME, Sung MW, Stock RG, et al. Phase 1 study of concurrent sunitinib and image-guided radiotherapy followed by maintenance sunitinib for patients with oligometastases: acute toxicity and preliminary response. Cancer 2009;115:3571–80. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue générale Traitement local ablatif de la maladie oligométastatique osseuse (hors chirurgie) Oligometastatic bone disease. Can limited metastatic bone disease be cured? Which room for local ablative treatments? J. Thariat a,∗,b , A. Leysalle a,b , S. Vignot c , P.-Y. Marcy a,b , A. Lacout d , G. Bera e , J.-L. Lagrange f,g , P. Clezardin h , J. Chiras i,j a Département de radiothérapie oncologique, centre Antoine-Lacassagne, institut universitaire de la face et du cou, 33, avenue Valombrose, 06189 Nice cedex 2, France Université de Nice Sophia-Antipolis, 33, avenue Valombrose, 06189 Nice cedex 2, France c Service d’oncologie médicale, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France d Centre d’imagerie médicale, 47, boulevard du Pont-Rouge, 15000 Aurillac, France e Clinique d’oncologie-radiothérapie, centre Henry-S-Kaplan, hôpital Bretonneau, CHU de Tours, 2, boulevard Tonnelé, 37044 Tours cedex 9, France f Département de radiothérapie oncologique, hôpital Henri-Mondor, AP–HP, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94010 Créteil cedex, France g Université Paris-Est Créteil, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94010 Créteil cedex, France h Inserm, UMR 1033, faculté de médecine Lyon-Est (domaine Laennec), 8, rue Guillaume-Paradin, 69372 Lyon, France i Service de neuroradiologie diagnostique et interventionnelle, hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France j Université Pierre-et-Marie-Curie Paris VI, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Oligométastase Os Cancer Traitement local Traitement ablatif Irradiation Chirurgie Cimentoplastie Ablation par radiofréquence Survie Contrôle local Qualité de vie Curatif Palliatif r é s u m é L’os est un site préférentiel de métastases. Une métastase solitaire est observée dans environ 30 % des cas. Le traitement local d’une métastase osseuse vise à traiter une douleur, stabiliser, prévenir une fracture et les complications neurologiques et a un effet antitumoral local. La durée médiane de survie d’un patient atteint de métastases osseuses est de l’ordre de 30 mois, avec quelques survivants à plus de dix ans. En cas d’oligométastase isolée, la pertinence un traitement local « radical » ou « ablatif » doit être analysée en comité pluridisciplinaire. Nous avons réalisé une recherche de la littérature anglaise et française avec les mots clés : « métastases osseuses ; radiothérapie ; radiologie interventionnelle ; cimentoplastie ; radiofréquence ; chimioembolisation ». Les traitements locaux font appel, selon les cas, à une chirurgie de consolidation ou de destruction tumorale, à une irradiation (stéréotaxique) ou à des techniques de radiologie interventionnelle (cimentoplastie, radiofréquence, cryoablation, chimioembolisation, etc.). Les traitements réalisés à visée ablative conduisent à des taux de soulagement de la douleur et de contrôle local proches de 90 %. La radiothérapie stéréotaxique et la cimentoplastie ont une place croissante. Le traitement ablatif des oligométastases osseuses constitue donc un traitement symptomatique efficace. Leur impact sur la survie reste à démontrer formellement. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Oligometastasis Oligometastases Bone Osseous Cancer Metastases/metastatic Local treatment Solitary metastases have been reported in up to 30% of cases in imaging series. Local treatment aims at consolidating the injured bone and to prevent neurologic complications. Since the prognosis of bony metastatic disease is about 30 months and includes some long survivors, the multisdisciplinary committee in charge of the patient should ask the question and decide on the type of radical/ablative intervention in case of oligometastases. A literature search was performed using MESH terms (bone, metastases, radiotherapy, radiology, cement, radiofrequency ablation, chemoembolisation). Local ablative treatments can yield symptomatic relief and local control rates of about 90%. Stereotactic hypofractionated irradiation ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Thariat). 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.016 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 Irradiation Surgery Cementoplasty Survival Local control Quality of life Ablative Curative Palliative 331 and cementoplasty are increasingly used. In conclusion, local ablative treatment of bony oligometastases is an efficient treatment. Its potential impact on survival remains to be demonstrated prospectively in clinical trials. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’os est un site préférentiel de métastases issues de cancers pulmonaire, prostatique, rénal, mammaire et thyroïdien. Quatrevingt-cinq pour cent des patients atteints d’un cancer évolué de la prostate, 65 % de ceux atteints d’un cancer pulmonaire et 50 % de ceux atteints d’un cancer mammaire verront se développer des métastases osseuses lors de l’évolution de leur maladie. D’après des séries de scintigraphies osseuses chez des patientes en situation de première évolution métastatique osseuse de cancer mammaire, l’atteinte était le plus souvent multiple et diffuse, principalement au niveau des vertèbres (52 %) dorsolombaires, du pelvis (15 %) ou des os longs (10 %) [1]. Une métastase solitaire est cependant observée dans 16 à 33 % des cas [1]. On note ici que les métastases osseuses sont classiquement considérées non recevables comme cibles dans les essais thérapeutiques Dans un contexte de métastase isolée, tomographie par émission de positons (TEP) et imagerie par résonnance magnétique (IRM) peuvent révéler d’autres localisations. Les critères d’évaluation classiques RECIST (response evaluation criteria in solid tumors) ne sont pas toujours utilisables en coupes axiales scanographiques et la mesure des diamètres des tumeurs osseuses nécessitent souvent des reconstructions tridimensionnelles. Cela est d’autant plus vrai qu’il s’agit de lésions condensantes ou de lésions lytiques compliquées de fracture, pour lesquelles l’évaluation de la réponse est aléatoire. Des critères RECIST modifiés pour la TEP au (18 F)-fluorodésoxyglucose ou des critères de modification de densité, tels que ceux proposés par Choi pour les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST), pourraient être des voies d’étude. 2. Physiopathologie Si la majorité des cancers peuvent métastaser à l’os, certaines tumeurs sont plus ostéophiles que d’autres. Des cellules épithéliales transformées peuvent réactiver des programmes de plasticité embryonnaire et acquérir un phénotype mésenchymateux motile et invasif permettant un envahissement du tissu environnant, une intravasation, une dissémination et une colonisation de sites distants tels que le tissu osseux. Les mécanismes moléculaires contrôlant la formation des métastases osseuses font intervenir des facteurs chimiotactiques (CXCL-12, RANKL), des récepteurs membranaires (intégrines) et des protéases qui permettent la migration et l’ancrage des cellules métastatiques dans l’environnement osseux. Ces agents chimiotactiques amènent les cellules tumorales à envahir la moelle osseuse et à se loger au niveau de niches prémétastatiques et endostéales. Les cellules métastatiques s’adaptent ensuite à l’environnement osseux en exprimant des gènes normalement exprimés par les cellules osseuses (ostéomimétisme) pour survivre dans l’environnement osseux. Ainsi, les cellules métastatiques sécrètent diverses molécules solubles (PTH-rP, IL-6, IL-8, IL-11, GM-CSF, prostaglandines, endothéline-1, Wnt, DDK-1, Noggin, BMP-6) qui viennent perturber le remodelage en stimulant l’activité ostéoclastique et en inhibant celle des ostéoblastes (formation d’une métastase ostéolytique) ou, à l’inverse, en inhibant l’activité ostéoclastique et en stimulant celle des ostéoblastes (formation d’une métastase ostéocondensante). Par ailleurs, le tissu osseux contribue à ce processus métastatique en libérant des facteurs (transforming growth factor [TGF bêta], insuline-like growth factors [IGFs], bone morphogenetic proteins [BMPs], calcium) qui stimulent l’ostéolyse, l’ostéocondensation et/ou la prolifération des cellules tumorales. La matrice osseuse minéralisée sert de réservoir de facteurs de croissance qui, une fois libérés de la matrice en cours de dégradation, exercent une action mitogène sur les cellules tumorales [2]. Paradoxalement, la métastase est un processus inefficace : 0,02 % ou moins des cellules cancéreuses expérimentalement introduites dans la circulation vont former une métastase [3]. Plus de 30 % des patients atteints d’un cancer localisé du sein ou de la prostate ont des cellules tumorales disséminées dans la moelle sans métastase décelable cliniquement (Fig. 1). Ces cellules peuvent rester dans un état de dormance dans la moelle osseuse pendant plusieurs années. Elles sont cependant associées à un risque accru de survenue de métastases osseuses. Les mécanismes de réentrée en cycle de ces cellules tumorales sont en cours d’investigations. La croissance locale de la métastase osseuse induit la compression puis la rupture de la corticale osseuse et du périoste, responsable de douleurs et d’une infiltration des tissus périosseux. Ce développement peut être responsable de deux types de complications : une fracture par fragilisation osseuse responsable d’un handicap fonctionnel, un envahissement des parties molles avoisinantes pouvant être responsable d’une compression nerveuse, médullaire ou radiculaire. Ainsi, le traitement local d’une métastase osseuse aura un double but de stabilisation mécanique pour la prévention d’un risque fracturaire et de destruction tumorale pour éviter l’extension tumorale et les complications neurologiques en cas de métastases vertébrales. Nous avons réalisé une recherche de la littérature anglaise et française avec les mots clés : métastases osseuses, radiothérapie (dose équivalent 2 Gy ≥ 50 Gy), radiologie interventionnelle, cimentoplastie, radiofréquence, chimioembolisation. Fig. 1. De la maladie infraclinique à la métastase cliniquement décelable. 332 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 3. Traitements locaux Les traitements locaux font appel, selon les cas, à une chirurgie de consolidation ou de destruction tumorale, à une irradiation qui peut prendre différentes modalités ou à des techniques de radiologie interventionnelle qu’il s’agisse de cimentoplastie ou dans certains cas de traitement par radiofréquence ou cryoablation, voire de chimioembolisation. 3.1. Techniques d’irradiation 3.1.1. Irradiation ablative La durée médiane de survie d’un patient atteint de métastases osseuses est de l’ordre de 30 mois, avec quelques survivants à plus de dix ans, ce qui contraste avec une survie d’environ un an en cas de métastases viscérales. Se pose donc la question en comité pluridisciplinaire oncologique de la pertinence un traitement local que l’on pourrait qualifier de « radical » ou « ablatif » en cas d’oligométastase isolée. Par opposition à des schémas hypofractionnés à dose « hypoefficace » à visée symptomatique pure (30 Gy en dix séances ou 8 Gy [4]), une irradiation avec intention ablative (dose tumoricide et conformation) peut être réalisée pour des métastases osseuses limitées en taille et en nombre (une à trois sites, voire cinq), de volume bien délimité en imagerie scanographique ou remnographique et/ou une localisation rachidienne proche de la moelle. L’irradiation en situation de métastase(s) osseuse(s) peut ainsi avoir plusieurs niveaux d’objectifs du plus palliatif au plus curatif : soulagement du symptôme immédiat, prévention des complications, ablation d’une métastase avec contrôle local persistant sans dégradation de la qualité de vie pouvant en soi prolonger modérément la survie, ablation de métastase avec objectif curatif (objectif de « guérison »). La radiothérapie ablative est utilisée à visée antalgique dans 50–80 % des cas mais rarement évaluée pour son impact sur la survie. Une irradiation conformationnelle en fractionnement classique peut être utilisée [5] ; nombreuses publications font état d’irradiation stéréotaxique, dont le niveau de preuve est actuellement limité à des études rétrospectives ou de phase I/II. 3.1.2. Rachis/vertèbres Une irradiation stéréotaxique ablative peut être proposée pour une atteinte osseuse limitée à deux segments vertébraux, pour tumeur résiduelle après chirurgie, ou en situation de récidive. Une instabilité du rachis, une compression médullaire, un déficit neurologique progressif, une radiothérapie métabolique datant de moins d’un mois, une irradiation dans la même zone datant de moins de trois mois et/ou une espérance de vie de moins de trois mois sont des contre-indications classiques. Sont aussi rapportées comme contre-indications dans les essais thérapeutiques, un rétrécissement du diamètre du canal médullaire de plus de 25 %, une distance n’excédant pas 5 mm du cordon, ou une contre-indication à l’IRM. Ces contre-indications peuvent se discuter, au vu des possibilités dosimétriques de la radiothérapie stéréotaxique. Le choix du traitement local s’appuie sur le score de Tokuhashi (Tableau 1). Le score (recursive partioning analysis [RPA]) pronostique de Chao distingue trois groupes [6] : • favorable (survie en médiane de 21 mois) avec un temps écoulé entre le diagnostic et le traitement d’au moins 30 mois et un indice de Karnofsky de plus de 70 % ; • intermédiaire (survie en médiane de neuf mois), avec un temps écoulé entre le diagnostic et le traitement d’au moins 30 mois et un indice de Karnofsky de moins de 70 %, avec un temps écoulé entre le diagnostic et le traitement de moins de 30 mois et un âge de moins de 70 ans ; Tableau 1 Score de Tokuhashi. État général selon Karnofsky 10–40 % 50–70 % 80–100 % 0 1 2 Nombre de métastases extraosseuses 3 ou plus 1à 2 0 0 1 2 Nombre de métastases dans le corps vertébral 3 ou plus 1à 2 0 0 1 2 Métastases viscérales Non extirpables Extirpables Pas de métastase 0 1 2 Site de la tumeur primitive Poumon, estomac Rein, foie, utérus Autres, inconnu, thyroïde, prostate, sein, rectum 0 1 2 Parésie Complète Incomplète Aucune 0 1 2 • défavorable (survie en médiane de deux mois) avec un temps écoulé entre le diagnostic et le traitement de moins 30 mois et un âge de 70 ans ou plus. La radiothérapie ablative hypofractionnée est aussi efficace pour des tumeurs « radiorésistances » (rénales ou mélaniques). La réponse radiologique a été estimée à 88 % dans une série de 500 patients (100 % en cas de cancer mammaire ou pulmonaire, 87 % en cas de tumeur rénale, 75 % en cas de mélanome) [7]. Les taux de contrôle de la douleur étaient de 43 à 97 % après quelques semaines, et l’efficacité plus durable qu’après radiothérapie de dose classique (12 contre 3–6 mois) [8]. En cas de réirradiation, les taux de contrôle de la douleur variaient de 35 à 85 % [9]. Un outil d’évaluation de la qualité de vie en situation de métastase osseuse fait actuellement l’objet d’une validation internationale par l’European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC QLQ-BM22) [10]. La plupart des séries d’irradiation ablative vertébrale concernaient la radiothérapie stéréotaxique avec accélérateur linéaire dédié. Les schémas d’irradiation étaient variables (une à cinq séances, dose totale, délinéation du volume cible) (Tableau 2). La tomothérapie (30–84 Gy par fractions de 3 Gy), de même que les techniques dérivées de la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI), permettraient d’irradier de façon synchrone un nombre plus grand de métastases, avec un contrôle de la douleur chez 76 % des patients. De façon « interpellante » cependant, et ce dans un contexte de traitements systémiques associés, il a été noté dans une série de Lee et al., un taux élevé de toxicité hématologique de grade supérieur ou égal à 2, qui était significativement corrélé avec le volume tumoral, la durée totale du traitement et le pourcentage de moelle osseuse irradiée [29]. D’autres expériences de RCMI (de dose médiane 38 Gy) en situation de réirradiation ont été rapportées avec un taux de contrôle local de 95 %, en situation de réirradiation, sans complication grave avec un suivi médian de 12 mois [27] et la possibilité d’une escalade de dose avec une relation dose–effet (de quatre fractions de 5 Gy à cinq fractions de 6 Gy. Des complications neurologiques aiguës et subaiguës telles qu’une radiculite transitoire, une exacerbation transitoire de la douleur (flare-up) et des paresthésies ont été décrites de façon anecdotique [31]. Sept cas de myélopathie radio-induite ont été Tableau 2 Études de radiothérapie à intention ablative, techniques, schémas de dose et résultats. Auteur Description Nombre de patients/nombre de localisations Antécédents de radiothérapie Technique Dose Complications Suivi médian (mois) Résultats Haley et al. [11] 44 0 CyberKnife® 16 (14–20) 1 nausée de grade II 1 Pas de différence avec radiothérapie classique Choi et al. [12] Rétrospective, comparaison avec radiothérapie classique Rétrospective 42/51 42/42 CyberKnife® 20 (10–30) 1 myélopathie de grade IV 7 87/81 % à 6/12 mois Ryu et al. [13] Prospective 49/62 0 Novalis 12–16/1 séance 1 œsophagite de grade I 93 % réponse douleur et radiologique Sheehan et al. [14] Rétrospective 40 17,3 (10–24) 73 % cyphose segmentaire 82 % contrôle tumoral Gibbs et al. [15] Rétrospective 919 Tomothérapie hélicoïdale CyberKnife® 12,5–25 3 myélopathies Tsai et al. [16] Rétrospective 69/127 CyberKnife® 15,5 (10–30) 1–5 fractions – Levine et al. [17] Cohorte prospective Rétrospective 10 0 CyberKnife® 39/60 25/39 CyberKnife® 30 (20–36) 3 fractions 24 (7–40) 3 fractions 50 % asthénie, 27 % nausée, 16 % vomissement, 11 % œsophagite, 3 % diarrhée, 1 % anémie, 2 % thrombopénie, 4 % neutropénie Non 9 67 % contrôle douleur, 85 % contrôle tumoral Cohorte prospective Série de cas prospectif Rétrospective 32/33 22/32 Accélérateur linéaire CyberKnife® 3 de grade I/II nausée, 1 constipation, 3 augmentation transitoire des douleurs 7 nausées de grade I 7 94 % contrôle douleur, 88 % contrôle local 1 hémorragie 15 98 % contrôle local 177/230 0/177 Novalis 19,4 (15–24)/1 séance 10–16 Non 6 84 % contrôle douleur Gagnon et al. [22] Cohorte prospective 200/274 137/274 CyberKnife 21–37,5 en 3 à 5 fractions 12 36 % patient sans douleur Gibbs et al. [23] Cohorte prospective Rétrospective 74/102 50/74 CyberKnife® 9 84 % amélioration des symptômes Gerszten et al. [7] Cohorte prospective 393/500 310 CyberKnife® 16–25 en 1 à 5 fractions 6–12 en 3–5 fractions 20 (12,5–25)/1 séance 1 nausée de grade II, 2 asthénie de grade I, 2 dysphagie de grade I/II 3 myélopathies Amdur et al. [25] Phase II 21/25 12/21 Yamada et al. [26] Cohorte prospective Étude rétrospective 93/103 0/93 Synergiy S Linac Varian On Board Imaging CyberKnife® Nelson et al. [19] Wowra et al. [20] Ryu et al. [21] Teh et al. [24] Degen et al. [27] Chang et al. [28] 102/134 80 Novalis 51/72 38/72 63/74 35/63 Lee et al. [29] Étude rétrospective 21 Milker-Zabel et al. [30] Étude rétrospective 18/19 ® 19/18 EXaCT targeting system Varian Tomothérapie hélicoïdale 18 (14-30) 15 – Non 0 myélopathie Non 24 21 30 Gy/5 fractions 27 Gy/3 fractions 33 0 myélopathie J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 Sahgal et al. [18] – 97 % contrôle local 86 % control douleur, 88–90 % contrôle local 8 96 % contrôle local, 43 % contrôle douleur 15 90 % contrôle douleur 12 97 % contrôle douleur, 96 % contrôle local 21 84 % contrôle local Anémie de grade II 48 % Leucopénie de grade III : 4 patients et IV : 3 patients 76 % amélioration des douleurs 13 95 % contrôle local Synergiy S Linac : Elekta Synergiy S 6MV Linac. 333 vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 20/06/2013 par SCD Paris Descartes (292681) 334 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 Fig. 2. Modalités de traitement d’une oligométastase lytique après cimentoplastie. rapportés sur un total de 400 tumeurs traitées [31]. Le taux de fracture vertébrale peut atteindre 38 % en cas d’irradiation stéréotaxique de dose unique élevée (18–24 Gy), favorisée par une localisation entre T10 et sacrum, un aspect lytique et un envahissement de 20 % du corps vertébral ou plus [31]. Le volume irradié est soit limité à celui macroscopiquement visible en imagerie (scanographie et IRM et/ou myéloscanographie) [32,33], soit comprend tout le segment rachidien avec ou sans une expansion de 0–10 mm, ou encore le corps vertébral (Fig. 2), en excluant le cordon médullaire. La seule étude comparative retrouvée semble être en faveur de l’irradiation du corps vertébral par comparaison à celle du seul volume tumoral macroscopique (GTV) [34]. Les sites d’échec local les plus fréquents sont les pédicules, les apophyses et l’espace épidural, notamment en cas de volume cible réduit et de distance minimale entre tumeur et canal médullaire de moins de 1 mm [19,28,32]. Des doses délivrées sont de 8 à 24 en séance unique, ou 20 Gy en cinq fractions à 27 Gy en trois fractions dans des isodoses de prescription variables (environ 75–80 %). Actuellement, il n’existe aucune preuve pour privilégier un schéma thérapeutique. Les lésions en territoire irradié sont traitées avec une dose médiane de 20 à 35 Gy [6,27]. Dans la série de Shagal et al., une myélopathie a été observée à des doses maximales (ponctuelles avec les réserves que cela sousentend) de 25,6 Gy en deux fractions, 30,9 Gy en trois fractions, et 14,8 ; 13,1 et 10,6 Gy en une seule séance [35]. Les auteurs ont suggéré d’une part de ne pas dépasser une dose de 10 Gy en une séance et d’autre part une dose de 35 Gy 2 en cinq fractions [35]. 3.1.3. Métastases osseuses non vertébrales La majorité des données rapportées dans la littérature concernent le rachis. La radiothérapie stéréotaxique semble efficace et bien tolérée en séance unique de 15 ou 18 Gy [36,37] sur le soulagement des douleurs en cas de métastases sacrées, y compris après radiothérapie classique. Aucune toxicité neurologique n’a été signalée avec un suivi court de six mois. Le niveau de preuve pour les autres sites oligométastatiques métastatiques (membres, cotes. . .) est limité, voire inexistant. 3.2. Radiologie interventionnelle La radiologie interventionnelle propose un certain nombre de techniques dont l’objectif peut être une consolidation osseuse et une destruction tumorale au moins partielle (cimentoplastie), ou une destruction tumorale (ablation par radiofréquence ou cryothérapie voire chimioembolisation). Parmi ces méthodes, la plus répandue est la cimentoplastie. 3.2.1. Cimentoplastie La cimentoplastie consiste à injecter sous contrôle radiologique au moyen d’aiguilles introduites par voie percutanée dans la lésion osseuse, du ciment chirurgical [PMMA] de manière à obtenir une consolidation permettant une stabilisation et une sédation (Fig. 3–5). La vertébroplastie est actuellement le moyen le plus simple et le plus adapté pour obtenir une stabilisation du corps vertébral, en l’absence de compression médullaire ou d’épidurite avec signes neurologiques [38]. Outre l’effet antalgique et la stabilisation osseuse obtenus, le taux de récidive in situ après traitement par vertébroplastie est faible (environ 14 %). Un tel effet anticancéreux est probablement en rapport avec le dégagement thermique qui se produit lors de la polymérisation du ciment (60 à 70◦ ) ou à un effet toxique direct du monomère du ciment. Actuellement, dans de nombreuses équipes, le geste chirurgical de libération médullaire avant cimentoplastie n’est réalisé que lorsqu’il existe un risque important de compression médullaire ou des signes neurologiques déficitaires [38]. Un effet antalgique est obtenu dans les 24 heures qui suivent le geste [39] dans 90 % des cas, dont 60–70 % avec sédation complète. Si de tels résultats ont été surtout décrits en cas de métastases ostéolytiques, la vertébroplastie est également efficace J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 335 Fig. 3. Irradiation stéréotaxique vertébrale. dans les métastases ostéosclérotiques ou mixtes mais la technique de vertébroplastie est beaucoup plus délicate et le taux de complications locales majoré. Les rares complications locales sont en rapport avec une fuite extrarachidienne de ciment dans les veines intra- ou périvertébrales, dans les disques intervertébraux ou les parties molles. Une douleur radiculaire est observée dans 1,5 % des cas, habituellement régressive spontanément. Elle peut nécessiter un traitement spécifique à type d’infiltration ou libération radiculaire chirurgicale. 3.2.2. Cimentoplastie extravertébrale La technique de cimentoplastie a également été développée pour les tumeurs des ceintures scapulaire et pelvienne dès lors qu’il existait une nécessité de stabilisation. Les principales indications concernent la stabilisation du cotyle, de la tête humérale ou de l’omoplate, voire des régions intertrochantériennes. Au niveau du cotyle et de l’épaule, la scanographie est importante pour vérifier la faisabilité de la cimentoplastie et évaluer les risques de fuite articulaire. Les résultats sont similaires à ceux observés au décours de la vertébroplastie, en sachant, toutefois, que certaines localisations ne sont pas accessibles à ce type de traitement à l’heure actuelle. Il s’agit du col fémoral et de certaines parties de l’os iliaque, en particulier lorsqu’il existe une fracture associée, qui nécessitera une intervention chirurgicale. 3.2.3. Radiofréquence L’ablation par radiofréquence des métastases osseuses est une technique percutanée radiologique, d’introduction relativement récente [40], utilisant un courant alternatif (450 à 600 kHz), au sein d’une aiguille introduite dans la métastase sous contrôle d’imagerie, qu’il s’agisse d’imagerie radiologique ou de scanographie. La nécrose tumorale est obtenue par destruction thermique, d’échauffement par la radiofréquence permettant d’obtenir des températures de 60 à 70 ◦ C qui entraînent une destruction définitive des cellules tumorales. La zone de destruction obtenue représente globalement une sphère plus ou moins ovoïde qui, avec le matériel dont on dispose actuellement ne peut que difficilement dépasser 3 cm de diamètre. L’utilisation de plusieurs aiguilles Fig. 4. Métastase dorsale de cancer du sein, préalablement irradiée. Vertébroplastie pour consolidation. 336 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 Fig. 5. Métastase cervicale. Abord antérolatéral. permet d’augmenter, dans certains cas, le volume utile à traiter. En revanche, le contrôle ne peut s’effectuer que par mesure immédiate de la température au sein et à proximité de la lésion directement par la sonde de radiofréquence ou par des thermocouples associés. Actuellement, aucune technique d’imagerie ne permet d’évaluer en cours de procédure la destruction tumorale. L’effet antalgique observé est similaire à celui obtenu par la radiothérapie et lié à la réduction du volume tumoral. Il apparaît en règle dans les 24 heures qui suivent le geste de radiofréquence. Toutefois, la radiofréquence ne peut être utilisée à proximité immédiate des structures nerveuses. En effet, les tissus nerveux ne supportent pas une température supérieure à 45 ◦ C. Une distance de 1 cm entre un nerf périphérique et/ou la moelle est nécessaire pour éviter des complications neurologiques qui ont pu être observées dans la littérature. L’introduction d’un thermocouple sur les zones à risques, une injection épidurale de CO2 permettant le déplacement de structures à risque peut, dans certains cas compliqués, réduire le risque de complications neurologiques, surtout lorsqu’il s’agit de métastases osseuses condensantes ou mixtes car la diffusion de la chaleur au sein de ce type de métastases est mal connue. La destruction tumorale obtenue présente une forme ovoïde et ce type de méthode est difficile à utiliser sur des métastases survenant sur des os plats (sternum, aile iliaque, ou de taille importante). Enfin cette méthode peut parfaitement être associée à un geste de consolidation par cimentoplastie dans le même temps opératoire, dès lors qu’il y a une indication de consolidation osseuse. L’association radiofréquence/ciment n’a cependant, à ce jour, pas montré d’amélioration significative par rapport à la cimentoplastie isolée dans ce type d’indications. 3.2.4. Cryothérapie La cryothérapie est une technique encore plus récente. Elle permet d’obtenir une destruction tumorale par le froid en mettant en place une aiguille refroidie à l’argon. L’avantage de cette méthode par rapport à la radiofréquence est qu’elle peut traiter des métastases de 5 cm, directement pendant l’intervention, sous scanographie, en vérifiant la destruction du site tumoral. La cryothérapie est peu douloureuse, ce qui permet de la réaliser sous sédation, alors que le traitement par radiofréquence doit être réalisé sous anesthésie générale dans la grande majorité des cas. En revanche, cette méthode peut difficilement être associée à un traitement par cimentoplastie, dans la mesure où le refroidissement des tissus est durable, ce qui empêche la polymérisation du ciment acrylique. 3.2.5. Chimioembolisation L’association à l’embolisation à l’aide de microparticules d’une perfusion d’antimitotiques, ou plus récemment l’utilisation de microparticules chargées en antimitotiques, est un progrès considérable dans la prise en charge de certaines lésions osseuses métastatiques. En effet, dans certains cas, cette technique permet de traiter des lésions osseuses uniques ou prévalentes, préalablement irradiées, inopérables et échappant au traitement médical. Trois cures sont réalisées à un mois d’intervalle. Les doses d’antimitotique sont relativement faibles (300–400 mg de carboplatine et 10 mg d’adriamycine), ce qui est habituellement insuffisant pour entraîner une toxicité générale. En revanche, au contact des racines, ces doses élevées d’antimitotique peuvent être responsables d’une toxicité nerveuse, en particulier au niveau du bassin. Quoi qu’il en soit, une réponse partielle ou complète est observée dans près de 50 % des cas et cette méthode s’avère souvent très efficace dans la prise en charge des métastases prévalentes, en particulier de cancer du sein [41]. Outre la destruction tumorale, cette chimioembolisation permet dans certains cas d’obtenir une reconstruction osseuse. 4. Conclusion Même si la biologie de la maladie oligométastatique n’est pas totalement comprise, il apparaît qu’une maladie difficile à circonscrire (limites des critères RECIST) peut être traitée comme une maladie confinée à un ou quelques sites osseux. De nombreuses publications montrent l’intérêt d’un traitement ablatif radical de la maladie oligométastatique osseuse à intention symptomatique et de rémission de longue durée, voire dans 1–3 % de « guérison ». La place des différentes techniques locales et notamment de la 337 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 Tableau 3 Rapport coût–efficacité des traitements locaux des métastases osseuses (exemple des vertèbres). Radiofréquence Chirurgie Radiothérapie Cryothérapie Cimentoplastie Invasivité Consolidation mécanique Destruction tumorale Effet antalgique Coût +++ 0 + + 0 +++ + 0 +++ ++ +++ +++ +++ ++ + ++ ++ + ++ ++ +++ ++ +++ + radiothérapie doit se discuter en réunion de concertation pluridisciplinaire par comparaison à la cimentoplastie et la chirurgie (avec ou sans traitement systémique). Les séries rétrospectives sont intrinsèquement biaisées car les patients recevant ces traitements locaux sont sélectionnés sur des critères pronostiques favorables. Néanmoins, les évolutions qui se sont opérées dans les traitements locaux ces dernières années ont indéniablement changé les pratiques de traitement du cancer à sa phase oligométastatique clinique et dans quelques cas permis de chroniciser le cancer avec une qualité de vie acceptable. Il reste à définir des critères de traitement permettant de passer d’une intention palliative à curative et à proposer des essais prospectifs pour faire la part de ces traitements avec idéalement des scores pronostiques, voire prédictifs, et des objectifs utilisant des critères composites comme par exemple la survie à qualité de vie conservée. De plus, une analyse coût–efficacité apparaît incontournable dans l’évaluation du service rendu au patient par ces techniques (Tableau 3) qui peuvent être relativement onéreuses par rapport à une radiothérapie classique mais peu par comparaison à toute thérapie ciblée. Enfin, la prise en charge du patient dans ce contexte métastatique doit rester concertée et la place de traitements locaux et systémiques (spécifiques et/ou par biphopshonates et/ou soins de support) est probablement encore à optimiser. Les données sur les traitements concomitants sont rares bien que la pratique consiste assez souvent à poursuivre le traitement systémique. [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. [24] [25] Références [1] Boxer DI, Todd CE, Coleman R, Fogelman I. Bone secondaries in breast cancer: the solitary metastasis. J Nucl Med 1989;30:1318–20. [2] Clezardin P. Rôle de la triade RANK/RANKL/ostéoprotégérine (OPG) dans les cancers primitifs et secondaires de l’os : aspects physiopathologiques et implications cliniques. Bull Cancer 2011;98:837–46. [3] Fidler IJ. Metastasis: guantitative analysis of distribution and fate of tumor embolilabeled with 125 I-5-iodo-2’-deoxyuridine. J Natl Cancer Inst 1970;45:773–82. [4] Chow E, Harris K, Fan G, Tsao M, Sze WM. Palliative radiotherapy trials for bone metastases: a systematic review. J Clin Oncol 2007;25:1423–36. [5] Niibe Y, Kuranami M, Matsunaga K, Takaya M, Kakita S, Hara T, et al. Value of high-dose radiation therapy for isolated osseous metastasis in breast cancer in terms of oligo-recurrence. Anticancer Res 2008;28:3929–31. [6] Chao ST, Koyfman SA, Woody N, Angelov L, Soeder SL, Reddy CA, et al. Recursive partitioning analysis index is predictive for overall survival in patients undergoing spine stereotactic body radiation therapy for spinal metastases. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:1738–43. [7] Gerszten PC, Burton SA, Ozhasoglu C, Welch WC. Radiosurgery for spinal metastases: clinical experience in 500 cases from a single institution. Spine 2007;32:193–9. [8] Gagnon GJ, Nasr NM, Liao JJ, Molzahn I, Marsh D, McRae D, et al. Treatment of spinal tumors using cyberknife fractionated stereotactic radiosurgery: pain and quality-of-life assessment after treatment in 200 patients. Neurosurgery 2009;64:297–306 [discussion -7]. [9] Rades D, Stalpers LJ, Veninga T, Hoskin PJ. Spinal reirradiation after shortcourse RT for metastatic spinal cord compression. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:872–5. [10] Flynn C, Hadi S, Chow E. Update on the current status of the bone metastases module. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;69:S572. [11] Haley ML, Gerszten PC, Heron DE, Chang YF, Atteberry DS, Burton SA. Efficacy and cost-effectiveness analysis of external beam and stereotactic body [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] [35] radiation therapy in the treatment of spine metastases: a matched-pair analysis. J Neurosurg Spine 2011;14:537–42. Choi CY, Adler JR, Gibbs IC, Chang SD, Jackson PS, Minn AY, et al. Stereotactic radiosurgery for treatment of spinal metastases recurring in close proximity to previously irradiated spinal cord. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;78: 499–506. Ryu S, Rock J, Rosenblum M, Kim JH. Patterns of failure after single-dose radiosurgery for spinal metastasis. J Neurosurg 2004;101:402–5. Sheehan JP, Shaffrey CI, Schlesinger D, Williams BJ, Arlet V, Larner J. Radiosurgery in the treatment of spinal metastases: tumor control, survival, and quality of life after helical tomotherapy. Neurosurgery 2009;65:1052–61 [discussion 61–2]. Gibbs IC, Patil C, Gerszten PC, Adler Jr JR, Burton SA. Delayed radiation-induced myelopathy after spinal radiosurgery. Neurosurgery 2009;64:A67–72. Tsai JT, Lin JW, Chiu WT, Chu WC. Assessment of image-guided CyberKnife radiosurgery for metastatic spine tumors. J Neurooncol 2009;94:119–27. Levine AM, Coleman C, Horasek S. Stereotactic radiosurgery for the treatment of primary sarcomas and sarcoma metastases of the spine. Neurosurgery 2009;64:A54–9. Sahgal A, Ames C, Chou D, Ma L, Huang K, Xu W, et al. Stereotactic body radiotherapy is effective salvage therapy for patients with prior radiation of spinal metastases. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:723–31. Nelson JW, Yoo DS, Sampson JH, Isaacs RE, Larrier NA, Marks LB, et al. Stereotactic body radiotherapy for lesions of the spine and paraspinal regions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:1369–75. Wowra B, Zausinger S, Drexler C, Kufeld M, Muacevic A, Staehler M, et al. CyberKnife radiosurgery for malignant spinal tumors: characterization of wellsuited patients. Spine (Phila Pa 1976) 2008;33:2929–34. Ryu S, Rock J, Jain R, Lu M, Anderson J, Jin JY, et al. Radiosurgical decompression of metastatic epidural compression. Cancer 2010;116:2250–7. Gagnon GJ, Henderson FC, Gehan EA, Sanford D, Collins BT, Moulds JC, et al. Cyberknife radiosurgery for breast cancer spine metastases: a matched-pair analysis. Cancer 2007;110:1796–802. Gibbs IC, Kamnerdsupaphon P, Ryu MR, Dodd R, Kiernan M, Chang SD, et al. Image-guided robotic radiosurgery for spinal metastases. Radiother Oncol 2007;82:185–90. Teh BS, Paulino AC, Lu HH, Chiu JK, Richardson S, Chiang S, et al. Versatility of the Novalis system to deliver image-guided stereotactic body radiation therapy (SBRT) for various anatomical sites. Technol Cancer Res Treat 2007;6: 347–54. Amdur RJ, Bennett J, Olivier K, Wallace A, Morris CG, Liu C, et al. A prospective, phase II study demonstrating the potential value and limitation of radiosurgery for spine metastases. Am J Clin Oncol 2009;32:515–20. Yamada Y, Bilsky MH, Lovelock DM, Venkatraman ES, Toner S, Johnson J, et al. High-dose, single-fraction image-guided intensity-modulated radiotherapy for metastatic spinal lesions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71: 484–90. Degen JW, Gagnon GJ, Voyadzis JM, McRae DA, Lunsden M, Dieterich S, et al. CyberKnife stereotactic radiosurgical treatment of spinal tumors for pain control and quality of life. J Neurosurg Spine 2005;2:540–9. Chang EL, Shiu AS, Mendel E, Mathews LA, Mahajan A, Allen PK, et al. Phase I/II study of stereotactic body radiotherapy for spinal metastasis and its pattern of failure. J Neurosurg Spine 2007;7:151–60. Lee IJ, Seong J, Lee CG, Kim YB, Keum KC, Suh CO, et al. Early clinical experience and outcome of helical tomotherapy for multiple metastatic lesions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:1517–24. Milker-Zabel S, Zabel A, Thilmann C, Schlegel W, Wannenmacher M, Debus J. Clinical results of retreatment of vertebral bone metastases by stereotactic conformal radiotherapy and intensity-modulated radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;55:162–7. Sahgal A, Larson DA, Chang EL. Stereotactic body radiosurgery for spinal metastases: a critical review. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:652–65. Sahgal A, Ames C, Chou D, et al. Proximity of spinous/paraspinous radiosurgery metastatic targets to the spinal cord versus risk of local failure. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;69:S243. Thariat J, Castelli J, Chanalet S, Marcie S, Mammar H, Bondiau PY. CyberKnife stereotactic radiotherapy for spinal tumors: value of computed tomographic myelography in spinal cord delineation. Neurosurgery 2009;64: A60–6. Patel VB, Wegner RE, Heron DE, Flickinger JC, Gerszten P, Burton SA. Comparison of whole versus partial vertebral body stereotactic body radiation therapy for spinal metastases. Technol Cancer Res Treat 2012;11:105–15. Sahgal A, Ma L, Gibbs I, Gerszten PC, Ryu S, Soltys S, et al. Spinal cord tolerance for stereotactic body radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;77:548–53. 338 J. Thariat et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 330–338 [36] Gerszten PC, Ozhasoglu C, Burton SA, Welch WC, Vogel WJ, Atkins BA, et al. CyberKnife frameless single-fraction stereotactic radiosurgery for tumors of the sacrum. Neurosurg Focus 2003;15:E7. [37] Gibbs IC, Chang SD. Radiosurgery and radiotherapy for sacral tumors. Neurosurg Focus 2003;15:E8. [38] Chiras J, Sola-Martinez MT, Weill A, Rose M, Cognard C, MartinDuverneuil N. Vertébroplasties percutanées. Rev Med Interne 1995;16: 854–9. [39] Weill A, Chiras J, Simon JM, Rose M, Sola-Martinez T, Enkaoua E. Spinal metastases: indications for and results of percutaneous injection of acrylic surgical cement. Radiology 1996;199:241–7. [40] Gangi A, Buy X. Percutaneous bone tumor management. Semin Intervent Radiol 2010;27:124–36. [41] Chiras J, Adem C, Vallee JN, Spelle L, Cormier E, Rose M. Selective intraarterial chemoembolization of pelvic and spine bone metastases. Eur Radiol 2004;14:1774–80. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 339–343 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Traitement des métastases hépatiques par radiofréquence Ablation of liver metastases by radiofrequency T. de Baere Service de radiologie interventionnelle, département d’imagerie médicale, institut de cancérologie Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant, 94805 Villejuif cedex, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 30 avril 2012 Accepté le 18 mai 2012 Disponible sur Internet le 23 août 2012 Mots clés : Foie Métastase Radiofréquence Traitement r é s u m é La radiofréquence est une technique percutanée guidée par l’image qui réalise une destruction tumorale thermique par propagation d’un courant électrique de haute fréquence. Les volumes des destructions maximales produites par une insertion d’aiguille/électrode sont de l’ordre de 40 mm si bien que la technique est très efficace pour les tumeurs de moins de 3 cm et qu’au-delà l’efficacité diminue très rapidement. La comparaison de l’ablation des métastases par radiofréquence ou chirurgie hépatique montre un taux d’échec de 6 % et 7,3 % respectivement pour les tumeurs de 25 mm ou moins. La durée médiane de survie après la première radiofréquence des métastases hépatiques de cancer colorectal est de 24 à 52 mois avec et la probabilité de survie à 5 ans de 18 à 44 %. La durée médiane de survie passe de 22 à 48 mois si la radiofréquence est utilisée en première ligne plutôt qu’en recours. Pour les patients atteints d’une métastase hépatique unique de moins de 4 cm, les taux de survie à un, trois et cinq ans sont respectivement de 97 %, 84 % et 40 % et la durée médiane de survie de 50 mois. L’imagerie de suivi après la radiofréquence nécessite une adaptation, avec recours soit à l’IRM soit à la scanographie recherchant des zones de persistance tumorale présentant un rehaussement précoce. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: Liver Metastasis Radiofrequency Ablation Radiofrequency is a thermal ablative technique that is most often used percuteanously under image guidance. Thermal damage is obtained through frictional heating of a high frequency current. The maximal volume of destruction obtained in one radiofrequency delivery is around 4 cm and consequently, best indication for treatment are tumours below 3 cm. When compared, radiofrequency and surgical removal for tumours below 25 mm in diameter demonstrated a rate of incomplete resection/ablation of 6% and 7.3% respectively. Median survival after the first radiofrequency of a liver metastasis of CRC is reported to be 24 to 52 months with a 5 years overall survival of 18 to 44%. The median overall survival increases from 22 to 48 months depending on the use of radiofrequency ablation as rescue treatment after failure of others, or as a first line treatment. For patients with a single tumour, less than 4 cm, the survival rates at 1, 3, and 5 years are respectively 97%, 84% and 40%, with a median survival of 50 months. Follow-up imaging requires to use contrast-enhanced CT or MRI, looking for local recurrences evidenced by local foci of enhancement at the periphery of the ablation zone. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Technique Le courant de radiofréquence est un courant sinusoïdal de 400 à 500 KHz. Les régions traversées par ce courant subissent une agitation ionique, qui induit par friction entre les particules un échauffement tissulaire [1]. Le but recherché est d’exposer les cellules tumorales à une température supérieure à 60 ◦ C qui provoque Adresse e-mail : [email protected] quasi-immédiatement une dénaturation cellulaire irréversible. Le diamètre maximum de la zone de destruction tissulaire induite par une simple aiguille-électrode de radiofréquence n’est que de 1 à 1,5 cm, ce qui n’est pas adapté au traitement des tumeurs hépatiques. Selon les constructeurs, différents artifices techniques sont utilisés pour augmenter cette taille de destruction : • une aiguille contenant plusieurs électrodes (4 à 12) qui sont déployées après ponction dans la tumeur cible. Le but est d’obtenir autant de lésions de radiofréquence unitaires de petite 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.011 340 T. de Baere / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 339–343 taille que d’électrodes, pour in fine en former une plus grande par sommation ; • le refroidissement de l’électrode par circulation de liquide froid dans la gaine de l’électrode limite l’accumulation de chaleur à son voisinage, ce qui permet de délivrer une énergie électrique plus importante sans atteindre des températures supérieures à 100 ◦ C dans les tissus très proches de l’électrode qui sont soumis à une plus grande énergie de radiofréquence que les tissus plus distants. On augmente ainsi la taille maximale de la lésion de radiofréquence que l’on peut induire ; • les électrodes bipolaires font circuler le courant de radiofréquence entre deux parties distinctes de la même aiguille ou entre deux aiguilles différentes. Le champ électrique est confiné entre les électrodes et peut ainsi être plus intense. 2. Indications Les volumes de destructions maximales produit par une insertion d’aiguille/électrode sont de l’ordre de 40 mm, si bien que la technique est très efficace pour les tumeurs de moins de 3 cm et qu’au-delà l’efficacité diminue très rapidement. Le traitement de tumeurs plus volumineuse que destructible en un seul impact de radiofréquence nécessite des impacts chevauchés, consommateurs de temps et toujours moins efficaces qu’un traitement simple. La localisation idéale est à distance de la capsule hépatique (risque accru de douleurs) ou du hile (risque de sténose ou perforation bilaire). Le contact avec un gros vaisseau est un facteur prédictif d’échec local du traitement en raison du refroidissement par convection qui s’exerce proche des vaisseaux. En effet, le taux d’échec passe de 3 % quand la tumeur n’est pas au contact des vaisseaux, à 23 % quand elle est au contact des vaisseaux pour Elias et al., et de 12 à 53 % pour Lu et al. [2,3]. Nous avons démontré récemment l’occlusion du vaisseau au contact de la tumeur à l’aide d’un ballonnet permettait d’obtenir un taux de succès de la radiofréquence équivalent pour les tumeurs au contact ou à distance des vaisseaux avec respectivement 89 % et 91 % de succès ; cela vaut pour des tumeurs inférieures à 35 mm [4]. Le moyen de guidage varie en fonction de la visibilité de la tumeur cible. La précision du placement des électrodes est un élément clef éléments du succès et on se doit donc de faire appel à la méthode visualisant le mieux la tumeur, échographie ou scanographie, voire IRM ou fusion de plusieurs moyens d’imagerie. Des procédures ont été réalisées sous guidage par tomographie par émission de positions (TEP) – scanographie qui permet dans le même temps de visualiser les cibles et de contrôler l’efficacité du traitement. La radiofréquence peut être utilisée par voie percutanée ou au cours d’une laparotomie ou laparoscopie sous guidage échographique. La scanographie est habituellement réservée aux cas non accessibles à l’échographie. Si une ablation par radiofréquence doit être réalisée isolément, la voie percutanée, habituellement moins invasive, sera préférée. C’est seulement en cas d’impossibilité technique de la voie percutanée ou de nécessité de « vérification » péritonéale ou ganglionnaire qu’un abord laparoscopique ou par laparotomie sera proposé. Cependant, l’anesthésie générale est, à notre sens, obligatoire pour permettre une meilleure balistique et une meilleure tolérance du patient. 3. Résultats Le taux d’ablation complète rapporté pour la radiofréquence hépatique variait de 58 à 95 % dans une revue de la littérature dans la plupart des publications [5], et la taille de la tumeur était un des facteurs qui impactait le plus sur le taux de succès. En termes d’efficacité locale, la comparaison de la radiofréquence et de la métastasectomie réalisée par Elias et al. ont montré un taux d’échec par procédure similaire, 6 % pour la radiofréquence et 7,3 % pour la métastasectomie [2]. Faute d’étude randomisée, les études comparant radiofréquence et chirurgie en termes de survie comportent de nombreux biais, notamment de sélection des patients (Tableau 1). Dans beaucoup, d’études la radiofréquence est réservée aux patients non opérés et parfois même aux patients qui ont des tumeurs au contact des vaisseaux et des structures vasculaires. Elles sont les plus mauvaises indications de la radiofréquence en raison de la dispersion calorifique par convection engendrée par ses vaisseaux. L’étude de Berber et al. publiée en 2008, a comparé des groupes extrêmement différents avec plus de lésions extra hépatiques dans le groupe traité par radiofréquence et un état général plus altéré selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [6]. Après stratification sur la maladie extrahépatique, la résection chirurgicale restait supérieure à la radiofréquence ; mais, en stratifiant aussi sur l’indice de performance, la radiofréquence devient équivalente à la chirurgie. La durée médiane de survie après la première radiofréquence des métastases hépatiques de cancer colorectal est de 24 à 52 avec une probabilité de survie à cinq ans de 18 à 44 % (Tableau 2). Il est difficile d’évaluer les résultats de la radiofréquence en termes de survie car cette technique est proposée dans des situations très différentes chez des patients atteints de métastases hépatiques colorectales, En effet, ce traitement est proposée à différents stades de la maladie, parfois en dernier ressort sur une maladie progressive après la chimiothérapie ou parfois très tôt dans la maladie avant toute chimiothérapie. Pour étayer cette difficulté, Machi et al. ont rapporté une durée médiane de survie de 48 mois chez les patients n’ayant pas reçu de chimiothérapie et de 22 mois chez ceux qui ont reçu une chimiothérapie [7]. Il est connu dans l’expérience de chirurgie hépatique que le pronostic du traitement local chez des malades en situation de progression sous chimiothérapie est moins favorable que celui des malades en situation de réponse ou de stabilité [8]. Idéalement, il faudrait donc préférer traiter des métastases hépatiques qui ont répondu ou ont été stabilisées par la chimiothérapie. Gillams et al. ont rapporté que des patients atteints de moins de cinq tumeurs de moins de 5 cm avaient une probabilité de survie de 30 % à cinq ans, alors qu’elle était inférieure à 5 % en cas de tumeurs plus volumineuses ou plus nombreuses [9]. Pour les patients atteints d’une métastase hépatique unique de moins de 4 cm, les taux de survie à un, trois et cinq ans sont respectivement de 97 %, 84 % et 40 % et la durée médiane de survie de 50 mois [10]. Ces derniers résultats sont assez proches de ceux de la littérature chirurgicale. Il s’agit des meilleurs résultats jamais publiés pour traitement par radiofréquence hépatique mais la population était extrêmement sélectionnée avec une tumeur unique de moins de 4 cm (en moyenne 2,3 cm) et l’absence de maladie en dehors du foie. Il n’y a qu’une étude prospective randomisée comparant la chirurgie et la radiofréquence [11] ; et malgré l’inclusion de tumeurs relativement volumineuse pour la radiofréquence (5 cm), responsable d’un taux de récidive locale plus élevé et une survie sans progression plus courte, la survie globale était la même [11]. Malgré des résultats variables de survie, quasi-constamment le taux de complications est plus faible avec la radiofréquence qu’avec la chirurgie. La radiofréquence est née des contre-indications aux gestes chirurgicaux, elle était initialement utilisée uniquement chez les patients non opérables. La radiofréquence préserve le parenchyme sain et donc la fonction de l’organe puisque les volumes de destruction de parenchyme sont extrêmement faibles. Plusieurs études ont montré un bénéfice de la radiofréquence peropératoire sur la radiofréquence percutanée, ce qui s’explique en partie par un staging plus approfondi pendant la laparotomie [12]. Cependant, des études récentes ont montré une survie équivalente [12,13]. L’impact de la courbe d’apprentissage a aussi été régulièrement noté et 50 à 100 procédures semble nécessaires 341 T. de Baere / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 339–343 Tableau 1 Études comparant ablation thermique et chirurgie pour le traitement des métastases de cancer colorectal depuis 2005. Étude Diagnostic Méthode Patients (n) Survie globale (%) 2 ans 3 ans 5 ans p Récidives locales (%) Complications (%) Aloia et al., 2006 [24] CRM Chirurgie RF 150 30 n.p. n.p. 79 57 71 27 0,001 5 30 Décès 1 Décès 0 Pawlik et al., 2006 [25] Sarcome Chirurgie Chirurgie + RF RF 35 18 13 n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. 0,19 n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. White et al., 2007 [26] CRM Chirurgie RF 30 22 100 100 82 28 65 0 n.p. 12 59 14 4 Park et al., 2008 [27] CRM Chirurgie RF 59 30 n.p. n.p. n.p. n.p. 48 19 0,0002 2 9 n.p. n.p. Leblanc et al., 2008 [28] Variés Chirurgie Chirurgie + RF RF 37 28 34 83 68 75 n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. n.p. 0,763 5,4 7,1 11,7 11 11 9 Berber et al., 2008 [6] CRM Chirurgie RF 90 68 n.p. n.p. n.p. n.p. 40 30 0,35 2 16 31,1 2,9 Lee et al., 2008 [29] CRM Chirurgie RF 116 37 n.p. n.p. n.p. n.p. 65,7 48,5 0,227 6,9 29,7 n.p. n.p. Hur et al., 2009 [13] CRM Chirurgie RF 42 25 n.p. n.p. 70 50,1 60 25,5 0,026 9,5 28 14,3 0 Reuter et al., 2009 [30] CRM Chirurgie RF 192 66 n.p. n.p. n.p. n.p. 23 21 n.s. 2 17 Sévères 29 Sévères 10 McKay et al., 2009 [31] CRM Chirurgie RF 58 43 n.p. n.p. n.p. n.p. 43 23 0,021 7 60 59 43 Otto et al., 2010a [11] CRM Chirurgie RFA 28 82 n.p. n.a. 67 60 51 48 0,721 4 32 36,6 ; décès 0 25 ; décès 0 Schiffman et al., 2010 [32] CRM Chirurgie RFA 94 46 92 81 81 64 65 42 0,005 2,1 11,1 48,2 ; décès 2,1 40 ; décès 0 n.p. : non précisé ; RF : radiofréquence ; CRM : métastase hépatique d’un cancer colorectal. a Étude prospective. [12,14]. Aucune étude n’a spécifiquement concerné le bénéfice de la chimiothérapie encadrant la radiofréquence, mais celle ci semblait améliorer les résultats de la radiofréquence dans des études rétrospectives [15]. Une approche novatrice a exploré la voie de la radiofréquence palliative pour réduction tumorale. Cette étude néerlandaise a comparé de façon randomisé chimiothérapie seule et radiofréquence et chimiothérapie chez 152 malades qui sont atteints de jusqu’à dix métastases hépatiques de taille inférieure à 4 cm [16]. La durée médiane de survie sans progression était significativement différente dans les deux groupes avec dix mois avec la groupe chimiothérapie seule et 16,8 mois avec la radiofréquence et la chimiothérapie. Il n’y avait pas de différence de probabilité de survie globale à 30 mois mais les courbes semblaient se séparer tardivement et un effectif supplémentaire et un suivi plus long auraient été nécessaires. 4. Imagerie de suivi L’objectif du traitement par ponction directe est de détruire la tumeur mais aussi une couronne de tissu sain afin d’obtenir des « marges de sécurité » ou « marge d’ablation ». Ces tissus détruits resteront nécessairement en place et formeront une « cicatrice ». Cette cicatrice est donc initialement plus grande que la tumeur (tumeur et marges de sécurité) et ne diminue de taille que tardivement. En conséquence, il est impossible d’utiliser les critères de l’OMS habituels d’évaluation de réponse tumorale basés sur la seule diminution de taille de la tumeur. La cicatrice laissée en place après le traitement est composée de tissu nécrotique, de fibrose de tissu inflammatoire, de tissu de granulations, et . . . de tumeur viable si le traitement n’est pas complet. L’objectif de l’imagerie de suivi est d’identifier la présence de cette tumeur viable au sein de cette cicatrice. La tomodensitométrie et l’IRM sont les deux techniques les plus communément utilisées pour ce suivi. Elles permettent des acquisitions rapidement répétées dans le temps après injection de produit de contraste, à la recherche de zones présentant un rehaussement précoce, correspondant le plus souvent à de la tumeur [17]. Cependant, le suivi iconographique ne doit pas être réalisé trop précocement, au risque de faire interpréter à tort comme résidu tumoral du tissu de granulation richement vascularisé lié au traitement, se développant principalement en périphérie de la zone détruite, et persistant pendant au moins quatre à six semaines. C’est pourquoi, il est habituellement recommandé de débuter une imagerie de suivi environ huit semaines après le traitement, sauf suspicion de complication ou traitement considéré comme manifestement incomplet par l’opérateur lors de la radiofréquence. La diminution de taille de la cicatrice débute quelques mois après le traitement, mais cette cicatrice persiste habituellement pendant des années après la radiofréquence. Deux aspects post-thérapeutiques particuliers sont à connaître et à ne pas confondre avec des prises de contraste tumorales résiduelles. le premier est la présence d’un fine couronne (moins de 1 mm) de prise de contraste (visible en scanographie et en IRM) entourant toute la circonférence de la zone de nécrose. Cette prise de contraste est progressive, absente au temps artériel et maximale au temps tardif. Elle était présente dans 32 % des cas de notre série et correspond en histologie à du tissu de granulation inflammatoire, non tumoral, au niveau du parenchyme hépatique avoisinant la nécrose de coagulation [17]. La deuxième est la présence de prises de contraste triangulaires à contours nets, 342 6 visibles au temps artériel, à la périphérie des zone de nécrose après radiofréquence. Elles correspondent à des troubles de perfusion induits par le traitement. Elles étaient présentes dans 12 % des cas de notre série. 1,8 3,8 (décès) 11,3 0 n.a. 4,8 Complications majeures (%) T. de Baere / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 339–343 2,1 6,4 29 35 33 23 34 41 49 62 64 n.a. 26,3 30,2 n.a. 31,5 33 n.a. 27 n.a. 54 33,8 n.a. 68 71 n.a. 18 n.r. n.a. n.a. n.a. n.a. 6,7 46,2 27,8 28 30,5 42 n.a. n.a. 5 ans 3 ans 2 ans 4 ans n.a. Durée médiane de survie (mois) 78 86 Rétrospective Rétrospective Laser Non précisé 603/1801 Vogl et al., 2004 [23] Non précisé 326/> 623 Xu et al., 2008 [22] Cryothérapie 91 86,1 Retrospective Rétrospective 2,9 [0,5–8] 53/136 Bageacu et al., 2007 [21] 2,7 [0,5––0] 122/199 Veltri et al., 2008 [20] Radiofréquence 96 Rétrospective 2,3 [0,5–5] 68/183 Cryothérapie n.a. Prospective Radiofréquence 90 Rétrospective Radiofréquence 2,9 [0,5–11] 87/199 van Duijnhoven et al., 2006 [18] Jakobs et al., 2006 [19] Radiofréquence 3 [0,3–17,4] 100/507 Machi et al., 2006 [7] 1 an Survie globale (%) Type d’étude Traitement Nombre de patients/de métastases Taille de la lésion La radiofréquence est un traitement né des contre-indications de la chirurgie et devrait dans l’avenir remplacer la chirurgie dans certaines indications de petite tumeur. Comme traitement à visée curative de petite tumeur, elle sera en concurrence avec des techniques de radiothérapie conformationnelle (tomothérapie et radiothérapie stéréotaxique). Ces techniques seront-elles concurrentes ou pourront-elles être proposées conjointement afin d’améliorer les résultats ? Idéalement, des essais randomisés devraient être entrepris dans le traitement des métastases pulmonaires et hépatiques de petite taille pour comparaison avec la chirurgie. En pratique ces essais sont extrêmement difficiles à mettre en place, du fait, d’une part, de l’acceptation des patients et, d’autre part, que les « bons candidats » à la chirurgie sont habituellement les mauvais candidats à la radiofréquence et vice versa. L’étude récente s’intéressant à la radiofréquence de cytoréduction a mis en avant un nouveau d’investigation pour la radiofréquence. Enfin, le traitement des tumeurs de plus de 3 cm fera sûrement appel à d’autres techniques telles que les micro-ondes, qui sont en développement. Déclaration d’intérêts Auteurs Tableau 2 Études de l’utilisation de la radiofréquence pour les métastases de cancer colorectal incluant plus de 50 patients publiées pendant les dix dernières années. n.a. Récidive locale (%) 5. Conclusion T. de Baere : Cours et orateur pour Boston Scientific. Références [1] McGahan J, Browning P, Brock J, Teslik H. Hepatic ablation using radiofrequency electrocautery. Invest Radiol 1990;25:267–70. [2] Elias D, Baton O, Sideris L, Matsuhisa T, Pocard M, Lasser P. Local recurrences after intraoperative radiofrequency ablation of liver metastases: a comparative study with anatomic and wedge resections. Ann Surg Oncol 2004;11:500–5. [3] Lu DS, Raman SS, Limanond P, Aziz D, Economou J, Busuttil R, et al. Influence of large peritumoral vessels on outcome of radiofrequency ablation of liver tumors. J Vasc Interv Radiol 2003;14:1267–74. [4] de Baere T, Deschamps F, Briggs P, Dromain C, Boige V, Hechelhammer L, et al. Hepatic malignancies: percutaneous radiofrequency ablation during percutaneous portal or hepatic vein occlusion. Radiology 2008;248:1056–66. [5] Stang A, Fischbach R, Teichmann W, Bokemeyer C, Braumann D. A systematic review on the clinical benefit and role of radiofrequency ablation as treatment of colorectal liver metastases. Eur J Cancer 2009;45:1748–56. [6] Berber E, Tsinberg M, Tellioglu G, Simpfendorfer CH, Siperstein AE. Resection versus laparoscopic radiofrequency thermal ablation of solitary colorectal liver metastasis. J Gastrointest Surg 2008;12:1967–72. [7] Machi J, Oishi AJ, Sumida K, Sakamoto K, Furumoto NL, Oishi RH, et al. Longterm outcome of radiofrequency ablation for unresectable liver metastases from colorectal cancer: evaluation of prognostic factors and effectiveness in first- and second-line management. Cancer J 2006;12:318–26. [8] Adam R, Pascal G, Castaing D, Azoulay D, Delvart V, Paule B, et al. Tumor progression while on chemotherapy: a contraindication to liver resection for multiple colorectal metastases? Ann Surg 2004;240:1052–61. [9] Gillams AR, Lees WR. Five-year survival in 309 patients with colorectal liver metastases treated with radiofrequency ablation. Eur Radiol 2009;19:1206–13. [10] Gillams AR, Lees WR. Five-year survival following radiofrequency ablation of small, solitary, hepatic colorectal metastases. J Vasc Interv Radiol 2008;19:712–7. [11] Otto G, Duber C, Hoppe-Lotichius M, König J, Heise M, Pitton MB. Radiofrequency ablation as first-line treatment in patients with early colorectal liver metastases amenable to surgery. Ann Surg 2010;251:796–803. [12] Mulier S, Ni Y, Jamart J, Ruers T, Marchal G, Michel L, et al. Local recurrence after hepatic radiofrequency coagulation: multivariate meta-analysis and review of contributing factors. Ann Surg 2005;242:158–71. [13] Hur H, Ko YT, Min BS, Kim KS, Choi JS, Sohn SK, et al. Comparative study of resection and radiofrequency ablation in the treatment of solitary colorectal liver metastases. Am J Surg 2009;197:728–36. [14] Poon RT, Ng KK, Lam CM, Ai V, Yuen J, Fan ST, et al. Learning curve for radiofrequency ablation of liver tumors: prospective analysis of initial 100 patients in a tertiary institution. Ann Surg 2004;239:441–9. T. de Baere / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 339–343 [15] Siperstein AE, Berber E, Ballem N, Parikh RT. Survival after radiofrequency ablation of colorectal liver metastases: 10-year experience. Ann Surg 2007;246:559–65. [16] Ruers T, Punt CJ, van Coevorden I, Borel Rinkes I, Lederman JA, Poston GJ, et al. Final results of the EOPRTC intergroup randomizes study 4004 (CLOCC) evaluating the benefit of radiofrequency ablation combined with chemotherapy for unresectable colorectal liver metastases (abstract). J Clin Oncol 2010;28:267s. [17] Dromain C, de Baere T, Elias D, Kuoch V, Ducreux M, Boige V, et al. Hepatic tumors treated with percutaneous radiofrequency ablation: CT and MR Imaging Follow-up. Radiology 2002;223:255–62. [18] van Duijnhoven FH, Jansen MC, Junggeburt JMC, van Hillegersberg R, Rijken AM, van Coevorden F, et al. Factors influencing the local failure rate of radiofrequency ablation of colorectal liver metastases. Ann Surg Oncol 2006;13: 651–8. [19] Jakobs TF, Hoffmann RT, Trumm C, Reiser MF, Helmberger TK. Radiofrequency ablation of colorectal liver metastases: mid-term results in 68 patients. Anticancer Res 2006;26:671–80. [20] Veltri A, Sacchetto P, Tosetti I, Pagano E, Fava C, Gandini G. Radiofrequency ablation of colorectal liver metastases: small size favorably predicts technique effectiveness and survival. Cardiovasc Intervent Radiol 2008;31: 948–56. [21] Bageacu S, Kaczmarek D, Lacroix M, Dubois J, Forest J, Porcheron J. Cryosurgery for resectable and unresectable hepatic metastases from colorectal cancer. Eur J Surg Oncol 2007;33:590–6. [22] Xu KC, Niu LZ, He WB, Hu YZ, Zuo JS. Percutaneous cryosurgery for the treatment of hepatic colorectal metastases. World J Gastroenterol 2008;14:1430–6. [23] Vogl TJ, Straub R, Eichler K, Sollner O, Mack MG. Colorectal carcinoma metastases in liver: laser-induced interstitial thermotherapy–local tumor control rate and survival data. Radiology 2004;230:450–8. 343 [24] Aloia TA, Vauthey J-N, Loyer EM, Ribero D, Pawlik TM, Wei SH, et al. Solitary colorectal liver metastasis: resection determines outcome. Arch Surg 2006;141:460–6. [25] Pawlik TM, Vauthey JN, Abdalla EK, Pollock RE, Ellis LM, Curley SA. Results of a single-center experience with resection and ablation for sarcoma metastatic to the liver. Arch Surg 2006;141:537–43. [26] White RR, Avital I, Sofocleous CT, Brown KT, Brody LA, Covey A, et al. Rates and patterns of recurrence for percutaneous radiofrequency ablation and open wedge resection for solitary colorectal liver metastasis. J Gastrointest Surg 2007;11:256–63. [27] Park IJ, Kim HC, Yu CS, et al. Radiofrequency ablation for metachronous liver metastasis from colorectal cancer after curative surgery. Ann Surg Oncol 2008;15:227–32. [28] Leblanc F, Fonck M, Brunet R, Becouarn Y, Mathoulin-Pélissier S, Evrard S. Comparison of hepatic recurrences after resection or intraoperative radiofrequency ablation indicated by size and topographical characteristics of the metastases. Eur J Surg Oncol 2008;34:185–90. [29] Lee W-S, Yun SH, Chun H-K, Lee WY, Kim SJ, Choi SH, et al. Clinical outcomes of hepatic resection and radiofrequency ablation in patients with solitary colorectal liver metastasis. J Clin Gastroenterol 2008;42:945–9. [30] Reuter NP, Woodall CE, Scoggins CR, McMasters KM, Martin RCG. Radiofrequency ablation vs. resection for hepatic colorectal metastasis: therapeutically equivalent? J Gastrointest Surg 2009;13:486–91. [31] McKay A, Fradette K, Lipschitz J. Long-term outcomes following hepatic resection and radiofrequency ablation of colorectal liver metastases. HPB Surg 2009;2009:346863. [32] Schiffman SC, Bower M, Brown RE, Martin RC, McMasters KM, Scoggins CR. Hepatectomy is superior to thermal ablation for patients with a solitary colorectal liver metastasis. J Gastrointest Surg 2010;14:1881–6. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 344–347 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue générale Cancers bronchiques non à petites cellules avec oligométastases : prise en charge chirurgicale à visée curative Non-small cell lung cancer with oligometastases: Treatment with curative intent P. Bonnette Service de chirurgie thoracique, hôpital Foch, 40, rue Worth, 92150 Suresnes, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Cancer bronchique non à petites cellules Chirurgie Métastase cérébrale Métastase surrénalienne Carcinose pleurale r é s u m é L’analyse des séries publiées suggère que, chez des patients sélectionnés, des survies prolongées pourraient être obtenues quand une résection complète d’un cancer primitif pulmonaire et d’une métastase isolée est réalisée. Cela comprend l’exérèse d’un nodule controlatéral malin (classé actuellement M1a, mais pouvant correspondre à un second cancer synchrone), l’exérèse complète du cancer primitif associée à l’exérèse d‘une dissémination pleurale limitée (M1a) découverte lors d’une thoracotomie, et l’exérèse du cancer primitif et d’une métastase isolée extrathoracique, habituellement cérébrale ou surrénalienne. Tous ces aspects sont discutés. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Non-small cell lung cancer Surgery Brain metastasis Adrenal metastasis Pleural metastasis Published series suggest that, in carefully selected patients, long-term survival can be obtained when a complete resection of the primary site and metastasis is achieved. It comprises resection of additional malignant nodules in the contralateral lung (at present classified as M1a, but the additional nodule may be a second primary lung cancer), complete resection of the primary associated with limited metastatic pleural involvement (M1a), and resection of the primary with an isolated extrathoracic metastasis (mostly a single brain or adrenal). All these topics are discussed. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction La révision du M de la septième classification internationale a consacré pour les cancers pulmonaires non à petites cellules avec oligométastases deux stades métastatiques de pronostic différent : le stade M1a pour les tumeurs avec nodules controlatéraux ou avec carcinose pleurale et le stade M1b avec métastases extrathoraciques, la durée médiane de survie dans la base de l’International Association for the Study of Lung Cancer (IASLC) étant de dix mois en cas de nodule controlatéral, huit mois en cas de carcinome pleural et six mois en cas de métastases à distance [1]. Le traitement habituel de ces formes repose sur la chimiothérapie. Le terme « oligométastases » a été utilisé initialement par Hellman et Wischsel pour décrire une diffuse tumorale locorégionale Adresse e-mail : [email protected] restreinte [2], mais est plutôt devenu synonyme de métastases isolées à distance. Dans certaines situations où la diffusion métastatique est limitée (oligométastase), un traitement local à visée curative (chirurgie, radiothérapie) a pu parfois être entrepris, avec dans certaines séries publiées, des résultats à long terme bien supérieurs à ceux de la chimiothérapie standard et l’objectif de cette revue est de cerner l’intérêt de ces approches non randomisées à visée curative qui ont fait l’objet de revues et de recommandations reposant sur des niveaux de preuves [3,4]. La question se pose essentiellement quand la tumeur primitive et la métastase sont découvertes en même temps (situation synchrone), plutôt que quand la métastase (ou le cancer primitif) est découverte à distance (situation métachrone). Ces approches à visée curative étant rares, les publications sont rétrospectives, couvrant des périodes étendues, avec des moyens diagnostiques volontiers anciens (pas de tomographie par émission de positrons [TEP], pas d’imagerie par résonnance magnétique 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.017 P. Bonnette / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 344–347 [IRM] cérébrale, etc.) pour un nombre important d’observations. Aussi, les prises en charge actuelles à visée curative des formes considérées comme oligométastatiques avec TEP et IRM devraient aboutir à de meilleurs résultats. 2. Métastases pulmonaires Si la présence de multiples nodules pulmonaires, dont certains controlatéraux, est logiquement reliée à une diffusion métastatique, de pronostic défavorable (dix mois), l’existence d’un nodule (parfois deux) controlatéral à la tumeur principale pose bien sûr la question de la survenue de deux cancers bronchiques synchrones. En 1975, Martini et Melamed ont défini la notion de « cancers pulmonaires multiples synchrones » comme des tumeurs physiquement distinctes et séparées, d’histologie soit différente, soit identique, mais alors dans des segments, lobes ou poumons différents, sans métastase ganglionnaire dans les lymphatiques communs et sans métastase extrathoracique. Les deux tumeurs devaient apparaître dans les deux années l’une par rapport à l’autre, sinon elles étaient dénommées métachrones. Ces critères sont régulièrement critiqués mais cependant utilisés. De nombreuses séries de « cancers bronchiques multiples synchrones » ont été publiées en mélangeant souvent des tumeurs dans un même lobe (T3), un même côté (T4), ou des deux côtés (M1a). Les situations bilatérales sont minoritaires et posent bien sûr un problème de stratégie thérapeutique chirurgicale (quel type d’exérèse, par quel côté commencer, peut-on réséquer les deux côtés en même temps ?). Dans l’importante série marseillaise comportant 125 patients opérés, 27 % des tumeurs étaient bilatérales, l’histologie était identique dans 83 % des cas, les ganglions étaient sains dans 32,3 % des cas, les probabilités de survie à deux et cinq ans étaient de 61,6 % et 34 % [5]. Le caractère bilatéral ou dans un même lobe était favorable. Dans la série de Finley et al., comportant 175 cas opérés, 50 patients étaient atteints de plus de deux tumeurs, 70 de tumeurs bilatérales (dont 25 avec plus de deux tumeurs) [6]. La probabilité de survie à trois ans était de 64 %. En analyse unifactorielle, le caractère bilatéral et l’histologie identique n’avaient pas d’influence significative. Le T, le N, le stade de la plus grosse tumeur avaient une influence. Du fait de la modification récente de la classification, plusieurs études se sont intéressées spécifiquement aux exérèses bilatérales en constatant de bons résultats à cinq ans, le pronostic semblant en rapport avec le stade TNM de la lésion la plus évoluée [7]. Une médiastinoscopie est réalisée par plusieurs équipes pour contre-indiquer l’exérèse en cas d’envahissement ganglionnaire, mais l’extension médiastinale, si elle est modérée, unistation, n’est probablement pas une contre-indication formelle à une exérèse double. Dans la majorité des cas, l’histologie est identique pour les deux lésions et l’histologie adénocarcinomateuse est majoritaire. Certains ont voulu faire de l’intensité de fixation identique (SUVmax, standard uptake value maximale) des deux tumeurs sur la TEP un argument en faveur de l’origine commune [8]. La caractérisation moléculaire des tumeurs, pour prouver ou infirmer leur origine commune, est complexe et incertaine. Une corrélation semble exister avec l’analyse histologique, plus simples à juger, se fondant sur la répartition des différents sous-types présents, l’importance du stroma et de la nécrose au sein des adénocarcinomes [9]. Une probabilité histologique forte que les deux tumeurs soient dérivées l’une de l’autre pourrait influer sur la décision d’un traitement adjuvant si les deux lésions sont de stade T1N0. 345 3. Diffusions pleurales Si dans la classification actuelle elle est « métastatique », M1a, la diffusion tumorale pleurale se fait cependant par envahissement direct. Il a déjà été montré qu’une cytologie positive, obtenue par lavage pleural au sérum avant exérèse pulmonaire en l’absence de pleurésie et de carcinose macroscopique, avait une valeur péjorative (augmentation du T d’une catégorie) [10]. La carcinose pleurale avérée a un pronostic très défavorable dans le registre de l’IASLC (durée médiane de survie de huit mois) [1]. Cependant, plusieurs publications d’exérèse à visée curative de la tumeur pulmonaire associée à la résection de quelques foyers pleuraux macroscopiques, à une pleurectomie pariétale, à l’instillation d’agents cytotoxiques intrapleuraux, voire à une pleuropneumonectomie, ont montré des probabilité de survie à cinq ans non négligeables [11]. Pour Mordant, à propos de 32 cas d’exérèse, la probabilité de survie était de 16 % à cinq ans (21 % en cas de lobectomie, 34,6 % en cas de N0) et sa revue de la littérature permet de penser qu’une exérèse se justifie pleinement dans certaines situations de diffusion pleurale limitée découverte pendant l’opération [12]. 4. Métastases cérébrales La survenue de métastases cérébrales est fréquente dans le cancer du poumon avec un pronostic sombre à court terme malgré une irradiation cérébrale totale. Cette irradiation réduit l’intensité des symptômes neurologiques trois fois sur quatre, mais avec un risque de morbidité neurologique chronique en cas de longue survie, ce qui est peu fréquent. Parfois, la métastase révélatrice est unique (ou il y a moins de trois foyers), sans métastase extracrânienne, avec un primitif opérable ou déjà réséqué. Il convient de n’affirmer cette situation qu’avec un TEP et une IRM cérébrale. Un traitement à visée curative doit alors être envisagé. Une exérèse neurochirurgicale réduit rapidement l’intensité des symptômes, sa morbidité est faible (6 à 7 %) et sa mortalité est inférieure à 2 %, l’hospitalisation est courte. Elle est conseillée dans les grosses lésions périphériques, les lésions kystiques. La radiothérapie stéréotaxique est idéale pour les lésions petites, profondes, multiples, mais avec une mise en route et une efficacité retardée. Ces deux techniques se valent et se complètent. La neurochirurgie peut être suivie d’une radiothérapie stéréotaxique de la loge d’exérèse. L’adjonction d’une radiothérapie panencéphalique est discutée. Elle diminue le nombre des rechutes cérébrales au prix d’un risque neurologique chronique si le patient survit longtemps et certains préfèrent guetter et traiter précocement la récidive pour retarder sa mise en route. De nombreuses publications ont montré que les traitements à visée curative de la métastase entraînaient une meilleur survie quand elle était découverte à distance de l’exérèse du cancer primitif (situation métachrone) que quand le cancer primitif était découvert et réséqué en même temps (situation synchrone). Dans cette dernière situation, la décision d’exérèse chirurgicale du primitif est débattue. Nous avons publié une série rétrospective multicentrique (groupe Thorax) de 103 patients ayant bénéficié d’une exérèse synchrone de la métastase cérébrale et du primitif pulmonaire [13]. La durée médiane de survie était de 12,4 mois et la probabilité de survie globale à cinq ans de 11 %. Le pronostic était plus favorable en cas d’adénocarcinome et semblait meilleur en cas de petite tumeur pulmonaire, d’absence d’envahissement ganglionnaire et d’une exérèse pulmonaire complète. L’American College of Chest Physicians (ACCP) recommande la pratique d’une médiastinoscopie pour éviter une exérèse pulmonaire en cas d’atteinte ganglionnaire [4]. 346 P. Bonnette / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 344–347 Modi et al. ont revu la littérature en 2009 sur les exérèses pulmonaires associées aux exérèses cérébrales : la survie après exérèse bifocale serait de 23 mois en médiane et, à un, deux et cinq ans de 63,9 %, 38,7 % et 18 % respectivement en probabilité [14]. L’exérèse pulmonaire améliorerait le pronostic en l’absence d’atteinte de stade N2 et en cas d’exérèse neurochirurgicale complète. L’histologie adénocarcinomateuse, un ACE initial bas, une réponse à la chimiothérapie et un indice Karnofsky élevé auraient une valeur favorable. Girard et al. ont analysé les dossiers de 51 patients atteints d’une métastase cérébrale synchrone isolée [15]. Ils ont noté comme élément pronostique favorable le traitement à visée curative du cancer primitif et la réponse à la chimiothérapie mise en route après le traitement de la métastase cérébrale. Même si aucune étude randomisée ne le confirme, l’exérèse du cancer pulmonaire primitif semble donc utile chez un patient traité à visée curative de sa métastase cérébrale et atteint d’une tumeur pulmonaire synchrone facilement résécable sans risque chirurgical important, en l’absence de métastase ganglionnaire sur la TEP ou en médiastinoscopie (recommandations de l’ACCP [4]), et ce d’autant plus s’il répond à une chimiothérapie intercalée. 5. Métastases surrénaliennes Les métastases surrénaliennes sont fréquentes et seraient isolées pour 1,5 à 3,5 % des cancers pulmonaires. Mais il est fréquent de retrouver sur le scanner une tumeur bénigne dans la tranche d’âge de survenue des cancers pulmonaires. Aussi, des séries d’exérèses synchrones pulmonaire et surrénalienne homolatérales au travers du diaphragme sont apparues avec l’arrivée du scanner pour vérifier la nature de l’anomalie surrénalienne et dans ces séries il a été constaté des longues survies en cas de métastase isolée. Actuellement, la TEP et l’IRM ont une meilleure valeur diagnostique d’une métastase surrénalienne, mais il est souvent souhaitable de préciser la nature histologique par ponction sous scanner, voire par exérèse laparoscopique à visée diagnostique et thérapeutique. L’exérèse laparoscopique est en effet un acte bien contrôlé avec une morbidité limitée inférieure à la laparotomie. Porte et al. ont analysé en 2001 les résultats de 43 surrénalectomies pour métastase associées à l’exérèse de la tumeur primitive pulmonaire, en situation synchrone (32 cas) ou métachrone (11 cas), homolatérale 31 fois [16]. La durée médiane de survie était de 11 mois et cinq patients ont survécu plus de cinq ans. Aucun facteur pronostique ne sortait. Tanvetyanon et al. ont revu dix publications (n’incluant pas celle de Porte et al.) rassemblant 114 patients (atteints pour 42 % de métastases synchrones, 58 % de métachrones) [17]. Les complications des surrénalectomies étaient rares. La durée médiane de survie était de 12 mois pour les situations synchrones, 31 mois pour les situations métachrones, la probabilité de survie globale à cinq ans de 26 % et 25 %. Ces résultats encourageants justifient de recommander en l’absence d’autre métastase extrathoracique (TEP, IRM cérébrale) la surrénalectomie isolée en situation métachrone, ou associé à l’exérèse pulmonaire en situation synchrone, en l’absence bien sûr de métastase ganglionnaire médiastinale. 6. Métastases extracrâniennes, extrasurrénaliennes Si des séries d’exérèse synchrone pulmonaire et cérébrale (neurochirurgie pour symptômes) ou surrénalienne (phrénotomie pour histologie) se sont répandues et ont montré leur efficacité, il est difficile de savoir pourquoi des métastasectomies isolées dans un autre site n’aurait pas d’efficacité. Aussi, Salah et al. ont revu 62 cas bien documentés publiés de métastasectomie extracrânienne extrasurrénalienne métachrone (38) ou synchrone (20), extraviscérale (33) ou viscérale (29), dont le siège était osseux 13 fois, hépatique neuf fois, rénal sept fois, splénique six fois [18]. Le statut ganglionnaire médiastinal, quand il était connu, était N0 25 fois, N1 cinq fois ou N2 six fois. La probabilité de survie à cinq ans était de 50 %, mais nulle en cas d’atteinte de stade N2. Le siège viscéral ou extraviscéral n’avait pas d’influence. Même si le biais de publication est évident (32 publications ne rapportant qu’un cas), cette publication laisse penser à l’utilité de ces exérèses. Depuis, Hanagiri et al. ont publié dix cas d’exérèses de ce type (métastases osseuses dans cinq cas, irradiées, ganglionnaires axillaires dans trois, hépatiques dans deux) avec trois survies à trois ans (lésions osseuses pour deux, ganglionnnaire pour un) [19]. Enfin, Mordant et al. ont publié 25 cas d’exérèses doubles, comprenant des métastases hépatiques cinq fois, osseuses 14 fois, cutanées six fois avec des durées médianes de survie respectivement de sept, neuf et 13 mois et une probabilité de survie respectivement à cinq ans de 0, 0 et 50 % [20]. À l’aire de la TEP, en cas de métastase isolée extracrânienne, extrasurrénalienne d’un petit primitif pulmonaire, une exérèse à visée curative des deux lésions peut se justifier chez un patient jeune, sans risque opératoire, en l’absence d’atteinte N2 volontiers confirmée par médiastinoscopie. 7. Conclusion À l’heure de la médecine par les preuves, la prise en charge à visée curative des oligométastases en situation métachrone ou synchrone associée à l’exérèse du primitif repose sur des arguments de niveau modeste, mais acceptés dans les recommandations internationales. Une exérèse pulmonaire bilatérale concerne le plus souvent des tumeurs indépendantes synchrones et non des métastases. Une exérèse d’une tumeur lorsqu’on constate pendant l’opération des foyers pleuraux limités et résécables semble utile. Une exérèse de métastase extrathoracique est recommandée aux niveaux cérébral et surrénalien par l’ACCP, mais probablement aussi justifiable dans d’autres sites, en situation métachrone, mais aussi en situation synchrone à condition qu’il n’y ait pas d’envahissement ganglionnaire médiastinal, et d’autant plus qu’il y a eu une réponse à une chimiothérapie intercalée. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Postmus PE, Brambilla E, Chansky K, Crowley J, Goldstraw P, Patz EF, et al. The IASLC Lung Cancer Staging Project: Proposals for Revision of the M Descriptors in the Forthcoming (Seventh) Edition of the TNM Classification of Lung Cancer. J Thorac Oncol 2007;2:686–93. [2] Hellman S, Weichselbaum RR. Oligometastases. J Clin Oncol 1991;9:8–10. [3] Pfannschmidt J, Dienemann H. Surgical treatment of oligometastatic non-small cell lung cancer. Lung Cancer 2010;69:251–8. [4] Shen KR, Meyers BF, Larner JM, Jones DR. Special treatment issues in lung cancer. ACCP Evidence- based Clinical Practice Guidelines (2nd edition). Chest 2007;132:290S–305S. [5] Trousse D, Barlesi F, Loundou A, Tasei A, Doddoli C, Giudicelli R, et al. Synchronous multiple primary lung cancer: an increasing clinical occurrence requiring multidisciplinary management. J Thorac Cardiovasc Surg 2007;133:1193–200. [6] Finley DJ, Yoshizawa A, Travis W, Zhou Q, Seshan V, Bains M, et al. Predictors of outcomes after surgical treatment of synchronous primary lung cancers. J Thorac Oncol 2010;5:197–205. [7] Shah AA, Barfield ME, Kelsey CR, Onaitis MW, Tong B, Harpole D, et al. Outcomes after surgical management of synchronous bilateral primary lung cancers. Ann Thorac Surg 2012;93:1055–60. P. Bonnette / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 344–347 [8] Dijkman BG, Schuurbiers OC, Vriens D, Looijen-Salamon M, Bussink J, TimmerBonte JN, et al. The role of (18 F)-FDG PET in the differentiation between lung metastases and synchronous second primary lung tumours. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2010;37:2037–47. [9] Girard N, Deshpande C, Lau C, Finley D, Rusch V, Pao W, et al. Comprehensive histologic assessment helps to differentiate multiple lung primary nonsmall cell carcinomas from metastases. Am J Surg Pathol 2009;33: 1752–64. [10] International Pleural Lavage Cytology Collaborators. Impact of positive pleural lavage cytology on survival in patients having lung resection for non-small-cell lung cancer: an international individual patient data meta-analysis. J Thorac Cardiovasc Surg 2010;139:1441–6. [11] Okamoto T, Iwata T, Mizobuchi T, Hoshino H, Moriya Y, Yoshida S, et al. Pulmonary resection for lung cancer with malignant pleural disease first detected at thoracotomy. Eur J Cardiothorac Surg 2012;41: 25–30. [12] Mordant P, Arame A, Foucault C, Dujon A, Le Pimpec Barthes F, Riquet M. Surgery for metastatic pleural extension of non-small-cell lung cancer. Eur J Cardiothorac Surg 2011;40:1444–9. [13] Bonnette P, Puyo P, Gabriel C, Giudicelli R, Regnard JF, Riquet M, et al. Surgical management of non-small cell lung cancer with synchronous brain metastases. Chest 2001;119:1469–75. 347 [14] Modi A, Vohra HA, Weeden DF. Does surgery for primary non-small cell lung cancer and cerebral metastasis have any impact on survival? Interact Cardiovasc Thorac Surg 2009;8:467–73. [15] Girard N, Cottin V, Tronc F, Etienne-Mastroianni B, Thivollet-Bejui F, Honnorat J, et al. Chemotherapy is the cornerstone of the combined surgical treatment of lung cancer with synchronous brain metastases. Lung Cancer 2006;53:51–8. [16] Porte H, Roumilhac D, Graziana JP, Eraldi L, Cordonier C, Puech P. Adrenalectomy for a solitary adrenal metastasis from lung cancer. Ann Thorac Surg 1998;65:331–5. [17] Tanvetyanon T, Robinson LA, Schell MJ, Strong VE, Kapoor R, Coit DG, et al. Outcomes of adrenalectomy for isolated synchronous versus metachronous adrenal metastases in non-small-cell lung cancer: a systematic review and pooled analysis. J Clin Oncol 2008;26:1142–7. [18] Salah S, Tanvetyanon T, Abbasi S. Metastatectomy for extra-cranial extraadrenal non-small cell lung cancer solitary metastases: systematic review and analysis of reported cases. Lung Cancer 2012;75:9–14. [19] Hanagiri T, Takenaka M, Oka S, Shigematsu Y, Nagata Y, Shimokawa H, et al. Results of a surgical resection for patients with stage IV non small cell lung cancer. Clin Lung Cancer 2012;13:220–4. [20] Mordant P, Arame A, De Dominicis F, Pricopi C, Foucault C, Dujon A, et al. Which metastasis management allows long-term survival of synchronous solitary M1b non-small cell lung cancer. Eur J Cardiothorac Surg 2012;41:617–22. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 348–350 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Oligométastases : prise en charge thérapeutique à visée curative ? Radiofréquence pulmonaire Oligometastases: To a curative treatment? Lung radiofrequency ablation? J. Palussière ∗ , E. Descat , F. Cornélis Service de radiologie interventionnelle, centre régional de lutte contre le cancer, institut Bergonié, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux cedex, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Ablation tumorale Radiofréquence Cryothérapie Micro-ondes Métastases pulmonaires r é s u m é L’ablation tumorale percutanée consiste à détruire une tumeur par des modifications de température. Ce que permettent ces techniques peu invasives c’est de traiter efficacement des tumeurs tout en épargnant le parenchyme non tumoral. La faible morbidité est un atout essentiel pour la prise en charge des patients métastatiques dont la maladie est lentement évolutive, et qui nécessiteront souvent plusieurs temps de traitement local. La taille de la tumeur et son emplacement peuvent être des limites à la réalisation de ces traitements. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Tumoral ablation Radiofrequency Cryotherapy Microwaves Lung metastases Percutaneous ablation allows to treat tumours with temperature modifications. These non-invasive techniques are useful to treat metastatic lung tumours in patients with a slowly evolving disease, which requires multiple local treatment. Ablation is therefore proposed as a locoregional treatment because it has a minimal impact on the lung. Other advantages are its efficacy and a low morbidity. Limits may be the tumour size and its location. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction Depuis une quinzaine d’années, des traitements non chirurgicaux des tumeurs basés sur la destruction cellulaire au moyen de modifications de température sont disponibles. Quelle que soit la source d’énergie, l’objectif est de soumettre le volume tumoral à des modifications de température telles que les processus de défense cellulaire sont dépassés. Il en résulte une mort cellulaire par coagulation des protéines, en sachant que les cellules tumorales ne sont pas plus résistantes que les cellules normales aux variations de température. La radiofréquence est la technique la plus répandue, et la plus évaluée ; elle est efficace à condition d’en respecter les limites : tumeurs de moins de 4 cm, pas de contact vasculaire. Le développement des micro-ondes devrait permettre d’améliorer la destruction ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Palussière). thermique des tumeurs de plus de 4 cm. La cryothérapie, à l’inverse des précédentes, détruit les cellules en les congelant. L’électroporation, technique plus récemment développée, détruit les cellules sans variation de température. 2. Bases physiques 2.1. Radiofréquence La radiofréquence utilise un courant électromagnétique alternatif de 300 à 500 KHz de fréquence, qui induit localement une agitation ionique à l’origine d’une élévation thermique. La température augmente au contact de l’électrode, puis se distribue par diffusion. Vingt à 30 minutes sont nécessaires pour coaguler une tumeur de 3 cm de diamètre. Les principaux obstacles sont la taille tumorale, l’emplacement de la lésion. Au-delà de 4 cm de diamètre, il est difficile d’obtenir une coagulation de tout le volume tumoral avec les systèmes monopolaires. La proximité des vaisseaux joue un rôle dans la transmission de la chaleur : dans des vaisseaux de plus 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.025 J. Palussière et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 348–350 349 de 4 mm de diamètre, le flux sanguin refroidit et limite l’extension de la nécrose de coagulation. Cet effet protège les vaisseaux de la thrombose, mais également les cellules au contact du vaisseau, d’où le risque d’un traitement incomplet. l’IRM par leur dimension fonctionnelle apportent des éléments d’analyse supplémentaire. 2.2. Micro-ondes Les métastases pulmonaires surviennent pour de nombreux cancers primitifs. L’évolution est variable parfois le poumon reste le seul site métastatique, la croissance des métastases peut être lente, si bien que comme pour le foie, un traitement local des métastases pulmonaires semble profitable. Si l’on prend l’exemple des métastases colorectales, à condition de pouvoir effectuer une exérèse complète, le site au niveau du foie, des poumons et du péritoine importe moins que le nombre [2]. Même si certains auteurs critiquent et déplorent l’absence de preuve pour un traitement chirurgical des métastases pulmonaires [3], de nombreuses équipes l’ont intégré dans l’algorithme thérapeutique. Le taux moyen de survie à cinq ans des patients dont les métastases pulmonaires sont accessibles à un traitement local est d’environ 35 %, quel que soit le primitif [4]. Quelle peut être la place de l’ablation dans ce contexte ? Les avantages sont nombreux, un traitement moins invasif bien supporté pour des patients chez lesquels la succession des différents traitements est parfois lourde à supporter. Dans certains cas, il est possible de traiter les deux poumons dans le même temps opératoire et de traiter des patients sur poumon unique [5,6]. S’y ajoute l’efficacité remarquable de la radiofréquence pour des tumeurs inférieures à 3 cm (le taux d’efficacité de la technique à 18 mois sur 97 lésions traitées est de 93 % [7]). Pour les métastases de cancer colorectal, les premières séries publiées retrouvaient avec la radiofréquence des taux de survie comparables à ceux de la chirurgie à trois ans de 46 à 56 % [8,9] et à cinq ans de 35 % [9]. Pour les métastases de sarcome, les résultats de la radiofréquence étaient aussi similaires à ceux décrits dans les séries chirurgicales [10]. La fréquence des micro-ondes est de 900 à 2450 Mhz. Dans un tissu, elles induisent des micromouvements des molécules d’eau, à l’origine d’une augmentation locale de la température. En comparaison avec la radiofréquence, la montée en température au sein de la tumeur est plus importante et accélérée, ce qui permet de s’affranchir des effets de refroidissement liés au voisinage du flux sanguin, raccourcit la durée de la procédure et permet de traiter des lésions plus volumineuses qu’en radiofréquence (jusqu’à 5 cm) [1]. 2.3. Cryothérapie La congélation se produit grâce à la circulation d’argon dans une sonde placée dans la tumeur. À partir de −20 ◦ C, la mort cellulaire intervient par destruction des membranes cellulaires et dénaturation des protéines. Pour parvenir à une destruction la plus complète possible, il importe de créer un choc thermique avec plusieurs phases : une congélation à l’argon puis une phase de décongélation et de nouveau une congélation à l’argon. Un tel procédé dure environ 30 minutes, une sonde permet de détruire un volume de 3 cm de diamètre. L’effet du voisinage vasculaire est différent, mais les conséquences sont identiques ; le flux sanguin réchauffe et peut limiter l’extension de la zone de congélation. 2.4. Électroporation irréversible Le principe est de soumettre les cellules à un champ électrique afin de détruire de façon irréversible les membranes cellulaires. La destruction n’est pas thermique et s’affranchit des effets de refroidissement ou de réchauffement lié au flux vasculaire, ce qui est potentiellement intéressant pour les tumeurs centrales. La technique est récente, son application pulmonaire se limite à quelques cas cliniques. 3. Monitoring/Suivi Pour un traitement par ablathermie dans le poumon, le patient est sous anesthésie générale ou sédation, les traitements sont guidés par la scanographie, voire par scopie sur des tables équipées de capteurs plans et permettant d’effectuer des reconstructions en coupe. Une fois le dispositif dans la tumeur, des reconstructions multiplanaires permettent de s’assurer d’un positionnement correct par rapport aux marges de la tumeur. La durée du traitement de cinq à 20 minutes est variable suivant le volume tumoral et la technique utilisée. En radiofréquence, la fin du traitement est indiquée dès que le courant ne circule plus, par défaut de conduction, en raison de la coagulation des cellules. En cryothérapie, un des avantages est de mesurer précisément le volume congelé et donc la future zone de nécrose, en effet le « glaçon » produit est facile à repérer sur la scanographie. C’est surtout à distance que l’imagerie jugera si le traitement a été complet. La zone d’ablation volontairement supérieure au volume tumoral est un mélange de zones coagulées, de réaction inflammatoire, voire de tissu tumoral si le traitement est insuffisant. L’évaluation de l’efficacité est parfois difficile, et il est important de répéter tous les deux à trois mois, pendant la première année de suivi, la scanographie ou l’IRM. La tomographie par émission de positons couplée à la scanographie (TEP scanographie), 4. Traitement des métastases pulmonaires 5. Contre-indications, limites Les tumeurs centrales situées proches des hiles posent divers problèmes. Le contact vasculaire qui induit un refroidissement lié au flux sanguin, mais aussi la proximité de structures bronchiques qui peuvent être endommagées par le chauffage (sténoses, fistule) et enfin des risques hémorragiques liés aux difficultés de ponction dans ces régions. Le contact avec la plèvre n’est pas une contre-indication, mais il faut éviter de chauffer la plèvre pariétale et la paroi thoracique pour limiter les douleurs postopératoires. Cela est possible en créant un pneumothorax. Contrairement à ce qui est admis pour la chirurgie [11], il n’y a pas de consensus sur les contrindications fonctionnelles respiratoires à la radiofréquence. Une étude a d’ailleurs démontré l’absence de modification de la fonction respiratoire après radiofréquence [7]. Pour les métastases, il n’y a pas de limite formelle liée au nombre de tumeurs, mais dans diverses séries publiées les patients traités étaient atteints au plus de cinq nodules. Cette limite est relative, des patients atteints de plus de cinq métastases sont parfois opérés, la décision dépend de l’origine de la maladie métastatique, de son agressivité et de son potentiel évolutif. 6. Complications La principale complication est le pneumothorax survenant dans environ 30 % des cas et nécessitant dans moins de 10 % des cas un drainage de courte durée [7,12] ; ces données rejoignent celles publiées dans la littérature sur les complications post-biopsiques. Ce sont surtout les pneumothorax chronique ou retardé qui sont problématiques, ce sont des complications rares (moins de 1 %) qui 350 J. Palussière et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 348–350 signent habituellement une fistule pleurale [13]. Les surinfections et les hémoptysies restent des complications rares. Le risque de lésion thermique d’un tronc nerveux existe s’il se trouve à proximité de la zone d’ablation. C’est le cas pour les tumeurs proches du médiastin, dans lequel passent notamment les nerfs phréniques [14]. Le plexus brachial peut être lésé en traitant une tumeur apicale [15]. Un pneumothorax, au besoin en injectant du CO2 dans la plèvre, est alors utile pour éloigner la structure à protéger et ainsi diminuer le risque de lésion neurologique. L’embolie gazeuse est une complication gravissime mais qui reste exceptionnelle [16]. Dans une revue des complications survenues après 1000 procédures, le taux de complications majeures (grade 3 ou 4 selon la terminologie commune des effets indésirables) était de 9,8 % [17]. 7. Conclusion Parmi les méthodes d’ablathermie, dans le poumon c’est surtout la radiofréquence qui a été évaluée. C’est une technique efficace et de faible morbidité, à condition de respecter les indications : tumeur à plus de 1 cm du hile, de diamètre inférieur à 4 cm. L’épargne parenchymateuse permet de la proposer facilement, de façon itérative chez des patients avec une maladie récurrente et lentement évolutive. En conséquence, des malades opérables sont de plus en plus souvent traités par ablathermie. Les limites de ces techniques découlent de leur caractère faiblement invasif : absence de contrôle histologique des marges thérapeutiques, absence d’accès ganglionnaire. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Simon CJ, Dupuy DE, Mayo-Smith WW. Microwave ablation: principles and applications. Radiographics 2005;25:S69–83. [2] Elias D, Liberale G, Vernerey D, Pocard M, Ducreux M, Boige V, et al. Hepatic and extrahepatic colorectal metastases: when resectable, their localization does not matter, but their total number has a prognostic effect. Ann Surg Oncol 2005;12:900–9. [3] Treasure T. Pulmonary metastasectomy for colorectal cancer: weak evidence and no randomised trials. Eur J Cardiothorac Surg 2008;33:300–2. [4] The International Registry of Lung Metastases. Resection of lung metastases: long-term results and prognostic analysis based on 5206 cases. J Thorac Cardiovasc Surg 1997;113:37–49. [5] Palussière J, Gómez F, Cannella M, Ferron S, Descat E, Fonck M, et al. Single-session radiofrequency ablation of bilateral lung metastases. Cardiovasc Intervent Radiol 2012;35:852–9. [6] Hess A, Palussière J, Goyers JF, Guth A, Aupérin A, de Baère T. Pulmonary radiofrequency ablation in patients with a single lung: feasibility, efficacy, and tolerance. Radiology 2011;258:635–42. [7] de Baère T, Palussière J, Aupérin A, Hakime A, Abdel-Rehim M, Kind M, et al. Midterm local efficacy and survival after radiofrequency ablation of lung tumors with minimum follow-up of 1 year: prospective evaluation. Radiology 2006;240:587–96. [8] Yan TD, King J, Sjarif A, Glenn D, Steinke K, Morris DL. Percutaneous radiofrequency ablation of pulmonary metastases from colorectal carcinoma: prognostic determinants for survival. Ann Surg Oncol 2006;13:1529–37. [9] Yamakado K, Inoue Y, Takao M, Takaki H, Nakatsuka A, Uraki J, et al. Long-term results of radiofrequency ablation in colorectal lung metastases: single center experience. Oncol Rep 2009;22:885–91. [10] Palussière J, Italiano A, Descat E, Ferron S, Cornélis F, Avril A, et al. Sarcoma lung metastases treated with percutaneous radiofrequency ablation: results from 29 patients. Ann Surg Oncol 2011;18:3771–7. [11] Bolliger CT, Perruchoud AP. Functional evaluation of the lung resection candidate. Eur Respir J 1998;11:198–212. [12] Steinke K, Sewell PE, Dupuy D, Lencioni R, Helmberger T, Kee ST, et al. Pulmonary radiofrequency ablation: an international study survey. Anticancer Res 2004;24:339–43. [13] Cannella M, Cornelis F, Descat E, Ferron S, Carteret T, Castagnède H, et al. Bronchopleural fistula after radiofrequency ablation of lung tumours. Cardiovasc Intervent Radiol 2011;34:S171–4. [14] Hiraki T, Gobara H, Mimura H, Sano Y, Toyooka S, Shibamoto K, et al. Brachial nerve injury caused by percutaneous radiofrequency ablation of apical lung cancer: a report of four cases. J Vasc Interv Radiol 2010;21: 1129–33. [15] Matsui Y, Hiraki T, Gobara H, Uka M, Masaoka Y, Tada A, et al. Phrenic nerve injury after radiofrequency ablation of lung tumors: retrospective evaluation of the incidence and risk factors. J Vasc Interv Radiol 2012;23:780–5. [16] Jeannin A, Saignac P, Palussière J, Gékière JP, Descat E, Lakdja F. Massive systemic air embolism during percutaneous radiofrequency ablation of a primary lung tumor. Anesth Analg 2009;109:484–6. [17] Kashima M, Yamakado K, Takaki H, Kodama H, Yamada T, Uraki J, et al. Complications after 1000 lung radiofrequency ablation sessions in 420 patients: a single center’s experiences. AJR Am J Roentgenol 2011;197: W576–80. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Maladie oligométastatique, un nouveau concept : irradiation en conditions stéréotaxiques de métastases pulmonaires. Revue de la littérature Oligometastatic disease, a new concept: Stereotactic irradiation for lung metastases. Literature review M. Hatime , B. Elmorabit ∗ , Y. Elkhoti , S. Touch , R. Tanguy , F. Mornex Département de radiothérapie oncologie, centre hospitalier Lyon-Sud, 165, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite cedex, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Radiothérapie Irradiation stéréotaxique SBRT Oligométastases Cancer du poumon Tolérance à l’irradiation Innovation thérapeutique r é s u m é La maladie pulmonaire métastatique a longtemps été prise en charge par des traitements systémiques, les traitements locaux n’étaient considérés que dans un but purement palliatif. Plusieurs études cependant ont permis d’objectiver un bénéfice à traiter localement les métastases, particulièrement les oligométastases. La chirurgie a pris alors une place importante dans ce cas, mais le développement des techniques de radiothérapie en conditions stéréotaxiques d’une part, et les cas de refus ou contre-indication à la chirurgie d’autre part, ont poussé les auteurs à mener des études pour évaluer l’efficacité de la radiothérapie en conditions stéréotaxiques dans le traitement de ces métastases. Cette revue de la littérature décrit la réalisation de cette technique de radiothérapie pour le traitement des oligométastases pulmonaires et les critères de sélection de patients pouvant en bénéficier. Elle compare les résultats de différentes études menées dans ce sens, ce qui a permis d’objectiver l’efficacité de cette technique en termes de contrôle local, de survie globale et de tolérance. La radiothérapie en conditions stéréotaxiques a donc émergé comme une alternative de choix, efficace et bien tolérée, avec un taux de contrôle local comparable à celui obtenu par chirurgie (74 à 100 %). La qualité de vie après radiothérapie en conditions stéréotaxiques sera surement, à l’avenir, un paramètre permettant de conforter ce choix thérapeutique et devra être étudiée finement. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: Stereotactic irradiation SBRT Radiotherapy Oligometastases Lung cancer Irradiation tolerance Therapeutic innovation Metastatic lung disease has long been the preserve of systemic treatments, local treatments being considered in a purely palliative intention. Several studies have objectified benefit to the local treatment of metastases, especially oligometastases. Surgery then took an important place in this setting, but the development of techniques for stereotactic radiotherapy on the one hand and the refusal or contraindication for surgery on the other hand led authors to conduct studies in this direction. This literature review describes the realization of stereotactic radiotherapy in treating pulmonary oligometastases and evaluates criteria for the selection of patients who would benefit. A comparison between the results of different studies on this technique allowed to show its effectiveness for local control, overall survival and tolerance. Stereotactic radiotherapy has emerged as a viable alternative, effective and well tolerated with local control rates comparable to that obtained by surgery (74 to 100%). Quality of life after stereotactic radiotherapy should be in a near future an important parameter to support this therapeutic choice, and needs to be precisely assessed. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (B. Elmorabit). Une prise en charge systémique, de type chimiothérapie et/ou thérapies ciblées, est le traitement standard des patients atteints de métastases, sans espoir de survie à long terme, la radiothérapie 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.184 352 M. Hatime et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 étant alors utilisée à visée palliative, pour soulager des symptômes, les doses totales utilisées étant faibles ou moyennes. Cependant, chez des patients se présentant avec des métastases limitées en nombre et en localisations au moment du diagnostic primitif ou lors d’une récidive, on peut discuter une prise en charge par un traitement local, qu’il s’agisse de chirurgie, de radiofréquence ou de radiothérapie stéréotaxique. En 1995, Hellman et Weichselbaum utilisaient, en se basant sur le modèle du cancer du sein, le terme oligométastases pour décrire une maladie métastatique « peu développée », qui pouvait conduire à utiliser un traitement local à visée potentiellement curative [1]. La chirurgie a ainsi été utilisée dans cette indication depuis de nombreuses années, le plus souvent pour des métastases hépatiques d’origine colorectale. C’est le développement progressif de la radiothérapie de conformation, puis de la radiothérapie stéréotaxique extracrânienne et sa remarquable efficacité qui expliquent le renouveau actuel de ce thème, tout à fait d’actualité et discuté lors de nombreux congrès, avec une grande richesse de débats et d’échanges. Des résultats encourageants ont été rapportés et s’expliquent par le fait que la stéréotaxie permet d’augmenter la dose dans la tumeur tout en protégeant les tissus sains environnants, avec une haute fiabilité dans la précision du faisceau et la reproductibilité de l’installation du patient, basée sur l’imagerie de repositionnement et de repérage tumoral. Ainsi, la radiothérapie stéréotaxique apparaît-elle aujourd’hui comme un des traitements à visée curative réalisables pour des oligométastases, celles-ci étant définies comme étant « un nombre limité de lésions métastatiques dans un organe donné, pouvant justifier un traitement à visée curative vu qu’une longue survie peut être constatée ». Les métastases pulmonaires, d’origines diverses, sont fréquentes, et leur prise en charge, comme pour les métastases hépatiques, a été particulièrement étudiée. C’est un des domaines où la radiothérapie est désormais souvent utilisée à la place de la chirurgie : si la métastasectomie est considérée comme le traitement standard des oligométastases pulmonaires [2–6], certains patients sont médicalement inopérables ou refusent l’intervention chirurgicale proposée en raison de l’existence d’alternatives thérapeutiques, dont les résultats sont maintenant équivalents. C’est ainsi que la radiothérapie en conditions stéréotaxiques a émergé comme une alternative de choix, efficace et bien tolérée, avec un taux de contrôle local comparable à celui obtenu par chirurgie (74 à 100 %) [7–13]. 2. Essais cliniques Pour les patients qui ne peuvent avoir accès à la chirurgie (en raison de « comorbidités ») ou qui la refusent, la radiothérapie stéréotaxique est une option alternative tout à fait indiquée, comme démontré dans plusieurs études, dont le nombre augmente rapidement et considérablement depuis le début des années 2000. Le but des études présentées dans le Tableau 1 est de montrer la faisabilité et l’efficacité de cette technique, afin de la comparer à la chirurgie. 3. Radiothérapie stéréotaxique et cancer bronchique non à petites cellules localisé La radiothérapie stéréotaxique a démontré son efficacité pour les petits cancers bronchiques. Parmi de nombreuses études, on trouve, en 2005, un essai clinique de phase I mené à l’université de Kyoto au Japon, qui incluait 45 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade 1 ou 2 en utilisant la technique d’irradiation en conditions stéréotaxiques de 48 Gy en quatre fractions. Le taux de contrôle local était de 98 %, avec une médiane de suivi de 30 mois, et le taux de survie globale à trois ans de 83 % et 72 % respectivement en cas de cancers de stades T1 et T2 [14]. Au Japon, une étude rétrospective menée par Norihisa et al. en 2008 a montré des résultat très prometteurs, avec une dose totale de 48 à 60 Gy en quatre ou cinq fractions, chez 34 patients atteints d’oligométastases pulmonaires. À deux ans, le taux de survie globale était de 84,3 %, celui de contrôle local sans rechute de 90 %, celui de survie sans progression de 34,8 %. Il a aussi été observé l’absence de rechute locale chez les patients ayant reçu une dose de 60 Gy [3]. Une étude de phase II nord-européenne a inclus 57 patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules de stade I ou II non opérable. La dose totale était de 45–66 Gy en trois fractions. Le taux de survie globale et celui de survie spécifique étaient respectivement de 86, 65, 60 % et 93, 88, 88 % à un, deux et trois ans. Le taux de contrôle local à trois ans était de 92 % [8]. Ces études s’ajoutent à de nombreuses autres et ont fait l’objet de revues [15] démontrant l’efficacité de cette technique. 4. Radiothérapie stéréotaxique et cancers bronchiques non à petites cellules et métastases pulmonaires En 2006, Fritz et al. ont montré une bonne efficacité et tolérance de la stéréotaxie chez 48 patients atteints d’une tumeur primitive de stade I ou d’une à trois métastases pulmonaires. La dose était de 30 Gy en une seule séance pour des lésions périphériques. Les taux de contrôle local étaient respectivement de 94 % et 87 % pour les cancers bronchiques non à petites cellules et les métastases pulmonaires. Les taux de survie globale à un et deux ans étaient respectivement de 97 % et 73 % pour les métastases pulmonaires et 83 % et 63 % pour les cancers bronchiques non à petites cellules [16]. L’équipe des universités du Colorado et d’Indiana a mené une étude de phase II chez des patients atteints de métastases pulmonaires. Une dose de 48–60 Gy a été délivrée. La durée médiane de survie médiane était de 19 mois, les taux de contrôle à un et deux ans de 100 % et 96 % [17]. La série plus large de Haasbeek et al., au VU Medical Center d’Amsterdam, concernait 193 patients âgés de plus de 75 ans. Ces patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade I apparu après pneumectomie ont bénéficié d’une radiothérapie stéréotaxique à la place de la chirurgie en raison de « comorbidités » médicales dans 80 % et du refus du patient dans 20 % ; l’irradiation a délivré une dose totale de 60 Gy en trois, cinq ou huit fractions selon la localisation proximale ou distale des tumeurs. Le taux de survie globale à deux ans était de 91 % et ceux de survie sans progression à un et deux ans de 92,3 % et 80,8 %, reflétant son efficacité [18]. Ces résultats, comparables à ceux obtenus par chirurgie, ont justifié la mise en place d’une étude européenne et canadienne qui a analysé une cohorte prospective de 176 patients traités par irradiation stéréotaxique ou chirurgie, incluant des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade I avec bronchopneumopathie de grade III ou IV selon la classification GOLD (global initiative for chronic obstructive lung disease). L’objectif de cette étude était de déterminer les résultats en termes de taux de contrôle local, de taux de survie globale et de taux de complications post-thérapeutiques (mortalité à 30 jours) des deux types de traitement (radiothérapie stéréotaxique et chirurgie). Les taux de survie globale à un et trois ans étaient de 79–95 % et 43–70 % respectivement pour le groupe traité par irradiation stéréotaxique et 45–86 % et 31–66 % pour le groupe traité par lobectomie. Le taux de contrôle local était supérieur à 89 % dans les deux groupes. En revanche, le taux de mortalité à 30 jours était de 0 % après radiothérapie stéréotaxique, alors qu’il était après lobectomie de 10 % [19]. Du fait des résultats obtenus par radiothérapie stéréotaxique sur le cancer bronchique non à petites cellules de petit stade non opérable et de la maladie oligométastatique pulmonaire, la question s’est posée de comparer cette technique à la chirurgie, en réalisant des essais randomisés. Des essais sont en cours, comme le 0403 du 353 M. Hatime et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 Tableau 1 Essais cliniques. Auteurs Année Nombre de patients Dose Contrôle local (%) Survie globale (%) Norihisa et al. [3] Nagata et al. [14] 2008 2002 34 9 90 (2 ans) 66 84,3 (2 ans) 79 (2 ans) Fritz et al. [16] 2006 31 4–5 × 12 Gy = 48–60Gy 4 × 10–12 Gy 100 % isodose 1 × 30 Gy 87 (18–22 mois) Rusthoven et al. [17] 2009 38 3 × 12 Gy = 48–60 Gy 96 (2 ans) Ernst et al. [22] 2006 36 86 Blomgren et al. [53] 1995 14 93 42 (1 an) Uematsu et al. [54] 1998 43 5 × 7–8 Gy 90 % isodose 2 × 15 Gy 65 % isodose 5–15 fractions, 30–76 Gy 80 % isodose 83 (1 an) 63 (2 ans) Médiane de survie 19 mois – 98 74 (1 an) Japan Clinical Oncology Group (JCOG) (NCT00238875) et le 0618 du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) (NCT005513), visant à valider définitivement la place de l’irradiation en conditions stéréotaxiques dans la panoplie thérapeutique de la prise en charge des cancers bronchiques non à petites cellules et des oligométastases pulmonaires [20]. chiffres se comparent à ceux obtenus après dose unique (de 15, 20, 24, 25, 26 ou 30 Gy) (154 cas avec 174 cibles), avec un taux de respectivement de 78,5 % et un taux de survie globale à 50,3 % à deux ans, avec 2,6 % de cas de toxicité grade 3 ou plus. Au total, ces résultats, très encourageants, montrent clairement le bénéfice de survie obtenu après un traitement local par irradiation stéréotaxique [11]. 5. Radiothérapie stéréotaxique et taux de réponse 6. Aspect radiologique et réponse Le taux de réponse varie de 80 à 100 % selon les séries. L’hypothèse d’utiliser la radiothérapie stéréotaxique pour prolonger la survie des patients en traitant à hautes doses les oligométastases ou d’améliorer leur qualité de vie en cas de métastases pulmonaires multiples a justifié la mise en place de plusieurs études, notamment celle publiée par Okunieff et al. qui a inclus 50 patients atteints de cinq lésions métastatiques ou moins, traitées dans un but curatif, ou de cinq métastases traitées dans un but palliatif, pour un total de 125 lésions irradiées [21]. La plupart des patients ont reçu 50 Gy en cinq fractions. La taille de ces tumeurs variait entre 0,3 et 7,7 cm. Le contrôle local a été obtenu dans 83 % des cas, ce qui est notable pour des tumeurs de cette taille. Parmi les 125 lésions traitées, une progression n’a été rapportée que pour huit lésions indiquant un taux de contrôle local global à 94 %. La durée médiane de survie des patients traités dans un but curatif était de 23,4 mois, alors que les taux de survie sans progression dans le même groupe étaient respectivement de 25 et 16 % à 12 et 24 mois. Une toxicité de grade 3 a été diagnostiquée dans 2 % des cas. Ces résultats confirment l’obtention d’un excellent taux de contrôle local au prix d’une toxicité très acceptable [21]. Dans l’essai de Rusthoven et al. qui a inclus 38 patients atteints de 63 métastases pulmonaires, avec une dose totale et quotidienne différente, 48 à 60 Gy en trois fractions, les taux de contrôle local à un an et deux ans après le traitement étaient respectivement de 100 % et 96 % et une progression locale a été notée chez un seul patient après 13 mois [17]. Enfin, il faut noter les résultats en termes de réponse dans l’étude de Ernt-stecken et al., étude qui a inclus 21 patients atteints de 39 tumeurs afin d’évaluer la faisabilité et l’efficacité de plusieurs schémas d’escalade de dose, dont 35 Gy en cinq fractions (n = 21) et 40 Gy en cinq fractions (n = 18). Cette étude a rapporté des taux de rémissions complète et partielle respectivement de 51 % et 33 %, ainsi que des taux de progression ou de stabilité de 13 % et 3 %. Le taux de réponse globale était de 87 % (sans différence significative entre les niveaux de dose) dans cette série [22]. Une méta-analyse de Silva et al., remarquablement complète et détaillée, résume ces résultats : un taux de respectivement de 77,9 %, deux ans après radiothérapie stéréotaxique pour oligométastases (334 cas avec 564 cibles), correspondant à un taux de survie globale de 54 % avec un taux de 3 % de toxicité grade 3 ou plus. Ces Il a été étudié dans une série allemande et suisse la réponse tumorale après irradiation stéréotaxique de cancers bronchiques non à petites cellules et de métastases pulmonaires pour 77 patients, en analysant les résultats des scanographies successives d’évaluation post-thérapeutique. La plupart des patients (76 %) n’ont pas eu de réaction pulmonaire six semaines après le traitement. Les taches de condensation caractérisaient la période située entre le troisième et le sixième mois après le traitement. Une condensation massive et la rétraction parenchymateuse commençaient à apparaître après le neuvième mois et le processus de fibrose s’installait alors, progressivement, sur des années [13]. Une analyse fine de l’aspect radiologique a été faite par Kimura et al., à partir d’une série de 45 patients traités pour une tumeur pulmonaire primitive ou métastatique. Les auteurs ont analysé l’aspect scanographique, après radiothérapie stéréotaxique : pneumopathie radique durant les six premiers mois et fibrose radio-induite après les six premiers mois. L’aspect de pneumopathie radique était ainsi classé en condensation diffuse dans 38,5 % des cas, condensation partielle et aspect en verre dépoli dans 15,4 %, aspect en verre dépoli diffus dans 11,5 %, aspect en verre dépoli partiel 2 %, il n’y avait pas de modification de la densité dans 32,5 % des cas, alors que l’aspect de la fibrose radio-induite était, lui, classé en fibrose modifiant la forme classique dans 61,5 % des cas, en forme de masse dans 17,3 % des cas et enfin en forme de cicatrice dans 21,2 % des cas [23]. Les difficultés de l’évaluation de la réponse thérapeutique radiologique résident dans le fait que de hautes doses par fraction, en radiothérapie stéréotaxique, peuvent causer une atélectasie segmentaire ou une fibrose focale dépassant les limites des zones irradiées, ce qui rend l’interprétation difficile et peut créer la confusion lors de l’évaluation en mimant une progression sur les coupes scanographiques. La fibrose survenant après la radiothérapie stéréotaxique des tumeurs pulmonaires est donc difficile à distinguer d’une récidive, même en cas d’augmentation de taille de l’opacité sur les examens radiologiques de suivi. Le diagnostic de récidive ne peut pas toujours être fondé seulement sur les conclusions d’imagerie et des biopsies sont parfois justifiées. Ainsi, Timmerman et al. ont rapporté dans leur étude 17 cas sur les 70 traités chez qui il y avait une augmentation de la taille de l’opacité sur la scanographie d’évaluation, faisant fortement suspecter une récidive, alors 354 M. Hatime et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 que seulement chez trois de ces 17 patients la biopsie était positive [24]. Dans une autre étude évaluant les patients à partir d’un an de la fin de la radiothérapie stéréotaxique, Takeda et al. ont rapporté 20 cas sur les 50 traités avec des conclusions radiologiques (scanographie et TEP) évoquant la récidive, alors que celle-ci n’a été confirmée par la suite que chez trois d’entre eux, c’est-à-dire dans 6 % des cas et non 40 % comme suspecté initialement [25]. Ce point est nouveau dans la pratique de la radiothérapie et doit donc être présent à l’esprit de tous, car il peut être lourd de conséquences. 7. Toxicité de la radiothérapie stéréotaxique La toxicité aiguë de la radiothérapie stéréotaxique des cancers pulmonaires est peu fréquente et le plus souvent peu intense : fatigue, toux sont souvent en rapport avec la maladie, l’œsophagite aiguë peut se voir après irradiation d’une localisation tumorale centrale, la pneumopathie radique aiguë est rare (Common Terminology Criteria for Adverse Events [CTCAE]) [26]. La toxicité tardive s’exprime sous forme de pneumopathie radique tardive, toux chronique, hémoptysie ou hémorragie pulmonaire, détérioration de la fonction pulmonaire, épanchement pleural [11,27–32]. L’élément important et notable est l’observation de signes habituellement peu fréquents dans l’expérience des oncologues radiothérapeutes, qu’il faut savoir identifier, à type de fistule bronchique, sténose des voies respiratoires, de douleurs de la paroi thoracique après irradiation pariétale, par probable fibrose de la plèvre, ou fracture de côtes, évènement rarissime après une irradiation classique à des doses inférieures [27,30,33–36]. Enfin, des plexites radiques brachiales et des ulcérations œsophagiennes ont été décrites, mais restent exceptionnelles [27,31,36,37]. Au total, peu de données sont disponibles sur la toxicité à long terme de la radiothérapie stéréotaxique du poumon et, plus généralement, sur l’impact à long terme après radiothérapie hypofractionnée délivrée dans un petit volume de tissu normal. De plus, il existe une grande hétérogénéité de prescription dans la dose par fraction et la dose totale, avec des contraintes aux organes sains variables selon les séries. Pour le parenchyme pulmonaire, la recommandation est de limiter le volume recevant 20 Gy (V20) à 10–12 %, ou de limiter l’irradiation à 12,4 Gy et 11,6 Gy pour respectivement 1000 cm3 et 1500 cm3 de parenchyme [38,39]. Ces chiffres n’ont évidemment qu’une signification toute relative, puisqu’il s’agit de doses physiques qu’il faut adapter biologiquement pour obtenir des doses biologiques équivalentes, ce qui est difficile et ne fait pas encore l’objet de recommandations avérées. Les autres organes intrathoraciques – bronches proximales, œsophage, moelle épinière, cœur, gros vaisseaux, plexus brachial – sont l’objet de contraintes de doses limites standard, comprises entre 20 et 35 Gy. Quoi qu’il en soit, ces notions doivent inciter à une certaine prudence quant à la prescription de la dose totale et de la dose par fraction, sans que celles-ci fassent l’objet, actuellement, d’un consensus. Depuis la publication de la première étude concernant la radiothérapie stéréotaxique pulmonaire en 1995 par Blomgren et al. et qui concernait 15 patients ayant reçu une dose totale entre 20 et 40 Gy [15], on a assisté à une escalade de dose progressive. La toxicité a ensuite été analysée dans un essai de phase I qui a permis d’établir que la dose totale recommandable était de 60 Gy en trois fractions [40]. Plusieurs autres études de radiothérapie stéréotaxique ont aussi été publiées par la suite [9,41]. Toutes ont conclu à une faible toxicité d’un tel traitement et indiquent un profil de tolérance de la radiothérapie stéréotaxique similaire à celui de la radiothérapie classique, et Siva et al. ont estimé à 4 % pour le taux de toxicité de grade 3 ou plus [11]. Toutefois, Timmerman et al. ont remarqué que la délivrance d’une irradiation stéréotaxique était associée à un risque significativement supérieur de toxicité radique de haut grade (3 à 5) en cas de tumeur distante de moins de 2 cm de la plèvre médiastinale et des bronches lobaires [32], ce qui concorde avec les résultats d’une autre étude américaine de Le et al., montrant que 37,5 % des patients souffrant d’une toxicité sévère étaient atteints de tumeurs de localisation centrale [42]. Ces données ont initialement conduit à contre-indiquer la radiothérapie stéréotaxique trifractionnée pour les tumeurs proximales. Une équipe néerlandaise a développé un protocole adapté au traitement de ces lésions, avec des doses par fraction plus faibles, consistant en la délivrance de huit fractions de 7,5 Gy, la dose étant prescrite sur une isodose d’enveloppe, souvent 80 %, et non au point de l’International Commission on Radiation Units and Measurements (ICRU), ce qu’il ne faut pas oublier pour calculer la dose totale biologiquement équivalente (biological equivalent dose ou BED). Avec ce schéma, les 63 patients atteints de lésion pulmonaire proximale (tumeur hilaire pour 37 patients, avec un contact médiastinal pour 26 patients) n’ont pas souffert de surcroît de toxicité sévère : douleurs postradiques aiguës chez un patient, tardives chez deux et dyspnée chez deux. Les taux de contrôle local et de survie étaient similaires à ceux des 445 patients traités pour une tumeur périphérique pendant la même période (respectivement 93 % contre 90 %, et 65 % contre 51 %) [18]. Une bonne corrélation a été notée aussi entre le volume tumoral et la toxicité, ainsi Garry et al. ont rapporté une augmentation de l’incidence de la toxicité de grade 3 ou plus quand le diamètre du volume cible était plus de 5 cm [43]. En ce qui concerne le nombre de lésions irradiées, l’absence jusqu’à aujourd’hui de lien signalé entre le nombre de métastases traitées et la toxicité associée paraît peu plausible et doit être considérée comme le reflet probable d’une période de suivi insuffisante. 8. Choix de la dose par fraction et de la dose totale Le choix du schéma thérapeutique utilisé en radiothérapie stéréotaxique dépend de la taille tumorale et de sa localisation. Ainsi, un schéma de trois fractions de 20 Gy est proposé pour une tumeur de 3 cm dans sa plus grande dimension sans atteinte de la bronche souche, de cinq fractions de 12 Gy pour une tumeur de diamètre inférieur à 5 cm, voire pour certains 7 cm, sans contact avec les gros vaisseaux et sans contact large avec la paroi thoracique. Enfin, huit fractions de 7,5 Gy est le schéma prudent recommandé pour des tumeurs proches du cœur, des vaisseaux sanguins importants, du hile, du plexus brachial, ou du médiastin (Tableau 2). Tous les schémas de dose sont le plus souvent prescrits sur l’isodose 80 % à l’aide de huit à 12 faisceaux non coplanaires [11,44]. Aucun consensus sur une dose standard n’existe jusqu’à aujourd’hui pour la radiothérapie stéréotaxique des métastases pulmonaires, mais Onishi et al. ont montré à travers une étude rétrospective qui a inclus 245 patients traités par irradiation stéréotaxique pour des cancers bronchiques non à petites cellules, que la prescription d’une dose biologique équivalente de plus de 100 Gy à l’isocentre était prédictive d’un meilleur taux de contrôle local (8,1 % de rechutes locales contre 26,4 % pour des cibles recevant une BED de moins de 100 Gy) [45]. Wulf et al. ont conclu que la probabilité de 50 % de contrôle local correspondait à une dose biologique équivalente de 94 Gy à l’isocentre et 50 Gy aux marges du volume cible prévisionnel (planning target volume ou PTV) avec une augmentation rapide de cette probabilité de contrôle local pour des doses plus élevées. Ils ont ainsi rapporté que pour certains schémas de fractionnement, comme celui de 54 Gy en trois fractions de l’étude 0236 du RTOG, utilisé pour les cancers bronchiques non à petites cellules, lorsqu’on délivre une dose biologique équivalente supérieure à 150 Gy à l’isocentre, la probabilité de contrôle local était supérieure à 90 % [46]. 355 M. Hatime et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 Tableau 2 Indication de la stéréotaxie pulmonaire (dose prescrite selon la localisation) [20]. Taille tumorale Localisation Dose Dose biologique (Gy) T1 (< 3 cm) T2 (3–7 cm) T1-2 Sans contact ou contact minimal avec la paroi thoracique Avec contact avec la paroi thoracique Localisation centrale (contact avec l’artère pulmonaire ou la moelle épinière) 20 Gy × 3 12 Gy × 5 7,5 Gy × 8 180 132 105 Tableau 3 Critères de sélection des patients relevant d’une indication de radiothérapie stéréotaxique pour oligométastases [5]. Patient Indice de performance élevé Tumeur Tumeur primitive : absente ou contrôlée Taille de lésion métastatique < 5 cm et moins de 4 métastases Idéalement à partir d’une tumeur primitive du côlon, sein, sarcome ou rénale Tumeurs bien délimitée, sans risque important de propagation occulte Imagerie Tumeur identifiable sur l’imagerie initiale ou suite à une fusion d’image Dosimétrie Contraintes de dose de contrainte respectées (surtout organes en série) La dose doit être focalisée sur la tumeur avec chute rapide du gradient de dose dans toutes les directions Si possible, éviter d’irradier les organes creux (par exemple : bronche) 9. Critères de sélection des patients traités par irradiation stéréotaxique L’objectif principal de la radiothérapie stéréotaxique est de parvenir à obtenir la destruction définitive de la cible tumorale, donc d’assurer le contrôle local de la maladie. Cet objectif dépend, chez un patient donné atteint d’une maladie métastatique, de son indice de performance, du diagnostic anatomopathologique, de l’étendue de la maladie, de l’âge et des « comorbidités ». En général, l’indication de radiothérapie stéréotaxique pour les oligométastases devrait suivre la même logique que celles de la métastasectomie chirurgicale [47,48]. Pour améliorer la probabilité de survie, le traitement serait probablement plus bénéfique chez des patients atteints d’une tumeur primitive contrôlée, d’une maladie métastatique limitée et métachrone, d’une tumeur primitive comme celles de l’adénocarcinome colique ou rénal et les sarcomes, chez un patient jeune dont l’indice de performance est le plus haut possible. On peut considérer que tout patient atteint de maladie métastatique pouvant bénéficier d’un allongement de la survie, et pas seulement d’une amélioration de la qualité de vie, devrait être traité « à visée curative ». Par conséquent, il faudrait s’assurer que la dégradation éventuellement observée de l’état général du patient est liée à cette métastase et que le contrôle de celle-ci améliorera sa qualité de vie. En outre, les effets secondaires du traitement devraient être minimes afin d’éviter d’aggraver l’état général du patient. De ce fait, les patients fragiles ou souffrant d’une maladie métastatique multisites relèvent rarement d’une indication de radiothérapie stéréotaxique (Tableau 3). 10. Définitions de la cible et de la marge La définition de la cible (volume tumoral macroscopique, GTV) repose sur différentes techniques d’acquisition d’image, notamment la scanographie, et la TEP, qui permet une meilleure précision dans la délinéation [11,49]. La localisation de la cible durant la radiothérapie est sujette à plusieurs incertitudes qui découlent soit d’une atteinte infraclinique trop subtile pour être identifiable à l’aide de l’imagerie disponible au moment de la planification de traitement, soit des mouvements des organes liés à la respiration et au rythme cardiaque, soit de l’installation du patient en cours du traitement. 11. Planification du traitement Le développement rapide des technologies d’imagerie a permis l’incorporation de l’effet des mouvements d’organes dans le traitement en se basant essentiellement sur les techniques d’asservissement respiratoire. Les images associées sélectionnées sur une phase du cycle respiratoire peuvent alors être utilisées pour la planification du traitement en déterminant la marge du volume cible interne (ITV) [11,49]. 12. Technique de repositionnement Outre l’utilisation de ces différentes techniques de simulation, l’avènement de la radiothérapie guidée par l’image a été d’une aide précieuse pour pouvoir réduire au maximum les marges de risque lors d’une irradiation stéréotaxique (volume cible prévisionnel). Ainsi, le guidage par l’image permet de corriger les incertitudes de repositionnement de façon optimale, assurant dans ce cas une dose totale reçue par la tumeur avec une marge en général de 3 mm tout en épargnant les tissus sains. La technique d’imagerie embarquée est actuellement indispensable pour la réalisation d’une radiothérapie stéréotaxique, la plus fréquemment utilisée est la tomographie conique (cone beam CT), consistant en la réalisation d’images tomodensitométriques avant traitement du patient. L’intégration à un dispositif d’asservissement respiratoire (quadridimensionnel) est possible. Le système Exactrac® ne nécessite pas d’appareil de traitement spécifique, intégrant la prise de clichés radiologiques par deux sources externes à l’appareil de traitement [11,15]. 13. Oligométastases et nature de la tumeur primitive L’étude prospective de Milano et al. a inclus sur 121 patients atteints de cinq métastases au plus, de différentes origines, traitées dans un but curatif, la majorité par une irradiation stéréotaxique de 50 Gy en dix fractions [10]. Un tiers des patients traités par irradiation stéréotaxique ont une prolongation de leur survie globale avec une durée médiane de survie globale de 24 mois et une durée moyenne de survie sans progression de 11 mois. Les taux de survie globale à deux ans et à quatre ans étaient respectivement de 50 % et 28 % et ceux de survie sans progression de 26 % et 20 %. L’analyse multifactorielle de cette étude a objectivé que les taux de survie globale et de contrôle local variaient en fonction de la nature de la tumeur primitive après radiothérapie stéréotaxique sur les métastases, détectées sur l’un des trois sites, os, poumon ou foie. Ainsi, après deux ans de suivi, ces taux étaient respectivement de 74 % et 87 % chez des patients atteints de cancer du sein initialement et après six ans ils étaient de 47 % et 87 % respectivement, alors que pour les autres sites primitifs ils étaient de 39 % et 74 % après de deux ans et de 9 % et 65 % après six ans. Cependant, il a été montré une différence significative entre la réponse au traitement par irradiation stéréotaxique pour les métastases osseuses et pulmonaires en fonction du site primitif de la tumeur. Les métastases osseuses s’avéraient répondre mieux au traitement en cas de cancer 356 M. Hatime et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 du sein qu’en cas d’autre cancer primitif (28 % contre 5 %, p = 0,0003) contrairement aux métastases pulmonaires, qui répondaient moins bien au traitement quand il s’agissait de cancer du sein primitif que d’un autre cancer primitif (28 % contre 48 %, p = 0,044). Parmi les 17 métastases osseuses irradiées, aucune rechute n’a pu être détectée en cas de cancer du sein, alors que dix récidives sont survenues parmi les 68 métastases en cas d’autre cancer primitif (p = 0,095). Cette étude a aussi permis de sélectionner les cas de bonne réponse à la radiothérapie stéréotaxique (taux de survie significativement meilleur), selon que les métastases répondaient bien ou non au traitement systémique avant radiothérapie stéréotaxique [10]. La méta-analyse de Siva et al. a très bien décrit les différents types de tumeurs primitives et les résultats variables selon ces types [11]. Au total, la radiothérapie stéréotaxique permet d’obtenir un taux élevé de contrôle local, mais en l’absence de résultats des études randomisées en cours, il est difficile de parler de résultats en termes de taux de survie, et d’avantage prouvé par rapport à la chirurgie, qui s’adresse à des patients bien souvent en meilleur état général et atteints de moins de « comorbidités ». L’analyse de la littérature montre qu’il n’existe pas de consensus concernant les techniques de traitement par irradiation stéréotaxique, le fractionnement ni la dose totale à utiliser. Une dose biologiquement supérieure à 100 Gy délivrée à l’isocentre donne des résultats significativement supérieurs, ce qui redémontre, à nouveau, l’effet dose en radiothérapie [11]. L’influence du volume tumoral sur les résultats est difficile à analyser, la toxicité a été bien analysée dans plusieurs séries, elle est faible mais inconnue jusqu’alors avec la radiothérapie à doses classiques, comme les fractures de cotes ou les douleurs pariétales. Une difficulté majeure est représentée par l’évaluation de la réponse, comme toujours en cancérologie pulmonaire, majorée du fait que la zone irradiée est plus large que la tumeur elle-même et peut amener un radiologue novice à conclure à une progression s’il s’arrête à la simple comparaison de la taille de la tumeur initiale et de la taille de la zone irradiée. C’est un écueil qu’il faut éviter, les oncologues radiothérapeutes doivent expliquer ce point à leurs collègues radiologues et redresser si besoin des conclusions erronées, sources de conséquences thérapeutiques inappropriées. Le rôle de la tomographie par émission de positons (TEP) au (18 F)-fluorodésoxyglucose (FDG) dans l’évaluation de la réponse n’est pas encore clair car le métabolisme des tissus normaux inflammatoires gêne son interprétation, surtout elle est réalisée au-delà des six semaines suivant la radiothérapie. Henderson et al. ont signalé que plus que la moitié des 14 patients traités par irradiation stéréotaxique pulmonaire ont gardé une activité modérée sur la TEP au FDG 12 mois après la fin de la radiothérapie, alors qu’il n’y a eu aucune rechute locale [50]. Les nouveaux traceurs (prolifération cellulaire, hypoxie tumorale, mode d’action de la chimiothérapie ciblée) devraient permettre une meilleure évaluation de la réponse et de la récidive [51]. La qualité de vie est un enjeu majeur pour les patients, il n’existe encore que peu d’études analysant ce paramètre après irradiation stéréotaxique, Lagerwaard et al. ont comparé la qualité de vie chez 382 patients avant et après radiothérapie stéréotaxique pulmonaire. Aucune détérioration cliniquement significative selon les échelles de qualité de vie trois, six, 12, 18 et 24 mois après la radiothérapie stéréotaxique n’a été observée [52]. Cet aspect de la prise en charge de nos patients est majeur, car il représentera un élément fondamental et robuste pour le choix des patients, et pour la préférence à donner à ce traitement ou à la chirurgie, lors des réunions de concertation pluridisciplinaire par exemple. On voit donc que ce traitement, s’il donne d’excellents résultats, ouvre la voie à de nombreuses questions qui devront trouver réponse au travers d’études bien menées qu’il faut s’attacher à mettre en place dès aujourd’hui. La maladie oligométastatique est un concept nouveau, qui permet d’apporter à une catégorie de patients une chance de survie plus longue, dans de bonnes conditions. Ce concept bénéficie largement de l’avancée technologique en radiothérapie, et mérite d’être développé et largement proposé à une population grandissante de patients pouvant aussi bénéficier, parallèlement, d’avancées marquées dans d’autres domaines (thérapies ciblées, radiologie interventionnelle, chirurgie moins invasive. . .). Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Hellman S, Weichselbaum RR. Oligometastases. J Clin Oncol 1995;13:8–10. [2] Nagata Y, Negoro Y, Aoki T, Mizowaki T, Takayama K, Kokubo M, et al. Clinical outcomes of 3D conformal hypofractionated single high-dose radiotherapy for one or two lung tumors using a stereotactic body frame. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;52:1041–6. [3] Norihisa Y, Nagata Y, Takayama K, Matsuo Y, Sakamoto T, Sakamoto M, et al. Stereotactic body radiotherapy for oligometastatic lung tumors. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:398–403. [4] Lee SW, Choi EK, Park HJ, Ahn SD, Kim JH, Kim KJ, et al. Stereotactic body frame based fractionated radiosurgery on consecutive days for primary or metastatic tumors in the lung. Lung Cancer 2003;40:309–15. [5] Wulf J, Haedinger U, Oppitz U, Thiele W, Mueller G, Flentje M. Stereotactic radiotherapy for primary lung cancer and pulmonary metastases: a noninvasive treatment approach in medically inoperable patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:186–96. [6] Zimmermann FB, Geinitz H, Schill S, Grosu A, Schratzenstaller U, Molls M, et al. Stereotactic hypo-fractionated radiation therapy for stage I non-small cell lung cancer. Lung Cancer 2005;48:107–14. [7] Niibe Y, Hayakawa K. Oligometastases and oligo-recurrence: the new era of cancer therapy. Jpn J Clin Oncol 2010;40:107–11. [8] Baumann P, Nyman J, Hoyer M, Wennberg B, Gagliardi G, Lax I, et al. Outcome in a prospective phase II trial of medically inoperable stage I non-small-cell lung cancer in patients treated with stereotactic body radiotherapy. J Clin Oncol 2009;27:3290–6. [9] Schefter TE, kavanagh BD, Raben D. A phase I/II trial of stereotactic body radiation therapy (SBRT) for lung metastases: initial report of dose escalation and early toxicity. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:120–7. [10] Milano MT, Philip A, Okunieff P. Analysis of patients with oligometastases undergoing two or more curative-intent stereotactic radiotherapy courses. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:832–7. [11] Siva S, MacManus M, Ball D. Stereotactic radiotherapy for pulmonary oligometastases. A systematic review. J Thorac Oncol 2010;5:1091–9. [12] Ricardi U, Filippi AR, Guarneri A, Ragona R, Mantovani C, Giglioli F, et al. Stereotactic body radiation therapy for lung metastases. Lung Cancer 2012;75:77–81. [13] Guckenberger M, Heilman K, Wulf J, Mueller G, Beckmann G, Flentje M. Pulmonary injury and tumor response after stereotactic body radiotherapy (SBRT): results of a serial follow-up CT study. Radiother Oncol 2007;85:435–42. [14] Nagata Y, Takayama K, Matsuo Y, Norihisa Y, Mizowaki T, Sakamoto T, et al. Clinical outcomes of a phase I/II study of 48 Gy of stereotactic body radiotherapy in 4 fractions for primary lung cancer using a stereotactic body frame. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:1427–31. [15] Girard N, Mornex F. Radiothérapie stéréotaxique des cancers bronchopulmonaires non à petites cellules : d’un concept à une réalité clinique. Actualités en 2011. Cancer Radiother 2011;15:522–6. [16] Fritz P, Kraus HJ, Mühlnickel W, Hammer U, Dölken W, Engel-Riedel W, et al. Stereotactic, single-dose irradiation of stage I non-small cell lung cancer and lung metastases. Radiat Oncol 2006;1:30. [17] Rusthoven KE, Kavanagh BD, Burri SH, Chen C, Cardenes H, Chidel MA, et al. Multi-institutional phase I/II Trial of stereotactic body radiation therapy for lung metastases. J Clin Oncol 2009;27:1579–84. [18] Haasbeek CJ, Lagerwaard FJ, Slotman B, Senan S. Late outcomes of stereotactic ablative radiotherapy (SABR) for centrally located stage I lung cancer. J Thorac Oncol 2011;6:S542. [19] Palma D, Lagerwaard FJ, Rodrigues G, Haasbeek CJ, Senan S. Curative treatment of stage I non-small cell Lung cancer in patients with severe COPD: stereo-tactic radiotherapy outcomes and systematic review. J Thorac Oncol 2011;6:S384. [20] Lagerwaard FJ, Verstegen NE, Haasbeek CJ, Slotman B, Paul MA, Smit EF, et al. Stereotactic ablative radiotherapy (SABR) in potentially operable stage I nonsmall cell lung cancer patients. J Thorac Oncol 2011;6:S278. [21] Okunieff P, Petersen AL, Philip A, Milano MT, Katz AW, Boros L, et al. Stereotactic Body Radiation Therapy (SBRT) for lung metastases. Acta Oncol 2006;45:808–17. [22] Ernst-Stecken A, Lambrecht U, Mueller R, Sauer R, Grabenbauer G. Hypofractionated stereotactic radiotherapy for primary and secondary intrapulmonary tumors. Strahlenther Onkol 2006;182:696–702. [23] Kimura T, Matsuura K, Murakami Y, Hashimoto Y, Kenjo M, Kaneyasu Y, et al. CT appearance of radiation injury of the lung and clinical symptoms after stereo-tactic body radiation therapy (SBRT) for lung cancers: are patients with M. Hatime et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 351–357 [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] pulmonary emphysema also candidates for SBRT for lung cancers? Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:483–91. Timmerman R, McGarry R, Yiannoutsos C., Papiez L, Tudor K, DeLuca J, et al. Excessive toxicity when treating central tumors in a phase II study of stereotactic body radiation therapy for medically inoperable early-stage lung cancer. J Clin Oncol 2006;24:4833–9. Takeda A, Kunieda E, Takeda T, Tanaka M, Sanuki N, Fujii H, et al. Possible misinterpretation of demarcated solid patterns of radiation fibrosis on CT scans as tumor recurrence in patients receiving hypofractionated stereotactic radiotherapy for lung cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:1057–65. Xia T, Li H, Sun Q, Wang Y, Fan N, Yu Y, et al. Promising clinical outcome of stereotactic body radiation therapy for patients with inoperable Stage I/II nonsmall-cell lung cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:117–25. Onimaru R, Fujino M, Yamazaki K, Onodera Y, Taguchi H, Katoh N, et al. Steep dose response relationship for stage I non-small-cell lung cancer using hypofractionated high-dose irradiation by real-time tumor-tracking radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:374–81. Yamashita H, Nakagawa K, Nakamura N, Koyanagi H, Tago M, Igaki H, et al. Exceptionally high incidence of symptomatic grade 2-5 radiation pneumonitis after stereotactic radiation therapy for lung tumors. Radiat Oncol 2007;2: 21. Blomgren H, Lax I, Goranson H. Radiosurgery for tumors in the body. Clinical experience using a new method. J Radiosurg 1998;1:63–74. Song DY, Benedict SH, Cardinale RM, Chung TD, Chang MG, Schmidt-Ullrich RK. Stereotactic body radiation therapy of lung tumors: preliminary experience using normal tissue complication probability-based dose limits. Am J Clin Oncol 2005;28:591–6. Wul FJ, Hadinger U, Oppitz U, Thiele W, Ness-Dourdoumas R, Flentje M. Stereotactic radiotherapy of targets in the lung and liver. Strahlenther Onkol 2001;177:645–55. Timmerman R, McGarry R, Yiannoutsos C, Papiez L, Tudor K, DeLuca J, et al. Excessive toxicity when treating central tumors in a phase II study of stereotactic body radiation therapy for medically inoperable early-stage lung cancer. J Clin Oncol 2006;24:4833–9. Uematsu M, Fukui T, Tahara K, Sato N, Shiota A, Wong J. Long-term results of computed tomography guided hypofractionated stereotactic radiotherapy for stage I non-small cell lung cancers [abstract]. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:S36. Joyner M, Salter BJ, Papanikolaou N, Fuss M. Stereotactic body radiation therapy for centrally located lung lesions. Acta Oncol 2006;45:802–7. Zimmermann FB, Geinitz H, Schill S, Thamm R, Nieder C, Schratzenstaller U, et al. Stereotactic hypofractionated radiotherapy in stage I (T1-2 N0 M0) nonsmall-cell lung cancer (NSCLC). Acta Oncol 2006;45:796–801. Chang JY, Balter P, Dong L, Bucci MK, Liao Z, Jeter MD, et al. Early results of stereotactic body radiation therapy (SBRT) in centrally/superiorly located stage I or isolated recurrent NSCLC [abstract]. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72: S463. Forquer JA, Fakiris AJ, Timmerman RD, Lo SS, Perkins SM, McGarry RC, et al. Brachial plexopathy (BP) from stereotactic body radiotherapy (SBRT) in earlystage NSCLC: dose limiting toxicity in apical tumor sites [abstract]. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:S36–7. De Ruysscher D, Faivre-Finn C, Nestle U, Hurkmans CW, Le Péchoux C, Price A, et al. European organisation for research and treatment of cancer [39] [40] [41] [42] [43] [44] [45] [46] [47] [48] [49] [50] [51] [52] [53] [54] 357 recommendations for planning and delivery of high-dose, high-precision radiotherapy for lung cancer. J Clin Oncol 2010;28:5301–10. Rosenzweig K. Normal tissue constraints for SBRT. J Thoracic Oncol 2011;6:S85 [abstract]. Timmerman R, Papiez L, McGarry R, Likes L, DesRosiers C, Frost S, et al. Extracranial stereotactic radioablation: results of a phase I study in medically inoperable stage I non-small cell lung cancer. Chest 2003;124:1946. Brown WT, Wu X, Fayad F, Fowler JF, Amendola BE, Garcia S, et al. CyberKnife radiosurgery for stage I lung cancer: results at 36 months. Clin Lung Cancer 2007;8:488. Le QT, Loo BW, Ho A, Cotrutz C, Koong AC, Wakelee H, et al. Results of a phase I dose-escalation study using single-fraction stereotactic radiotherapy for lung tumors. J Thorac Oncol 2006;1:802–9. McGarry RC, Papiez L, Williams M, Whitford T, Timmerman RD. Stereotactic body radiation therapy of early-stage non-small-cell lung carcinoma: phase I study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:1010–5. Haasbeek CJ, Lagerwaard FJ, Antonisse ME, Slotman BJ, Senan S. Stage I nonsmall cell lung cancer in patients aged 75 years: outcomes after stereotactic radiotherapy. Cancer 2010;116:406. Onishi H, Araki T, Shirato H, Nagata Y, Hiraoka M, Gomi K, et al. Stereotactic hypofractionated high-dose irradiation for stage I non-small cell lung carcinoma: clinical outcomes in 245 subjects in a Japanese multi-institutional study. Cancer 2004;101:1623–31. Wulf J, Baier K, Mueller G, et al. Dose-response in stereotactic irradiation of lung tumors. Radiother Oncol 2005;77:83–7. Pastorino U, Buyse M, Friedel G, Ginsberg R, Girard P, Goldstraw P, et al. Longterm results of lung metastasectomy: prognositic analyses based on 5206 cases. J Thorac Cardiovasc Surg 1997;113:37–49. Kavanagh BD, McGarry RC, Timmerman RD. Extracranial radiosurgery (Stereotactic Body Radiation Therapy) for oligometastases. Semin Radiat Oncol 2006;16:77–84. Yin FF, Das S, Kirkpatrick J, Oldham M, Wang Z, Zhou SM. Physics and imaging for targeting of oligometastases. Semin Radiat Oncol 2006;16:85–101. Henderson MA, Hoopes DJ, Fletcher JW, Lin PF, Tann M, Yiannoutsos CT, et al. A pilot trial of serial 18f-fluorodeoxyglucose positron emission tomography in patients with medically inoperable stage I non-small-cell lung cancer treated with hypofractionated stereotactic body radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:789–95. Vera P, Bohn P, Edet-Sanson A, Salles A, Hapdey S, Gardin I, et al. Simultaneous positron emission tomography (PET) assessment of metabolism with 18F-fluoro-2-deoxy-d-glucose (FDG), proliferation with 18F-fluoro-thymidine (FLT), and hypoxia with 18fluoro-misonidazole (F-miso) before and during radiotherapy in patients with non-small-cell lung cancer (NSCLC): a pilot study. Radiother Oncol 2011;98:109–16. Lagerwaard FJ, Aaronson NK, Gundy CM, Haasbeek CJ, Slotman BJ, Senan S. Patient-reported quality of life after stereotactic ablative radiotherapy for early-stage lung cancer. J Thorac Oncol 2012;7:1148–54. Blomgren H, Lax I, Näslund I, Svanström R. Stereotactic high dose fraction radiation therapy of extracranial tumors using an accelerator: clinical experience of the first thirty-one patients. Acta Oncol 1995;34:861–70. Uematsu M, Shioda A, Tahara K, Fukui T, Yamamoto F, Tsumatori G, et al. Focal, high dose, and fractionated modified stereotactic radiation therapy for lung carcinoma patients: a preliminary experience. Cancer 1998;82:1062–70. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 358–363 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Mucites radio-induites buccopharyngées : actualités sur la prise en charge Radio-induced oral and pharyngeal mucositis: Management updates É. Caillot a,∗ , F. Denis b a b Service de radiothérapie, CHU de Poitiers, 2, rue de la Milétrie, 86000 Poitiers, France Centre Jean-Bernard, 9, rue Beauverger, 72000 Le Mans, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 16 avril 2012 Reçu sous la forme révisée le 24 avril 2012 Accepté le 23 mai 2012 Disponible sur Internet le 28 juillet 2012 Mots clés : Mucite buccale Laser basse énergie Radiothérapie Cancer des voies aérodigestives r é s u m é La mucite est une complication majeure induite par la radiothérapie et/ou la chimiothérapie dans le traitement des cancers des voies aérodigestives supérieures. Cette toxicité a un fort retentissement sur la qualité de vie des patients, ainsi que sur la réalisation optimale des traitements qui leur sont proposés. La physiopathologie, les facteurs de risque, l’incidence et les conséquences de la mucite sont abordés dans cette revue. Si sa prise en charge est avant tout symptomatique – prescription d’un traitement antalgique et support nutritionnel – depuis quelques années plusieurs études ont révélé que l’utilisation du laser basse énergie était particulièrement intéressante dans la prévention et le traitement des mucites radioet/ou chimio-induites. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: Oral mucositis Low level energy laser Head and neck cancer Mucositis is a major side effect induced by radiotherapy and/or chemotherapy of head and neck cancer. This toxicity impacts patient’s quality of life and may compromise optimal treatments. Pathophysiology, risk factors, incidence and consequences of mucositis will be discussed in this review. Its management remains principally supportive (pain medication and nutritionnal support); however, in recent years several studies have revealed that the use of low level energy laser is particularly useful in the prevention and treatment of chemo- and radio-induced mucositis. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction La radiothérapie, exclusive ou postopératoire, occupe une place fondamentale dans le traitement des cancers des voies aérodigestives supérieures. La tendance actuelle est à une intensification thérapeutique avec l’association concomitante de chimio- et/ou biothérapie et de la radiothérapie. Ces nouvelles stratégies, dans une optique curative, se traduisent par une amélioration de la probabilité de survie globale, mais aussi d’une augmentation significative de la toxicité aiguë, en particulier les mucites oropharyngées [1,2]. La mucite oropharyngée est une complication fréquente des radiothérapies et/ou chimiothérapies des cancers oropharyngés ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (É. Caillot). (36 à 100 % en cas d’association thérapeutique [3]). Son impact est majeur en termes de morbidité liée au traitement. Cette toxicité altère significativement la qualité de vie des patients et constitue un motif fréquent de recours aux antalgiques opioïdes, d’hospitalisation et de support nutritionnel par sonde. À son paroxysme, elle peut constituer un motif d’interruption des traitements, altérant de façon majeure les résultats en termes de contrôle tumoral [4], grevant le pronostic vital. La prise en charge de la mucite, dans un souci d’optimisation thérapeutique, est une préoccupation majeure des professionnels qui fait l’objet de recommandations internationales comme celles du groupe Mucites Multinational Association of Supportive Care in Cancer/International Society for Oral Oncology (MASCC/ISOO) [5]. L’intensification des traitements oncologiques proposés dans un but d’amélioration de la survie des patients atteints de cancer ORL évolué [6] doit s’accompagner de mesures préventives et thérapeutiques pour pallier aux effets délétères des mucites aiguës. 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.005 É. Caillot, F. Denis / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 358–363 359 Les radicaux libres ont deux actions : directe par dommage direct sur les cellules, tissus et vaisseaux ; indirecte par l’activation de facteurs de transcription. 3.2. Potentialisation et production de médiateurs actifs Fig. 1. Mucite radio-induite affectant la muqueuse buccale et la partie latérale de la langue. Dans ce contexte, le développement de l’usage du laser basse énergie pourrait apporter une aide précieuse pour soulager cette toxicité aiguë et mener le traitement à son terme [7]. 2. Définition La mucite radio-induite (comme la mucite chimio-induite) est définie comme l’altération non seulement de l’épithélium, mais aussi de l’ensemble de la muqueuse et du tissu conjonctif sousjacent, se traduisant par l’apparition d’une ulcération. La phase de cicatrisation est caractérisée par l’apparition d’un infiltrat de cellules inflammatoires, avec exsudat interstitiel, fibrine et débris cellulaires, produisant une pseudomembrane qui, lorsqu’elle est hydratée par la salive, peut prendre une couleur blanche ou opalescente (Fig. 1), alors qu’une infection en surface peut la faire apparaître jaune ou verdâtre. Il est facile, dans ce cas, de la confondre avec une infection à Candida, d’autant qu’un ulcère dû à une mucite radio-induite peut être surinfecté à Candida [8]. Alors que l’ulcère s’élargit, il se connecte aux ulcères adjacents, produisant un aspect de pseudomembranes confluentes. La régénération des cellules entraîne une réépithélialisation et la résolution de l’ulcère ; mais les processus de cicatrisation seront d’autant plus longs et difficiles qu’il existe une surinfection et que l’ulcère est large et profond. Lorsque l’ulcère est très profond, la cicatrisation peut se faire en un tissu de granulome. En fonction de la gravité de la mucite précoce, la muqueuse résultante, à distance de la radiothérapie, peut apparaître quasiment normale, mais le plus souvent, elle est plus pâle, atrophique ; parfois même, la cicatrisation ne se fait pas, ce qui peut entraîner une radionécrose muqueuse. 3. Physiopathologie En raison de leur pouvoir mitotique rapide, les cellules de la muqueuse buccale sont des cibles naturelles des agents cytotoxiques produits par les traitements anticancéreux. Des progrès ont été réalisés ces dernières années dans la compréhension de la physiopathologie conduisant aux mucites. L’American Cancer Society a proposé un schéma d’évolution de la radiomucite en cinq phases : initialisation, potentialisation, amplification du signal, ulcération avec inflammation et enfin cicatrisation [9]. 3.1. Initialisation Les traitements oncologiques, chimiothérapies et radiothérapies, génèrent des radicaux libres (reactive oxygen species, ou ROS). L’apoptose cellulaire est déclenchée directement par les radicaux libres du fait des dommages à l’ADN qu’ils entraînent. Par ailleurs, l’activation indirecte de facteurs de transcription, tels que le NFb, déclenche une cascade de réactions cellulaires. En effet, NFb est responsable de l’activation de nombreux gènes qui produisent le tumor necrosis factor ␣ (TNF␣), l’interleukine 1b (IL1b), l’IL6. Ces cytokines entraînent des dommages tissulaires et l’apoptose. NFb active également la voie de la cyclo-oxygénase 2 (COX 2) et donc l’angiogenèse. NFb n’est pas la seule voie de destruction cellulaire ; les radicaux libres activent aussi la sphingomyélinase et la céramide synthase, entraînant l’apoptose. Par ailleurs, la lyse de fibronectine provenant du tissu conjonctif entraîne une activation macrophagique induisant la production d’une métalloprotéinase de la matrice et donc des dommages cellulaires, puis à nouveau l’activation du TNF␣. Tous ces phénomènes aboutissent à une formation et à une potentialisation de médiateurs à l’origine de dommages tissulaires complexes à tous les niveaux de la muqueuse [10]. 3.3. Signal et amplification Une série de rétrocontrôles positifs médiés par les cytokines, tels que le TNF␣, active de nombreuses voies, telles que les voies de la céramide et de la caspase, entretenant la production de TNF␣, d’IL1b et d’IL6. Il se produit par conséquent une véritable accélération et amplification du processus biologique au sein du tissu conduisant à l’ulcération. 3.4. Ulcération La colonisation bactérienne du tissu ulcéré et l’activation macrophagique qui en résulte augmentent la production de TNF␣, d’IL1b et d’IL6. L’amplification de ces cytokines est responsable de l’inflammation et des douleurs. Les bactéries entraînent des dommages directs sur les cellules, et chez les patients immunodéprimés ou en cours de chimiothérapie concomitante, augmentent le risque infectieux et le risque de septicémie. La modification de la composition et de la quantité de salive semble potentialiser la cytotoxicité et diminuer la capacité des tissus à cicatriser [11]. 3.5. Cicatrisation Les phénomènes de cicatrisation semblent débuter par un signal venant de la matrice extracellulaire entraînant une prolifération, une différenciation épithéliale et le rétablissement de la flore microbienne locale. Après la phase de cicatrisation, la muqueuse apparaît normale, mais ce n’est qu’une apparence : elle a été altérée de façon significative et il persiste une néovascularisation résiduelle ; elle est plus fragile et sensible aux agressions cytotoxiques, elle est donc à risque plus élevé de mucite grave pour des épisodes futurs. 4. Prévalence et facteurs de risque Selon le Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) et le National Cancer Institute (NCI), la toxicité aiguë de la radiothérapie est celle qui survient dans les 90 jours suivant le début de l’irradiation [12]. Le développement des mucites dépend de plusieurs facteurs liés aux thérapeutiques et aux caractéristiques du patient. 360 É. Caillot, F. Denis / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 358–363 Tableau 1 Classification des mucites radio-induites. 6.1. Conséquences cliniques Classification du NCI-CTC (et du RTOG) Classification de l’OMS Grade 0 Grade 1 Pas de mucite Érythème de la muqueuse Grade 2 Plaques pseudomembraneuses de moins de 1,5 cm et non confluentes Plaques pseudomembraneuses confluentes de plus de 1,5 cm Ulcération avec nécrose Pas de mucite Érythème, sensation désagréable (douleur) Érythème, ulcères, alimentation solide possible Grade 3 Grade 4 Ulcères, alimentation liquide uniquement possible Alimentation per os impossible, alimentation entérale ou parentérale obligatoire NCI-CTC : National Cancer Institute: Common Toxicity Criteria ; RTOG : Radiation Therapy Oncology Group ; OMS : Organisation mondiale de la santé. La prévalence peut aller jusqu’à 100 % en cas de chimioradiothérapie concomitante [13]. Certains facteurs ont été identifiés quand d’autres restent obscurs [14]. La nature des traitements systémiques associés à l’irradiation, leur dose et le programme d’administration conditionnent le risque de mucite. Les modalités d’irradiation, le volume irradié, la dose par séance et la dose totale, et l’utilisation de chimiothérapies concomitantes influencent aussi le risque de toxicité [15]. Des études ont suggéré que le risque de toxicité serait en partie déterminé par l’âge, l’indice de masse corporelle, le genre [16], l’altération de la production salivaire. La tumeur elle-même comme les « comorbidités » (diabète, insuffisance rénale) ont un impact sur le risque de mucite. Le tabagisme associé à une radiothérapie augmente significativement l’intensité des mucites radio-induites [17]. Il semble de plus en plus clair qu’il existe des déterminants génétiques à l’apparition de mucites. En effet, des polymorphismes génétiques ont été identifiés, associés au métabolisme de certains agents cytotoxiques. Un polymorphisme du gène codant un médiateur inflammatoire tel que TNF␣ est impliqué dans le risque de mucite chez les patients receveurs d’une greffe de cellules souches [18]. Par conséquent, l’étude du rôle des cytokines impliquées dans les mucites peut être d’un grand intérêt en thérapeutique. La flore buccale est considérée comme jouant un rôle secondaire dans la physiopathologie des mucites. Toutefois, la colonisation bactérienne augmente la sévérité des mucites et retarde la cicatrisation. 5. Évaluation L’évaluation clinique de la sévérité des mucites est standardisée par des classifications validées [19,20]. Il est nécessaire, en effet, pour pouvoir mener des études cliniques fiables et comparables, de classer en différents stades de sévérité l’atteinte tissulaire observable cliniquement et de créer des échelles reproductibles, adaptées à l’évolution de cette complication. Deux classifications apparaissent comme les plus utilisées par les professionnels (Tableau 1) : • la classification du National Cancer Institute: Common Toxicity Criteria (NCI-CTC), validée par le RTOG ; • la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 6. Conséquences La mucite a des conséquences cliniques et économiques [21]. Les symptômes de la mucite sont multiples : douleurs, brûlures, gêne gingivale, difficultés d’alimentation, altération du goût [22]. La mucite détruit l’épithélium buccal et inhibe son renouvellement aboutissant à une atrophie épithéliale qui facilite l’adhésion et l’invasion de Candida albicans [23]. Associée à cela, la radiothérapie externe est responsable d’une hyposialie voire d’une asialie débutante aux alentours de la troisième semaine de traitement. Or, le flux salivaire et la composition même de la salive jouent un rôle prépondérant dans la lutte contre la candidose oropharyngée. La radiothérapie externe est également fréquemment associée à la chimiothérapie qui peut être responsable d’une baisse de l’immunité et qui est souvent source d’une antibiothérapie, cette dernière peut être la cause d’une destruction de la flore buccale et donc faciliter la colonisation par C. albicans. Il existe un risque d’extension systémique de la levure alors responsable d’une septicémie pouvant conduire à un sepsis sévère voire à un choc septique et aboutir au décès. 6.2. Conséquences économiques Une mucite de grade 3–4 augmente significativement le risque de douleur sévère (54 % contre 6 % ; p < 0,001) et la perte de poids de plus de 5 kg (60 % contre 17 % ; p < 0,001) par rapport à une mucite de grade 1–2 [24]. L’altération de l’indice de performance selon l’OMS et les difficultés alimentaires significativement diminuées dans les stades sévères sont à l’origine d’hospitalisations. Ces soins de support augmentent le coût de la prise en charge globale du patient et ce de manière proportionnelle à la sévérité de la mucite. 7. Prise en charge 7.1. Traitement préventif Différentes interventions thérapeutiques ont montré un bénéfice dans la prévention et le contrôle de la sévérité des mucites associé aux traitements oncologiques [25]. Leur niveau de preuve variable implique que le bénéfice pourrait être spécifique selon le type de cancer et le type de traitement. D’autres études avec un nombre suffisant de patients sont nécessaires afin d’établir des recommandations selon la pathologie et le traitement. En pratique, la cryothérapie et les facteurs de croissance kératinocytaires ont fait la preuve de leur efficacité dans la prévention des mucites. La cryothérapie est indiquée chez les patients qui reçoivent un bolus de chimiothérapie à courte demi-vie (5-fluoro-uracile ou melphalan) [26]. Le palifermin (Kepivance® ), une protéine analogue au facteur de croissance des kératinocytes naturels (KGF), obtenue par biotechnologie, a fourni des résultats intéressants dans la prise en charge des mucites sévères liées aux traitements de conditionnement réalisés avant les greffes de cellules souches hématopoïétiques [27] ainsi que chez les patients traités par 5-fluoro-uracile pour un cancer colorectal métastatique [28]. Ce produit injectable est en cours d’évaluation pour les mucites liées aux traitements des cancers buccaux. Le niveau de preuve est plus faible quant au bénéfice de l’aloe vera, de l’amifostine, de la supplémentation en glutamine intraveineuse, des facteurs de croissance granulocytaires, du miel, du laser, des antibiotiques [29] et du sucralfate. Il n’y a pas de preuve que la chlorhexidine soit plus efficace qu’un placebo, celle-ci ne doit pas être utilisée comme traitement préventif [30]. É. Caillot, F. Denis / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 358–363 361 Fig. 2. Laser de basse énergie intrabuccal. 7.1.1. Modalité de la radiothérapie L’accélération, l’hyperfractionnement [31] et la dose totale élevée (80 Gy) aggravent significativement la toxicité muqueuse, donnant 50–60 % de mucites de grade 3. L’irradiation conformationelle, avec ou sans modulation d’intensité, éventuellement guidée par l’image, assure une meilleure définition des volumes cibles et permet par conséquent de réduire le volume des tissus sains irradiés à fortes doses [15]. Les caches focalisés et cache cervical médian (dans le cadre d’une irradiation conformationnelle tridimensionnelle) permettant l’épargne muqueuse des régions saines. 7.1.2. Soins locaux Un bilan et une mise en état dentaire sont indispensables avant toute chimiothérapie ou radiothérapie au niveau de la sphère oropharyngée. L’éducation des patients sur l’hygiène buccale est primordiale. La prescription de bains de bouches au bicarbonate 14/1000 doit être systématique, il est de plus essentiel de prodiguer des conseils au patient quant à leur application. Des associations d’agents thérapeutiques en bains de bouche ont démontré des résultats significatifs en termes de réduction du risque infectieux local [32]. Toutefois, la prescription à titre préventif d’antifongiques ou d’antiseptiques n’est pas recommandée, leur utilisation systématique serait responsable de l’émergence de souches résistantes. 7.1.3. Laser de basse énergie Le laser de basse énergie (low-level laser therapy, LLLT) correspond à l’application simple et atraumatique d’une source de lumière monochromatique constituée de photons de haute densité (Fig. 2 et 3). Ce terme regroupe les lasers hélium-néon d’une puissance de 5 à 200 mW (He-Ne, longueur d’ondes 632,8 nm) et à diode (longueur d’ondes 650 à 905 nm) qui sont les plus fréquemment utilisés. D’après les données expérimentales, des faibles doses (10 à 103 W/m2 ) sur une courte période (10 à 100 s) délivrent un effet macroscopique durable dans le temps. Depuis 2007, le groupe Mucites MASCC/ISOO recommande le laser de basse énergie [19]. L’intérêt de la photothérapie par laser dans le traitement préventif et curatif des mucites buccales chimio- et/ou radio-induites a été mis en évidence dans plusieurs études de bonne qualité [33]. Plusieurs études randomisées ont observé une diminution significative des taux de mucites de grade 3 et 4 chez les patients traités par laser après chimiothérapie aplasiante, pendant le traitement de conditionnement avant les greffes de cellules souches hématopoïétiques dans le cadre du traitement des hémopathies malignes. Ainsi dès 1997, Cowen et al. ont observé dans une étude randomisée en double insu une diminution significative de l’incidence (p = 0,01) et de la durée (p = 0,01) des mucites de grade 3 dans le groupe de patients traités par laser He-Ne (632,8 nm), par rapport au groupe Fig. 3. Laser de basse énergie extrabuccal. témoin [34]. En 2007, Antunes et al. et Schubert et al. ont observé, dans des études randomisées en double insu, les effets préventifs du laser diode. Antunes et al. rapportent ainsi que 94,7 % des patients traités par laser n’ont pas souffert de mucite de plus de grade 2, 63,2 % étant au grade 0 ou 1 (sans ulcérations), comparativement à 31,5 % des patients pour le groupe témoin (p < 0,001) [35]. L’intérêt du laser de basse énergie a été démontré plus récemment dans le traitement préventif et curatif des mucites radio-induites chez des patients traités pour un cancer des voies aérodigestives supérieures. Une première étude multicentrique randomisée, publiée en 1999 par Bensadoun et al., ont évalué l’effet du laser He-Ne chez 30 patients. Conformément à ce qui a été décrit avec les mucites lors des greffes de cellules souches hématopoïétiques, l’incidence des mucites de grade 3 était de 7,6 % dans le groupe traité par laser contre 35,2 % dans le groupe témoin (p < 0,01) [36]. Par la suite, plusieurs types de lasers de basse énergie ont été évalués dans cette indication. Ainsi, Arora et al. ont étudié l’effet du laser He-Ne chez 24 patients recevant une chimioradiothérapie pour un cancer des voies aérodigestives supérieures [37]. Simoes et al. ont comparé l’effet de deux types de lasers et de deux protocoles d’administration (une fois par semaine et trois fois par semaine) chez 39 patients, laser He-Ne (660 nm, 40 mW/cm) contre laser He-/Ne (808 nm, 1 W/cm). Ils ont rapporté un meilleur contrôle de l’intensité de la douleur avec le laser de plus faible énergie utilisé de trois fois par semaine [38]. Zanin et al. ont obtenu des résultats similaires avec un laser diode 660 nm utilisé deux fois par semaine, dans une étude portant sur 72 patients (groupe laser contre groupe témoin [n = 36]) [39]. Les lasers He-Ne (longueur d’ondes 632,8 nm) et à diode (longueur d’ondes 650 à 905 nm) ont été les plus fréquemment rapportés dans ces indications, comme le laser He-Ne de 660 nm et 685 nm et le LLLT de 830 nm [40]. Bien que l’intérêt du laser dans les mucites soit maintenant incontestable, la question de la puissance utilisée et du protocole fait actuellement débat. Il semble que les protocoles sur deux à trois jours par semaine soient plus efficaces que les protocoles proposant une utilisation par semaine. Simoes et al. ont obtenu de meilleurs résultats avec le laser de plus faible énergie [38]. Ces résultats restent à confirmer et des études supplémentaires devront préciser les paramètres suivant : le type de laser et sa longueur d’onde, la puissance et l’énergie administrée par centimètre carré. 362 É. Caillot, F. Denis / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 358–363 Une méta-analyse de 11 études randomisant le laser de basse énergie et un placebo entre 1997 et 2009 (415 patients) a révélé que le laser réduisait le risque de mucite par 2,45 (CI 1,85–3,18), ainsi que la durée (4,38 jours, p = 0,0009) et la sévérité de celle-ci [41]. 7.2. Traitement curatif 7.2.1. Prise en charge de la douleur et des difficultés nutritionnelles La prise en charge de la douleur est bien entendu un élément majeur. Un traitement antalgique adapté aux paliers de l’OMS de la douleur doit être systématiquement prescrit ; les dérivés morphiniques étant fréquemment le traitement de choix. L’emploi de médicaments anti-inflammatoires est également préconisé. En cas de douleurs locales, l’utilisation de topiques anesthésiants, de type lidocaïne en gel, peut être nécessaire. La prise en charge nutritionnelle, au mieux par voie entérale avec gastrostomie, doit être anticipée [42], c’est un impératif dans le cadre de l’optimisation thérapeutique. L’objectif est de maintenir des apports hydriques et caloriques satisfaisants. 7.2.2. Place du laser de basse énergie Les recherches in vitro et in vivo ont montré que le laser de basse énergie possédait trois propriétés photobiologiques principales : antalgique, anti-inflammatoire et cicatrisante [43,44]. 7.2.2.1. Analgésie et inflammation. Le laser de basse énergie entraîne une transmission d’électrons responsable de réactions d’oxydoréduction au niveau de la chaîne respiratoire mitochondriale des cellules. Il en résulte une augmentation de la production d’énergie (ATP) par les cytochromes des mitochondries. Le métabolisme de la cellule et ses capacités de prolifération sont ainsi accélérés. Au décours des traitements oncologiques, radiothérapie et chimiothérapie des radicaux libres oxygénés sont créées. Les radicaux libres générés par les traitements anticancéreux agissent, d’une part, directement sur la muqueuse et les vaisseaux et, d’autre part, indirectement en déclenchant une réaction inflammatoire locale par l’activation de facteurs de transcription, comme le NFB qui représente la voie centrale d’activation de nombreux gènes des médiateurs de la réaction inflammatoire (TNF␣, IL1 ou IL6) à l’origine de dommages tissulaires complexes survenant dans la muqueuse. Des études, comme celle de Mafra de Lima et al., ont démontré que le laser diode (GaAs) diminuait l’expression des transcrits du TNF␣ via le NFB, dans un modèle expérimental d’inflammation respiratoire induite par les lipopolysaccharides bactériens chez le rat [45]. Il a été démontré que le laser diode de faible puissance à GaAs (904 nm) réduit de manière significative la migration cellulaire des polynucléaires neutrophiles dans un modèle expérimental de péritonite induit par les lipopolysaccharides bactériens. Dans l’étude de Lim et al., l’irradiation par le laser 635 nm a permis de mettre en évidence une inhibition du relargage des prostaglandines inflammatoires (PGE2) et des deux isoformes (1 et 2) de la cyclooxygénase. Les lasers de faible puissance ont par ailleurs une action antalgique en augmentant la synthèse et le relargage des endorphines, ainsi qu’en diminuant le relargage de récepteurs nociceptifs comme la bradykinine et la sérotonine [46]. 7.2.2.2. Cicatrisation. Pour le potentiel cicatrisant, França et al. ont étudié l’aspect histologique des effets préventifs et thérapeutiques du laser diode (GaAs) dans des mucites chimio-induites chez le hamster : ils ont observé une augmentation de l’angiogenèse, du nombre de fibres de collagène et de l’organisation du tissu de granulation dans les groupes traités avec le laser et ce de manière plus importante [47]. Ces effets sont plus marqués dans le groupe thérapeutique que dans le groupe préventif. Il a été en outre montré in vitro un effet du laser de faible puissance sur la prolifération cellulaire. Au niveau des cellules de la muqueuse buccale, le laser augmente ainsi la production de collagène des cellules épithéliales de la muqueuse orale et permet une régénération rapide des fibroblastes en myofibroblastes. 8. Conclusion La mucite qui complique les traitements anticancéreux est une cause importante d’inconfort, de douleurs, de mauvaise nutrition, parfois d’infections, d’hospitalisations et de retard de prise en charge [48]. Son traitement est un défi pour parvenir au bout des traitements oncologiques. En 2007, le groupe MASCC-ISOO a actualisé ses recommandations, le laser de basse énergie est depuis recommandé pour la prévention des mucites lors de la greffe de cellules hématopoïétiques [19]. Plusieurs revues systématiques de la littérature ont attribué un niveau de preuve élevé au laser de basse énergie dans la prévention traitement des mucites radio-induites. L’application de doses de 1 à 6 J par point sur la muqueuse oropharyngée prévient l’apparition des mucites lors des traitements des cancers oropharyngés. Le laser de basse énergie diminue significativement la douleur, la sévérité et la durée de l’ulcère en favorisant la cicatrisation des lésions. Si des essais contrôlés randomisés avec de plus gros effectifs de patients sont encore attendus pour établir des protocoles préventifs et curatifs (dose, temps d’application, nombre de séances), le traitement par laser, dénué d’effet indésirable connu, est un soin de support oncologique très prometteur des mucites radio- et chimioinduites. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Calais G, Alfonsi M, Bardet E, Sire C, Germain T, Bergerot P, et al. Randomized trial of radiation therapy versus concomitant chemotherapy and radiation therapy for advanced-stage oropharynx carcinoma. J Natl Cancer Inst 1999;91:2081–6. [2] Denis F, Garaud P, Bardet E, Alfonsi M, Sire C, Germain T, et al. Final results of the 94-01 French Head and Neck Oncology and Radiotherapy Group randomized trial comparing radiotherapy alone with concomitant radiochemotherapy in advanced-stage oropharynx carcinoma. J Clin Oncol 2004;22:69–76. [3] Trotti A, Bellm LA, Epstein JB, Frame D, Fuchs HJ, Gwede CK, et al. Mucositis incidence, severity and associated outcomes in patients with head and neck cancer receiving radiotherapy with or without chemotherapy: a systematic literature review. Radiother Oncol 2003;66:253–62. [4] Van den Bogaert W, Van der Leest A, Rijnders A, Delaere P, Thames H, van der Schueren E. Does tumor control decrease by prolonging overall treatment time or interrupting treatment in laryngeal cancer? Radiother Oncol 1995;36:177–82. [5] Bensadoun RJ, Le Page F, Darcourt V, Bensadoun F, Ciais G, Rostom YA, et al. Mucite radio-induite des voies aérodigestives : prévention et prise en charge. Recommandations du groupe Mucites MASCC/ISOO*. Bull Cancer 2006;93:201–11. [6] Pignon JP, Bourhis J, Domenge C, Designé L. Chemotherapy added to locoregional treatment for head and neck squamous-cell carcinoma: three meta-analyses of updated individual data. MACH-NC Collaborative Group. Meta-Analysis of Chemotherapy on Head and Neck Cancer. Lancet 2000;355:949–55. [7] Palazzi M, Tomatis S, Orlandi E, Guzzo M, Sangalli C, Potepan P, et al. Effects of treatment intensification on acute local toxicity during radiotherapy for head and neck cancer: prospective observational study validating CTCAE, version 3.0, scoring system. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:330–7. [8] Sonis ST. A biological approach to mucositis. J Support Oncol 2004;2:21–32 [discussion 35–6]. [9] Sonis ST. Pathobiology of mucositis. Semin Oncol Nurs 2004;20:11–5. [10] Feller L, Essop R, Wood NH, Khammissa RAG, Chikte UME, Meyerov R, et al. Chemotherapy- and radiotherapy-induced oral mucositis: pathobiology, epidemiology and management. SADJ 2010;65:372–4. É. Caillot, F. Denis / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 358–363 [11] Sonis ST, Elting LS, Keefe D, Peterson DE, Schubert M, Hauer-Jensen M, et al. Perspectives on cancer therapy-induced mucosal injury: pathogenesis, measurement, epidemiology, and consequences for patients. Cancer 2004;100:1995–2025. [12] Cox JD, Stetz J, Pajak TF. Toxicity criteria of the Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) and the European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC). Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;31:1341–6. [13] Elting LS, Keefe DM, Sonis ST, Garden AS, Spijkervet FKL, Barasch A, et al. Patientreported measurements of oral mucositis in head and neck cancer patients treated with radiotherapy with or without chemotherapy: demonstration of increased frequency, severity, resistance to palliation, and impact on quality of life. Cancer 2008;113:2704–13. [14] Barasch A, Peterson DE. Risk factors for ulcerative oral mucositis in cancer patients: unanswered questions. Oral Oncol 2003;39:91–100. [15] Sanguineti G, Sormani MP, Marur S, Gunn GB, Rao N, Cianchetti M, et al. Effect of radiotherapy and chemotherapy on the risk of mucositis during intensitymodulated radiation therapy for oropharyngeal cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:235–42. [16] Vokurka S, Bystrická E, Koza V, Scudlová J, Pavlicová V, Valentová D, et al. Higher incidence of chemotherapy induced oral mucositis in females: a supplement of multivariate analysis to a randomized multicentre study. Support Care Cancer 2006;14:974–6. [17] Trotti A. Toxicity in head and neck cancer: a review of trends and issues. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;47:1–12. [18] Robien K, Schubert MM, Bruemmer B, Lloid ME, Potter JD, Ulrich CM. Predictors of oral mucositis in patients receiving hematopoietic cell transplants for chronic myelogenous leukemia. J Clin Oncol 2004;22:1268–75. [19] Keefe DM, Schubert MM, Elting LS, Sonis ST, Epstein JB, Raber-Durlacher JE, et al. Updated clinical practice guidelines for the prevention and treatment of mucositis. Cancer 2007;109:820–31. [20] Denis F, Garaud P, Bardet E, Alfonsi M, Sire C, Germain T, et al. Late toxicity results of the GORTEC 94-01 randomized trial comparing radiotherapy with concomitant radiochemotherapy for advanced-stage oropharynx carcinoma: comparison of LENT/SOMA, RTOG/EORTC, and NCI-CTC scoring systems. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;55:93–8. [21] Elting LS, Cooksley CD, Chambers MS, Garden AS. Risk, outcomes, and costs of radiation-induced oral mucositis among patients with head-and-neck malignancies. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:1110–20. [22] Murphy BA, Beaumont JL, Isitt J, Garden AS, Gwede CK, Trotti AM, et al. Mucositis-related morbidity and resource utilization in head and neck cancer patients receiving radiation therapy with or without chemotherapy. J Pain Symptom Manage 2009;38:522–32. [23] Soysa NS, Samaranayake LP, Ellepola ANB. Cytotoxic drugs, radiotherapy and oral candidiasis. Oral Oncol 2004;40:971–8. [24] Mañas A, Palacios A, Contreras J, Sánchez-Magro I, Blanco P, Fernández-Pérez C. Incidence of oral mucositis, its treatment and pain management in patients receiving cancer treatment at Radiation Oncology Departments in Spanish hospitals (MUCODOL Study). Clin Transl Oncol 2009;11:669–76. [25] Worthington HV, Clarkson JE, Bryan G, Furness S, Glenny AM, Littlewood A, et al. Interventions for preventing oral mucositis for patients with cancer receiving treatment. Cochrane Database Syst Rev 2011;4:CD000978. [26] Svanberg A, Ohrn K, Birgegård G. Oral cryotherapy reduces mucositis and improves nutrition - a randomised controlled trial. J Clin Nurs 2010;19:2146–51. [27] Spielberger R, Stiff P, Bensinger W, Gentile T, Weisdorf D, Kewalramani T, et al. Palifermin for oral mucositis after intensive therapy for hematologic cancers. N Engl J Med 2004;351:2590–8. [28] Rosen LS, Abdi E, Davis ID, Gutheil J, Schnell FM, Zalcberg J, et al. Palifermin reduces the incidence of oral mucositis in patients with metastatic colorectal cancer treated with fluorouracil-based chemotherapy. J Clin Oncol 2006;24:5194–200. [29] El-Sayed S, Nabid A, Shelley W, Hay J, Balogh J, Gelinas M, et al. Prophylaxis of radiation-associated mucositis in conventionally treated patients with head and neck cancer: a double-blind, phase III, randomized, controlled trial evaluating the clinical efficacy of an antimicrobial lozenge using a validated mucositis scoring system. J Clin Oncol 2002;20:3956–63. [30] Dodd MJ, Larson PJ, Dibble SL, Miaskowski C, Greenspan D, MacPhail L, et al. Randomized clinical trial of chlorhexidine versus placebo for prevention [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] [39] [40] [41] [42] [43] [44] [45] [46] [47] [48] 363 of oral mucositis in patients receiving chemotherapy. Oncol Nurs Forum 1996;23:921–7. Bernier J, Thames HD, Smith CD, Horiot JC. Tumor response, mucosal reactions and late effects after conventional and hyperfractionated radiotherapy. Radiother Oncol 1998;47:137–43. Lanzós I, Herrera D, Santos S, O’Connor A, Peña C, Lanzós E, et al. Mucositis in irradiated cancer patients: effects of an antiseptic mouthrinse. Med Oral Patol Oral Cir Bucal 2010;15:e732–8. Bjordal JM, Bensadoun RJ, Tunèr J, Frigo L, Gjerde K, Lopes-Martins RA. A systematic review with meta-analysis of the effect of low-level laser therapy (LLLT) in cancer therapy-induced oral mucositis. Support Care Cancer 2011;19:1069–77. Cowen D, Tardieu C, Schubert M, Peterson D, Resbeut M, Faucher C, et al. Low energy Helium-Neon laser in the prevention of oral mucositis in patients undergoing bone marrow transplant: results of a double blind randomized trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1997;38:697–703. Silva GBL, Mendonça EF, Bariani C, Antunes HS, Silva MAG. The prevention of induced oral mucositis with low-level laser therapy in bone marrow transplantation patients: a randomized clinical trial. Photomed Laser Surg 2011;29:27–31. Bensadoun RJ, Franquin JC, Ciais G, Darcourt V, Schubert MM, Viot M, et al. Low-energy He/Ne laser in the prevention of radiation-induced mucositis. A multicenter phase III randomized study in patients with head and neck cancer. Support Care Cancer 1999;7:244–52. Arora H, Pai KM, Maiya A, Vidyasagar MS, Rajeev A. Efficacy of He-Ne Laser in the prevention and treatment of radiotherapy-induced oral mucositis in oral cancer patients. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2008;105:180–6 [186.e1]. Simões A, Eduardo FP, Luiz AC, Campos L, Sá PHRN, Cristófaro M, et al. Laser phototherapy as topical prophylaxis against head and neck cancer radiotherapy-induced oral mucositis: comparison between low and high/low power lasers. Lasers Surg Med 2009;41:264–70. Zanin T, Zanin F, Carvalhosa AA, de Castro PH, Pacheco SMT, Zanin ICJ, et al. Use of 660-nm diode laser in the prevention and treatment of human oral mucositis induced by radiotherapy and chemotherapy. Photomed Laser Surg 2010;28:233–7. Khouri VY, Stracieri ABPL, Rodrigues MC, de Moraes DA, Pieroni F, Simões BP, et al. Use of therapeutic laser for prevention and treatment of oral mucositis. Braz Dent J 2009;20:215–20. Bensadoun RJ, Nair RG. Low-level laser therapy in the prevention and treatment of cancer therapy-induced mucositis: 2012 state of the art based on literature review and meta-analysis. Curr Opin Oncol 2012;24:363–70. Marcy PY, Magné N, Bensadoun RJ, Bentolila F, Bleuse A, Dassonville O, et al. Technique de gastrostomie percutanée radiologique : évaluation coût/bénéfice chez les patients porteurs d’un cancer des voies aérodigestives supérieures. Bull Cancer 2000;87:329–33. Kreisler M, Christoffers AB, Willershausen B, d’Hoedt B. Effect of low-level GaAlAs laser irradiation on the proliferation rate of human periodontal ligament fibroblasts: an in vitro study. J Clin Periodontol 2003;30: 353–8. Enwemeka CS, Parker JC, Dowdy DS, Harkness EE, Sanford LE, Woodruff LD. The efficacy of low-power lasers in tissue repair and pain control: a meta-analysis study. Photomed Laser Surg 2004;22:323–9. Mafra de Lima F, Costa MS, Albertini R, Silva Jr JA, Aimbire F. Low level laser therapy (LLLT): attenuation of cholinergic hyperreactivity, beta(2)-adrenergic hyporesponsiveness and TNF-alpha mRNA expression in rat bronchi segments in E. coli lipopolysaccharide-induced airway inflammation by a NF-kappaB dependent mechanism. Lasers Surg Med 2009;41:68–74. Bjordal JM, Johnson MI, Iversen V, Aimbire F, Lopes-Martins RAB. Low-level laser therapy in acute pain: a systematic review of possible mechanisms of action and clinical effects in randomized placebo-controlled trials. Photomed Laser Surg 2006;24:158–68. França CM, França CM, Núñez SC, Prates RA, Noborikawa E, Faria MR, et al. Lowintensity red laser on the prevention and treatment of induced-oral mucositis in hamsters. J Photochem Photobiol B 2009;94:25–31. Maingon P, Créhange G, Bonnetain F, Ligey-Bartolomeu A, Chamois J, Bruchon Y, et al. Qualité de vie chez les patients traités pour un cancer de la sphère ORL. Cancer Radiother 2010;14:526–9. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Toxicité œsophagienne de la radiothérapie : clinique, facteurs de risque et prise en charge Esophageal toxicity of radiation therapy: Clinical risk factors and management T. Challand a,∗ , S. Thureau a , B. Dubray a , P. Giraud b,c a b c Département de radiothérapie et de physique médicale, QuantIF, Litis (EA4108), centre Henri-Becquerel, rue d’Amiens, 76000 Rouen, France Université Paris Descartes, 12, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, France Service d’oncologie radiothérapie, hôpital européen Georges-Pompidou, 20, rue Leblanc, 75908 Paris, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Œsophagite radique Toxicité Radiothérapie Cancer bronchique r é s u m é L’œsophagite radique aiguë désigne l’ensemble des manifestations œsophagiennes (odynophagie, dysphagie) survenant dans les 90 jours suivant le début de la radiothérapie. Conséquence fréquente des irradiations thoraciques, sa sévérité peut être quantifiée selon les échelles du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) et Common Terminology Criteria for Adverse Events (CTCAE). Les facteurs de risque cliniques identifiés dans la littérature sont l’âge, le sexe féminin, l’indice de performance initial, l’indice de masse corporelle pré-thérapeutique, l’existence d’une dysphagie pré-thérapeutique, le stade tumoral et ganglionnaire, la dose délivrée, la radiothérapie accélérée hyperfractionnée, la chimiothérapie concomitante et la réponse au traitement. Certains paramètres dosimétriques prédictifs semblent pertinents : dose moyenne, volumes recevant 20 Gy (V20Gy ), 30 Gy (V30Gy ), 40 Gy (V40Gy ), 45 Gy (V45Gy ), et 50 Gy (V50Gy ). L’amifostine est le seul radioprotecteur ayant fait la preuve (niveau C) d’une efficacité contre l’œsophagite, selon la recommandation de grade III de l’European Society of Medical Oncology (ESMO), mais son autorisation de mise sur le marché reste limitée à la prévention de la mucite des cancers ORL. La prise en charge médicale est peu codifiée : régime excluant les aliments irritants, traitement d’un reflux gastro-œsophagien, traitement antalgique selon les paliers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), traitement de la déshydratation et de la dénutrition (alimentation entérale). © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Acute radiation-induced esophagitis Toxicity Radiotherapy Lung cancer Acute radiation-induced esophagitis includes all clinical symptoms (odynophagia, dysphagia) occurring within 90 days after thoracic irradiation start. Its severity can be graded using RTOG and CTCAE scales. The clinical risk factors are: age, female gender, initial performance status, pre-therapeutic body mass index, pre-therapeutic dysphagia, tumoral and nodal stage, delivered dose, accelerated hyperfractionned radiotherapy, concomitant association of chemotherapy to radiotherapy and response to the treatment. The dosimetric parameters predictive of esophagitis are: mean dose, V20Gy , V30Gy , V40Gy , V45Gy and V50Gy . Amifostine is the only drug to have a proven radioprotective efficacy (evidence level C, ESMO recommendation grade III). The medical management of esophagitis associates a diet excluding irritant food, medication against gastroesophageal reflux, analgesic treatment according to the WHO scale and management of dehydration and denutrition by enteral feeding. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (T. Challand). L’œsophagite radique aiguë désigne l’ensemble des manifestations œsophagiennes apparaissant dans les 90 jours suivant le début de la radiothérapie. L’œsophagite est fréquente au cours de la radiothérapie thoracique, notamment pour cancer pulmonaire ou 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.180 365 T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 œsophagien. Les autres localisations tumorales thoraciques (cancer du sein [1] et lymphome hodgkinien) sont peu concernées du fait de doses œsophagiennes plus faibles, des techniques utilisées (par exemple, faisceaux tangentiels épargnant l’œsophage dans le cas des tumeurs du sein) et de l’absence de chimiothérapie concomitante. Pour les cancers de l’œsophage, la dysphagie initiale est très fréquente (jusqu’à 80 % des patients), gênant l’interprétation des symptômes survenant en cours de radiothérapie : une œsophagite ou une dysphagie grade 2 ou plus de la Common Terminology Criteria for Adverse Event (CTCAE) n’a été observée que chez 63 % des patients recevant une chimiothérapie associée à une radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) [2–4]. Chez les patients traités pour cancer bronchique (quel que soit le type histologique), qu’il s’agisse d’une radiothérapie exclusive ou d’une chimioradiothérapie, l’incidence de l’œsophagite radique est de l’ordre de 40 % tous grades confondus en cas de traitement concomitant à base de sels de platine et de 18 % pour les effets de grade 3 ou 4 [5–7]. Une œsophagite sévère peut conduire au report de la chimiothérapie, à une interruption de la radiothérapie, voire à un arrêt prématuré des traitements entraînant une perte de chance de contrôle tumoral [8,9]. Le diagnostic et la prise en charge de l’œsophagite aiguë constituent donc des enjeux importants. Cet article aborde successivement la physiopathologie, les signes cliniques et les facteurs de risque de l’œsophagite radique avant de faire le point sur les contraintes de l’optimisation dosimétrique, l’utilisation de drogues radioprotectrices et la prise en charge thérapeutique. 2. Physiopathologie L’œsophage est constitué de cinq tuniques : muqueuse, musculaire-muqueuse, sous-muqueuse, musculeuse et tunique externe. La muqueuse œsophagienne est revêtue par un épithélium malpighien. Ce tissu squameux stratifié non kératinisé est constitué, de la surface à la profondeur, d’une couche de cellules aplaties composant le stratum corneum, de plusieurs couches de cellules de transport actif constituant le « stratum spinosum » et d’une simple ou double couche basale de cellules souches dont la prolifération assure le renouvellement des couches superficielles [10]. Ces caractéristiques histologiques sont comparables à celles de la muqueuse recouvrant la cavité orale [11]. La physiopathologie de l’œsophagite radique aiguë a été peu étudiée spécifiquement et a été rapprochée de celle de la mucite aiguë endobuccale, dont la description est détaillée dans l’article dédié dans ce numéro [12]. 3. Présentation clinique Par définition, l’œsophagite radique aiguë désigne l’ensemble des manifestations œsophagiennes apparaissant dans les 90 jours suivant le début de la radiothérapie. Les symptômes cliniques sont dominés par la dysphagie et l’odynophagie. La présence une douleur rétro-sternale permanente, non liée à la déglutition, doit faire suspecter un reflux gastro-œsophagien préexistant [13]. Trois échelles de gravité sont utilisées dans la littérature : • les échelles cliniques du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) et la CTCAE sont présentées dans les Tableaux 1 et 2. Les études prennent généralement en compte les œsophagites de grade 2 ou plus, c’est-à-dire les niveaux de sévérité pour lesquels une intervention médicale est nécessaire ; • le score endoscopique de Kuwahata [14] est présenté dans le Tableau 3. Tableau 1 Classification des œsophagites radiques selon le Radiation Therapy Oncology Group (RTOG). Grade 0 Absence de symptôme Grade 1 Dysphagie ou odynophagie légère/peut nécessiter un anesthésique local ou un analgésique non opioïde/peut nécessiter un régime allégé Grade 2 Dysphagie ou odynophagie modérée/peut nécessiter un analgésique opioïde/peut nécessiter une alimentation mixée ou liquide Grade 3 Dysphagie ou odynophagie sévère avec déshydratation ou perte de poids (> 15 % du poids pré-thérapeutique) nécessitant une alimentation par sonde nasogastrique ou intraveineuse Grade 4 Obstruction complète, ulcération, fistule ou perforation Grade 5 Décès Tableau 2 Classification des œsophagites radiques selon la Common Terminology Criteria for Adverse Event (CTCAE) version 4.03. Grade 1 Asymptomatique, intervention médicale non indiquée Grade 2 Symptomatique ; difficulté à la déglutition/alimentation ; indication de compléments alimentaires Grade 3 Difficulté majeure à la déglutition/alimentation ; indication de sonde nasogastrique, nutrition parentérale totale ou hospitalisation Grade 4 Mise en jeu du pronostic vital ; indication d’intervention chirurgicale urgente Grade 5 Décès Tableau 3 Score endoscopique de Kuwahata [14]. Grade 0 Grade 1 Grade 2 Grade 3 Muqueuse œsophagienne d’aspect normal Muqueuse érythémateuse Muqueuse érosive Ulcère, hémorragie et/ou sténose Le délai d’apparition et la durée de l’œsophagite dépendent du traitement réalisé. Dans la série de Werner-Wasik et al., les délais médians de survenue des premiers signes d’œsophagite étaient similaires en cas de traitement exclusif, séquentiel (chimiothérapie d’induction) ou concomitant, respectivement 16, 17 et 19 jours [15]. Ce délai était plus court (médiane 13 jours) lors d’une chimioradiothérapie concomitante accélérée. La durée médiane des symptômes était significativement supérieure en cas de traitement concomitant (29 jours) comparativement à une association séquentielle ou exclusive (14 ou 19 jours, p = 0,004). Cette durée était d’autant plus longue que le traitement était accéléré (87 jours, p = 0,002). Chez les patients en cours d’irradiation thoracique, l’œsophagite peut être provoquée ou aggravée par l’effet cytotoxique propre de la chimiothérapie ou par des surinfections mycosiques, virales ou bactériennes. Le risque d’infection est lui-même majoré par l’immunodépression du patient. En cas œsophagite mycosique (Candida albicans par ordre de prévalence), un muguet buccal permet d’orienter le diagnostic (plaques blanchâtres entourées d’érythème à l’intérieur de la bouche, de la langue, du palais et des lèvres) sans que ce signe soit pathognomonique. L’inefficacité d’un traitement antifongique empirique d’épreuve (fluconazole, 100 à 200 mg/j pendant deux à trois semaines) doit conduire à une endoscopie avec prélèvements mycologiques. Les infections virales (virus de l’herpès, cytomégalovirus ou rarement virus de la varicelle-zona) peuvent être accompagnées de fièvre, d’éruptions cutanées, de nausées et vomissements, et de gastralgies ; leur diagnostic nécessite une endoscopie avec biopsies. Ces infections sont 366 T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 accessibles à un traitement antiviral. Enfin, les œsophagites bactériennes sont le plus souvent polymicrobiennes dérivant de la flore orale et doivent être traitées par plusieurs antibiotiques à large spectre. Une description plus complète de ces prises en charge spécifiques peut être retrouvée dans la référence [16]. Si l’imagerie tient habituellement une place très limitée, l’épaisseur œsophagienne mesurée par tomodensitométrie (TDM) était significativement augmentée en cas d’œsophagite prouvée par endoscopie chez des patients ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques par rapport à des sujets témoins [17]. 4. Facteurs de risque cliniques Les facteurs de risque cliniques permettent d’identifier les patients susceptibles d’être atteints d’œsophagite durant leur traitement. En analyse uni- ou multifactorielle, le risque d’apparition d’une œsophagite augmente avec l’âge, le sexe féminin, un indice de performance initial bas, un indice de masse corporelle préthérapeutique bas, la présence d’une dysphagie pré-thérapeutique, un stade tumoral ou ganglionnaire élevé, la dose délivrée, la radiothérapie accélérée hyperfractionnée, une chimiothérapie, notamment concomitante, et la réponse (partielle ou complète) au traitement (Tableau 4) [11,15,18–27]. 5. Difficultés de la délinéation L’utilisation de contraintes d’optimisation dosimétriques nécessite une délinéation fiable et reproductible des organes à risque. En coupes scanographiques axiales, l’identification de l’œsophage sur toute sa longueur (environ 25 cm chez l’adulte) est difficile, particulièrement à ses tiers moyen et inférieur. L’opacification barytée est peu satisfaisante car le temps de déglutition est court (environ dix secondes) et la présence d’un produit de contraste radiologique influe sur la correction d’hétérogénéité du calcul de dose. L’œsophage doit être délinéé du cartilage cricoïde à la jonction gastroduodénale. La tomodensitométrie de planification doit inclure des coupes cervicales basses et le haut de la cavité abdominale [28]. Par ailleurs, l’aspect de l’œsophage sur des coupes scanographiques axiales n’est pas le reflet de sa réalité anatomique : une structure tubulaire de circonférence globalement uniforme (Fig. 1). Cette observation est à la base d’un travail publié en 2005 par Kahn et al. visant à établir une « correction anatomique » de la méthode de délinéation [29]. Dans cet article, les facteurs dosimétriques étaient modifiés par la prise en compte des contours corrigés en prenant en compte la position moyenne de l’œsophage sur trois tomodensitométries réalisées en position de traitement. Les délinéations corrigées présentaient alors une meilleure corrélation avec la toxicité œsophagienne, ce qui tentait à valider la difficulté de définir la position de l’œsophage sur une tomodensitométrie. Enfin, la mobilité de l’œsophage, conséquence de son péristaltisme et des mouvements respiratoires et cardiaques, constitue un obstacle à sa localisation précise. L’analyse d’une imagerie scanographique avec asservissement respiratoire (tomodensitométrie quadridimensionnelle) chez 29 patients amenait à conclure à une mobilité accrue de la portion terminale de l’œsophage et à suggérer l’ajout de marges latérale et antéropostérieure variables en fonction de l’étage considéré (de 9 et 8 mm respectivement pour la partie de distale de l’œsophage par exemple) pour définir le volume prévisionnel des organes à risque [30]. 6. Considérations dosimétriques La situation anatomique de l’œsophage, à proximité de tumeurs primitives bronchiques centrales ou d’adénopathies médiastinales, implique son inclusion totale ou partielle dans le volume cible Fig. 1. Délinéation d’une tumeur pulmonaire et de l’œsophage sans (A) et avec (B) irradiation ganglionnaire. Aspect allongé de l’œsophage sur une tomodensitométrie (TDM) et superposition de cet organe à risque avec le volume cible prévisionnel : volume cible tumoral (rouge) ; volume cible anatomoclinique (rose) ; volume cible prévisionnel (bleu ciel) ; poumons (vert clair) ; œsophage (vert foncé). prévisionnel. Par ailleurs, la protection jugée prioritaire de la moelle épinière et des poumons restreint les possibilités de diminuer l’irradiation de l’œsophage. La réduction des volumes cible médiastinaux (basée sur le bilan d’extension ganglionnaire par tomodensitométrie ou TEP au (18 F)-fluorodésoxyglucose) est susceptible de limiter le volume œsophagien irradié. Une étude chez 18 patients a comparé la radiothérapie tridimensionnelle dite « traditionnelle » avec irradiation prophylactique des aires ganglionnaires (elective nodal irradiation [ENI]), la radiothérapie conformationnelle limitée à deux ou trois faisceaux ou avec des faisceaux multiples et la RCMI sans irradiation prophylactique des aires ganglionnaires [31]. Pour une irradiation tumorale comparable, l’absence d’ irradiation prophylactique des aires ganglionnaires était associée à une réduction des doses délivrée à l’œsophage (V50 , volume recevant 50 Gy, moyen de 15 à 18 % contre 34 %). Bien que conceptuellement très attirante (et déjà largement diffusée. . .), l’omission de l’irradiation médiastinale prophylactique n’a été évaluée que dans une seule étude randomisée [32]. La difficulté majeure provient d’un manque d’informations claires et consensuelles sur les facteurs dosimétriques prédictifs d’œsophagite, malgré le nombre des études publiées. Les résultats de ces travaux sont résumés dans le Tableau 5 [14,20–27,29,33–37]. Plusieurs revues de la littérature ont confirmé la très grande hétérogénéité des séries publiées, en termes de critères d’inclusion des patients, de délinéation de l’œsophage, ou de critère de jugement (type d’échelle, grades pris en compte) [13,38,39]. Les grandeurs dosimétriques étudiées (dose moyenne ou maximum, VDOSE, longueur œsophagienne traitée, etc.) apparaissent fortement corrélées entre elles. L’European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC) recommande de limiter à 9,5 cm Tableau 4 Facteurs de risque cliniques d’œsophagite radique. Population étudiée Technique utilisée Taux d’œsophagite Critère étudié Analyse unifactorielle Byhardt et al., 1998 [18] 461 patients cancer bronchique non à petites cellules Groupe 1 : 1,3 % Groupe 2 : 6 % Groupe 3 : 34 % Grade RTOG ≥ 3 Chimioradiothérapie concomitante hyper fractionnée (Groupe 3) : (p < 0,0001) Mc Guire et al., 1999 [19] 91 patients cancer bronchique non à petites cellules Grade 1 : 25 % Grade 2 : 36 % Grade 3 : 11 % Grade RTOG ≥ 3 Chimiothérapie concomitante (p = 0,04) Choy et al., 1999 [11] 37 patients, cancer bronchique non à petites cellules 3 groupes Chimiothérapie induction puis radiothérapie (33 %) Chimiothérapie induction chimioradiothérapie (24 %) Chimioradiothérapie hyperfractionnée (43 %) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle ± hyperfractionnée accélérée (64 %) ± chimiothérapie induction (41 %) ou concomitante (7 %) Chimioradiothérapie ± accélérée ± chimiothérapie adjuvante Grade RTOG ≥ 3 Werner-Wasik et al., 2000 [15] 105 patients cancer bronchique non à petites cellules (79 %) cancer bronchique à petites cellules (17 %) 207 patients cancer bronchique non à petites cellules Grade 3-4 : 17 à 26 % en fonction du bras de traitement Grade 1 : 51 % Grade 2 : 16 % Grade 3 : 12 % Grade 4 : 1 % Singh et al., 2003 [20] Bradley et al., 2004 [21] 166 patients cancer bronchique non à petites cellules Patel et al., 2004 [22] 36 patients cancer bronchique non à petites cellules Chapet et al., 2005 [23] 101 patients cancer bronchique non à petites cellules 208 patients cancer bronchique non à petites cellules Qiao et al., 2005 [24] Belderbos et al., 2005 [25] 156 patients cancer bronchique non à petites cellules Radiothérapie normofractionnée (93 %) ou hyperfractionnée accélérée (7 %) ± chimiothérapie (66 %) d’induction (11 %) ou concomitante (55 %) Analyse multifactorielle Chimiothérapie concomitante (p = 0,04) Performans status (p < 0,01) Réponse complète ou partielle au traitement (p < 0,04) Grade RTOG maximum Sexe féminin (p = 0,02) chimiothérapie concomitante (p < 0,001) Chimiothérapie concomitante (p = 0,0001) Adénopathie sous-carénaire (p = 0,01) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle normofractionnée ± chimiothérapie (47 %) séquentielle (21 %) ou concomitante (26 %) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle (exclusive = 53 %) ± chimiothérapie séquentielle (22 %) ou concomitante (25 %) 2 phases chimiothérapie induction puis chimioradiothérapie tridimensionnelle hyperfractionnée accélérée Chirurgie + chimiothérapie consolidation (52 %) ou chimiothérapie consolidation (39 %) Radiothérapie tridimensionnelle ± chimiothérapie d’induction (23 %) Grade 3-5 : 5 % Grade RTOG ≥ 3 Grade 2 : 22 % Grade 3 : 4 % Grade 4 : 0,6 % Grade RTOG ≥ 2 Grade 2 : 33 % Grade 3 : 5,5 % Grade RTOG ≥ 2 Indice de masse corporelle pré-thérapeutique bas (p = 0,004) Indice de masse corporelle pré-thérapeutique bas (p = 0,02) Grade 2 : 13 % Grade 3 : 3 % Grade RTOG ≥ 2 Statut ganglionnaire (p = 0,001). Statut ganglionnaire à la limite de la signification (p = 0,06) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle normofractionnée ± chimiothérapie concomitante (26 %) Grade 3-5 : 7 % Grade RTOG ≥ 3 Chimiothérapie concomitante (p = 0,009) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle (exclusive = 47 %) ± chimiothérapie séquentielle (29 %) ou concomitante (24 %) Grade 1 : 42 % Grade 2 : 21 % Grade 3 : 6 % Grade 4 : 0,6 % Grade RTOG ≥ 2 Chimiothérapie concomitante (p = 0,0001) Adénopathie sous-carénaire (p = 0,0145) Âge (p = 0,01) Stade tumoral T (p < 0,001) Statut ganglionnaire N2 N3 (p = 0,001) Chimiothérapie concomitante (p < 0,001) Chimiothérapie concomitante contre séquentielle (p = 0,02) Chimiothérapie concomitante (p = 0,001) Chimiothérapie concomitante (p = 0,04) Chimiothérapie concomitante contre séquentielle (p = 0,04) 367 vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 20/06/2013 par SCD Paris Descartes (292681) Chimiothérapie concomitante (p = 0,009) T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 Auteur, année de publication 368 Âge Statut ganglionnaire N2-N3 Radiothérapie hyper fractionnée accélérée (Significatifs avec p non communiqué) Dysphagie prétraitement Statut ganglionnaire N2-N3 Radiothérapie hyper fractionnée accélérée (Significatifs avec p non communiqué) Âge (p = 0,007) Statut ganglionnaire N2-N3 (p = 0,02) Radiothérapie hyper fractionnée accélérée (p < 0,0001) Dose de la radiothérapie (p = 0,003) Dysphagie prétraitement (p = 0,05) Statut ganglionnaire N2-N3 (p = 0,01) radiothérapie hyper fractionnée accélérée (p = 0,0003) Grade RTOG ≥ 2 Grade RTOG ≥ 3 Grade 1 : 54 % Grade 2 : 15 % Grade 3 : 9 % Grade 4 : 0,4 % CT concomitante (p = 0,02) Chimiothérapie concomitante (p = 0,01) Grade RTOG ≥ 3 la longueur d’œsophage recevant de façon circonférentielle une dose totale supérieure à 45 Gy, et de réduire le volume d’œsophage recevant plus de 50 à 55 Gy en étalement/fractionnement classique [28]. Selon le guide de radiothérapie des tumeurs de la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO), la longueur d’œsophage recevant plus de 40 Gy ne doit pas dépasser 15 cm et le volume de l’œsophage recevant au moins 50 Gy doit être inférieur à 35 % du volume œsophagien total [40]. Les concepts de dose uniforme équivalente (equivalent uniform dose [EUD]) et de probabilité de complication de tissus sains (normal tissue complication probability [NTCP]) pourraient apporter une réponse à la multiplicité des organes à risque et des grandeurs dosimétriques à considérer [41]. Une étude « in silico », portant sur quatre patients pour lesquels le volume cible prévisionnel (planning target volume [PTV]) incluait une portion de l’œsophage, a montré une meilleure couverture du volume cible prévisionnel tout en respectant les contraintes de doses notamment au niveau de l’œsophage [42]. 7. Radioprotecteurs de l’œsophage RTOG : Radiation Therapy Oncology Group. Ahn et al., 2005 [27] 124 patients cancer bronchique non à petites cellules (93,5 %) cancer bronchique à petites cellules (6,5 %) 254 patients cancer bronchique non à petites cellules [5pt] Kim et al., 2005 [26] Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle Chirurgie pré- radiothérapie : 25 % ± chimiothérapie (74,2 %) induction seule (14,5 %) ou concomitante (± induction)(59,7 %) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle (exclusive = 44 %) normo (61 %) ou hyper fractionnée accélérée (39 %) ± chimiothérapie (66 %) séquentielle (44 %) ou concomitante (12 %) Analyse multifactorielle Analyse unifactorielle Critère étudié Taux d’œsophagite Technique utilisée Population étudiée Auteur, année de publication Tableau 4 (Suite) Grade 3 : 12,1 % Grade 4 : 0,8 % T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 Le sucralfate, agent topique antiulcéreux, fut l’une des premières molécules utilisées dans le cadre de la prévention de l’œsophagite radique. Après de premiers résultats encourageants [43], un essai randomisé en double insu a conclu à l’absence d’effet préventif et à une toxicité gastro-intestinale propre [44]. L’amifostine (WR-1035) est un thiophosphate organique administré par voie intraveineuse ou sous-cutanée. La neutralisation des radicaux libres après exposition aux rayonnements ionisants ou à certains agents cytotoxiques limite les dommages à l’ADN et bloque la régulation des signaux inflammatoires. Après plusieurs publications aux résultats contradictoires, une méta-analyse incluant six essais (674 patients) concluait à une réduction relative de 62 % (odd ratio [OR] = 0,38 ; intervalle de confiance à 95 % = 0,26–0,54 ; p < 10−5 ) du risque d’œsophagite de grade 3 ou plus [45–47]. L’analyse n’a pas porté sur les données individuelles des patients. La comparaison des taux de réponse tumorale sur un total de 472 patients (dont 278 tumeurs thoraciques) n’a pas permis d’exclure un effet radioprotecteur à plus long terme. L’European Society of Medical Oncology (ESMO) (et le Mucositis Study Group of the Multinational Association of Supportive Care in Cancer/International Society for Oral Oncology [MASCC/ISOO]) ont émis une recommandation de niveau III (niveau de preuve C) pour l’utilisation de l’amifostine dans le cadre des chimioradiothérapies concomitantes pour les carcinomes bronchiques non à petites cellules [48,49]. Selon les termes de l’autorisation de mise sur le marché, l’amifostine n’est indiquée en France que pour la prévention de l’hyposialie après radiothérapie ORL. Parmi les autres molécules actuellement en cours d’étude, la glutamine semble la plus avancée dans son processus de développement [50]. Cet acide aminé est le plus abondant (50 %) dans les tissus humains et subit une importante déplétion au cours du cancer avec une influence négative sur les fonctions tissulaires, notamment immunologiques. Après investigation sur des modèles animaux, deux études randomisées dans le cadre de la prise en charge de cancers ORL par radiothérapie et chimioradiothérapie ont confirmé une capacité à prévenir les mucites. Une étude pilote sur 75 patients traités pour un cancer pulmonaire (radiothérapie séquentielle ou concomitante) a confirmé l’innocuité de la glutamine [51]. 8. Prise en charge La prise en charge thérapeutique de l’œsophagite aiguë est difficile et peu codifiée. De simples modifications alimentaires, comme Tableau 5 Facteurs de risque dosimétriques d’œsophagite radique. Auteur, année de publication Nombre de patients inclus Technique utilisée Taux d’œsophagite Critère de toxicité considéré Facteur dosimétrique relevé Langer et al., 1997 [33] 13 patients cancer bronchique non à petites cellules 26 patients cancer bronchique non à petites cellules Chimiothérapie induction puis chimioradiothérapie concomitante avec irradiation ganglionnaire prophylactique Radiothérapie tridimensionnelle + chimiothérapie : carboplatine + paclitaxel Grade 3 : 15 % Non spécifié Longueur d’œsophage irradié > 16 cm Score 2 : 11,5 % Score 3 : 50 % Score 4 : 27 % Score 5 : 11,5 % LETT45 (longueur d’œsophage traité de manière circonférentielle avec une dose > 45 Gy) > 9,5 cm (p = 0,007) V45 > 40 % (p = 0,01) Correction d’hétérogénéité Rosenman et al., 2002 [34] 62 patients cancer bronchique non à petites cellules Chimiothérapie induction puis chimioradiothérapie tridimensionnelle avec escalade de dose de 60 à 74 Gy Grade 1-2 : 65 % Grade 3-4 : 8 % Score NCI-CTC modifié ≥ 2 (total des scores NCI-CTC dysphagie + douleur) Grade RTOG ≥ 3 Longueur d’œsophage irradiée > 13,5 cm à 40 Gy (p = 0,04) à 60 Gy (p = 0,02) Pas de précision sur l’étendue du contourage Singh et al., 2003 [20] 207 patients cancer bronchique non à petites cellules Grade 3-5 : 5 % Grade RTOG ≥ 3 Dmax ≥ 58 Gy (p = 0,001 analyse multifactorielle) Pas de correction d’hétérogénéité Patel et al., 2004 [22] 36 patients cancer bronchique non à petites cellules Grade 2 : 33 % Grade 3 : 5,5 % Grade RTOG ≥ 2 V50 à l’analyse unifactorielle (p = 0,04) et multifactorielle (p = 0,049) Correction d’hétérogénéité Bradley et al., 2004 [21] 166 patients cancer bronchique non à petites cellules Grade 2 : 22 % Grade 3 : 4 % Grade 4 : 0,6 % Grade RTOG ≥ 2 A55 (surface recevant au moins 55 Gy) V60 Correction d’hétérogénéité Qiao et al., 2005 [24] 208 patients cancer bronchique non à petites cellules Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle normofractionnée ± chimiothérapie (47 %) séquentielle (21 %) ou concomitante (26 %) Chimiothérapie induction puis chimioradiothérapie tridimensionnelle hyperfractionnée accélérée puis chimiothérapie consolidation seule (39 %). ± chirurgie (52 %) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle (exclusive = 53 %) ± chimiothérapie séquentielle (22 %) ou concomitante (25 %) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle normofractionnée ± chimiothérapie concomitante (26 %) Grade 3-5 : 7 % Grade RTOG ≥ 3 Correction d’hétérogénéité non précisé. Contourage de l’œsophage thoracique uniquement Kim et al., 2005 [26] 124 patients cancer bronchique non à petites cellules (93,5 %) cancer bronchique à petites cellules (6,5 %) 156 patients cancer bronchique non à petites cellules Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle Chirurgie pré-radiothérapie : 25 % ± chimiothérapie (74,2 %) induction seule (14,5 %) ou concomitante (± induction) (59,7 %) Grade 3 : 12,1 % Grade 4 : 0,8 % Grade RTOG ≥ 3 Dmean ≥ 40 Gy (p = 0,03 analyse unifactorielle, NS analyse multifactorielle) Dmax ≥ 60 Gy (p = 0,0001 analyse unifactorielle, p = 0,001 analyse multifactorielle) V60 (p = analyse multifactorielle) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle (exclusive = 47 %) ± chimiothérapie (29 %) ou concomitante (24 %) Grade RTOG ≥ 2 V35 (p < 0,001 analyse multifactorielle) Correction d’hétérogénéité Ahn et al., 2005 [27] 254 patients cancer bronchique non à petites cellules Grade RTOG ≥ 1 Dmax (p = 0,007 analyse unifactorielle, significatif analyse multifactorielle (p non communiqué)) ± correction d’hétérogénéité Délinéation de l’œsophage des apex pulmonaires à la jonction œso-gastrique Chapet et al., 2005 [23] 101 patients cancer bronchique non à petites cellules Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle (exclusive = 44 %) normo (61 %) ou hyper fractionnée accélérée (39 %) ± chimiothérapie séquentielle (44 %) ou concomitante (12 %) Radiothérapie tridimensionnelle ± chimiothérapie d’induction (23 %) Grade 1 : 42 % Grade 2 : 21 % Grade 3 : 6 % Grade 4 : 0,6 % Grade 1 : 54 % Grade 2 : 15 % Grade 3 : 9 % Grade 4 : 0,4 % Grade RTOG ≥ 2 V40 (p = 0,0004) à V70 (p = 0,03) avec les corrélations les plus fortes observées entre V45 and V57,5 (p = 0,0002) Correction d’hétérogénéité Délinéation de l’œsophage de la première côte à la jonction œso-gastrique Hirota et al., 2001 [14] 369 vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 20/06/2013 par SCD Paris Descartes (292681) Grade 2 : 13 % Grade 3 : 3 % Pas de correction d’hétérogénéité T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 Belderbos et al., 2005 [25] Commentaires 370 Correction d’hétérogénéité non précisé Glutamine à tous les patients V50 > 30 % (p = 0,008) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle + chimiothérapie concomitante 100 patients cancer bronchique non à petites cellules 71 % cancer bronchique à petites cellules 29 % Rodriguez et al., 2009 [37] Grade 1 : 59 % Grade 2 : 33 % Grade 3 :4 % Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle + chimiothérapie concomitante ± chimiothérapie induction (59 %) 215 patients cancer bronchique non à petites cellules Wei et al., 2006 [36] l’arrêt de l’alcool, du café et des aliments acides, sont susceptibles de diminuer l’incidence et la sévérité de l’œsophagite aiguë radique [52]. Les traitements médicamenteux visent au soulagement des symptômes. Des agents pro-kinétiques et des inhibiteurs de la pompe à proton sont habituellement prescrits, notamment en cas de reflux gastro-œsophagien associé [13]. Des anesthésiques topiques (xylocaine) peuvent améliorer l’odynophagie, mais leur utilisation est limitée par le risque de fausses routes. La prescription d’antalgiques, adaptée selon les paliers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est impérative. La déshydratation et la dénutrition peuvent justifier la pose d’une sonde nasogastrique ou d’une sonde de gastrostomie avant le début de la radiothérapie chez les patients fragiles ou lorsque la durée prévisible de dysphagie est supérieure à six semaines. Les complications de grade 4 relèvent d’une prise en charge instrumentale, endoscopique, voire chirurgicale. Les sténoses sont traitées par dilatation endoscopique en première intention et par stents en cas d’échec [53]. 9. Conclusion L’œsophagite radique aiguë est une complication fréquente des irradiations thoraciques, notamment des cancers pulmonaires [54]. La prise en charge volontariste des symptômes d’œsophagite aiguë a pour objectif d’éviter une interruption de la radiothérapie. Les contraintes dose/volume–longueur sont mal établies et souvent non respectées car le radiothérapeute doit privilégier la couverture des volumes cible, ainsi que la protection des poumons et de la moelle épinière. RTOG : Radiation Therapy Oncology Group ; NCI : National Cancer Institute ; CTC 3.0 : Common Terminology Criteria v3.0. Correction d’hétérogénéité V20 Score MDACC ≥ 3 (mélange scores CTC 3,0 et RTOG) Grade RTOG ≥ 1 Grade 1 : 27,4 % Grade 2 : 45,1 % Grade 3 : 20 % Grade 4 : 0,5 % Correction d’hétérogénéité non précisé Contourage de l’œsophage des apex pulmonaires à la jonction œso-gastrique Dmean (p = 0,002) V50 (p = 0,005) V60 (p = 0,005) Grade RTOG ≥ 2 Kahn et al., 2005 [29] Radiothérapie tridimensionnelle ± chimiothérapie concomitante (77 %) ± chimiothérapie induction (9 %) 35 patients cancer bronchique non à petites cellules (77 %) cancer bronchique à petites cellules (23 %) 236 patients, non spécifié [5pt] Takeda et al., 2005 [35] Technique utilisée Nombre de patients inclus Auteur, année de publication Tableau 5 (Suite) Radiothérapie tridimensionnelle conformationnelle Non spécifié Correction d’hétérogénéité V35 (p = 0,002 analyse unifactorielle, p = 0,01 analyse multifactorielle) Grade RTOG ≥ 1 Grade 1 : 57 % Grade 2 : 14 % Commentaires Critère de toxicité considéré Taux d’œsophagite Facteur dosimétrique relevé T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Senkus-Konefka E, Jassem J. Complications of breast-cancer radiotherapy. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2006;18:229–35. [2] Daly JM, Fry WA, Little AG, Winchester DP, McKee RF, Stewart AK, et al. Esophageal cancer: results of an American College of Surgeons Patient Care Evaluation Study. J Am Coll Surg 2000;190:562–72. [3] Cancer Therapy Evaluation Program [Site internet]. Common Terminology Criteria for Adverse Events (CTCAE) and Common Toxicity Criteria (CTC). Bethesda, MD: National Cancer Institute. Consultable sur: http://ctep.cancer.gov/reporting/ctc.html (accès le 20 mars 2012). [4] La TH, Minn AY, Su Z, Fisher GA, Ford JM, Kunz P, et al. Multimodality treatment with intensity modulated radiation therapy for esophageal cancer. Dis Esophagus 2010;23:300–8. [5] Belderbos JS, De Jaeger K, Heemsbergen WD, Seppenwoolde Y, Baas P, Boersma LJ, et al. First results of a phase I/II dose escalation trial in non-small cell lung cancer using three-dimensional conformal radiotherapy. Radiother Oncol 2003;66:119–26. [6] Furuse K, Fukuoka M, Kawahara M, Nishikawa H, Takada Y, Kudoh S, et al. Phase III study of concurrent versus sequential thoracic radiotherapy in combination with mitomycin, vindesine, and cisplatin in unresectable stage III non-smallcell lung cancer. J Clin Oncol 1999;17:2692–9. [7] Jones JA, Avritscher EB, Cooksley CD, Michelet M, Bekele BN, Elting LS. Epidemiology of treatment-associated mucosal injury after treatment with newer regimens for lymphoma, breast, lung, or colorectal cancer. Support Care Cancer 2006;14:505–15. [8] Koukourakis M, Hlouverakis G, Kosma L, Skarlatos J, Damilakis J, Giatromanolaki A, et al. The impact of overall treatment time on the results of radiotherapy for nonsmall cell lung carcinoma. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1996;34:315–22. [9] Machtay M, Hsu C, Komaki R, Sause WT, Swann RS, Langer CJ, et al. Effect of overall treatment time on outcomes after concurrent chemoradiation for locally advanced non-small-cell lung carcinoma: analysis of the Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:667–71. [10] Orlando RC. The integrity of the esophageal mucosa. Balance between offensive and defensive mechanisms. Best Pract Res Clin Gastroenterol 2010;24:873–82. [11] Choy H, LaPorte K, Knill-Selby E, Mohr P, Shyr Y. Esophagitis in combined modality therapy for locally advanced non-small cell lung cancer. Semin Radiat Oncol 1999;9:90–6. T. Challand et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 364–371 [12] Caillot É, Denis F. Mucites radioinduites buccopharyngées : actualités sur la prise en charge. Cancer Radiother 2012 [http://dx.doi.org/10.1016/ j.canrad.2012.05.005 (ce numéro)]. [13] Rose J, Rodrigues G, Yaremko B, Lock M, D’Souza D. Systematic review of dosevolume parameters in the prediction of esophagitis in thoracic radiotherapy. Radiother Oncol 2009;91:282–7. [14] Hirota S, Tsujino K, Hishikawa Y, Watanabe H, Kono K, Soejima T, et al. Endoscopic findings of radiation esophagitis in concurrent chemoradiotherapy for intrathoracic malignancies. Radiother Oncol 2001;58:273–8 [Erratum in: Radiother Oncol 2001;60(1):107]. [15] Werner-Wasik M, Pequignot E, Leeper D, Hauck W, Curran W. Predictors of severe esophagitis include use of concurrent chemotherapy, but not the length of irradiated esophagus: a multivariate analysis of patients with lung cancer treated with nonoperative therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:689–96. [16] Davila M, Bresalier RS. Gastrointestinal complications of oncologic therapy. Nat Clin Pract Gastroenterol Hepatol 2008;5:682–96. [17] Blijlevens NM, Donnelly JP, Yakar D, van Die CE, de Witte T. Determining mucosal barrier injury to the oesophagus using CT scan. Support Care Cancer 2007;15:1105–8. [18] Byhardt RW, Scott C, Sause WT, Emami B, Komaki R, Fisher B, et al. Response, toxicity, failure patterns, and survival in five Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) trials of sequential and/or concurrent chemotherapy and radiotherapy for locally advanced non-small-cell carcinoma of the lung. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1998;42:469–78. [19] Maguire PD, Sibley GS, Zhou SM, Jamieson TA, Light KL, Antoine PA, et al. Clinical and dosimetric predictors of radiation-induced esophageal toxicity. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;45:97–103. [20] Singh AK, Lockett MA, Bradley JD. Predictors of radiation-induced esophageal toxicity in patients with non-small-cell lung cancer treated with three-dimensional conformal radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;55:337–41. [21] Bradley J, Deasy JO, Bentzen S, El-Naqa. Dosimetric correlates for acute esophagitis in patients treated with radiotherapy for lung carcinoma. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;58:1106–13. [22] Patel AB, Edelman MJ, Kwok Y, Krasna MJ, Suntharalingam M. Predictors of acute esophagitis in patients with non-small-cell lung carcinoma treated with concurrent chemotherapy and hyperfractionated radiotherapy followed by surgery. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:1106–12. [23] Chapet O, Kong FM, Lee JS, Hayman JA, Ten Haken RK. Normal tissue complication probability modeling for acute esophagitis in patients treated with conformal radiation therapy for non-small cell lung cancer. Radiother Oncol 2005;77:176–81. [24] Qiao WB, Zhao YH, Zhao YB, Wang RZ. Clinical and dosimetric factors of radiation-induced esophageal injury: radiation-induced esophageal toxicity. World J Gastroenterol 2005;11:2626–9. [25] Belderbos J, Heemsbergen W, Hoogeman M, Pengel K, Rossi M, Lebesque J. Acute esophageal toxicity in non-small cell lung cancer patients after high dose conformal radiotherapy. Radiother Oncol 2005;75:157–64. [26] Kim TH, Cho KH, Pyo HR, Lee JS, Han JY, Zo JI, et al. Dose-volumetric parameters of acute esophageal toxicity in patients with lung cancer treated with three-dimensional conformal radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:995–1002. [27] Ahn SJ, Kahn D, Zhou S, Yu X, Hollis D, Shafman TD, et al. Dosimetric and clinical predictors for radiation-induced esophageal injury. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;61:335–47. [28] Senan S, De Ruysscher D, Giraud P, Mirimanoff R, Budach V, Radiotherapy Group of European Organization for Research and Treatment of Cancer. Literaturebased recommendations for treatment planning and execution in high-dose radiotherapy for lung cancer. Radiother Oncol 2004;71:139–46. [29] Kahn D, Zhou S, Ahn SJ, Hollis D, Yu X, D’Amico TA, et al. “Anatomically-correct” dosimetric parameters may be better predictors for esophageal toxicity than are traditional CT-based metrics. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:645–51. [30] Dieleman EM, Senan S, Vincent A, Lagerwaard FJ, Slotman BJ, van Sörnsen de Koste JR. Four-dimensional computed tomographic analysis of esophageal mobility during normal respiration. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:775–80. [31] Grills IS, Yan D, Martinez AA, Vicini FA, Wong JW, Kestin LL. Potential for reduced toxicity and dose escalation in the treatment of inoperable non-small-cell lung cancer: a comparison of intensity-modulated radiation therapy (IMRT), 3D conformal radiation, and elective nodal irradiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;57:875–90. 371 [32] Yuan S, Sun X, Li M, Yu J, Ren R, Yu Y, et al. A randomized study of involved-field irradiation versus elective nodal irradiation in combination with concurrent chemotherapy for inoperable stage III nonsmall cell lung cancer. Am J Clin Oncol 2007;30:239–44. [33] Langer CJ, Movsas B, Hudes R, Schol J, Keenan E, Kilpatrick D, et al. Induction paclitaxel and carboplatin followed by concurrent chemoradiotherapy in patients with unresectable, locally advanced non-small cell lung carcinoma: report of Fox Chase Cancer Center study 94-001. Semin Oncol 1997;24. S1289–95. [34] Rosenman JG, Halle JS, Socinski MA, Deschesne K, Moore DT, Johnson, et al. High-dose conformal radiotherapy for treatment of stage IIIA/IIIB non-smallcell lung cancer: technical issues and results of a phase I/II trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;54:348–56. [35] Takeda K, Nemoto K, Saito H, Ogawa Y, Takai Y, Yamada S. Dosimetric correlations of acute esophagitis in lung cancer patients treated with radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:626–9. [36] Wei X, Liu HH, Tucker SL, Liao Z, Hu C, Mohan R, et al. Risk factors for acute esophagitis in non-small-cell lung cancer patients treated with concurrent chemotherapy and three-dimensional conformal radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:100–7. [37] Rodríguez N, Algara M, Foro P, Lacruz M, Reig A, Membrive, et al. Predictors of acute esophagitis in lung cancer patients treated with concurrent threedimensional conformal radiotherapy and chemotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:810–7. [38] Chapet O. Complications aiguës et tardives des irradiations thoraciques. Cancer Radiother 2007;11:92–100. [39] Werner-Wasik M, Yorke E, Deasy J, Nam J, Marks LB. Radiation dosevolume effects in the esophagus. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76: S86–93. [40] Leignel Argo D, Giraud P. Non small cell lung cancer. Cancer Radiother 2010;14:S61–73. [41] Zhu J, Zhang ZC, Li BS, Liu M, Yin Y, Yu JM, et al. Analysis of acute radiationinduced esophagitis in non-small-cell lung cancer patients using the Lyman NTCP model. Radiother Oncol 2010;97:449–54. [42] Chapet O, Thomas E, Kessler ML, Fraass BA, Ten Haken RK. Esophagus sparing with IMRT in lung tumor irradiation: an EUD-based optimization technique. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:179–87. [43] Sur RK, Kochhar R, Singh DP. Oral sucralfate in acute radiation oesophagitis. Acta Oncol 1994;33:61–3. [44] McGinnis WL, Loprinzi CL, Buskirk SJ, Sloan JA, Drummond RG, Frank AR, et al. Placebo-controlled trial of sucralfate for inhibiting radiation-induced esophagitis. J Clin Oncol 1997;15:1239–43. [45] Leong SS, Tan EH, Fong KW, Wilder-Smith E, Ong YK, Tai BC, et al. Randomized double-blind trial of combined modality treatment with or without amifostine in unresectable stage III non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2003;21:1767–74. [46] Movsas B, Scott C, Langer C, Werner-Wasik M, Nicolaou N, Komaki, et al. Randomized trial of amifostine in locally advanced non-small-cell lung cancer patients receiving chemotherapy and hyperfractionated radiation: radiation therapy oncology group trial 98-01. J Clin Oncol 2005;23:2145–54. [47] Sasse AD, Clark LG, Sasse EC, Clark OA. Amifostine reduces side effects and improves complete response rate during radiotherapy: results of a metaanalysis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:784–91. [48] Peterson DE, Bensadoun RJ, Roila F, ESMO Guidelines Working Group. Management of oral and gastrointestinal mucositis: ESMO Clinical Practice Guidelines. Ann Oncol 2010;21:v261–5. [49] Bensadoun RJ, Schubert MM, Lalla RV, Keefe D. Amifostine in the management of radiation-induced and chemo-induced mucositis. Support Care Cancer 2006;14:566–72. [50] Keefe DM, Sonis ST, Bowen JM. Emerging drugs for chemotherapy-induced mucositis. Expert Opin Emerg Drugs 2008;13:511–22. [51] Algara M, Rodríguez N, Viñals P, Lacruz M, Foro P, Reig A, et al. Prevention of radiochemotherapy-induced esophagitis with glutamine: results of a pilot study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;69:342–9. [52] Berkey FJ. Managing the adverse effects of radiation therapy. Am Fam Physician 2010;82:381–8, 394. [53] de Wijkerslooth LR, Vleggaar FP, Siersema PD. Endoscopic management of difficult or recurrent esophageal strictures. Am J Gastroenterol 2011;106:2080–91 [quiz 2092. doi:10.1038/ajg.2011.348]. [54] Bera G, Pointreau Y, Denis F, Orain I, Dupuis O, Créhange G. Dose de tolérance à l’irradiation des tissus sains: l’œsophage. Cancer Radiother 2010;14: 327–35. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 372–376 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Toxicité rectale de la radiothérapie : signes cliniques, physiopathologie et prise en charge Radiation-induced proctitis: Symptoms, pathophysiology and treatment C. Kintzinger a , C. Demoor-Goldschmidt b , R. Abderrahmani c,d , F. Paris b,c,d , S. Supiot b,∗,c,d a Service de radiothérapie, groupe hospitalier Sud-Réunion Terre-Sainte, 97410 Saint-Pierre, La Réunion Service de radiothérapie, centre René-Gauducheau, institut de cancérologie de l’Ouest, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain cedex, France Inserm UMR6299, centre de recherche en cancérologie Nantes-Angers (CRCNA), quai Moncousu, 44800 Nantes, France d Pôle régional d’enseignement supérieur Nantes-Angers-Le Mans, 44800 Nantes, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 23 mai 2012 Accepté le 28 mai 2012 Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Irradiation Rectite Rectum Physiopathologie Pelvis Prostate Utérus Toxicité Anus r é s u m é La radiothérapie pelvienne occupe une place importante dans la prise en charge des cancers pelviens, mais expose au risque d’effets secondaires comme la rectite radique, aiguë ou retardée. Cet article a pour objectif de détailler la symptomatologie, la physiopathologie et la prise en charge thérapeutique de la rectite radique induite lors de traitements des cancers pelviens, en dehors de celle liée au cancer du rectum. La rectite radique est une pathologie complexe nécessitant une prise en charge s’étalant dès le premier contact avec le patient jusqu’à plusieurs années après la fin de la radiothérapie. Cette prise en charge englobe des moyens de prévention (facteurs cliniques et dosimétriques), de détection et de traitements médicaux et chirurgicaux. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Radiation Proctitis Rectum Pathophysiology Pelvis Prostate Uterus Toxicity Anus Radiotherapy is a major treatment of pelvic tumours. It exposes to the risk of acute and long-term side effects, such as radiation proctitis. Radiation proctitis is a complex disease requiring support ranging from initial contact with the patient until several years after completion of radiotherapy. This care includes preventive measures (clinical and dosimetric factors), detection and medical and surgical treatments. This article aims to make a review of radiation proctitis induced during the treatment of pelvic cancers. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction Les cancers pelviens sont parmi ceux où la radiothérapie est souvent nécessaire, seule ou associée à la chirurgie ou la chimiothérapie, qu’il s’agisse du col utérin, de la vessie, du rectum, de la prostate ou des sarcomes [1–5]. Malgré ces avancées technologiques, le risque de complications de la radiothérapie est important aussi bien pendant la radiothérapie qu’à distance de tout traitement [6]. La rectite radique est un effet secondaire fréquent pouvant entraîner une altération importante de la qualité de vie des patients [7], ce qui est d’autant plus important que ces patients bénéficient d’un taux de guérison en accroissement. Cet article a pour but de revoir la prise en charge diagnostique et thérapeutique de la rectite radique à l’aide d’une revue de la littérature réalisée via Medline. La rectite induite par le traitement du cancer rectal ne sera pas abordée. 2. Symptomatologie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Supiot). La rectite correspond à une inflammation du rectum qui peut être due à de nombreuses autres étiologies que la radiothérapie. 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.014 C. Kintzinger et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 372–376 Tableau 1 Score de Vienne d’évaluation endoscopique de la toxicité rectale de l’irradiation [16]. Score Congestion Télangiectasies Ulcération Sténose Nécrose 0 1 2 3 4 5 G1 G2 G3 Tout grade Tout grade Tout grade – G1 G2 G3 Tout grade Tout grade – – – G1 G2 > G2 – – – – G1 > G1 – – – – – Présence On distingue classiquement une rectite radique aiguë et une rectite radique chronique selon leur date d’apparition par rapport au traitement. La rectite radique aiguë survient en cours de radiothérapie ou jusqu’à deux à quatre semaines après sa fin ; sa prise en charge diagnostique et thérapeutique incombe le plus souvent aux oncologues radiothérapeutes. Cliniquement, la rectite radique aiguë se caractérise par de multiples signes cliniques qui sont, par ordre de fréquence, une accélération du transit, une incontinence fécale, des rectorragies, des ténesmes et des faux besoins. Des signes cliniques d’atteintes anales comme des douleurs ou des crises hémorroïdaires y sont souvent associés [8]. Ces lésions se retrouvent à l’endoscopie digestive sous forme d’une inflammation, d’un œdème ou d’une ulcération. Plusieurs échelles de toxicité sont traditionnellement utilisées, comme celle du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG), qui distingue cinq grades, ou celle du National Cancer Institute Commont Toxicity Criteria–Adverse Events (CTCAE). Jusqu’à trois patients sur quatre souffrent d’une rectite radique aiguë tous degrés confondus [9]. Un arrêt temporaire du traitement est nécessaire chez 5 à 15 % des patients [10]. La toxicité sévère est rare (moins de 5 % des cas) et la symptomatologie régresse en général dans les quatre semaines suivant la fin de la radiothérapie [6]. L’imagerie endoscopique est rarement réalisée, mais le lien entre les images endoscopique et histologique et la sévérité de la symptomatologie clinique semble inconstant, puisque les modifications histologiques de rectite aiguë se stabilisent puis régressent entre la deuxième et la sixième semaine d’irradiation, alors que la symptomatologie clinique se majore [11]. La rectite radique chronique, qui survient en général entre six mois et deux ans après la radiothérapie, se traduit cliniquement par des rectorragies dans un quart des cas (avec en moyenne moins d’un épisode par semaine), des douleurs lors de la défécation et des troubles de la continence associés parfois à des faux besoins et des ténesmes [12,13]. La prévalence de la rectite radique chronique est difficile à estimer, en grande partie liée au caractère fugace des symptômes entraînant un dépistage moins efficace et des évaluations variables selon les échelles utilisées nécessitant une standardisation [14]. On estime la fréquence de la rectite radique chronique de grade 2 à un patient sur deux et celle de grade 3 à moins de 5 % [15]. La rectite radique chronique bénéficie souvent d’une exploration endoscopique mettant en évidence des lésions à type de télangiectasies, micro-ulcérations, gradées à l’aide des échelles endoscopiques (Tableau 1) [16]. La présence d’anomalies endoscopiques détectées chez des patients asymptomatiques un an après la fin de l’irradiation permet de prédire la survenue de rectorragies à trois ans [17]. Cette toxicité rectale chronique s’intègre parfois plus largement dans le cadre d’un « syndrome du pelvis irradié » comprenant une atteinte des fonctions vésicales, intestinales, génitales et cutanéomuqueuses [18]. La prévalence de ce syndrome semble sous-estimée et certains auteurs considèrent que l’incidence d’une atteinte intestinale chronique séquellaire de l’irradiation dépasse celles des maladies inflammatoires « classiques » de l’intestin, telles la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique [19]. Il convient donc de recourir à des échelles d’évaluation large de la toxicité ainsi qu’à des questionnaires évaluant la qualité de vie ressentie par le 373 patient de façon à s’affranchir d’un biais possible lié au recueil des données par le médecin [20]. 3. Physiopathologie L’aspect histologique de la rectite aiguë comprend une altération de l’épithélium de surface (infiltrat inflammatoire, anomalies de taille et d’aspect des cellules épithéliales), combinée à des anomalies des glandes de Liberkühn (atrophie, anomalies de structure et destruction des glandes, disparition des cellules de Paneth, infiltration par des polynucléaires neutrophiles et éosinophiles) associée à une atteinte de la lamina propria et du stroma (inflammation, œdème et altération vasculaire) [11]. Jusqu’à récemment, il était considéré que l’atteinte initiale de la toxicité intestinale de l’irradiation était la destruction des cellules souches clonogéniques intestinales situées au fond des cryptes des glandes de Liberkühn, cette destruction entraînant un défaut progressif de renouvellement cellulaire de la muqueuse rectale expliquant le délai retardé entre l’irradiation et l’apparition des symptômes [21,22]. Plus récemment chez la souris, il a été montré que l’atteinte intestinale initiale consistait en une apoptose des cellules endothéliales de la crypte intestinale dépendant de la genèse d’un sphingolipide, le céramide, survenant après de fortes doses d’irradiation [23]. Cette perte aiguë de la vascularisation endothéliale de la paroi rectale entraîne alors une destruction de la muqueuse intestinale [24,25]. L’inhibition de l’apoptose des cellules endothéliales par la sphingosine 1 phosphate empêche l’apparition d’une atteinte intestinale après de fortes doses de radiothérapie [26,27]. La rectite radique chronique comporte une fibrose interstitielle transmurale et atteinte artérielle correspondant à une artériopathie oblitérante secondaire favorisée par la fibrose [28,29]. Ces anomalies morphologiques sont liées à la stimulation de multiples voies de signalisation comme les voies PAI-1, TGF-bêta (transforming growth factor) ou la voie Rho et petites protéines G qui entraînent un phénotype inflammatoire chronique avec modification de l’expression de gènes du stress oxydatif, de l’hypoxie et de l’angiogenèse [30–33]. Des mécanismes inflammatoires impliquant les mastocytes ont été impliqués dans la physiopathologie spécifique de la rectite aiguë et chronique [34]. Cependant, il convient de garder en mémoire que la plupart des études mécanistiques ont été conduites sur des modèles murins à des doses par fraction élevées (plus de 10 Gy), alors que la plupart des radiothérapies recourent à de doses de 1,8–2 Gy par fraction. De plus, la plupart des données disponibles concernent la toxicité intestinale de l’irradiation mais très peu de modèles s’intéressent spécifiquement à la toxicité rectale à proprement parler. Les rôles respectifs des cellules endothéliales et des cellules souches intestinales dans l’apparition d’une toxicité rectale à des doses de 2 Gy par fraction sont toujours en cours d’investigation [35]. 4. Facteurs de risque cliniques Plusieurs éléments liés au patient ou au traitement prédisposent à la survenue de rectite radique. Parmi les éléments liés au patient, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (rectocolite hémorragique ou maladie de Crohn) représentent une contre-indication à la réalisation d’une radiothérapie pelvienne lorsqu’elles sont en phase active en raison d’une majoration nette du risque de survenue de rectite aiguë [36]. Le diabète sucré constitue aussi un facteur de risque significatif de survenue de rectite radique chronique (risque relatif = 1,64) [37], mais son rôle de facteur favorisant n’est pas toujours retrouvé [15]. Les antécédents de chirurgies abdominopelviennes représentent un facteur ayant une grande influence sur la survenue de rectite radique 374 C. Kintzinger et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 372–376 chronique (OR [odd ratio] = 3,26 pour l’incontinence fécale chronique ; OR = 3,64 pour les rectorragies de grade 3 [15,38,39]). Les hémorroïdes favorisent non seulement la survenue de rectorragies chroniques (OR = 1,73) [40], mais aussi l’incontinence rectale aiguë et chronique avec, respectivement, un OR à 2,43 et à 1,6 [15]. En revanche, il ne semble pas exister de lien entre l’aspect endoscopique rectal avant radiothérapie (hémorroïdes, polypes ou diverticules) et le risque de survenue de toxicité rectale [41]. À l’inverse, il a été mis en évidence un effet protecteur d’un traitement anti-hypertenseur sur la survenue de diarrhée (OR = 0,40) et sur l’incontinence fécale (OR = 0,31) [15]. Parmi les facteurs génétiques pouvant entraîner la survenue d’une rectite radique, il convient de rechercher attentivement des signes pouvant évoquer des maladies génétiques entraînant une altération de la réparation de l’ADN, d’autant plus que certains de ces syndromes prédisposent à la survenue de tumeurs pelviennes [42,43]. Enfin, l’apparition d’une rectite radique aiguë représente un facteur de risque indépendant de développer ultérieurement une rectite radique chronique, selon un mécanisme de consequential late effects, traduisant des lésions aiguës insuffisamment réparées pouvant entraîner des dommages chroniques [44,45]. Ainsi, un patient souffrant d’une incontinence rectale en phase aiguë a quatre à cinq fois plus de risques de souffrir d’une incontinence rectale chronique [15]. 5. Paramètres techniques permettant de prédire la survenue de toxicité rectale Parmi les différents paramètres techniques de l’irradiation, le volume total irradié représente le facteur influençant principalement la survenue de rectite radique. Les autres critères à prendre en compte sont la dose totale délivrée, la dose par fraction et l’adjonction de traitements concomitants. Plus le volume irradié est important, plus la probabilité de survenue d’une rectite radique aiguë est élevée. Par exemple, dans le cas du cancer de la prostate, l’irradiation des vésicules séminales exposent à un risque plus important de ténesme avec un OR à 8,91 [40]. La dose délivrée au rectum peut être estimée à l’aide d’histogrammes dose–volume, qui permettent de prédire la survenue de toxicité tardive à l’aide d’algorithmes mathématiques [46,47]. Les différentes contraintes qui peuvent être appliquées de façon à réduire la probabilité de survenue de toxicité rectale ont été revues par le groupe Quantec (Quantitative Analyses of Normal Tissue Effects in the Clinic) [48]. Parmi ces paramètres, un risque de toxicité rectale grade 2 ou supérieur est constamment associé au volume de rectum recevant plus de 60 Gy. Cette revue internationale recommande les contraintes suivantes (Vx : volume recevant la dose x) : V50 < 50 %, V60 < 35 %, V65 < 25 %, V70 < 20 % et V75 < 15 %. Pour ce niveau de contraintes, la probabilité de toxicité rectale tardive de grade 2 est inférieure à 15 %, et celle de grade 3 inférieure à 10 % dans des conditions de fractionnement standard. Le recours à des protocoles de radiothérapie hypofractionnée nécessite une modification au cas par cas de ces histogrammes dose–volume recommandées [49]. D’autres organes que le rectum pourraient contribuer à la toxicité rectale tardive comme les muscles du plancher pelvien pour l’incontinence fécale [50]. La prescription concomitante à la radiothérapie de chimiothérapie peut majorer le risque de survenue de toxicité gastro-intestinale [51,52]. L’hormonothérapie utilisée en concomitance dans le traitement du cancer de la prostate a un rôle plus discuté [53]. Dans certaines études, un caractère protecteur de l’hormonothérapie notamment pour la réduction des rectorragies a été mis en évidence avec des OR de 0,63 et 0,67 [15,40], contrairement à d’autres auteurs retrouvant dans l’hormonothérapie un facteur favorisant la rectite radique aiguë [54]. 6. Prévention des rectites aiguë et chronique Afin de prévenir la survenue de toxicité rectale, les paramètres techniques de la radiothérapie peuvent être optimisés. Ainsi, la radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité (RCMI) permet de réduire la dose délivrée au rectum en comparaison avec la radiothérapie conformationnelle, ce qui réduit l’incidence de rectite radique chronique, à condition de respecter un contrôle strict de la qualité de la RCMI [1,55–57]. À long terme, la qualité de vie digestive n’est pas altérée par une RCMI prostatique même à forte doses [58]. Pour une qualité optimale de la radiothérapie, la délivrance du traitement nécessite une reproductibilité de positionnement. La radiothérapie guidée par l’image (ou image-guided radiotherapy [IGRT]) s’est développée pour assurer un repositionnement parfait à l’aide de différentes techniques (marqueurs fiduciaires, tomographie conique, etc.) [59,60]. L’impact des faibles doses délivrées par le guidage par l’image ne semble pas augmenter la toxicité [61] ; au contraire la radiothérapie guidée par l’image permet de réduire la toxicité rectale en cas de traitement des aires ganglionnaires pelviennes [62]. De façon à éloigner le rectum de la zone irradiée, il a été proposé d’injecter de l’acide hyaluronique par voie transpérinéale dans la partie antérieure du mésorectum, ce qui permet de réduire de façon importante la dose délivrée au rectum par radiothérapie externe ou par curiethérapie de débit pulsé [63,64]. Une autre technique consiste en l’utilisation de ballon endorectal lors de chaque séance de radiothérapie permettant une réduction de l’irradiation du rectum et notamment de la paroi postérieure en réduisant ainsi le risque de survenue de rectite radique chronique [65]. L’éducation du patient est aussi un élément important de la prise en charge prophylactique de la toxicité rectale. Un rectum distendu expose à une moindre toxicité rectale, mais expose à plus fort taux de rechutes [66]. Il est ainsi recommandé de réaliser une radiothérapie prostatique avec le rectum le plus vide possible de façon à réduire les variations de doses délivrées à la paroi antérieure au contact de la prostate. 7. Traitement En dehors de la chirurgie réservée aux formes sévères de rectite radique, plusieurs traitements médicaments en topiques locaux ont été évalués pour réduire les symptômes de la rectite radique, comme l’hydrocortisone en mousse (Colofoam® ) seul ou associé au sucralfate ou des dérivés salicylés et acides gras à chaînes courtes [13,67]. L’efficacité de ces différents traitements est difficile à prouver avec des résultats parfois discordants entre les essais [68]. Les traitements endoscopiques occupent une place de choix, que ce soit par photocoagulation au laser YAG qui expose à de nombreux effets secondaires possibles (douleurs abdominales, fistule. . .) [69], ou au laser argon qui présente des propriétés physiques permettant une sécurité plus accrue par une capacité de pénétration plus faible avec une efficacité (réduction de la fréquence ou de l’intensité des rectorragies) dans 80 % des cas [70]. Des injections locales de formol, seul ou aidé de prise orale de vitamine ont aussi montré une bonne efficacité [71]. Le traitement de référence des formes sévères de rectite radique chronique demeure l’oxygénothérapie hyperbare, avec une efficacité survenant dans plus de 75 % des cas [72]. Les indications thérapeutiques dépendent de la sévérité de l’atteinte. Une abstention est recommandée en cas de saignements rares et sans retentissement hématologique. Pour des degrés de sévérité croissants, on proposera des traitements par topiques locaux, puis des gestes endoscopiques, et enfin une oxygénothérapie hyperbare. La chirurgie constitue le traitement en dernier recours, réservée aux formes graves de toxicité rectale chronique telles que celle observée en cas d’accident d’irradiation [73]. C. Kintzinger et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 372–376 8. Conclusion La rectite radique constitue un effet secondaire majeur de la radiothérapie pelvienne. Plusieurs paramètres cliniques (antécédents de chirurgie abdominopelvienne, diabète sucré) ont été identifiés, permettant de prédire la survenue d’une rectite radique. Ces facteurs cliniques sont complétés par des facteurs dosimétriques qui présentent encore des incertitudes sur les doses de tolérance au rectum. L’avènement de nouvelle technique de radiothérapie conformationnelle permettra à terme de réduire la prévalence des rectites radiques tant aiguës que chroniques. Le dépistage d’une rectite radique chronique justifie une longue surveillance après la radiothérapie [74,75]. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Renard-Oldrini S, Brunaud C, Huger S, Marchesi V, Tournier-Rangeard L, Bouzid D, et al. Comparaison dosimétrique des radiothérapies conformationnelles avec modulation d’intensité par faisceaux statiques et RapidArc® des cancers du col. Cancer Radiother 2012;16:209–14. [2] Pointreau Y, Klotz S, Denis F, Durdux C. Cancer de la vessie. Cancer Radiother 2010;14:S189–97. [3] Bosset JF, Servagi-Vernat S, Créhange G, Azria D, Gérard JP, Hennequin C. Cancers du rectum : volumes cible de la radiothérapie, bases rationnelles. Cancer Radiother 2011;15:431–5. [4] Thoms J, Goda JS, Zlotta AR, Fleshner NE, van der Kwast TH, Supiot S, et al. Neoadjuvant radiotherapy for locally advanced and high-risk prostate cancer. Nat Rev Clin Oncol 2011;8:107–13. [5] Champetier C, Hannoun-Lévi JM, Resbeut M, Azria D, Salem N, Tessier E, et al. Radiothérapie postopératoire dans les sarcomes utérins : étude rétrospective multicentrique. Cancer Radiother 2011;15:89–96. [6] Andreyev HJN. Gastrointestinal problems after pelvic radiotherapy: the past, the present and the future. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2007;19:790–9. [7] Barker CL, Routledge JA, Farnell DJ, Swindell R, Davidson SE. The impact of radiotherapy late effects on quality of life in gynaecological cancer patients. Br J Cancer 2009;100:1558–65. [8] Moreau-Claeys MV, Peiffert D. Dose de tolérance à l’irradiation des tissus sains : le canal anal. Cancer Radiother 2010;14:359–62. [9] Blanchard P, Chapet O. Dose de tolérance à l’irradiation des tissus sains : le rectum. Cancer Radiother 2010;14:354–8. [10] Mohammed N, Kestin L, Ghilezan M, Krauss D, Vicini F, Brabbins D, et al. Comparison of acute and late toxicities for three modern high-dose radiation treatment techniques for localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:204–12. [11] Hovdenak N, Fajardo LF, Hauer-Jensen M. Acute radiation proctitis: a sequential clinicopathologic study during pelvic radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:1111–7. [12] de Parades V, Bauer P, Marteau P, Chauveinc L, Bouillet T, Atienza P. Traitement non chirurgical des rectites radiques chroniques hémorragiques. Gastroenterol Clin Biol 2007;31:919–28. [13] Hayne D, Vaizey CJ, Boulos PB. Anorectal injury following pelvic radiotherapy. Br J Surg 2001;88:1037–48. [14] van der Laan HP, van den Bergh A, Schilstra C, Vlasman R, Meertens H, Langendijk JA. Grading-system-dependent volume effects for late radiation-induced rectal toxicity after curative radiotherapy for prostate cancer. Int J Radiat Oncol Bio Phys 2008;70:1138–45. [15] Fellin G, Fiorino C, Rancati T, Vavassori V, Baccolini M, Bianchi C, et al. Clinical and dosimetric predictors of late rectal toxicity after conformal radiation for localized prostate cancer: results of a large multicenter observational study. Radiother Oncol 2009;93:197–202. √ [16] Wachter S, Gerstner N, Goldner G, P ∂tzi R, Wambersie A, Pötter R. Endoscopic scoring of late rectal mucosal damage after conformal radiotherapy for prostatic carcinoma. Radiother Oncol 2000;54:11–9. [17] Ippolito E, Massaccesi M, Digesu C, Deodato F, Macchia G, Pirozzi GA, et al. Early proctoscopy is a surrogate endpoint of late rectal toxicity in prostate cancer treated with radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:e191–5. [18] Andreyev HJ, Wotherspoon A, Denham JW, Hauer-Jensen M. Pelvic radiation disease: new understanding and new solutions for a new disease in the era of cancer survivorship. Scand J Gastroenterol 2011;46:389–97. [19] Andreyev HJ, Wotherspoon A, Denham JW, Hauer-Jensen M. Defining pelvicradiation disease for the survivorship era. Lancet Oncol 2010;11:310–2. [20] Litwin MS, Hays RD, Fink A, Ganz PA, Leake B, Leach GE, et al. Quality-of-life outcomes in men treated for localized prostate cancer. JAMA 1995;273:129–35. [21] Potten CS. Extreme sensitivity of some intestinal crypt cells to X and gamma irradiation. Nature 1977;269:518–21. 375 [22] Potten CS. Radiation, the ideal cytotoxic agent for studying the cell biology of tissues such as the small intestine. Radiat Res 2004;161:123–36. [23] Paris F, Fuks Z, Kang A, Capodieci P, Juan G, Ehleiter D, et al. Endothelial apoptosis as the primary lesion initiating intestinal radiation damage in mice. Science 2001;293:293–7. [24] Supiot S, Paris F. Radiobiologie appliqué à l’endothélium. Cancer Radiother 2012;16:11–5. [25] Corre I, Niaudet C, Paris F. Plasma membrane signaling induced by ionizing radiation. Mutat Res 2010;704:61–7. [26] Bonnaud S, Niaudet C, Pottier G, Gaugler MH, Millour J, Barbet J, et al. Sphingosine-1-phosphate protects proliferating endothelial cells from ceramide-induced apoptosis but not from DNA damage-induced mitotic death. Cancer Res 2007;67:1803–11. [27] Bonnaud S, Niaudet C, Legoux F, Corre I, Delpon G, Saulquin X, et al. Sphingosine1-phosphate activates the AKT pathway to protect small intestines from radiation-induced endothelial apoptosis. Cancer Res 2010;70:9905–15. [28] Bourgier C, Monceau V, Bourhis J, Deutsch É, Vozenin MC. Modulation pharmacologique des effets tardifs de l’irradiation. Cancer Radiother 2011;15:383–9. [29] Abderrahmani R, Francois A, Buard V, Benderitter M, Sabourin JC, Crandall DL, et al. Effects of pharmacological inhibition and genetic deficiency of plasminogen activator inhibitor-1 in radiation-induced intestinal injury. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:942–8. [30] Abderrahmani R, Francois A, Buard V, Tarlet G, Blirando K, Hneino M, et al. PAI1-dependent endothelial cell death determines severity of radiation-induced intestinal injury. PLoS One 2012;7:e35740. [31] Vozenin-Brotons MC, Milliat F, Sabourin JC, de Gouville AC, Francois A, Lasser P, et al. Fibrogenic signals in patients with radiation enteritis are associated with increased connective tissue growth factor expression. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;56:561–72. [32] Traub F, Schleicher S, Kirschniak A, Zieker D, Kupka S, Weinmann M, et al. Gene expression analysis in chronic postradiation proctopathy. Int J Colorectal Dis 2012;27:879–84. [33] Vozenin-Brotons MC, Milliat F, Linard C, Strup C, Francois A, Sabourin JC, et al. Gene expression profile in human late radiation enteritis obtained by highdensity cDNA array hybridization. Radiat Res 2004;161:299–311. [34] Blirando K, Milliat F, Martelly I, Sabourin JC, Benderitter M, Francois A. Mast cells are an essential component of human radiation proctitis and contribute to experimental colorectal damage in mice. Am J Pathol 2011;178:640–51. [35] Richter KK, Fink LM, Hughes BM, Shmaysani HM, Sung CC, Hauer-Jensen M. Differential effect of radiation on endothelial cell function in rectal cancer and normal rectum. Am J Surg 1998;176:642–7. [36] Song DY, Lawrie WT, Abrams RA, Kafonek DR, Bayless TM, Welsh JS, et al. Acute and late radiotherapy toxicity in patients with inflammatory bowel disease. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2001;51:455–9. [37] Herold DM, Hanlon AL, Hanks GE. Diabetes mellitus: a predictor for late radiation morbidity. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;43:475–9. [38] Valdagni R, Vavassori V, Rancati T, Fellin G, Baccolini M, Bianchi C, et al. Increasing the risk of late rectal bleeding after high-dose radiotherapy for prostate cancer: the case of previous abdominal surgery. Results from a prospective trial. Radiother Oncol 2012;103:252–5. [39] Fiorino C, Rancati T, Fellin G, Vavassori V, Cagna E, Casanova Borca V, et al. Late fecal incontinence after high-dose radiotherapy for prostate cancer: better prediction using longitudinal definitions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:38–45. [40] Vavassori V, Fiorino C, Rancati T, Magli A, Fellin G, Baccolini M, et al. Predictors for rectal and intestinal acute toxicities during prostate cancer high-dose 3DCRT: results of a prospective multicenter study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:1401–10. [41] Goldner G, Zimmermann F, Feldmann H, Glocker S, Wachter-Gerstner N, Geinitz H, et al. 3-D conformal radiotherapy of localized prostate cancer: a subgroup analysis of rectoscopic findings prior to radiotherapy and acute/late rectal side effects. Radiother Oncol 2006;78:36–40. [42] Popanda O, Marquardt JU, Chang-Claude J, Schmezer P. Genetic variation in normal tissue toxicity induced by ionizing radiation. Mutat Res 2009;667:58–69. [43] Vogin G. Radiosensibilité, radiocurabilité et réparation. Cancer Radiother 2011;15:294–306. [44] Jereczek-Fossa BA, Zerini D, Fodor C, Santoro L, Serafini F, Cambria R, et al. Correlation between acute and late toxicity in 973 prostate cancer patients treated with three-dimensional conformal external beam radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;78:26–34. [45] Barnett GC, De Meerleer G, Gulliford SL, Sydes MR, Elliott RM, Dearnaley DP. The impact of clinical factors on the development of late radiation toxicity: results from the Medical Research Council RT01 trial (ISRCTN47772397). Clin Oncol (R Coll Radiol) 2011;23:613–24. [46] de Crevoisier R, Fiorino C, Dubray B. Radiothérapie prostatique : prédiction de la toxicité tardive à partir des données dosimétriques. Cancer Radiother 2010;14:460–8. [47] Prior P, Devisetty K, Tarima SS, Lawton CA, Semenenko VA. Consolidating risk estimates for radiation-induced complications in individual patient: late rectal toxicity. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:53–63. [48] Michalski JM, Gay H, Jackson A, Tucker SL, Deasy JO. Radiation dosevolume effects in radiation-induced rectal injury. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:S123–9. [49] Ko EC, Forsythe K, Buckstein M, Kao J, Rosenstein BS. Radiobiological rationale and clinical implications of hypofractionated radiation therapy. Cancer Radiother 2011;15:221–9. 376 C. Kintzinger et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 372–376 [50] Smeenk RJ, Hoffmann AL, Hopman WPM, van Lin ENJT, Kaanders JHAM. Dose-effect relationships for individual pelvic floor muscles and anorectal complaints after prostate radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83: 636–44. [51] Keys HM, Bundy BN, Stehman FB, Muderspach LI, Chafe WE, Suggs 3rd CL, et al. Cisplatin, radiation, and adjuvant hysterectomy compared with radiation and adjuvant hysterectomy for bulky stage IB cervical carcinoma. N Engl J Med 1999;340:1154–61. [52] Schefter TE, Winter K, Kwon JS, Stuhr K, Balaraj K, Yaremko BP, et al. A phase II study of bevacizumab in combination with definitive radiotherapy and cisplatin chemotherapy in untreated patients with locally advanced cervical carcinoma: preliminary results of RTOG 0417. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:1179–84. [53] Martin JM, Supiot S, Berthold DR. Pharmacotherapeutic management of locally advanced prostate cancer: current status. Drugs 2011;71:1019–41. [54] Peeters ST, Heemsbergen WD, van Putten WL, Slot A, Tabak H, Mens JW, et al. Acute and late complications after radiotherapy for prostate cancer: results of a multicenter randomized trial comparing 68 Gy to 78 Gy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;61:1019–34. [55] Latorzeff I, Mazurier J, Boutry C, Dudouet P, Richaud P, de Crevoisier R. Apports de la radiothérapie avec modulation d’intensité guidée par l’image dans les cancers prostatiques. Cancer Radiother 2010;14:479–87. [56] Zelefsky MJ, Fuks Z, Hunt M, Lee HJ, Lombardi D, Ling CC, et al. High dose radiation delivered by intensity modulated conformal radiotherapy improves the outcome of localized prostate cancer. J Urol 2001;166:876–81. [57] Chiavassa S, Brunet G, Gaudaire S, Munos-Llagostera C, Delpon G, Lisbona A. Radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité : analyse des résultats des contrôles précliniques, expérience du centre René-Gauducheau. Cancer Radiother 2011;15:265–9. [58] Marchand V, Bourdin S, Charbonnel C, Rio E, Munos C, Campion L, et al. No impairment of quality of life 18 months after high-dose intensity-modulated radiotherapy for localized prostate cancer: a prospective study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;77:1053–9. [59] de Crevoisier R, Garcia R, Louvel G, Marguet M, Lafond C, Bodez V. Radiothérapie guidée par la tomographie conique (cone beam computed tomography) : mise en œuvre et applications cliniques. Cancer Radiother 2009;13:482–9. [60] Delpon G, Llagostera C, Le Blanc M, Rio E, Supiot S, Mahé MA, et al. Quelle radiothérapie guidée par l’image pour quels patients ? Expérience concomitante de l’utilisation de trois dispositifs d’imagerie de repositionnement dans le cas du cancer de la prostate. Cancer Radiother 2009;13:399–407. [61] Lisbona A, Averbeck D, Supiot S, Delpon G, Ali D, Vinas F, et al. Radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) guidée par l’image : impact de l’augmentation du volume irradié à faible dose ? Cancer Radiother 2010;14:563–70. [62] Chung HT, Xia P, Chan LW, Park-Somers E, Roach 3rd M. Does image-guided radiotherapy improve toxicity profile in whole pelvic-treated high-risk prostate cancer? Comparison between IG-IMRT and IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:53–60. [63] Prada PJ, Fernández J, Martinez AA, de la Rúa A, Gonzalez JM, Fernandez JM, et al. Transperineal injection of hyaluronic acid in anterior perirectal fat to decrease rectal toxicity from radiation delivered with intensity modulated brachytherapy or EBRT for prostate cancer patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;69:95–102. [64] Wilder RB, Barme GA, Gilbert RF, Holevas RE, Kobashi LI, Reed RR, et al. Crosslinked hyaluronan gel improves the quality of life of prostate cancer patients undergoing radiotherapy. Brachytherapy 2011;10:44–50. [65] van Lin ENJT, Kristinsson JN, Philippens MLEP, de Jong DJ, van der Vight LP, Kaanders JHAM, et al. Reduced late rectal mucosal changes after prostate threedimensional conformal radiotherapy with endorectal balloon as observed in repeated endoscopy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:799–811. [66] de Crevoisier R, Tucker SL, Dong L, Mohan R, Cheung R, Cox JD, et al. Increased risk of biochemical and local failure in patients with distended rectum on the planning CT for prostate cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:965–73. [67] Denton AS, Andreyev HJN, Forbes A, Maher EJ. Systematic review for nonsurgical interventions for the management of late radiation proctitis. Br J Cancer 2002;87:134–43. [68] Johnston MJ, Robertson GM, Frizelle FA. Management of late complications of pelvic radiation in the rectum and anus: a review. Dis Colon Rectum 2003;46:247–59. [69] Rustagi T, Mashimo H. Endoscopic management of chronic radiation proctitis. World J Gastroenterol 2011;17:4554–62. [70] Taieb S, Rolachon A, Cenni JC, Nancey S, Bonvoisin S, Descos L, et al. Effective use of argon plasma coagulation in the treatment of severe radiation proctitis. Dis Colon Rectum 2001;44:1766–71. [71] Ehrenpreis ED, Jani A, Levitsky J, Ahn J, Hong J. A prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled trial of retinol palmitate (vitamin A) for symptomatic chronic radiation proctopathy. Dis Colon Rectum 2005;48:1–8. [72] Oliai C, Fisher B, Jani A, Wong M, Poli J, Brady LW, et al. Hyperbaric oxygen therapy for radiation-induced cystitis and proctitis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012; http://dx.doi.org/10.1016/j.ijrobp.2011.12.056. [73] Peiffert D, Simon JM, Eschwège F. L’accident d’épinal : passé, présent, avenir. Cancer Radiother 2007;11:309–12. [74] Supiot S, Rio E, Clément-Colmou K, Bouchot O, Rigaud J. Suivi après la radiothérapie des cancers de la prostate : bases scientifiques, rapport coût–bénéfice. Cancer Radiother 2011;15:540–5. [75] Dewas S, Lartigau É. Quel programme de surveillance après radiothérapie ? Cancer Radiother 2011;15:536–9. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue générale Impact de la radiothérapie sur la vie sexuelle Impact of radiation therapy on sexual life T. Leroy a,∗,b , I. Gabelle Flandin c , D. Habold d , J.-M. Hannoun-Lévi e,f a Département universitaire de radiothérapie, centre Oscar-Lambret, 59000 Lille, France Université Lille II, 59000 Lille, France c Département de radiothérapie, hôpital Michallon, CHU de Grenoble, BP 217, 38043 Grenoble, France d Soins de support en santé sexuelle, centre hospitalier de Chambéry, 73011 Chambéry, France e Département de radiothérapie, centre Antoine-Lacassagne, 06189 Nice cedex, France f Université Nice-Sophia-Antipolis, 06189 Nice cedex, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 23 août 2012 Mots clés : Sexualité Cancer Radiothérapie r é s u m é L’objectif de la revue était d’évaluer l’impact de la radiothérapie sur la vie sexuelle. L’analyse a été basée sur une revue de la littérature effectuée sur PubMed. Les mots clés utilisés pour la recherche étaient « sexual, radiation, oncology, cancer ». Après un rappel anatomophysiologique, les principales complications survenant au décours d’une irradiation sont présentées ainsi que leur impact sur la vie sexuelle. Les possibilités de prévention et les perspectives thérapeutiques sont également analysées. La radiothérapie entraîne des séquelles locales, systémiques et psychologiques chez les patients. Au premier rang de celles-ci, on retrouve les sténoses vaginales et les dyspareunies chez la femme. Elle est aussi responsable de troubles de l’érection chez 25 à 75 % des patients. Ces complications ont un retentissement souvent important sur la qualité de vie des malades et sur la reconstruction de leur vie sexuelle après le traitement du cancer. La connaissance des indications et des différentes techniques d’irradiation permet de réduire sa morbidité sexuelle potentielle. L’information et l’éducation des patients sont essentielles bien que souvent négligées. L’irradiation impacte donc à des degrés variables la vie sexuelle des patients. Il existe à ce jour peu de moyens préventifs et thérapeutiques validés. L’information du patient et le dépistage précoce des complications sexuelles de la radiothérapie représentent un enjeu important dans l’accompagnement du patient dans la reconstruction de sa vie sexuelle. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Sexual life Cancer Radiation therapy The aim of this study was to evaluate the impact of radiation therapy on sexual life. The analysis was based on a Pubmed literature review. The keywords used for this research were “sexual, radiation, oncology, and cancer”. After a brief reminder on the anatomy and physiology, we explained the main complications of radiation oncology and their impact on sexual life. Preventive measures and therapeutic possibilities were discussed. Radiation therapy entails local, systematic and psychological after-effects. For women, vaginal stenosis and dyspareunia represent the most frequent side effects. For men, radiation therapy leads to erectile disorders for 25 to 75% of the patients. These complications have an echo often mattering on the patient quality of life of and on their sexual life post-treatment reconstruction. The knowledge of the indications and the various techniques of irradiation allow reducing its potential sexual morbidity. The information and the education of patients are essential, although often neglected. In conclusion, radiation therapy impacts in variable degrees on the sexual life of the patients. Currently, there are not enough preventive and therapeutic means. Patient information and the early screening of the sexual complications are at stake in the support of patients in the reconstruction of their sexual life. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (T. Leroy). Comme les maladies cardiovasculaires, les cancers et leur prise en charge représentent un problème de santé publique. Les 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.012 378 T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 progrès thérapeutiques de ces dernières décades sont réels en cancérologie. Il n’en demeure pas moins que les séquelles peuvent avoir un retentissement physique, psychologique, familial et social bien au-delà de la phase aiguë de traitement. En effet, quand le cancer est pris en charge à visée curative, la notion de guérison implique non seulement le contrôle de la maladie mais aussi, celle d’une moindre toxicité permettant une qualité de vie optimale. La santé sexuelle est un élément fondamental à prendre en compte lors du traitement d’un cancer particulier gynécologique, en particulier mais demeure méconnue et bien souvent négligée ou limitée. L’évaluation précise des troubles sexuels est difficile à réaliser dans la mesure où la morbidité sexuelle spécifique du traitement est souvent intriquée avec celle de l’impact psychologique et physique de la maladie cancéreuse. L’annonce d’une maladie qu’elle touche ou non la sphère génitale peut dégrader l’image que les patients ont de leur masculinité ou de leur féminité et d’une manière plus générale de leur pouvoir de séduction. Ainsi, il a été montré qu’environ un tiers des patients atteints de cancer des voies aérodigestives supérieures souffrait de troubles de la sexualité après le traitement [1]. Ces difficultés semblent liées à l’image corporelle que le patient a de lui-même ou que sa partenaire lui renvoie [2]. Conscients de la difficulté à distinguer ce qui relève du contexte de cancer de ce qui résulte de ses traitements sur la sexualité des patients, nous proposons une analyse des données de la littérature relatives aux complications sexuelles de la radiothérapie. Après un rappel anatomophysiologique, nous détaillons les conséquences sexuelles organiques et psychologiques d’une radiothérapie et les différents moyens de prise en charge mis à la disposition du patient et des équipes médicales. 2. Rappel anatomophysiologique 2.1. Chez la femme 2.1.1. Vulve La vulve constitue l’ensemble des organes génitaux externes de la femme (mont pubis ou mont de Vénus, lèvres, canal vulvaire, clitoris et glandes vulvaires). Elle est ovoïde, saillante à grand axe vertical et s’étend d’avant en arrière du mont pubis à l’anus. Le mont pubis, partie toute antérieure de la vulve, se situe entre les plis de l’aine, en avant de la symphyse pubienne. Cette zone est cellulo-adipeuse, couverte de poils. Les grandes lèvres sont décrites comme ayant une face latérale couverte de poils (sillon génitofémoral) et une face nympholabiale (médiale) glabre au contact des secrétions, donc humide. Leur partie postérieure, déprimée, fosse du vestibule du vagin est souvent dotée d’une sensibilité importante. Lors d’une stimulation sexuelle, leur congestion est maximale pendant l’orgasme. Elles contiennent, la terminaison du ligament rond de l’utérus, le muscle Dartos labial (muscle peaucier), les glandes sudoripares et sébacées et le corps adipeux en rapport avec les adducteurs, permettant l’ouverture de la fente vulvaire à l’abduction des cuisses. Les nymphes ou petites lèvres se situent latéralement entre le sillon nympholabial et le sillon nymphohyménal, sont glabres, roses, humides. Leur extrémité antérieure est constituée de deux replis : le prépuce clitoridien ou repli antérieur et le replis postérieur ou frein clitoridien. Elles s’étendent en arrière jusqu’au vestibule [3]. Ce sont des structures fibroconjonctives, riches en filets nerveux et vaisseaux dont les variations durant l’acte sexuel jouent un rôle considérable. La fonction sécrétrice des glandes vestibulaires est fondamentale dans la vie sexuelle des femmes et à tout âge. Ces glandes sont sensibles aux variations hormonales, facilitent la pénétration, l’atteinte du plaisir et protègent du risque infectieux en conservant la trophicité muqueuse. Il en existe plusieurs catégories : les glandes de Bartolin, situées dans le vestibule vaginal, dans la loge des corps érectiles (jonction tiers moyen–tiers postérieur du sillon nymphohyménal), les glandes vestibulaires mineures sudoripares et sébacées des petites et grandes lèvres, les glandes urétrales (dites de Littre) qui sont des glandes mucipares situées dans la muqueuse de l’urètre et les glandes para-urétrales(dites de Skenes) : volumineuses, sensibles aux infections et probablement à la radiothérapie. 2.1.2. Clitoris Le clitoris est un organe érectile similaire au pénis de l’homme et dérive des mêmes tissus embryonnaires. Il est composé de trois parties, le gland, le corps et les piliers du clitoris. Le gland est sa partie visible au-dessus de la fente vulvaire lorsque l’on regarde le sexe d’une femme de face. Au repos, il mesure entre 7 mm et 1 cm de long pour un diamètre de quelques millimètres et de couleur rosée, de forme très variable. Il augmente de volume lors de l’excitation du fait de composés érectiles. Très riche en récepteurs sensitifs, il est particulièrement sensible aux vibrations et aux pressions et souvent impliqué dans l’atteinte de l’orgasme. Le corps est le prolongement postérieur du clitoris vers le pubis. Il mesure 5 cm et est souvent palpable lors de l’excitation à travers le capuchon du clitoris. Les piliers prolongent le corps après un coude. Ils sont les équivalents du corps caverneux, érectiles, mesurent environ 4 à 5 cm de long pour 7 mm de diamètre. Ils longent l’os iliaque de part et d’autre de la partie antérieure du vagin. Le clitoris appartient à un système érectile plus vaste qui, à l’inverse du pénis, ne comprend pas de sous-albuginée et de ce fait atteint l’état de tumescence lors de l’érection, mais pas de rigidité. Il est impliqué dans la survenue de l’orgasme et sa stimulation déclenche l’ouverture et la lubrification vaginale [3]. Cette fonction est en rapport étroit avec les deux bulbes vestibulaires : équivalents des corps spongieux, invisibles, très érectiles, volumineux et longs de 5 cm. Ils se réunissent au-dessus du vagin, entre le clitoris et l’orifice urinaire. Ils sont rattachés, en haut au clitoris par un riche réseau veineux, et au vagin de chaque côté. L’ensemble du système clitoris–bulbes vestibulaires est stimulé par compression lors de la pénétration, des caresses ou de la compression des muscles du périnée : c’est le fameux « point G ». 2.1.3. Diaphragme pelvien Hamac musculotendineux du petit bassin, tendu entre pelvis et le périnée, il assure la statique et permet la dynamique des viscères pelviens. Son intégrité est nécessaire au bon déroulement d’une relation sexuelle. Il est traversé d’avant en arrière par, l’urètre, le vagin, le rectum. Le muscle principal en est le muscle releveur de l’anus dont les faisceaux pubococcigiens se contracteraient pendant l’orgasme. 2.1.4. Vagin Le vagin est un tractus de 5 à 15 cm de longueur inséré sur le col utérin. Il est limité en arrière par les culs-de-sac vaginaux et le col de l’utérus, dont le rôle orgastique est retrouvé dans 10 à 15 % des cas chez la femme et en avant par les petites lèvres. Les parois antérieures et postérieures sont accolées mais peuvent s’ouvrir permettant la pénétration ou le passage fœtal. La paroi vaginale est constituée de trois tuniques : la muqueuse, la musculeuse et l’adventice. La trophicité de la muqueuse est sous forte dépendance hormonale. La muqueuse est constituée d’un épithélium pavimenteux stratifié non kératinisé. La musculeuse est constituée de cellules musculaires lisses. Lors de l’acte sexuel, le relâchement de ces cellules musculaires permet une élongation et une dilatation vaginale. Dans le même temps, il existe un afflux sanguin important augmentant la pression capillaire. Cela permet notamment la lubrification vaginale : celle-ci provient à la fois des sécrétions et des glandes utérines et d’un transsudat plasmatique dû à l’augmentation de pression. Il est donc nécessaire que le flux vasculaire soit convenable, que T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 les glandes utérines soient fonctionnelles et que l’épithélium soit perméable afin que la lubrification vaginale se fasse correctement. Des études immuno-histochimiques ont permis de mettre en évidence que l’innervation vaginale était plus abondante dans la partie distale que dans la partie proximale du vagin [3]. 2.1.5. Utérus L’utérus a globalement un rôle dans la statique pelvienne mais également de lubrification. La sécrétion de la glaire cervicale par les cellules muqueuses de l’endocol est un phénomène important garant de la bonne trophicité des tissus mais aussi essentiel dans la prévention des infections. Ces sécrétions sont plus ou moins abondantes, fluides ou acides durant le cycle. Leur synthèse est altérée par la radiothérapie. 2.1.6. Ovaires Les ovaires sont les gonades féminines. Ils sont intrapéritonéaux, mais non recouverts de péritoine et sont situés de part et d’autre de l’utérus. Leur principale fonction est la production d’ovules afin d’assurer la reproduction. Ils sont aussi impliqués dans la sécrétion hormonale, notamment d’estrogènes, de progestérone et de testostérone. Ainsi, l’altération de la fonction ovarienne aboutit à une stérilité et une ménopause précoce (syndrome climatérique, des arthralgies ou ostéopénie, une atrophie cutanéomuqueuse, une baisse de la libido. . .) La carence estrogénique entraîne une diminution d’épaisseur de la muqueuse vaginale, une atrophie de la musculeuse et une modification du pH vaginal. Ces phénomènes facilitent la survenue d’infections et sont souvent à l’origine de troubles du comportement sexuel à type de dyspareunie. Les estrogènes sont également vasodilatateurs et vasoprotecteurs, favorisant l’afflux sanguin au moment du rapport sexuel et la lubrification vaginale. Ainsi, Dennerstein et al. ont mis en évidence une association significative entre une baisse de la concentration d’estrogènes et la survenue de sécheresse vaginale et fréquemment de dyspareunies [4]. Une dose de 24 Gy délivrée en fractionnement standard aboutira systématiquement à une abolition de la fonction ovarienne [5]. Or, le traitement des cancers gynécologiques impose le plus souvent l’utilisation de doses bien supérieures, il est donc essentiel de discuter les possibilités de traitement hormonal substitutif lorsque celui-ci se justifie. La symbolique ovarienne en termes de fertilité et féminité est majeure. 2.2. Chez l’homme 2.2.1. Pénis Le pénis constitue avec les testicules l’appareil génital masculin. Il est composé de trois corps érectiles : les deux corps caverneux et le corps spongieux. Il permet la pénétration au cours du rapport sexuel. Le corps spongieux est situé en position ventrale, s’étend du plancher périnéal où il forme le bulbe et se termine en formant le gland du pénis, dont l’innervation forte constitue l’une des afférences principales sources du plaisir. L’urètre traverse le corps spongieux. Les corps caverneux sont au nombre de deux et en position dorsomédiane. Ils sont recouverts par une enveloppe épaisse : l’albuginée. Ils ont un rôle essentiel dans la survenue de l’érection. En effet à l’état flaccide, il existe une contraction des muscles lisses et des artères afin de limiter l’afflux sanguin dans le pénis. Lors de l’érection, il survient une dilatation artériolaire. Du fait de la compression par l’albuginée et les capillaires sinusoïdes, le flux veineux diminue. Cela permet une augmentation de la pression intracaverneuse et la survenue de l’érection [6]. La pression intracaverneuse est trois fois supérieure à celle intraspongieuse, du fait d’une albuginée beaucoup plus fine recouvrant le corps spongieux. Une altération de la vascularisation pénienne et la présence de fibrose vont donc avoir un retentissement sur la qualité de l’érection. 379 2.2.2. Prostate et bandelettes neurovasculaires Les bandelettes neurovasculaires naissent de l’union du nerf sympathique hypogastrique et du nerf parasympathique splanchnique. Elles se situent au niveau du bord postéro-latéral de la prostate au niveau de la jonction entre le fascia de Denonvilliers, du fascia pelvien latéral et du fascia périrectal. Elles donnent naissance à un plexus nerveux qui innerve les corps caverneux, le muscle élévateur de l’anus et le rectum. De nombreuses variations anatomiques existent rendant difficile leur localisation et leur épargne [7]. Elles jouent un rôle prépondérant dans l’érection : en cas de section des bandelettes neurovasculaires lors d’une prostatectomie radicale, les troubles érectiles postopératoires sont plus importants qu’en en cas de préservation [8]. Cependant, leur préservation ne permet de conserver systématiquement les fonctions érectiles après prostatectomie, suggérant d’autres mécanismes. Elles ont aussi un rôle dans le réflexe orgastique séquentiel. 2.2.3. Périnée et bourses Zone particulièrement innervée et contrainte par les rapports anatomiques, l’ensemble des structures périnéales joue un rôle déterminant dans la qualité des rapports sexuels. La symbolique forte chez l’homme du contenu des bourses par deux testicules macroscopiquement intègres est également fondamentale dans la personnalité et l’image de soi. 3. Complications sexuelles 3.1. Chez la femme 3.1.1. Complications locales La toxicité de l’irradiation vaginale est connue depuis longtemps et a initialement été décrite par Abitbol et al. [9]. La première phase est une réaction à type de mucite responsable d’une sécheresse vaginale. Les volumes hyperdosés, comme cela est le cas en curiethérapie, peuvent être le siège d’ulcérations. Ces lésions génèrent des dyspareunies et des saignements vaginaux dans environ 18 % des cas [10]. L’obésité favorise la survenue de lésions au même titre que des facteurs locaux tels qu’une mauvaise hygiène vulvaire [11]. L’association à une chimiothérapie, du fait de son effet synergique, majore la toxicité de l’irradiation [11,12]. Lind et al. ont étudié les complications tardives de la radiothérapie chez 616 patientes traitées pour un cancer gynécologique de 28 à 79 ans et les ont comparées à 344 témoins [13]. Les effets de l’irradiation sur la fonction sexuelle sont présentés dans le Tableau 1. La toxicité de la radiothérapie est considérée comme tardive lorsqu’elle apparaît après environ six mois : l’épithélium de surface se remanie, la muqueuse vaginale s’atrophie puis s’organise une fibrose sous-muqueuse et musculaire [12]. Cette atrophie vaginale s’installe progressivement à partir du sixième mois après le traitement. Dans l’essai PORTEC 2 (Post-Operative Radiation Therapy for Endometrial Carcinoma), portant sur 427 patientes opérées pour un cancer de l’endomètre, 17 % d’atrophies muqueuses étaient retrouvés chez les patientes traitées par irradiation externe et 35 % chez les patientes ayant bénéficié d’une curiethérapie [14]. L’irradiation entraîne aussi des modifications morphologiques du vagin. Ainsi, il est rapporté un taux de sténoses vaginales de 24 à 88 %, entraînant une diminution importante de la profondeur vaginale souvent associée à un diaphragme situé à l’union du tiers supérieur et des deux tiers inférieurs du vagin. Cette sténose initialement réductible au doigt prend un caractère irréversible par la suite surtout en l’absence de rapport sexuel et a donc un impact majeur sur la vie sexuelle. Elles surviennent le plus souvent au cours de la première année de suivi [15,16]. Une dose supérieure à 50 à 60 Gy expose à un risque accru de sténose [11]. L’altération de la vascularisation et l’atteinte des cellules sécrétrices de l’endocol entraînent un défaut de 380 T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 Tableau 1 Principales complications sexuelles de la radiothérapie. Chez l’homme Complications locales Complications systémiques Complications psychologiques Dysfonctions érectiles Hémospermie Infertilité Baisse de la libido Dysorgasmies Dépression Modification de l’image corporelle Troubles conjugaux Modifications corporelles Gynécomastie Atrophie testiculaire Raccourcissement de la verge Prise de poids Chez la femme Dyspareunies Métrorragies Sécheresse vaginale Infertilité Baisse de la libido Dysorgasmies Atrophie vaginale Sténoses vaginales Perte de sensibilité vaginale Ménopause précoce Prise de poids Bouffées de chaleur Arthralgies lubrification vaginale responsable notamment de dyspareunies. Celles-ci bien qu’ayant une origine organique peuvent être majorées par une atteinte psychologique. Elles peuvent survenir dès le début de la pénétration ou être plus profondes en rapport avec le raccourcissement vaginal. Leur intensité est variable allant de la simple gêne à l’absence de rapport sexuel du fait de douleurs ou de craintes. Des complications plus graves, mais heureusement plus rares, à type de fistules, peuvent également survenir [11,17]. 3.1.2. Complications systémiques Comme présenté ci-dessus, l’irradiation des ovaires va induire une ménopause précoce. La première des conséquences, et la plus évidente, est la stérilité radio-induite [17–19]. Chez la femme jeune, cela peut avoir de graves conséquences psychologiques : la perte de la fonction reproductrice a des répercussions sur l’image de sa propre féminité et sur l’image que le conjoint a de sa partenaire. La fécondité est en effet synonyme de féminité. Du fait de la carence estrogénique radio-induite, les signes cliniques de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse de la peau et des muqueuses, arthralgies, troubles de l’humeur, etc.) apparaissent et, fonction de leur intensité, peuvent avoir un grave retentissement sur la vie sociale et personnelle de la patiente, notamment dans sa composante sexuelle. Ils sont d’autant plus marqués et insupportables que la patiente est jeune. Il a été démontré qu’une radiothérapie altérait la qualité de vie des patientes à cinq ans et que le retentissement sur les fonctions sexuelles était plus marqué qu’après chirurgie [19,20]. Il est donc important de considérer l’ensemble des symptômes présentés par la patiente et de ne pas seulement se concentrer sur la toxicité vaginale car cette seule prise en charge ne suffira pas à amener la patiente à reprendre une vie sexuelle épanouie. 3.1.3. Complications psychologiques et comportementales On constate fréquemment une baisse d’intérêt pour les activités sexuelles, en rapport probable avec la baisse de la sécrétion estrogénique et possiblement androgénique mais également en rapport avec la perception négative que la patiente a d’elle-même ou qu’elle perçoit dans l’image que lui renvoie son partenaire. L’annonce du diagnostic de cancer, qui est souvent précédée par une diminution de l’activité sexuelle en raison des symptômes de la maladie (métrorragies souvent provoqués par les rapports, leucorrhées, etc.), fait craindre un lien de cause à effet entre la maladie et l’activité sexuelle et peut ainsi engendrer chez la patiente une crainte des rapports. Les effets secondaires liés au traitement du fait des douleurs ou des saignements provoqués vont majorer cette peur : peur d’avoir mal, peur de l’image de femme « incomplète » renvoyée au conjoint, peur de transmettre le cancer au conjoint, peur de demander l’autorisation de reprise des rapports. . . [21,22]. Dépression Modification de l’image corporelle Troubles conjugaux Il faut donc interroger soigneusement le couple, afin de comprendre au mieux sa situation, pouvant aller du simple petit symptôme gênant jusqu’à une réelle détresse, afin de l’aider à comprendre et à dépasser ses peurs pour faciliter autant que possible la reprise d’une vie sexuelle la plus épanouissante possible [23]. Il est essentiel de repérer les modifications qui interviennent tout au long du parcours de soin et vécues comme plainte dans les registres du désir, de l’excitation et du plaisir. 3.2. Chez l’homme 3.2.1. Complications locales La diminution pouvant aller jusqu’à la perte de l’érection est sûrement le principal trouble sexuel survenant dans le cadre d’une irradiation prostatique (situation la plus fréquente du fait de la fréquence de ce cancer). Le délai d’apparition est variable, selon les patients et selon le type de traitement associant ou non une castration chimique. En cas de radiothérapie externe, elle peut apparaître au cours ou décours de l’irradiation et le risque augmente au cours des trois premières années posttraitement pour atteindre une prévalence de 50 %, voire plus de 70 % si un traitement hormonal est prescrit [24]. Il est probable que ce taux soit encore plus élevé à long terme [25]. Lors d’une curiethérapie de prostate, les troubles érectiles surviennent en moyenne 16 mois après le traitement et 75 % des patients actifs sexuellement conservent une érection bien que 73 % d’entre eux signalent une dégradation de la qualité de celle-ci [26]. Ces résultats sont maintenus dans le temps et ainsi dans l’essai SPIRIT (Surgical Prostatectomy Versus Interstitial Radiation Intervention Trial), on constatait à cinq ans que 79 % des patients avaient après la curiethérapie des érections permettant le rapport sexuel [27]. Les mécanismes physiopathologiques des troubles érectiles postradiques sont mal connus : plusieurs pistes ont été explorées (toxicité neurologique liée à l’irradiation des bandelettes neurovasculaires, toxicité vasculaire avec atteinte de l’artère pudendale, etc.). Il a été récemment suggéré par un modèle animal que la baisse de production d’enzymes neuronaux conduirait à un défaut de perfusion des corps caverneux et à une dysfonction du système véno-occlusif [28]. Les mécanismes sont en réalité probablement multiples : la relation entre la dose délivrée au bulbe pénien ou aux bandelettes neurovasculaires et la survenue de troubles de l’érection est controversées [29]. La survenue d’une dysfonction érectile est très probablement corrélée à l’existence de facteurs de risque liés au terrain tels que, l’âge, l’hypertension artérielle ou le diabète, responsables d’altérations vasculaires et neurologiques. Les dysfonctions érectiles sont souvent présentes avant le traitement. Ainsi, dans une étude prospective évaluant l’impact de la T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 radiothérapie sur la fonction sexuelle, 42 patients sur 117 (36 %) inclus souffraient de troubles érectiles au moment de l’inclusion [30]. L’existence d’incontinences ou de douleurs vient compliquer le tableau. Outre les dysfonctions érectiles, l’irradiation entraîne habituellement une hypospermie, quelle que soit la technique employée, dans environ 75 % des cas, ainsi que des dysorgasmies [26,31]. En cas de curiethérapie, il est rapporté des cas d’érection douloureuse et d’hémospermie [26]. Enfin, il faut rappeler pour les patients jeunes (ou moins jeunes) que, s’il existe un souhait de paternité après l’irradiation, il est recommandé de réaliser au moins deux prélèvements de sperme au Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme (Cécos). 3.2.2. Complications systémiques Les testicules reçoivent de la radiothérapie externe prostatique de faibles doses de l’ordre de 2 Gy, pouvant atteindre 5,6 Gy. À ces doses, il existe un réel risque de stérilité et on observe ainsi un hypogonadisme et une atrophie testiculaire dans les trois à huit ans qui suivent le traitement [32]. L’ajout d’un traitement hormonal va majorer ces effets secondaires. En revanche, la curiethérapie semble préserver la fertilité masculine et des grossesses ont même été décrites après curiethérapie sans malformations observées [33]. Dans la majorité des séries, on retrouve une baisse de la libido associée à une baisse de la fréquence des rapports [31]. Des modifications corporelles telles qu’une atrophie testiculaire, la survenue d’une gynécomastie, une prise de poids ou le raccourcissement de la verge peuvent survenir notamment si un traitement hormonal est associé à la radiothérapie externe. Du fait du traitement antihormonal, des bouffées de chaleur peuvent également survenir et avoir un réel impact sur la qualité de vie du malade. Ainsi, Sanda et al. ont rapporté qu’environ 19 % des patients ou de leur partenaire étaient en détresse du fait de symptômes liés au traitement hormonal associé [34]. 3.2.3. Complications psychologiques et comportementales Les modifications corporelles et la survenue d’une dysfonction érectile peuvent retentir sur l’humeur du patient et aboutir à de réels états dépressifs. Il faut en effet considérer que la survenue du cancer est liée dans notre société à l’idée de mort et que la perte de sa virilité constitue pour l’homme un obstacle à la redéfinition de sa sexualité. La perte de libido constitue un frein à renouer avec la partenaire et peut briser l’harmonie d’un couple. Des doutes peuvent en effet survenir chez le patient sur sa capacité à plaire et à satisfaire sexuellement sa partenaire. Cela peut majorer encore les troubles érectiles liés au traitement et il est important d’accompagner le patient et le couple afin de leur apporter une prise en charge adaptée [35]. 4. Complications sexuelles de la radiothérapie et leurs implications pour l’équipe soignante 4.1. Information 4.1.1. Mentions légales L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini la santé sexuelle comme suit : « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité. Elle ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie, de dysfonction ou d’infirmité. La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence. Afin d’atteindre et de maintenir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et assurés » [36]. Au-delà du devoir éthique d’informer le patient, il existe donc de réelles dispositions réglementaires quant à l’information du patient rentrant du cadre de la loi du 4 mars 2002 relative aux 381 droits du patient. Il est également du devoir de chaque médecin, et donc du radiothérapeute, d’aider le patient dans le maintien d’une vie sexuelle la plus épanouissante possible. Il convient d’impliquer toute l’équipe soignante dans ce cheminement. 4.1.2. Points forts Il est du devoir du praticien et de son équipe d’informer le patient sur les modalités du traitement et de ses effets secondaires. Afin de les aborder, il convient de développer une relation soignant–soigné de qualité et donc d’y consacrer le temps nécessaire. Les patients sont en demande d’information et jugent fréquemment ne pas en voir reçu assez. Clark et al. ont rapporté que 16 % des patients traités pour un cancer de prostate regrettaient leur choix thérapeutique par manque d’information [37]. Il ne faut pas hésiter à impliquer le ou la partenaire dans l’évaluation et avoir recours à un conseiller conjugal si nécessaire afin de surmonter les tensions préexistantes ou amenées par le cancer. Il faut savoir évoquer avec le patient tous les aspects de sa vie sexuelle pour envisager tous les effets secondaires qui lui seraient préjudiciables. Il convient également de lutter contre les fausses croyances du malade qui pourraient le bloquer dans sa vie sexuelle : classique radioactivité du patient après radiothérapie, contamination du partenaire, etc. Une meilleure information initiale permet une prise en charge plus précoce et de ce fait un meilleur retour à une vie sexuelle satisfaisante. Cette information doit être répétée et doit impliquer l’ensemble de l’équipe soignante. Elle doit s’inscrire dans le plan personnalisé de soins, être tracée, et pouvoir être relayée par l’équipe de soins de support. Il est possible et utile de s’aider de livrets d’informations tels que les guides affections de longue durée (ALD) patients ou les livrets patients de la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO) [38,39]. Afin de délivrer l’information la plus adaptée et la plus complète possible, il convient de réaliser au préalable une évaluation précise du patient et de ses pratiques sexuelles. 4.2. Évaluation des troubles La prévalence des troubles sexuels est souvent sous-estimée par le clinicien. En effet, le patient ayant souvent une certaine réserve à les rapporter, il est fréquent d’en déduire qu’il n’y en a pas. Pour une évaluation et un suivi corrects, il convient de réaliser une évaluation de la vie sexuelle avant tout traitement dès l’annonce et à chaque étape du programme personnalisé de soins afin de dépister les sujets à risque et de correctement mesurer la morbidité liée au traitement [40]. L’utilisation de questionnaire permet une évaluation objective des troubles et permet de surmonter la gêne des interrogations directes pour le patient tout en permettant un gain de temps. Il existe de nombreux questionnaires, il faut s’assurer d’utiliser des questionnaires ciblant différents aspects de la vie sexuelle et non pas seulement la stricte fonction sexuelle. Ainsi, chez l’homme on peut utiliser le questionnaire « International Index of Erectile Function (IIEF) 15 » [41] qui évalue à la fois la fonction érectile mais également le désir sexuel ou la satisfaction globale du patient de sa vie sexuelle. Des questionnaires simplifiés existent tels que « l’Erection Hardness Score (EHS) » et peuvent être plus simples d’utilisation quotidienne avec de bonne corrélation à l’IIEF15 [42]. Pour l’évaluation de la fonction sexuelle féminine, on peut utiliser le « Female Sexual Function Index » [43]. Il convient également de réaliser une évaluation globale du couple et donc d’interroger le ou la partenaire sur sa satisfaction par rapport à sa vie sexuelle actuelle. Dans cet esprit, il existe des questionnaires, tels que « l’Index of Sexual Life (ISL) » destinés aux compagnes des hommes atteints de dysfonction érectile [44]. L’évaluation ne peut bien évidemment pas se résumer à l’utilisation de questionnaires et il faut 382 T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 également dépister les troubles dépressifs associés ou les facteurs de risque physiques de survenues de troubles sexuels précédemment décrits. 4.3. Prévention 4.3.1. Sur le plan technique Étant donné le retentissement de l’irradiation sur les fonctions sexuelles et la qualité de vie, il faut s’assurer dans un premier temps de la pertinence de l’indication d’irradiation. Ainsi, pour un patient porteur d’un cancer de prostate à faible risque de rechute biochimique, une surveillance active peut être proposée aux hommes répondant aux critères et désireux de garder des fonctions sexuelles et une fertilité préservée. Les indications de traitement doivent également être considérées chez la femme atteinte de cancer du col. En effet, le retentissement de l’irradiation sur la vie sexuelle et la qualité de vie n’est pas négligeable et elle est d’autant plus majorée en cas d’association radio-chirurgicale. Il faudra en avoir conscience en proposant une radiothérapie préopératoire ou une chirurgie après la radiothérapie [20]. Dans les cancers gynécologiques, en cas d’indication d’irradiation, la technique à privilégier, lorsqu’elle est possible, est la curiethérapie qui permet de traiter des volumes réduits par rapport à ceux traités en irradiation externe. Bien que des réactions précoces plus intenses soient parfois observées au niveau de la muqueuse vaginale, la qualité de vie des patientes est meilleure par la suite [14,19]. De plus, la curiethérapie permet de diminuer les toxicités urinaires, digestives et gonadiques (surtout en cas d’ovariopexie préalable). Dans le cadre du cancer de prostate, la curiethérapie permet un maintien de la fonction érectile chez 75 % des hommes qui ne présentaient pas de troubles érectiles au diagnostic et leur procure une meilleure qualité de vie comparée à celle observée après prostatectomie radicale [27]. Il a été rapporté dans les séries de radiothérapie stéréotaxique publiées les mêmes taux de dysfonction érectile que par radiothérapie externe de conformation [45]. Le choix de la technique se fera bien sûr en fonction des possibilités locales et après discussion avec le patient des différentes options réalisables. La radiothérapie conformationelle avec modulation d’intensité (RCMI) peut contribuer à préserver la fonction gonadique par épargne testiculaire et ovarienne (quand ils ne sont pas situés dans volume irradié) [46]. Cela est notamment utile en cas d’irradiation de l’axe cérébro-spinal pour préserver la fertilité ultérieure. Cependant, des données complémentaires sont nécessaires pour évaluer ces techniques et il est nécessaire de proposer une cryopréservation du sperme s’il a un désir ultérieur de paternité. Chez la femme jeune, une transposition ovarienne peut être proposée si cela est possible. Cela peut cependant entraîner des complications et notamment une stérilité due à la transposition ovarienne elle-même (par élongation des axes vasculaires lomboovariens d’autant plus que l’âge de la patiente se rapproche des 40 ans), il convient d’en informer la patiente. Une cryoconservation ovarienne peut éventuellement être proposée [5]. Au niveau des contraintes dosimétriques il est recommandé de ne pas dépasser des doses de 120 Gy dans le tiers proximal du vagin, 80 à 90 Gy dans le tiers moyen et 60 à 70 Gy dans le tiers distal, sachant des doses supérieures à 50 à 60 Gy exposent à un risque de sténose et que le risque de fistule est lié à la dose maximale [11]. Chez l’homme, la relation entre la dose au bulbe et la survenue de dysfonction érectile reste à ce jour débattue [47]. Les études ayant mis en évidence une relation entre la survenue d’une dysfonction érectile et la dose au bulbe ont montré que le risque de dysfonction érectile augmentait quand la dose bulbaire est supérieure à 50 Gy. Cependant, cette relation n’a pas été retrouvée dans l’ensemble des séries publiées. L’étude prospective multicentrique DUE-01 a été débutée afin de répondre à cette question [48,49]. Néanmoins, dans les essais d’escalade de dose, un plus haut taux de dysfonction érectile pour des hautes doses d’irradiation est retrouvé [50]. Les nouveaux concepts tels que l’irradiation partielle de prostate pourraient à terme réduire la toxicité sexuelle de la radiothérapie mais une validation de ceux-ci est encore nécessaire à ce jour. 4.3.2. Sur le plan clinique Il existe quelques moyens de prévenir les complications sexuelles de la radiothérapie. Le premier est de connaître les facteurs de risque de survenue de celles-ci et de les corriger si possible. Ainsi chez l’homme, il faut rechercher les facteurs de risques vasculaires classiques que sont le tabac, l’obésité, l’hypertension artérielle. Il faut faire préciser l’existence d’une dysfonction érectile avant le traitement. La prescription concomitante d’un traitement hormonal doit également attirer l’attention. De même chez la femme, une obésité ou une infection urinaire peuvent aggraver la toxicité radio-induite. L’âge joue également un rôle prépondérant quel que soit le sexe. L’utilisation de dilatateurs vaginaux afin de lutter contre les sténoses vaginales est une pratique fréquente. Les données de la littérature sont assez contradictoires à ce sujet : une revue de la littérature du groupe Cochrane ne met pas en évidence de bénéfice à leur utilisation et signale même quelques risques de traumatismes vaginaux. Seule l’analyse de deux séries suggère que l’utilisation d’un dilatateur permettrait de diminuer un raccourcissement du vagin et il n’a pas été retrouvé dans l’une d’elle de bénéfice sur les fonctions sexuelles [51]. De plus, l’utilisation d’un dilatateur est souvent mal perçue par la patiente. Ces arguments doivent faire discuter l’utilisation du dilatateur vaginal avec prudence pendant et après le traitement [52]. Une étude récente évaluant les facteurs de risque de la toxicité vaginale a cependant mis en évidence un intérêt à leur utilisation deux à trois fois par semaine [53]. Il faut préférer une reprise rapide des rapports sexuels quand celle-ci est possible et dans le cas contraire, l’utilisation prudente et clairement expliquée des dilatateurs vaginaux (à défaut d’autre moyen efficace pour lutter contre les synéchies vaginales). Chez l’homme, le concept de rééducation érectile se développe après prostatectomie totale et pourrait être appliquée à la radiothérapie. Ce concept repose sur l’optimisation de l’oxygénation des corps caverneux en utilisant, précocement après l’irradiation, les traitements dédiés aux dysfonctions érectiles [54]. Il reste encore à valider ce concept [55]. On peut cependant conseiller l’utilisation précoce des inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase et ne pas attendre une détérioration importante de la fonction sexuelle avant de les initier. 4.4. Propositions de prise en charge thérapeutique Au même titre que la recommandation de maintien d’une activité physique adaptée, l’autorisation de maintien d’une activité sexuelle non obligatoirement pénétrante est un bon médiateur dans la relation soignant-soigné. Il existe en outre des solutions thérapeutiques (injections intracaverneuses, vacuum ou utilisation d’inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase, visant à diminuer l’apparition de la dysfonction érectile, topiques non hormonaux diminuant les sensations d’inconfort intime et de sécheresse vaginale) qu’il faut savoir proposer à temps. 4.4.1. Sur le plan psychologique La première étape de la prise en charge consiste à s’astreindre à aborder la question de la sexualité et des conséquences de la radiothérapie sur celle-ci. En effet, il a été montré que lors des consultations de suivi de cancers gynécologiques, l’interrogatoire portait davantage sur les toxicités urinaires et rectales que sur le retentissement sexuel de la maladie et du traitement. Ainsi, T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 dans une étude prospective de 69 patientes, les toxicités vaginales n’étaient évoquées que dans 42 % des cas et les difficultés sexuelles que dans 25 % des cas [10]. Les soignants ont souvent une perception faussée de l’attente des patients qui souhaitent des conseils pour vivre avec les complications du traitement alors que le médecin se focalise souvent sur la guérison de la maladie [29,56]. Le fait d’aborder clairement cette question permettra au malade de se placer dans une relation de confiance et l’aidera à reconstruire le plus précocement possible sa vie sexuelle. Brotto et al. ont montré qu’une prise en charge psychologique et éducative permettait d’améliorer significativement les fonctions sexuelles tant au niveau du désir, que du rapport sexuel et de l’orgasme des patientes [57]. Elle contribue également à une meilleure observance des patientes et une diminution de leur craintes [23,58]. De même, il est suggéré qu’une réhabilitation sexuelle sous forme d’entretiens permettait aux patients un retour à une vie sexuelle plus épanouie que ce soit sur le plan organique ou psychologique [59]. Il ne faut pas négliger l’impact du ou de la partenaire dans cette rééducation. Un(e) partenaire impliqué(e) permet en effet de lever certaines inhibitions du patient et il faut encourager le couple à reprendre une vie sexuelle, même si, au début, la pénétration n’est pas possible, cela permettra de restaurer l’intimité du couple et la confiance en lui du patient. 4.4.2. Traitements systémiques Chez l’homme, les inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase ont une place de choix. Ils ont en effet démontré une action sur les dysfonctions érectiles après la radiothérapie [8,60,61]. Ils doivent être prescrits en première intention en l’absence de contre-indication (prise concomitante de donneurs de monoxyde d’azote (NO), troubles cardiovasculaires sévères).Ils permettent d’obtenir une érection satisfaisante dans environ 50 à 55 % des cas. Cependant, ils sont moins efficace en cas d’hormonothérapie même courte et le récent essai du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) n’a montré une efficacité que chez 21 % des patients [62]. Il a ainsi été mis en évidence qu’en plus de la suppression androgénique, l’âge, une dose de radiothérapie supérieure à 85 Gy et leur instauration tardive étaient des facteurs péjoratifs de réponse au traitement par les inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase. Il est nécessaire de prendre le comprimé suffisamment avant le rapport, sachant que le sildénafil agit pendant environ 12 heures contre 36 heures pour le tadalafil. Il est bien sûr nécessaire de prendre en compte la dimension psychologique de la dysfonction érectile et d’assurer un support suffisant au malade pour le faire entrer dans une dynamique de reconstruction sexuelle. Il est bon de rappeler que les inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase n’agissent qu’en cas de maintien d’une stimulation cérébrale sexuelle, et que la posologie obéit à des règles bien connues des urologues et sexologues qu’il ne faut pas hésiter à associer à la prise en charge. Chez la femme, bien qu’il soit souvent contre-indiqué en cas de cancer endométrial ou de cancer du sein, le traitement hormonal substitutif par estrogènes reste une option à envisager en fonction du contexte. Il permet en effet à la fois de réduire les effets d’une ménopause induite, de lutter contre l’atrophie vaginale, d’augmenter la libido et diminue les dyspareunies [3]. La tibolone peut aussi être prescrite avec de bons résultats sur les troubles vasomoteurs [63,64]. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, tels que la paroxétine ou la fluoxétine, ont également montré une amélioration de ces symptômes. 4.4.3. Traitements locaux En cas d’échec des inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase chez l’homme, il existe d’autres moyens d’obtenir une érection. Les injections intracaverneuses de prostaglandines peuvent ainsi être utilisées après éducation du malade aux auto-injections [65].C’est le moyen le plus souvent prescrit du fait de l’obtention d’érections proches d’érections naturelles et de son remboursement. En cas 383 de problème en rapport avec les injections (douleurs ou incapacité du malade à les réaliser), un système de pompe à vide ou vacuum ou éventuellement des implants intrapéniens peuvent être proposés. Chez la femme, les traitements locaux, tels que des lubrifiants ou des crèmes hydratantes, peuvent aider à lutter contre la sécheresse vaginale et donc contre les dyspareunies. La place des produits à base d’acide hyaluronique est très prometteuse car régénère la souplesse et la perméabilité vaginales. Bien qu’il n’y ait pas eu de démonstration du risque à utiliser les topiques à base d’estrogènes, il convient en cas de contre-indications à utiliser ceux présentant le plus faible passage systémique. Il convient dans tous les cas de conseiller l’utilisation de lubrifiants pour diminuer les dyspareunies liées à la sécheresse vaginale et permettre une reprise des rapports la plus rapide possible, car ce sont ces derniers qui assurent la meilleure stimulation locale, toujours en cohérence avec une correction des troubles du désir sexuel. Là encore, l’apport transversal du gynécologue ou du sexologue sont une ressource à organiser. 5. Situations particulières 5.1. Chez l’adolescent(e) L’adolescence est un période de définition de la personnalité et donc de sa sexualité. À cet âge, l’adolescent se définit par rapport aux autres : ses parents, les autres adolescents [66]. Le fait de découvrir un cancer à cet âge change ses rapports avec les autres et est susceptible d’engendrer des troubles de personnalité : incapacité à interagir avec les adolescents en « bonne santé ». . . De plus, l’embarras à poser des questions peut amener à une prise en charge plus tardive et le fait de révéler son cancer aux autres peut être compliqué [67]. Le fait d’intervenir à un âge où l’adolescent commence à être sexuellement actif ou est en passe de le devenir fait qu’il peut avoir des demandes d’informations particulières ou au contraire occulter des aspects qui ne le concerne pas dans l’immédiat tels que sa fertilité ultérieure et qui sont pourtant fondamentaux. Il faut bien entendu aborder ses questions en consultation. Les questions de préservation de la fertilité sont ici essentielles et l’apport de nouvelles techniques prend alors tout son intérêt. Du fait du jeune âge auquel l’irradiation sera délivrée, la population adolescente est également à risque de second cancer radio-induit et elle devra être particulièrement suivie. Ces patients sont souvent plus au fait de nouvelles technologies et ont donc accès à une multitude d’informations contenues sur internet, il faudra s’assurer de leur bonne compréhension et les orienter vers des sources d’informations fiables afin de ne pas augmenter inutilement leurs angoisses et leurs craintes [68]. Maintenir l’adolescent dans un environnement de clan et de classe d’âge lui permet les ajustements nécessaires à son développement psycho-sexuel. Pour autant, il faut savoir le conseiller sur les bonnes sources d’information, en particulier pour éviter les confusions fertilité/virilité chez le garçon et l’orienter vers les associations de jeunes patients de type « Jeunes Solidarité Cancer » [69]. 5.2. Chez le sujet âgé(e) Il est de croyance commune que la vie sexuelle passe à l’arrière plan chez les personnes âgées. Pourtant une étude de 3005 personnes a montré que 53 % des 65 à 74 ans étaient sexuellement actifs, ainsi 26 % des 75 à 85 ans [70]. On a donc tendance à sous-estimer l’importance que peut avoir la sexualité chez les sujets âgés et il est important de s’attarder à évaluer le retentissement que des séquelles sexuelles peuvent avoir sur la qualité de vie. Les troubles liés au traitement peuvent en effet être majorés du fait de l’âge, de la polymédication ou de maladies associées, dont les 384 T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 prévalences augmentent avec l’âge telles que le diabète. Comme nous l’avons précédemment dit, les modifications de l’image corporelle retentissent sur la sexualité, or avec l’âge celle-ci, que cela vienne du patient ou de sa partenaire, se modifie. Les séquelles thérapeutiques aggravent encore cette dépréciation de l’image corporelle. Une diminution de l’attirance physique entre partenaire est donc possible, de même qu’une diminution des capacités physiques. L’histoire du couple est primordiale : du fait du long passé commun, il se peut qu’il existe des problèmes inhérents à la routine. De plus, il se peut que le ou la partenaire présente également des dysfonctions sexuelles du fait de l’andropause ou de la ménopause. Il est donc encore plus important de considérer le couple pour une prise en charge optimale et non pas uniquement le patient. Ainsi un “coaching” du couple pourra amener les partenaires à se reconsidérer en tant que tels et à les amener à de nouveaux aménagements de leur sexualité en fonction de leur possibilités physiques : rôle des attouchements, positions adaptées [2]. En fait, il suffit bien souvent de verbaliser qu’on se soucie de la santé sexuelle globale des patients pour que ces derniers osent alors facilement aller dans les détails de leur intimité et posent des questions le plus souvent simples à répondre. 5.3. Chez le patient homosexuel L’orientation sexuelle n’est pas forcément recherchée en pratique quotidienne. Pourtant, cela est important en termes de prévention, de support et d’information du patient. Ainsi le risque de rectite radique pourra ne pas avoir la même importance chez le patient hétérosexuel que chez le patient homosexuel et cela peut amener à choisir un mode de traitement ou une technique particulière. De même, les craintes ou les questions que le patient est amené à se poser sont différentes : possibilités de pénétration anale après curiethérapie par exemple. Chez des patientes traitées pour cancer du sein, les patientes homosexuelles avaient une qualité de vie dégradée en comparaison des patientes hétérosexuelles [71]. De plus, les patients peuvent être confrontés à un rejet de la part de leur entourage et se retrouver isolés [59]. Il existe donc actuellement une carence dans la prise en charge de ces patients et il faut s’informer sur leur sexualité afin de les accompagner au mieux au cours de la prise en charge [72]. 6. Conclusion Les traitements anticancéreux et notamment la radiothérapie ont permis d’améliorer la probabilité de survie des patients et permettent même leur guérison dans certains cas. Un des objectif des praticiens doit maintenant être « l’après cancer ». Cet objectif est d’ailleurs mis en avant dans le plan Cancer II. Or, ces traitements sont responsables d’une certaine morbidité qu’il convient de connaître afin de pouvoir informer le patient, le suivre au mieux et l’accompagner dans la reconstruction de sa vie sexuelle. Cette prise en charge nécessite un abord multidisciplinaire. Il est donc essentiel de coordonner l’équipe et de ne pas hésiter à adresser les patients au sexologue (onco-sexologue) quand cela s’avère nécessaire. Bien que la sexualité des patients soit un problème essentiel, il existe à ce jour peu d’études s’y étant spécifiquement intéressées. Il est important que les professionnels de santé y soient sensibilisés afin d’intégrer la qualité de vie sexuelle comme critère dans les futures études. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Low C, Fullarton M, Parkinson E, O’Brien K, Jackson SR, Lowe D, et al. Issues of intimacy and sexual dysfunction following major head and neck cancer treatment. Oral Oncol 2009;45:898–903. [2] Kagan SH, Holland N, Chalian AA. Sexual issues in special populations: geriatric oncology–sexuality and older adults. Semin Oncol Nurs 2008;24:120–6. [3] Berman J. Female sexual dysfunction: new perspectives on anatomy, physiology, evaluation and treatment. EAU Update Series 2003;1:166–77. [4] Dennerstein L, Dudley EC, Hopper JL, Burger H. Sexuality, hormones and the menopausal transition. Maturitas 1997;26:83–93. [5] Stroud JS, Mutch D, Rader J, Powell M, Thaker PH, Grigsby PW. Effects of cancer treatment on ovarian function. Fertil Steril 2009;92:417–27. [6] Dean RC, Lue TF. Physiology of penile erection and pathophysiology of erectile dysfunction. Urol Clin North Am 2005;32:379–95. [7] Costello AJ, Brooks M, Cole OJ. Anatomical studies of the neurovascular bundle and cavernosal nerves. BJU Int 2004;94:1071–6. [8] Zagaja GP, Mhoon DA, Aikens JE, Brendler CB. Sildenafil in the treatment of erectile dysfunction after radical prostatectomy. Urology 2000;56:631–4. [9] Abitbol MM, Davenport JH. The irradiated vagina. Obstet Gynecol 1974;44:249–56. [10] White ID, Allan H, Faithfull S. Assessment of treatment-induced female sexual morbidity in oncology: is this a part of routine medical follow-up after radical pelvic radiotherapy & quest. Br J Cancer 2011;105:903–10. [11] Magné N, Chargari C, Pointreau Y, Haie-Meder C. Dose de tolérance à l’irradiation des tissus sains : le vagin. Cancer Radiother 2010;14:369–72. [12] Barillot I, Maingon P, Truc G, Horiot J. Complications des traitements des cancers invasifs du col utérin sur utérus intact. Résultats et prévention. Cancer Radiother 2000;4:147–58. [13] Lind H, m A-CWO, Dunberger G, al-Abany M, Alevronta E, Johansson K-A, et al. Late symptoms in long-term gynaecological cancer survivors after radiation therapy: a population-based cohort study. Br J Cancer 2011;105:737–45. [14] Nout R, Smit V, Putter H, Jürgenliemk-Schulz I, Jobsen J, Lutgens L, et al. Vaginal brachytherapy versus pelvic external beam radiotherapy for patients with endometrial cancer of high-intermediate risk (PORTEC-2): an open-label, noninferiority, randomised trial. Lancet 2010;375:816–23. [15] Brand AH, Bull CA, Cakir B. Vaginal stenosis in patients treated with radiotherapy for carcinoma of the cervix. Int J Gynecol Cancer 2006;16:288–93. [16] Bruner DW, Lanciano R, Keegan M, Corn B, Martin E, Hanks GE. Vaginal stenosis and sexual function following intracavitary radiation for the treatment of cervical and endometrial carcinoma. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1993;27:825–30. [17] Reis N, Beji NK, Coskun A. Quality of life and sexual functioning in gynecological cancer patients: results from quantitative and qualitative data. Eur J Oncol Nurs 2010;14:137–46. [18] Carter J, Rowland K, Chi D, Brown C, Abu-Rustum N, Castiel M, et al. Gynecologic cancer treatment and the impact of cancer-related infertility. Gynecol Oncol 2005;97:90–5. [19] Nout RA, Putter H, Jürgenliemk-Schulz IM, Jobsen JJ, Lutgens LCHW, van der Steen-Banasik EM, et al. Five-year quality of life of endometrial cancer patients treated in the randomised post operative radiation therapy in endometrial cancer (PORTEC-2) trial and comparison with norm data. Eur J Cancer 2011. [20] Frumovitz M. Quality of life and sexual functioning in cervical cancer survivors. J Clin Oncol 2005;23:7428–36. [21] Stead ML, Fallowfield L, Selby P, Brown JM. Psychosexual function and impact of gynaecological cancer. Best Pract Res Clin Obstet Gynaecol 2007;21:309–20. [22] McCormick B, Yahalom J, Cox L, Shank B, Massie MJ. The patients perception of her breast following radiation and limited surgery. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1989;17:1299–302. [23] Robinson JW, Faris PD, Scott CB. Psychoeducational group increases vaginal dilation for younger women and reduces sexual fears for women of all ages with gynecological carcinoma treated with radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;44:497–506. [24] Robinson JW, Moritz S, Fung T. Meta-analysis of rates of erectile function after treatment of localized prostate carcinoma. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;54:1063–8. [25] Fransson P, Widmark A. Does one have a sexual life 15 years after external beam radiotherapy for prostate cancer? Prospective patient-reported outcome of sexual function comparison with age-matched controls. Urology 2011;29:137–44. [26] Huyghe E, Delannes M, Wagner F, Delaunay B, Nohra J, Thoulouzan M, et al. Ejaculatory function after permanent 125I prostate brachytherapy for localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:126–32. [27] Crook JM, Gomez-Iturriaga A, Wallace K, Ma C, Fung S, Alibhai S, et al. Comparison of health-related quality of life 5 years after SPIRIT: surgical prostatectomy versus interstitial radiation intervention trial. J Clin Oncol 2011;29: 362–8. [28] Kimura M, Yan H, Rabbani Z, Satoh T, Baba S, Yin F-F, et al. Radiation-induced erectile dysfunction using prostate-confined modern radiotherapy in a rat model. J Sex Med 2011;8:2215–26. [29] de Crevoisier R, Fiorino C, Dubray B. Radiothérapie prostatique : prédiction de la toxicité tardive à partir des données dosimétriques. Cancer Radiother 2010;4:460–8. [30] Choo R, Long J, Gray R, Morton G, Gardner S, Danjoux C. Prospective survey of sexual function among patients with clinically localized prostate cancer referred for definitive radiotherapy and the impact of radiotherapy on sexual function. Support Care Cancer 2009;8:15–722. T. Leroy et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 377–385 [31] Helgason AR, Fredrikson M, Adolfsson J, Steineck G. Decreased sexual capacity after external radiation therapy for prostate cancer impairs quality of life. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;2:3–39. [32] Boehmer D, Badakhshi H, Kuschke W, Bohsung J, Budach V. Testicular dose in prostate cancer radiotherapy. Strahlenther Onkol 2005;81:179–84. [33] Mydlo J, Lebed B. Does brachytherapy of the prostate affect sperm quality and/or fertility in younger men? Scand J Urol Nephrol 2004;38:221–4. [34] Sanda MG, Dunn RL, Michalski J, Sandler HM, Northouse L, Hembroff L, et al. Quality of life and satisfaction with outcome among prostate-cancer survivors. N Engl J Med 2008;358:1250–61. [35] Cliff A, MacDonagh R. Psychosocial morbidity in prostate cancer: II. A comparison of patients and partners. BJU Int 2000;86:834–9. [36] World Health Organization. Defining sexual health: report of a technical consultation, 28-31st January. Geneva: WHO; 2002. [37] Clark JA, Inui TS, Silliman RA, Bokhour BG, Krasnow SH, Robinson RA, et al. Patients’ perceptions of quality of life after treatment for early prostate cancer. J Clin Oncol 2003;21:3777–84. [38] HAS, INca. Guides ALD Patients. Saint-Denis, Boulogne-Billancourt: HAS, INca; 2010. Disponibles à l’adresse : http://www.e-cancer.fr/expertisespublications-de-l-inca/guides-ald-pour-les-patients (accès le 26/4/2012). [39] SFRO. Livrets patients. Paris: Société française de radiothérapie oncologique; 2012. Disponible à l’adresse : http://www.sfro.org/francais/livret/index.htm (accès le 26/4/2012). [40] Zinreich ES, Derogatis LR, Herpst J, Auvil G, Piantadosi S, Order SE. Pre and post treatment evaluation of sexual function in patients with adenocarcinoma of the prostate. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1990;19:729–32. [41] Rosen RC, Cappelleri JC, Smith MD, Lipsky J, Peña BM. Development and evaluation of an abridged, 5-item version of the international index of erectile function (IIEF-5) as a diagnostic tool for erectile dysfunction. Int J Impot Res 1999;11:319–26. [42] Mulhall JP, Goldstein I, Bushmakin AG, Cappelleri JC, Hvidsten K. Validation of the erection hardness score. J Sex Med 2007;4:1626–34. [43] Rosen C, Brown J, Heiman S, Leib R. The female sexual function index (FSFI): a multidimensional self-report instrument for the assessment of female sexual function. J Sex Marital Ther 2000;26:191–208. [44] Chevret M, Jaudinot E, Sullivan K, Marrel A, De Gendre AS. Quality of sexual life and satisfaction in female partners of men with ED: psychometric validation of the index of sexual life (ISL) questionnaire. J Sex Marital Ther 2004;30:141–55. [45] Wiegner EA, King CR. Sexual function after stereotactic body radiotherapy for prostate cancer: results of a prospective clinical trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;78:442–8. [46] Lee CT, Bilton SD, Famiglietti RM, Riley BA, Mahajan A, Chang EL, et al. Treatment planning with protons for pediatric retinoblastoma, medulloblastoma, and pelvic sarcoma: how do protons compare with other conformal techniques? Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:362–72. [47] Wernicke AG, Valicenti R, DiEva K, Houser C, Pequignot E. Radiation dose delivered to the proximal penis as a predictor of the risk of erectile dysfunction after three-dimensional conformal radiotherapy for localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:1357–63. [48] Perna L, Cozzarini C, Maggiulli E, Fellin G, Rancati T, Valdagni R, et al. Interobserver variability in contouring the penile bulb on CT images for prostate cancer treatment planning. Radiat Oncol 2011;6:123. [49] Roach M, Nam J, Gagliardi G, Naqa El I, Deasy JO, Marks LB. Radiation dosevolume effects and the penile bulb. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76: S130–4. [50] van der Wielen GJ, van Putten WLJ, Incrocci L. Sexual function after threedimensional conformal radiotherapy for prostate cancer: results from a dose-escalation trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:479–84. [51] Miles T, Johnson N. Vaginal dilator therapy for women receiving pelvic radiotherapy. Cochrane Database Syst Rev 2010. CD007291. [52] Cullen K, Fergus K, DasGupta T, Fitch M, Doyle C, Adams L. From “sex toy” to intrusive imposition: a qualitative examination of women’s experiences with [53] [54] [55] [56] [57] [58] [59] [60] [61] [62] [63] [64] [65] [66] [67] [68] [69] [70] [71] [72] 385 vaginal dilator use following treatment for gynecological cancer. J Sex Med 2012. Bahng AY, Dagan A, Bruner DW, Lin LL. Determination of prognostic factors for vaginal mucosal toxicity associated with intravaginal high-dose rate brachytherapy in patients with endometrial cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:667–73. Pahlajani G, Raina R, Jones JS, Burdick M, Ali M, Li J, et al. Early intervention with phosphodiesterase-5 inhibitors after prostate brachytherapy improves subsequent erectile function. BJU Int 2010;106:1524–7. Stember DS, Mulhall JP. The concept of erectile function preservation (penile rehabilitation) in the patient after brachytherapy for prostate cancer. Brachytherapy 2012;11:87–96. Hordern AJ, Street AF. Communicating about patient sexuality and intimacy after cancer: mismatched expectations and unmet needs. Med J Aust 2007;186:224–7. Brotto LA, Heiman JR, Goff B, Greer B, Lentz GM, Swisher E, et al. A psychoeducational intervention for sexual dysfunction in women with gynecologic cancer. Arch Sex Behav 2007;37:317–29. Faithfull S, White I. Delivering sensitive health care information: challenging the taboo of women’s sexual health after pelvic radiotherapy. Patient Educ Couns 2008;71:228–33. Latini DM, Hart SL, Coon DW, Knight SJ. Sexual rehabilitation after localized prostate cancer. Cancer J 2009;15:34–40. Incrocci L, Slob AK, Hop WCJ. Tadalafil (cialis) and erectile dysfunction after radiotherapy for prostate cancer: an open-label extension of a blinded trial. Urology 2007;70:1190–3. Incrocci L, Koper PC, Hop WC, Slob AK. Sildenafil citrate (Viagra) and erectile dysfunction following external beam radiotherapy for prostate cancer: a randomized, double-blind, placebo-controlled, cross-over study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2001;51:1190–5. Watkins Bruner D, James JL, Bryan CJ, Pisansky TM, Rotman M, Corbett T, et al. Randomized, double-blinded, placebo-controlled crossover trial of treating erectile dysfunction with sildenafil after radiotherapy and short-term androgen deprivation therapy: results of RTOG 0215. J Sex Med 2011;8: 1228–38. Lee K-B, Lee J-M, Lee J-K, Cho C-H. Endometrial cancer patients and tibolone: a matched case–control study. Maturitas 2006;55:264–9. Ratner ES, Foran KA, Schwartz PE, Minkin MJ. Sexuality and intimacy after gynecological cancer. Maturitas 2010;66:23–6. Titta M, Tavolini IM, Moro FD, Cisternino A, Bassi P. Sexual counseling improved erectile rehabilitation after non-nerve-sparing radical retropubic prostatectomy or cystectomy–results of a randomized prospective study. J Sex Med 2006;3:267–73. Bolte S, Zebrack B. Sexual issues in special populations: adolescents and young adults. Semin Oncol Nurs 2008;24:115–9. Carpentier MY, Fortenberry JD, Ott MA, Brames MJ, Einhorn LH. Perceptions of masculinity and self-image in adolescent and young adult testicular cancer survivors: implications for romantic and sexual relationships. Psychooncology 2010;20:738–45. D’Agostino NM, Penney A, Zebrack B. Providing developmentally appropriate psychosocial care to adolescent and young adult cancer survivors. Cancer 2011;117:2329–34. Jeunes Solidarité Cancer [site Internet]. Paris : association Jeunes solidarité cancer. Accessible à l’adresse : http://www.jeunes-solidarite-cancer.org/ (accès le 9/7/2012). Lindau ST, Schumm LP, Laumann EO, Levinson W, O’Muircheartaigh CA, Waite LJ. A study of sexuality and health among older adults in the United States. N Engl J Med 2007;357:762–74. Boehmer U, Miao X, Ozonoff A. Cancer survivorship and sexual orientation. Cancer 2011;117:3796–804. Dibble S, Eliason MJ, DeJoseph JF, Chinn P. Sexual issues in special populations: lesbian and gay individuals. Semin Oncol Nurs 2008;24:127–30. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 386–391 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue générale Implications récentes des équipes françaises en oncologie radiothérapie et radiobiologie clinique Role of French teams in the development of clinical and translational research in radiation oncology D. Azria a,∗,b , J.-M. Ardiet c , B. Chauvet d,1 , F. Denis e , F. Eschwège d,2 , C. Hennequin f , É. Lartigau g , F. Rocher h,3 , M.-A. Mahé i , P. Maingon j , J.-J. Mazeron k , Y. Metayer l,4 , D. Peiffert m , S. Thureau n,5 , F. Mornex d,o,6 a Pôle d’oncologie radiothérapie, CRLC Val d’Aurelle-Paul-Lamarque, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 05, France Inserm U896, CRLC Val d’Aurelle-Paul-Lamarque, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 05, France Centre de radiothérapie Bayard, 44, avenue Condorcet, 69100 Villeurbanne, France d Société française d’oncologie radiothérapique (SFRO), centre Antoine-Béclère, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France e Service d’oncologie radiothérapie, centre Jean-Bernard, 9, rue Beauverger, 72000 Le Mans, France f Service d’oncologie radiothérapie, CHU Saint-Louis, AP–HP, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France g Département d’oncologie radiothérapie, centre Oscar-Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale, BP 307, 59020 Lille cedex, France h Syndicat national des radiothérapeutes oncologues (SNRO), 12, boulevard de Verdun, 89000 Auxerre, France i Service d’oncologie radiothérapie, institut de cancérologie de l’Ouest René-Gauducheau, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain cedex, France j Service d’oncologie radiothérapie, centre Georges-François-Leclerc, 1, rue Professeur-Marion, 21000 Dijon, France k Service d’oncologie radiothérapie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP–HP, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France l Centre Jean-Bernard, 9, rue Beauverger, 72000 Le Mans, France m Département d’oncologie radiothérapie, centre Alexis-Vautrin, avenue de Bourgogne, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy, France n Centre Henri-Becquerel, rue d’Amiens, 76000 Rouen, France o Département de radiothérapie oncologie, centre hospitalier Lyon-Sud, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite cedex, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 14 août 2012 Mots clés : Recherche clinique Radiothérapie Radiobiologie Étude translationnelle r é s u m é Les différentes études cliniques publiées ont positionné la radiothérapie comme un élément clé dans la stratégie thérapeutique en cancérologie. Elle est délivrée seule ou le plus souvent en association avec les traitements systémiques. L’enjeu des dernières années a été d’améliorer le bénéfice clinique, considérant un contrôle tumoral amélioré et des volumes de tissus sains irradiés réduits. Ce double objectif vise à atteindre un taux plus faible de récidive locorégionale, une survie sans récidive, voire globale, augmentée et des effets indésirables aigus et tardifs moindres. Afin d’atteindre ce double objectif, les oncologues radiothérapeutes ont pu bénéficier de deux évolutions (voire révolutions) technologique et biologique : technologique avec les progrès immenses de l’imagerie notamment et biologique avec une meilleure compréhension de la radiobiologie, notamment à l’échelle moléculaire. Les différences de radiosensibilité tumorale et des tissus sains font aujourd’hui partie intégrante des traitements quotidiens en oncologie radiothérapique. Ce document permet de détailler les différentes avancées de recherche publiées ces cinq dernières années, et notamment la place des équipes françaises dans le domaine de personnalisation thérapeutique en oncologie radiothérapie. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. ∗ Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (D. Azria). 1 Président de la SFRO. 2 Directeur administratif de la SFRO. 3 Président du SNRO. 4 Représentant de la Société française de physique médicale (SFPM) au bureau de la SFRO. 5 Président de la Société française des jeunes radiothérapeutes oncologues (SFjRO). 6 Secrétaire générale de la SFRO. 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.009 D. Azria et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 386–391 387 a b s t r a c t Keywords: Clinical research Radiotherapy Radiobiology Translational research Many clinical studies have showed the key role of radiotherapy in anticancer treatment strategy. Radiations are delivered alone or in combination with systemic therapies. In recent years, the main goal of all clinical developments has focused on improving clinical benefit, with an increased tumour control and a higher normal tissue protection. This research was designed to reduce local recurrences, to increase recurrence-free or overall survival and to decrease acute and late effects. Technological and biological evolutions (or revolutions) accompanied clinicians to improve clinical benefit, namely with strong progress in radiology and better understanding of radiobiology, particularly at the molecular level. Differences in tumour and normal tissues radiosensitivity are nowadays integrated in daily clinical practice of radiation oncologists. The current report details the last 5-year developments of clinical and translational research in radiation oncology, especially the role of French teams in the development of personalized treatment. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’oncologie radiothérapique utilise les rayonnements ionisants pour le traitement des tumeurs cancéreuses. Les différentes études cliniques publiées ont positionné la radiothérapie comme un élément clé dans la stratégie thérapeutique. Elle est délivrée seule ou le plus souvent en association avec les traitements systémiques, chimiothérapie, hormonothérapie et thérapies ciblées. L’enjeu des dernières années a été d’améliorer le bénéfice clinique, considérant un contrôle tumoral amélioré et des volumes de tissus sains irradiés réduits. Ce double objectif vise à atteindre un taux plus faible de récidive locorégionale, une survie sans récidive, voire globale, augmentée et des effets indésirables aigus et tardifs moindres. Afin d’atteindre ce double challenge, les oncologues radiothérapeutes ont pu bénéficier de deux évolutions (voire révolutions) : • technologique, avec les progrès immenses de l’imagerie, permettant un ciblage plus précis des tumeurs et une protection plus large des tissus sains, grâce à des outils de traitement optimisés ; • biologique, avec une meilleure compréhension de la radiobiologie, notamment à l’échelle moléculaire. Les différences de radiosensibilité des tumeurs et des tissus sains font aujourd’hui partie intégrante des traitements quotidiens en oncologie radiothérapique, et traduisent la nécessité absolue de développer cette radiobiologie clinique dite translationnelle, qui permet de transférer les données issues de la science fondamentale vers l’application médicale. Ainsi, ce concept repose sur l’hypothèse selon laquelle les cancers et l’hôte sont variables d’une tumeur à l’autre et d’un patient à l’autre. La radiosensibilité intrinsèque tumorale, la propension à la diffusion de chaque tumeur, la réceptivité individuelle aux rayonnements ionisants sont et seront les acteurs principaux de l’oncologie radiothérapique personnalisée. Ce document permet de détailler les différentes avancées de recherche publiées ces cinq dernières années, et notamment la place des équipes françaises dans le domaine de personnalisation thérapeutique en oncologie radiothérapique. 2. La recherche technologique au service d’un traitement personnalisé Le développement récent de la radiothérapie a été possible grâce à l’essor de l’imagerie anatomique et fonctionnelle, axe majeur de recherche ces dernières années. 2.1. De la radiothérapie à trois dimensions à la radiothérapie avec modulation d’intensité Les progrès de la radiothérapie, notamment par l’évolution de l’imagerie et de l’informatique – avec l’utilisation de la scanographie tridimensionnelle et l’application d’algorithmes de calcul de dosimétrie inverse – ont permis la mise en œuvre de la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI). Son principe a été introduit pour la première fois par Andreas Brahme en 1998 [1]. À partir de contraintes de dose et de volume définis par l’oncologue radiothérapeute dans les organes cibles et à risque, le système détermine la modulation de chaque faisceau d’irradiation. Ces faisceaux modulés sont obtenus par l’utilisation de collimateurs multilames et de leur déplacement : dynamique et continu (mode dynamique ou sliding window) ou discontinu (mode statique ou step and shoot). L’objectif est d’obtenir un traitement « hautement conformationnel », c’est-à-dire de diminuer la dose aux organes sains et par conséquent la toxicité, tout en gardant impérativement la dose requise au volume cible (voire de permettre une augmentation de dose). La RCMI est utilisée couramment en pratique clinique depuis les années 2000 pour de nombreuses localisations, notamment les cancers de la prostate, de la tête et du cou et gynécologiques [2–4]. Dès la fin des années 1990, les équipes françaises ont débuté ce type de recherche technologique et ont débuté les traitements de leurs premiers patients en 2001 [5]. Un soutien aux techniques innovantes et coûteuses (Stic) a pu ainsi être mené à terme et a évalué le bénéfice clinique et l’impact médico-économique de la RCMI dans les indications initialement déterminées. Cette RCMI a donc pu être développée en France dans le cadre d’une évaluation prospective démontrant sa faisabilité et assurant une qualité optimale [6]. De plus, une augmentation locale de la dose (dit boost intégré) a pu être délivrée grâce à cette technique et a fait l’objet d’un projet hospitalier de recherche clinique et sera publié prochainement. Les avantages dosimétriques et cliniques obtenus pour ces localisations sont toutefois contrebalancés par leur temps de réalisation, parfois plus long que celui d’une radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle classique, et par l’utilisation d’un nombre élevé d’unités moniteur. La RCMI rotationnelle sur accélérateur linéaire est une technique en plein essor, dont l’objectif principal est de diminuer le temps de traitement et le nombre d’unités moniteur (UM) délivrées par rapport à la RCMI, tout en gardant la même conformation voire en l’améliorant. Le principe est la délivrance de la dose en continu sur un arc entier, soit sur 360◦ . Les publications internationales ont confirmé la faisabilité et l’intérêt clinique de cette technique, avec un taux d’effets indésirables réduits [7,8]. Les équipes françaises ont aussi été précurseurs dans ce développement et ont permis aux patients d’être traités très rapidement par cette technique [9,10]. En 2006, l’Institut national du cancer (Inca) a mis en place un soutien aux nouvelles technologies en aidant certains centres à développer une RCMI rotationnelle non pas sur accélérateur linéaire mais sur un appareil dit de tomothérapie [11]. Cette technique délivre une RCMI en rotation dans un système intégré d’imagerie. Elle a fait la preuve de son efficacité en recherche 388 D. Azria et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 386–391 clinique, et les équipes françaises qui ont fait ce choix technologique se positionnent à un niveau international de compétitivité, sur l’objectif commun à toutes ces techniques : amélioration du bénéfice clinique. En effet, l’analyse des résultats de l’expérience française a récemment été publiée et montre, dans la série multicentrique de 642 patients, qu’aucune toxicité tardive de grade 4–5 n’a été observée et que le taux de toxicité de grade 3 à long terme (1,3 %) était acceptable [12]. 2.2. Du ciblage anatomique au ciblage fonctionnel Le développement de l’imagerie pour une meilleure délinéation des volumes a été une avancée majeure ces dernières années. La deuxième étape a été d’intégrer cette imagerie dans le processus thérapeutique, permettant ainsi de pouvoir recaler les volumes cibles et les organes critiques avec précision par rapport aux images acquises lors de la mise en place. Ce type de radiothérapie, appelé radiothérapie guidée par l’image ou « IGRT » (image-guided radiotherapy), a fait l’objet de nombreux protocoles de recherche dont un Stic en France [13]. Les études de repositionnement grâce à l’imagerie embarquée ont été scientifiquement explorées par les équipes françaises, notamment dans les localisations à haut potentiel de mouvements internes comme les cancers du poumon. L’analyse des résultats du Stic de 2003 a été récemment publiée et montre l’intérêt de la radiothérapie guidée par l’image pour réduire les complications tardives cardiaques, œsophagiennes et pulmonaires [14]. De plus, il n’est plus envisageable à l’heure actuelle de délivrer une radiothérapie de haute dose, notamment avec modulation d’intensité, sans un système d’imagerie optimisé. La modulation d’intensité et le guidage par l’image sont donc devenus un couple indissociable de la pratique clinique [15]. Plus récemment, l’imagerie fonctionnelle, notamment à l’aide de la tomographie par émission de positons (TEP), a permis de visualiser les zones « métaboliquement » fonctionnelles à l’intérieur d’une masse tumorale. Cette imagerie est de plus en plus utilisée en pratique clinique, grâce à la fusion multimodalités avec les images de tomodensitomètres dédiés à la radiothérapie. Ainsi, l’irradiation peut être exclusivement focalisée sur ces zones, voire permettre un complément de dose localisé. Le fluorure de glucose est un des marqueurs les plus couramment utilisés. Plus récemment, des marqueurs d’apoptose ou d’hypoxie ont été évalués et ont fait l’objet de publications princeps. Les équipes françaises sont très actives, notamment le Cancéropôle Nord Ouest (CNO), qui a bénéficié, dès 2005, de la labellisation d’un réseau structurant intitulé « Functional imaging with Positron Emission Tomography (PET) for biological targeting in conformal (3DCRT) and intensity modulated (IMRT) radiation therapy for head and neck and lung tumors ». Cet axe de recherche a été poursuivi en 2008–2010 [16]. 2.3. Du ciblage optimisé à un nombre réduit de séances (stéréotaxie) La radiothérapie externe en conditions stéréotaxiques est une technique de haute précision, qui est utilisée en France pour le traitement de lésions intracrâniennes depuis 1986. Cette technique a beaucoup évolué ces dernières années, avec les progrès récents obtenus dans les domaines de la radiothérapie guidée par l’image, de l’informatique et de la robotique, ce qui permet maintenant son application aux irradiations de tumeurs extracrâniennes. La radiothérapie stéréotaxique dite « corps entier » fait aujourd’hui partie des techniques innovantes en développement. L’intérêt de la radiothérapie stéréotaxique réside dans le fait qu’elle permet de délivrer, en séance unique (parfois appelée radiochirurgie) ou en un nombre limité de séances (hypofractionnement), une dose élevée dans un volume restreint en épargnant les structures critiques et les tissus sains environnants. Cela est rendu possible par des méthodes très précises de repérage et de positionnement de la cible, et par une balistique de traitement reposant sur la convergence en un (ou plusieurs) point(s) de multiples faisceaux (ou de faisceaux dynamiques) de petite ouverture. Les matériels disponibles pour réaliser ce type de traitement sont de deux sortes : • d’une part, des accélérateurs linéaires de type classique, à condition qu’ils soient équipés de fonctionnalités spécifiques, notamment de collimations appropriées, de systèmes d’imagerie et de dispositifs de contention et repositionnement, assurant une précision millimétrique pour le repérage et l’irradiation de la tumeur. Certains de ces accélérateurs, grâce à des dispositifs optionnels, conservent la possibilité une utilisation polyvalente. D’autres sont commercialisés comme un tout indissociable et ne sont utilisés que pour des traitements réalisés en conditions stéréotaxiques. Ces accélérateurs linéaires permettent le traitement d’indications particulières : réirradiations, tumeurs pulmonaires ou tumeurs digestives mobiles. Les résultats actuels sont encourageants [17,18] ; • d’autre part, des appareils ayant une architecture différente de celle des accélérateurs linéaires de type classique, exclusivement destinés aux irradiations en conditions stéréotaxiques et principalement à la neuroradiochirurgie. Le plus ancien, limité aux localisations cérébrales, est le GammaKnife® équipé de sources de cobalt 60 ; le plus récent, le CyberKnife® , permet de traiter aussi le traitement des tumeurs extracérébrales. Il est constitué d’un accélérateur compact de 6 MV monté sur système robotisé. En 2006, l’Institut national du cancer a mis en place un soutien aux nouvelles technologies en aidant certains centres à développer cette technique. Ces centres ont homogénéisé leurs indications et ont établi une feuille de route de développement [19]. Les indications particulières mentionnées dans le paragraphe précédent peuvent également être traitées avec succès [20]. 2.4. Un traitement au contact des tumeurs : un bénéfice clinique optimal Deux types de traitement par irradiation au contact des tumeurs ont été développés dans le monde et particulièrement en France : (i) la curiethérapie et (ii) la radiothérapie peropératoire. 2.4.1. Curiethérapie La curiethérapie est une technique importante d’irradiation des tumeurs localisées. Les équipes françaises ont particulièrement participé à son essor international, dans de nombreuses indications [21]. Le principe de base est de délivrer les rayonnements ionisants à l’intérieur ou au contact du volume d’intérêt. Les tissus environnants sont ainsi particulièrement protégés. Son utilisation a bénéficié d’améliorations importantes liées à la dosimétrie prévisionnelle et l’imagerie, l’apparition de nouveaux projecteurs et l’utilisation de nouveaux radioéléments. Les pratiques se sont modifiées au fil de ces améliorations, mais aussi avec l’évolution de l’épidémiologie des cancers et de l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques pluridisciplinaires [22]. Les équipes françaises ont parfaitement défini les indications et l’intérêt médico-économique de la curiethérapie, par la publication de résultats thérapeutiques obtenus dans de grandes séries monocentriques de cancers localisés de la prostate à faible risque de récidive avec utilisation d’implants permanents d’iode 125, ou grâce aux soutiens de Stic, notamment en curiethérapie de débit pulsé du col utérin [23,24]. La curiethérapie de haut débit est très utilisée dans les situations postopératoires après hystérectomie. D. Azria et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 386–391 2.4.2. Radiothérapie peropératoire La radiothérapie peropératoire, dont les premières publications ont été faites au Japon il y a une quarantaine d’années, puis aux États-Unis, en Europe et en France dix ans plus tard, a été pratiquée avec des électrons, en utilisant des techniques assez uniformes, mais dans des indications très diverses selon les équipes. Par sa contribution à l’augmentation de la dose totale, elle permet d’espérer une amélioration du contrôle local et par son épargne des tissus sains, une réduction du taux des complications radiques. Elle ne s’adresse qu’aux tumeurs relativement radiorésistantes. Son intérêt est en effet très discutable pour les tumeurs radiosensibles qui peuvent être stérilisées sans effets secondaires majeurs pour les tissus sains au moyen d’une irradiation externe transcutanée classique. De plus, elle ne doit théoriquement s’appliquer qu’aux tumeurs à haut risque de récidive locale et à faible potentiel métastatique à distance, sachant toutefois qu’un lien étroit existe entre contrôle local et évolution métastatique dans la plupart des cancers. Après plusieurs essais dans des domaines multiples, visant à tester l’utilité et la faisabilité de la radiothérapie peropératoire, on a observé une phase de stabilisation des indications : évolutions premières ou récidivantes de tumeurs digestives, gynécologiques, des sarcomes rétropéritonéaux [25,26]. Plus récemment, le développement du concept de radiothérapie partielle dans le cancer du sein [27] a permis l’utilisation de la radiothérapie peropératoire dans cette tumeur, soit en complément de dose [28], soit dans le cadre d’une irradiation exclusive [29]. Un appel à projets 2011 de l’Inca a permis d’aider certains centres français au développement de cette technique et dans cette indication [30]. 3. Radiobiologie clinique : vers une intégration dans la pratique quotidienne Seules sont présentées dans ce chapitre les données de radiobiologie translationnelle et issues des tissus normaux ou tumoraux de patients, avec une application clinique directe. Les différents travaux de radiobiologie fondamentale sont très importants en France mais ne font pas partie de ce document. Ainsi, deux grands axes de développement ont été encouragés ces dernières années : • la meilleure connaissance des interactions des rayonnements ionisants et des traitements systémiques, afin de radiosensibiliser les tumeurs ; • l’identification des patients à risque intrinsèque de complications tardives après radiothérapie à visée curative, afin d’optimiser l’indice thérapeutique. 3.1. Interactions rayonnement ionisants et traitements systémiques : synergie clinique Les différents traitements systémiques utilisés en association avec la radiothérapie se sont développés sur des données de radiosensibilisation démontrées à partir de modèles animaux. Depuis le cisplatine, les travaux français ont permis de développer certaines molécules très radiosensibilisantes comme la gemcitabine, mais à des doses bien inférieures à celles de son utilisation sans radiothérapie [31,32]. D’autres molécules moins radiosensibilisantes sont utilisées en pratique, mais elles se basent alors sur une synergie d’action utilisant différents mécanismes, notamment en contraignant l’hypoxie, en favorisant une redistribution dans le cycle cellulaire ou en augmentant l’apoptose radio-induite. Les équipes françaises ont largement participé à ce type d’études, notamment dans les cancers des voies aérodigestives supérieures, les glioblastomes, les cancers de la prostate ou du sein [33–38]. 389 Plus récemment, les interactions entre les rayonnements ionisants et les thérapies ciblées ont été très étudiées. En effet, l’exposition aux radiations ionisantes induit de nombreuses réponses cellulaires, dont l’activation de multiples voies de transduction qui favorisent soit la mort de la cellule, soit sa différenciation et sa prolifération. La transduction du signal correspond aux différentes étapes biochimiques, consistant en la transmission des signaux extra- et intracellulaires vers le génome, ce qui entraîne une modification de l’expression des gènes et de la croissance cellulaire. Ces voies de signalisation sont nombreuses et complexes et peuvent interagir entre elles. Elles sont régulées par des modifications de phosphorylation protéique ou lipidique, dépendantes de kinases (phosphorylation) et de phosphatases (déphosphorylation). Le rôle central de ces voies de signalisation dans la réponse à l’irradiation a été suggéré par la mise en évidence d’une radiorésistance des cellules possédant une dérégulation de ces voies [39]. Dans les modèles expérimentaux, le type de réponse à une exposition aux radiations ionisantes dépend du type cellulaire, de la dose d’irradiation et des conditions de culture. La voie des MAP kinases (MAPK) a été décrite comme initiatrice d’un système de type « SOS » de la cellule à partir des récepteurs de l’epidermal growth factor (EGF). La modulation radio-induite de ces récepteurs est à l’origine d’un déséquilibre des voies de signalisation intracellulaire. Il existe donc une balance dynamique, de telle sorte qu’en fonction du type cellulaire ou du contexte expérimental, l’une des deux voies sera privilégiée. Ce concept de base a permis le développement d’un anticorps anti-EGFR (récepteur de l’EGFR, le cetuximab, en association avec la radiothérapie dans les cancers de la tête et du cou). Les résultats publiés sont très encourageants [40]. De nombreuses autres études cliniques sont en cours, elles permettront probablement l’utilisation de nouvelles associations avec la radiothérapie. Les cancers viro-induits en sont un axe important de recherche, incluant les traitements antiviraux et leur effet potentiel de radiosensibilisation [41]. Les essais de développement doivent être réalisés dans le cadre de phases I parfaitement bien conduites, afin d’éviter des effets secondaires intolérables. Ces programmes ont été intégrés au plan de reconnaissance de centres pilotes de phases précoces initié par l’Inca en 2010. 3.2. Identification des patients à risque d’effets secondaires tardifs après irradiation à visée curative Le succès de la radiothérapie dépend principalement de la dose totale délivrée de manière homogène au niveau de la tumeur. Toutefois, la délivrance de cette dose est limitée par la tolérance des tissus sains dans le volume irradié. Deux types d’effets secondaires déterministes radio-induits (aigus et tardifs) sont surveillés lors de la mise en route d’un traitement par irradiation. Cependant, les séquelles sont particulièrement analysées en raison de leur caractère irréversible et de leur impact sur la qualité de vie des patients traités. Dans une même population, traitée de manière homogène sur le plan technique et évaluée par la même équipe, il est clairement établi qu’il existe une radiosensibilité intrinsèque différente des tissus sains, selon les individus [42]. La piste d’un déficit ou d’une modification génique se développe et pourrait permettre d’identifier une frange de la population à risque. De plus, dans l’hypothèse d’une anomalie génique [43,44] à l’origine d’une hypersensibilité individuelle, les lymphocytes semblent le tissu de choix à analyser, en raison de la facilité de prélèvement et de la quantité disponible. Le taux bas d’apoptose radio-induite lymphocytaire CD4 et CD8 a été montré corrélé avec complications radio-induites de grade élevé [45]. Ce test fonctionnel de sensibilité a été soutenu par un projet hospitalier de recherche clinique en 2005 et est en cours de validation en France. 390 D. Azria et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 386–391 Depuis le début de ces travaux, certaines équipes françaises participent à un large consortium international afin d’établir une vaste analyse pangénomique dite « genome wide association study » sur un nombre important de patients, qui permettra une analyse statistique robuste, à terme [46]. Enfin, un projet hospitalier de recherche clinique de 2011 va débuter en France afin d’étudier les facteurs prédictifs biologiques et physiques des sarcomes développés en territoire irradié. 4. Radiobiologie et technologie : un couple indissociable pour l’avenir Les paragraphes précédents ont volontairement séparé les deux aspects de l’oncologie radiothérapie moderne que sont la radiobiologie quantitative et le développement technologique. Certaines approches ne peuvent pas dissocier ces deux aspects notamment la protonthérapie ou l’hadronthérapie par ions carbone. 4.1. Protonthérapie La protonthérapie est une technique particulière de radiothérapie visant à détruire les cellules cancéreuses en les irradiant avec un faisceau de particules. Contrairement à la radiothérapie « conventionnelle », la protonthérapie n’irradie pas les tumeurs en utilisant des photons mais, comme son nom l’indique, en focalisant un faisceau de protons sur les lésions. La radiobiologie des protons et le développement technologique sont intimement liés [47]. Les indications les plus répandues, notamment en France, sont les tumeurs pédiatriques, neurologiques et les mélanomes de la choroïde [48,49]. La recherche clinique est en plein essor dans d’autres indications, notamment le cancer de la prostate [50]. La protonthérapie est donc devenue une réalité clinique issue des résultats encourageants de la recherche et a maintenant sa place dans l’offre de soins. 4.2. Hadronthérapie par ions carbone L’hadronthérapie par ions carbone est en cours de développement, notamment dans le cadre du projet Étoile. La recherche clinique sera élaborée avec les équipes allemandes [51] et un projet hospitalier de recherche clinique de 2011 est en cours d’ouverture. 5. Conclusions, perspectives L’oncologie radiothérapie internationale et notamment française a connu d’importants progrès technologiques récents. Ces avancées ont été soutenues par une recherche clinique de qualité tant en termes d’efficacité que d’impact médico-économique. Les prochains enjeux seront la réduction du nombre de séances avec des doses de radiothérapie par séance plus élevées, rendues possibles par une optimisation du ciblage « technique ». Ce type d’approche sera fortement lié à l’étude radiobiologique des tissus tumoraux irradiés à de fortes doses par fraction et à la réaction des tissus sains proches des volumes d’intérêt, et donc considérés comme organes à risque. La recherche portant sur la biologie des patients intrinsèquement radiosensibles prendra naturellement sa place dans ce contexte de pratique clinique. Les nouvelles techniques imposent de développer des axes de recherche sur les effets des faibles doses d’irradiation sur les tissus sains, notamment lors d’une RCMI et d’imposer des contrôles de qualité de plus en plus importants, ainsi qu’une analyse dosimétrique adaptée. Un des enjeux majeurs sera la diffusion homogène de ces techniques sur le territoire de santé, encadrée d’une formation des différents intervenants dans le parcours de soin, ainsi que d’une évaluation rigoureuse des pratiques et des résultats. L’oncologie radiothérapique propose ainsi un immense choix de travaux de recherche, avec pour objectif unique l’amélioration du bénéfice clinique, inscrit dans un cadre de procédure de soins assurément de qualité. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Brahme A. Aspects on the development of radiation therapy and radiation biology since the early work of Rolf Wideroe. Acta Oncol 1998;37: 593–602. [2] Gregoire V, De Neve W, Eisbruch A, Lee N, Van den Weyngaert D, Van Gestel D. Intensity-modulated radiation therapy for head and neck carcinoma. Oncologist 2007;12:555–64. [3] Roeske JC, Lujan A, Rotmensch J, Waggoner SE, Yamada D, Mundt AJ. Intensitymodulated whole pelvic radiation therapy in patients with gynecologic malignancies. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:1613–21. [4] Zelefsky MJ, Fuks Z, Leibel SA. Intensity-modulated radiation therapy for prostate cancer. Semin Radiat Oncol 2002;12:229–37. [5] Aillères N, Azria D, Thezenas S, Barbier N, Fenoglietto P, Delard R, et al. Étude de faisabilité de radiothérapie de conformation avec modulation d’intensité dans les cancers localisés de la prostate. Cancer Radiother 2004;8:59–69. [6] Marchal C, Lapeyre M, Beckendorf V, Aletti P, Hasle E, Dubois JB, et al. Résultats préliminairesde l’évaluation de la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) pour le traitement des cancers prostatiques et ORL (Stic 2001). Cancer Radiother 2004;8:S121–7. [7] Otto K. Volumetric modulated arc therapy: IMRT in a single gantry arc. Med Phys 2008;35:310–7. [8] Fenoglietto P, Aillères N, Lemanski C, Llacer C, Dubois JB, Azria D. Arcthérapie modulée. Bull Cancer 2010;97:769–78. [9] Vieillot S, Azria D, Lemanski C, Moscardo CL, Gourgou S, Dubois JB, et al. Plan comparison of volumetric-modulated arc therapy (RapidArc) and conventional intensity-modulated radiation therapy (IMRT) in anal canal cancer. Radiat Oncol 2010;5:92. [10] Lafond C, Jouyaux F, Bellec J, Henry O, Perdrieux M, Chajon E, et al. Quelle RCMI ? Du « step and shoot » au VMAT : point de vue du physicien. Cancer Radiother 2010;14:539–49. [11] Kantor G, Mahé MA, Giraud P, Lisbona A, Caron J, Mazal A. Questions d’actualité : schéma général d’élaboration des protocoles de tomothérapie hélicoïdale pour chaque localisation. Cancer Radiother 2006;10:488–91. [12] Giraud P, Kantor G, Yassa M, Zefkili S, Dejean C, Lisbona A, et al. Two-year clinical experience with tomotherapy: the French national cancer institute project on implementing new technology. Cancer Invest 2011;29:557–63. [13] Lefkopoulos D, Isambert A, de Crevoisier R. Expérience française sur la radiothérapie guidée par l’image : contrôle de qualité, dose additionnelle délivrée, protocoles de radiothérapie guidée par l’image et premières données cliniques. Cancer Radiother 2009;13:341–4. [14] Giraud P, Morvan E, Claude L, Mornex F, Le Péchoux C, Bachaud JM, et al. Respiratory gating techniques for optimization of lung cancer radiotherapy. J Thorac Oncol 2011;6:2058–68. [15] Latorzeff I, Mazurier J, Boutry C, Dudouet P, Richaud P, de Crevoisier R. Apports de la radiothérapie avec modulation d’intensité guidée par l’image dans les cancers prostatiques. Cancer Radiother 2010;14:479–87. [16] Thureau S, Mezzani-Saillard S, Modzelewski R, Edet-Sanson A, Dubray B, Vera P. Intérêt de la TEP au FDG pour la radiothérapie des cancers bronchiques. Cancer Radiother 2011;15:504–8. [17] Girard N, Mornex F. Radiothérapie stéréotaxique des cancers bronchopulmonaires non à petites cellules : d’un concept à une réalité clinique. Actualités en 2011. Cancer Radiother 2011;15:522–6. [18] Merle P, Mornex F, Trepo C. Innovative therapy for hepatocellular carcinoma: three-dimensional high-dose photon radiotherapy. Cancer Lett 2009;286:129–33. [19] Bondiau PY, Bénézery K, Beckendorf V, Peiffert D, Gérard JP, Mirabel X, et al. Radiothérapie stéréotaxique robotisée par CyberKnife® : aspects techniques et indications. Cancer Radiother 2007;11:338–44. [20] Louis C, Dewas S, Mirabel X, Lacornerie T, Adenis A, Bonodeau F, et al. Stereotactic radiotherapy of hepatocellular carcinoma: preliminary results. Technol Cancer Res Treat 2010;9:479–87. [21] Guedea F, Venselaar J, Hoskin P, Hellebust TP, Peiffert D, Londres B, et al. Patterns of care for brachytherapy in Europe: updated results. Radiother Oncol 2010;97:514–20. [22] Peiffert D, Mazeron JJ, Guedea F, Nisin R. La curiethérapie en France en 2002 : résultats de l’enquête PCBE de l’ESTRO. Cancer Radiother 2007;11:146–9. [23] Cosset JM, Flam T, Thiounn N, Gomme S, Rosenwald JC, Asselain B, et al. Selecting patients for exclusive permanent implant prostate brachytherapy: the experience of the Paris Institut Curie/Cochin Hospital/Necker Hospital group on 809 patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:1042–8. D. Azria et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 386–391 [24] Remonnay R, Morelle M, Pommier P, Haie-Meder C, Quetin P, Kerr C, et al. Évaluation économique de la curiethérapie de débit pulsé gynécologique (PDR) avec optimisation de la dose pour les cancers du col utérin. Cancer Radiother 2010;14:161–8. [25] Dubois JB. La radiothérapie per-opératoire dans le traitement des cancers. Ann Chir 1989;43:785–9. [26] Dubois JB, Bussières E, Richaud P, Rouanet P, Becouarn Y, Mathoulin-Pelissier S, et al. Intra-operative radiotherapy of rectal cancer: results of the French multiinstitutional randomized study. Radiother Oncol 2011;98:298–303. [27] Azria D, Bourgier C. Partial breast irradiation: new standard for selected patients. Lancet 2010;376:71–2. [28] Lemanski C, Azria D, Thezenas S, Gutowski M, Saint-Aubert B, Rouanet P, et al. Intraoperative radiotherapy given as a boost for early breast cancer: long-term clinical and cosmetic results. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:1410–5. [29] Lemanski C, Azria D, Gourgon-Bourgade S, Gutowski M, Rouanet P, Saint-Aubert B, et al. Intraoperative radiotherapy in early-stage breast cancer: results of the Montpellier Phase II Trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:698–703. [30] Institut national du cancer (Inca). Appel à projets 2011 - Installation d’équipements de radiothérapie peropératoire [documents sur Internet]. Disponibles en téléchargement à l’adresse : http://www.e-cancer.fr/aap/soins/ rthperop11 (accès le 21/6/2012). [31] Beaupain R, Dionet C. Effects of combined treatments of cisdiamminedichloroplatinum(II), 5-fluorouracil, and X-rays on growth of human cancer nodules maintained in continuous organotypic culture. Cancer Res 1985;45:3150–4. [32] Girard N, Mornex F, Bossard N, Ychou M, Chauffert B, Wautot V. Estimating optimal dose of twice-weekly gemcitabine for concurrent chemoradiotherapy in unresectable pancreatic carcinoma: mature results of GEMRT-01 Phase I trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;77:1426–32. [33] Pointreau Y, Garaud P, Chapet S, Sire C, Tuchais C, Tortochaux J, et al. Randomized trial of induction chemotherapy with cisplatin and 5-fluorouracil with or without docetaxel for larynx preservation. J Natl Cancer Inst 2009;101:498–506. [34] Pignon JP, Le Maître A, Maillard E, Bourhis J. Meta-analysis of chemotherapy in head and neck cancer (MACH-NC): an update on 93 randomised trials and 17,346 patients. Radiother Oncol 2009;92:4–14. [35] Keime-Guibert F, Chinot O, Taillandier L, Cartalat-Carel S, Frenay M, Kantor G, et al. Radiotherapy for glioblastoma in the elderly. N Engl J Med 2007;356:1527–35. [36] Bolla M, Van Tienhoven G, Warde P, Dubois JB, Mirimanoff RO, Storme G, et al. External irradiation with or without long-term androgen suppression for prostate cancer with high metastatic risk: 10-year results of an EORTC randomised study. Lancet Oncol 2010;11:1066–73. [37] Azria D, Belkacemi Y, Romieu G, Gourgou S, Gutowski M, Zaman K, et al. Concurrent or sequential adjuvant letrozole and radiotherapy after conservative surgery for early-stage breast cancer (CO-HO-RT): a phase 2 randomised trial. Lancet Oncol 2010;11:258–65. 391 [38] Toledano A, Azria D, Garaud P, Fourquet A, Serin D, Bosset JF, et al. Phase III trial of concurrent or sequential adjuvant chemoradiotherapy after conservative surgery for early-stage breast cancer: final results of the ARCOSEIN trial. J Clin Oncol 2007;25:405–10. [39] Pirollo KF, Hao Z, Rait A, Ho CW, Chang EH. Evidence supporting a signal transduction pathway leading to the radiation-resistant phenotype in human tumor cells. Biochem Biophys Res Commun 1997;230:196–201. [40] Bonner JA, Harari PM, Giralt J, Cohen RB, Jones CU, Sur RK, et al. Radiotherapy plus cetuximab for locoregionally advanced head and neck cancer: 5-year survival data from a phase 3 randomised trial, and relation between cetuximabinduced rash and survival. Lancet Oncol 2010;11:21–8. [41] Vozenin MC, Lord HK, Hartl D, Deutsch E. Unravelling the biology of human papillomavirus (HPV) related tumours to enhance their radiosensitivity. Cancer Treat Rev 2010;36:629–36. [42] Azria D, Betz M, Bourgier C, Sozzi WJ, Ozsahin M. Identifying patients at risk for late radiation-induced toxicity. Crit Rev Oncol Hematol 2010, http://dx.doi.org/10.1016/j.critrevonc.2010.08.003. [43] Azria D, Ozsahin M, Kramar A, Peters S, Atencio DP, Crompton NE, et al. Single nucleotide polymorphisms, apoptosis, and the development of severe late adverse effects after radiotherapy. Clin Cancer Res 2008;14:6284–8. [44] Ho AY, Atencio DP, Peters S, Stock RG, Formenti SC, Cesaretti JA, et al. Genetic predictors of adverse radiotherapy effects: the Gene-PARE project. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;65:646–55. [45] Ozsahin M, Crompton NE, Gourgou S, Kramar A, Li L, Shi Y, et al. CD4 and CD8 T-lymphocyte apoptosis can predict radiation-induced late toxicity: a prospective study in 399 patients. Clin Cancer Res 2005;11:7426–33. [46] West C, Rosenstein BS, Alsner J, Azria D, Barnett G, Begg A, et al. Establishment of a Radiogenomics Consortium. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76: 1295–6. [47] Mazal A, Habrand JL, Delacroix S, Datchary J, Dendale R, Desjardins L, et al. La protonthérapie : bases, indications et nouvelles technologies. Bull Cancer 2010;97:831–46. [48] Boskos C, Feuvret L, Noel G, Habrand JL, Pommier P, Alapetite C, et al. Combined proton and photon conformal radiotherapy for intracranial atypical and malignant meningioma. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;75:399–406. [49] Dendale R, Lumbroso-Le Rouic L, Noël G, Feuvret L, Lévy C, Delacroix S, et al. Proton beam radiotherapy for uveal melanoma: results of Curie InstitutOrsay proton therapy center (ICPO). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;65: 780–7. [50] Zietman AL, Bae K, Slater JD, Shipley WU, Efstathiou JA, Coen JJ, et al. Randomized trial comparing conventional-dose with high-dose conformal radiation therapy in early-stage adenocarcinoma of the prostate: long-term results from Proton Radiation Oncology group/American College of Radiology 95-09. J Clin Oncol 2010;28:1106–11. [51] Rieken S, Habermehl D, Wuerth L, Brons S, Mohr A, Lindel K, et al. Carbon ion irradiation inhibits glioma cell migration through downregulation of integrin expression. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:394–9. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 392–397 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Développement professionnel continu en oncologie radiothérapie Continuing medical education in radiation oncology B. Chauvet ∗ , I. Barillot , F. Denis , P.-É. Cailleux , J.-M. Ardiet , F. Mornex Conseil national professionnel d’oncologie radiothérapie, centre Antoine-Béclère, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 5 juillet 2012 Accepté le 9 juillet 2012 Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Développement professionnel continu Formation médicale continue Évaluation des pratiques professionnelles Oncologie radiothérapie r é s u m é La loi « hôpital, patients, santé, territoire » de juillet 2009 a rendu obligatoire le développement professionnel continu (DPC) pour tous les professionnels de santé. Le DPC regroupe la formation médicale continue et l’évaluation des pratiques professionnelles. La plupart des décrets d’application de cette réforme sont parus fin 2011 début 2012 ; ils précisent ces obligations et mettent en place les différents organismes chargés de mettre en œuvre le DPC. Un conseil national professionnel est mis en place dans chaque spécialité, et regroupe, pour l’oncologie radiothérapie, la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO), l’Association de formation continue en oncologie radiothérapie (Afcor) et le Syndicat national des radiothérapeutes oncologues (SNRO). Il aura pour tâche de mettre en place une offre d’accompagnement du DPC, d’élaborer le portefeuille de programmes de DPC de la spécialité, d’élaborer des référentiels, de labelliser des actions de formation suivant des critères prédéfinis et d’organiser l’expertise auprès des instances administratives. L’Afcor reste l’organisme effecteur principal des actions de perfectionnement des connaissances en oncologie radiothérapie, mais chaque médecin reste libre du choix de son ou de ses organisme(s) effecteur(s) de DPC pour autant qu’il(s) soi(ent) agréé(s) par la commission scientifique indépendante regroupant l’ensemble des spécialités. Le conseil de l’ordre des médecins est l’autorité de contrôle de l’obligation faite à chaque médecin. L’oncologie radiothérapie bénéficie déjà d’outils et d’organismes de formation largement indépendants qui vont pouvoir s’intégrer dans cette réforme. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Continuing medical education Radiation oncology In France, continuing medical education (CME) and professional practice evaluation (PPE) became mandatory by law in July 2009 for all health professionnals. Recently published decrees led to the creation of national specialty councils to implement this organizational device. For radiation oncology, this council includes the French Society for Radiation Oncology (SFRO), the National Radiation Oncology Syndicate (SNRO) and the Association for Continuing Medical Education in Radiation Oncology (AFCOR). The Radiation Oncology National Council will propose a set of programs including CME and PPE, professional thesaurus, labels for CME actions consistent with national requirements, and will organize expertise for public instances. AFCOR remains the primary for CME, but each practitioner can freely choose an organisation for CME, provided that it is certified by the independent scientific commission. The National Order for physicians is the control authority. Radiation oncology has already a strong tradition of independent CME that will continue through this major reform. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Historique ∗ Auteur correspondant. Institut Sainte-Catherine, CS80005, 84918 Avignon cedex 9, France. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (B. Chauvet). Depuis les années 1950 en France, la formation médicale continue (FMC) a vu se succéder les réformes. Obligation déontologique laissée à la liberté individuelle jusqu’en 1996, elle s’est structurée autour d’initiatives diverses comme, en 1978, L’Union nationale de formation médicale continue (Unaformec), fédérant plusieurs 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.182 B. Chauvet et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 392–397 centaines d’associations de FMC représentant majoritairement la médecine générale (65 %) et presque exclusivement le secteur libéral. En 1989, avec la mise en place d’un financement par accord contractuel entre les syndicats médicaux et les caisses d’assurance maladie, la masse financière mise à la disposition des médecins a été multipliée, certaines actions de formations donnant alors lieu à indemnisation des participants. Diverses associations concurrentes se sont alors créées pour partager cette manne. Le secteur libéral restait pour l’essentiel, seul à bénéficier de ces formations, celle des médecins salariés restant (noyée) dans le cadre général de la formation professionnelle continue des salariés. L’oncologie radiothérapie restait la plupart du temps à l’écart de ces dispositifs, la FMC de la discipline restant basée sur le bénévolat, l’initiative de la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO) ou d’autres regroupements de professionnels, et avec le soutien des partenaires industriels. En 1996, l’ordonnance du 24 avril a rendu la FMC obligatoire. Il a fallu encore attendre 2004 pour que l’obligation de FMC soit étendue à toutes les professions de santé et que se mettent en place le Conseil national de la FMC et des conseils régionaux. Cette réforme est devenue caduque avant d’aboutir à son terme, mais elle avait conduit à la mise en place d’un barème de points, désormais obsolète, et à l’agrément de 492 organismes effecteurs de FMC dont l’Afcor (agréée le 9/12/2008). Fin 2010, le Conseil national de la FMC a été dissous à la suite de la loi dite « Hôpital, patients, santé, territoire » (HPST) de 2009, qui a introduit en France le concept de développement professionnel continu (DPC), que nous allons détailler dans cet article. En Europe, l’Union européenne des médecins spécialistes avait publié en 1994 une charte européenne pour la FMC, mais celle-ci est restée du domaine réglementaire de chaque état [1]. Selon les pays, la FMC est obligatoire (Irlande, Italie, Pays-Bas, Suisse) ou non (Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Allemagne, Grèce, Norvège, Portugal, Espagne, Suède), l’organisation de la FMC ou du DPC est plus ou moins centralisée, relevant tantôt d’organismes d’état, tantôt d’organismes régionaux ou de sociétés savantes ; le financement varie également d’un état à l’autre. Aux États Unis, 50 états ont introduit une obligation de FMC. 2. Présentation du dispositif du DPC Le développement professionnel continu introduit par la loi no 2009-879 du 21 juillet 2009 – article 59, dite « loi HPST », a pour objectifs l’évaluation des pratiques professionnelles, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, ainsi que la prise en compte des priorités de santé publique et de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Il s’agit donc d’un concept beaucoup plus large que la FMC. Les textes réglementaires mettant en place ce dispositif ont tardé à paraître et n’ont finalement été connu que début 2012 (Tableau 1). Ils sont encore incomplets, mais d’ores et déjà, sont précisés les éléments suivants. 2.1. Obligations et professionnels concernés Tout professionnel de santé, et en particulier tout médecin, quels que soient son statut ou son mode d’exercice, est concerné par l’obligation de DPC. Le médecin satisfait à son obligation de DPC dès lors qu’il participe, au cours de chaque année civile, à un programme de DPC collectif annuel ou pluriannuel. Ce programme doit : • être conforme à une orientation nationale ou à une orientation régionale de DPC ; 393 • comporter une des méthodes et des modalités validées par la Haute autorité de Santé (HAS) après avis de la commission scientifique indépendante des médecins ; • être mis en œuvre par un organisme de DPC enregistré. Un médecin est aussi réputé avoir satisfait à son obligation de DPC si, au cours de l’année civile écoulée, il a obtenu un diplôme universitaire évalué favorablement par la commission scientifique indépendante des médecins en tant que programme de développement professionnel continu. L’organisme effecteur de DPC délivre une attestation aux médecins justifiant de leur participation, au cours de l’année civile, à un programme de développement professionnel continu. Il transmet simultanément par voie électronique les attestations correspondantes au conseil départemental de l’ordre des médecins dont chaque médecin relève. Le modèle de l’attestation doit être défini par arrêté du ministre chargé de la Santé, en attente. On devrait pouvoir espérer une base nationale informatisée facilitant la gestion des plans de formation de chaque médecin. 2.2. Acteurs mettant en œuvre le dispositif 2.2.1. Organisme gestionnaire du DPC L’organisme gestionnaire du DPC, dont l’arrêté de mise en place est attendu, est composé à 50 % de professionnels et à 50 % de représentants de l’état et de l’assurance maladie. Il enregistre l’ensemble des organismes concourant à l’offre de DPC et finance les programmes et actions prioritaires en s’appuyant sur les évaluations et propositions des commissions scientifiques indépendantes. Il contractualise avec les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) qui collectent les fonds détaillés plus loin. 2.2.2. Commissions scientifiques indépendantes Les cinq commissions scientifiques indépendantes (une pour les pharmaciens, une pour les sages-femmes, une pour les chirurgiensdentistes, une pour les médecins et une pour les professions paramédicales) évaluent les organismes effecteurs de DPC au moins tous les cinq ans, formulent un avis sur les orientations prioritaires et méthodes de DPC validées par la HAS, établissent la liste des diplômes d’université qui sont considérés comme équivalents à un programme de DPC. 2.2.3. Fédération des spécialités médicales Association Loi 1901 créée en 1997, et dont la SFRO est membre, la Fédération des spécialité médicale est chargée, aux termes d’une convention passée avec le ministère du Travail de l’emploi et de la santé le 8 décembre 2010, de proposer les membres de la commission scientifique indépendante (proposition validée par l’arrêté no 69 du 16 mars 2012 portant nomination à la commission scientifique indépendante des médecins), de proposer des méthodes pour la mise en œuvre du DPC (ces propositions seront élaborées par le comité DPC qui regroupe les représentants de chaque conseil national professionnel), de proposer les orientations prioritaires, d’élaborer une réflexion sur l’éthique et la gestion des conflits d’intérêts, d’élaborer des référentiels des activités et compétences des diplômes de spécialité médicale. Elle a reçu pour ces missions une subvention. 2.2.4. Conseils nationaux professionnels Les missions des conseils nationaux professionnels, regroupés au sein du comité DPC de la Fédération des spécialités médicales, ne sont pas encore réglementairement définies. Chaque spécialité médicale aura son conseil national professionnel, association loi 1901 dont le conseil d’administration doit être paritaire privé/public, regrouper les différents organismes représentatifs d’une spécialité (sociétés savantes, syndicats, etc.), afficher 394 B. Chauvet et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 392–397 Tableau 1 Textes réglementaires régissant le dispositif du développement professionnel continu (DPC). De 2004 à 2011 Loi de santé publique du 9 août 2004 (JO du 11 août 2004), par ses articles 98 et suivants, généralisant l’obligation de formation continue à l’ensemble des professions de santé. Loi no 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie (JO du 17 août 2004). L’article 14 institue l’obligation d’EPP pour tous les médecins. Décret no 2005-346 du 14 avril 2005 relatif à l’EPP et précisant les modalités de satisfaction pour les différentes catégories de médecins. Décret no 2006-650 du 2 juin 2006 relatif à la FMC. Décret no 2006-653 du 2 juin 2006 relatif à l’EPP. Arrêté du 13 juillet 2006 portant homologation des règles de validation de la FMC. Voir aussi le tableau récapitulatif du barême des crédits de FMC. Voir aussi le chapitre III (FMC) du titre III du code de la Santé publique. Article L 4143-1 du code de la Santé publique relatif à la FCO des chirurgiens-dentistes. Décret no 2006-652 du 2 juin 2006 relatif à la mise en place du Conseil national et des conseils interrégionaux de la FCO. À partir du 1er janvier 2012 Décret no 2011-2113 du 30 décembre 2011 relatif à l’organisme gestionnaire du DPC Décret no 2011-2116 du 30 décembre 2011 relatif au DPC des médecins Décret no 2011-2115 du 30 décembre 2011 relatif au DPC des chirurgiens-dentistes Décret no 2011-2114 du 30 décembre 2011 relatif au DPC des professionnels de santé paramédicaux Décret no 2011-2117 du 30 décembre 2011 relatif au DPC des sages-femmes Décret no 2011-2118 du 30 décembre 2011 relatif au DPC des pharmaciens Décret no 2012-26 du 9 janvier 2012 relatif à la commission scientifique indépendante des médecins Décret no 2012-28 du 9 janvier 2012 relatif à la commission scientifique indépendante des chirurgiens-dentistes Décret no 2012-30 du 9 janvier 2012 relatif à la commission scientifique du Haut Conseil des professions paramédicales Décret no 2012-27 du 9 janvier 2012 relatif à la commission scientifique indépendante des sages-femmes Décret no 2012-29 du 9 janvier 2012 relatif à la commission scientifique indépendante des pharmaciens Arrêté no 0069 du 16 mars 2012 portant nomination à la commission scientifique indépendante des médecins EPP : évaluation des pratiques professionnelles ; FMC : formation médicale continue ; FCO : formation continue odontologique. son indépendance scientifique, sa transparence financière, ses déclarations d’intérêt. Le conseil national professionnel devra mettre en place une offre d’accompagnement du DPC, élaborer un portefeuille de programmes de DPC de la spécialité, élaborer des référentiels, labelliser des actions de formation suivant des critères prédéfinis. La Fédération des spécialités médicales et la DGOS (Direction générale de l’offre de soins) souhaitent étendre ses compétences à l’organisation de l’expertise au sein de la spécialité. Il faut cependant souligner qu’à ce jour aucun financement des conseils nationaux professionnels n’est prévu. Ils devront donc être financés par leurs membres directement ou au travers des sociétés mères. 2.2.5. Organismes effecteurs de DPC Les organismes effecteurs de DPC sont les opérateurs des actions de FMC et des EPP. Quel que soit leur statut, les organismes effecteurs de DPC devront être agréées par l’organisme gestionnaire du DPC et évalués au moins tous les cinq ans par la commission scientifique indépendante selon des critères qui doivent être précisés par arrêté et sur rapport du conseil national professionnel de la spécialité. Ils doivent fournir un bilan annuel à l’organisme gestionnaire du DPC au plus tard le 31 mars de chaque année. Les organismes effecteurs de DPC sont régis par la règle de la libre concurrence selon la directive européenne. Chaque médecin aura le libre choix de son ou ses organisme(s) effecteur(s) de DPC pour mettre en œuvre ses programmes. Les organismes effecteurs de DPC seront financés au prorata des programmes qu’ils auront dispensés. Ces organismes proposeront des actions de DPC, actions d’évaluation/analyse des pratiques et actions de formation/approfondissement des connaissances, qui formeront des programmes complets. Ces actions et programmes seront colligés par les conseils nationaux professionnels pour alimenter le portefeuille qui permettra de guider le praticien dans son parcours. 2.3. Critères de l’évaluation des organismes effecteurs de DPC Les critères de l’évaluation des organismes effecteurs de DPC menée par la commission scientifique indépendante compétente ou la commission scientifique du Haut conseil des professions paramédicales, portent notamment sur : • la capacité pédagogique et méthodologique de l’organisme de DPC ; • les qualités et références des intervenants ; • l’indépendance financière, notamment à l’égard des entreprises fabriquant ou distribuant les produits de santé. Un arrêté du ministre chargé de la Santé, pris sur proposition des commissions scientifiques indépendantes ainsi que de la commission scientifique du Haut Conseil des professions paramédicales, précisera les modalités d’appréciation des critères définis ci-dessus et les conditions dans lesquelles l’organisme de DPC évalué défavorablement peut soumettre un nouveau dossier d’évaluation auprès de la commission scientifique concernée. Cet arrêté n’a pas encore été publié. 2.4. Modalités de financement L’organisme gestionnaire du DPC finance les actions de formation et d’évaluation des médecins libéraux (frais facturés par les B. Chauvet et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 392–397 organismes de DPC, frais divers de participation à ces programmes, perte de ressources) dans la limite des forfaits individuels. Les centres hospitaliers publics consacrent au financement des actions de DPC des médecins qu’ils emploient un pourcentage minimum de 0,50 % (centres hospitaliers universitaires) ou 0,75 % (autres établissements) du montant des rémunérations médicales. Les actions de DPC des médecins salariés du secteur privé sont financées dans les conditions prévues par l’article L. 6331 du code du travail (financement de la formation professionnelle des salariés soit au minimum 1,6 % du montant des rémunérations pour une entreprise de dix salariés ou plus). Le financement du dispositif de DPC sera également abondé par une contribution annuelle de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et par une partie de la taxe sur le chiffre d’affaires de l’industrie de santé. Les établissements employant des médecins salariés pourront soit financer directement leur DPC, soit faire appel comme par le passé à un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), tels que l’Association nationale de formation hospitalière (ANFH) pour les hôpitaux publics ou Unifaf (fond d’assurance formation) pour les établissements privés à but non lucratif. 2.5. Contrôle et sanctions encourues en cas de non-satisfaction de l’obligation de DPC Le conseil départemental de l’Ordre des médecins s’assure, au moins une fois tous les cinq ans, sur la base des attestations transmises par les organismes de développement professionnel continu que les médecins relevant de sa compétence ont satisfait à leur obligation annuelle de développement professionnel continu. Lorsque le médecin a participé à un programme dispensé par un organisme qui a fait l’objet, à la date de son inscription, d’une évaluation défavorable par la commission scientifique indépendante des médecins, l’obligation est réputée non satisfaite. Si l’obligation individuelle de DPC n’est pas satisfaite, le conseil départemental de l’ordre des médecins demande au médecin concerné les motifs du non-respect de cette obligation. Au vu des éléments de réponse communiqués, le conseil départemental de l’ordre des médecins apprécie la nécessité de mettre en place un plan annuel personnalisé de DPC et notifie à l’intéressé qu’il devra suivre ce plan. L’absence de mise en œuvre de ce plan par le médecin est susceptible de constituer un cas d’insuffisance professionnelle. 2.6. Dispositions transitoires Tous les organismes effecteurs de FMC agréés jusqu’en 2012 sont réputés enregistrés et évalués favorablement jusqu’au 30 juin 2013, ce qui laisse le temps aux commissions scientifiques indépendantes et à l’organisme gestionnaire qui attribuera les agréments de se mettre en place. On attend également les arrêtés ministériels qui préciseront le contenu des dossiers d’agrément et d’évaluation, que les organismes effecteurs devront déposer d’ici juin 2013, ainsi que les critères d’agrément. Ces mesures transitoires permettent également aux professionnels de satisfaire à leurs obligations pour 2012 et 2013 s’ils suivent un programme proposé par ces organismes. 3. Spécificités de l’oncologie radiothérapie La commission scientifique indépendante des médecins comprend 28 membres permanents et 28 suppléants. Outre les représentants de la conférence des doyens, du Conseil national de l’ordre des médecins, du service de santé des armées, du ministre chargé de la santé, et de trois personnalités qualifiées, il rassemble 22 représentants des conseils nationaux professionnels de spécialité d’exercice, dont cinq représentants du conseil national professionnel de la médecine générale, sur proposition 395 de l’organisme ayant conclu une convention avec l’État en application de l’article R. 4133-4 (à savoir la Fédération des spécialités médicales). Un regroupement des spécialités médicales a été nécessaire : un seul titulaire et un suppléant représentent la cancérologie qui regroupe trois conseils nationaux professionnels : oncologie médicale, oncohématologie et oncologie radiothérapie. Les manipulateurs de radiologie ont un représentant à la commission scientifique du Haut Conseil des professions paramédicales. Les physiciens n’étant pas considérés comme une profession de santé ne sont pas mentionnés dans les textes, ni représentés au sein de ces commissions. Il s’agit là d’une anomalie, car il apparaît évident pour la SFRO qu’ils doivent pouvoir en bénéficier et participer au dispositif de DPC, au même titre que les autres métiers de la radiothérapie, comme ils participaient précédemment aux actions de FMC. Le Conseil national professionnel d’oncologie radiothérapie a été mis en place en 2012 et son assemblée générale constitutive se tiendra le 28 septembre 2012. Son conseil d’administration est composé de six oncologues-radiothérapeutes, trois représentant le secteur public ou assimilé, trois représentant le secteur libéral. Deux sont désignés par le bureau de la SFRO, deux par le bureau de l’Afcor, deux par le bureau du Syndicat national des radiothérapeutes oncologues (SNRO). Les membres de la SFRO et/ou de l’Afcor et/ou du SNRO, à jour de leur cotisation, sont de droit membres du Conseil national professionnel (CNP) d’oncologie radiothérapie. Les conseils nationaux professionnels n’ayant pas de financement direct, le conseil national professionnel d’oncologie radiothérapie devra trouver ses financements auprès des trois associations fondatrices et de ses membres. L’Afcor reste l’organisme effecteur de DPC en oncologie radiothérapie, et demandera son agrément à l’ l’organisme gestionnaire de DPC dès que la fenêtre de dépôts de dossiers sera ouverte. L’Afcor est une association paritaire privé-public (les membres de son conseil d’administration) sont issus de la SFRO et du SNRO, dont l’objectif est la promotion et l’organisation de toute réunion de formation continue en oncologie radiothérapie. Depuis 2006, l’Afcor organise une réunion nationale annuelle (Printemps de l’Afcor) et en 2008 à 2009 des formations obligatoires à la radioprotection ont été organisées et suivies par la quasi-totalité des oncologuesradiothérapeutes français. Elle labellise chaque année plus d’une dizaine de réunions régionales ou nationales qui répondent à une charte de qualité pédagogique et scientifique et d’indépendance financière. Elle met en place depuis 2011 des formations nationales aux nouvelles techniques de radiothérapie en partenariat avec la Société française des physiciens médicaux (SFPM) et la SFRO (radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité [RCMI], radiothérapie stéréotaxique). Son catalogue de formations, qu’elles soient organisées par l’Afcor, ou simplement labellisées par l’Afcor ou la SFRO, est déjà riche (Tableau 2). D’autres organismes participeront également au DPC d’oncologie radiothérapie et il appartiendra au conseil national professionnel d’oncologie radiothérapie d’intégrer les initiatives des organismes agréés dans ses programmes de DPC. Des actions d’évaluation/analyse des pratiques et actions formation/approfondissement des connaissances non intégrées dans un programme délivré par un organisme effecteur de DPC pourront également être validées par le conseil national professionnel, à condition d’avoir été évaluées et validées par la commission scientifique indépendante. Il en sera ainsi pour les formations cognitives réalisées, par exemple, dans le cadre de congrès internationaux, dont celui de la SFRO, ou d’actions d’évaluation de pratiques réalisées, par exemple, dans le contexte d’une revue de morbi-mortalité ou d’un Crex (comité de retour d’expérience). 396 B. Chauvet et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 392–397 Tableau 2 Formations organisées ou labellisées par l’Afcor et la SFRO en 2012 et 2013. Organisation Afcor Printemps de l’Afcor 2013 : cancer de prostate (22 au 24-03-2012, Romainville) Printemps de l’Afcor 2012 : Cancer du poumon (30-03 au 01-04-2012) Formation nationale à la RCMI : 2e session du module théorique (06 au 08-09-2012) Formation nationale des manipulateurs à la radiothérapie guidée par l’image en collaboration avec l’AFPPE : 1re session du module théorique (15 juin 2012) Formation nationale à la RCMI : 3e session du module théorique (05-09 au 07-09-2013, Paris) Formation nationale à la radiothérapie stéréotaxique : 1re session du module théorique (septembre 2013) Formation nationale des manipulateurs à la radiothérapie guidée par l’image : sessions à venir dans toutes les régions (dates et lieux à préciser) Labellisation Afcor Ateliers de délinéation du congrès de la SFRO : cancer du sein (29-09-2012, Paris) Ateliers de RCMI de l’institut Sainte-Catherine (15 au 10-09-2012, Avignon) Formation au repositionnement des manipulateurs de radiothérapie (2012, Toulouse) DIU de radiothérapie de haute technicité (2012, Paris/Nice) EPU Techniques innovantes hôpital européen Georges-Pompidou (2012, Paris) EPU Radiothérapie des métastases cérébrales (2012, Angers) Réunion du Cercle des oncologues-radiothérapeutes du Sud (05-04-2012) Ateliers de contourage institut de cancérologie Gustave-Roussy (05-04-2012, Villejuif) Ateliers de contourage institut de cancérologie Gustave-Roussy (16-02-2012, Villejuif) Ateliers de contourage Poumon (23/11/2012, Paris) Afcor : Association de formation continue en oncologie radiothérapie ; SFRO : Société française de radiothérapie oncologique ; RCMI : radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité ; DIU : diplôme interuniversitaire ; EPU : enseignement postuniversitaire. 3.1. Orientations prioritaires des évaluations de pratiques professionnelles proposées par le conseil national professionnel S’appuyant sur la législation en matière de radioprotection et les recommandations de la Commission européenne [2], la HAS a réuni en 2011 un groupe de travail réunissant la HAS, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les fédérations hospitalières, les sociétés savantes afin de définir des priorités en termes d’évaluation des pratiques professionnelles. La SFRO y a défendu les principes suivants qui devraient être repris dans le document final en attente de publication : « La radiothérapie, discipline qui mène depuis longtemps des actions sur la gestion des risques est une alternative thérapeutique à risque faible même si l’impact médiatique d’un incident ou accident y est plus fort. Dans la chaîne complexe des processus qui, de la décision médicale à la séance d’irradiation, régissent la radiothérapie, il nous apparaît utile et nécessaire de privilégier l’étape de préparation et de faire porter l’essentiel de l’effort d’évaluation sur cette étape. D’une part, elle conditionne la qualité de l’ensemble des séances de traitement y compris en matière de radioprotection du patient. D’autre part, l’étape ultérieure de l’irradiation proprement dite bénéficie déjà de larges outils de contrôle qualité (réglementaires ou non), et de la vigilance induite par les Crex. Ensuite, le défaut ponctuel sur une séance a moins de conséquence qu’un défaut de la chaîne de préparation qui se répercute sur l’ensemble d’un traitement. Enfin, l’étape de préparation implique tous les professionnels de la discipline (manipulateur, physicien, oncologue radiothérapeute). À chacune des étapes de préparation, un ou plusieurs processus d’EPP (évaluation des pratiques professionnelles) peuvent être mis en place. Certains sont déjà utilisés (ateliers de délinéation, évaluations d’incertitudes de positionnement liées à un dispositif de contention) ou sont en cours de développement à l’initiative de constructeurs, d’éditeurs de logiciels, des sociétés savantes ou d’établissements. Tous méritent d’être généralisés à l’ensemble des centres selon les priorités et moyens de chacun. Les actions d’audits ciblées sur les étapes de préparation du traitement renforceront la qualité de la prise en charge du patient et l’harmonisation des actions réglementaires. L’étude des éléments précurseurs met en évidence que la majorité d’entre eux sont déclarés à l’étape de préparation du traitement (simulation, dosimétrie, première séance. . .). C’est autour de ce moment clef du parcours de soin en radiothérapie que peuvent se mettre en place les actions d’EPP les plus pertinentes. Validées par des audits internes et externes, complémentaires des modalités d’accréditation des établissements (HAS), d’autorisation des pratiques [Agence régionale de Santé [ARS]]/Institut national du cancer [Inca]] et de contrôles (ASN), ces actions permettront une harmonisation des pratiques professionnelles en renforçant la qualité et la sécurité des soins. Quatre thèmes d’EPP sont ainsi proposés : • • • • sécurisation de la première mise en place du traitement ; information du patient sur les enjeux de positionnement ; identitovigilance ; qualité de la délinéation des volumes. Au travers de ces propositions, on voit que les EPP touchent tous les métiers de l’oncologie radiothérapie et qu’elles offrent un vrai potentiel d’amélioration de la qualité des soins. 4. Conclusion Malgré la complexité du dispositif mis en place pour promouvoir le développement professionnel continu, qui pourrait ressembler à une « usine à gaz », certains aspects positifs doivent être soulignés qui laissent espérer un plus grand succès à cette réforme qu’à celle qui l’a précédée : rôle majeur des professionnels et de leurs conseils représentatifs comme acteurs du système, nouveaux financements, démarche commune à l’ensemble des professionnels de santé, transparence. L’oncologie radiothérapie bénéficiait depuis de nombreuses années de programmes de formation médicale continue rendus nécessaires dans le contexte de progrès rapides de cette discipline. La spécialité s’était ainsi dotée d’outils et d’organismes de B. Chauvet et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 392–397 formation largement indépendants des financements industriels et qui vont naturellement s’intégrer dans la réforme du DPC. L’importance des enjeux de sécurité et de radioprotection devrait rendre prioritaires les thèmes des actions de DPC de l’oncologie radiothérapie, facilitant ainsi leur mise en place et leur financement. De nombreuses incertitudes demeurent mais les premières briques du dispositif qui se construit sont déjà en place. Il appartient à chacun de défendre cette construction collective dont l’objectif ne peut qu’être partagé : améliorer la qualité et la sécurité des soins. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. 397 Remerciements Les auteurs remercient les professeurs Jean-Jacques Mazeron et Éric Lartigau, anciens présidents de la SFRO, qui ont représenté la société savante au groupe de travail sur les EPP en radioprotection à la HAS. Références [1] Greff M. Développement professionnel continu en Europe (DPC). Lettre de Post’U 2003 ;no 24 (octobre). Disponible à l’adresse : http://www.fmcgastro.org/postumain/lettre-de-postu/developpement-professionnel-continu-en-europe-dpc (accès le 10/7/2012). [2] Commission européenne. Radiation protection no. 159. European commission guidelines on clinical audit for medical radiological practices (diagnostic radiology, nuclear medicine and radiotherapy). Luxembourg : European Communities ; © 2009. Disponible à l’adresse : http://ec.europa.eu/energy/ nuclear/radiation protection/doc/publication/159.pdf (accès le 10/7/2012). Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 398–403 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Arcthérapie volumétrique modulée : ultime évolution de la radiothérapie conformationnelle ? Is volumetric modulated arctherapy the final evolution of conformal radiotherapy? P. Fenoglietto a,∗,b,c , S. Servagi-Vernat d , D. Azria a,b,c , P. Giraud e,f a Département de cancérologie radiothérapie, CRLC Val d’Aurelle-Paul-Lamarque, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5, France Inserm U860, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5, France Université Montpellier I, CRLC Val d’Aurelle-Paul-Lamarque, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5, France d Service de radiothérapie, hôpital Jean-Minjoz, 3, boulevard Alexandre-Fleming, 25030 Besançon, France e Université Paris-Descartes, 12, rue de l’École-de-médecine, 75006 Paris, France f Service d’oncologie-radiothérapie, hôpital européen Georges-Pompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 27 avril 2012 Accepté le 22 mai 2012 Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Radiothérapie Arcthérapie volumétrique RapidArc® VMAT® r é s u m é Le progrès de la technologie de la radiothérapie s’est significativement accéléré au cours des dernières décennies. La radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle a connu une évolution majeure avec la dosimétrie inverse pour donner naissance à la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI). La délivrance de la RCMI a été améliorée par la suite grâce à l’irradiation de tout le volume tumoral lors d’une rotation, réduisant ainsi sensiblement le temps de traitement. Nous détaillons dans cet article les différents paramètres de cette technique d’irradiation volumétrique modulée (volumetric modulated arc therapy ou VMAT) et présentons les premiers résultats obtenus dans différentes indications. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Arctherapy VMAT® RapidArc® Technology development in radiotherapy has improved significantly during the last decade. The rapid evolution of 3D radiotherapy to intensity-modulated radiotherapy was possible thanks to inverse planning systems. Intensity modulated radiotherapy improved in its turn by possibilities of volumetric irradiation during a single rotation, reducing therefore the overall treatment. This article presents the technical parameters of this volumetric irradiation technique and a review of miscellaneous clinical indications. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’arcthérapie volumétrique avec modulation d’intensité (volumetric modulated arc therapy ou VMAT® ) est l’une des dernières techniques innovantes de radiothérapie qui a le potentiel d’améliorer la couverture des volumes tumoraux complexes tout en préservant mieux les tissus sains avoisinants que les techniques conformationnelles avec modulation d’intensité (radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité [RCMI]) classiques. Le développement et la diffusion de cette technique, encouragée par les bénéfices cliniques escomptés, est extrêmement rapide alors ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Fenoglietto). que les procédures de RCMI par faisceaux fixes ne sont pas encore complètement intégrées par toutes les équipes. Cette large diffusion, très soutenue par tous les constructeurs, contraste aussi avec le peu de données cliniques encore disponibles. Cet article reprend l’historique, le principe, les résultats dosimétriques théoriques comparatifs et les premiers résultats de l’arcthérapie volumétrique modulée. 2. Historique 2.1. Évolution depuis la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) Ces dernières années ont été particulièrement riches en nouveaux développements et innovations technologiques pour la 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.013 P. Fenoglietto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 398–403 radiothérapie. Toutes concourent à mieux couvrir le volume cible tumoral et à réduire la dose délivrée aux tissus sains. Il y a une quinzaine d’année, après la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, le développement de la RCMI a permis un progrès important dans cet objectif en particulier pour les volumes tumoraux complexes de forme concave. La RCMI était capable de créer des faisceaux volontairement inhomogènes permettant de délivrer des doses par fraction différentes dans des régions anatomiques voisines et, de ce fait, développer des stratégies d’escalade de dose et de protection des organes à risques. Cependant, cette technique a comme inconvénients, des procédures d’assurance qualité complexes, une augmentation du temps de préparation et, selon les techniques, d’irradiation importants par comparaison à la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, ce qui mobilise beaucoup de ressources humaines et matériels des centres de radiothérapie [1]. Par ailleurs, l’impact biologique de cette augmentation du temps de traitement favorisant théoriquement la repopulation et la réparation cellulaire ainsi que les conséquences hypothétiques futures de l’accroissement du nombre d’unités moniteur et de la dose intégrale limitent son développement, notamment en pédiatrie [2]. D’autres voies comme l’arcthérapie ont donc été développées pour réduire ces inconvénients. 2.2. Arcthérapie avec modulation d’intensité (intensity modulated arc therapy ou IMAT) 399 proposé une application commerciale de la technique développée par Otto et al., intitulée RapidArc® , en adaptant leurs accélérateurs pour permettre une variation de la vitesse du bras pendant l’irradiation. Quelque temps après, la société Elekta a développé sa propre technique appelée VMAT® . Du côté dosimétrique, la société Philips Medical System a proposé une solution de système de planification des traitements (TPS) qu’elle a nommée SmartArc® . D’autres terminologies sont successivement apparues dans la littérature, mais c’est le terme générique « VMAT » qui est universellement reconnu comme décrivant une irradiation en arc avec variation continue de la vitesse du bras de l’accélérateur, de la forme du collimateur multilames et du débit de dose. 3. Principes Il existe aujourd’hui plusieurs possibilités de réaliser une arcthérapie volumétrique modulée. Certaines équipes développent des algorithmes d’optimisation locaux mais les solutions les plus distribuées commercialement sont celles des sociétés Varian (RapidArc® ), Elekta (VMAT® ) et Phillips (SmartArc® ). Il n’est pas possible de développer dans cet article toutes les méthodes utilisables, aussi nous expliquerons le schéma de fonctionnement des deux les plus publiées dans la littérature. 3.1. Optimisation dosimétrique Bien que l’arcthérapie proprement dite ait été décrite il y a maintenant plus de 60 ans par Johns et al. en 1953, c’est Takahashi en 1965 qui a présenté le premier ce concept avec un collimateur multilames et qui est à l’origine de la technique actuelle d’arcthérapie dynamique modulée [3,4]. Cette idée a ensuite progressivement évolué, notamment par Brahme et al. et Chin et al., ces derniers proposant dès 1983 une arcthérapie couplée avec les mouvements d’un collimateur multilames et une variation du débit de dose [5,6]. Les premières RCMI ont alors été délivrées avec une technique de tomothérapie axiale en coupes jointives par un produit de la société Nomos Corporation® dont le principe a évolué en 1993 en irradiation hélicoïdale [7]. L’arcthérapie avec modulation d’intensité (intensity-modulated arctherapy ou IMAT), à l’origine des techniques d’arcthérapie volumétrique actuelles, a été introduite pour la première fois par Yu et al. en 1995 [8,9]. Ils ont utilisé les faisceaux coniques (cone beam) d’un accélérateur linéaire classique, avec une variation continue des lames d’un collimateur multilames. Cette technique a progressivement été améliorée et adaptée, tant sur le plan mécanique que sur les méthodes d’optimisation dosimétrique spécifiques jusqu’au début des années 2000, sans dépasser, en termes d’application clinique, les centres de recherche dont elle est issue. 2.3. Arcthérapie volumétrique avec modulation d’intensité (volumetric modulated arc therapy ou VMAT® ) En 2008, Otto et al. ont introduit une évolution de l’IMAT avec la possibilité de faire varier en plus de la vitesse de rotation du bras de l’accélérateur et des lames du collimateur multilames, le débit de dose [10]. Nouvellement appelée arcthérapie volumétrique modulée ou volumetric-modulated arc therapy (VMAT® ), cette dernière technique s’est imposée par ses capacités dosimétriques et sa rapidité de délivrance. 2.4. Applications commerciales Bien que cette technique ait été proposée dès 1995, ce n’est qu’en 2007 que la société Varian Medical Systems a La difficulté de ces algorithmes d’optimisation est de fournir une solution dans des temps acceptable au niveau du fonctionnement d’un service de radiothérapie. L’algorithme de planification du RapidArc® est basé sur une méthode d’optimisation de la position des lames du collimateur multilames définie par Otto et al. [10]. Dans cette méthode, la position du collimateur multilames et les unités moniteur sont des paramètres d’optimisation avec des fonctions de coûts et priorités basées sur les histogrammes dose-volume précédemment définis pour les volumes cibles et organes à risque. Au cours de l’optimisation, plusieurs contraintes sont imposées au déplacement du collimateur multilames, à la vitesse de rotation de bras et à la variation de débit afin de rester dans les limites techniques de réalisation de l’accélérateur. Le processus d’optimisation débutait avec l’ancienne version (PRO 2) avec un nombre restreint de points de contrôle correspondant aux secteurs d’optimisation, augmentant au fur et à mesure de l’optimisation de sorte à atteindre au final un nombre de 177, assurant un calcul de dose précis. La nouvelle version de l’optimiseur (PRO 3) améliore les résultats avec la prise en compte des 178 points de contrôles pendant toutes les phases de l’optimisation alors que les secteurs de calcul s’affinent de plus en plus passant d’un cône solide de 18◦ au début du processus à 2◦ à la fin. Une étude complète de ces algorithmes a été publiée en 2011 par Cozzi et al. [11]. Après l’optimisation, le calcul de dose est réalisé dans Eclipse en utilisant l’algorithme AAA et une grille de calcul de 2 mm au minimum [12]. Dans le logiciel SmartArc® dévellopé par Philips Radiation Oncology Systems (Philips, Fitchburg, WI, États-Unis) en collaboration avec RaySearch Laboratories AB (Stockholm, Suède), l’optimisation d’arc dynamique est réalisée en plusieurs étapes. Les paramètres de base tels que les angulations de départ et de fin de l’arc ainsi que l’angle de table sont déterminés par l’utilisateur. Ensuite, des faisceaux sont distribués le long de cet arc en des positions de bras discrètes tous les 24◦ . Une optimisation de modulation d’intensité (DMPO) est exécutée pour ces segments produisant 400 P. Fenoglietto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 398–403 des cartes de fluence qui sont converties en segments de collimateur multilames, limités au nombre de deux à quatre par angle. Ces segments de collimateur multilames sont alors filtrés et uniformément redistribués autour de l’arc et des segments interpolés sont ajoutés pour atteindre un espacement de segments assez proche sur l’arc complet. Les segments résultants sont alors modifiés en utilisant l’optimisation des paramètres de la machine (vitesse de déplacement des lames, débit de dose et vitesse de rotation de bras) pour satisfaire les contraintes d’objectif. Enfin, le calcul de dose en utilisant l’algorithme de convolution [13] et l’optimisation du poids des segments est exécutée pour récupérer des erreurs potentielles du calcul en pencil beam utilisé pendant l’optimisation. Le résultat obtenu est au final un faisceau arc dynamique réalisable avec les contraintes de l’accélérateur [14]. • • • • 3.2. Délivrance du traitement En fonction de l’association entre l’optimiseur et les possibilités d’accélérateur il existe plusieurs types de délivrance possibles : avec ou sans variation du débit de dose et avec ou sans variation de la vitesse de rotation de bras. Dans le cadre d’une arcthérapie volumétrique modulée utilisant toutes les possibilités de modulation et afin de pouvoir réaliser le plan de traitement prévu par la station de dosimétrie, l’accélérateur doit pouvoir faire varier simultanément plusieurs paramètres lors de l’irradiation. La vitesse de rotation de bras doit être variable, permettant de réaliser une rotation complète de 360◦ en soit une vitesse maximale de déplacement de 5,54◦ /s à 6◦ /s selon le constructeur. Les lames du collimateur multilames sont mobiles pendant l’irradiation avec une vitesse limité à 2,76 cm/s sur les machines Varian et 2 cm/s sur celles Elekta, amenant à un déplacement maximal de 5 mm/◦ lorsque le bras tourne au plus vite. Le débit est lui aussi variable jusqu’au débit maximum autorisé sur l’accélérateur. Il se régule en continu sur les accélérateurs Varian et avec sept niveaux discrets sur les machines Elekta amenant une variation de la dose délivrée de 0,1 à 20 unités moniteur par degré au maximum. L’arcthérapie volumétrique modulée peut comporter plusieurs arcs complets ou partiels, tournant dans le même sens ou des sens opposés et grâce à la géométrie ouverte en « C » des accélérateurs, permet la réalisation de champs non coplanaires. 4. Applications cliniques 4.1. Comparaisons dosimétriques et avantages théoriques Comme pour chaque nouveauté technique, les premières publications concernent uniquement des études dosimétriques théoriques comparatives. Souvent nombreuses et très hétérogènes, il est difficile de tirer des conclusions claires et applicables à la clinique de ces publications princeps. L’arcthérapie volumétrique modulée a été rapidement comparée aux différentes techniques de RCMI statique ou en « step and shoot », RCMI dynamique et tomothérapie. En résumé des principales études théoriques : • sur le plan de la couverture, toutes les techniques donnent des résultats acceptables avec un gain sur l’homogénéité en faveur de la tomothérapie ; • pour la protection des organes à risque, il semble que l’arcthérapie volumétrique modulée avec deux arcs pour les structures tumorales complexes comme dans la sphère ORL ou avec un seul arc pour les volumes de petite taille comme pour la prostate soit • équivalente à la RCMI dynamique et à la tomothérapie, sans que cette différence ne soit toujours significative ; la possibilité de réaliser des faisceaux non coplanaires est un avantage en faveur de l’arcthérapie volumétrique modulée par comparaison à la tomothérapie ; le temps de délivrance est significativement inférieur avec l’arcthérapie volumétrique modulée ; a dosimétrie « équivalente », le nombre d’unités moniteur est très nettement diminué avec l’arcthérapie volumétrique modulée notamment par comparaison à la RCMI dynamique ; toutes les techniques rotationnelles, quelles que soient les machines, délivrent des « faibles » doses dans un plus grand volume de tissus sains (dose intégrale) que les techniques utilisant des faisceaux fixes sans que l’on puisse aujourd’hui conclure sur une augmentation réelle du risque de seconds cancers ; d’autant qu’en théorie il vaut mieux délivrer de faibles doses dans un grand volume que de fortes doses dans un volume plus restreint. Néanmoins, il convient de rester prudent pour les organes en parallèle et en pédiatrie ; les possibilités données comme « illimitées » de ces nouvelles techniques sont largement débattues. Il reste cependant une limite physique à la capacité des photons de limiter la sculpture de la dose autour d’un volume tumoral complexe, possibilités probablement dépassées par les protons et les hadrons. 4.2. Premières applications cliniques 4.2.1. Prostate Le cancer de la prostate est classiquement la première localisation « test » pour évaluer les nouvelles techniques de radiothérapie. La RCMI est devenue la technique de référence pour augmenter la dose totale tout en réduisant la toxicité notamment rectale. Les premières études avec l’arcthérapie volumétrique modulée ont donc été réalisées dans cette localisation [15–17]. La majorité des études dosimétriques, qui concernaient souvent de petites séries d’une dizaine de patients, montraient une meilleure épargne du rectum, plus rarement de la vessie, avec l’arcthérapie volumétrique modulée. Notamment, il a été comparé dans une série de 292 patients l’arcthérapie volumétrique modulée et une RCMI dynamique par sept faisceaux fixes [18]. Les auteurs ont retrouvé un avantage significatif en termes de doses moyennes délivrées au rectum et à la vessie, surtout pour les doses élevées, en faveur de l’arcthérapie volumétrique modulée. Cependant, des résultats contradictoires ont été rapportés dans le cadre du cancer de la prostate avec envahissement ganglionnaire. Yoo et al., par exemple, ont comparé sur dix patients une RCMI par sept faisceaux avec une technique d’arcthérapie volumétrique modulée par un ou deux arcs. La RCMI délivrait une dose plus faible au rectum et à la vessie que les deux techniques d’arcthérapie volumétrique modulée [19]. Un des principaux reproches fait à la RCMI est l’augmentation potentielle de la dose intégrale pouvant induire théoriquement un second cancer. L’arcthérapie volumétrique modulée délivrant une même dose mais avec 40 à 60 % d’unités moniteur en moins semble réduire ce risque. Cependant si les doses moyennes et élevées sont effectivement plus faibles dans les organes à risque avec l’arcthérapie volumétrique modulée qu’avec la RCMI par faisceaux fixes, le volume de tissus sains recevant des doses plus faibles est logiquement plus important avec une irradiation en arc comme l’arcthérapie volumétrique modulée et la tomothérapie. Toute la question, loin d’être encore résolue, est l’effet à long terme de ces faibles ou très faibles, doses sur le risque de cancer radio-induit [16,19]. Un autre avantage notable rapporté dans ces premières études sur la prostate est la réduction importante du temps d’irradiation qui offre la possibilité de traiter plus de patients, d’associer plus fréquemment une technique de guidage par l’image (image-guided P. Fenoglietto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 398–403 radiotherapy ou IGRT) et de limiter les risques liés aux mouvements du patient ou de la tumeur au cours de la séance d’irradiation. Une arcthérapie avec un seul arc peut dans des circonstances optimales être délivrée en un à deux minutes par comparaison à sept à dix minutes avec une RCMI par cinq à sept faisceaux fixes [15]. Le temps dédié à la planification semble en revanche plus long et complexe comparé aux techniques de RCMI classiques. Mais les logiciels et les méthodes d’optimisations évoluent très vite. Les études cliniques sont en revanche beaucoup plus rares et n’offrent qu’un suivi en général très court. Pesce et al. ont rapporté une série de 45 patients traités par une technique d’arcthérapie volumétrique modulée. Ils n’ont observé aucune toxicité rectale de grade 2 ou 3, 12 % de cas de toxicité urinaire de grade 2 et une fonction érectile préservée mais seulement à six semaines de la fin de la radiothérapie [20]. Le suivi de toutes ces études est donc trop court pour juger correctement de la toxicité tardive. 4.2.2. Sphère ORL L’irradiation des cancers de la tête et du cou reste un défi pour les oncologues radiothérapeute du fait de la complexité des volumes à irradier et des multiples organes à risque à protéger. Il est clair aujourd’hui que la RCMI classique permet de préserver la fonctionnalité des glandes parotides et que ses possibilités de délivrer une dose différente par fraction (inhomogénéité contrôlée) entre les différents volumes (« simultaneous integrated boost ») ou (« simultaneous accelerated modulated radiotherapy ») offre la possibilité d’escalader la dose sans augmenter le temps total de traitement [21]. Plusieurs études ont comparé la RCMI et l’arcthérapie volumétrique modulée dans les cancers ORL, la plupart mélangeant plusieurs localisations. Verbakel et al. ont comparé chez 12 patients atteints de tumeurs évoluée du nasopharynx, de l’oropharynx et de l’hypopharynx une arcthérapie volumétrique modulée et une RCMI dynamique par sept faisceaux. La couverture des volumes cibles prévisionnels (PTV) était similaire. L’arcthérapie volumétrique modulée par deux arcs améliorait en revanche l’homogénéité et diminuait légèrement (non statistiquement significativement) la dose aux organes à risque [22]. Ces résultats ont été confirmés dans une série plus grande de Vanetti et al. sur 29 patients avec un impact plus important sur les tissus sains [23]. La dose moyenne à la parotide controlatérale était de 28,2 Gy avec l’arcthérapie volumétrique modulée, 32,6 Gy avec la RCMI, et celle à la parotide homolatérale respectivement de 34,4 Gy et 40,1 Gy. L’arcthérapie volumétrique modulée avec un seul arc donnait en revanche de moins bons résultats. D’autres auteurs ont analysé l’impact du nombre d’arcs sur la qualité du plan de traitement. En toute logique, plus il y a d’arcs, plus la planification est optimale, en sachant que la plupart des auteurs considèrent deux arcs comme un bon compromis [24,25]. En termes de dose intégrale, bien que Vanetti et al. aient retrouvé une dose intégrale plus faible avec l’arcthérapie volumétrique modulée qu’avec la RCMI dynamique par sept faisceaux, la plupart des études ont observé un volume de tissus sains recevant de faibles doses plus important avec l’arcthérapie volumétrique modulée, sans que l’on puisse évaluer les conséquences de cette constatation [23]. Peu d’études ont comparé la tomothérapie et l’arcthérapie volumétrique modulée. Clemente et al. ont comparé sur huit patients une tomothérapie, une arcthérapie volumétrique modulée avec deux arcs et une RCMI avec sept faisceaux fixes (step and shoot) [26]. La tomothérapie était supérieure en termes de conformité et d’homogénéité par rapport à l’arcthérapie volumétrique modulée et à la RCMI. Elle permettait également une meilleure protection de la plupart des organes à risque. La plupart des auteurs s’accordent sur l’équivalence de distribution de dose entre la tomothérapie et l’arcthérapie volumétrique modulée avec deux arcs même si la 401 question se pose de la supériorité de la tomothérapie dans les très grands volumes [27]. En revanche, comme pour la prostate, une nette diminution du temps de traitement (jusqu’à 46 %) et du nombre d’unités moniteur est toujours observé en faveur de l’arcthérapie volumétrique modulée. Sur le plan clinique, très peu de données sont disponibles. Scorsetti et al. ont rapporté sur 45 patients traités par une association concomitante d’arcthérapie volumétrique modulée et de chimiothérapie, 28 % de mucites de grade 3,14 % d’épithéliites de grade 3 et 44 % de dysphagies de grade 2. La toxicité tardive n’était pas évaluée [28]. Pour répondre à cette question, un essai prospectif français « ArtORL » comparant la tomothérapie et l’arcthérapie volumétrique modulée est en cours. Cent quatre-vingts patients atteints de cancer ORL viennent d’être inclus. L’objectif principal est l’évaluation de la toxicité tardive salivaire 18 mois après l’irradiation. Les autres effets de la toxicité dans la sphère ORL seront évalués et une comparaison dosimétrique nt réalisée. Ces résultats, attendus dans deux ans, seront comparés à ceux de l’étude Stic (programme de soutien aux techniques innovantes et coûteuses) ORL avec la RCMI. 4.2.3. Tumeurs pelviennes Devant les premières impressions positives avec la RCMI classique dans les localisations pelviennes, l’arcthérapie volumétrique modulée a été testée pour les tumeurs du canal anal et de la sphère gynécologique. Pour le canal anal, les études de Clivio et al. et de Vieillot et al. ont retrouvé les mêmes résultats, à savoir une quasi-équivalence des deux techniques avec des résultats légèrement inférieurs pour l’arcthérapie volumétrique modulée avec un seul arc, et une couverture identique mais un petit avantage non statistiquement significatif en termes de protection des organes à risque pour le l’arcthérapie volumétrique modulée avec deux arcs par comparaison à une RCMI par sept faisceaux fixes [29,30]. L’avantage essentiel de l’arcthérapie volumétrique modulée comme pour les autres localisations est la réduction du temps de traitements et du nombre d’unités moniteur, qui est nettement inférieur avec la nouvelle technique. Pour le cancer du rectum, Ricetti et al. ont rapporté leur expérience sur 25 patients traités par technique d’arcthérapie volumétrique modulée, qu’ils ont comparée à une radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle [31]. L’arcthérapie volumétrique modulée avec un seul arc permettait une couverture des volumes cibles prévisionnels identique mais une meilleure homogénéité par rapport à la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, et surtout de mieux protéger les organes à risque comme l’intestin grêle et la vessie. Sur le plan de la toxicité aiguë, 5,0 % des patients ont souffert d’une diarrhée et 8 % de toxicité intestinale de grade 3. Le suivi n’a pas été assez long pour analyser la toxicité tardive. Pour les cancers gynécologiques, dans une indication inhabituelle en France, l’arcthérapie volumétrique modulée a été testée pour les irradiations abdominales totales après récidive d’un cancer de l’ovaire ou pour les cancers de l’endomètre à haut risque. Deux études ont retrouvé un avantage en faveur de l’arcthérapie volumétrique modulée sur la couverture et l’homogénéité des volumes cibles prévisionnels ainsi que sur la protection des organes à risque [32,33]. Cozzi et al.,ont évalué l’arcthérapie volumétrique modulée dans les tumeurs du col utérin [34]. Ils l’ont comparé à une RCMI dynamique avec cinq faisceaux fixes chez huit patients. Ils ont montré une couverture des volumes cibles prévisionnels identiques mais une meilleure homogénéité et une meilleure conformité de l’arcthérapie volumétrique modulée. Les organes à risque (vessie et rectum) étaient mieux protégés avec l’arcthérapie volumétrique 402 P. Fenoglietto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 398–403 modulée avec une dose moyenne et un V40 rectal (volume recevant 40 Gy) respectivement de 36,3 Gy et 51,5 % contre 42,5 Gy et 78,7 % pour la RCMI. La normal tissue complication probability (NTCP) pour ces différents organes à risque était diminuée de 30 à 70 %. La dose intégrale était également réduite avec l’arcthérapie volumétrique modulée de 12 %. Au total, à part l’étude de Cozzi et al., très en faveur à l’arcthérapie volumétrique modulée mais en le comparant à une RCMI par cinq faisceaux seulement, les résultats obtenus avec une RCMI par sept à neuf faisceaux ou une arcthérapie volumétrique modulée étaient clairement supérieurs à ceux de la radiothérapie conformationnelle trimensionnelle mais il y avait une quasi-équivalence des différentes techniques de modulation d’intensité entre elles [29,30]. Parallèlement à l’étude « ArtORL », une étude « ArtPelvis » est en cours en France pour évaluer le bénéfice en termes de toxicité urinaire et rectale tardives dans une population de patients traités pour un cancer de la prostate, une tumeur gynécologique ou un canal anal. Les inclusions sont en cours et les résultats ne devraient être connus que dans trois ans. 4.2.4. Tumeurs thoraciques et autres localisations tumorales L’arcthérapie volumétrique modulée a été testé dans les carcinomes bronchiques non à petites cellules plutôt selon un mode hypofractionné de type radio chirurgie. Mcgrath et al. ont comparé l’arcthérapie volumétrique modulée avec un seul arc à une radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle chez 21 patients atteints de cancer de stade IA. La dose délivrée était de 48 Gy en 12 fractions [35]. Ils ont retrouvé une couverture comparable (l’indice de conformité pour les isodoses 80 et 50 % était favorable à l’arcthérapie volumétrique modulée) mais une meilleure protection du poumon sain évaluée sur la diminution des paramètres V20, V12,5, V10 et V5 (volumes recevant 20, 12,54, 10 et 5 Gy). Ces résultats ont été confirmés par Ong et al., qui ont comparé chez 18 patients atteints de cancer de stade I, une arcthérapie volumétrique modulée avec deux arcs, une radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle et une RCMI dynamique [36]. Ils ont retrouvé des doses plus fortes dans les deux poumons sains pour l’arcthérapie volumétrique modulée et celles-ci n’étaient pas complètement évités lors de l’optimisation (priorité à la protection de la paroi thoracique). D’autres études ont retrouvé également un bénéfice en termes de protection du poumon sain pour la RCMI avec des faisceaux non coplanaires par comparaison à l’arcthérapie volumétrique modulée ou à une RCMI avec des faisceaux coplanaires. Toutes les équipes ont retrouvé une réduction de la durée d’irradiation entre 37 et 63 % et, le plus souvent, une réduction du nombre d’unités moniteur par rapport à une RCMI [37,38]. Très peu d’études ont rapporté des résultats cliniques. Scorsetti et al. ont traité 24 patients avec une technique d’arcthérapie volumétrique modulée pour un carcinome bronchique non à petites cellules de stade III. La tolérance aiguë a été jugée acceptable [39]. Le mésothéliome représente une location très difficile à irradier notamment après pleuropneumonectomie élargie. Une étude récente a comparé chez six patients une arcthérapie volumétrique modulée avec deux arcs et une RCMI dynamique par neuf faisceaux. L’irradiation du volume cible prévisionnel était identique mais les doses délivrées aux organes à risque comme le rein, le cœur, le foie et le poumon controlatéral étaient significativement réduites, ainsi que le temps total de traitement (3,7 minutes contre 13,4 minutes) [40]. Sans étude comparative, la tomothérapie semble également une technique prometteuse [41]. Beaucoup d’autres localisations comme les tumeurs cérébrales, les tumeurs mammaires, les localisations métastatiques ont été évaluées, représentant des séries très hétérogènes pour lesquelles il est difficile de conclure. 5. Discussion et conclusion L’arcthérapie volumétrique modulée est une nouvelle technique de RCMI qui conjugue la capacité de délivrer des doses élevées à des volumes cibles tumoraux complexes tout en réduisant le risque de toxicité aux organes à risque et un mode de délivrance optimisé avec un temps d’irradiation court et un nombre d’unités moniteur plus faible que les techniques classiques de RCMI. Ses avantages dosimétriques potentiels par rapport à la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle et aux techniques de RCMI classique sont maintenant bien évalués dans beaucoup d’études sur de nombreuses localisations tumorales différentes mais son bénéfice clinique est encore à estimer compte tenu du faible nombre d’études cliniques pour lesquelles les résultats sont actuellement disponibles. Les comparaisons avec la tomothérapie sont en revanche plus limitées. Plusieurs études prospectives dosimétriques et cliniques sont en cours, notamment en France et devraient éclairer les centres dans leurs choix de changement de machines des prochaines années. Malgré une impression de technique « clé en main », l’arcthérapie volumétrique modulée reste une technique complexe tant sur le plan médical que physique qui nécessite une formation spécifique et une mise en œuvre progressive [42,43]. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Miles E, Clark C, Urbano M, Bidmead M, Dearnaley D, Harrington K, et al. The impact of introducing intensity modulated radiotherapy into routine clinical practice. Radiother Oncol 2005;77:241–6. [2] Wang JZ, Li XA, D’Souza WD, Stewart RD. Impact of prolonged fraction delivery times on tumor control: a note of caution for intensity-modulated radiation therapy (IMRT). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;57:543–52. [3] Johns H, Whitmore G, Watson T, Umberg F. A system of dosimetry for rotation therapy with typical rotation distributions. Can Assoc Radiol J 1953:4. [4] Takahashi S. Conformation radiotherapy. Rotation techniques as applied to radiography and radiotherapy of cancer. Acta Radiol 1965;Suppl. 242:241+. [5] Brahme A, Roos JE, Lax I. Solution of an integral equation encountered in rotation therapy. Phys Med Biol 1982;27:1221. [6] Chin LM, Kijewski PK, K Svensson G, BjÃrngard BE. Dose optimization with computer-controlled gantry rotation, collimator motion and dose-rate variation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1983;9:723–9. [7] Mackie TR, Holmes T, Swerdloff S, Reckwerdt P, Deasy JO, Yang J, et al. Tomotherapy: a new concept for the delivery of dynamic conformal radiotherapy. Med Phys 1993;20:1709. [8] Yu C, Symons MJ, Du MN, Martinez AA, Wong J. A method for implementing dynamic photon beam intensity modulation using independent jaws and a multileaf collimator. Phys Med Biol 1995;40:769. [9] Yu CX. Intensity-modulated arc therapy with dynamic multileaf collimation: an alternative to tomotherapy. Phys Med Biol 1995;40:1435. [10] Otto K. Volumetric modulated arc therapy: IMRT in a single gantry arc. Med Phys 2008;35:310. [11] Vanetti E, Nicolini G, Nord J, Peltola J, Clivio A, Fogliata A, et al. On the role of the optimization algorithm of RapidArcVR volumetric modulated arc therapy on plan quality and efficiency. Med Phys 2011;38:5844–56. [12] Van Esch A, Tillikainen L, Pyykkonen J, Tenhunen M, Helminen H, SiljamÃki S, et al. Testing of the analytical anisotropic algorithm for photon dose calculation. Med Phys 2006;33:4130. [13] Hasenbalg F, Neuenschwander H, Mini R, Born E. Collapsed cone convolution and analytical anisotropic algorithm dose calculations compared to VMC++ Monte Carlo simulations in clinical cases. Phys Med Biol 2007;52: 3679. [14] Bzdusek K, Friberger H, Eriksson K, Hårdemark B, Robinson D, Kaus M. Development and evaluation of an efficient approach to volumetric arc therapy planning. Med Phys 2009;36:2328. P. Fenoglietto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 398–403 [15] Zhang P, Happersett L, Hunt M, Jackson A, Zelefsky M, Mageras G. Volumetric modulated arc therapy: planning and evaluation for prostate cancer cases. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:1456–62. [16] Kjaer-Kristoffersen F, Ohlhues L, Medin J, Korreman S. RapidArc volumetric modulated therapy planning for prostate cancer patients. Acta Oncol 2009;48:227–32. [17] Hardcastle N, Tomé WA, Foo K, Miller A, Carolan M, Metcalfe P. Comparison of prostate IMRT and VMAT biologically optimised treatment plans. Med Dosim 2011;36:292–8. [18] Kopp RW, Duff M, Catalfamo F, Shah D, Rajecki M, Ahmad K. VMAT vs 7-fieldIMRT: assessing the dosimetric parameters of prostate cancer treatment with a 292-patient sample. Med Dosim 2011;36:365–72. [19] Yoo S, Wu QJ, Lee WR, Yin FF. Radiotherapy treatment plans with RapidArc for prostate cancer involving seminal vesicles and lymph nodes. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:935–42. [20] Pesce GA, Clivio A, Cozzi L, Nicolini G, Richetti A, Salati E, et al. Research early clinical experience of radiotherapy of prostate cancer with volumetric modulated arc therapy. Radiat Oncol 2010;5:54. [21] Eisbruch A, Ten Haken RK, Kim HM, Marsh LH, Ship JA. Dose volume, and function relationships in parotid salivary glands following conformal and intensity-modulated irradiation of head and neck cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;45:577–87. [22] Verbakel WFAR, Cuijpers JP, Hoffmans D, Bieker M, Slotman BJ, Senan S. Volumetric intensity-modulated arc therapy vs. conventional IMRT in headand-neck cancer: a comparative planning and dosimetric study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:252–9. [23] Vanetti E, Clivio A, Nicolini G, Fogliata A, Ghosh-Laskar S, Agarwal JP, et al. Volumetric modulated arc radiotherapy for carcinomas of the oro-pharynx, hypo-pharynx and larynx: a treatment planning comparison with fixed field IMRT. Radiother Oncol 2009;92:111–7. [24] Guckenberger M, Richter A, Krieger T, Wilbert J, Baier K, Flentje M. Is a single arc sufficient in volumetric-modulated arc therapy (VMAT) for complex-shaped target volumes? Radiother Oncol 2009;93:259–65. [25] Bertelsen A, Hansen CR, Johansen J, Brink C. Single arc volumetric modulated arc therapy of head and neck cancer. Radiother Oncol 2010;95:142–8. [26] Clemente S, Wu BB, Sanguineti G, Fusco V, Ricchetti F, Wong J, et al. SmartArc-based volumetric modulated arc therapy for oropharyngeal cancer: a dosimetric comparison with both intensity-modulated radiation therapy and helical tomotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:1248–55. [27] Rao M, Yang W, Chen F, Sheng K, Ye J, Mehta V, et al. Comparison of Elekta VMAT with helical tomotherapy and fixed field IMRT: plan quality, delivery efficiency and accuracy. Med Phys 2010;37:1350–9. [28] Scorsetti M, Fogliata A, Castiglioni S, Bressi C, Bignardi M, Navarria P, et al. Early clinical experience with volumetric modulated arc therapy in head and neck cancer patients. Radiat Oncol 2010;5:93. [29] Clivio A, Fogliata A, Franzetti-Pellanda A, Nicolini G, Vanetti E, Wyttenbach R, et al. Volumetric-modulated arc radiotherapy for carcinomas of the anal canal: a treatment planning comparison with fixed field IMRT. Radiother Oncol 2009;92:118–24. [30] Vieillot S, Azria D, Lemanski C, Moscardo CL, Gourgou S, Dubois JB, et al. Plan comparison of volumetric-modulated arc therapy (RapidArc) and conventional [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] [39] [40] [41] [42] [43] 403 intensity-modulated radiation therapy (IMRT) in anal canal cancer. Radiat Oncol 2010;5:92. Richetti A, Fogliata A, Clivio A, Nicolini G, Pesce G, Salati E, et al. Neo-adjuvant chemo-radiation of rectal cancer with volumetric modulated arc therapy: summary of technical and dosimetric features and early clinical experience. Radiat Oncol 2010;5:14. Duthoy W, De Gersem W, Vergote K, Coghe M, Boterberg T, De Deene Y, et al. Whole abdominopelvic radiotherapy (WAPRT) using intensity-modulated arc therapy (IMAT): first clinical experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;57:1019–32. Wong E, D’Souza DP, Chen JZ, Lock M, Rodrigues G, Coad T, et al. Intensitymodulated arc therapy for treatment of high-risk endometrial malignancies. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;61:830–41. Cozzi L, Dinshaw KA, Shrivastava SK, Mahantshetty U, Engineer R, Deshpande DD, et al. A treatment planning study comparing volumetric arc modulation with RapidArc and fixed field IMRT for cervix uteri radiotherapy. Radiother Oncol 2008;89:180–91. McGrath SD, Matuszak MM, Yan D, Kestin LL, Martinez AA, Grills IS. Volumetric modulated arc therapy for delivery of hypofractionated stereotactic lung radiotherapy: a dosimetric and treatment efficiency analysis. Radiother Oncol 2010;95:153–7. Ong CL, Verbakel WFAR, Cuijpers JP, Slotman BJ, Lagerwaard FJ, Senan S. Stereotactic radiotherapy for peripheral lung tumors: a comparison of volumetric modulated arc therapy with 3 other delivery techniques. Radiother Oncol 2010;97:437–42. Holt A, van Vliet-Vroegindeweij C, Mans A, Belderbos JS, Damen EMF. Volumetric-modulated arc therapy for stereotactic body radiotherapy of lung tumors: a comparison with intensity-modulated radiotherapy techniques. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:1560–7. Brock J, Bedford J, Nioutsikou E, Partridge M, Ashley S, McNair H, et al. Optimising stereotactic body radiotherapy for non-small cell lung cancer with volumetric intensity-modulated arc therapy–A Planning Study. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2012;24:68–75. Scorsetti M, Navarria P, Mancosu P, Alongi F, Castiglioni S, Cavina R, et al. Large volume unresectable locally advanced non-small cell lung cancer: acute toxicity and initial outcome results with rapid arc. Radiat Oncol 2010;5: 94. Scorsetti M, Bignardi M, Clivio A, Cozzi L, Fogliata A, Lattuada P, et al. Volumetric modulation arc radiotherapy compared with static gantry intensity-modulated radiotherapy for malignant pleural mesothelioma tumor: a feasibility study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;77:942–9. Giraud P, Sylvestre A, Zefkili S, Lisbona A, Bonnette P, Le Pimpec Barthes F, et al. Helical tomotherapy for resected malignant pleural mesothelioma: dosimetric evaluation and toxicity. Radiother Oncol 2011;101:303–6. Lafond C, Jouyaux F, Bellec J, Henry O, Perdrieux M, Chajon E, et al. Quelle RCMI ? Du « step and shoot » au VMAT : point de vue du physicien. Cancer Radiother 2010;14:563–70. Vieillot S, Fenoglietto P, Moscardo CL, Aillères N, Lemanski C, et al. Quelle radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité ? De la technique « step and shoot » à l’arcthérapie, point de vue de l’oncologue radiothérapeute. Cancer Radiother 2010;14:550–3. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 404–409 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Théorie du chaos en radiothérapie : la mésange et le papillon. . . Radiotherapy and chaos theory: The tit and the butterfly. . . F. Denis a,∗ , C. Letellier b a b Service de radiothérapie, centre Jean-Bernard, 9, rue Beauverger, 72000 Le Mans, France Coria UMR 6614, université de Rouen, avenue de l’Université, BP 12, 76801 Saint-Étienne-du-Rouvray cedex, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 13 avril 2012 Accepté le 18 mai 2012 Disponible sur Internet le 19 juillet 2012 Mots clés : Théorie du chaos Dynamique de populations cellulaires Radiobiologie Radiothérapie r é s u m é Alors que tous les cancers obéissent a priori aux mêmes lois simples (une cellule qui se divise à l’infini), aucune tumeur n’a la même évolution, que ce soit avant ou après radiothérapie. Le modèle linéairequadratique se présente comme la probabilité qu’a une tumeur donnée à être sensible à une telle thérapie. Ce modèle a évidemment des limites que l’on retrouve dans un certain nombre de situations pratiques, car il n’évalue pas les interactions des cellules tumorales avec les cellules du voisinage (endothéliales, les fibroblastes, les cellules immunitaires. . .) qui ont pourtant un rôle majeur sur la radiosensibilité et la dynamique globale de la tumeur. Ces interactions sont à l’origine de l’évolution complexe, non linéaire, de la tumeur qui paraît aléatoire mais ne l’est pourtant pas, sinon beaucoup de tumeurs disparaîtraient d’elles-mêmes. Nous proposons dans cet article de développer une approche déterministe, c’est-à-dire non aléatoire ou statistique, de cette dynamique via la théorie du chaos. Différentes caractéristiques de la dynamique et de la radiosensibilité tumorale peuvent être expliquées à l’aide de modèles de populations cellulaires en compétition. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Chaos theory Dynamics of cell population Radiobiology Radiotherapy Although the same simple laws govern cancer outcome (cell division repeated again and again), each tumour has a different outcome before as well as after irradiation therapy. The linear-quadratic radiosensitivity model allows an assessment of tumor sensitivity to radiotherapy. This model presents some limitations in clinical practice because it does not take into account the interactions between tumour cells and non-tumoral bystander cells (such as endothelial cells, fibroblasts, immune cells. . .) that modulate radiosensitivity and tumor growth dynamics. These interactions can lead to non-linear and complex tumor growth which appears to be random but that is not since there is not so many tumors spontaneously regressing. In this paper we propose to develop a deterministic approach for tumour growth dynamics using chaos theory. Various characteristics of cancer dynamics and tumor radiosensitivity can be explained using mathematical models of competing cell species. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction Le cancer a cette caractéristique qu’il correspond à une maladie dans laquelle les cellules répondent à des lois relativement simples telles que des cellules qui se divisent à l’infini, détruisent leur environnement et migrent à distance du site initial. Pourtant, il n’y pas deux évolutions semblables, même chez des jumeaux homozygotes. Cela démontre bien le fait que des lois simples ∗ Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (F. Denis). peuvent donner des évolutions complexes paraissant aléatoires. Pour explorer cette complexité que l’on retrouve en radiobiologie pour évaluer la radiosensibilité tumorale, l’approche actuellement utilisée est principalement statistique, via l’étude de la dynamique de croissance de cellules tumorales in vitro, privées de leur environnement. Cette méthode a d’indéniables succès, mais des limites qui apparaissent en clinique quotidienne lorsque deux patients ayant apparemment le même type de tumeur, de même taille et de même topographie, ont une évolution totalement différente, malgré une radiothérapie de même nature. Pouvons-nous imaginer que ces questions d’imprédictibilité soient en fait reliées à une théorie mathématique très peu connue 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.004 F. Denis, C. Letellier / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 404–409 des oncologues (et que nous manipulons parfois pourtant sans le savoir au quotidien) et d’utilisation récente en biologie ? Cette théorie a bouleversé la physique depuis 40 ans et s’applique à des domaines aussi éloignés les uns des autres que l’astronomie, la climatologie, l’économie, les sciences sociales et la biologie ; il s’agit de la théorie du chaos. Nous allons voir en quoi consiste cette théorie, dans quelle mesure il existe de nombreuses transpositions en cancérologie et en radiobiologie, en quoi elle est intéressante à la compréhension globale du système adaptatif complexe qu’est un cancer. L’objectif de cet article n’est pas une étude des modèles mathématiques que seuls les « chaoticiens » pourraient rédiger, mais une réflexion sur des connexions entre notre expérience quotidienne, la radiobiologie et cette approche fascinante, qui ouvrent des possibilités intéressantes d’études et d’applications dans notre pratique clinique. 2. Limites des modèles actuels Aujourd’hui, l’évaluation de la radiosensibilité tumorale et des tissus sains est représentée en radiobiologie par le modèle dit « linéaire-quadratique » [1], qu’il serait d’ailleurs plus rigoureux d’appeler « modèle quadratique » car la dénomination se fait en mathématiques selon le degré le plus élevé. L’exemple ici présenté est issu du comportement de lignées cellulaires in vitro, pour une administration d’une dose de 2 Gy (Fig. 1). Ce modèle est limité à des doses par fraction élevées et ne reflète pas l’hétérogénéité des cellules et de leurs comportements au sein d’une tumeur, ni leurs interactions avec l’environnement (comme l’angiogenèse, les cellules saines de contact. . .) ou le système immunitaire [2,3]. Or la radiosensibilité tumorale ne dépend pas uniquement de la radiosensibilité des cellules cancéreuses. En effet, il a été montré in vivo que la réponse tumorale à la radiothérapie est aussi liée à la sensibilité des microvaisseaux (issues du stroma qui peut être assimilé à une proie). Le degré d’apoptose radio-induite des cellules endothéliales conditionne la sensibilité de la tumeur [4]. De fait, l’évaluation par les modèles actuels de la radiosensibilité tumorale par cette méthode passe par deux écueils qui expliquent les irrégularités (ou discordances) observées en clinique : • la dynamique cancéreuse n’est pas toujours linéaire (sinon elle serait facilement prédictible par un ou des systèmes d’équations simples) ; 405 • le comportement de la tumeur soumise à une irradiation n’est pas aléatoire mais déterministe : l’usage des statistiques (en termes de probabilité de réponse par exemple) se heurte à ce principe. En effet, si le hasard guidait la radiosensibilité, il y aurait beaucoup plus de fontes tumorales spontanées, or l’hétérogénéité tumorale et les mutations rencontrées, via l’instabilité génomique notamment, conduisent systématiquement à des avantages biologiques. Une approche qui réconcilierait ces deux observations est-elle possible ? 3. Théorie des systèmes non linéaires : la théorie du chaos déterministe En cette année du centenaire de la disparition d’Henri Poincaré, nous devons rendre un hommage à ce mathématicien français qui avait jeté les pans de cette théorie qui est actuellement considérée comme la troisième plus grande découverte en physique après la relativité et la mécanique quantique [5]. Nous ne reprendrons pas tout l’historique de cette approche déjà développée dans notre article précédent et dans un ouvrage de l’un d’entre nous [6,7]. En fait, la théorie du chaos a été spécialement développée pour appréhender les processus déterministes dont le comportement ne peut être prédit à long terme. En 1963, Edward Lorenz, mathématicien diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et devenu météorologue, fournit la première représentation d’un attracteur chaotique à partir de calculs sur ordinateur visant à comprendre l’origine de l’impossibilité à prévoir à long terme les phénomènes météorologiques [8]. C’est en 1972 qu’il donna une conférence intitulée « le battement d’ailes d’un papillon au Brésil provoque-t-il une tornade au Texas ? » [9]. L’image évoque le fait que le battement d’aile d’un papillon au Brésil pourrait avoir un effet sur l’atmosphère terrestre tel que, après quelques mois, il puisse induire une tempête dévastatrice dans une contrée éloignée. L’image est suffisamment suggestive pour trouver écho dans l’imaginaire collectif et faire le tour du monde jusqu’à des représentations cinématographiques hollywoodiennes [10]. Si elle suggère le potentiel de la théorie du chaos et de la sensibilité aux conditions initiales des systèmes déterministes, l’image est finalement (et heureusement !) inopérante. Il faut retenir que la théorie du chaos s’attache principalement à la description de systèmes à petit nombre de degrés de liberté (par exemple, pour un système mécanique, un degré de liberté est une direction selon laquelle le mouvement peut se développer), souvent très simples à définir mais dont la dynamique semble échapper à toute description. Pour être plus proche d’une définition rigoureuse, la théorie du chaos traite des systèmes dynamiques (systèmes évoluant avec le temps) rigoureusement déterministes (l’état du système à un instant donné est déterminé par l’état à l’instant précédent), mais présentant un phénomène fondamental d’instabilité appelé « sensibilité aux conditions initiales » qui, associée à des propriétés de récurrence et d’apériodicité, les rend non prédictibles à « long » terme [11]. Ainsi, le chaos, tel que le scientifique le comprend ne signifie pas « absence d’ordre » ; il se rattache plutôt à l’impossibilité à prévoir à long terme. Parce que l’état final dépend de manière si sensible de l’état initial qu’un petit rien peut venir tout modifier, nous sommes fondamentalement limités dans la prédiction de cet état final. 3.1. Représentation des systèmes chaotique : les attracteurs Fig. 1. Modèle linéaire-quadratique. Exemple de représentation de l’effet de la dose d’irradiation sur la fraction de cellules survivantes de deux lignées cellulaires malignes différentes. Les systèmes chaotiques peuvent être représentés géométriquement dans un espace dont le nombre de dimensions dépend du nombre de variables nécessaires à la description complète de l’état du système ; il peut donc y avoir plus de trois dimensions. L’état du 406 F. Denis, C. Letellier / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 404–409 système est alors représenté à chaque instant par un point dans cet espace appelé « espace des phases ». Lorsque les états changent au cours du temps, on obtient une courbe qui correspond à la trajectoire représentative de l’évolution du système à partir d’un point (un état) donné. On constate alors que cette trajectoire est attirée vers un objet sur lequel la trajectoire se développe finalement. Ces objets sont désignés par le terme d’attracteur : ils sont chaotiques lorsque le système est sensible aux conditions initiales. Le concept d’attracteur est au cœur de la théorie du chaos. Les attracteurs chaotiques présentent une caractéristique bien particulière, une invariance d’échelle, de sorte que, quelle que soit l’échelle à laquelle l’attracteur est regardé, c’est toujours la même structure que l’on retrouve (propriété d’autosimilarité qui définit aussi les fractales). De plus, l’attracteur révèle une structure – descriptible – sous-jacente à l’évolution chaotique : l’attracteur chaotique obtenu par Lorenz révèle ainsi une structure évidente qui se présente sous la forme de deux spirales divergentes entre lesquelles la trajectoire transite (Fig. 2). Ainsi, bien qu’imprévisible à long terme, l’évolution du système est régie par un ordre sous-jacent. Finalement dans le concept de chaos, il y a deux aspects. Le premier aspect, le « déterminisme », se traduit par l’existence d’un attracteur qui structure la trajectoire représentative de l’évolution du système de manière à « dessiner » une forme caractéristique : c’est l’existence de cette structure qui témoigne d’un ordre sousjacent. Le second aspect réside dans la très grande sensibilité aux conditions initiales qui impose le caractère imprévisible à long terme des comportements chaotiques. 3.2. Et le hasard dans tout cela ? L’utilité du concept de hasard est qu’il permet de désigner des processus dont on ne connaît pas les lois déterministes qui les gouvernent. Le chaos étant déterministe, ces lois sont connues mais il demeure impossible de faire des prédictions à long terme. La propriété de sensibilité aux conditions initiales permet de comprendre pourquoi des systèmes relativement bien connus (nous savons écrire les équations du mouvement régissant le lancer d’une pièce de monnaie) échappent à notre connaissance dans la mesure où ils ne se laissent pas facilement prédire. Nous verrons qu’en radiobiologie, la dynamique évolutive que l’on attribue souvent au hasard pourrait être vraisemblablement rattachée au chaos déterministe. Dans les systèmes dits chaotiques, l’incertitude de l’état du système (ou l’erreur de prédiction) croît exponentiellement avec le temps (au temps t, l’erreur est minime, au temps 2t elle est multiplié par 2, à 3t par 4, à 10t par 1024, à 20t par un million, etc.) jusqu’à devenir inacceptable, c’est-à-dire jusqu’à entacher suffisamment les prédictions pour que celles-ci n’aient plus aucun intérêt. Plusieurs exemples de dynamiques chaotiques ont été mis en évidence ces dernières années, notamment en astronomie (trajectoire du satellite de Jupiter Hypérion [12], stabilisation de l’axe rotation de la Terre par la lune [13], étoiles variables. . .), en physique avec l’étude des turbulences, en climatologie, en épidémiologie. . . Cette science de l’imprédictibilité qu’est la théorie du chaos a ainsi permis d’améliorer la compréhension des irrégularités présentes dans de nombreux domaines. En médecine, l’application de cette théorie a montré son intérêt pour l’étude de la rythmologie cardiaque, de l’épilepsie ou en endocrinologie avec la sécrétion de la parathormone par exemple [14–17]. 4. Chaos et radiobiologie : non linéarité et modèles de populations En radiobiologie, la non linéarité de la relation dose-effet est déjà observée dans la formation des centres de réparations des lésions de l’ADN radio-induites [18]. En revanche, il n’y a pas encore d’étude de la linéarité ou non de la dynamique de la croissance cellulaire tumorale prenant en compte l’influence des multiples cellules non tumorales. La radiosensibilité d’une tumeur cancéreuse dépend pourtant beaucoup de la population de cellules normales stromales, immunitaires, endothéliales etc. [19]. Ces cellules peuvent moduler la radiosensibilité de la population tumorale. En effet, il a été montré in vivo que la réponse tumorale à la radiothérapie est aussi liée à la sensibilité des microvaisseaux (issues du stroma et donc de la proie). Le degré d’apoptose radio-induite des cellules endothéliales conditionne la sensibilité de la tumeur [4]. Parmi les différents systèmes chaotiques, les chaoticiens ont un modèle régissant la dynamique de populations avec des relations de prédations au sein d’une même niche écologique. La dynamique de ces populations présente des caractéristiques contre-intuitives [20] : • pour se débarrasser du prédateur, il est parfois préférable d’agir sur la proie ; • la variable la plus pertinente à l’observation du système est la proie. Fig. 2. Attracteur chaotique de Lorenz obtenu à partir de l’évolution temporelle d’un modèle simplifié de convection (système de Lorenz). Chaque aile est formée par des spirales divergentes qui finissent par faire transiter la trajectoire sur l’autre aile pour recommencer une nouvelle spirale : les transitions surviennent de manière chaotique (sans périodicité). Dans l’espace des phases tridimensionnel, la trajectoire ne se coupe jamais avec elle-même. Deux trajectoires issues de conditions initiales très voisines vont rapidement présenter des évolutions très différentes (sensibilité aux conditions initiales) : toutefois, globalement, elle décrive la même structure que celle ici représentée. Quel pourrait être l’intérêt pour la radiosensibilité tumorale s’il s’avérait que les interactions entre cellules tumorales et non tumorales irradiées relevaient d’une telle dynamique ? Le premier élément est qu’un modèle mathématique récent mettant en jeux une population de cellules malignes en compétition avec une population de cellules normales (par exemple du parenchyme atteint) et soumis à une radiothérapie permet d’obtenir des équations dépendant de différents paramètres qui traduisent déjà de nombreux cas cliniques fréquemment rencontrés [21]. Ces paramètres sont le taux de multiplication des cellules malignes, un facteur réduisant le taux de croissance dû à la compétition pour les ressources tels que les nutriments et l’oxygène. Un facteur correspond à l’action des cellules saines sur les cellules malignes, qui peut être positive ou négative selon que l’effet est inhibiteur ou stimulateur. L’effet inhibiteur des cellules saines sur les cellules malignes peut être F. Denis, C. Letellier / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 404–409 dû à la réponse immunitaire, à l’inhibition de contact, l’induction de différenciation terminale ou l’apoptose. L’effet stimulateur est dû à la production de facteur de croissance ou la fourniture de néo-vaisseaux par l’hôte qui stimule la croissance des cellules tumorales. L’évolution des populations cellulaires pour différentes conditions initiales est représentée sur un portrait de phase (Fig. 3). Dans ce modèle, pour inverser le rapport des populations cellulaires en donnant l’avantage aux cellules saines, la stratégie habituelle est de cibler les cellules tumorales (instables génétiquement), ce que l’on fait en pratique ; toutefois, ce modèle suggère aussi qu’une action qui donnerait un avantage biologique aux cellules saines (la proie) aurait une efficacité déterminante sur le système en l’orientant vers la chute du prédateur (la mésange de notre titre, sûrement le plus grand prédateur de papillon. . .). Un autre modèle de populations cellulaires en compétition intéressant pour le cancer représente la dynamique des interactions entre trois populations cellulaires, à savoir des cellules tumorales, des cellules saines environnantes et des cellules du système immunitaire [22]. Cette modélisation des interactions entre ces populations en compétition révèle clairement une dynamique chaotique (et non aléatoire) et l’on y retrouve le rôle déterminant de la population de cellules saines péritumorales sur le devenir du système entier. Abordons maintenant le second point potentiellement intéressant en radiobiologie de ces systèmes de populations en compétition avec la notion d’observabilité du système. Les chaoticiens ont remarqué que dans les modèles proiesprédateurs chaotiques, la meilleure variable d’observation (susceptible d’appréhender le devenir du système) correspond à la proie [20,23–25]. Ainsi, un modèle simple de trois populations (tumorale, non tumorale et immunitaires) en compétition (Fig. 4a) produit un attracteur chaotique (Fig. 4b). Nous avons montré que la variable d’observation la plus pertinente de ce vers quoi évolue la dynamique du système est la population de cellules saines 407 Fig. 4. A. Graphe d’interactions entre les cellules hôtes, les cellules tumorales et les cellules immunitaires d’un modèle de croissance tumorale. Ce diagramme de fluence représente les interactions linéaires (flèches pleines) ou non linéaires (flèches en pointillés) entre les cellules modulant la croissance de ces cellules (+ favorisant la croissance, − inhibant la croissance). B. Attracteur chaotique solution d’un modèle de croissance tumorale à trois populations en compétition : une population de cellules malignes (x), une population de cellules saines (y, non représentée) et une population de cellules immunitaires effectrices (z) : ici, la population de cellules immunitaires est représentée en fonction de la population de cellules malignes. Les populations cohabitent de manière chaotique, passant par des effectifs très bas (voisin de 0) et très haut (voisins de 1). C. Letellier, F. Denis, LA. Aguirre. What can be learned from a chaotic cancer model? J Math Biol 2012. [Soumis pour publication]. Fig. 3. Portraits de phase du modèle proie-prédateur à deux populations. Les états d’équilibre sont représentés par des disques blancs. L’état sain (x = 0, y = 0,5) comme l’état de décès (x = 1, y = 0) sont stables : chacun de ces deux états possède un bassin d’attraction propre, délimités par la droite x = y. La population surnuméraire l’emporte donc. Tant que les cellules saines sont majoritaires, l’état du patient évolue naturellement vers l’état sain. Si jamais les cellules tumorales venaient à être majoritaires, l’évolution du patient serait attirée vers le décès, à moins qu’une radiothérapie ne vienne à inverser le rapport des populations (rendre minoritaire la population de cellules tumorales). et la moins pertinente est la population de cellules immunitaires (Fig. 5). L’observabilité étant très associée à la contrôlabilité du système [26], sur un plan mathématique au moins, cette approche suggère que le ciblage des tissus sains pourrait être plus pertinent que le ciblage (ou l’optimisation de l’efficacité) du système immunitaire ou des cellules tumorales (C. Letellier, F. Denis, L.A. Aguirre, What can be learned from a chaotic cancer model? J Math Biol [Soumis pour publication]). D’un point de vue clinique, ce modèle non linéaire (chaotique ?) de « cancer » reproduit qualitativement certains résultats thérapeutiques. Les immunothérapies n’ont en effet pas encore rencontrées les succès espérés alors que le ciblage des tissus non tumoraux apporte des résultats cliniques significatifs (traitements anti-angiogéniques) ou prometteurs (anti-périostine, anti c-Met, anti IL6, etc.) [27–31]. Cela ne peut être le fruit du « hasard » (le modèle ne résulte pas d’une construction par tirage au sort) et la « lecture » de la dynamique de ce modèle par la théorie du chaos révèle bien un lien réel avec la dynamique clinico-biologique observée. Il reste maintenant à développer une construction de « portraits de phase individualisés » pour permettre une évaluation plus pertinente de la dynamique sous-jacente à une tumeur donnée chez un patient donné. En effet, ces portraits de phase représenteraient l’influence de tel ou tel traitement sur telle ou telle population cellulaire et pourraient ainsi apprécier son effet sur la dynamique du 408 F. Denis, C. Letellier / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 404–409 système global (tumeur + patient) de façon plus pertinente que les données découlant des courbes de survie par exemple. 5. Conclusion La théorie du chaos et plus largement celle des systèmes dynamiques non linéaires est une approche qui semble intéressante en radiobiologie car elle pourrait limiter les deux écueils des modèles actuels qui sont la non linéarité de la dynamique tumorale liée aux interactions cellulaires, et le caractère déterministe d’un comportement qui semble aléatoire, mais ne l’est pas. Les modèles mathématiques étudiant cette dynamique suggèrent une dynamique chaotique des systèmes « cancer » avec, comme corollaire, la possibilité d’utiliser des propriétés connues des modèles de population en compétition développés par les chaoticiens. Ces systèmes chaotiques par excellence offrent en effet des analogies troublantes avec la clinique en termes d’observabilité, d’optimisation de cibles et expliquent les anomalies (les écarts à ce qui est prévu) si fréquemment observées dans les tumeurs soumises à une radiothérapie. Les développements en cours ont pour objectifs, premièrement de vérifier biologiquement in vitro les données théoriques (par exemple, via des modèles de cultures cellulaires tridimensionnels) et, deuxièmement en clinique humaine d’étudier la dynamique tumorale après radiothérapie et la modulation de cette dynamique avec des paramètres non « tumoraux » (poids, état général, variables biologiques, etc.). Un rapprochement des biologistes, cliniciens et chaoticiens sur cette approche pourrait s’avérer intéressant pour une meilleure compréhension de la dynamique tumorale après radiothérapie. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références Fig. 5. La qualité de l’observabilité se traduit par la capacité à bien distinguer les différentes révolutions sur l’attracteur ici reconstruit à partir de chaque variable et de sa dérivée première : la projection à partir des cellules hôtes (A) ne présente pas de zone où les différentes révolutions sont les unes sur les autres, c’est-à-dire de zone pincée de l’attracteur comme cela est observé sur les projections obtenues à partir des cellules immunitaires (B) ou tumorales (C) (flèches). C’est une première indication que l’observabilité fournie par les cellules hôtes est meilleure que celle fournie par les deux autres populations cellulaires. [1] Tubiana M. Radiobiologie. Paris: Édition Hermann; 2008. [2] Folkman J. Angiogenesis in cancer, vascular, rheumatoid and other disease. Nat Med 1995;1:27–31. [3] Kirkpatrick JP, Meyer JJ, Marks LB. The linear-quadratic model is inappropriate to model high dose per fraction effects in radiosurgery. Semin Radiat Oncol 2008;18:240–3. [4] Garcia-Barros M, Paris F, Cordon-Cardo C, Lyden D, Rafii S, Haimovitz-Friedman A, et al. Tumor response to radiotherapy regulated by endothelial cell apoptosis. Science 2003;16:1155–9. [5] Poincaré H. Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste, Vol. III. Paris: Gauthier-Villars et fils; 1899. [6] Denis F, Letellier C. Théorie du chaos : un concept fascinant pour l’oncologue. Cancer Radiother 2012;16:230–6. [7] Letellier C. Le chaos dans la nature. Paris: Vuibert; 2006. [8] Lorenz EN. Deterministic non-periodic flow. J Atmos Sci 1963;20:130–41. [9] Lorenz EN. The essence of chaos. Washington DC: Penguin; 1990. [10] Bress E, MacKye Gruber J. L’effet papillon, [film]. Los Angeles (CA): New Line Cinema; 2004. [11] Ruelle D. Hasard et chaos. Paris: Odile Jacob; 1991. [12] Wisdom J, Peale SJ. The chaotic rotation of hyperion. Icarus 1984;58:137. [13] Laskar J. The chaotic obliquity of the planets. Nature 1993;361:608–12. [14] Garlinkel A, Spano ML, Ditto WL, Weiss JN. Controlling cardiac chaos. Science 1992;257:1230–5. [15] Freitas U, Roulin E, Muir J-F, Letellier C. Identifying chaos from heart rate: the right task? Chaos 2009;19:028505. [16] Schiff SJ, Jerger K, Duong DH, Chang T, Spano ML, Ditto WL. Controlling chaos in the brain. Nature 1994;370:615420. [17] Prank K, Harms H, Brabant G, Hesch RD, Dammig M, Mitschke F. Non-linear dynamics in pulsatile secretion of parathyroid hormone in human subjects. Chaos 1995;5:76–81. [18] Neumaier T, Swenson J, Pham C, Polyzos A, Lo AT, Yang P, et al. Evidence for formation of DNA repair centers and dose-response non-linearity in human cells. Proc Natl Acad Sci U S A 2012;109:443–8. [19] De Bacco F, Luraghi P, Medico E, Reato G, Girolami F, Perera T, et al. Induction of MET by ionizing radiation and its role in radioresistance and invasive growth of cancer. J Natl Cancer Inst 2011;103:645–61. F. Denis, C. Letellier / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 404–409 [20] Letellier C, Aguirre LA, Maquet J, Aziz-Alaoui MA. Should all the species of a food chain be counted to investigate the global dynamics? Chaos, Solitons & Fractals 2002;13:1099–113. [21] Jimenez RP, Hernandez EO. Tumour-host dynamics under radiotherapy. Chaos, Solitons & Fractals 2011;44:685–92. [22] Itik M, Banks PB. Chaos in a 3D cancer model. Int J Bifurcation Chaos 2010;20:71–9. [23] Letellier C, Aguirre LA, Maquet J. Relation between observability and differential embeddings for non-linear dynamics. Phys Rev E 2005;71:066213. [24] Letellier C. Topological analysis of chaos in a three-variable biochemical model. Acta Biotheor 2002;50:1–13. [25] Maquet J, Letellier C, Aguirre LA. Global models from the Canadian lynx cycles as a first evidence for chaos in real ecosystems. J Math Biol 2007;55:21–39. [26] Letellier C, Aguirre LA, Maquet J. How the choice of the observable may influence the analysis of non-linear dynamical systems. Commun Nonlinear Sci Numerical Simulation 2006;11:555–76. 409 [27] Chi M, Dudek AZ. Vaccine therapy formetastatic melanoma: systematic review and meta-analysis of clinical trials. Melanoma Res 2011;21: 165–74. [28] Friedman HS, Prados MD, Wen PY, Mikkelsen T, Schiff D, Abrey LE, et al. Bevacizumab alone and in combination with irinotecan in recurrent glioblastoma. J Clin Oncol 2009;27:4733–40. [29] Malanchi I, Santamaria-Martínez A, Susanto E, Peng H, Lehr HA, Delaloye JF, et al. Interactions between cancer stem cells and their niche govern metastatic colonization. Nature 2011;481:85–9. [30] Guryanova Olga A, Shideng Bao. How scatter factor receptor c-MET contributes to tumor radioresistance: ready, set, scatter ! J Natl Cancer Inst 2011;103:617–9. [31] Yao Z, Fenoglio S, Gao DC, Camiolo M, Stiles B, Lindsted T, et al. TGF-beta IL-6 axis mediates selective and adaptive mechanisms of resistance to molecular targeted therapy in lung cancer. Proc Natl Acad Sci U S A 2010;107: 15535–40. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue générale Radiothérapie en conditions stéréotaxiques des tumeurs bénignes intracrâniennes Stereotactic radiotherapy of intracranial benign tumours G. Noël ∗ , N. Bauer , J.-B. Clavier , S. Guihard , O. Lim , Z. Jastaniah Département universitaire de radiothérapie, centre de lutte contre le cancer Paul-Strauss, 3, rue de la Porte-de-l’Hôpital, 67065 Strasbourg cedex, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Adénome hypophysaire Méningiome Neurinome de l’acoustique Schwannome Radiothérapie en conditions stéréotactiques r é s u m é La radiothérapie en conditions stéréotaxiques peut être fractionnée ou non. Elle est utilisée dans les tumeurs bénignes comme les méningiomes, principalement de la base du crâne, pour les neurinomes de l’acoustique et les tumeurs de l’hypophyse. Quelle que soit la lésion, les résultats avec le Gamma Knife® sont les plus nombreux mais ceux obtenus par les accélérateurs linéaires adaptés ou dédiés sont comparables. La dose périphérique doit être privilégiée à celle délivrée à l’isocentre. L’irradiation non fractionnée doit être proposée dans les lésions de petite taille et le traitement fractionné pour les tumeurs plus importantes. Quelles que soient les lésions, les résultats sont satisfaisants avec un taux de contrôle de près de 90 %. Cependant, cette valeur traduit une disparité d’évaluation, la stabilité radiologique pour les méningiomes, la stabilité radiologique et la conservation d’une audition utile dans les neurinomes et une stabilité radiologique et une diminution de sécrétions hormonales pour les adénomes hypophysaires. Dans l’ensemble, les taux de complication sont faibles. Au total, le traitement des lésions bénignes avec une irradiation en conditions stéréotaxiques donne des résultats satisfaisants avec peu de complications. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Pituitary adenoma Meningioma Schwannoma Stereotactic radiotherapy Stereotactic radiotherapy can be delivered in one fraction or in multiple fractions schedule. It is used in benign tumours such as meningiomas, mainly localized in the base of the skull, for acoustic schwannoma and pituitary tumours. Whatever the tumour, results with the Gamma Knife® are the most numerous, but those obtained by linear accelerators, adapted or dedicated, are comparable. The peripheral dose is preferred to the dose delivered to the isocentre. One fraction stereotactic irradiation should be proposed in small lesions and fractionated treatment for tumours larger. Whatever the tumour, the results are satisfactory with a control rate of 90%. However, this value reflects a disparity assessment, radiological stability for meningiomas, radiological stability and preservation of useful hearing in schwannoma and radiological stability and a decrease in hormonal secretions for pituitary adenomas. Overall complication rates are low. In total, the treatment of benign lesions with stereotactic irradiation gives satisfactory results with few complications. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’irradiation en conditions stéréotaxiques intracrânienne peut être délivrée en une session unique (radiochirurgie) ou être hypofractionnée ou fractionnée, c’est-à-dire sur plusieurs séances de dose plus faible. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (G. Noël). Les principaux matériels de traitement sont l’accélérateur linéaire, adapté ou dédié, le CyberKnife® et le Gamma Knife® . Il n’a jamais été montré de différence de résultats entre les matériels utilisés. Cependant à noter que la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée n’est quasiment pas envisageable sur un Gamma Knife® , même si des cadres relocalisables et une nouvelle évolution de machine sont accessibles. La radiothérapie des tumeurs bénignes intracrâniennes est une option thérapeutique de plus en plus proposée. Il importe de pouvoir donner une réponse claire quant aux techniques et aux résultats. Tout aussi importante 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.179 G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 est la réponse fournie en termes de complications. Résolument, ce manuscrit n’aborde pas l’irradiation intracrânienne des métastases cérébrales, qui a fait l’objet d’une mise au point récente [1]. 2. Schwannomes vestibulaires Le schwannome ou neurinome du nerf vestibulaire est la plus fréquente des tumeurs bénignes des nerfs crâniens ou rachidiens. Le schwannome représente 5 à 8 % des tumeurs cérébrales. La majorité des schwannomes sont unilatéraux mais une forme bilatérale est décrite chez les patients atteints d’une neurofibromatose de type I (NF1). L’incidence des schwannomes est de l’ordre un à deux cas pour 100 000 habitants. 2.1. Classification des schwannomes Un schwannome est petit si le diamètre est inférieur à 10 mm, moyen si le diamètre est compris entre 10 et 25 mm, gros si le diamètre et compris entre 25 et 40 mm et géant si le diamètre est supérieur à 40 mm [2]. Le neurinome de l’acoustique passe par plusieurs stade de développement, stade I : localisé dans le conduit interne, stade II : la tumeur envahit l’espace pontocérébelleux sans toucher le tronc cérébral, stade III : la tumeur touche le tronc cérébral sans le déformer, stade IV : le tronc est déformé et l’on peut observer des troubles neurologiques associés. Les troubles auditifs sont les symptômes les plus évolutifs et les plus invalidants pour les patients. L’objectif du traitement intègre le contrôle de la taille, l’amélioration ou la non aggravation de l’audition, et d’éviter l’apparition de paralysie du V et du VII. 2.2. Échelle et évolution de l’audition La classification de l’audition utilise principalement l’échelle Gardner-Robertson qui fournit des résultats en grades de I à V, les grades I et II correspondant à un niveau d’audition « utile » (serviceable hearing) [3–23]. D’autres classifications sont utilisées, comme celle de l’Academy of Otolaryngology-Head and Neck Surgery (AAO-HNS) en quatre grades, de A à D [18,24,25]. D’autres études ont évalué des résultats basés sur des examens audiométriques (audiométrie subjective ou audiogramme) ou présentés en perte d’audition en décibels (dB) [26–30]. La préservation de l’audition comme critère de jugement de l’efficacité du traitement n’est pas suffisant, en sachant que les patients sont souvent âgés et la variation peut être due à l’âge. Des études ont démontré la relation entre la perte de l’audition et la croissance tumorale. Sughrue et al. ont montré dans une méta-analyse de 982 patients que le taux de préservation de l’audition était inversement lié au taux de croissance tumorale [31]. Stangerup et al. ont montré chez 1144 patients, suivis sans traitement, que 59 % des 53 % des patients ayant une audition utile, avaient conservé une bonne audition au terme d’un suivi moyen de cinq ans et que l’évolution de l’audition était liée au niveau d’audition au moment du diagnostic [32]. La perte de l’audition semble s’accélérer à partir du moment où la croissance tumorale dépasserait 2,5 mm par an [33]. 2.3. Échelle et évaluation des autres paires crâniennes Il s’agit principalement du retentissement sur le fonctionnement du nerf facial et les dysfonctionnements du trijumeau. Pour le nerf facial, l’échelle de House-Brackmann est celle qui est le plus fréquemment utilisée [4,5,7–10,12–16,18–22,26,29,30,34,35]. L’impact sur le nerf trijumeau est également un critère détaillé dans les résultats évalué cliniquement mais sans échelle spécifique. 411 2.4. Traitement 2.4.1. Résultats de la radiochirurgie par Gamma Knife® Deux méta-analyses et plus d’une vingtaine d’articles ont concerné des séries de 50 à 829 patients pour un total de plus de 3000 patients [4,5,7–10,12–15,18–22,26,29,30,34–37]. La moyenne d’âge ou l’âge médian des patients variaient de 45 à 62 ans avec une grande partie des patients qui avaient plus de 80 ans. Le sex-ratio était légèrement en faveur des femmes. La dose marginale moyenne ou médiane variait entre 11 et 14 Gy (8–20 Gy). La dose maximale moyenne ou médiane variait de 20 à 28 Gy (15–36 Gy). Le nombre moyen ou médian d’isocentres variait de quatre à 11 (1–45). Certaines publications ont rapporté que des doses d’enveloppe de 12 ou 13 Gy permettaient de limiter les effets indésirables de type surdité ou atteinte des autres nerfs crâniens, sans réduire l’efficacité en termes de taux de contrôle tumoral [8,14,34]. Cette position est controversée surtout si les résultats à long terme étaient étudiés [38]. Le contrôle tumoral concerne des cas de réduction et/ou de stabilité de la tumeur. Le résultat d’imagerie est souvent indépendant du résultat clinique fonctionnel. Selon les études, le taux contrôle tumoral variait de 87 à 99 %. Lorsque les résultats étaient présentés en taux de réduction de la taille de la tumeur, celui-ci variait entre 46 et 65 %. Dans certaines études, une augmentation transitoire de la taille de la tumeur après traitement a été rapportée. Nagano et al. ont retrouvé cette augmentation chez 77 % des patients avec un pic vers environ neuf mois et un retour à la taille initiale au bout de 18 mois [35]. Si les taux extrêmes du maintien d’une audition efficace, utile ou fonctionnelle variaient entre 37 % et 89 %, une majorité d’études retrouvait des taux autour de 60 à 70 %. Le taux d’audition préservée semblait diminuer avec la durée de suivi des patients [14,16]. 2.4.2. Facteurs prédictifs Les principaux facteurs du contrôle local sont le volume tumoral initial, le type de tumeur, le nombre d’isocentres utilisés, la dose marginale et le traitement chirurgical préalable [8]. En analyse multifactorielle, seul le volume tumoral reste associé au taux de contrôle tumoral [9]. Deux facteurs de risque de récidive ont été décrits, un schwannome dans un contexte de neurofibromatose de type 2 et une dose faible [30]. Des facteurs prédictifs positifs associés à la préservation de l’audition ont été décrits, un niveau élevé d’audition au départ, un âge inférieur à 50 ans, le stade d’évolution au moment du traitement, la dose marginale et la dose au niveau de la cochlée [10,15,18,19,21]. L’aggravation de l’audition semble par ailleurs être associée à une dose maximale plus élevée, au volume de la tumeur et à sa localisation dans le canal auditif interne, au niveau initial de l’audition [8,29,37]. Par ailleurs, une étude a comparé rétrospectivement une radiochirurgie par Gamma Knife® et une radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée par accélérateur linéaire. Les doses marginales étaient, respectivement de 12 Gy et 50 Gy. Les auteurs n’ont pas mis en évidence de différence de taux de contrôle local mais ont conclu à un risque plus faible d’altération de l’audition utile chez les patients traités par une irradiation fractionnée [39]. Collen et al. ont conclu que la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée par accélérateur linéaire permettait d’obtenir des résultat identiques à la radiochirurgie par Gamma Knife® pour les tumeurs de petite et moyenne tailles mais le risque de complications était plus important avec la radiochirurgie si les tumeurs étaient plus volumineuses [40]. 2.4.3. Radiochirurgie par accélérateur linéaire Une seule étude américaine a rapporté l’efficacité de la radiochirurgie par accélérateur linéaire. Il s’agit d’une étude rétrospective sur 390 patients avec 11 % de perdus de vue [41]. Cette étude a 412 G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 montré une bonne efficacité en termes de taux de contrôle tumoral : 98 % à un et deux ans, 90 % à cinq ans. 2.4.4. Radiothérapie stéréotaxique fractionnée L’efficacité de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée a été analysée dans cinq études rétrospectives [3,6,27,42,43]. Les équipes utilisant un accélérateur linéaire ont réalisé le traitement en 25 à 30 séances sur cinq à six semaines, avec une dose totale médiane de 50 et 58 Gy. Avec le CyberKnife® , le traitement délivrait en trois séances espacées de 24 heures avec une dose totale délivrée de 18 ou de 21 Gy. Les taux de contrôle tumoral variaient de 93 à 98 % à cinq ans ou au dernier point (suivi médian de 48 mois). Le taux de préservation de l’audition variait entre 77 et 95 %. Andrews et al. ont comparé rétrospectivement de dose d’irradiation, 46,8 Gy et 50,4 Gy. Il n’y avait aucune différence en termes de taux contrôle local et de complication mais un avantage pour la plus faible dose pour la conservation d’une audition utile [44]. Pour Combs et al., les taux de préservation de l’audition en cas de neurofibromatose de type 2 étaient moins bons que dans les autres cas (64 % contre 98 %, p = 0,00062) [6]. Chan et al. ont rapporté un risque plus important de reprise chirurgicale après irradiation lorsque le volume tumoral initial était important (p = 0,001) [42]. 2.5. Complications des traitements des schwannomes Les principales complications concernaient l’atteinte des nerfs crâniens, le nerf facial et le nerf du trijumeau [45]. La fréquence des atteintes du nerf facial retrouvée dans les études varie entre 1 et 7 %. La fréquence des atteintes du nerf trijumeau varie entre 1 et 6 %, souvent transitoires. Dans une revue de la littérature sur plus de 2000 patients, le taux de préservation du nerf facial était de 96 % [46]. Des complications de type engourdissement facial ont été décrites avec des fréquences inférieures à 10 % [9,41]. D’autres complications ont été décrites, de type tumescence de la tumeur, d’œdème, macrokystes et hydrocéphalie [8,9,12,26]. Les troubles de l’équilibre, nécrose cérébelleuse et hémorragies intratumorales sont plus anecdotiques mais pourraient représenter jusqu’à 6 % des malades [36]. Les taux de complication étaient faibles, inférieurs à 10 %, toutes complications cumulées, encore plus bas si la dose périphérique délivrée à la lésion était inférieure à 12,5 Gy [41]. 2.6. Radiothérapie stéréotaxique fractionnée contre radiochirurgie stéréotaxique Une étude rétrospective allemande a présenté des résultats comparés de la radiochirurgie par accélérateur linéaire et la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée, chez respectivement 68 et 47 patients. Il n’y avait pas de différence entre les deux techniques en termes de contrôle tumoral et de préservation de l’audition [47]. Le taux de contrôle tumoral était, respectivement, de 98,5 % et de 97,9 % avec des délais de surveillance supérieurs à 30 mois. Les tailles des lésions étaient plus importantes dans le groupe dans lequel l’irradiation était fractionnée. 2.7. Place de l’irradiation en conditions stéréotaxiques dans la stratégie thérapeutique Les différentes alternatives thérapeutiques pour les schwannomes vestibulaires sont la chirurgie, la radiochirurgie ou la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée et l’abstention thérapeutique avec surveillance régulière [48]. Pour les petites tumeurs, le principe d’une surveillance initiale semble justifié étant donné la croissance lente de ces tumeurs [49]. Cependant cela a été récemment discuté [50]. Une récente revue de littérature a également conclu à la place de l’irradiation en conditions stéréotaxiques en première intention dans les schwannomes de petite et moyenne taille et en cas de récidive, dans le cadre d’un traitement exclusif ou d’une association thérapeutique [51]. En revanche, dans les schwannomes de grande taille, la décision de traiter semble indiscutable, le pronostic vital est en jeu et il faut également tenter de préserver les nerfs crâniens. Dans ce cas, le choix entre chirurgie et radiochirurgie repose sur des critères liés à la taille de la tumeur, à son retentissement fonctionnel et l’état général du patient mais également à ses préférences. La thérapeutique s’oriente plutôt vers une résection subtotale qui pourrait être complétée par une radiochirurgie [52]. L’équipe indienne de Misra et al. a proposé de réserver la radiochirurgie aux schwannomes de moins de 2,5 cm de diamètre mais la décision dépend également de l’âge du patient [53]. Les avantages de la radiochirurgie sont l’absence d’anesthésie générale, une réduction des durées d’hospitalisation. Les recommandations de l’International RadioSurgery Association (IRSA) de 2006 ont été élaborées dans l’objectif d’aboutir à un consensus d’experts. Cette recommandation place la radiochirurgie en première intention selon des critères d’âge, de volume de la tumeur et d’état de santé du patient. Ce travail a conclut également à la possibilité de recourir à la radiochirurgie en cas d’échec de la chirurgie ou de chirurgie incomplète, mais souligne la difficulté de réaliser la chirurgie en deuxième intention après échec d’un traitement par radiochirurgie. La chirurgie n’est pas recommandée dans les deux ans qui suivent la radiochirurgie [54]. 3. Méningiomes Le méningiome est une tumeur le plus souvent bénigne, d’évolution lente à point de départ méningé, pouvant être intracrânienne ou intrarachidienne [55]. C’est une tumeur rare, mais qui représente 20 % des tumeurs primitives cérébrales. Loiseau et al. ont rassemblé les données de plusieurs études françaises et étrangères et ont rapporté une incidence non standardisée comprise entre 1,7 et 7,8 pour 100 000 habitants [56]. Les méningiomes surviennent généralement à partir de la cinquième décennie [57]. Le méningiome est environ deux fois plus fréquent chez la femme que chez l’homme [55–58]. Dans l’ensemble des études de la littérature, concernant la radiothérapie en conditions stéréotaxiques, la moyenne d’âge des patients variait entre 48 et 68 ans. La sex-ratio hommes/femmes était de 1/2. La localisation tumorale prédominante était le sinus caverneux. La majorité des études ont rapporté les résultats des méningiomes bénins de grade I. Le volume tumoral était compris entre 3,9 et 13,8 cm3 [59,60]. Certaines études ont porté sur des méningiomes de grande taille [61,62]. Les traitements antérieurs sont la microchirurgie ou la radiothérapie classique. L’inscription dans la stratégie thérapeutique semble assez homogène puisque la proportion de patients qui ont bénéficié d’une intervention chirurgicale en première intention varie de 48 à 58 %. 3.1. Classification des méningiomes et présentation clinique La classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit trois types histologiques majeurs de I à III, de malignité croissante. Le tableau clinique est varié, il dépend du siège de la tumeur et de son caractère compressif sur les structures cérébrales adjacentes. 3.2. Traitement Dans le traitement des méningiomes, la chirurgie est considérée comme le traitement de référence. Cependant elle a certaines limites qui sont liées à la taille de la tumeur, à sa topographie et G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 à son envahissement osseux. La radiochirurgie ou la radiothérapie stéréotaxique intracrânienne fractionnée est proposée comme alternative lorsque la tumeur est située à proximité de zones vulnérables, ou en prévention de complications secondaires. 3.2.1. Radiochirurgie La plupart des séries de radiochirugie par Gamma Knife® concernent des méningiomes pétroclivaux ou du sinus caverneux. La dose prescrite était de 12 à 16 Gy prescrit sur une isodose variant de 45 à 50 %. Le nombre d’isocentres variait d’une étude à l’autre de six à 23 [59,60,63–77]. Le taux de contrôle tumoral était de l’ordre de 90 %, voire plus dans certaines études, mais avec un volume tumoral qui ne diminuait que dans 22 à 79 % des cas au dernier contrôle [59,60,63–77]. Les patients étaient stabilisés sur le plan clinique dans 43 à 82 %. Une amélioration des symptômes a été rapportée dans 12 à 51 % des cas. Le nombre d’interventions chirurgicales secondaires était faible dans toutes les études (1,5 à 5 %). Plus spécifiquement, l’efficacité de la radiochirurgie par CyberKnife® a été évaluée dans une étude rétrospective italienne [78]. Les patients traités étaient comparables à ceux inclus dans les études de la radiochirurgie par Gamma Knife® . L’efficacité était aussi comparable en termes de contrôle tumoral, 96,3 %, et d’évolution des symptômes neurologiques avec environ 17 % de patients améliorés et 79 % stabilisés [78]. L’efficacité de la radiochirurgie par accélérateur linéaire a été évaluée dans trois études rétrospectives cumulant plusieurs centaines de patients. La localisation principale des méningiomes était le sinus caverneux [65,69,75]. Le délai de surveillance moyen variait de 50 à 67 mois. Les doses d’enveloppe étaient du même ordre que dans les études de traitement par Gamma Knife® , environ 13 Gy, mais l’isodose de prescription était de l’ordre de 70 %. Les résultats étaient concordants entre elles avec des taux de contrôle de la maladie compris entre 96 à 100 % à cinq ans [65,69,75] pour les méningiomes de grade I. Une seule publication a rapporté un taux de réduction tumorale de près de 80 % [69]. Une amélioration symptomatique était notée dans 31 à 39 % des cas [69,75]. Une méta-analyse a été publiée en 2010 par Pannullo et al. [36]. Elle totalisait 2734 patients de dix séries de traitements par Gamma Knife® et cinq par accélérateur linéaire. Le volume tumoral variait de 0,11 à 121,8 cm3 . Le délai de surveillance moyen variait de quatre à 144 mois. La radiochirurgie a été réalisée en première intention dans 0 à 78 % des cas et la proportion de méningiomes bénins variait de 77,5 à 100 %. En termes de contrôle tumoral, les taux étaient de l’ordre de 89 %. Il n’y avait pas de différence entre les deux techniques [36]. 3.2.2. Facteurs pronostiques L’efficacité est meilleure dans les méningiomes de grade I que dans ceux de grades II et III [64,74]. Dans l’étude de Kondziolka et al., sur 972 patients, le taux de contrôle tumoral était de 50 % pour les méningiomes de grade II et de 17 % pour ceux de grade III [71]. Le facteur histologique et l’âge étaient par ailleurs les principaux facteurs pronostiques dans les études n’incluant que des méningiomes de grade I. Le volume tumoral pourrait avoir un rôle pronostique [67]. La dose d’enveloppe reste un facteur pronostique controversé [67,68]. 3.3. Radiothérapie stéréotaxique fractionnée L’efficacité de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée a été analysée dans deux publications [61,62]. La dose délivrée était de 57,6 Gy par des doses quotidiennes variant de 1,5 à 1,8 Gy. L’isodose moyenne était de 90 %. Le taux de contrôle tumoral était 413 de 93 à 100 %, celui de réduction tumorale de 9 à 36 % et celui d’amélioration clinique de 21 à 60 %. 3.4. Complications de l’irradiation stéréotaxique dans les méningiomes Les principales complications sont l’œdème péritumoral, les atteintes des nerfs crâniens, les crises d’épilepsie, en général transitoires, et les céphalées [79]. Les patients atteints d’un méningiome parasagittal étaient plus à risque de souffrir d’un œdème péritumoral [80]. Novotný et al. ont identifié cinq facteurs indépendants à partir d’une série de 381 patients traités par radiochirurgie par Gamma Knife® et qui pouvaient favoriser le développement d’un œdème : • • • • • la radiochirurgie pratiquée de première intention ; un œdème préexistant ; les tumeurs de plus de 10 cm3 ; les localisations frontales/ethmoïdales/sphénoïdales ; une dose marginale supérieure à 16 Gy [81]. Shuto et al. ont montré que la radiochirurgie pouvait provoquer une augmentation de la taille des kystes dans les tumeurs kystiques dans deux tiers des cas [82]. Sur l’ensemble des études, tous appareils confondus, le taux de complications variait de 2,5 à 10,3 %. Dans la méta-analyse, le taux global recalculé de complications était de 7 % [36]. Dans les études de radiothérapie stéréotaxique fractionnée, les complications étaient rares [61,62]. 3.5. Place de l’irradiation en conditions stéréotaxiques dans la stratégie thérapeutique La chirurgie est le traitement de référence pour les patients opérables et ceux dont la lésion est extirpable en totalité ou si une décompression est souhaitable. Une étude non randomisée, rétrospective, a comparé la radiothérapie stéréotaxique fractionnée à la radiochirurgie [83,84]. Elle a comparé un très petit nombre de patients traités par radiochirurgie (n = 11) à 184 patients traités par irradiation stéréotaxique fractionnée et à 30 patients traités par irradiation stéréotaxique hypofractionnée. Les auteurs ont conclu à l’intérêt de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée pour les grosses lésions ou celles proches de structures fragiles (chiasma optique). Par ailleurs, dans les lésions de grande taille, la radiothérapie fractionnée conduirait à moins d’effets secondaires [85]. Une étude non randomisée rétrospective a comparé la radiothérapie classique à la radiochirurgie dans les méningiomes du sinus caverneux. Les deux groupes n’étaient pas comparables pour le grade histologique plus élevé dans le groupe radiothérapie classique et pour le volume de la tumeur qui était plus important dans ce même groupe. Les résultats en termes de survie et de contrôle tumoral n’étaient pas statistiquement différents [86]. Au total, dans les grosses lésions et celles trop proches d’un organe critique (moins de 5 mm), une radiothérapie fractionnée en conditions stéréotaxiques permet de délivrer une dose antilésionnelle de l’ordre de 54 Gy en 30 fractions de 1,8 Gy alors que la dose sera réduite en radiochirurgie puisqu’il n’est pas recommandé de délivrer plus de 8 Gy en une séance dans le chiasma ou dans les voies visuelles. La même conclusion peut être faite pour les lésions proches du tronc cérébral. Par ailleurs, dans les tumeurs volumineuses (volume supérieur à l’équivalent d’une sphère de 3 cm de diamètre, soit 14 cm3 ), une radiothérapie fractionnée est souhaitable. 414 G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 4. Adénomes de l’hypophyse 4.3. Contrôle tumoral 4.1. Classification et présentation clinique Le contrôle tumoral comportait soit la taille de l’adénome, soit les concentrations de sécrétion. L’amélioration de la symptomatologie et le taux de réintervention sont aussi des facteurs d’évaluation. Cependant, la plupart des études ont mélangé les différents types d’adénomes. L’adénome hypophysaire est une tumeur bénigne développée à partir des cellules hypophysaires. Il représente environ 10 à 20 % des tumeurs intracrâniennes. Il est retrouvé à l’occasion d’une hypersécrétion hormonale, d’anomalies du champ visuel ou bien d’investigations radiologiques pour céphalées ou troubles cérébraux. On distingue les adénomes « sécrétants » avec sécrétion hormonale et ceux « non sécrétants » dans lesquels la symptomatologie clinique dépend principalement du volume tumoral. Les adénomes « sécrétants » intègrent : • l’acromégalie, sécrétant l’hormone de croissance environ 10 % ; • l’adénome à prolactine, la tumeur est constituée de cellules lactotropes environ 55 % ; • les syndromes de Cushing, aux dépens des cellules corticotropes moins de 5 % ; • des adénomes thyréotropes où la sécrétion de thyréostimuline est augmentée, rares ; • des adénomes gonadotropes sécrétant des hormones qui agissent sur les hormones sexuelles, rares. Les adénomes « non sécrétants » représentent 30 % de ces tumeurs. L’évaluation de la réponse thérapeutique dépend du type de tumeur. Dans le cas des adénomes somatotropes (acromégalie), la concentration d’hormone de croissance est une valeur de référence, mais aussi la mesure du facteur de croissance apparenté à l’l’insuline (IGF-1, insulin-like growth factor) ajusté à l’âge et au sexe. Les valeurs de références varient selon les études [87–94]. Dans les prolactinomes, les concentrations varient selon le sexe et certains préconisent une élévation dans deux dosages différents [87,94]. Pour les adénomes corticotropes (syndrome de Cushing), le suivi porte sur le cortisol libre urinaire des 24 heures, avec des seuils variables [87,95,96]. Dans la littérature, l’âge moyen des patients dans ces études se situe entre 34 et 52,9 ans. Le sex-ratio hommes/femmes est d’environ 0,8 sur l’ensemble des études. Les adénomes non fonctionnels sont plus fréquents chez les hommes et les adénomes à prolactine sont plus fréquents chez les femmes [97–99]. 4.2. Traitements associés Dans les études revues, la chirurgie a été réalisée en moyenne chez environ 80 % des patients. Les gestes chirurgicaux consistaient en majorité en des résections trans-sphénoïdales [91,94,95,100,101]. Des antécédents de craniotomie ont aussi été relevés [94,96,98–100,102]. La radiothérapie classique a été utilisée antérieurement à la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée jusque dans 25 % des cas. L’utilisation de la radiochirurgie était plus rare. Dans le cadre d’adénomes « sécrétants », des traitements médicamenteux ont été utilisés soit pour limiter les sécrétions pathologiques, soit pour pallier des déficits. 4.2.1. Radiochirurgie par Gamma Knife® Les publications ont décrit des traitements principalement par Gamma Knife® , avec des doses marginales variant selon le type d’adénome, 14 Gy pour les adénomes « non sécrétants » et 34 Gy pour les prolactinomes. L’isodose variait de 30 à 70 %. Le nombre médian d’isocentres variait de six à sept. 4.4. Adénomes non sécrétants Dans ces tumeurs, le critère de jugement est uniquement le contrôle tumoral et/ou la diminution du volume tumoral. Sur six séries portant sur 31 à 100 patients, avec des suivis de plusieurs années, un taux de contrôle de 87 à 100 % a été rapporté avec une diminution du volume tumoral chez 58 à 89 % des patients [96,97,99,100,103,104]. 4.5. Adénomes sécrétants 4.5.1. Adénome somatotrope (acromégalie) Les adénomes en relation avec l’acromégalie ont été ceux qui ont été les plus étudiés. Le taux de contrôle tumoral variait de 95 à 100 %. Le taux de diminution du volume tumoral variait de 46 à 92 %. Le taux de rémission de la sécrétion hormonale variait de 17 à 62 % des patients [87–91,93–95,103,105,106]. Cependant, les résultats dépendaient de la durée moyenne de suivi, avec des taux de réponse augmentant avec l’allongement des durées, 11 % à deux ans, environ 30 % à trois ans, 45 % à cinq ans et jusqu’à 60 % à huit ans [89,91,106]. Une revue de la littérature publiée par Yang et al. a inclus 26 articles, représentant 970 patients. Le taux de contrôle global avec ou sans traitement médicamenteux était de 73 %, le taux de contrôle tumoral sans traitement médicamenteux était compris entre 48 et 53 %. Le délai moyen d’obtention de la rémission était de 28 mois [107]. 4.5.2. Adénome à prolactine Le nombre de patients dans les séries variait de 15 à 176 [87,90,94,101,108]. Les taux de contrôle tumoral variaient de 89 à 100 %. Les taux de diminution du volume tumoral variaient de 46 à 83 %. Le taux de rémission de la sécrétion hormonale variait de 23 à 50 % des patients. Le délai moyen d’obtention de la rémission de la sécrétion hormonale est de 24 mois [87]. Ce taux de rémission augmente avec le délai de suivi, environ 20 % à cinq ans et 50 % à huit ans [101]. 4.5.3. Adénome corticotrope (maladie de Cushing) Les taux de contrôle tumoral variaient de 90 à 100 %. Les taux de diminution du volume tumoral étaient supérieurs à 90 %. Le taux de rémission de la sécrétion hormonale variait de 30 à 55 % [87,94–96,103]. Pamir et al. ont observé une plus forte réduction tumorale dans les tumeurs sécrétantes à hormone de croissance que dans les tumeurs non sécrétantes ou que dans les prolactinomes [102]. 4.6. Radiochirurgie par accélérateur linéaire Une série portant sur 142 patients a été publiée par Voges et al. [109]. La dose thérapeutique moyenne était de 15,3 Gy (8 à 20). Le taux de contrôle tumoral était de 96,5 %. Il variait de 88 % dans les maladies de Cushing à 100 % dans les adénomes à prolactine et dans les adénomes non sécrétants. Le taux de diminution du volume tumoral était d’environ de 30 %, il variait de 20 % dans les acromégalies, à 40 % dans les maladies de Nelson. Les taux de contrôle de la sécrétion hormonale pathologique étaient d’environ 45 %. Un tiers des patients avaient une normalisation de la sécrétion. G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 4.7. Radiothérapie fractionnée en conditions stéréotaxiques La seule étude a porté sur 110 patients, dont 63 étaient atteints d’un adénome non sécrétant. Chez 81 % des patients, la radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée a été réalisée après une chirurgie d’exérèse incomplète. Elle a été administrée en cinq fractions de 1,8 Gy par semaine pour atteindre une dose moyenne de 50,4 Gy. La durée de suivi était en médiane de 82 mois et d’au moins quatre ans. Parmi les patients avec une tumeur détectable, un contrôle tumoral a été obtenu dans 99 % des cas. Une réduction tumorale a été obtenue dans 89 % des patients. Une normalisation des sécrétions hormonales, en l’absence de traitement suppresseur, a été observée dans 43 % des cas. Les taux de rémission complète de la sécrétion hormonale variaient de 0 à 100 % selon le type d’adénome [110]. 4.8. Facteurs pronostiques Deux études ont retrouvé le type d’adénome comme facteur pronostique de la réponse [109,110]. Indépendamment du type tumoral, Colin et al. ont retrouvé l’extension suprasellaire comme facteur pronostique de réponse [110]. Dans l’acromégalie, certaines études ont retrouvé la dose marginale, le volume lésionnel, l’envahissement du sinus caverneux, le taux de sécrétion [87,89,97,102,107]. Un effet radioprotecteur des somatostinergiques a été décrit [95]. Dans le prolactinome, les facteurs prédictifs seraient le volume de la cible et la dose reçue [108,111]. Il y aurait un effet radioprotecteur des agonistes dopaminergiques [108,111]. Dans la maladie de Cushing, les facteurs prédictifs étaient le volume tumoral et la dose à la cible [111]. L’efficacité ne semble pas liée au niveau de sécrétion hormonale [111]. Il y aurait un effet protecteur du ketoconazole pris concomitamment à la radiochirurgie [111]. 4.9. Complications de la radiothérapie en conditions stérotaxiques farctionnée dans les adénomes Quelle que soit la technique, le risque le plus important est le développement d’une neuropathie optique si l’adénome est au contact du nerf optique. Selon Liscák et al., ce risque est lié à la dose [104]. Le deuxième risque redouté est l’hypopituitarisme, qui peut survenir quatre à cinq ans après la radiochirurgie [87,104]. 4.10. Place de la radiothérapie stéréotaxique dans la stratégie thérapeutique Le choix initial de la modalité de traitement dépend de l’histologie et de la taille de la tumeur. La décision de traitement relève d’un accord pluridisciplinaire. Le traitement de référence reste le traitement chirurgical et en particulier la résection transsphénoïdale [111]. Dans les études analysées, il apparaît que les traitements par radiochirurgie ou radiothérapie stéréotaxique dans les adénomes hypophysaires sont majoritairement utilisés après un geste chirurgical et une résection présumée incomplète (70 % et plus dans la majorité des études). Plusieurs auteurs ont souligné l’efficacité de la radiochirurgie ou de la radiothérapie stéréotaxique dans cette situation, de même que son intérêt en cas de facteurs de risque contre-indiquant la chirurgie [92,112]. 5. Risque de cancer radio-induit Quelle que soit la tumeur bénigne irradiée, le risque de cancer radio-induit est très discutable et reste extrêmement faible. Une publication anglaise sur 5000 patients traités par Gamma Knife® a rapporté un seul cas de survenue d’une tumeur maligne [113]. Une autre publication, sur près de 500 patients traités par irradiation stéréotaxique fractionnée pour un schwannome vestibulaire, a 415 rapporté deux cas de « possible néoplasie radio-induite », soit 0,5 % de la population traitée [43]. Les cas de tumeurs malignes histologiquement prouvées et survenant dans des territoires irradiés en conditions stéréotaxiques sont donc rares et il est difficile de prouver une transformation maligne en l’absence d’examen histologique initial avant traitement par radiochirurgie. 6. Conclusion La radiothérapie stéréotaxique est très efficace dans les schwannomes, les méningiomes et les adénomes hypophysaires. Son rôle dans le traitement des métastases cérébrales est aussi clairement évalué. Du fait des disponibilités de matériels et des contraintes techniques, la radiochirurgie par Gamma Knife® est le traitement le plus fréquemment rapporté dans ces trois localisations. Cependant, il n’y a pas de différence à attendre entre une radiochirurgie par Gamma Knife® , CyberKnife® ou accélérateur linéaire. La radiothérapie en conditions stéréotaxiques fractionnée semble particulièrement pertinente pour les lésions volumineuses et/ou proches d’organes à risque. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Noël G, Daisne JF, Thillays F. Radiothérapie en conditions stéréotaxiques des métastases cérébrales. Cancer Radiother 2012;16:S101–10. [2] Battaglia A, Mastrodimos B, Cueva R. Comparison of growth patterns of acoustic neuromas with and without radiosurgery. Otol Neurotol 2006;27:705–12. [3] Chang SD, Gibbs IC, Sakamoto GT, Lee E, Oyelese A, Adler Jr JR. Staged stereotactic irradiation for acoustic neuroma. Neurosurgery 2005;56:1254–61 [discussion 61–3]. [4] Chopra R, Kondziolka D, Niranjan A, Lunsford LD, Flickinger JC. Long-term follow-up of acoustic schwannoma radiosurgery with marginal tumor doses of 12 to 13 Gy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:845–51. [5] Chung WY, Liu KD, Shiau CY, Wu HM, Wang LW, Guo WY, et al. Gamma knife surgery for vestibular schwannoma: 10-year experience of 195 cases. J Neurosurg 2005;102:87–96. [6] Combs SE, Volk S, Schulz-Ertner D, Huber PE, Thilmann C, Debus J. Management of acoustic neuromas with fractionated stereotactic radiotherapy (FSRT): long-term results in 106 patients treated in a single institution. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:75–81. [7] Gerosa M, Mesiano N, Longhi M, De Simone A, Foroni R, Verlicchi A, et al. Gamma Knife surgery in vestibular schwannomas: impact on the anterior and posterior labyrinth. J Neurosurg 2010;113:128–35. [8] Hasegawa T, Fujitani S, Katsumata S, Kida Y, Yoshimoto M, Koike J. Stereotactic radiosurgery for vestibular schwannomas: analysis of 317 patients followed more than 5 years. Neurosurgery 2005;57:257–65 [discussion 57–65]. [9] Hasegawa T, Kida Y, Kobayashi T, Yoshimoto M, Mori Y, Yoshida J. Long-term outcomes in patients with vestibular schwannomas treated using gamma knife surgery: 10-year follow-up. J Neurosurg 2005;102:10–6. [10] Kano H, Kondziolka D, Khan A, Flickinger JC, Lunsford LD. Predictors of hearing preservation after stereotactic radiosurgery for acoustic neuroma. J Neurosurg 2009;111:863–73. [11] Kano H, Kondziolka D, Niranjan A, Flannery TJ, Flickinger JC, Lunsford LD. Repeat stereotactic radiosurgery for acoustic neuromas. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:520–7. [12] Liu D, Xu D, Zhang Z, Zhang Y, Zheng L. Long-term outcomes after Gamma Knife surgery for vestibular schwannomas: a 10-year experience. J Neurosurg 2006;105:149–53. [13] Lobato-Polo J, Kondziolka D, Zorro O, Kano H, Flickinger JC, Lunsford LD. Gamma knife radiosurgery in younger patients with vestibular schwannomas. Neurosurgery 2009;65:294–300 [discussion 00-1]. [14] Lunsford LD, Niranjan A, Flickinger JC, Maitz A, Kondziolka D. Radiosurgery of vestibular schwannomas: summary of experience in 829 cases. J Neurosurg 2005;102:195–9. [15] Massager N, Nissim O, Delbrouck C, Delpierre I, Devriendt D, Desmedt F, et al. Irradiation of cochlear structures during vestibular schwannoma radiosurgery and associated hearing outcome. J Neurosurg 2007;107:733–9. [16] Mathieu D, Kondziolka D, Flickinger JC, Niranjan A, Williamson R, Martin JJ, et al. Stereotactic radiosurgery for vestibular schwannomas in patients with neurofibromatosis type 2: an analysis of tumor control, complications, and hearing preservation rates. Neurosurgery 2007;60:460–8 [discussion 68–70]. 416 G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 [17] Myrseth E, Moller P, Pedersen PH, Lund-Johansen M. Vestibular schwannoma: surgery or gamma knife radiosurgery? A prospective, nonrandomized study. Neurosurgery 2009;64:654–61 [discussion 61–3]. [18] Niranjan A, Mathieu D, Flickinger JC, Kondziolka D, Lunsford LD. Hearing preservation after intracanalicular vestibular schwannoma radiosurgery. Neurosurgery 2008;63:1054–62 [discussion 62–3]. [19] Regis J, Tamura M, Delsanti C, Roche PH, Pellet W, Thomassin JM. Hearing preservation in patients with unilateral vestibular schwannoma after gamma knife surgery. Prog Neurol Surg 2008;21:142–51. [20] Rowe J, Radatz M, Kemeny A. Radiosurgery for type II neurofibromatosis. Prog Neurol Surg 2008;21:176–82. [21] Tamura M, Carron R, Yomo S, Arkha Y, Muraciolle X, Porcheron D, et al. Hearing preservation after gamma knife radiosurgery for vestibular schwannomas presenting with high-level hearing. Neurosurgery 2009;64:289–96 [discussion 96]. [22] van Eck AT, Horstmann GA. Increased preservation of functional hearing after gamma knife surgery for vestibular schwannoma. J Neurosurg 2005;102:204–6. [23] Gardner G, Robertson JH. Hearing preservation in unilateral acoustic neuroma surgery. Ann Otol Rhinol Laryngol 1988;97:55–66. [24] Anonymous. Committee on Hearing and Equilibrium guidelines for the evaluation of hearing preservation in acoustic neuroma (vestibular schwannoma). American Academy of Otolaryngology-Head and Neck Surgery Foundation, INC. Otolaryngol Head Neck Surg 1995;113:179–80. [25] Pollock BE, Driscoll CL, Foote RL, Link MJ, Gorman DA, Bauch CD, et al. Patient outcomes after vestibular schwannoma management: a prospective comparison of microsurgical resection and stereotactic radiosurgery. Neurosurgery 2006;59:77–85 [discussion 77–85]. [26] Hempel JM, Hempel E, Wowra B, Schichor C, Muacevic A, Riederer A. Functional outcome after gamma knife treatment in vestibular schwannoma. Eur Arch Otorhinolaryngol 2006;263:714–8. [27] Koh ES, Millar BA, Menard C, Michaels H, Heydarian M, Ladak S, et al. Fractionated stereotactic radiotherapy for acoustic neuroma: single-institution experience at The Princess Margaret Hospital. Cancer 2007;109:1203–10. [28] Kuo YH, Roos D, Brophy BP. Linear accelerator radiosurgery for treatment of vestibular schwannomas in neurofibromatosis 2. J Clin Neurosci 2008;15:744–8. [29] Timmer FC, Hanssens PE, van Haren AE, Mulder JJ, Cremers CW, Beynon AJ, et al. Gamma knife radiosurgery for vestibular schwannomas: results of hearing preservation in relation to the cochlear radiation dose. Laryngoscope 2009;119:1076–81. [30] Wowra B, Muacevic A, Jess-Hempen A, Hempel JM, Muller-Schunk S, Tonn JC. Outpatient gamma knife surgery for vestibular schwannoma: definition of the therapeutic profile based on a 10-year experience. J Neurosurg 2005;102:114–8. [31] Sughrue ME, Yang I, Aranda D, Lobo K, Pitts LH, Cheung SW, et al. The natural history of untreated sporadic vestibular schwannomas: a comprehensive review of hearing outcomes. J Neurosurg 2010;112:163–7. [32] Stangerup SE, Thomsen J, Tos M, Caye-Thomasen P. Long-term hearing preservation in vestibular schwannoma. Otol Neurotol 2010;31:271–5. [33] Sughrue ME, Kane AJ, Kaur R, Barry JJ, Rutkowski MJ, Pitts LH, et al. A prospective study of hearing preservation in untreated vestibular schwannomas. J Neurosurg 2011;114:381–5. [34] Hudgins WR, Antes KJ, Herbert MA, Weiner RL, DeSaloms JM, Stamos D, et al. Control of growth of vestibular schwannomas with low-dose Gamma Knife surgery. J Neurosurg 2006;105:154–60. [35] Nagano O, Serizawa T, Higuchi Y, Matsuda S, Sato M, Yamakami I, et al. Tumor shrinkage of vestibular schwannomas after Gamma Knife surgery: results after more than 5 years of follow-up. J Neurosurg 2010;113:122–7. [36] Pannullo SC, Fraser JF, Moliterno J, Cobb W, Stieg PE. Stereotactic radiosurgery: a meta-analysis of current therapeutic applications in neuro-oncologic disease. J Neurooncol 2011;103:1–17. [37] Yang I, Aranda D, Han SJ, Chennupati S, Sughrue ME, Cheung SW, et al. Hearing preservation after stereotactic radiosurgery for vestibular schwannoma: a systematic review. J Clin Neurosci 2009;16:742–7. [38] Weil RS, Cohen JM, Portarena I, Brada M. Optimal dose of stereotactic radiosurgery for acoustic neuromas: a systematic review. Br J Neurosurg 2006;20:195–202. [39] Andrews DW, Suarez O, Goldman HW, Downes MB, Bednarz G, Corn BW, et al. Stereotactic radiosurgery and fractionated stereotactic radiotherapy for the treatment of acoustic schwannomas: comparative observations of 125 patients treated at one institution. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2001;50:1265–78. [40] Collen C, Ampe B, Gevaert T, Moens M, Linthout N, De Ridder M, et al. Single fraction versus fractionated linac-based stereotactic radiotherapy for vestibular schwannoma: a single-institution experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:e503–9. [41] Friedman WA, Bradshaw P, Myers A, Bova FJ. Linear accelerator radiosurgery for vestibular schwannomas. J Neurosurg 2006;105:657–61. [42] Chan AW, Black P, Ojemann RG, Barker FG, 2nd Kooy HM, Lopes VV, et al. Stereotactic radiotherapy for vestibular schwannomas: favorable outcome with minimal toxicity. Neurosurgery 2005;57:60–70 [discussion 60–70]. [43] Kapoor S, Batra S, Carson K, Shuck J, Kharkar S, Gandhi R, et al. Long-term outcomes of vestibular schwannomas treated with fractionated stereotactic radiotherapy: an institutional experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:647–53. [44] Andrews DW, Werner-Wasik M, Den RB, Paek SH, Downes-Phillips B, Willcox TO, et al. Toward dose optimization for fractionated stereotactic radiotherapy for acoustic neuromas: comparison of two dose cohorts. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:419–26. [45] Chihara Y, Ito K, Sugasawa K, Shin M. Neurological complications after acoustic neurinoma radiosurgery: revised risk factors based on long-term follow-up. Acta Otolaryngol Supp 2007;559:65–70. [46] Yang I, Sughrue ME, Han SJ, Fang S, Aranda D, Cheung SW, et al. Facial nerve preservation after vestibular schwannoma Gamma Knife radiosurgery. J Neurooncol 2009;93:41–8. [47] Kopp C, Fauser C, Muller A, Astner ST, Jacob V, Lumenta C, et al. Stereotactic fractionated radiotherapy and LINAC radiosurgery in the treatment of vestibular schwannoma-report about both stereotactic methods from a single institution. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:1485–91. [48] Noudel R, Gomis P, Duntze J, Marnet D, Bazin A, Roche PH. Hearing preservation and facial nerve function after microsurgery for intracanalicular vestibular schwannomas: comparison of middle fossa and retrosigmoid approaches. Acta Neurochir 2009;151:935–44 [discussion 44–5]. [49] Tran Ba Huy P, Kania R, Legac MS. Schwannome vestibulaire (neurinome de l’acoustique). Histoire naturelle et qualité de vie. Bull Acad Natl Med 2008;192:1725–37 [discussion 38–40]. [50] Regis J, Carron R, Park MC, Soumare O, Delsanti C, Thomassin JM, et al. Wait-and-see strategy compared with proactive Gamma Knife surgery in patients with intracanalicular vestibular schwannomas. J Neurosurg 2010;113:105–11. [51] Conley GS, Hirsch BE. Stereotactic radiation treatment of vestibular schwannoma: indications, limitations, and outcomes. Curr Opin Otolaryngol Head Neck Surg 2010;18:351–6. [52] Park CK, Jung HW, Kim JE, Son YJ, Paek SH, Kim DG. Therapeutic strategy for large vestibular schwannomas. J Neurooncol 2006;77:167–71. [53] Misra BK, Purandare HR, Ved RS, Bagdia AA, Mare PB. Current treatment strategy in the management of vestibular schwannoma. Neurol India 2009;57:257–63. [54] Slattery 3rd WH. Microsurgery after radiosurgery or radiotherapy for vestibular schwannomas. Otolaryngol Clin North Am 2009;42:707–15. [55] Kalamarides M, Goutagny S. Méningiomes. Rev Prat 2006;56:1792–8. [56] Loiseau H, Huchet A, Rue M, Cowppli-Bony A, Baldi I. Épidémiologie des tumeurs cérébrales primitives. Rev Neurol 2009;165:650–70. [57] Hartmann C, Bostrom J, Simon M. Diagnostic and molecular pathology of meningiomas. Expert Rev Neurother 2006;6:1671–83. [58] Bondy ML, Scheurer ME, Malmer B, Barnholtz-Sloan JS, Davis FG, Il’yasova D, et al. Brain tumor epidemiology: consensus from the Brain Tumor Epidemiology Consortium. Cancer 2008;113:1953–68. [59] Ganz JC, Reda WA, Abdelkarim K. Gamma Knife surgery of large meningiomas: early response to treatment. Acta Neurochir 2009;151:1–8. [60] Hasegawa T, Kida Y, Yoshimoto M, Koike J, Iizuka H, Ishii D. Long-term outcomes of Gamma Knife surgery for cavernous sinus meningioma. J Neurosurg 2007;107:745–51. [61] Milker-Zabel S, Zabel A, Schulz-Ertner D, Schlegel W, Wannenmacher M, Debus J. Fractionated stereotactic radiotherapy in patients with benign or atypical intracranial meningioma: long-term experience and prognostic factors. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;61:809–16. [62] Milker-Zabel S, Zabel-du Bois A, Huber P, Schlegel W, Debus J. Fractionated stereotactic radiation therapy in the management of benign cavernous sinus meningiomas: long-term experience and review of the literature. Strahlenther Onkol 2006;182:635–40. [63] Bledsoe JM, Link MJ, Stafford SL, Park PJ, Pollock BE. Radiosurgery for large-volume (> 10 cm3 ) benign meningiomas. J Neurosurg 2010;112: 951–6. [64] Flannery TJ, Kano H, Lunsford LD, Sirin S, Tormenti M, Niranjan A, et al. Longterm control of petroclival meningiomas through radiosurgery. J Neurosurg 2010;112:957–64. [65] Friedman WA, Murad GJ, Bradshaw P, Amdur RJ, Mendenhall WM, Foote KD, et al. Linear accelerator surgery for meningiomas. J Neurosurg 2005;103:206–9. [66] Han JH, Kim DG, Chung HT, Park CK, Paek SH, Kim CY, et al. Gamma knife radiosurgery for skull base meningiomas: long-term radiologic and clinical outcome. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:1324–32. [67] Igaki H, Maruyama K, Koga T, Murakami N, Tago M, Terahara A, et al. Stereotactic radiosurgery for skull base meningioma. Neurol Med Chir (Tokyo) 2009;49:456–61. [68] Iwai Y, Yamanaka K, Ikeda H. Gamma Knife radiosurgery for skull base meningioma: long-term results of low-dose treatment. J Neurosurg 2008;109:804–10. [69] Kimball MM, Friedman WA, Foote KD, Bova FJ, Chi YY. Linear accelerator radiosurgery for cavernous sinus meningiomas. Stereotact Funct Neurosurg 2009;87:120–7. [70] Kollova A, Liscak R, Novotny Jr J, Vladyka V, Simonova G, Janouskova L. Gamma Knife surgery for benign meningioma. J Neurosurg 2007;107: 325–36. [71] Kondziolka D, Mathieu D, Lunsford LD, Martin JJ, Madhok R, Niranjan A, et al. Radiosurgery as definitive management of intracranial meningiomas. Neurosurgery 2008;62:53–8 [discussion 58–60]. [72] Kreil W, Luggin J, Fuchs I, Weigl V, Eustacchio S, Papaefthymiou G. Long-term experience of gamma knife radiosurgery for benign skull base meningiomas. J Neurol Neurosurg Psychiatr 2005;76:1425–30. G. Noël et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 410–417 [73] Nakaya K, Niranjan A, Kondziolka D, Kano H, Khan AA, Nettel B, et al. Gamma knife radiosurgery for benign tumors with symptoms from brainstem compression. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;77:988–95. [74] Skeie BS, Enger PO, Skeie GO, Thorsen F, Pedersen PH. Gamma knife surgery of meningiomas involving the cavernous sinus: long-term follow-up of 100 patients. Neurosurgery 2010;66:661–8 [discussion 68–9]. [75] Spiegelmann R, Cohen ZR, Nissim O, Alezra D, Pfeffer R. Cavernous sinus meningiomas: a large LINAC radiosurgery series. J Neurooncol 2010;98:195–202. [76] Takanashi M, Fukuoka S, Hojyo A, Sasaki T, Nakagawara J, Nakamura H. Gamma knife radiosurgery for skull-base meningiomas. Prog Neurol Surg 2009;22:96–111. [77] Zada G, Pagnini PG, Yu C, Erickson KT, Hirschbein J, Zelman V, et al. Long-term outcomes and patterns of tumor progression after gamma knife radiosurgery for benign meningiomas. Neurosurgery 2010;67:322–8 [discussion 28–9]. [78] Colombo F, Casentini L, Cavedon C, Scalchi P, Cora S, Francescon P. CyberKnife® radiosurgery for benign meningiomas: short-term results in 199 patients. Neurosurgery 2009;64:A7–13. [79] Malik I, Rowe JG, Walton L, Radatz MW, Kemeny AA. The use of stereotactic radiosurgery in the management of meningiomas. Br J Neurosurg 2005;19:13–20. [80] Patil CG, Hoang S, Borchers 3rd DJ, Sakamoto G, Soltys SG, Gibbs IC, et al. Predictors of peritumoral edema after stereotactic radiosurgery of supratentorial meningiomas. Neurosurgery 2008;63:435–40 [discussion 40–2]. [81] Novotny Jr J, Kollova A, Liscak R. Prediction of intracranial edema after radiosurgery of meningiomas. J Neurosurg 2006;105:120–6. [82] Shuto T, Inomori S, Fujino H, Nagano H, Hasegawa N, Kakuta Y. Cyst formation following gamma knife surgery for intracranial meningioma. J Neurosurg 2005;102:134–9. [83] Hamm K, Henzel M, Gross MW, Surber G, Kleinert G, Engenhart-Cabillic R. Radiosurgery/stereotactic radiotherapy in the therapeutical concept for skull base meningiomas. Zentralb Neurochir 2008;69:14–21. [84] Henzel M, Gross MW, Hamm K, Surber G, Kleinert G, Failing T, et al. Stereotactic radiotherapy of meningiomas: symptomatology, acute and late toxicity. Strahlenther Onkol 2006;182:382–8. [85] Girvigian MR, Chen JC, Rahimian J, Miller MJ, Tome M. Comparison of early complications for patients with convexity and parasagittal meningiomas treated with either stereotactic radiosurgery or fractionated stereotactic radiotherapy. Neurosurgery 2008;62:A19–27 [discussion A27–8]. [86] Metellus P, Regis J, Muracciole X, Fuentes S, Dufour H, Nanni I, et al. Evaluation of fractionated radiotherapy and gamma knife radiosurgery in cavernous sinus meningiomas: treatment strategy. Neurosurgery 2005;57:873–86 [discussion 73–86]. [87] Castinetti F, Nagai M, Morange I, Dufour H, Caron P, Chanson P, et al. Longterm results of stereotactic radiosurgery in secretory pituitary adenomas. J Clin Endocrinol Metab 2009;94:3400–7. [88] Castinetti F, Taieb D, Kuhn JM, Chanson P, Tamura M, Jaquet P, et al. Outcome of gamma knife radiosurgery in 82 patients with acromegaly: correlation with initial hypersecretion. J Clin Endocrinol Metab 2005;90: 4483–8. [89] Jezkova J, Marek J, Hana V, Krsek M, Weiss V, Vladyka V, et al. Gamma knife radiosurgery for acromegaly–long-term experience. Clin Endocrinol 2006;64:588–95. [90] Kobayashi T, Mori Y, Uchiyama Y, Kida Y, Fujitani S. Long-term results of gamma knife surgery for growth hormone-producing pituitary adenoma: is the disease difficult to cure? J Neurosurg 2005;102:119–23. [91] Losa M, Gioia L, Picozzi P, Franzin A, Valle M, Giovanelli M, et al. The role of stereotactic radiotherapy in patients with growth hormone-secreting pituitary adenoma. J Clin Endocrinol Metab 2008;93:2546–52. [92] Pollock BE. Radiosurgery for pituitary adenomas. Prog Neurol Surg 2007;20:164–71. 417 [93] Vik-Mo EO, Oksnes M, Pedersen PH, Wentzel-Larsen T, Rodahl E, Thorsen F, et al. Gamma knife stereotactic radiosurgery for acromegaly. Eur J Endocrinol 2007;157:255–63. [94] Wan H, Chihiro O, Yuan S. MASEP gamma knife radiosurgery for secretory pituitary adenomas: experience in 347 consecutive cases. J Exp Clin Cancer Res 2009;28:36. [95] Jagannathan J, Sheehan JP, Pouratian N, Laws Jr ER, Steiner L, Vance ML. Gamma knife radiosurgery for acromegaly: outcomes after failed transsphenoidal surgery. Neurosurgery 2008;62:1262–9 [discussion 69–70]. [96] Kobayashi T. Long-term results of stereotactic gamma knife radiosurgery for pituitary adenomas. Specific strategies for different types of adenoma. Prog Neurol Surg 2009;22:77–95. [97] Mingione V, Yen CP, Vance ML, Steiner M, Sheehan J, Laws ER, et al. Gamma surgery in the treatment of nonsecretory pituitary macroadenoma. J Neurosurg 2006;104:876–83. [98] Mondok A, Szeifert GT, Mayer A, Czirjak S, Glaz E, Nyary I, et al. Treatment of pituitary tumors: radiation. Endocrine 2005;28:77–85. [99] Pollock BE, Cochran J, Natt N, Brown PD, Erickson D, Link MJ, et al. Gamma knife radiosurgery for patients with nonfunctioning pituitary adenomas: results from a 15-year experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:1325–9. [100] Iwai Y, Yamanaka K, Yoshioka K. Radiosurgery for nonfunctioning pituitary adenomas. Neurosurgery 2005;56:699–705 [discussion 699–705]. [101] Jezkova J, Hana V, Krsek M, Weiss V, Vladyka V, Liscak R, et al. Use of the Leksell gamma knife in the treatment of prolactinoma patients. Clin Endocrinol 2009;70:732–41. [102] Pamir MN, Kilic T, Belirgen M, Abacioglu U, Karabekiroglu N. Pituitary adenomas treated with gamma knife radiosurgery: volumetric analysis of 100 cases with minimum 3-year follow-up. Neurosurgery 2007;61:270–80 [discussion 80]. [103] Hayashi M, Chernov M, Tamura N, Nagai M, Yomo S, Ochiai T, et al. Gamma Knife robotic microradiosurgery of pituitary adenomas invading the cavernous sinus: treatment concept and results in 89 cases. J Neurooncol 2010;98:185–94. [104] Liscak R, Vladyka V, Marek J, Simonova G, Vymazal J. Gamma knife radiosurgery for endocrine-inactive pituitary adenomas. Acta Neurochir 2007;149:999–1006 [discussion 06]. [105] Gutt B, Wowra B, Alexandrov R, Uhl E, Schaaf L, Stalla GK, et al. Gammaknife surgery is effective in normalising plasma insulin-like growth factor I in patients with acromegaly. Exp Clin Endocrinol Diabetes 2005;113:219–24. [106] Pollock BE, Jacob JT, Brown PD, Nippoldt TB. Radiosurgery of growth hormone-producing pituitary adenomas: factors associated with biochemical remission. J Neurosurg 2007;106:833–8. [107] Yang I, Kim W, De Salles A, Bergsneider M. A systematic analysis of disease control in acromegaly treated with radiosurgery. Neurosurg Focus 2010;29:E13. [108] Pouratian N, Sheehan J, Jagannathan J, Laws Jr ER, Steiner L, Vance ML. Gamma Knife® radiosurgery for medically and surgically refractory prolactinomas. Neurosurgery 2006;59:255–66 [discussion 55–66]. [109] Voges J, Kocher M, Runge M, Poggenborg J, Lehrke R, Lenartz D, et al. Linear accelerator radiosurgery for pituitary macroadenomas: a 7-year follow-up study. Cancer 2006;107:1355–64. [110] Colin P, Jovenin N, Delemer B, Caron J, Grulet H, Hecart AC, et al. Treatment of pituitary adenomas by fractionated stereotactic radiotherapy: a prospective study of 110 patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:333–41. [111] Castinetti F, Brue T. Radiothérapie et radiochirurgie des adénomes hypophysaires. Presse Med 2009;38:133–9. [112] Gilliot O, Khalil T, Irthum B, Zasadny X, Verrelle P, Tauveron I, et al. Radiotherapy of pituitary adenomas: state of the art. Ann Endocrinol 2007;68:337–48. [113] Rowe J, Grainger A, Walton L, Silcocks P, Radatz M, Kemeny A. Risk of malignancy after gamma knife stereotactic radiosurgery. Neurosurgery 2007;60:60–5 [discussion 65–6]. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 418–422 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Review Role of high dose rate brachytherapy in the treatment of prostate cancer Place de la curiethérapie de haut débit de dose dans le traitement du cancer de la prostate M. Ghilezan Department of Radiation Oncology, William Beaumont Hospital, Rose Cancer Institute, 3577 W. 13 Mile Road, Royal Oak, 48073 MI, United States a r t i c l e i n f o Article history: Available online 25 August 2012 Keywords: Prostate cancer High dose rate brachytherapy Radiation therapy a b s t r a c t High dose rate (HDR) brachytherapy in intermediate and high-risk prostate cancer patients has started in the late eighties in Europe and the United States, as a boost combined with external beam radiation therapy, as an attractive method for dose escalation. The results of the first dose-escalation study performed at William Beaumont Hospital has established the safety and efficacy of this combined treatment approach. Likewise, this landmark study enabled a paradigm shift in the radiobiology of prostate cancer, demonstrating that the alpha/beta of prostate cancer was much lower than previously believed to be and therefore the sensitivity of this tumor model to higher-than-conventional doses per fraction led to a dramatic increase of hypofractionated treatment regimens, the object of significant clinical research efforts, currently under way. The excellent toxicity profile and clinical outcome of HDR boost combined treatment prompted investigators to expand HDR brachytherapy indications to low/intermediate prostate cancer patients as the sole treatment modality. The results, toxicity and a brief review of the literature for both HDR boost and HDR monotherapy will be presented. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). r é s u m é Mots clés : Cancer de prostate Curiethérapie à haut débit de dose Radiothérapie La curiethérapie de haut débit de dose a été introduite chez les patients atteints de cancer de prostate à risque intermédiaire ou haut vers la fin des années 1980 en Europe et aux États-Unis, en tant que complément d’une radiothérapie externe, comme méthode attrayante pour l’escalade de dose. Une première étude d’escalade de dose réalisée à l’hôpital William Beaumont a montré la sûreté et l’efficacité de cette approche thérapeutique. De même, cette étude a conduit à un nouveau paradigme dans la radiobiologie du cancer de prostate en démontrant que le rapport alpha/bêta du cancer de prostate était beaucoup plus bas qu’il était estimé précédemment et donc la sensibilité de ce modèle de tumeur aux hautes doses par fraction a mené à une augmentation franche du nombre d’essais d’e radiothérapie hypofractionnée en cours. L’excellent profil de la toxicité et les résultats cliniques de la curiethérapie de haut débit de dose complétant une radiothérapie externe a incité les investigateurs à proposer la curiethérapie de haut débit de dose comme traitement exclusif de cancers de prostate à risque bas ou intermédiaires. Les résultats, la toxicité et une brève revue de la littérature sont présentés. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction High dose rate (HDR) prostate brachytherapy began in 1988 at Kiel University in Germany and soon after in 1991 at William Beaumont Hospital (WBH) in Royal Oak, Michigan and at Seattle Prostate Institute [1]. HDR brachytherapy was initially started being used as a boost in conjunction with external beam radiation therapy for intermediate/high-risk prostate cancers, as a vehicle for E-mail address: [email protected] dose-escalation. As experience with HDR prostate brachytherapy accumulated, the ultrasound and computer technology evolved and specific procedure and treatment toxicities were identified, HDR monotherapy trials were initiated and offered to low/intermediaterisk prostate cancer patients. The two HDR prostate brachytherapy approaches will be hereafter presented separately. HDR brachytherapy implants are template-based and performed under general or spinal anesthesia with the patient in lithotomy position, similar to low-dose rate (LDR). Comparatively, HDR has a number of patient- and target-specific advantages over LDR therapy, such as: 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.08.001 M. Ghilezan / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 418–422 • the overall treatment time reduction with HDR eliminates the uncertainties related to prostate volume changes that occur during the weeks following a procedure (typical with LDR) due to trauma and swelling, or subsequent shrinkage due to postradiation fibrosis; • HDR allows for improved accuracy of needle placement and radiation dose distribution through the use of intraoperative optimization software. New developments in HDR planning software by Nucletron (Nucletron Corp, Venendaal, The Netherlands) enables inverse planning feedback for needle template position coordinates coupled with real-time dose modulation. HDR brachytherapy planning algorithms allow for double-dose optimization as it modulates the dwell times as well as the dwell positions for precise and accurate 3D spatial dose coverage. This “dose sculpting” capability allows using HDR inherent dose inhomogeneities to be positioned in areas of disease burden for potentially increased tumor control while limiting organ-at-risk doses and thus, treatment-related toxicities; • from a radiobiology perspective, HDR may be favored as treatment delivery over a period of minutes, instead of weeks to months, does not allow malignant cells to repopulate, advance through the cell cycle, or recover from sublethal damage. Likewise, studies showed that if prostate cancer alpha/beta is low, in the range of 1.2-4, HDR biological effectiveness is higher than with LDR or external beam radiation therapy (EBRT) [2]; • a single radioactive source may deliver treatment to large numbers of patients with HDR, whereas LDR requires radioactive sources to be purchased on a per case basis, leading to increased cost of treatment as compared to HDR; • from a radiation safety perspective, HDR is ideal, because patients are not radioactive when they return home. As such, patients do not need to follow special precautions such as limiting distance or duration of contact with another individual, children, or pregnant women as is necessary with LDR patients. 2. High dose rate brachytherapy boost In the early 1990s in an attempt to improve external beam radiation treatment accuracy and targeting in prostate cancer, various studies were designed to optimize treatment planning and enhance treatment delivery toward more conformal external beam radiation therapy (CRT) enabling treatments with higher total radiation doses with the goal of increasing tumor control and minimizing toxicity. Three major drawbacks of external beam CRT are dayto-day variations in internal anatomy secondary to organ motion (interfraction motion), temporal variations in internal anatomy, mainly organ deformation during actual radiation therapy delivery (intrafraction motion) and daily set-up inaccuracies (set-up errors). To overcome these problems, HDR brachytherapy was identified as potentially the ideal dose-escalating vehicle since interfraction and intrafraction motion as well as set-up errors were non-issues with HDR. With ultrasound guidance and the interactive online dosimetry system, organ motion and set-up inaccuracies (as compared with EBRT) are insignificant because they do not occur or can be corrected during the procedure without increasing target volume margins. Common pitfalls of brachytherapy, including operator dependence and difficulty with reproducibility, have been eliminated with the intraoperative online planning [3,4]. In 1991 at William Beaumont Hospital (WBH), the first prospective phase I/II dose-escalating clinical trial of HDR brachyherapy boost combined with fractionated EBRT was activated. From November 1991 through November 1995, 58 patients received 45.6 Gy pelvic EBRT and three HDR 192 Ir boost implants of 5.5 to 6.5 Gy each [5]. They were compared with 278 similarly staged patients treated from 419 January 1987 through December 1991 with EBRT to prostate-only fields (median dose, 66.6 Gy). Patient outcome was analyzed for biochemical control. Biochemical failure was defined as a prostatespecific antigen (PSA) level higher than 1.5 ng/mL and rising on two consecutive values. If serial posttreatment PSA levels were showing a continuous downward trend, failure was not scored. Median follow-up was 43 months for the conventionally treated group and 26 months for the HDR boost group. The median pretreatment PSA level was 14.3 ng/mL for the EBRT-alone group and 14.0 ng/mL for the HDR boost group. The median Gleason scores were 6 and 7, respectively, for the two groups. The biochemical control rate was significantly higher in the HDR boost treatment group. Three-year actuarial biochemical control rates were 85% and 52% for the conformal HDR boost and conventionally treated patients, respectively. In a multivariate analysis, the use of HDR boost and pretreatment PSA level were significant prognostic determinants of biochemical control. The 3-year actuarial rates of biochemical control for conformal HDR boost versus conventionally treated patients, respectively, were 83 vs. 72% for a pretreatment PSA level of 4.1 to 10.0 ng/mL, 85 vs. 47% for a PSA level of 10.1 to 20.0 ng/mL, and 89 vs. 29% for a PSA level higher than 10 ng/mL. When the analysis was limited to patients in both groups with a minimum 12-month follow-up, the HDR boost group continued to show a higher biochemical control rate than the conventional radiation group (3-year actuarial rates of 86 vs. 53%) [6]. The Beaumont group updated the series with an analysis of 207 patients treated on the dose-escalation HDR boost prostate brachytherapy trial [7]. It demonstrated to be a precise and accurate dose delivery system and a very effective treatment for patients with unfavorable prostate cancer. Using the same database, Brenner reported a low alpha/beta ratio of 1.2 showing high sensitivity to fractionation similar to the late-responding tissues [2]. With longer follow-up and a larger number of patients, Martinez et al. published the long-term results of the WBH prostate HDR dose-escalation trial [8]. Data demonstrated that HDR boost improves biochemical control and cause-specific survival (CSS) in patients with prostate cancer and poor prognostic factors. At the 2005 ASTRO annual meeting, Vargas and colleagues reported the final analysis of the HDR boost dose-escalation trial [9]. For the first time, an improvement on biochemical control led to a decrease in metastatic rate and improved overall survival (OS). Galalae et al. reported on the collaborative trial between Kiel University in Germany, Seattle Tumor Institute, and WBH on long-term outcomes by risk factor using a conformal HDR brachytherapy boost for patients with localized prostate cancer during the PSA era [10]. Similar results were found at the three institutions in 611 patients with prostate cancer harboring intermediate and high-risk factors. With a mean follow-up of 5 years, the 5- and 10-year biochemical control was 77 and 73%, disease-free survival was 67 and 49%, and CSS was 96 and 92%, respectively. The similarity in results at the three institutions gives credence to the reproducibility of the HDR brachytherapy boost treatment. Dose escalation greater than 95 Gy resulted in better 5-year biochemical control for conformal HDR boost (59 vs. 85%; P < 0.001) for the entire cohort of hormonal-naïve men. Discriminating by risk factors, a striking dose-escalation effect was seen in the group of patients with two or three poor prognostic factors (P = 0.02 and P < 0.001). This unfavorable group has a remarkable 5-year biochemical control of 85%. These excellent results were confirmed by others showing that HDR prostate brachytherapy is a robust, safe and reproducible treatment method [11–15]. Two randomized trials demonstrated the superiority of adding HDR boost to EBRT compared with EBRT. In a study by Sathya et al., 104 patients with T2 and T3 prostate cancer with no evidence of metastatic disease were randomly assigned to EBRT of 66 Gy in 33 fractions during 6.5 weeks or to HDR boost of 35 Gy delivered to the prostate during 48 hours plus EBRT of 40 Gy in 20 fractions 420 M. Ghilezan / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 418–422 during 4 weeks [16]. The median follow-up was 8.2 years. In the HDR boost + EBRT arm, 17 patients (29%) experienced biochemical or clinical failure compared with 33 patients (61%) in the EBRT arm (P = 0.0024). Eighty-seven patients (84%) had a postradiation biopsy; 10 (24%) of 42 in the HDR boost +EBRT arm had biopsy positivity compared with 23 (51%) of 45 in the EBRT arm (odds ratio, 0.30; P = 0.015). OS was over 90% for both treatment regimens. Hoskin et al. randomised 220 patients with prostate cancer and PSA < 50 ng/ml to receive either standard EBRT 55 Gy in 20 fractions over 4 weeks or a combined schedule comprising EBRT delivering 35.75 Gy in 13 fractions over 2.5 weeks followed by a temporary HDR afterloading implant delivering 17 Gy in two fractions over 24 h [17]. With a median follow-up of 30 months, a significant improvement in actuarial biochemical relapse-free survival was seen in favor of the combined EBRT/brachytherapy schedule (P = 0.03). A lower incidence of acute rectal discharge was seen in the EBRT/brachytherapy group (P = 0.025) and other acute and late toxicities were equivalent. Patients randomised to brachytherapy had a significantly better FACT-P score at 12 weeks (P = 0.02). The William Beaumont group addressed the question of longterm survival impact with a short course (6 months or less) of adjuvant androgen deprivation when a very high radiation dose was delivered to 934 patients treated with an HDR brachytherapy boost in a hypofractionated regime [18]. At 8 years, the addition of a course of 6 months or less of androgen deprivation therapy (ADT) to a very high hypofractionated radiation dose had not conferred a therapeutic advantage but added side effects and cost. Furthermore, for the most unfavorable group of patients harboring all three poor risk factors, there was a higher rate of distant metastasis and more prostate cancer-related deaths. This result questions the value of a short course of ADT and the impact on delaying curative treatment. 3. High dose rate brachytherapy as monotherapy In 1997, the HDR brachytherapy as monotherapy was started at William Beaumont Hospital. It consisted of a single implant followed by four fractions of 9.5 Gy delivered twice daily with a minimum of 6 hours apart. The twice-per-day acceleratedhypofractionated regime was selected based on HDR favorable radiobiological considerations and physical dose delivery advantages of transrectal ultrasound (TRUS) guidance with real-time dosimetry of prostate HDR brachytherapy [19]. This regimen has a biological effective dose (BED) of 266 Gy with an alpha/beta of 1.5, much higher than 81 Gy delivered in standard fractionation with EBRT, with an BED of only 178. In the same publication, the California Endocuritherapy (CET) Cancer Center was also reported, however the HDR dose schedule was 42 Gy in six fractions (bid) in two separate implants 1 week apart. Patients with clinical stage II (T1c-T2a) disease, Gleason score less than 7 (unilobar, 3 + 4, no perineural invasion), and pretreatment PSA less than 12 ng/mL were treated with monotherapy. The majority of patients presented with what would be considered low-risk or favorable prostate cancer. Patients were offered either HDR or LDR brachytherapy as treatment options, and then the patient selected the brachytherapy modality. A short course of neoadjuvant androgen deprivation (less than 6 months) was used for downsizing the gland volume in 31% of WBH patients, in equal proportions between permanent seeds and HDR and in 30% of the CET Cancer Center patients. All procedures were done under spinal anesthesia. Between January 1996 and December 2002, 378 consecutive patients with clinically localized prostate cancer were treated with accelerated-hypofractionated brachytherapy as the sole treatment modality. Of the patients, 172 were treated with HDR brachytherapy alone using 192 Ir, and 206 patients were treated with LDR brachytherapy alone using 103 Pd. For the implant procedure and for pain control during the entire treatment time, spinal anesthesia was administered following placement of an epidural catheter for analgesia. Dosimetry was continuously updated in real-time based on the actual location of needles to compensate for organ distortion and motion and to ensure conformal coverage of the gland [3,4]. Gold seed markers were then placed under TRUS guidance at the base and at the apex of the prostate to assess and measure possible interfraction needle displacement. Before delivery of the radiation, the entire prostate was imaged again, with final needle and urethral positions captured by TRUS, and a final treatment plan was created. At CET, after recovery the patient underwent a dual method of simulation radiography consisting of plain film localization for applicator adjustment and quality control, and a CT scan was performed. The images were downloaded to the “treatment-planning” computer and a 3D reconstruction was carried out. A dose–volume histogram (DVH) and virtual images of the anatomy, clinical target volume (CTV), and planning target volume (PTV) were obtained. 3.1. Toxicity for high dose rate monotherapy The toxicity profile of HDR monotherapy was first described by Grills and colleagues from WBH, demonstrating less acute and chronic toxicity with HDR when compared with permanent seeds with 103 Pd [20]. Also, the impotency rate was decreased in the HDR group of treated patients by half compared with permanent seeds. The following toxicity analysis is an updated report from the combined experience from WBH and CET [21]. The median follow-up for all patients was 4.1 years (range, 0.8 to 12.3 years). 3.1.1. Acute toxicity HDR brachytherapy alone was associated with statistically significant reductions in the acute rates of dysuria (65% with 103Pd seeds versus 38% with HDR monotherapy; P < 0.001), as well as urinary frequency and/or urgency (103Pd: 94% versus 53%, HDR; P < 0.001) and urinary retention (103Pd: 43% versus 29%, HDR; P = 0.012). In addition to reduced acute genitourinary symptoms, HDR was also associated with lower rates of rectal pain (18% with LDR versus 7%, HDR; P = 0.025). The majority of acute toxicities in both groups were grade 1. Hormonal androgen ablation for gland downsizing was given to 31% of patients in both groups. 3.1.2. Chronic toxicity HDR brachytherapy alone was again associated with reduced urinary frequency and urgency (103 Pd: 54% versus 32%, HDR; P < 0.001). The majority of toxicities were grade 1. There were no differences in the remaining chronic toxicity rates of urinary incontinence or retention, hematuria, diarrhea, rectal pain, or rectal bleeding between the two treatment groups. The rate of urethral stricture requiring dilatation was 3% with HDR compared with 1% with 103 Pd (P = 0.3). The median time to development of urethral stricture was 17 months, with a range of 4 to 37 months. The cumulative proportion of chronic grade 3 toxicity by treatment modality did not differ between the two treatment types. 3.1.3. Erectile dysfunction Regardless of the use of adjuvant hormonal therapy, all cases were included for which complete pretreatment and posttreatment information was available. This included 169 patients, 61 of which were treated with HDR brachytherapy alone and 108 patients treated with permanent 103 Pd. The 5-year probability of erectile dysfunction was 33% for all patients with available preimplant data. 41% of LDR patients and 18% of HDR patients (P = 0.03) developed ED. The median times to erectile dysfunction for the HDR and LDR patient groups were 3.4 and 2.6 years, respectively. M. Ghilezan / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 418–422 3.2. Clinical outcomes The 5-year actuarial outcomes for monotherapy showed no difference in terms of ASTRO definition for biochemical failure, cancer mortality, or OS between HDR alone versus permanent seeds. No difference in biochemical control using the ASTRO definition and the Phoenix definition can be seen by treatment modality. In an update of the largest prostate HDR monotherapy series of 248 patients from WBH and CET was published in 2009 with a median follow-up of 5 years [21]. The 5-year Phoenix definition for biochemical control was 91%. In a comparable cohort of patients treated with permanent seeds implants (103 Pd), the biochemical control was similar, nonetheless the HDR patients experienced significantly less acute and chronic genitourinary and gastrointestinal toxicities. Ghilezan et al. recently reported on a hypofractionated HDR monotherapy trial for low-risk prostate cancer that accrued 173 patients [22]. The total dose was 24 Gy for the first 50 patients, delivered in a single implant and two fractions, 6 hours apart. The subsequent 50 patients received 27 Gy in two fractions in one day. There was no difference in acute or chronic toxicities between the two regimens with a median follow-up of 17 months. The maximum chronic gastrourinary (GU) and gastrointestinal (GI) toxicities grade 2 or higher were 5% or lower with only urinary frequency/urgency being 16%. However, after 6 months this issue resolved in almost all patients being 0% for the 24 Gy group and 4.8% for the 27 Gy group. Because of concerns that normal tissue repair may not be complete within the 6-hour interfraction interval when using doses of 12–13.5 Gy along with issues of patient discomfort and tolerance of epidural catheter-based controlled analgesia as well as logistics of work flow and time management, our two fractions/day protocol evolved to two separate fractions delivered 2-3 weeks apart. Despite a second implant and second anesthesia, the treatment tolerance improved, the duration of acute toxicity decreased as did patient satisfaction. Encouraged by this excellent tolerance and toxicity profile, we activated a new protocol in which HDR monotherapy is delivered in one single fraction of 19 Gy. 25 patients were treated until October 2011 and with a median of 3 months of follow-up, there were no grade 3 or 4 acute GU or GI toxicities. For patients ineligible for single fraction HDR, our current standard is 2 separate implants separated by 2 to 3 weeks. For patients with T1c disease, PSA < 10 ng/ml, Gleason score 6, up to three cores positive out of twelve, none of which with more than 50% tumor involvement and patients’ age of 65-year-old or older are offered 12 Gy × 2. All other are treated with 13.5 Gy × 2. Other centers around the world confirmed these promising results. In Europe, the group from Offenbach lead by Martin, Zamboglou and Baltas obtained results similar to the Beaumont group, using the same dose and fractionation regimen of 38 Gy in four fractions and 2 days in favorable/intermediate-risk patients [23]. This group was at the forefront of physics research and development of real-time ultrasound-based inverse planning and 3D dose optimization algorithms used in contemporary HDR treatment planning. Australian researchers at Peter McCallum Cancer Center published recently the results of a phase II study in which 79 favorable and intermediate-risk prostate cancer patients were included [24]. They administered HDR in a single implant and four fractionation schedules over 2 days (three fractions of 10, 10.5, 11, and 11.5 Gy) in a dose-escalation study. The 3- and 5-year biochemical control rates (Phoenix definition) were 88 and 85%, respectively. There were no acute or chronic rectal toxicities. Grade 3 dysuria and urinary retention were under 10%. No grade 4 toxicities were recorded. They did not report any differences between the fractionation schedules. In Japan, Yoshioka and colleagues pioneered a longer hypofractionated HDR schedule, i.e. 54 Gy in nine fractions and 5 days. Their 421 series of 112 patients were reported recently with a median followup of 5.4 years [25]. Even though more than half of their patients were in the high-risk group with only 15 patients in the low-risk group, the 5-year results were remarkable (85%, 93% and 79% for the low, intermediate and high-risk group, respectively). The toxicity profile was equally outstanding with no grade 4 acute or late toxicities and less than 4% grade 3 late toxicities. However, a few questions arise with prostate HDR brachytherapy. First of all, there is no consensus on the most appropriate dose and fractionation schedule, as it is for LDR. Second, there are significant differences in dosimetry methods which are either CTbased or TRUS-based. As a consequence, DVH parameters are less standardized compared with LDR and quality assurance guidelines, more difficult to define, as HDR technique is generally institutionspecific. Last but not least, HDR is more labor-intensive for the brachytherapy team and more time-consuming than LDR, for both patients and physicians, which limit somewhat its utilization. Consequently, the overall clinical experience, long term results and mature data from large phase II/III trials are sparse or lacking, a clear disadvantage compared with LDR prostate brachytherapy. Nonetheless, HDR reproducibility, short learning curve, consistency in producing high-quality and accurate treatment plans, short radiation delivery times overcoming the issues of prostate gland under-dosing secondary to edema, seeds migration or seeds loss and with the emerging of promising results of regimens using only one to two treatments, makes HDR a very appealing treatment method for all prostate cancer risk-groups. If indeed, prostate cancer has a low alpha/beta ratio and thus it is very sensitive to dose per fraction, HDR would have a clear radiobiological advantage over LDR and EBRT, having the potential to become the treatment of choice of prostate cancer among all radiation treatment options. Disclosure of interest The author declares that he has no conflicts of interest concerning this article. References [1] Stromberg J, Martinez A, Benson R, Benson R, Garton G, Diokno A, et al. Improved local control and survival for surgically staged patients with locally advanced prostate cancer treated with up-front low dose rate iridium-192 prostate implantation and external beam irradiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1994;28:67–75. [2] Brenner D, Martinez A, Edmundson G, Mitchell C, Thames HD, Armour EP. Direct evidence that prostate tumors show high sensitivity to fractionation (low alpha/beta ratio), similar to late-responding normal tissue. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;52:6–13. [3] Edmundson GK, Rizzo NR, Teahan M, Brabbins D, Vicini FA, Martinez A. Concurrent treatment planning for outpatient high dose rate prostate template implants. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1993;27:1215–23. [4] Edmundson GK, Yan D, Martinez AA. Intraoperative optimization of needle placement and dwell times for conformal prostate brachytherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;33:1257–63. [5] Martinez A, Gonzalez J, Stromberg J, Edmundson G, Plunkett M, Gustafson G, et al. Conformal prostate brachytherapy: initial experience of a phase I/II doseescalating trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;33:1019–27. [6] Kestin LL, Martinez AA, Stromberg JS, Edmundson GK, Gustafson GS, Brabbins DS, et al. Matched pair analysis of conformal high dose rate brachytherapy boost versus external beam radiation therapy alone for locally advanced prostate cancer. J Clin Oncol 2000;18:2869–80. [7] Martinez AA, Gustafson G, Gonzalez J, Armour E, Mitchell C, Edmundson G, et al. Dose escalation using conformal high-dose-rate brachytherapy improves outcome in unfavorable prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;53:316–27. [8] Martinez A, Gonzalez J, Spencer W, Gustafson G, Kestin L, Kearney D, et al. Conformal high dose rate brachytherapy improves biochemical control and cause specific survival in patients with prostate cancer and poor prognostic factors. J Urol 2003:979–80, 169:974–9; discussion. [9] Vargas CE, Martinez AA, Boike TP, Spencer W, Goldstein N, Gustafson GS, et al. High-dose irradiation for prostate cancer via a high-dose-rate brachytherapy boost: results of a phase I to II study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:416–23. 422 M. Ghilezan / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 418–422 [10] Galalae RM, Martinez A, Mate T, Mitchell C, Edmundson G, Nuernberg N, et al. Long-term outcome by risk factors using conformal high-dose-rate brachytherapy (HDR-BT) boost with or without neoadjuvant androgen suppression for localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;58:1048–55. [11] Bachand F, Martin AG, Beaulieu L, Harel F, Vigneault E. An eight-year experience of HDR brachytherapy boost for localized prostate cancer: biopsy and PSA outcome. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:679–84. [12] Pellizzon AC, Salvajoli J, Novaes P, Maia M, Fogaroli R. Updated results of highdose rate brachytherapy and external beam radiotherapy for locally and locally advanced prostate cancer using the RTOG-ASTRO Phoenix definition. Int Braz J Urol 2008;34:293–301. [13] Kalkner KM, Wahlgren T, Ryberg M, Cohn-Cedermark G, Castellanos E, Zimmerman R, et al. Clinical outcome in patients with prostate cancer treated with external beam radiotherapy and high dose-rate iridium 192 brachytherapy boost: a 6-year follow-up. Acta Oncol 2007;46:909–17. [14] Duchesne GM, Williams SG, Das R, Tai KH. Patterns of toxicity following highdose-rate brachytherapy boost for prostate cancer: mature prospective phase I/II study results. Radiother Oncol 2007;84:128–34. [15] Pistis F, Guedea F, Pera J, Gutierrez C, Ventura M, Polo A, et al. External beam radiotherapy plus high-dose-rate brachytherapy for treatment of locally advanced prostate cancer: the initial experience of the Catalan Institute of Oncology. Brachytherapy 2010;9:15–22. [16] Sathya JR, Davis IR, Julian JA, Guo Q, Daya D, Dayes IS, et al. Randomized trial comparing iridium implant plus external beam radiation therapy with external beam radiation therapy alone in node-negative locally advanced cancer of the prostate. J Clin Oncol 2005;23:1192–9. [17] Hoskin PJ, Motohashi K, Bownes P, Bryant L, Ostler P. High dose rate brachytherapy in combination with external beam radiotherapy in the radical treatment of prostate cancer: initial results of a randomised phase three trial. Radiother Oncol 2007;84:114–20. [18] Martinez AA, Demanes DJ, Galalae R, Vargas C, Bertermann H, Rodriguez R, et al. Lack of benefit from a short course of androgen deprivation for unfavorable prostate cancer patients treated with an accelerated-hypofractionated regime. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:1322–31. [19] Martinez AA, Pataki I, Edmundson G, Sebastian E, Brabbins D, Gustafson G. Phase II prospective study of the use of conformal high-dose-rate brachytherapy as monotherapy for the treatment of favorable stage prostate cancer: a feasibility report. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2001;49:61–9. [20] Grills IS, Martinez AA, Hollander M, Huang R, Goldman K, Chen PY, et al. High dose rate brachytherapy as prostate cancer monotherapy reduces toxicity compared to low dose rate palladium seeds. J Urol 2004;171: 1098–104. [21] Martinez AA, Demanes J, Vargas C, Schour L, Ghilezan M, Gustafson GS. Highdose-rate prostate brachytherapy: an excellent accelerated-hypofractionated treatment for favorable prostate cancer. Am J Clin Oncol 2010;33: 481–8. [22] Ghilezan M, Martinez A, Gustason G, Krauss D, Antonucci JV, Chen P, et al. Highdose-rate brachytherapy as monotherapy delivered in two fractions within one day for favourable/intermediate-risk prostate cancer: preliminary toxicity data. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:927–32. [23] Martin T, Baltas D, Kurek R, et al., Röddiger S, Kontova M, Anagnostopoulos G. 3-D conformal HDR brachytherapy as monotherapy for localized prostate cancer. A pilot study. Strahlenther Onkol 2004;180:225–32. [24] Barkati M, Williams SG, Foroudi F, Tai KH, Chander S, van Dyk S, et al. Highdose-rate brachytherapy as a monotherapy for favorable-risk prostate cancer: a phase II trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:1889–96. [25] Yoshioka Y, Konishi K, Sumida I, Takahashi Y, Isohashi F, Ogata T, et al. Monotherapeutic high-dose-rate brachytherapy for prostate cancer: five year results of an extreme hypofractionation regimen with 54 Gy in nine fractions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:469–75. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Radiothérapie guidée par l’image et adaptative Image-guided and adaptive radiotherapy G. Louvel a , G. Cazoulat b , E. Chajon a , A. Le Maître b , A. Simon b , O. Henry a , R.J. Bensadoun c , R. de Crevoisier a,∗,b a b c Département de radiothérapie, centre Eugène-Marquis, avenue de la Bataille-Flandre-Dunkerque, 35042 Rennes, France Inserm U1099, 35000 Rennes, France Département de radiothérapie, CHU de Poitiers, 86000 Poitiers, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 6 juin 2012 Reçu sous la forme révisée le 28 juin 2012 Accepté le 9 juillet 2012 Disponible sur Internet le 21 août 2012 Mots clés : Radiothérapie guidée par l’image Radiothérapie adaptative Radiothérapie guidée par la dose RCMI r é s u m é La radiothérapie guidée par l’image (image-guided radiotherapy [IGRT]) vise à prendre en compte les variations anatomiques survenant en cours d’irradiation par visualisation des structures anatomiques sous l’accélérateur. Elle peut consister en un recalage rigide de la tumeur par déplacement du patient en cas d’irradiation prostatique par exemple. La radiothérapie guidée par l’image avec modulation d’intensité (RCMI) est fortement recommandée en cas d’irradiation prostatique de haute dose, où elle semble diminuer la toxicité rectale et vésicale. En cas de déformations anatomiques significatives comme dans la sphère ORL (fonte tumorale et diminution de volume des glandes salivaires), des replanifications semblent nécessaires, correspondant à la radiothérapie adaptative. Celle-ci devrait être idéalement « monitorée » et déclenchée éventuellement sur la base d’un calcul de dose cumulée, séance après séance, comparé à la planification initiale, ouvrant le concept de radiothérapie adaptative guidée par la dose. Des créations de « librairies » de planifications correspondant à des positions possibles d’organes (cancers du col de l’utérus) sont une autre voie de radiothérapie adaptative. Toutes ces stratégies apparaissent néanmoins très complexes et coûteuses et nécessitent de ce fait des validations rigoureuses avant d’être appliquées en routine. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: Image-guided radiotherapy Adaptive radiotherapy Dose-guided radiotherapy RCMI Image-guided radiotherapy (IGRT) aims to take into account anatomical variations occurring during irradiation by visualization of anatomical structures. It may consist of a rigid registration of the tumour by moving the patient, in case of prostatic irradiation for example. IGRT associated with intensity-modulated radiotherapy (IMRT) is strongly recommended when high-dose is delivered in the prostate, where it seems to reduce rectal and bladder toxicity. In case of significant anatomical deformations, as in head and neck tumours (tumour shrinking and decrease in volume of the salivary glands), replanning appears to be necessary, corresponding to the adaptive radiotherapy. This should ideally be “monitored” and possibly triggered based on a calculation of cumulative dose, session after session, compared to the initial planning dose, corresponding to the concept of dose-guided adaptive radiotherapy. The creation of “planning libraries” based on predictable organ positions (as in cervical cancer) is another way of adaptive radiotherapy. All of these strategies still appear very complex and expensive and therefore require stringent validation before being routinely applied. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Justifications de la radiothérapie guidée par l’image dans ses différentes modalités ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R. de Crevoisier). La radiothérapie intègre aujourd’hui trois importantes voies de recherche sur le plan technique : optimisation de la définition de la cible tumorale par intégration de l’imagerie métabolique ou fonctionnelle lors de la planification, optimisation de la distribution 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.177 424 G. Louvel et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 de la dose par utilisation de nouvelles modalités de délivrance de la dose hautement conformationnelle (techniques de modulation d’intensité ou utilisation de protons) et prise en compte des variations anatomiques en cours d’irradiation par les techniques de radiothérapie guidée par l’image (image-guided radiotherapy [IGRT]). Toutes ces voies d’optimisation sont très complémentaires et convergent dans le sens d’une amélioration de la précision du traitement à toutes les étapes de la radiothérapie, pour diminuer les effets secondaires et augmenter le contrôle local. La première innovation correspond à l’utilisation des nouvelles techniques d’imagerie métabolique et fonctionnelle à la planification afin de mieux déterminer les volumes cibles prévisionnels. Il s’agit en particulier de l’intégration des nouvelles séquences d’IRM (perfusion, diffusion, spectroscopie) et de la tomographie par émission de positons (TEP). La TEP a démontré sa supériorité dans la détermination des volumes cibles (planning target volume [PTV]) dans les cancers ORL et dans les cancers bronchiques [1,2]. L’intégration des nouvelles techniques d’IRM spectroscopique et de TEP est prometteuse en particulier pour guider des surimpressions dans le cadre de cancers de la prostate, de la sphère ORL, gynécologiques, pulmonaires ou cérébrales. Il existe cependant encore au moins deux facteurs limitant d’ordre méthodologique : des données encore trop limitées concernant les corrélations entre l’anatomopathologie et l’image et des outils validés de segmentation et de recalage d’une imagerie devenue très multimodale. La deuxième innovation correspond principalement aux techniques hautement conformationnelles avec modulation d’intensité permettant d’optimiser les distributions de dose, en particulier pour des cibles tumorales ayant un volume complexe « concave ». Ces techniques d’irradiation avec modulation d’intensité (RCMI) implémentées en pratique en France depuis une dizaine d’années sont en évolution constante : initialement utilisant exclusivement des faisceaux stationnaires pour délivrer une RCMI dite en step and shoot ou sliding window vers des techniques en arcthérapie de type intensity-modulated arc therapy (IMAT) ou volumetric arc therapy (VMAT) et les techniques hélicoïdales de type tomothérapie [3–5]. La combinaison de ces deux importantes optimisations peut cependant conduire à un faible bénéfice clinique. En effet, l’ensemble de la radiothérapie est basé sur une étape unique de planification initiale, par définition préthérapeutique. De nombreuses variations anatomiques peuvent néanmoins survenir en cours d’irradiation, telles que des déplacements et des variations de volume et de forme des volumes d’intérêt, tant au niveau du volume cible tumoral que des organes à risque, conduisant au résultat que la dose planifiée ne correspond plus à la dose délivrée. Le troisième axe d’optimisation crucial et indissociable des deux premiers est donc la prise en compte et la correction de ces variations correspondant à la radiothérapie guidée par l’image. Les modalités les plus simples de radiothérapie guidée par l’image sont constituées de l’ensemble des techniques d’imagerie embarquées sur l’accélérateur : la plus répandue correspond à l’utilisation de la tomographie conique (cone beam computed tomography [CBCT]) [6–8]. La tomographie conique permet de visualiser les structures anatomiques sous l’appareil de traitement, conduisant à un déplacement éventuel du patient pour repositionner correctement la tumeur (et non pas le patient) sous l’accélérateur. En parallèle ont été développées des machines dédiées combinant des nouvelles modalités de délivrance de la dose et des modalités précises de radiothérapie guidée par l’image (CyberKnife® et tomothérapie). La radiothérapie guidée par l’image comprend plusieurs niveaux de complexité. En cas de déplacement de la cible tumorale, l’approche la plus simple consiste à déplacer le patient pour repositionner la tumeur dans sa position théorique définie lors de la planification. Cette approche de recalage rigide est utilisée en cas d’irradiation prostatique du fait d’un déplacement prostatique intrapelvien jusqu’à 2 cm dans un axe antéropostérieur. En cas de déformation majeure de la cible tumorale (tumeurs de la sphère ORL, de la vessie ou du col utérin) ou des organes à risque (diminution de volume des glandes salivaires de l’ordre de 30 % en cas d’irradiation de la sphère ORL [9,10]), le recalage rigide ne suffit pas. Il faudra théoriquement replanifier, ouvrant le champ de la radiothérapie adaptative. La visualisation de la dose peut être effectuée à chaque séance d’irradiation sur la tomographie conique. Pouliot a ainsi proposé une approche de radiothérapie guidée par la dose, à la séance d’irradiation, de complexité variable [11]. Dans une perspective de décision de replanification ou de radiothérapie « adaptative », il est crucial d’estimer la dose cumulée dans les différentes structures, séance après séance : c’est la problématique du recalage déformable et de sa validation en pratique quotidienne. La question du « calcul de dose cumulée » dans des structures déformable est cruciale, à la fois pour déclencher la replanification, mais aussi parce que cela conduit à la référence de dose pour le calcul de distribution de dose par planification inverse dans le processus de RCMI. 2. Différentes stratégies de radiothérapie guidée par l’image Les différentes stratégies de radiothérapie guidée par l’image (à l’exclusion du CyberKnife® ) et leurs résultats sont décrits et discutés dans différentes localisations tumorales. 2.1. Radiothérapie guidée par l’image par recalage rigide des structures : cas du cancer de la prostate La prostate peut présenter un mouvement de bascule intrapelvien significatif en dehors du volume cible prévisionnel (planning target volume [PTV]) (marges de 1 cm) du fait principalement des variations de volume rectal [12], et dans une moindre mesure vésical. La non-prise en compte de ces déplacements peut conduire à une augmentation du risque de récidive locale [13,14]. Plusieurs techniques de radiothérapie guidée par l’image se sont historiquement développées, permettant soit de localiser la prostate sous l’accélérateur indirectement par des marqueurs radio-opaques ou radioémetteurs, soit de visualiser directement la prostate par tomographie conique, scanographie de l’appareil de tomothérapie, scanographie sur rails ou ultrasons. De façon plus prosaïque, il est aussi intéressant de noter que l’introduction de l’index dans le rectum du patient au moment de la planification et des séances d’irradiation ou la prescription d’un régime sont des moyens très simples et peu coûteux de limiter significativement le mouvement prostatique par évacuation/limitation des gaz rectaux [15,16]. Du fait de la solution assez simple de déplacement du patient pour replacer correctement la prostate sous l’accélérateur, la radiothérapie guidée par l’image prostatique commence aujourd’hui à cumuler assez de recul et d’études pour rapporter des résultats cliniques. Zelefsky et al. viennent de montrer le bénéfice clinique de la radiothérapie guidée par l’image dans une série de 186 patients ayant reçu une dose prostatique de 86,4 Gy par RCMI avec recalage par marqueurs à chaque séance [17]. La comparaison non randomisée de ces patients avec une autre série de 190 patients ayant reçu une RCMI à la même dose mais sans guidage par l’image a montré que le guidage par l’image diminuait significativement la toxicité urinaire à trois ans et augmentait la probabilité de survie sans récidive biochimique des patients atteints d’une tumeur de haut risque. Ces résultats sont néanmoins d’interprétation difficile du fait d’une relation dose-toxicité non clairement établie pour la toxicité urinaire dans la littérature et plus évidente pour la toxicité rectale. Dans ce sens, l’analyse des résultats préliminaires de l’étude randomisée du programme de soutien aux techniques innovantes G. Louvel et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 coûteuses (STIC) radiothérapie guidée par l’image des cancers de la prostate a montré une toxicité rectale aiguë particulièrement basse (7 % d’effets de grade 2 et 0 % de grade 3, selon la CTCAE V3 [Common Terminology Criteria for Adverse Events, version 3.0]) dans une cohorte de patients ayant reçu une dose médiane de 78 Gy [18]. L’équipe du William Beaumont Hospital a montré la disparition de l’impact de la distension rectale dans une série de 962 patients recevant une radiothérapie guidée par l’image pour cancer de la prostate avec un recul médian de 5,5 ans [19]. Cette radiothérapie guidée par l’image était basée sur l’établissement d’un volume cible interne (internal target volume [ITV]) personnalisé comprenant, après recalage osseux, la totalité des contours de la prostate établis sur le scanner de planification et quatre scanographies acquis lors des premières séances d’irradiation. La modalité optimale de radiothérapie guidée par l’image n’est pas clairement établie. Les marqueurs radio-opaques ont les avantages d’être classiquement plus précis que la tomographie conique dans le recalage (mais résultats équivalents pour d’autres auteurs) [20,21], relativement faciles et rapides à recaler par les manipulateurs d’électroradiologie, et leur localisation repose sur deux images orthogonales peu irradiantes. Ils sont cependant invasifs, impliquant un geste spécifique et conduisent à des complications spécifiques correspondant à celles observées après biopsies prostatiques. La segmentation prostatique sur tomographie conique présente plus d’incertitudes que celle effectuée sur scanographie [22]. La tomographie conique permet cependant une visualisation des tissus mous et les progrès technologiques conduisent à une amélioration à la fois de la qualité d’images et du recalage et une diminution de la dose propre délivrée par cette technique. La radiothérapie guidée par l’image prostatique devrait théoriquement conduire à une diminution des marges du volume cible prévisionnel. Une publication sur seulement 25 patients a rapporté qu’en diminuant les marges circonférentielles de 10 mm à 3 mm autour de la prostate, les doses à la vessie et au rectum et surtout la toxicités aiguë étaient significativement diminuées [23]. L’équipe de Dijon vient cependant de montrer qu’une réduction des marges de 10 mm à 5 mm rendue possible du fait d’une localisation de la prostate par ultrasons ne réduisait pas la toxicité [24]. Les patients avaient reçu une dose médiane de 78 Gy par RCMI et le suivi médian était de 38 mois. Il est clair que des marges minimales (5 mm) doivent dans tous les cas être conservées autour de la prostate en cas de radiothérapie guidée par l’image du fait d’une triple incertitude résiduelle : délinéation, mouvement prostatique intrafraction et recalage prostatique. Le risque devient en effet celui d’augmenter la récidive locale en ayant la satisfaction de diminuer la toxicité. Au total, le guidage par l’image est une modalité qui doit être si possible compléter une RCMI, principalement en cas de haute dose délivrée dans la prostate. Dans ce sens, les recommandations du National Comprehensive Cancer Network (accessibles par téléchargement, version 3.2012) indiquent qu’une technique de radiothérapie (avec ou sans modulation d’intensité) délivrant une dose de plus de 78 Gy dans la prostate doit obligatoirement comporter un guidage par l’image à chaque séance (quelle que soit la modalité) [25]. 2.2. Radiothérapie guidée par l’image quadridimensionnelle : cas du cancer bronchique La prise en charge des incertitudes liées aux mouvements respiratoires est classiquement réalisée par deux grands types de techniques : l’asservissement respiratoire (en respiration bloquée, ou par synchronisation à l’irradiation) ou l’utilisation d’une approche de marges optimisées par une imagerie corrélée à la respiration (essentiellement scanographie quadridimensionnelle) [26]. Le développement des techniques d’imagerie 425 quadridimensionnelle a conduit à une meilleure définition spatiale et temporelle de la cible et permet ainsi une adaptation des marges en utilisant le modèle de respiration spécifique à chaque patient. Brièvement la respiration du patient est « monitorée » grâce à un marqueur externe (ceinture abdominale ou marqueur repéré par une caméra infrarouge) lors de l’acquisition scanographique conduisant à associer des séries d’images aux différentes phases de la respiration. Les techniques quadridimensionnelles se sont développées en radiothérapie sur différents examens : scanographie de planification quadridimensionnelle, tomographie conique quadridimensionnelle, TEP/scanographie quadridimensionnelle, etc., afin de mieux définir la cible respiratoire en mouvement. Toutes ces techniques sont cependant basées sur une planification initiale et ne prennent pas en compte les principales modifications qui surviennent en cours de traitement : tant sur le plan du positionnement du patient, mais aussi de la régularité des cycles respiratoires, ainsi que surtout des modifications tumorales qui surviennent en cours de traitement [27,28]. Les premières incertitudes tiennent aux difficultés de repositionnement quotidien des patients. Dans plusieurs études, la tomographie conique a montré sa supériorité dans le repositionnement des patients par rapport à une imagerie planaire utilisant des repères osseux pour réaliser le recalage des patients atteints de cancers bronchiques en cours de radiothérapie [29–31]. Cela a particulièrement été mis en évidence dans les essais de radiothérapie stéréotaxique bronchique délivrant des doses élevées en un nombre faible de séances et nécessitant de ce fait un repositionnement rigoureux. Ainsi pour Purdhi et al., l’incertitude moyenne de repérage tridimensionnel de la cible était de 6,8 mm [29]. Elle diminuait à 4 mm après recalage par imagerie portale (repères osseux) et à 2 mm par tomographie conique (visualisation des tissus mous). La fiabilité de la corrélation du cycle respiratoire avec la position tumorale réalisée lors de la planification durant l’ensemble du traitement n’est pas totale. Plusieurs études réalisées grâce à des scanographies acquises en cours de traitement ont d’abord montré que le mouvement respiratoire ne changeait pas significativement durant le traitement et en particulier n’impactait pas sur les marges nécessaires à la création du volume cible interne [32]. Le problème de l’excursion du volume cible anatomoclinique (clinical target volume [CTV]) en dehors du volume cible interne est néanmoins potentiellement minoré par la fonte tumorale en cours d’irradiation. L’utilisation de la tomographie conique quadridimensionnelle, surtout en l’absence de marqueurs externes, délivre une information en cours de traitement sur le repositionnement de la tumeur mais aussi sur les modifications liées au cycle respiratoire [33,34]. Le troisième problème correspond aux modifications du volume tumoral et ganglionnaire en cours de traitement. Celles-ci ont été étudiées dans de nombreux travaux [27,28,35–38]. Les séries étaient hétérogènes, parfois incluant des traitements stéréotaxiques. Cependant sur une série récente de 31 patients qui ont bénéficié dans le cadre d’une chimioradiothérapie concomitante d’une tomographie conique hebdomadaire, Lim et al. ont montré que l’on observait une diminution de 40 % du volume tumoral à la 15e séance et de 50 % à l’issue du traitement [28]. Ces modifications volumétriques importantes soulèvent le problème de l’intérêt d’une radiothérapie adaptative qui pourrait permettre d’augmenter la dose dans la tumeur tout en épargnant les tissus sains. Pour Gillham et al., une radiothérapie adaptative basée sur des modifications volumétriques et métaboliques évaluées par une TEP/scanographie au (18 F)-FDG [(18 F)-fluorodésoxyglucose)] après 50 Gy n’a apporté que peu de bénéfice, la diminution médiane observée du volume cible prévisionnel à 50 Gy étant de 20 % [39]. Woodford et al. ont cependant montré que pour les patients chez qui une décroissance du volume tumoral macroscopique (gross tumour volume [GTV]) de plus de 30 % durant les 20 premières fractions, la 426 G. Louvel et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 tomothérapie pourrait faire diminuer la dose délivrée aux organes à risque [40]. De même, Ramsey et al. ont montré que le volume de poumon recevant 20 Gy ou plus (V20) pouvait être réduit en moyenne de 21 % par les techniques de radiothérapie adaptative [27]. Ces études dosimétriques doivent cependant être analysées avec prudence car il existe très peu ou pas données cliniques. Le postulat d’une régression proportionnelle entre le volume cible anatomoclinique et le volume tumoral macroscopique en cours d’irradiation thoracique n’est par ailleurs pas clairement démontré (exposant à une augmentation du risque de récidive s’il n’était pas confirmé). 2.3. Radiothérapie adaptative 2.3.1. Radiothérapie adaptative par replanifications en cours de traitement : cas du cancer de la sphère ORL Trois études randomisées ont montré une amélioration du flux salivaire post-thérapeutique par des techniques de modulation d’intensité [41–43]. La nécessité d’obtenir une méthode robuste du contrôle des variations anatomiques en cours d’irradiation ORL est donc mise en exergue dans le cadre de ces nouvelles techniques très conformationnelles. Plusieurs études ont montré que malgré des systèmes de contention performants en radiothérapie de la sphère ORL (masque cinq points), les incertitudes de déplacement des différentes régions du cou dépassaient 5 mm (mouvements de translation des organes, en particulier les organes mobiles avec la déglutition) [44,45]. Il existe par ailleurs une flexibilité complexe des différentes régions d’intérêt en ORL les unes par rapport aux autres, en partie favorisées par les déformations anatomiques survenant en cours de radiothérapie : régressions le plus souvent majeures du volume tumoral macroscopique et de l’ordre de 30 % du volume des glandes salivaires à l’issue de la radiothérapie, et amaigrissement du patient [46]. Tous ces éléments sont responsables en particulier d’un déplacement des parotides vers la ligne médiane, pendant l’ensemble du traitement, de 3 à 5 mm [46,47]. L’utilisation de marges (usuellement de 5 mm) autour du volume cible anatomoclinique, ainsi que l’imagerie portale sont insuffisantes pour prendre en compte la complexité de ces variations anatomiques survenant en cours de traitement. Les techniques actuelles de radiothérapie guidée par l’image (tomographie conique) apparaissent aussi insuffisantes pour corriger l’ensemble de ces déformations anatomiques, dans un objectif de conservation de l’épargne planifiée des parotides grâce à la RCMI. La prise en compte de toutes ces incertitudes implique la réalisation d’une ou plusieurs replanifications en cours de traitement, illustrant ainsi très clairement le concept de radiothérapie adaptative. Cependant, du fait de la complexité des variations, il n’est pas facile de définir la fréquence des replanifications. La quantification du bénéfice dosimétrique de la radiothérapie adaptative nécessite de pouvoir cumuler la dose délivrée séance après séance dans des structures déformables, d’une part, en l’absence de replanification et, d’autre part, en cas de replanifications pour les rapporter finalement sur le scanner de planification et les comparer à la planification initiale. La Fig. 1 présente les histogrammes dosevolume de la glande parotide droite en cas de RCMI d’une tumeur de l’oropharynx classée T3N0. Trois histogrammes dose-volume sont présentés : celui calculé lors de la planification initiale, celui correspondant à la dose cumulée par recalage élastique en l’absence de replanification et celui correspondant à la dose cumulée après replanification. Le procédé de calcul de dose cumulée par recalage élastique a été détaillé dans un article précédent [48] et il est repris en détail dans le dernier paragraphe et la Fig. 2 de cet article. La radiothérapie adaptative permet dans cet exemple de corriger le surdosage survenant en cours d’irradiation du fait des variations anatomiques. Wu et al., en 2009, par recalage élastique ont ainsi pu calculer la dose cumulée grâce à six scanographies Fig. 1. Histogrammes dose-volume de la glande parotide droite en cas d’image avec modulation d’intensité (RCMI) d’une tumeur de l’oropharynx classée T3N0 : 1 : histogramme dose-volume calculé lors de la planification initiale (rouge) ; 2 : histogramme dose-volume correspondant à la dose cumulée en l’absence de replanifications (vert) ; 3 : histogramme dose-volume correspondant à la dose cumulée après replanifications (bleu). Les doses cumulées ont été calculées par recalage élastique. La radiothérapie adaptative permet de corriger le surdosage survenant en cours d’irradiation du fait des variations anatomiques. hebdomadaires réalisées sur 11 patients recevant une RCMI [9]. Le bénéfice de différentes fréquences de radiothérapie adaptative a pu ainsi être modélisé et quantifié. En l’absence de replanification, les doses cumulées dans les glandes parotides étaient augmentées de 10 % par rapport à la dose planifiée, mais les doses délivrées aux autres organes à risque étaient peu modifiées. Selon les différentes stratégies de radiothérapie adaptative, la dose moyenne aux parotides était diminuée de 3 % après une seule replanification, de 5 % après deux replanifications et de 8 % après une replanification hebdomadaire. La dose cumulée aux volumes cibles (anatomocliniques) était comparable quelle que soit la marge utilisée pour construire le volume cible prévisionnel (0, 3 ou 5 mm). Ainsi, la conjugaison d’une marge réduite autour du volume cible anatomoclinique et d’une replanification hebdomadaire permettait de réduire de 30 % la dose aux parotides. Cette étude était uniquement dosimétrique. Schwartz et al. ont présenté des résultats cliniques de la radiothérapie adaptative grâce à la réalisation d’une scanographie chaque jour en salle de traitement sur 24 patients [49]. Le choix de la replanification était laissé libre à la discrétion du médecin : tous les patients ont bénéficié d’une replanification et huit ont bénéficié d’une seconde replanification. Ces replanifications étaient réalisées sans expansion de marge autour du volume cible anatomoclinique. Aucun « sous-dosage » (perte au moins de 5 % de la dose prescrite) des volumes à haut risque n’a été retrouvé malgré l’absence de marges pour le volume cible prévisionnel. La dose délivrée aux parotides était réduite de 3,9 % pour la parotide homolatérale et 2,8 % pour la parotide controlatérale par une replanification et de respectivement 9 % et 3,8 % en cas de seconde replanification. Le taux de contrôle local était de 100 % et régional de 95 % à deux ans. Cet essai a été le premier à démontrer la faisabilité pratique de la radiothérapie adaptative automatisée (par recalage déformable) en ORL. Un essai français randomisé (étude Artix) va évaluer le bénéfice clinique et dosimétrique d’une RCMI adaptative avec replanification hebdomadaire (bras expérimental) par rapport à une RCMI basée sur seule planification initiale (bras standard) dans les tumeurs localement évoluées de l’oropharynx. L’étape suivante, beaucoup plus complexe, est de proposer une radiothérapie adaptée non pas seulement sur les variations morphologiques mais aussi sur les variations biologiques tumorales guidées par TEP en cours de traitement (à condition d’avoir résolu les problématiques de segmentation). G. Louvel et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 427 Fig. 2. Processus de cumul de dose chez un patient traité par radiothérapie dans le cadre d’un cancer ORL, permettant d’obtenir un histogramme dose-volume cumulatif et une représentation visuelle tridimensionnelle du différentiel entre dose planifiée et dose cumulée (exemple sur les glandes parotides). CBCT : tomographie conique. Au total, du fait des variations morphologiques majeures (fonte tumorale et des glandes salivaires) survenant en cours d’irradiation de la sphère ORL, une technique de radiothérapie adaptative basée sur des replanifications semble justifiée. Ces techniques très complexes et coûteuses nécessitent néanmoins une évaluation médico-économique rigoureuse avant d’être utilisées en routine. 2.3.2. Radiothérapie adaptative par utilisation de « librairies » de planifications : cas du cancer du col de l’utérus L’irradiation de l’utérus pose le problème en particulier du mouvement de bascule du fond utérin (jusqu’à 5 cm) du fait surtout des variations de volume vésical [50] et dans une moindre mesure de la fonte tumorale de la tumeur cervicale. Dans ce contexte, une approche intéressante est de générer plusieurs planifications (deux à cinq par exemple) en situation de vessie vide, mi-remplie et pleine [51]. Une tomographie conique pourrait être effectuée à chaque séance. Les volumes cibles prévisionnels correspondant à chacune des planifications pourraient alors être superposés à la tomographie conique et l’opérateur pourrait ensuite choisir le plan de traitement le plus approprié. Cette approche nouvelle ajustée à une position potentielle de l’utérus pourrait finalement permettre de diminuer la toxicité mais nécessite bien sûr une validation clinique. 3. Vers une radiothérapie adaptative guidée par la dose : problématique du cumul de dose dans des structures déformables Le calcul d’une distribution de dose cumulée, séance après séance, dans les différentes structures anatomiques qui peuvent se déformer en cours d’irradiation est crucial. En effet, la dose cumulée ramenée sur l’image de planification pourra être comparée à la distribution de dose planifiée initialement, et en cas de dérive, une stratégie de radiothérapie adaptative basée sur une replanification pourra être déclenchée. Ce cumul de dose permettra par ailleurs d’ajuster les replanifications, idéalement par RCMI. Ce calcul est cependant très complexe. La dose cumulée par les différentes structures anatomiques séance après séance peut être estimée en cours de traitement, à chaque nouvelle acquisition de scanographique ou tomographique conique, grâce aux techniques de recalage déformable. La méthodologie employée pour effectuer ce cumul de dose repose classiquement sur trois étapes illustrées Fig. 2. Chacune de ces étapes est susceptible d’engendrer des erreurs sur la dose cumulée finalement estimée. Tout d’abord, la distribution de dose sur l’image nouvellement acquise doit être calculée à partir de la balistique de planification et en tenant compte du repositionnement de la table de traitement. Dans certains cas, une hypothèse « d’invariance de la dose à la translation » pourra être posée [52,53]. Par exemple, dans un cas prostatique, la distribution de dose autour de la cible variera très peu, du fait de l’homogénéité des tissus et de leur faible variation de profondeur par rapport au contour externe du patient. Les erreurs d’approximation liées à cette hypothèse demandent toutefois à être quantifiées. Dans d’autres localisations, comme en ORL, cette hypothèse ne peut être admise et un nouveau calcul de la dose à partir de la balistique initiale s’impose. Pour une image scanographique, ce calcul peut être effectué soit par les algorithmes intégrés dans les systèmes de planification de traitement soit de façon plus fine et plus précise avec des simulations de Monte-Carlo 428 G. Louvel et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 [54]. Pour une tomographie conique, plusieurs artefacts sur l’image peuvent fausser les valeurs de densité. Il faut les prendre en compte et les corriger avant de recalculer la dose [55]. Une fois la distribution de dose calculée sur l’image nouvellement acquise, il est nécessaire de la déformer pour la ramener sur l’image de planification et donc la rendre « cumulable ». La déformation à appliquer est estimée par recalage déformable entre les deux images. Elle correspond à un champ de déformation qui fait correspondre à chaque voxel de l’image de planification un point dans l’image acquise en cours de traitement. Il existe un grand nombre d’algorithmes de recalage, qui donneront tous des champs de déformation différents pour un résultat visuel identique. Une grande prudence doit donc être de mise et chaque algorithme proposé doit faire l’objet d’une validation extensive selon la localisation considérée [56,57]. De même, plusieurs méthodes d’estimation de la dose cumulable à partir d’un champ de déformation ont été proposées. La technique la plus utilisée consiste en une interpolation trilinéaire de la dose par application directe du champ de déformation sur la carte de dose [58]. Cette interpolation peut cependant être source d’erreur dans les zones hétérogènes en densité [59]. Afin d’améliorer l’estimation de dose cumulée, plusieurs méthodes ont été proposées par utilisation de calculs plus précis de la dose par simulations de Monte-Carlo. Une des possibilités est de calculer la dose directement sur la géométrie déformée afin de s’affranchir des erreurs d’interpolation [60]. Une autre approche est d’appliquer les vecteurs issus du recalage non pas à la dose mais à l’énergie et à la masse [59,61]. Pour chaque voxel de la scanographie de planification, la contribution en énergie et en masse des voxels des images de suivi est calculée. L’évaluation de ces différentes approches nécessite l’utilisation d’une référence. Pour accéder à une telle référence, une approche repose sur l’utilisation de fantômes numériques intégrant un modèle biomécanique de déformation des organes. Ils permettent une connaissance parfaite des déformations et pourraient ainsi être utilisés pour l’élaboration d’une vérité terrain de dose cumulée. Une autre possibilité serait l’utilisation de fantômes physiques déformables [62]. Des mesures de dose en différents points pourraient être ainsi effectuées et comparées à la dose cumulée obtenue par recalage. Cependant, la mesure précise de l’impact de la déformation des tissus grâce à des fantômes physique reste un problème ouvert. 4. Conclusions La radiothérapie guidée par l’image s’est complexifiée de manière importante ces dix dernières années. Sa forme la plus simple utilisée en cas d’irradiation prostatique est un recalage rigide associé à des marges optimisées. La radiothérapie guidée par l’image a ensuite évolué vers une prise en compte plus exhaustive des variations anatomiques (déformations des organes) survenant en cours d’irradiation. L’apparition de la radiothérapie adaptative guidée par la dose impose finalement une connaissance pour l’oncologue radiothérapeute des problématiques complexes de cumul de dose et de recalage déformable, sans oublier celles correspondant à la délinéation et aux techniques de RCMI. Ces techniques complexes et coûteuses nécessitent des évaluations prospectives et un contrôle de qualité très rigoureux. Elles devraient permettre finalement à terme que la dose planifiée initialement soit bien celle délivrée au patient. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Daisne JF, Duprez T, Weynand B, Lonneux M, Hamoir M, Reychler H, et al. Tumor volume in pharyngolaryngeal squamous cell carcinoma: comparison at CT, MR imaging, and FDG PET and validation with surgical specimen. Radiology 2004;233:93–100. [2] Devic S, Tomic N, Faria S, Menard S, Lisbona R, Lehnert S. Defining radiotherapy target volumes using 18F-fluoro-deoxy-glucose positron emission tomography/computed tomography: still a Pandora’s box. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;78:1555–62. [3] Lafond C, Jouyaux F, Bellec J, Henry O, Perdrieux M, Chajon E, et al. Quelle RCMI ? Du step and shoot au VMAT : point de vue du physicien. Cancer Radiother 2010;14:539–49. [4] Vieillot S, Fenoglietto P, Moscardo CL, Aillères N, Lemanski C, Dubois JB, et al. Quelle radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité ? De la technique step and shoot à l’arcthérapie, point de vue de l’oncologue radiotherapeute. Cancer Radiother 2010;14:550–3. [5] Kantor G, Mahé MA, Giraud P, Alapetite C, Durdux C, Fourquet A, et al. Évaluation nationale de la tomothérapie hélicoïdale : description des indications, des contraintes de dose et des seuils de repositionnement. Cancer Radiother 2007;11:331–7. [6] Pommier P, Gassa F, Lafay F, Claude L. Radiothérapie guidée par l’image avec le Cone Beam CT kV (Elekta) : expérience du centre Léon-Bérard. Cancer Radiother 2009;13:384–90. [7] Delpon G, Llagostera C, Le Blanc M, Rio E, Supiot S, Mahé MA, et al. Quelle radiothérapie guidée par l’image pour quels patients ? Expérience concomitante de l’utilisation de trois dispositifs d’imagerie de repositionnement dans le cas du cancer de la prostate. Cancer Radiother 2009;13:399–407. [8] Thilmann C, Nill S, Tucking T, Hoss A, Hesse B, Dietrich L, et al. Correction of patient positioning errors based on in-line cone beam CTs: clinical implementation and first experiences. Radiat Oncol 2006;1:16. [9] Wu Q, Chi Y, Chen PY, Krauss DJ, Yan D, Martinez A. Adaptive replanning strategies accounting for shrinkage in head and neck IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;75:924–32. [10] Hansen EK, Bucci MK, Quivey JM, Weinberg V, Xia P. Repeat CT imaging and replanning during the course of IMRT for head and neck cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:355–62. [11] Pouliot J. Megavoltage imaging, megavoltage cone beam CT and dose-guided radiation therapy. Front Radiat Ther Oncol 2007;40:132–42. [12] Anderson NS, Yu JB, Peschel RE, Decker RH. A significant decrease in rectal volume and diameter during prostate IMRT. Radiother Oncol 2011;98: 187–91. [13] de Crevoisier R, Tucker SL, Dong L, Mohan R, Cheung R, Cox JD, et al. Increased risk of biochemical and local failure in patients with distended rectum on the planning CT for prostate cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:965–73. [14] Heemsbergen WD, Hoogeman MS, Witte MG, Peeters ST, Incrocci L, Lebesque JV. Increased risk of biochemical and clinical failure for prostate patients with a large rectum at radiotherapy planning: results from the Dutch trial of 68 Gy versus 78 Gy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:1418–24. [15] Ogino I, Uemura H, Inoue T, Kubota Y, Nomura K, Okamoto N. Reduction of prostate motion by removal of gas in rectum during radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:456–66. [16] Smitsmans MH, Pos FJ, de Bois J, Heemsbergen WD, Sonke JJ, Lebesque JV, et al. The influence of a dietary protocol on cone beam CT-guided radiotherapy for prostate cancer patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71: 1279–86. [17] Zelefsky MJ, Kollmeier M, Cox B, Fidaleo A, Sperling D, Pei X, et al. Improved clinical outcomes with high-dose image-guided radiotherapy compared with non-IGRT for the treatment of clinically localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012, http://dx.doi.org/10.1016/j.ijrobp.2011.11.047. [18] de Crevoisier R, Pommier P, Bachaud J, Créhange G, Boutry C, Chauvet B, et al. Image-guided radiation therapy (IGRT) in prostate cancer: preliminary results in prostate registration and acute toxicity of a randomized study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;75:S99. [19] Park SS, Yan D, McGrath S, Dilworth JT, Liang J, Ye H, et al. Adaptive imageguided radiotherapy (IGRT) eliminates the risk of biochemical failure caused by the bias of rectal distension in prostate cancer treatment planning: clinical evidence. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:947–52. [20] Shi W, Li JG, Zlotecki RA, Yeung A, Newlin H, Palta J, et al. Evaluation of kV cone beam ct performance for prostate IGRT: a comparison of automatic grey-value alignment to implanted fiducial marker alignment. Am J Clin Oncol 2011;34:16–21. [21] Barney BM, Lee RJ, Handrahan D, Welsh KT, Cook JT, Sause WT. Image-guided radiotherapy (IGRT) for prostate cancer comparing kV imaging of fiducial markers with cone beam computed tomography (CBCT). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:301–5. [22] Lutgendorf-Caucig C, Fotina I, Stock M, Potter R, Goldner G, Georg D. Feasibility of CBCT-based target and normal structure delineation in prostate cancer radiotherapy: multi-observer and image multimodality study. Radiother Oncol 2011;98:154–61. [23] Chung HT, Xia P, Chan LW, Park-Somers E, Roach 3rd M. Does image-guided radiotherapy improve toxicity profile in whole pelvic-treated high-risk prostate cancer? Comparison between IG-IMRT and IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:53–60. G. Louvel et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 423–429 [24] Créhange G, Mirjolet C, Gauthier M, Martin E, Truc G, Peignaux-Casasnovas K, et al. Clinical impact of margin reduction on late toxicity and short-term biochemical control for patients treated with daily on-line image-guided IMRT for prostate cancer. Radiother Oncol 2012;103:244–6. [25] National Comprehensive Cancer Network® (NCCN® ). NCCN® guidelines for treatment of cancer by site. Fort Washington, PA: NCCN® . Copyright© 2012. Disponibles à l’adresse : http://www.nccn.org/index.asp. (Accès le 11/7/12). [26] Giraud P, Reboul F, Clippe S, Garcia R, Carrie C, Campana F, et al. La radiothérapie asservie à la respiration : nouvelles techniques et benefices attendus. Cancer Radiother 2003;7:15s–25s. [27] Ramsey CR, Langen KM, Kupelian PA, Scaperoth DD, Meeks SL, Mahan SL, et al. A technique for adaptive image-guided helical tomotherapy for lung cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:1237–44. [28] Lim G, Bezjak A, Higgins J, Moseley D, Hope AJ, Sun A, et al. Tumor regression and positional changes in non-small cell lung cancer during radical radiotherapy. J Thorac Oncol 2011;6:531–6. [29] Purdie TG, Bissonnette JP, Franks K, Bezjak A, Payne D, Sie F, et al. Cone beam computed tomography for on-line image guidance of lung stereotactic radiotherapy: localization, verification, and intrafraction tumor position. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:243–52. [30] Bissonnette JP, Purdie TG, Higgins JA, Li W, Bezjak A. Cone beam computed tomographic image guidance for lung cancer radiation therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:927–34. [31] Sidhu K, Ford EC, Spirou S, Yorke E, Chang J, Mueller K, et al. Optimization of conformal thoracic radiotherapy using cone beam CT imaging for treatment verification. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;55:757–67. [32] Bosmans G, van Baardwijk A, Dekker A, Ollers M, Boersma L, Minken A, et al. Intrapatient variability of tumor volume and tumor motion during conventionally fractionated radiotherapy for locally advanced non-small cell lung cancer: a prospective clinical study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:748–53. [33] Vergalasova I, Maurer J, Yin FF. Potential underestimation of the internal target volume (ITV) from free-breathing CBCT. Med Phys 2012;38:4689–99. [34] Kida S, Saotome N, Masutani Y, Yamashita H, Ohtomo K, Nakagawa K, et al. 4DCBCT reconstruction using MV portal imaging during volumetric modulated arc therapy. Radiother Oncol 2011;100:380–5. [35] Britton KR, Starkschall G, Tucker SL, Pan T, Nelson C, Chang JY, et al. Assessment of gross tumor volume regression and motion changes during radiotherapy for non-small cell lung cancer as measured by four-dimensional computed tomography. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:1036–46. [36] Kupelian PA, Ramsey C, Meeks SL, Willoughby TR, Forbes A, Wagner TH, et al. Serial megavoltage CT imaging during external beam radiotherapy for nonsmall cell lung cancer: observations on tumor regression during treatment. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:1024–8. [37] Erridge SC, Seppenwoolde Y, Muller SH, van Herk M, De Jaeger K, Belderbos JS, et al. Portal imaging to assess setup errors, tumor motion and tumor shrinkage during conformal radiotherapy of non-small cell lung cancer. Radiother Oncol 2003;66:75–85. [38] Underberg RW, Lagerwaard FJ, van Tinteren H, Cuijpers JP, Slotman BJ, Senan S. Time trends in target volumes for stage I non-small cell lung cancer after stereotactic radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:1221–8. [39] Gillham C, Zips D, Ponisch F, Evers C, Enghardt W, Abolmaali N, et al. Additional PET/CT in week 5–6 of radiotherapy for patients with stage III non-small cell lung cancer as a means of dose escalation planning. Radiother Oncol 2008;88:335–41. [40] Woodford C, Yartsev S, Dar AR, Bauman G, Van Dyk J. Adaptive radiotherapy planning on decreasing gross tumor volumes as seen on megavoltage computed tomography images. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;69:1316–22. [41] Pow EH, Kwong DL, McMillan AS, Wong MC, Sham JS, Leung LH, et al. Xerostomia and quality of life after intensity-modulated radiotherapy vs. conventional radiotherapy for early-stage nasopharyngeal carcinoma: initial report on a randomized controlled clinical trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66: 981–91. [42] Nutting CM, Morden JP, Harrington KJ, Urbano TG, Bhide SA, Clark C, et al. Parotid-sparing intensity-modulated versus conventional radiotherapy in head [43] [44] [45] [46] [47] [48] [49] [50] [51] [52] [53] [54] [55] [56] [57] [58] [59] [60] [61] [62] 429 and neck cancer (PARSPORT): a phase 3 multicentre randomised controlled trial. Lancet Oncol 2011;12:127–36. Kam MK, Leung SF, Zee B, Chau RM, Suen JJ, Mo F, et al. Prospective randomized study of intensity-modulated radiotherapy on salivary gland function in earlystage nasopharyngeal carcinoma patients. J Clin Oncol 2007;25:4873–9. van Kranen S, van Beek S, Rasch C, van Herk M, Sonke JJ. Setup uncertainties of anatomical sub-regions in head and neck cancer patients after offline CBCT guidance. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:1566–73. Zhang L, Garden AS, Lo J, Ang KK, Ahamad A, Morrison WH, et al. Multiple regions-of-interest analysis of setup uncertainties for head and neck cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:1559–69. Barker JLJJr, Garden AS, Ang KK, O’Daniel JC, Wang H, Court LE, et al. Quantification of volumetric and geometric changes occurring during fractionated radiotherapy for head and neck cancer using an integrated CT/linear accelerator system. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;59:960–70. Lee C, Langen KM, Lu W, Haimerl J, Schnarr E, Ruchala KJ, et al. Evaluation of geometric changes of parotid glands during head and neck cancer radiotherapy using daily MVCT and automatic deformable registration. Radiother Oncol 2008;89:81–8. Cazoulat G, Lesaunier M, Simon A, Haigron P, Acosta O, Louvel G, et al. De la radiotherapie guidee par l’image a la radiotherapie guidee par la dose. Cancer Radiother 2011;15:691–8. Schwartz DL, Garden AS, Thomas J, Chen Y, Zhang Y, Lewin J, et al. Adaptive radiotherapy for head and neck cancer: initial clinical outcomes from a prospective trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:986–93. Ahmad R, Hoogeman MS, Bondar M, Dhawtal V, Quint S, De Pree I, et al. Increasing treatment accuracy for cervical cancer patients using correlations between bladder-filling change and cervix-uterus displacements: proof of principle. Radiother Oncol 2011;98:340–6. Bondar ML, Hoogeman MS, Mens JW, Quint S, Ahmad R, Dhawtal G, et al. Individualized nonadaptive and on-line adaptive intensity-modulated radiotherapy treatment strategies for cervical cancer patients based on pretreatment acquired variable bladder-filling computed tomography scans. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:1617–23. Baum C, Alber M, Birkner M, Nusslin F. Treatment simulation approaches for the estimation of the distributions of treatment quality parameters generated by geometrical uncertainties. Phys Med Biol 2004;49:5475–88. Craig T, Battista J, Van Dyk J. Limitations of a convolution method for modeling geometric uncertainties in radiation therapy. I. The effect of shift invariance. Med Phys 2003;30:2001–11. Paganetti H, Jiang H, Adams JA, Chen GT, Rietzel E. Monte Carlo simulations with time-dependent geometries to investigate effects of organ motion with high temporal resolution. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:942–50. Cheung J, Aubry JF, Yom SS, Gottschalk AR, Celi JC, Pouliot J. Dose recalculation and the dose-guided radiation therapy (DGRT) process using megavoltage cone beam CT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:583–92. Brock KK. Results of a multi-institution deformable registration accuracy study (MIDRAS). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:583–96. Kashani R, Hub M, Balter JM, Kessler ML, Dong L, Zhang L, et al. Objective assessment of deformable image registration in radiotherapy: a multi-institution study. Med Phys 2008;35:5944–53. Rosu M, Chetty IJ, Balter JM, Kessler ML, McShan DL, Ten Haken RK. Dose reconstruction in deforming lung anatomy: dose grid size effects and clinical implications. Med Phys 2005;32:2487–95. Siebers JV, Zhong H. An energy transfer method for 4D Monte Carlo dose calculation. Med Phys 2008;35:4096–105. Heath E, Seuntjens J. A direct voxel tracking method for four-dimensional Monte Carlo dose calculations in deforming anatomy. Med Phys 2006;33:434–45. Zhong H, Siebers JV. Monte Carlo dose mapping on deforming anatomy. Phys Med Biol 2009;54:5815–30. Janssens G, de Xivry JO, Fekkes S, Dekker A, Macq B, Lambin P, et al. Evaluation of nonrigid registration models for interfraction dose accumulation in radiotherapy. Med Phys 2009;36:4268–76. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Radiothérapie guidée par l’image des cancers prostatiques : concepts et implications Image-guided radiotherapy in prostate cancer: Concepts and implications G. Créhange a,∗,b,c , E. Martin a , S. Supiot d , O. Chapet e , F. Mazoyer f , S. Naudy f , P. Maingon a a Département de radiothérapie, centre Georges-François-Leclerc, 1, rue du Professeur-Marion, 21000 Dijon, France Unité 5158, laboratoire électronique, d’instrumentation et d’informatique de l’image (Le2I), CNRS, 7, boulevard Jeanne-d’Arc, BP 87900, 21079 Dijon cedex, France Université de Bourgogne, 7, boulevard Jeanne-d’Arc, BP 87900, 21079 Dijon cedex, France d Département de radiothérapie, centre René-Gauducheau, institut de cancérologie de l’Ouest, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain cedex, France e Département de radiothérapie, centre hospitalier Lyon-Sud, chemin du Grand-Revoyet, 69310 Pierre-Bénite, France f Unité de radiophysique, département de radiothérapie, centre Georges-François-Leclerc, 1, rue du Professeur-Marion, 21000 Dijon, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 23 août 2012 Mots clés : IGRT Cancers de la prostate Revue r é s u m é La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) et la radiothérapie guidée par l’image sont deux évolutions technologiques qui, appliquées au modèle des cancers prostatiques, ont permis de voir diminuer significativement la toxicité et les séquelles digestives et urinaires de la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle. Le bénéfice clinique majeur de ces techniques sur la diminution de la toxicité digestive et urinaire est indiscutable puisque les séquelles observées à dix ans sont devenues rares avec ces techniques (2 % de cas de toxicité digestive de grade 2 et 1 % de grade 3, 11 % de cas de toxicité urinaire de grade 2 et 5 % de grade 3). Si ces deux techniques sont conjuguées, la toxicité tardive génito-urinaire s’en trouve encore réduite. En l’absence de radiothérapie adaptative, les protocoles de radiothérapie guidée par l’image et les techniques de repositionnement sont multiples et doivent imposer une rigueur importante dans chaque étape du processus : installation et système de contention, technique de repositionnement avec ou sans repères fiduciels, type d’imagerie de repositionnement, définition des marges inhérentes à chaque technique (prostate, vésicules séminales et/ou ganglions pelviens), fréquence de repositionnement au cours du traitement, règles diététiques avec ou sans lavement rectal. Pour ces raisons, chaque centre pratiquant la radiothérapie guidée par l’image doit évaluer avec attention et rigoureusement les incertitudes de repositionnement liées à sa technique. Dans cette revue, nous avons fait une analyse des données de la littérature basées sur les études dosimétriques et l’impact clinique prouvé répondant aux différentes questions se posant aux oncologues radiothérapeutes à chaque étape du processus de radiothérapie guidée par l’image des cancers de la prostate. Des recommandations sont faites sur des protocoles de repositionnement en fonction des techniques de repositionnement les plus répandues : repères fiduciels ou tissus mous, tomographie conique de basse (kV) ou haute (MV) énergie, échographie tridimensionnelle. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: IGRT Prostate cancer Review Intensity modulated radiotherapy (IMRT) and image-guided radiotherapy (IGRT) are technological developments, which when applied in a model of prostate cancer, led to a significant reduction in the toxicity and digestive and urinary sequelae of 3D conformational radiotherapy. The major clinical benefits of these techniques with regard to reduced digestive and urinary toxicity are unequivocal since very few sequelae have been reported at 10 years (2% of grade 2 and 1% of grade 3 digestive toxicity; 11% of grade 2 and 5% of grade 3 urinary toxicity). Even when these two techniques are combined, IG–IMRT significantly diminishes late genitourinary toxicity. In the absence of adaptive radiotherapy, there are many IGRT protocols and repositioning techniques, and every step in the IGRT process must be carried out with extreme rigor: installing the patient and contention system, repositioning technique with or without fiduciary markers, type of repositioning imaging, definition of margins inherent in each technique ∗ Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (G. Créhange). 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.183 G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 431 (prostate, seminal vesicles and/or pelvic lymph nodes), frequency of repositioning during treatment, dietary constraints with or without rectal lavage. For these reasons, every centre that performs IGRT must carefully and rigorously assess the uncertainties of repositioning linked to the IGRT technique. In this review, we analyzed data from the literature based on dosimetric studies and the proven clinical impact in order to answer the different questions asked by radiation oncologists at every step of the IGRT process for cancer of the prostate. Recommendations are made for the repositioning protocols according to the most widely used repositioning techniques: fiduciary markers or soft tissues, kV-CBCT or MV-CBCT, 3D ultrasonography. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction Deux évolutions technologiques majeures apparues depuis dix ans ont permis d’améliorer les taux de guérison ainsi que de réduire les séquelles possibles liées à la radiothérapie : la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) (en anglais : intensity modulated radiation therapy [IMRT]) et la radiothérapie conformationnelle guidée par l’image (en anglais : image-guided radiation therapy [IGRT]) [1]. Ces deux évolutions technologiques ont été implémentées dans le modèle des tumeurs prostatiques avec un rationnel et un niveau de preuve fort des observations faites en radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle : les tumeurs de prostate localisées bénéficient d’une escalade de dose au-delà de 72 Gy [2] ; le rectum et la vessie entourant la prostate sont responsables des principaux mouvements de la prostate ou de la loge prostatique postopératoire au cours du temps et sont exposés aux risques d’une escalade de dose. Zelefsky et al. ont montré à dix ans qu’une RCMI de 81 Gy ou plus permettait d’obtenir d’excellents taux de contrôle biochimique avec des taux de mortalité liée au cancer très faible à dix ans aussi bien chez les patients atteints de cancer de risque favorable (respectivement 81 % et 0 %), qu’intermédiaire (respectivement 78 % et 3 %) et à haut risque (respectivement 62 % et 14 %) [3]. Actuellement, le même groupe du Memorial Sloan-Kettering Cancer center a montré que les séquelles sont devenues rares avec un recul de dix ans, grâce à la RCMI : 2 % de cas de toxicité digestive de grade 2 et 1 % de grade 3, 11 % de cas de toxicité urinaire de grade 2 et 5 % de grade 3 [3]. La RCMI a permis de voir diminuer significativement la taille des faisceaux d’irradiation pour se conformer uniformément au plus près de la prostate. Cette technique induit en contrepartie une fréquence plus élevée d’incertitudes du ciblage prostatique liées au repositionnement et aux mouvements internes [4–6]. Parallèlement au développement dans la pratique courante de la RCMI, les analyses ancillaires de deux essais randomisés de phase III testant une escalade de dose ont permis de montrer que la distension rectale, mesurée avant traitement lors de la simulation, était responsable d’un contrôle biochimique du PSA inférieur et un risque de morbidité rectale supérieur [7,8]. En d’autres termes, ces analyses nous montrent que les erreurs systématiques mesurées lors de la planification du traitement sont associées à un traitement moins efficace. L’impact de cette distension rectale a une influence majeure sur le contrôle biochimique avec un rôle significativement plus important que la classe pronostique à laquelle appartient un patient. En d’autres termes, les patients atteints d’un cancer de prostate de groupe intermédiaire ou défavorable qui n’ont pas de rectum distendu au moment de la planification ont des taux de contrôle biochimique similaires à ceux des patients du groupe pronostique favorable. Ces résultats ont eu un impact majeur pour le développement de la radiothérapie guidée par l’image dans la pratique courante, car il est reconnu que l’observation d’un rectum distendu à la simulation peut refléter une population de patients que l’on présentera comme ayant un rectum « instable ». Ces patients qui ont des gaz mobiles peuvent être exposés pendant une séance de radiothérapie à des déplacements prostatiques de plus d’1 cm justifiant l’intérêt plus important de suivre les mouvements de la prostate pendant toute la durée de la radiothérapie grâce à l’imagerie embarquée, plus que de réduire les erreurs systématiques observées lors de la planification [9]. La conjugaison des deux techniques, RCMI et guidage par l’image, est utile et a même récemment prouvé son bénéfice en termes de contrôle biochimique, en réduisant de plus significativement la toxicité tardive urinaire [10]. 2. Différentes modalités de repositionnement La radiothérapie guidée par l’image est devenue une technique utilisée en routine et implantée dans une majorité de centres. Elle devient obligatoire dans tout nouveau protocole académique de recherche clinique testant une radiothérapie moderne avec escalade de dose. Néanmoins, la technique de repositionnement optimale de radiothérapie guidée par l’image reste toujours inconnue à ce jour. Plusieurs méthodes existent : marqueurs intraprostatiques, échographie, scanographie sur rails, tomographie à faisceau conique (en anglais : cone beam computed tomography [CBCT]), transpondeurs électromagnétiques intraprostatiques, IRM (investigationnel). Nous avons choisi de décrire et rapporter les résultats de la littérature pour les systèmes actuellement les plus diffusés dans la pratique courante : échographie, imagerie portale avec marqueurs fiduciels et tomographie conique avec ou sans repères fiduciels. 2.1. Imagerie orthogonale de basse ou haute énergie utilisant un rayonnement X (bidimensionnelle) Il s’agit du système de repositionnement le plus répandu. Ce système de repositionnement bidimensionnel impose la mise en place au préalable de repères fiduciels intraprostatiques (grains d’or) afin d’obtenir une visualisation indirecte de la position de la prostate sur des clichés orthogonaux (0◦ et 90◦ ). Ces images sont comparées automatiquement ou manuellement avec les images de références (digitally reconstructed radiographs [DRR]) obtenues avec la scanographie de simulation. Afin d’éliminer les erreurs systématiques et aléatoires, une imagerie quotidienne pendant le traitement est requise. Les imageries portales sont utilisées afin de réduire les erreurs systématiques grâce à une intervention corrective de type off-line, réalisée après la séance par l’oncologue radiothérapeute. Un autre inconvénient de ce type de radiothérapie guidée par l’image est la qualité de l’image, qui est mauvaise et impose donc l’implantation invasive de marqueurs intraprostatiques. Son utilisation a l’avantage de vérifier la position des faisceaux et des lames dans le même temps. 2.2. Imagerie de basse ou haute énergie de type tomographie volumique à faisceau conique (tridimensionnelle) L’utilisation de l’imagerie scanographique dans la salle de traitement a pu se généraliser grâce à l’installation sur les accélérateurs de particules de systèmes d’imagerie embarquée qui incluent un 432 G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 dispositif produisant des rayons X de basse (kV) ou haute (MV) énergie associé à des détecteurs embarqués. La rotation du bras de l’accélérateur comportant la source de rayonnement X et un détecteur rétractable coaxial permet l’acquisition d’une tomographie volumique à faisceau conique. Ce type d’imagerie de basse énergie donne des images des tissus mous d’excellente qualité après reconstruction tridimensionnelle. Comme l’imagerie portale, la tomographie volumique à faisceau conique de haute énergie possède des inconvénients liés au faible contraste de l’image par rapport à la tomographie conique de basse énergie. À l’inverse de cette dernière, les artéfacts métalliques liés aux repères fiduciels ou aux prothèses de hanches apparaissent moins marqués. Dans la pratique courante, cette imagerie de repositionnement est principalement utilisée sur des appareils de tomothérapie (Hi-Art, Tomotherapy, Inc.). 2.3. Imagerie échographique La radiothérapie guidée par l’image échographique sus-pubienne bidimensionnelle (système BAT) ou tridimensionnelle (système SonArray®, Varian) est une méthode attractive, mais peu répandue. Elle a comme avantages de pouvoir repositionner directement la prostate sans implanter de marqueurs fiduciels et d’être non irradiante, en comparaison avec les autres techniques. Les limites de son utilisation reposent sur la qualité de l’image, liée à l’échogénicité du patient et l’absence de visualisation du pelvis osseux ou des vaisseaux en cas d’irradiation ganglionnaire associée. La variabilité entre les observateurs liée à cette technique et les déplacements prostatiques possibles induits par la pression abdominale de la sonde sont source d’erreurs et doivent faire imposer une marge d’au moins 5 mm autour de la prostate avec cette technique. 3. Impact de la marge La marge définissant le volume cible prévisionnel (planning target volume [PTV]) autour de la prostate est large en radiothérapie conformationnelle (0,8 à 1,5 cm). Cette marge est souvent même réduite à 0,5 cm en arrière pour diminuer la toxicité rectale. Les cancers de la prostate sont localisés dans cette zone anatomique dans 75-80 % des cas. Cette pratique est paradoxale en l’absence de guidage par l’image et conduit obligatoirement à un « sous-dosage » de la zone périphérique postérieure en fin de traitement, lié aux mouvements de la paroi rectale antérieure sur plusieurs semaines. Un des intérêts de la radiothérapie guidée par l’image par rapport à la RCMI seule est la réduction des marges autour du volume cible anatomoclinique (clinical target volume [CTV]), rendue possible par la réduction des erreurs systématiques et aléatoires liées au repositionnement quotidien des patients avant leurs séances (on-line) du patient et aux mouvements internes. Chaque millimètre pris en compte dans cette marge compte. Pour se représenter l’impact de chaque mm ajouté autour d’une prostate, nous avons considéré la prostate comme se rapprochant d’une sphère dont le volume est 4/3r3 = d3 /6 et la variation de volume de cette sphère quand on modifie son diamètre par l’adjonction d’une marge extérieure serait représentée par V = (d2 /2) d. Ainsi, pour une prostate de 50 cm3 , les volumes cibles prévisionnels à irradier avec des marges de 1 mm, 5 mm et 10 mm autour de la prostate seraient respectivement de 53 cm3 , 68 cm3 et 90 cm3 . Ces définitions de marges doivent être établies avec prudence et rigueur dans la pratique clinique, lorsque l’on réalise une radiothérapie guidée par l’image, avec ou sans modulation d’intensité, particulièrement pour les patients atteints de cancer à risque intermédiaire ou défavorable. Pour les patients atteints de cancer à faible risque, il est admis que le volume cible anatomoclinique soit égal au volume prostatique [11]. Chao et al. ont montré un risque d’extension extracapsulaire de 20 % dans une série de 371 patients traités par prostatectomie radicale pour un concentration sérique de PSA de plus 10ng/mL et un score de Gleason de 7 ou plus [12]. Cette extension au-delà de la capsule se fait dans la zone postérolatérale sur 4 à 5 mm. Deux essais de phase III d’escalade de dose (RT01 du Medical Research Council [MRC], et 9509 du Proton Radiation Oncology Group [PROG]) utilisaient dans la définition des volumes un volume cible anatomoclinique autour de la prostate pour prendre en compte ce risque [13,14]. Dans les essais plus anciens qui ont considéré que le volume cible anatomoclinique devait être représenté par la prostate (avec ou sans les vésicules séminales), la marge au-delà du volume cible anatomoclinique était de 1 à 1,5 cm [15]. Une dérive provenant de pratiques anciennes serait d’appliquer ces considérations liées à la définition de la marge dans le contexte de la RCMI guidée par l’image. Dans le cadre d’une RCMI guidée par l’image, après application d’un volume cible anatomoclinique adéquat, la set-up margin à adjoindre peut être réduit car lié à des facteurs techniques (immobilisation et stabilité de la machine) alors que l’internal margin à adjoindre pour aboutir au volume cible prévisionnel final reste liée à des facteurs physiologiques plus difficiles à contrôler en pratique. Pour ces raisons, en l’absence de marge spécifique par patient, des marges définies sur les déplacements moyens de la prostate observés sur des populations en fonction des différents moyens de contrôle du repositionnement sont souvent utilisées en routine dans chaque centre. 4. Quelle marge ? Quand des marqueurs intraprostatiques sont utilisés pour repositionner la prostate, une bonne corrélation des déplacements des repères fiduciels par rapport à l’isocentre a été observée lorsque des images issues de clichés orthogonaux (bidimensionnelles) était comparées à celles issues de la tomographie conique (tridimensionnelles). La réduction des erreurs systématiques et aléatoires inhérente à ces techniques de guidage par l’image permettait d’observer des déplacements moyens des repères fiduciels par rapport à l’isocentre au cours d’un traitement de sept à huit semaines de 3,80 mm contre 2,71 mm dans la direction antéropostérieure, 2,85 mm contre 2,55 mm dans la direction tête–pieds et 3,09 mm contre 3,31 mm dans la direction médiolatérale [16]. Rijkhorst et al. ont étudié les déplacements du volume cible anatomoclinique observés sur les tissus mous chez 19 patients à partir de huit à 13 scanographies réalisées pendant les sept à huit semaines de la RCMI, les déplacements observés ont permis d’établir une marge de 7 mm comme étant suffisante pour avoir une dose minimale de 95 % ou plus de la dose prescrite[17]. Une marge de 4 mm nécessiterait de pouvoir réaliser des corrections de rotation additionnelles. Une réduction des marges de 7 à 4 mm autour de la prostate permettait de réduire la dose reçue par le rectum ( EUD [Equivalent Uniform Dose]) = −2,6 Gy) et la vessie ( surface de vessie recevant 78 Gy ou plus = −1,9 %). La mobilité des vésicules séminales est plus importante que celle de la prostate et doit être prise en compte dans le cas d’une irradiation conjointe de la prostate et des vésicules séminales[18]. Cette mobilité est liée aux gaz mobiles qui prédominent à la partie crâniale de la prostate, mais peu à la partie caudale (jonction anorectale). Ces gaz mobiles sont responsables des mouvements de translations antéropostérieures des vésicules séminales et de rotations autour d’un axe gauche-droite de la prostate. L’utilisation d’une stratégie corrective associant la correction des mouvements de rotation améliore peu les erreurs de repositionnement des vésicules séminales, basées sur un repositionnement par marqueurs fiduciels intraprostatiques [19,20]. Une marge spécifique doit donc être appliquée spécifiquement autour des vésicules séminales pour 433 G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 Tableau 1 Caractéristiques techniques des différentes techniques de repositionnement en radiothérapie guidée par l’image : échographie tridimensionnelle, imagerie portale bidimensionnelle avec ou sans grains, imagerie tomographie à faisceau conique tridimensionnelle avec et sans grains. Radiographies orthogonales de haute énergie Dose Référence de repositionnement Précision (mm) Temps d’acquisition Sources d’incertitudes 8 cGy Repères sur imagerie de référence 0,36 20 s Localisation des fiduciels Tomographie à faisceau conique Échographie tridimensionnelle (Repères fiduciels) (Tissus mous) 2,1–3,3 cGy Segmentation automatique tridimensionnelle des repères 0,12 2 min Mouvements intrafractions 2,1–3,3 cGy Repositionnement manuel sur le volume anatomoclinique 2,2 2 min Variabilité interobservateurs prendre en compte leurs mouvements entre et pendant les fractions quand elles sont irradiées. Dans le cas d’une radiothérapie basée sur le repositionnement de la prostate par marqueurs prostatiques, une marge minimale de 7–8 mm est recommandée pour prendre en compte le mouvement indépendant des vésicules séminales [19,21]. 5. Imagerie bidimensionnelle avec fiduciels comparée à l’imagerie tridimensionnelle avec fiduciels ou sans fiduciel L’équipe du Princess Margaret Hospital à Toronto a étudié les repositionnements basés sur la position de la prostate selon trois méthodes différentes à partir de 256 images acquises chez 15 patients ayant eu trois marqueurs fiduciels intraprostatiques au préalable : imagerie orthogonale bidimensionnelle de haute énergie après pose de repères fiduciels, tomographie conique de basse énergie, tomographie conique de basse énergie après avoir supprimé la position des grains intraprostatiques (en leur affectant une densité tissulaire à posteriori) [22]. Une excellente corrélation a été démontrée entre les déplacements observés sur l’imagerie bidimensionnelle de haute énergie orthogonale avec marqueurs fiduciels et tomographie conique de basse énergie de basse énergie tridimensionnelle avec marqueurs fiduciels (coefficient de corrélation r2 = 0,95 pour la direction médiolatérale, 0,84 pour la direction antéropostérieure et 0,81 pour celle crâniocaudale). Cette corrélation devenait mauvaise quand cette imagerie était comparée avec tomographie conique sans marqueurs fiduciels (coefficient de corrélation r2 = 0,90 pour la direction latérale, 0,49 pour la direction antéropostérieure et 0,51 pour celle crâniocaudale). En considérant un seuil de ± 3 mm pour réaliser les déplacements, les taux de déplacements réalisés étaient dans ces mêmes directions respectivement de 99,7 %, 95,5 % et 91,3 % avec les repères fiduciels contre 99,5 %, 70,3 % et 78,4 % sans repères fiduciels. Une étude de variabilité du repositionnement réalisée parmi cinq observateurs différents a montré des erreurs systématiques et aléatoires plus grandes dans les trois dimensions en utilisant la tomographie conique sans marqueurs intraprostatiques. La Mayo Clinic a réalisé une étude similaire sur 286 séances réalisées chez 36 patients traités par irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité avec marqueurs fiduciels et repositionnement quotidien « on-line » grâce à une imagerie portale orthogonale bidimensionnelle de basse énergie et une tomographie conique de basse énergie [23]. Des déplacements de plus de 3 mm et de plus de 5 mm dans une ou plusieurs dimensions ont été observés respectivement dans 60 % et 28 % des séances réalisées. La majorité des déplacements d’isocentre observés était plus importante dans les directions postérieures et supérieures pour l’imagerie de basse énergie basée sur des repères fiduciels (respectivement 78 % et 79 %) en comparaison avec l’imagerie tomographie conique (respectivement 59 % et 61 %) témoignant de la prise en considération des organes à risque (vessie et rectum) et du compromis probable réalisé pour les protéger – Repositionnement manuel sur le volume anatomoclinique 2–3 2 min Variabilité interobservateurs Mouvements liés à la sonde quand les auteurs utilisaient le repositionnement par tomographie conique. En l’absence de marqueurs fiduciels, la qualité de l’image scanographique générée a un impact majeur sur les déplacements observés. Pour ces raisons, il est recommandé à chaque centre d’évaluer ses déplacements observés en fonction de la technique d’immobilisation, de la technique de repositionnement et de la technique d’imagerie, plutôt que d’extrapoler les données rapportées dans la littérature à sa propre pratique quotidienne. Morrow et al. ont analysé les déplacements observés à partir des tissus mous de 136 patients traités par irradiation guidée par l’image selon quatre modalités de scanographie différentes : de haute énergie en éventail (TomoTherapy® ), de haute énergie conique (MVision, Siemens), de basse énergie en éventail (CTVision, Siemens) et de basse énergie conique (Synergy® , Elekta) [24]. Seule la qualité de tomographie conique de basse énergie permettait de réduire significativement les variations entre les observateurs de repositionnement basé sur les tissus mous : 2,6 mm contre 3,2 mm contre, 2,5 mm contre 1,1 mm. Les avantages et les inconvénients de chacune de ces techniques de repositionnement sont résumés dans le Tableau 1 . 6. Quel marqueur de positionnement intraprostatique ? Plusieurs types de marqueurs en or sont utilisés en pratique courante avec différentes longueurs et différents diamètres possibles. Il est recommandé habituellement d’implanter trois marqueurs intraprostatiques au minimum pour obtenir une triangulation permettant de se repositionner dans les trois dimensions à partir de clichés orthogonaux ou sur une imagerie tridimensionnelle. Bien que plus précis, les grains d’or intraprostatiques ont plusieurs inconvénients à leur utilisation : • leur mise en place est invasive avec un risque infectieux à couvrir ; • ils peuvent migrer après leur pose ; • les artéfacts métalliques sur l’imagerie scanographique peut questionner sur la visualisation des contours prostatiques et la variabilité entre les observateurs de ces contours en présence de tels artéfacts (Fig. 1) ; • la précision du calcul de dose dans le volume cible est-il modifié par la présence de ces artéfacts lorsque l’on délivre un traitement aussi précis que la RCMI guidée par l’image ? Les patients atteints d’un cancer de prostate ont souvent des calcifications pelviennes prostatiques. Les calcifications prostatiques sont des marqueurs de repositionnement utiles ayant plusieurs avantages : elles sont naturelles ; elles ne créent pas d’artéfacts sur une imagerie scanographique (Fig. 2) ; leur ancienneté et leur intégration naturelle aux tissus rendent la possibilité d’une migration impossible. Hanna et al. ont étudié la possibilité de substituer des marqueurs d’or par les calcifications naturelles dans une 434 G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 Fig. 1. Coupe scanographique axiale avec deux grains d’or intraprostatiques. Contour du volume cible anatomoclinique élargi en regard du grain d’or, en l’absence de visualisation de la prostate en regard (flèche rouge). population de dix patients ayant eu 287 tomographies coniques de haute énergie [25]. En utilisant les grains d’or intraprostatiques, les déplacements quotidiens moyens étaient de 0,55 ± 3,11 mm latéralement, 0,58 ± 3,45 mm dans la direction crâniocaudale et −0,54 ± 4,03 mm dans celle antéropostérieure. En utilisant les calcifications intraprostatiques, les déplacements quotidiens moyens étaient de 0,72 ± 3,22 mm latéralement, 0,563 ± 3,58 mm dans la direction crâniocaudale et −0,69 ± 4,26 mm dans celle antéropostérieure. Il n’y avait pas de différence statistique en comparant les deux techniques, particulièrement lors de l’utilisation de calcifications centrales (par comparaison aux calcifications périprostatiques). 7. Imagerie échographique contre imagerie scanographique Le repositionnement on-line par échographie bi- ou tridimensionnelle est une technique simple, non irradiante pour repositionner la prostate quotidiennement en l’absence d’irradiation pelvienne associée. Certains auteurs ont rapporté dans la littérature des difficultés techniques avec cette procédure en rapport avec le surpoids des patients ou leur réplétion vésicale qui peut masquer la prostate derrière la symphyse pubienne [26]. Une autre limite technique évoquée repose sur la pression sus-pubienne qui doit être réalisée sur la sonde pour bien visualiser la prostate et qui provoque des déplacements prostatiques compris entre 1,7 et 3,4 mm dans la direction antéropostérieure, 1,9 et 3,3 mm dans le celle crâniocaudale [27–31]. Compte tenu de ces différences, certains auteurs ont suggéré que la marge de volume cible prévisionnel autour de la prostate devait être plus large dans le cas d’un repositionnement échographique. Scarbrough et al. ont étudié la différence des déplacements observés dans les trois dimensions entre un repositionnement échographique tridimensionnel (SonArray® , Varian) et un repositionnement basé sur marqueurs fiduciels et imagerie bidimensionnelle de base énergie [32]. Le vecteur tridimensionnel représentant les déplacements observés chez 40 patients en échographie était significativement plus grand et plus variable que le vecteur observé avec un repositionnement basé sur des marqueurs fiduciels. L’écart des distances moyennes dans les trois dimensions entre les deux techniques était de 8,8 mm, p < 0,0001). Les recommandations issues de ces résultats confirment la possibilité de réaliser une marge de 3 mm en présence de marqueurs fiduciels, mais une marge de moins de 9 mm utilisée en cas de repositionnement échographique pourrait être délétère. Au centre Georges-François-Leclerc à Dijon, nous avons utilisé ce système de repositionnement échographique tridimensionnel chez plus de 300 patients traités par irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité depuis 2003. Une étude clinique rétrospective de l’impact de la marge sur le contrôle biochimique des cancers de prostate localisés traités sans irradiation pelvienne chez 165 patients avec un recul médian de 38 mois a montré l’absence de différence de contrôle biochimique à trois ans entre les patients traités avec une marge de 5 mm et ceux avec une marge de 10 mm. Bien que les taux de toxicité observés aient été particulièrement bas, aucune différence n’a été observée entre les patients traités avec une marge de 5 mm et ceux traités avec une marge de 10 mm [33]. Des résultats cliniques similaires ont été retrouvés par d’autres avec ce système échographique tridimensionnelle en utilisant une marge de 4 mm de volume cible prévisionnel dans toutes les directions [34,35]. 8. Repositionnement off-line ou on-line Bien que des manœuvres correctives sur les translations dans les trois axes principaux permettent d’augmenter le volume cible anatomoclinique recevant 95 % ou plus de la dose prescrite, la dose minimale reçue par le volume cible anatomoclinique prostatique diminue d’environ −15 % par rapport à la dose planifiée. Cette observation est liée aux mouvements de rotation non pris en compte, qui sont plus importants particulièrement pour des mouvements de translation de 10 mm ou plus [36]. Rijkhorst et al. ont étudié l’impact dosimétrique de quatre stratégies de repositionnement basé sur tissus mous évalués par scanographie sans tomographie conique [17]. Les auteurs ont montré que la prise en compte des mouvements de rotation permettait significativement d’améliorer la couverture du volume cible anatomoclinique, que le repositionnement soit réalisé off-line ou on-line. En conclusion, les auteurs ont démontré que, plus la technique de repositionnement est avancée, plus la dose délivrée au volume cible anatomoclinique et aux organes à risque étaient en accord avec la dose planifiée. 9. Fréquence des repositionnements Fig. 2. Tomographie conique de basse énergie repositionnée sur calcifications intraet périprostatiques (sans artéfact). En radiothérapie guidée par l’image, le repositionnement quotidien est le standard de référence. En fonction de la technique de repositionnement utilisée. La technique et la fréquence de G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 repositionnements réalisés peut avoir des conséquences pour le patient et pour l’équipe soignante : durée de la séance, irradiation additionnelle du patient, remplissages vésical et rectal pendant une séance qui sont à risque de mouvements intrafractions plus importants en RCMI [37]. La fréquence du repositionnement est actuellement testée dans l’essai français de phase III du programme de soutien aux techniques innovantes et couteuses (STIC) intitulé IGRT-P, qui évalue l’impact sur le contrôle biochimique d’un repositionnement quotidien par comparaison à un repositionnement hebdomadaire. En l’absence de repositionnement quotidien, une stratégie de correction off-line permet de définir des déplacements à appliquer systématiquement pour la suite du traitement après un échantillon suffisant d’images acquises pendant la première semaine. La valeur « seuil » moyenne des déplacements observés permet au seul oncologue radiothérapeute de prendre la décision de déplacer la table pour les séances restantes. Ce seuil est variable selon les équipes et dépend de plusieurs paramètres : la stabilité du rectum (patients avec des flatulences), la précision du système de repositionnement, l’utilisation de marqueurs fiduciels, la marge choisie pour le volume cible prévisionnel. En présence de marqueurs fiduciels, ce seuil observé dans la littérature est souvent de 3 mm [22]. 10. Intérêt des manœuvres rectales correctives et d’un régime diététique Il a été largement démontré que la distension rectale observée sur une scanographie de simulation avait un impact péjoratif sur le contrôle biochimique des cancers de prostate irradiés [7,8]. Ces observations ont permis de recommander la réalisation d’un régime sans résidus ou la réalisation d’un lavement rectal bas avant chaque séance pendant toute la durée de la radiothérapie afin d’éviter des déplacements. Bien que contraignantes pour les patients, ces manœuvres simples permettent de mieux reproduire la position du rectum (et donc de la prostate) pendant toute la durée du traitement [38]. La réalisation d’une radiothérapie avec repositionnement quotidien s’affranchit de la distension rectale et permet de contrôler la bonne position de la prostate à irradier. Néanmoins, un rectum distendu pourrait faire augmenter la portion de paroi rectale antérieure irradiée durant cette séance. Engels et al. ont étudié l’impact de la réplétion rectale en cours de traitement sur la position de la prostate chez 18 patients ayant eu un lavement rectal avant scanner de simulation [39]. Deux groupes de patients ont pu être individualisés : les patients ayant un rectum dit « stable » dont la surface de rectum moyenne était de 6,6 ± 2,1 cm2 et les patients ayant un rectum « instable » (patients reconnus à l’interrogatoire en amont car présentant des ballonnements et/ou des flatulences quotidiens) dont la surface moyenne de rectum était de 9,5 ± 3,7 cm2 . Les déplacements antéropostérieurs prostatiques des patients ayant un rectum « stable » et de ceux ayant un « instable » étaient de 0,4 ± 2,4 mm et −2,4 ± 6,1 mm (p < 0,01). Un ratio de 1,35 entre la surface rectale mesurée sur la scanographie de planification et la surface rectale mesurée sur les tomographies coniques réalisées les trois premiers jours de traitement permettait de repositionner correctement les faisceaux chez 90 % des patients du groupe « rectum stable » et 85 % des patients du groupe « rectum instable ». Park et al. ont étudié l’impact sur le contrôle biochimique et la toxicité d’une radiothérapie adaptative prenant en compte le volume rectal évalué sur plusieurs scanographies réalisées pendant la première semaine de radiothérapie [40]. En utilisant cette stratégie de radiothérapie adaptative pour réduire les marges d’irradiation autour de la prostate, les auteurs ont montré que la distension rectale en cours de traitement n’avait aucune influence sur le contrôle biochimique et la toxicité tardive génitourinaire et gastro-intestinale. En conséquence, la lourdeur pour le 435 patient du régime sans résidus et le lavement rectal quotidien sont des consignes qui peuvent être abandonnées lors de la réalisation d’un guidage par l’image quotidien. 11. Radiothérapie guidée par l’image après prostatectomie Après prostatectomie radicale, la radiothérapie guidée par l’image de la loge prostatique est basée traditionnellement sur un repositionnement osseux et implique des marges de volume cible prévisionnel larges en l’absence de prostate. Le mouvement du volume cible est encore plus dépendant du mouvement des parois rectales et vésicales. La présence fréquente de clips chirurgicaux pourrait les rendre utiles pour optimiser le repositionnement indirect de la loge, basé sur des clichés orthogonaux. Néanmoins, la présence fréquente de clips trop nombreux induit une incertitude de repositionnement trop importante. La radiothérapie guidée par l’image de la loge prostatique basée sur la tomographie conique fait aussi discuter maintenant la possibilité de réduction des marges dans cette indication. Ost et al. ont analysé les déplacements d’isocentre liés au repositionnement de la paroi rectale antérieure sur 547 tomographies coniques quotidiennes provenant de 15 patients après prostatectomie radicale [41]. Des erreurs systématiques de 2,69 mm dans la direction médiolatérale, 2,00 mm dans la direction crâniocaudale et 2,65 mm dans la direction antéropostérieure ont été retrouvées avec des erreurs aléatoires respectivement de 1,99 mm, 1,49 mm et 2,25 mm. La marge de volume cible prévisionnel à appliquer était donc respectivement de 8 mm, 6 mm et 8 mm. 12. Radiothérapie guidée par l’image de la loge prostatique et du pelvis Dans le cas d’une irradiation pelvienne à la fois de la loge prostatique et du pelvis, le guidage par l’image devient plus complexe car l’oncologue radiothérapeute doit prendre en considération deux cibles : une très mobile (la prostate) et une peu mobile (les ganglions pelviens). En théorie, si un repositionnement quotidien est réalisé sur le pelvis osseux, des marges plus larges doivent être appliquées autour de la prostate pour prendre en compte les variations de positions quotidiennes importantes de la prostate (jusqu’à 1,5 cm) (Fig. 3A). Si le repositionnement quotidien est réalisé sur la prostate ou sur des marqueurs fiduciaires intraprostatiques dans le but de protéger au mieux le rectum, alors les marges appliquées autour du volume ganglionnaire pelvien et/ou autour des ganglions péri-aortiques doivent être augmentées (Fig. 3B). Une replanification quotidienne en temps réel de la distribution de dose basée sur la tomographie conique qui prend en compte la position indépendante des deux cibles avant chaque séance serait la solution idéale dans cette situation, mais cette solution est trop chronophage et donc peu réaliste en pratique courante actuellement. Pour prendre en compte cet obstacle, l’University of California San Francisco (UCSF) a proposé une solution alternative qui peut être utilisée en routine : la RCMI adaptative multiplans (multi-adaptive plans [MAP] IMRT) [42]. Sans avoir recours à un logiciel de planification additionnel, cette stratégie propose de choisir dans une bibliothèque individuelle de cinq plans dosimétriques, le plan qui se conforme le mieux à la position de la prostate dans le pelvis chaque jour, déterminé avant chaque séance grâce à une tomographie conique. Cette position peut être déterminée par soustraction des données de 2 repositionnements : un repositionnement basé sur la position de la prostate et un repositionnement basé sur le pelvis osseux. Grâce à cette stratégie, l’équipe de UCSF a démontré que la dose quotidienne reçue par 95 % des volumes cibles était supérieure à 95 % de la dose prescrite dans respectivement 100 % et 65 % des jours de traitement des ganglions et la prostate. Cette technique est une 436 G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 Fig. 3. Enregistrement superposé des images de la scanographie de simulation (référence) avec une imagerie tomographie conique de basse énergie. A. Dans le cas d’une irradiation pelvienne (ganglions), le recalage est automatique, basé sur la densité osseuse à la scanographie. B. Dans le cas d’une irradiation prostatique, le recalage est semi-automatique et affiné manuellement sur les marqueurs fiduciels ou les contours de la prostate. Après repositionnement manuel sur les marqueurs fiduciaires et après soustraction des déplacements dans les trois dimensions de : la position du pelvis osseux par rapport à l’isocentre sur la scanographie de simulation ; la position de la prostate le jour du traitement par rapport à la position de la prostate sur la scanographie de simulation, des déplacements de la prostate dans le cadre pelvien peuvent être observés chez ce patient de −0,8 mm dans la direction antéropostérieure, −0,7 mm dans la direction crâniocaudale et +0,2 mm dans la direction médiolatérale. solution simple qui permet de suivre deux cibles indépendantes en concomitance et pourrait être améliorée en augmentant le nombre de plans constituant la bibliothèque de plans mis à disposition pour chaque patient. Une autre stratégie du même type est à l’étude à UCSF et vise à permettre de déplacer chaque jour la position des lames pour prendre en compte la position de la prostate dans le pelvis chaque jour [43]. 13. Conclusions, recommandations Une marge importante de volume cible prévisionnel autour de la prostate est responsable d’une irradiation plus large du rectum et de la vessie dans le cas d’une radiothérapie conformationnelle (avec ou sans modulation d’intensité) tridimensionnelle pour un cancer de la prostate localisé. Dans ces conditions, la marge optimale de volume cible prévisionnel à appliquer autour de la prostate est la marge la plus petite qui permette de maintenir une couverture acceptable de la dose délivrée quotidiennement dans le volume cible anatomoclinique. Pour cette raison, la radiothérapie guidée par l’image a été développée afin de permettre d’escalader la dose de radiothérapie à délivrer en présence d’un cancer de prostate localisé avec une toxicité réduite, sans compromettre le risque de contrôle biochimique. Zelefsky et al. ont très récemment publié les premiers résultats cliniques dans la littérature avec un recul suffisant, comparant la radiothérapie des cancers de prostate traités au Memorial Sloan Kettering Cancer Center avec et sans guidage par l’image [10]. Les auteurs sont les premiers à démontrer le bénéfice clinique significatif du guidage par l’image sur le contrôle biochimique des cancers de prostate à haut risque. Un recul plus long devrait nous laisser penser que ce bénéfice pourrait être également observé pour les patients à risque intermédiaire ou à faible risque. La multitude de détails à prendre en considération dans un traitement par irradiation guidée par l’image avec modulation d’intensité rend la pratique de ce traitement extrêmement complexe. Ces détails sont tous sources d’erreurs de planification ou de délivrance de la dose d’irradiation qui méritent d’être étudiés et analysés finement pour espérer améliorer la précision de ce traitement et donc améliorer l’index thérapeutique des cancers de G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 prostate. Albert Einstein a dit : « Ce qui compte ne peut pas toujours être compté et ce qui peut être compté ne compte pas forcément ». Néanmoins, après analyse du bon sens et de la cohérence des multiples études dosimétriques et cliniques sur la radiothérapie guidée par l’image dans la littérature, nous proposons certaines recommandations princeps aux radiothérapeutes à considérer lors de la réalisation d’une radiothérapie guidée par l’image prostatique : • compte tenu de la faible toxicité observée avec une RCMI guidée par l’image combinée pour un cancer de prostate localisé, nous ne recommandons pas de réduire la marge de volume cible prévisionnel en-dessous de 5 mm en l’absence de marqueurs fiduciels intraprostatiques ; • en présence de marqueurs intraprostatiques, la marge de volume cible prévisionnel peut être réduite jusqu’à 3 mm seulement en cas de repositionnement quotidien, quelle que soit la technique d’imagerie utilisée (bi- ou tridimensionnelle, de basse ou haute énergie) ; • dans le cas d’une irradiation pelvienne associée, la définition des marges est plus complexe et doit prendre en compte la mobilité de la prostate dans le pelvis (normalement) immobile. La réduction des marges de volume cible prévisionnel possible autour de la prostate ou des ganglions pelviens doit être définie en fonction du volume cible choisi pour se repositionner ; • il est recommandé à chaque service d’évaluer les erreurs systématiques et aléatoires responsables de la précision du repositionnement lié à sa technique avant de réduire ses marges autour de la prostate, en l’absence de radiothérapie adaptative ; • le transfert des responsabilités vers les manipulateurs pour réaliser un déplacement on-line de la table avant chaque séance de traitement n’est recommandé qu’en présence de grains intraprostatiques, compte tenu de la variabilité entre les observateurs et des erreurs de repositionnement plus importantes lors de l’utilisation d’une imagerie des tissus mous (tomographie conique sans grains intraprostatiques) ; • lors d’un repositionnement tissu mou basé sur une tomographie conique, des calcifications intraprostatiques peuvent se substituer à la mise en place de grains d’or pour réaliser un repositionnement aussi fiable ; • la place de la tomographie conique pour repositionner les tissus mous est donc controversée et reste ouverte à un champ d’investigations cliniques et dosimétriques testant son intérêt lors d’une radiothérapie adaptative prenant en compte la translation et la déformation du rectum et de la vessie en cours de traitement ; • les consignes d’un régime ou d’un lavement avant chaque séance, peuvent être abandonnées après vérification de la distension rectale durant la première semaine de traitement (rectum stable par opposition à instable). Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Latorzeff I, Mazurier J, Boutry C, Dudouet P, Richaud P, de Crevoisier R. Apports de la radiothérapie avec modulation d’intensité guidée par l’image dans les cancers prostatiques. Cancer Radiother 2010;14:479–87. [2] Kupelian PA, Ciezki J, Reddy CA, Klein EA, Mahadevan A. Effect of increasing radiation doses on local and distant failures in patients with localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:16–22. [3] Alicikus ZA, Yamada Y, Zhang Z, Pei X, Hunt M, Kollmeier M, et al. Ten-year outcomes of high-dose, intensity-modulated radiotherapy for localized prostate cancer. Cancer 2011;117:1429–37. 437 [4] Chen J, Lee RJ, Handrahan D, Sause WT. Intensity-modulated radiotherapy using implanted fiducial markers with daily portal imaging: assessment of prostate organ motion. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:912–9. [5] Ghilezan MJ, Jaffray DA, Siewerdsen JH, Van Herk M, Shetty A, Sharpe MB, et al. Prostate gland motion assessed with cine-magnetic resonance imaging (cineMRI). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:406–17. [6] Wong JR, Grimm L, Uematsu M, Oren R, Cheng CW, Merrick S, et al. Imageguided radiotherapy for prostate cancer by CT-linear accelerator combination: prostate movements and dosimetric considerations. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;61:561–9. [7] de Crevoisier R, Tucker SL, Dong L, Mohan R, Cheung R, Cox JD, et al. Increased risk of biochemical and local failure in patients with distended rectum on the planning CT for prostate cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:965–73. [8] Heemsbergen WD, Hoogeman MS, Witte MG, Peeters ST, Incrocci L, Lebesque JV. Increased risk of biochemical and clinical failure for prostate patients with a large rectum at radiotherapy planning: results from the Dutch trial of 68 GY versus 78 Gy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:1418–24. [9] Roach 3rd M. Commentary on increased risk of biochemical and local failure in patients with a distended rectum on the planning CT for prostate cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:949–50. [10] Zelefsky MJ, Kollmeier M, Cox B, Fidaleo A, Sperling D, Pei X, et al. Improved clinical outcomes with high-dose image guided radiotherapy compared with non-IGRT for the treatment of clinically localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012, http://dx.doi.org/10.1016/j.ijrobp.2011.11.047 (In press). [11] Rossi PJ, Schreibmann E, Jani AB, Master VA, Johnstone PA. Boost first, eliminate systematic error, and individualize CTV to PTV margin when treating lymph nodes in high-risk prostate cancer. Radiother Oncol 2009;90:353–8. [12] Chao KK, Goldstein NS, Yan D, Vargas CE, Ghilezan MI, Korman HJ, et al. Clinicopathologic analysis of extracapsular extension in prostate cancer: should the clinical target volume be expanded posterolaterally to account for microscopic extension? Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;65:999–1007. [13] Dearnaley DP, Sydes MR, Graham JD, Aird EG, Bottomley D, Cowan RA, et al. Escalated-dose versus standard-dose conformal radiotherapy in prostate cancer: first results from the MRC RT01 randomised controlled trial. Lancet Oncol 2007;8:475–87. [14] Zietman AL, DeSilvio ML, Slater JD, Rossi Jr CJ, Miller DW, Adams JA, et al. Comparison of conventional-dose vs. high-dose conformal radiation therapy in clinically localized adenocarcinoma of the prostate: a randomized controlled trial. JAMA 2005;294:1233–9. [15] Pollack A, Zagars GK, Starkschall G, Antolak JA, Lee JJ, Huang E, et al. Prostate cancer radiation dose response: results of the M.D. Anderson phase III randomized trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;53:1097–105. [16] Logadottir A, Korreman S, Petersen PM. Comparison of the accuracy and precision of prostate localization with 2D-2D and 3D images. Radiother Oncol 2011;98:175–80. [17] Rijkhorst EJ, Lakeman A, Nijkamp J, de Bois J, van Herk M, Lebesque JV, et al. Strategies for online organ motion correction for intensity-modulated radiotherapy of prostate cancer: prostate, rectum, and bladder dose effects. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;75:1254–60. [18] Cazoulat G, de Crevoisier R, Simon A, Louvel G, Manens JP, Lafond C, et al. Bénéfice volumétrique de la radiothérapie guidée par l’image dans les cancers prostatiques : marges et cartographies de probabilité de présence. Cancer Radiother 2009;13:365–74. [19] Mutanga TF, de Boer HC, van der Wielen GJ, Hoogeman MS, Incrocci L, Heijmen BJ. Margin evaluation in the presence of deformation, rotation, and translation in prostate and entire seminal vesicle irradiation with daily marker-based setup corrections. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:1160–7. [20] Smitsmans MH, de Bois J, Sonke JJ, et al. Residual seminal vesicle displacement in marker-based image-guided radiotherapy for prostate cancer and the impact on margin design. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:590–6. [21] Meijer GJ, de Klerk J, Bzdusek K, van den Berg HA, Janssen R, Kaus MR, et al. What CTV-to-PTV margins should be applied for prostate irradiation? Fourdimensional quantitative assessment using model-based deformable image registration techniques. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:1416–25. [22] Moseley DJ, White EA, Wiltshire KL, Rosewall T, Sharpe MB, Siewerdsen JH, et al. Comparison of localization performance with implanted fiducial markers and cone-beam computed tomography for on-line image-guided radiotherapy of the prostate. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:942–53. [23] Barney BM, Lee RJ, Handrahan D, Welsh KT, Cook JT, Sause WT. Image-guided radiotherapy (IGRT) for prostate cancer comparing kV imaging of fiducial markers with cone beam computed tomography (CBCT). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:301–5. [24] Morrow NV, Lawton CA, Qi XS, Li XA. Impact of computed tomography image quality on image-guided radiation therapy based on soft tissue registration. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:e733–8. [25] Hanna SA, Neves-Junior WF, Marta GN, Haddad CM, da Silva JL. Role of intra- or periprostatic calcifications in image-guided radiotherapy for prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:1208–16. [26] Morr J, DiPetrillo T, Tsai JS, Engler M, Wazer DE. Implementation and utility of a daily ultrasound-based localization system with intensity-modulated radiotherapy for prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;53:1124–9. [27] Artignan X, Smitsmans MH, Lebesque JV, Jaffray DA, van Her M, Bartelink H. Online ultrasound image guidance for radiotherapy of prostate cancer: impact of image acquisition on prostate displacement. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;59:595–601. 438 G. Créhange et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 430–438 [28] Naudy S, Peignaux K, Brenier JP, Créhange G, Arnaud A, Truc G, et al. Mise en œuvre de la radiothérapie conformationnelle par modulation d’intensité guidée par échographie transabdominale. Cancer Radiother 2006;10: 388–93. [29] Peignaux K, Truc G, Barillot I, Ammor A, Naudy S, Créhange G, et al. Clinical assessment of the use of the Sonarray system for daily prostate localization. Radiother Oncol 2006;81:176–8. [30] Serago CF, Chungbin SJ, Buskirk SJ, Ezzell GA, Collie AC, Vora SA. Initial experience with ultrasound localization for positioning prostate cancer patients for external beam radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002;53: 1130–8. [31] Trichter F, Ennis RD. Prostate localization using transabdominal ultrasound imaging. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;56:1225–33. [32] Scarbrough TJ, Golden NM, Ting JY, Fuller C, Wong A, Kupelian PA, et al. Comparison of ultrasound and implanted seed marker prostate localization methods: Implications for image-guided radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;65:378–87. [33] Créhange G, Mirjolet C, Gauthier M, Martin É, Truc G, Peignaux-Casasnovas K, et al. Clinical impact of margin reduction on late toxicity and short-term biochemical control for patients treated with daily on-line image guided IMRT for prostate cancer. Radiother Oncol 2012;103:244–6. [34] De Meerleer GO, Fonteyne VH, Vakaet L, Villeirs GM, Denoyette L, Verbaeys A, et al. Intensity-modulated radiation therapy for prostate cancer: late morbidity and results on biochemical control. Radiother Oncol 2007;82:160–6. [35] Fonteyne V, Villeirs G, Lumen N, De Meerleer G. Urinary toxicity after high dose intensity modulated radiotherapy as primary therapy for prostate cancer. Radiother Oncol 2009;92:42–7. [36] Wertz H, Lohr F, Dobler B, Mai S, Welzel G, Boda-Heggemann J, et al. Dosimetric consequences of a translational isocenter correction based on image guidance for intensity modulated radiotherapy (IMRT) of the prostate. Phys Med Biol 2007;52:5655–65. [37] Budiharto T, Slagmolen P, Haustermans K, Maes F, Junius S, Verstraete J, et al. Intrafractional prostate motion during online image guided intensitymodulated radiotherapy for prostate cancer. Radiother Oncol 2011;98:181–6. [38] Smitsmans MH, Pos FJ, de Bois J, Heemsbergen WD, Sonke JJ, Lebesque JV, et al. The influence of a dietary protocol on cone beam CT-guided radiotherapy for prostate cancer patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:1279–86. [39] Engels B, Tournel K, Soete G, Storme G. Assessment of rectal distention in radiotherapy of prostate cancer using daily megavoltage CT image guidance. Radiother Oncol 2009;90:377–81. [40] Park SS, Yan D, McGrath S, Dilworth JT, Liang J, Ye H, et al. Adaptive imageguided radiotherapy (IGRT) eliminates the risk of biochemical failure caused by the bias of rectal distension in prostate cancer treatment planning: clinical evidence. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:947–52. [41] Ost P, De Meerleer G, De Gersem W, Impens A, De Neve W. Analysis of prostate bed motion using daily cone-beam computed tomography during postprostatectomy radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;79:188–94. [42] Créhange G, Chen CP, Hsu CC, Kased N, Coakley FV, Kurhanewicz J, et al. Management of prostate cancer patients with lymph node involvement: a rapidly evolving paradigm. Cancer Treat Rev 2012, http://dx.doi.org/10.1016/j.ctrv.2012.05.005. [43] Xia P, Qi P, Hwang A, Kinsey E, Pouliot J, Roach 3rd M. Comparison of three strategies in management of independent movement of the prostate and pelvic lymph nodes. Med Phys 2010;37:5006–13. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 439–443 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Imagerie de contrôle de positionnement : quelle fréquence pour quel objectif ? Image guidance for the evaluation of setup accuracy L. Cartier a,∗ , M. Alfonsi a , N. Pourel a , E. Jaegle b , B. Chauvet a a b Département de radiothérapie, institut Sainte-Catherine, 1750, chemin du Lavarin, BP 846, 84000 Avignon, France Département de physique médicale, institut Sainte-Catherine, 1750, chemin du Lavarin, BP 846, 84000 Avignon, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Radiothérapie guidée par l’image Fréquence Erreurs de positionnement r é s u m é Les informations obtenues par les différentes modalités de la radiothérapie guidée par l’image (imageguided radiotherapy ou IGRT), nous permettent de passer d’un repositionnement orienté sur le patient, à un repositionnement centré sur le volume cible. Cette évolution entraîne ainsi une modification des pratiques de contrôle de positionnement. Afin de maîtriser les erreurs de positionnement systématiques, un contrôle lors des trois à cinq premières séances est nécessaire. Les erreurs de repositionnement aléatoires, comme les mouvements de volume cible ne peuvent être maîtrisés que par la réalisation d’une imagerie quotidienne. Enfin, les modalités de radiothérapie guidée par l’image permettent d’évaluer les modifications anatomiques survenant en cours de traitement et ouvrent le champ de la radiothérapie adaptative. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Image-guided radiotherapy Frequency Setup errors Information obtained by different methods of image-guided radiotherapy now allows us to reposition the target volume. This evolution causes a change in practice and positioning control. In order to control positioning errors, a systematic control during the first three to five sessions is required. Random repositioning errors and clinical target volume motions can be mastered only by performing a daily imaging. Finally, image-guided radiotherapy allows assessing anatomical changes occurring during treatment, and opens the field of adaptive radiotherapy. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction La radiothérapie ne cesse d’évoluer vers une plus grande précision grâce aux progrès de l’imagerie, de l’informatique et de la technologie. D’une part, l’utilisation des différentes modalités d’imagerie (scanographie, imagerie par résonance magnétique [IRM], tomographie par émission de positons [TEP]) permet une meilleure définition des volumes cibles, d’autre part, l’essor des techniques de radiothérapie conformationnelle et particulièrement la radiothérapie avec modulation d’intensité (RCMI) assure une distribution de dose optimale dans la cible tumorale en protégeant mieux les tissus sains. Cependant, ce haut degré de conformation implique une meilleure maîtrise des différentes sources d’imprécision des processus de préparation et de traitement. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Cartier). La radiothérapie guidée par l’image (image-guided radiotherapy [IGRT]) correspond à l’utilisation dans ce but des différentes modalités d’imagerie disponibles dans la salle de traitement. Cela permet de prendre en compte les variations anatomiques survenant en cours d’irradiation, afin que la distribution de dose délivrée à chaque séance, corresponde à la distribution planifiée. Les traitements de radiothérapie ont toujours été guidés par l’image, mais l’intérêt grandissant des modalités de radiothérapie guidée par l’image est ravivé en raison de la mise en œuvre clinique de gradients de dose élevés et étroits [1]. Actuellement, les dispositifs d’imagerie embarquée sont de plus en plus répandus et systématiquement proposées par les constructeurs lors de l’installation de tout nouvel accélérateur : fin 2010, 30 % des accélérateurs étaient équipés d’un dispositif d’imagerie embarqué, ce pourcentage a progressé de 18 points depuis 2007 [2]. La radiothérapie guidée par l’image s’intègre peu à peu dans l’ensemble du programme d’assurance qualité de la radiothérapie moderne [3]. 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.06.003 440 L. Cartier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 439–443 Toutefois, il s’agit d’une technique consommatrice de temps, nécessitant une parfaite organisation entre manipulateurs, radiothérapeutes, parfois difficile à intégrer dans l’activité intense des services de radiothérapie. Les modalités d’application de ce contrôle de positionnement, les recalages à appliquer en fonction des localisations traitées doivent encore être précisées. Dans cette revue de la littérature, nous abordons les informations obtenues par la radiothérapie guidée par l’image, son utilisation pour les principales localisations tumorales, afin de proposer des recommandations de rythme de contrôle de positionnement par l’image. 2. Quelles sont les informations obtenues par l’imagerie embarquée ? 2.2.2. Mouvements intrafraction Les incertitudes de positionnement intervenant au cours de la séance de radiothérapie sont des variations intrafraction. Il s’agit principalement des mouvements liés aux mouvements respiratoires et accessoirement des mouvements liés au patient lui-même (limités par les systèmes de contention). Certaines modalités de radiothérapie guidée par l’image (Novalis® , CyberKnife® , Truebeam® , etc.) permettent un enregistrement en continu de la position de la tumeur et ainsi un traitement en gating ou en tracking, qui suit les mouvements. Toutefois, la pose de repères fiduciels intra- ou péritumoraux est le plus souvent nécessaire pour ces techniques et l’image obtenue ne peut être que bidimensionnelle. 2.3. Modifications anatomiques 2.1. Repères anatomiques internes Les différentes modalités de radiothérapie guidée par l’image permettent une visualisation directe ou indirecte du volume cible à traiter. L’image obtenue, qu’elle soit en deux ou trois dimensions est ainsi analysée comparativement aux images, reconstruites ou natives, de la scanographie dosimétrique. La visualisation directe du volume tissulaire tumoral est rendue possible grâce à la réalisation d’une reconstruction tridimensionnelle d’images obtenues par un capteur plan de basse énergie (2D kV) ou de haute énergie (MV) (tomographie conique–cone-beam computed tomography [CBCT]). Une image du volume tumoral en deux dimensions peut aussi être obtenue avec les ultrasons [4]. Toutefois, de nombreux systèmes de radiothérapie guidée par l’image reposent sur la visualisation indirecte du volume cible. Les structures osseuses peuvent être utilisées comme un substitut (images portales, images bidimensionnelles de basse énergie, etc.). Lorsque le volume cible est susceptible de se déplacer indépendamment des repères osseux, des marqueurs radio-opaques peuvent être implantés au sein de la tumeur, avec un risque de migration au cours du traitement. La procédure d’imagerie utilisée pour vérifier la position du patient permet, lorsqu’une imagerie tridimensionnelle à type de tomographie conique est réalisée, d’apprécier également toute modification du volume tumoral en réponse au traitement. De la même manière, il est possible d’évaluer les conséquences anatomiques d’une perte pondérale ou les modifications dans le voisinage d’une tumeur, comme la reventilation d’une atélectasie ou la modification d’un épanchement dans le traitement du carcinome bronchique. Ces variations détectées tôt peuvent être prises en compte afin de diminuer leur impact sur la distribution de dose. Aussi, l’imagerie de repositionnement en mode tomographie conique peut-elle être exploitée pour ajuster le calcul de la répartition de la dose, ouvrant le champ de la radiothérapie adaptative : modifier le plan de traitement en cours d’irradiation afin de l’optimiser. 3. Quels sont les résultats obtenus par la radiothérapie guidée par l’image selon les localisations anatomiques et quelle doit être la fréquence d’utilisation ? 2.2. Erreurs de positionnement 3.1. Cancers de prostate 2.2.1. Mouvements interfractions Les modifications et les écarts de positionnement pouvant survenir d’une séance de traitement à l’autre sont décrits comme des variations interfractions. Ces écarts de positionnement sont de deux types : systématiques ou aléatoires. Les premiers sont la résultante d’écarts cumulés lors du processus de planification de traitement et se répercutent à toutes les séances de traitement. Les écarts aléatoires varient de jour en jour et représentent une incertitude de positionnement imprévisible, mais de moindre conséquence. Pour tenir compte de ces mouvements potentiels, l’International Commision on Radiation Units and Measurements (ICRU) a proposé avec l’avènement de la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, la définition d’un volume cible prévisionnel (planning target volume [PTV]), qui tient compte de cette incertitude de repositionnement. Van Herk et al. ont identifié 17 sources d’erreurs potentielles dans la chaîne de traitement et ont ainsi pu établir un formalisme permettant de calculer à partir d’un groupe de patient homogène, des marges, garantissant avec une probabilité de 90 % la présence du volume cible anatomoclinique (clinical target volume [CTV]) dans l’isodose 95 % (en fonction des erreurs systématiques et aléatoires calculées) [5]. Actuellement, les différentes modalités de radiothérapie guidée par l’image permettent la détection des erreurs de positionnement à chaque séance et d’effectuer une correction immédiate pour réduire les erreurs systématiques et aléatoires. Cette approche nécessite un contrôle automatisé de la table de traitement pour la rendre efficace en routine clinique, d’autant qu’elle rallonge le temps de la séance, ce qui peut compromettre la reproductibilité du repositionnement. Les données les plus nombreuses sur la radiothérapie guidée par l’image portent sur la radiothérapie des cancers de la prostate. Depuis plusieurs années, il est prouvé par plusieurs études randomisées qu’il existe un bénéfice à l’escalade de dose dans les adénocarcinomes prostatiques. L’utilisation de la RCMI avec de forts gradients de dose est nécessaire à cet effet, car elle permet de limiter la toxicité rectale et urinaire. Par ailleurs, la prostate peut présenter des déplacements importants, jusqu’à 2 cm dans l’axe antéropostérieur [6], alors que les marges classiquement utilisées pour la définition du volume cible prévisionnel sont de 1 cm dans toutes les directions, souvent limitées à 5 ou 6 mm en arrière. Ces marges permettent d’inclure le volume prostatique dans 95 % des cas selon une étude récente avec de radiothérapie guidée par l’image, mais il existe toutefois un risque d’erreurs aléatoires non négligeable [7]. Ces mouvements sont dus aux mouvements internes des organes et particulièrement à la réplétion rectale qui reste un facteur important du déplacement prostatique. Aussi, il a été montré, dans deux études rétrospectives, qu’une distension rectale importante au moment de la scanographie de simulation était responsable d’une diminution du taux de contrôle biochimique [8,9]. En effet, si le rectum est moins dilaté durant le traitement, il existe une forte probabilité de déplacement postérieur systématique de la prostate, conduisant à un « sous dosage » de la partie postérieure de la prostate. De ce fait, le contrôle du positionnement prostatique à chaque séance permettrait d’avoir un impact positif. L’augmentation de dose à la prostate pourrait ainsi correspondre à un bénéfice théorique de 33 % de probabilité de contrôle local et de 10 % de probabilité de survie à cinq ans [10,11]. L. Cartier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 439–443 441 Les études cliniques restent encore peu nombreuses. Toutefois, plusieurs études ont montré une diminution de la toxicité urinaire et de la toxicité digestive en utilisant quotidiennement l’imagerie embarquée pour la RCMI des cancers de prostate [12–14]. Récemment, Zelefsky et al. ont analysé rétrospectivement chez 376 patients traités par irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité de haute dose, deux groupes homogènes avec ou sans recalage quotidien [15]. Les deux groupes ont été traités avec une dose identique et des marges similaires pour le volume cible prévisionnel. Il a été observé une différence significative en termes de toxicité urinaire tardive entre ces deux groupes. En outre, parmi les patients atteints de cancer à haut risque, il a été observé une amélioration significative des résultats de survie sans récidive biochimique, en faveur de la radiothérapie guidée par l’image. Il n’existe à ce jour aucune étude randomisée évaluant l’impact de la radiothérapie guidée par l’image dans la radiothérapie des cancers de prostate. Toutefois, les résultats du Stic IGRT (programme de soutien aux techniques innovantes et coûteuses radiothérapie guidée par l’image) prostate sont en attente. Il s’agit d’une étude médico-économique comparant deux fréquences de contrôle par l’image dans les cancers de prostate (hebdomadaire ou quotidien). L’objectif clinique était de comparer la toxicité et les taux de contrôle biochimique entre les deux bras [16]. était de 78 %, validant la réduction possible de la marge entre les volume cibles anatomocliniques et prévisionnels [23]. Ces données nous indiquent le potentiel d’une imagerie quotidienne, permettant de fait une escalade de dose et une épargne des organes à risque, mais doivent encore être confirmées. Des déformations tissulaires peuvent survenir en cours d’irradiation du fait d’une fonte tumorale, d’un amaigrissement ou d’un œdème. En fin d’irradiation, la diminution de volume du volume tumoral macroscopique et des parotides a pu être évaluée à respectivement 69 et 28 % [24]. En cas de perte pondérale importante, il existe une erreur systématique moyenne supérieure à 6 mm dans le sens antéropostérieur, qui n’est plus prise en compte par les marges du volume cible prévisionnel [22]. Par ailleurs, ces modifications anatomiques ont un impact dosimétrique sur les organes à risque [25]. La capacité de l’imagerie volumétrique pour détecter les changements des tissus mous et de la tumeur nous amène ainsi vers une radiothérapie adaptative, qui a le potentiel d’améliorer les résultats, en particulier chez les patients atteints de volumineuses lésions de la base du crâne ou des sinus paranasaux qui jouxtent les tissus normaux critiques. Cela implique d’établir des niveaux d’actions les plus appropriées pour une replanification. Jusqu’à présent, aucune donnée clinique n’a montré quelle amélioration peut permettre la radiothérapie adaptative. 3.2. Cancers des voies aérodigestives supérieures 3.3. Cancers bronchopulmonaires Le repositionnement en radiothérapie des cancers des voies aérodigestives supérieures est facilité par une contention semirigide grâce aux masques tête-épaule. La marge entre les volumes cibles anatomoclinique et prévisionnel habituellement recommandée est de 5 mm. Toutefois, en l’absence d’imagerie de contrôle, il a été montré que 37 % des séances seraient réalisées avec une erreur de positionnement supérieure à 5 mm [17]. La réalisation d’une imagerie de contrôle lors des cinq premières séances permet de réduire ce taux d’imprécision de plus de 5 mm, à 19 % [18] ou 26 %, en identifiant les écarts systématiques [17]. Toutefois, il persiste une erreur résiduelle liée à celles aléatoires qui ne peut être limitée que par la réalisation d’images de repositionnement quotidiennes. Les mouvements de la région tête et cou ne sont pas simplement des translations, mais le repositionnement peut engendrer des mouvements de rotation complexe [19]. En dépit de l’utilisation de dispositifs d’immobilisation rigides, il existe d’importantes variations d’installation, ainsi qu’une variation de positionnement d’une séance à l’autre selon les régions d’intérêt de la sphère ORL [20]. La précision des modalités d’imagerie de contrôle de positionnement bidimensionnelle de basse énergie et tridimensionnelle par tomographie conique a été comparée. Aux incertitudes près, propres à chacune de ces modalités, les écarts mis en évidence étaient cohérents et similaires [21]. Une attention doit toutefois être portée aux régions anatomiques présentant de déplacements potentiellement plus importants (larynx, base de langue). Nous ne disposons actuellement pas de résultat d’essai clinique évaluant le bénéfice clinique à la réalisation d’images de contrôle quotidienne. Toutefois, une imagerie de contrôle quotidienne peut permettre une réduction des marges du volume cible anatomoclinique vers le volume cible prévisionnel. Une étude prospective chez 28 patients suggérait la réduction possible de la marge de 5 mm à 3 mm chez des patients traités par irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité pour des cancers des voies aérodigestives supérieures [22]. Une étude non randomisée n’a pas retrouvé de différence en termes rechutes locales chez 225 patients traités par irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité avec une tomographie conique quotidienne : 95 patients ont été traité avec une marge de 5 mm et 130 autres patients avec une marge de 3 mm, avec un contrôle quotidien pour chacun des patients traités. Dans les deux groupes, le taux de contrôle locorégional à deux ans Compte tenu des mouvements respiratoires, d’importantes incertitudes géométriques sont associées à la radiothérapie des tumeurs pulmonaires. En règle générale, des marges importantes sont appliquées autour du volume cible afin d’éviter un « sousdosage » tumoral. La réduction des incertitudes géométriques et des marges de sécurité associées est justifiée pour réduire l’exposition des organes à risque et permettre l’escalade de dose. En dehors des modalités de blocage respiratoire, de gating ou de tracking, l’imagerie embarquée permet de quantifier la variabilité de la respiration du patient au cours du traitement et de mesurer les incertitudes de repositionnement. De nombreuses études ont évalué la précision du repositionnement quotidien en radiothérapie thoracique [26–29]. Une évaluation quotidienne par tomographie conique chez 68 patients traités pour un cancer bronchique par irradiation conformationnelle a montré une divergence géométrique supérieure à 10 mm dans 43 % des cas [30]. Par ailleurs, l’impact d’un contrôle de positionnement quotidien par l’utilisation de contrôles bidimensionnel de basse énergie orthogonaux quotidiens, a pu être analysée dans une étude sur pièce opératoire. Cinquante-trois patients ont reçu pour un carcinome bronchique non à petites cellules de stade IIIA/IIIB une chimioradiothérapie avant la résection pulmonaire. Dix patients ont bénéficié d’un repositionnement quotidien par des images orthogonales de basse énergie. Il existait dans ce groupe une augmentation du taux de réponse pathologique : le traitement guidé par l’image chez ces patients a entraîné des taux élevés de stérilisation médiastinale (90 % contre 67 %, p = 0,0769) et de réponse complète pathologique (60 % contre 35 %, p = 0,0728) [31]. Par ailleurs, le tissu pulmonaire peut progressivement se déformer au cours des cinq à sept semaines de traitement. C’est particulièrement le cas des patients atteints de tumeur pulmonaire centrale ou obstructive, pour lesquels une atélectasie, un épanchement pleural ou une infection peuvent apparaître. En outre, la reventilation du poumon due à la réouverture des voies aériennes peut changer à la fois le mode de respiration et la configuration régionale de la tumeur ou des ganglions lymphatiques. Van Zwienen et al. ont analysé les tomographies coniques de 114 patients consécutifs traités pour un cancer pulmonaire (de stade cT1N0 à cT4N3) par irradiation classique [32]. Une régression tumorale a été observée chez 46 patients (40 %). L’apparition d’une 442 L. Cartier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 439–443 atélectasie a été rapportée pour 33 patients (29 %) et sa disparition chez 26 patients (23 %). Ces modifications anatomiques sont donc fréquentes, mais restent difficiles à prévoir. Un contrôle fréquent est donc nécessaire en cas d’atélectasie préexistante ou de tumeur centrale, de grand volume. Ainsi, un nouveau plan de traitement tenant compte de l’écart entre la dose prévue et effectivement délivrée peut être effectué [33]. Le développement de la radiothérapie adaptative semble donc pertinent dans les cancers bronchiques mais nécessite, tout comme les cancers des voies aérodigestives supérieurs, l’élaboration d’essais thérapeutiques. 3.4. Cancers du système digestif 3.4.1. Canal anal Il existe un intérêt actuel pour la RCMI dans le traitement des cancers du canal anal. Cette technique permet en effet une épargne dosimétrique des tissus sains et une diminution des toxicités de haut grade [34]. En revanche, dans les différentes études réalisées, avec escalade de dose jusqu’à 63 Gy, le contrôle du positionnement n’était effectué que par image portale. Une seule étude récente a évalué les erreurs de repositionnement en effectuant une tomographie conique de haute énergie avant chaque séance chez 12 patients. Les auteurs suggèrent que les marges du volume cible prévisionnel pourraient être réduites [35]. 3.4.2. Rectum À ce jour, la mise en œuvre clinique de la radiothérapie guidée par l’image dans le cancer du rectum n’a été que peu étudiée [36]. Cela peut s’expliquer par le fait que les modalités de traitement (radiothérapie préopératoire) actuellement réalisées dans le cancer du rectum, utilisent des faisceaux sans gradient de dose étroits, dans des volumes larges. De plus, les niveaux de dose prescrits (45 à 50,4 Gy) n’impliquent pas de contrainte forte pour les organes à risque à proximité et suffisent pour apporter un taux de contrôle tumoral local de 90 %. 3.4.3. Œsophage Dans le cadre du traitement des cancers de l’œsophage, il a été constaté que la fréquence de réalisation de séances guidées par l’image (de 0 à 60 %) permettait une réduction des erreurs de repositionnement systématique de 23 à 26 %. Toutefois, en l’absence d’image de contrôle quotidienne, il persistait d’importantes erreurs de repositionnement, ce qui conduit à un « sous dosage » du volume cible anatomoclinique et à un surdosage du cœur et du parenchyme pulmonaire [37]. Nous manquons actuellement de données cliniques évaluant le bénéfice clinique de la radiothérapie guidée par l’image dans cette localisation tumorale. 3.5. Gynécologie La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité dans l’irradiation des cancers du col utérin est une méthode d’optimisation efficiente pour la protection des organes à risque (digestif et urinaire) [38]. Des recommandations récentes ont été publiées pour la délinéation des volumes cibles dans les cancers du col utérin. Il est préconisé une marge de 1,5 à 2 cm autour du volume cible prévisionnel tumoral. En effet, le mouvement interne des organes, la déformation et la régression tumorale peuvent être responsables de déplacements interfractions de 0,6 mm à 4 cm selon les études [39]. Aussi, ce même groupe d’expert recommande la réalisation quotidienne d’une imagerie de contrôle avec recalage/analyse des tissus mous. 4. Quelles recommandations pouvons-nous proposer pour la fréquence de réalisation des images de repositionnement et selon quels objectifs ? La fréquence de réalisation des images de contrôle de positionnement doit dépendre de la technique de traitement utilisée. Une RCMI génère des gradients de dose étroits et tout déplacement minime risque de se traduire par une importante modification de la distribution de dose. Un contrôle quotidien quelle que soit la localisation est alors nécessaire pour réduire les erreurs de repositionnement, que cette erreur soit systématique ou aléatoire. Aussi, tout décalage significatif constaté doit être corrigé avant la réalisation de la séance de traitement. Le bénéfice clinique d’une imagerie quotidienne n’est cependant démontré que dans les cancers de prostate et à ce jour sans essai randomisé, puisque les résultats du Stic « IGRT prostate » sont en attente. Par ailleurs, la modalité d’imagerie utilisée dépendra de la localisation traitée : en effet une tomographie conique sera nécessaire pour la visualisation des tissus mous dans les cancers de prostate, alors qu’une imagerie bidimensionnelle de basse énergie est suffisante pour les cancers des voies aérodigestives supérieures ou si le volume cible peut être suivi par la présence de repères fiduciels intratumoraux. D’autre part, toute radiothérapie à visée curative nécessite le dépistage, dès les premières séances, d’une erreur systématique. Ainsi, une image de contrôle de positionnement est communément réalisée lors des trois ou cinq premières séances, puis chaque semaine, un contrôle plus fréquent ne permettant pas de mieux détecter ce type d’erreurs. Enfin, des modifications anatomiques significatives peuvent survenir en cours de traitement, responsables d’une modification de la distribution de dose calculée (surdosage des organes à risque et éventuel « sous-dosage » tumoral). Les différentes modalités de radiothérapie guidée par l’image permettent ainsi un développement de la radiothérapie adaptative. Il n’existe à ce jour, pas de critère nous permettant de préciser le moment à partir duquel une nouvelle planification est nécessaire. Aussi, un contrôle de positionnement hebdomadaire par une tomographie conique, semble acceptable pour les radiothérapies des cancers des voies aérodigestives supérieures et des cancers bronchopulmonaires. L’élaboration d’essais cliniques est toutefois nécessaire pour établir toute recommandation. 5. Conclusion Dans une pratique standard de la radiothérapie, seule la bonne position du patient et non de la tumeur, est contrôlée sous l’accélérateur. Grâce aux informations obtenues par les différentes modalités de radiothérapie guidée par l’image, nous passons d’un repositionnement orienté sur le patient, à un repositionnement centré sur le volume cible. Cette évolution entraîne ainsi une modification des pratiques de contrôle de positionnement et ce d’autant que les techniques de RCMI se diffusent. Une imagerie de contrôle quotidienne devient ainsi nécessaire pour détecter les erreurs de repositionnement aléatoires et les mouvements de la cible. Par ailleurs, une évolution des traitements vers une radiothérapie adaptée aux modifications anatomique est possible en réalisant une imagerie de contrôle hebdomadaire et doit faire l’objet d’évaluations complémentaires [40]. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. L. Cartier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 439–443 Références [1] Verellen D, Ridder MD, Storme GA. (Short) history of image-guided radiotherapy. Radiother Onco 2008;86:4–13. [2] Observatoire national de la radiothérapie. Rapport d’enquête : situation fin 2010 et évolution depuis 2007 [Collection Études & expertises, ouvrage collectif]. Boulogne-Billancourt: Institut national du cancer (INCa); 2011. [3] Fraass BA. Errors in radiotherapy: motivation for development of new radiotherapy quality assurance paradigms. Int J Radiat Oncol Bio Phys 2008;71:S162–5. [4] de Crevoisier R, Isambert A, Lisbona A, Bodez V, Marguet M, Lafay F, et al. Radiothérapie guidée par l’image. Cancer Radiother 2007;11:296–304. [5] van Herk M, Remeijer P, Rasch C, Lebesque JV. The probability of correct target dosage: dose-population histograms for deriving treatment margins in radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;47:1121–35. [6] Artignan X, Rastkhah M, Balosso J, Fourneret P, Gilliot O, Bolla M. Quantification des mouvements prostatiques lors de l’irradiation prostatique. Cancer Radiother 2006;10:381–7. [7] Dudouet P, Boutry C, Mounié G, Latorzeff I, Thouveny F, Redon A. Système d’imagerie par tomographie conique de basse énergie (kV) de VarianTM : expérience de Montauban. Cancer Radiother 2009;13:375–83. [8] de Crevoisier R, Tucker SL, Dong L, Mohan R, Cheung R, Cox JD, et al. Increased risk of biochemical and local failure in patients with distended rectum on the planning CT for prostate cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:965–73. [9] Heemsbergen WD, Hoogeman MS, Witte MG, Peeters STH, Incrocci L, Lebesque JV. Increased risk of biochemical and clinical failure for prostate patients with a large rectum at radiotherapy planning: results from the Dutch trial of 68 GY versus 78 Gy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:1418–24. [10] Ghilezan M, Yan D, Liang J, Jaffray D, Wong J, Martinez A. Online image-guided intensity-modulated radiotherapy for prostate cancer: How much improvement can we expect? A theoretical assessment of clinical benefits and potential dose escalation by improving precision and accuracy of radiation delivery. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:1602–10. [11] Dawson LA, Sharpe MB. Image-guided radiotherapy: rationale, benefits, and limitations. Lancet Oncol 2006;7:848–58. [12] Chung HT, Xia P, Chan LW, Park-Somers E, Roach M. Does image-guided radiotherapy improve toxicity profile in whole pelvic-treated high-risk prostate cancer? Comparison between IG-IMRT and IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:53–60. [13] Cheng JC, Schultheiss TE, Nguyen KH, Wong JYC. Acute toxicity in definitive versus postprostatectomy image-guided radiotherapy for prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:351–7. [14] Guckenberger M, Ok S, Polat B, Sweeney RA, Flentje M. Toxicity after intensitymodulated, image-guided radiotherapy for prostate cancer. Strahlenther Onkol 2010;186:535–43. [15] Zelefsky MJ, Kollmeier M, Cox B, Fidaleo A, Sperling D, Pei X, et al. Improved clinical outcomes with high-dose image-guided radiotherapy compared with non-IGRT for the treatment of clinically localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Bio Phys 2012;84:125–9. [16] De Crevoisier R, Pommier P, Bachaud J, Créhange G, Boutry C, Chauvet B, et al. Image-guided radiation therapy (IGRT) in prostate cancer: preliminary results in prostate registration and acute toxicity of a randomized study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;75:S99. [17] Zeidan OA, Langen KM, Meeks SL, Manon RR, Wagner TH, Willoughby TR, et al. Evaluation of image-guidance protocols in the treatment of head-and-neck cancers. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:670–7. [18] Zumsteg Z, Demarco J, Lee SP, Steinberg ML, Lin CS, McBride W, et al. Image guidance during head-and-neck cancer radiation therapy: analysis of alignment trends with in-room cone-beam computed tomography scans. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:712–9. [19] Zhang L, Garden AS, Lo J, Ang KK, Ahamad A, Morrison WH, et al. Multiple regions-of-interest analysis of setup uncertainties for head-and-neck cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:1559–69. [20] van Kranen S, van Beek S, Rasch C, van Herk M, Sonke JJ. Setup uncertainties of anatomical sub-regions in head-and-neck cancer patients after offline CBCT guidance. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:1566–73. [21] Li H, Zhu XR, Zhang L, Dong L, Tung S, Ahamad A, et al. Comparison of 2D radiographic images and 3D cone-beam computed tomography for [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] [39] [40] 443 positioning head-and-neck radiotherapy patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:916–25. Den RB, Doemer A, Kubicek G, Bednarz G, Galvin JM, Keane WM, et al. Daily image guidance with cone-beam computed tomography for head-and-neck cancer intensity-modulated radiotherapy: a prospective study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:1353–9. Chen AM, Farwell DG, Luu Q, Donald PJ, Perks J, Purdy JA. Evaluation of the planning target volume in the treatment of head-and-neck cancer with intensity-modulated radiotherapy: what is the appropriate expansion margin in the setting of daily image guidance? Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:943–9. Barker Jr JL, Garden AS, Ang KK, O’Daniel JC, Wang H, Court LE, et al. Quantification of volumetric and geometric changes occurring during fractionated radiotherapy for head-and-neck cancer using an integrated CT/linear accelerator system. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;59:960–70. Wang J, Bai S, Chen N, Xu F, Jiang X, Li Y, et al. The clinical feasibility and effect of online cone-beam computer tomography-guided intensity-modulated radiotherapy for nasopharyngeal cancer. Radiother Oncol 2009;90:221–7. Juhler-Nøttrup T, Korreman SS, Pedersen AN, Persson GF, Aarup LR, Nyström H, et al. Interfractional changes in tumour volume and position during entire radiotherapy courses for lung cancer with respiratory gating and image guidance. Acta Oncol 2008;47:1406–13. Ottosson W, Baker M, Hedman M, Behrens CF, Sjöström D. Evaluation of setup accuracy for NSCLC patients; studying the impact of different types of conebeam CT matches based on whole thorax, columna vertebralis, and GTV. Acta Oncol 2010;49:1184–91. Hugo GD, Yan D, Liang J. Population and patient-specific target margins for 4D adaptive radiotherapy to account for intra- and interfraction variation in lung tumour position. Phys Med Biol 2007;52:257–74. Chang J, Mageras GS, Yorke E, De Arruda F, Sillanpaa J, Rosenzweig KE, et al. Observation of interfractional variations in lung tumor position using respiratory gated and ungated megavoltage cone-beam computed tomography. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:1548–58. Bissonnette JP, Purdie TG, Higgins JA, Li W, Bezjak A. Cone-beam computed tomographic image guidance for lung cancer radiation therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;73:927–34. Shumway D, Corbin K, Salgia R, Hoffman P, Villaflor V, Malik RM, et al. Pathologic response rates following definitive dose image-guided chemoradiotherapy and resection for locally advanced non-small cell lung cancer. Lung Cancer 2011;74:446–50. van Zwienen M, van Beek S, Belderbos J, van Kranen S, Rasch C, van Herk M, et al. Anatomical changes during radiotherapy of lung cancer patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:S111. Sonke JJ, Belderbos J. Adaptive radiotherapy for lung cancer. Semin Radiat Oncol 2010;20:94–106. Peiffert D, Moreau-Claeys MV, Tournier-Rangeard L, Huger S, Marchesi V. Radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité des cancers de l’anus. Cancer Radiother 2011;15:549–54. Chen YJ, Suh S, Nelson RA, Liu A, Pezner RD, Wong JYC. Setup variations in radiotherapy of anal cancer: advantages of target volume reduction using image-guided radiation treatment. Int J Radiat Oncol Bio Phys 2012;84: 289–95. Gwynne S, Webster R, Adams R, Mukherjee S, Coles B, Staffurth J. Image-guided radiotherapy for rectal cancer: a systematic review. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2012;24:250–60. Han C, Schiffner DC, Schultheiss TE, Chen YJ, Liu A, Wong JYC. Residual setup errors and dose variations with less-than-daily image-guided patient setup in external beam radiotherapy for esophageal cancer. Radiother Oncol 2012;102:309–14. Barillot I. Les cancers du col utérin : place de la radiothérapie avec modulation d’intensité. Cancer Radiother 2009;13:507–10. Lim K, Small Jr W, Portelance L, Creutzberg C, Jürgenliemk-Schulz IM, Mundt A, et al. Consensus guidelines for delineation of clinical target volume for intensity-modulated pelvic radiotherapy for the definitive treatment of cervix cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;79:348–55. Louvel G, Cazoulat G, Chajon E, Le Maître A, Simon A, Henry O, et al. Radiothérapie guidée par l’image et adaptative. Cancer Radiother 2012;16, http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.177 (ce numéro). Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Évaluation économique prospective de la radiothérapie guidée par l’image des cancers de la prostate dans le cadre du programme national de soutien aux thérapeutiques innovantes et coûteuses Prospective economic evaluation of image-guided radiation therapy for prostate cancer in the framework of the national programme for innovative and costly therapies assessment P. Pommier a,∗,b , M. Morelle b,c , L. Perrier b,d , R. de Crevoisier e , A. Laplanche f , P. Dudouet g , M.-A. Mahé h , B. Chauvet i , T.-D. Nguyen j , G. Créhange k , A. Zawadi l , O. Chapet m , I. Latorzeff n , A. Bossi o , V. Beckendorf p , E. Touboul q , X. Muracciole r , J.-M. Bachaud s , S. Supiot h , J.-L. Lagrange t a Département de radiothérapie, centre Léon-Bérard, 28, rue Laennec, 69008 Lyon, France Gate-UMR CNRS 5824, centre Léon-Bérard, université de Lyon, 28, rue Laennec, 69008 Lyon, France Unité de biostatistique et d’évaluation des thérapeutiques, centre Léon-Bérard, 28, rue Laennec, 69008 Lyon, France d Cancer et environnement, centre Léon-Bérard, 28, rue Laennec, 69008 Lyon, France e Département de radiothérapie, centre Eugène-Marquis, 35042 Rennes cedex, France f Unité de biostatistiques, institut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif, France g Département de radiothérapie, clinique du Pont-de-Chaume, Montauban, France h Département de radiothérapie, centre René-Gauducheau, institut de cancérologie de l’Ouest, Saint-Herblain, France i Département de radiothérapie, institut Sainte-Catherine, Avignon, France j Département de radiothérapie, institut Jean-Godinot, Reims, France k Département de radiothérapie, centre Georges-François-Leclerc, Dijon, France l Département de radiothérapie, centre hospitalier départemental de Vendée, La Roche-sur-Yon, France m Département de radiothérapie, CHU Lyon-Sud, Pierre-Bénite, France n Département de radiothérapie, clinique du Parc, Toulouse, France o Département de radiothérapie, institut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif, France p Département de radiothérapie, centre Alexis-Vautrin, Vandœuvre-lès-Nancy, France q Département de radiothérapie, hôpital Tenon, Paris, France r Département de radiothérapie, hôpital de la Timone, Marseille, France s Département de radiothérapie, institut Claudius-Regaud, Toulouse, France t Département de radiothérapie, CHU Henri-Mondor, 94000 Créteil, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 27 août 2012 Mots clés : Radiothérapie guidée par l’image IGRT Randomisée Coût Microcosting Prostate Cone Beam CT Fiduciels r é s u m é Objectifs. – L’objectif principal de l’étude économique était de mesurer de façon prospective et randomisée les surcoûts d’une fréquence quotidienne par comparaison à une fréquence hebdomadaire des contrôles de positionnement du patient dans le cadre d’une radiothérapie guidée par l’image (image-guided radiotherapy [IGRT]) de cancers de la prostate, en prenant en compte les différentes modalités d’imagerie tridimensionnelle : tomographie conique (cone beam computed tomography [CBCT]) et implants de grains d’or (repères fiduciels). Un objectif secondaire était d’évaluer les surcoûts des modalités d’une imagerie tridimensionnelle par comparaison à une modalité « bidimensionnelle » par « imagerie portale » pour le contrôle de positionnement. Patients et méthodes. – Une étude médicoéconomique multicentrique prospective et randomisée a été réalisée afin de comparer différentes fréquences de contrôle de positionnement lors d’une radiothérapie guidée par l’image prostatique. Un groupe témoin prospectif avec imagerie de contrôle de positionnement par imagerie portale a été constitué pour comparer les modalités trdimensionnelles (radiothérapie guidée par l’image) et bidimensionnelles de l’imagerie. L’évaluation économique a porté sur les coûts directs de la radiothérapie en adoptant le point de vue de l’hôpital, avec une technique de microcosting portant sur paramètres pouvant induire des différences de coûts des stratégies évaluées. Résultats. – L’analyse économique a porté sur 241 patients inclus entre 2007 et 2011 dans sept centres, dont 183 dans l’étude randomisée (128 avec la tomographie conique et 55 avec les repères fiduciels) et ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Pommier). 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.178 P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 445 58 dans le groupe témoin. Le surcoût moyen par patient du contrôle quotidien par rapport au contrôle hebdomadaire était de : 847 D (tomographie conique) ou 179 D (repères fiduciels). Par comparaison à l’imagerie portale, le surcoût moyen par patient était respectivement de 1392 D (tomographie conique) et 997 D (repères fiduciels) et de 545 D (tomographie conique) et 818 D (repères fiduciels) pour des stratégies de contrôle respectivement quotidienne et hebdomadaire. Conclusion. – Une stratégie de contrôle quotidien du positionnement et la mise en œuvre de contrôles tridimensionnels pour la radiothérapie guidée par l’image de cancers de la prostate, induisent un surcoût significatif par rapport à des contrôles hebdomadaires et une imagerie portale. L’évaluation médicale à plus long terme permettra d’évaluer le ratio coût/efficacité de ces modalités innovantes. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Image-guided radiotherapy IGRT Randomized Cost Microcosting Prostate Cone Beam Computed Tomography Fiducial markers Purpose. – The main objective of the economical study was to prospectively and randomly assess the additional costs of daily versus weekly patient positioning quality control in image-guided radiotherapy (IGRT), taking into account the modalities of the 3D-imaging: tomography (CBCT) or gold seeds implants. A secondary objective was to prospectively assess the additional costs of 3D versus 2D imaging with portal imaging for patient positioning controls. Patients and methods. – Economics data are issued from a multicenter randomized medico-economics trial comparing the two frequencies of patient positioning control during prostate IGRT. A prospective cohort with patient positioning control with PI (control group) was constituted for the cost comparison between 3D (IGRT) versus 2D imaging. The economical evaluation was focused to the radiotherapy direct costs, adopting the hospital’s point of view and using a microcosting method applied to the parameters that may lead to cost differences between evaluated strategies. Results. – The economical analysis included a total of 241 patients enrolled between 2007 and 2011 in seven centres, 183 in the randomized study (128 with CBCT and 55 with fiducial markers) and 58 in the control group. Compared to weekly controls, the average additional cost per patient of daily controls was D847 (CBCT) and D179 (markers). Compared to PI, the average additional cost per patient was D1392 (CBCT) and D997 (fiducial markers) for daily controls; D545 (CBCT) and D818 (markers) in case of weekly controls. Conclusion. – A daily frequency for image control in IGRT and 3D images patient positioning control (IGRT) for prostate cancer lead to significant additional cost compared to weekly control and 2D imaging (PI). Long-term clinical assessment will permit to assess the medico-economical ratio of these innovative radiotherapy modalities. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction La radiothérapie guidée par l’image (image-guided radiation therapy [IGRT]) est une technique innovante permettant un contrôle tridimensionnel de la position des volumes cibles anatomiques avant – voire pendant – les séances d’irradiation. Les outils développés dans cet objectif permettent de « visualiser » la tumeur ou l’organe traité, soit directement via une imagerie photonique de type tomographie embarquée sur l’accélérateur linéaire (cone beam computed tomography [CBCT]) ou une imagerie ultrasonique (échographie de repérage tridimensionnel avant séance), soit indirectement via l’implantation de fiduciaires (habituellement des grains d’or) repérés par une imagerie par photons bidimensionnelle (ou actuellement beaucoup plus rarement de transpondeurs électromagnétiques excités et repérés par une antenne électromagnétique) dans la tumeur ou l’organe irradié [1]. Ces outils représentent donc une innovation thérapeutique majeure pour la qualité de la radiothérapie en comparaison aux outils de repositionnement radiologiques bidimensionnels basés sur le repositionnement du patient (et potentiellement des volumes cibles) sur les seules structures osseuses (imagerie photons sur films ou imagerie électronique). L’utilisation de ces outils est d’autant plus justifiée que l’irradiation concerne des cancers des tissus mous et développés dans un organe mobile. La radiothérapie guidée par l’image est donc particulièrement justifiée en cas d’irradiation des cancers prostatiques car la prostate peut présenter un mouvement prostatique intrapelvien significatif d’une séance d’irradiation à une autre, voire en cours de séance [2,3]. Actuellement, seules deux technologies permettent de visualiser et prendre en compte le mouvement des volumes cibles pendant la séance d’irradiation (mouvements « intraséances ») : le « CyberKnife® » (avec, pour la radiothérapie prostatique, la nécessité de repères fiduciels) et le système « Calypso® » avec l’implantation de transpondeurs électromagnétiques intraprostatiques. Les autres systèmes plus communément utilisés en routine permettent de prendre en compte les mouvements entre les séances. En dehors de la radiothérapie guidée par l’image basée sur l’échographie, les autres systèmes de repositionnement utilisent soit la tomographie avec des photons de faible énergie, soit l’imagerie électronique bidimensionnelle avec des photons de haute énergie (imagerie portale) avec la réalisation de deux incidences orthogonales permettant de repérer dans l’espace les repères fiduciels préalablement implantés [4,5]. Les études conduites par de Crevoisier et al. ont démontré l’impact négatif de la dilatation du rectum sur la scanographie à visée dosimétrique (utilisée pour la préparation du plan de traitement) sur la survie sans récidive des patients irradiés avec une technique conformationnelle et des contrôles de positionnement bidimensionnels standard pour un adénocarcinome de prostate de pronostic intermédiaire ou défavorable [6]. L’interprétation la plus vraisemblable de ces résultats est un sous-dosage de la partie postérieure de la prostate (localisation la plus fréquente de ces cancers), lié au mouvement de la prostate consécutif aux variations de la réplétion rectale (mouvement postérieur de la prostate pour un rectum vide, non pris en compte suffisamment dans la planification de l’irradiation). A contrario, il existe un risque de surdosage rectal et donc de toxicité aiguë et tardive accrue en cas de réplétion rectale lors des séances d’irradiation lorsque la planification 446 P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 a été réalisée avec un rectum vide sur la scanographie de dosimétrie. La prise en compte des mouvements de la prostate nécessite d’ajouter des marges de sécurité autours du ou des volumes cibles anatomocliniques (clinical target volume [CTV]), généralement la prostate et les vésicules séminales, afin de définir un volume cible interne (internal target volume [ITV]). Il n’existe actuellement pas de recommandations portant sur la définition d’un volume cible interne pour l’irradiation des cancers de la prostate, et ce volume est considéré comme inclus dans les marges définies pour passer du volume cible antomoclinique au volume cible prévisionnel (planned target volume [PTV]). Les marges recommandées dans les études prospectives pour obtenir ce volume cible prévisionnel pour l’irradiation prostatique sont le plus souvent de 10 mm dans toutes les directions, voire de 5 mm en arrière (soit d’emblée, soit au-delà d’une certaine dose) afin de limiter le risque de complication rectale. De fait, ces marges relativement faibles, notamment postérieures ne permettent pas de prendre en compte les variations entre les séances connues de la position de la prostate, d’où le risque de « sous-dosage » et d’échec thérapeutique. Les techniques de radiothérapie guidée par l’image en permettant la visualisation directe ou indirecte du (des) volume(s) cible(s) au minimum avant la séance de radiothérapie pourraient donc limiter à la fois le risque de sous-dosage du cancer (et donc le risque de récidive) et le risque d’irradiation d’un volume trop important de rectum (et donc le risque de toxicité). Actuellement, on se dirige vers la nécessité d’un contrôle quotidien surtout en cas d’escalade de dose, même si dans la très grande majorité des services de radiothérapie un contrôle radiologique hebdomadaire de positionnement, généralement après un contrôle quotidien les trois premières séances, est réalisé. Cette attitude est justifiée par des raisons pratiques et économiques (temps nécessaire à la réalisation des contrôles, question particulièrement importante pour des services souvent surchargés avec des délais importants de prise en charge) et par l’absence de démonstration de l’intérêt clinique d’un contrôle quotidien. L’objectif principal de l’étude présentée ici était de répondre à ces deux questions, médicales (impact sur la survie sans récidive et sur la toxicité) et économique. Dans cette publication, seuls les résultats économiques seront présentés. Les données médicales et médicoéconomiques (rapport coût/efficacité) nécessitant un recul plus important feront l’objet de publications ultérieures. L’objectif principal de l’évaluation économique était le calcul du différentiel des coûts de la radiothérapie du point de vue de l’hôpital en fonction de la fréquence de contrôle de positionnement par l’image (contrôle quotidien contre contrôle hebdomadaire). Un objectif secondaire était l’évaluation du différentiel de coût entre la radiothérapie guidée par l’image et le contrôle bidimensionnel standard (osseux) avec la réalisation d’une imagerie portale. Cet essai comportait une première étape de faisabilité et de standardisation de la radiothérapie guidée par l’image au cours de laquelle les patients avaient à la fois une imagerie portale « conventionnelle » à une fréquence standard (j1, j2, j3, puis chaque semaine) et un contrôle quotidien par tomographie conique. Cette étape prévoyait l’inclusion de 100 patients et ne comportait pas d’évaluation économique. Afin de répondre à l’objectif principal médical, les patients ont été à la suite de cette première étape randomisés en deux groupes de fréquence de contrôle de positionnement par tomographie conique (« bras innovants » de l’étude), l’un avec une fréquence de contrôle programmée hebdomadaire (j1, j2, j3, puis chaque semaine), l’autre avec une fréquence de contrôle quotidienne. Par ailleurs, dans le même temps, un groupe témoin sans tomographie conique a été constitué prospectivement en reposant sur un sous-groupe d’établissements n’ayant pas adopté l’innovation (tomographie conique) à la date du démarrage de l’étude (« groupe témoin »), et appliquant la procédure en usage dans le centre (en majorité, contrôle en j1, j2, j3, puis chaque semaine). 2. Patients et méthodes D’autres sources ont été mobilisées notamment pour l’obtention des coûts unitaires : d’une part, une enquête a été menée auprès des fabricants afin d’obtenir les prix « catalogue » des accélérateurs linéaires avec et sans tomographie conique. D’autre part, les directions financières des centres ont documenté les coûts chargés en personnel, le coût des blocs opératoires (hors personnel), ainsi que les durées d’amortissement des équipements. Le Tableau 1 détaille la méthodologie utilisée pour le calcul des coûts directs médicaux en personnel et en équipement et qui entrent dans le processus de production hospitalier considéré et susceptibles de varier entre les stratégies à l’étude. La modalité de tomographie conique comportant le suivi de grains d’or intraprostatiques a été individualisée en prenant en compte 2.1. Schéma de l’étude Il s’agissait d’un essai multicentrique prospectif national incluant les patients atteints d’un adénocarcinome de la prostate de pronostic intermédiaire ou défavorable selon la classification de D’Amico [7], adressés pour radiothérapie conformationnelle, intégrant ou non la modulation d’intensité et associée ou non à une hormonothérapie. Deux modalités de radiothérapie guidée par l’image étaient possibles : tomographie conique ou implants intraprostatiques de repères fiduciels (grains d’or). 2.2. Évaluation des coûts L’objectif de l’évaluation économique était de mesurer un différentiel de coût entre les deux fréquences de contrôle et non d’établir un coût complet du traitement selon ces deux modalités. Seuls les coûts directs médicaux en personnel et en équipement limités aux seules ressources qui entrent dans le processus de production hospitalier considéré et susceptibles de varier entre les stratégies à l’étude ont été pris en compte. Pour évaluer ces coûts, nous avons utilisé une démarche strictement de type microcosting [8,9]. Le point de vue de l’hôpital a été adopté avec un horizon temporel limité à la réalisation de la radiothérapie. Le bilan avant la radiothérapie, la prise en charge des éventuels effets secondaires, les hospitalisations, ainsi que les transports et le suivi ultérieur ont été exclus de l’analyse économique. Tous les coûts sont présentés en euros de 2009 et toutes taxes comprises. Deux types de questionnaires ont été utilisés : • les questionnaires « Patient », remplis pour chaque patient au cours du traitement ; ils permettaient de comptabiliser les temps de mobilisation des différents intervenants (manipulateur, oncologue radiothérapeute, physicien, etc.) et d’immobilisation des équipements (une centaine de questionnaires était attendue dans le groupe témoin et 210 dans chacun des bras innovants) ; • les questionnaires « Centre », remplis une seule fois par chacun des centres ; ils permettaient de recueillir les caractéristiques et le nombre de systèmes de tomographie conique utilisés, ainsi que les modalités de maintenance (personnels et leurs temps d’intervention, coût annuel du contrat de maintenance fabriquant) et le cas échéant le type de marqueurs prostatiques, leurs conditions d’implantation (lieu, personnels impliqués) et leurs coûts. P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 Tableau 1 Méthodologie de calcul des coûts et sources d’information. Cost calculation methodology and origin of the data. Items de coût Équipement Contrôle qualité et maintenance Personnel Logiciels Contrat maintenance • des coûts de personnel ; • des coûts des matériels et logiciels ; • ainsi que des coûts des contrats de maintenance. Modalités de calcul Implantation des marqueurs intraprostatiques Personnel Temps de mobilisation observésa × coûts horaires moyens chargésc Bloc opératoire Temps d’immobilisation observésb × coût horaire bloc (hors personnel)c Marqueurs Prix d’achata Séances d’irradiation Personnel 447 Temps de mobilisation observésb × coûts horaires moyens chargésc Temps d’immobilisation observésb × prix cataloguee /(durée d’amortissementc × durée annuelle fonctionnementd ) Temps d’immobilisation équipement observéb × [(temps de mobilisation personnela × coûts horaires moyens chargésc /(durée annuelle fonctionnement)d ] Temps d’immobilisation équipement observéb × prix achata /(durée d’amortissement logiciel × durée annuelle fonctionnementd × nombre d’accélérateursa Temps d’immobilisation équipement observéb × coût contrat annuela /(durée annuelle fonctionnementd ) Sources d’informations. a Questionnaire Centre. b Questionnaire Patient. c Directions financières des centres. d Hypothèse formulée sur la base des questionnaires centre. e Données constructeurs. les coûts engendrés par leur implantation. En dehors de cette procédure entrant dans l’étape de préparation du traitement, seules les séances d’irradiation ont été considérées comme étant susceptibles d’entraîner une variation en termes de consommations de ressources entre les deux stratégies étudiées. En ce qui concerne l’évaluation du coût de l’implantation des marqueurs, il a été considéré que l’implantation était effectuée au bloc opératoire, pratique observée dans l’essai. Le coût de l’implantation des marqueurs se composait : des coûts d’immobilisation du bloc opératoire, du prix d’achat des marqueurs et des coûts en personnel mobilisés (médecin urologue, infirmier diplômé d’état, etc.). Le coût des séances d’irradiation se composait des coûts de personnel et des coûts de fonctionnement des équipements. Les catégories de personnel mobilisées lors des séances d’irradiation ont été valorisées à l’aide des coûts moyens annuels chargés (en euros de 2009) correspondant à une expérience professionnelle de dix ans, calculés à partir des données issues des directions financières des centres. Nous avons évalué des coûts horaires des accélérateurs linéaires avec et sans tomographie conique. Pour ce faire, et afin de limiter la variabilité inter-centres, nous avons posé sur la base des questionnaires centre et des informations fournies par les directions financières, des hypothèses de durées de fonctionnement de ces équipements (nombre d’heures par jour et par an) et de durées d’amortissement (en années). Les prix « catalogue » des accélérateurs linéaires équipés ou non d’une tomographie conique (le surcoût moyen étant de 438 000D) ont ensuite été divisés par la durée d’amortissement retenue, en l’occurrence 12 ans, et par un temps annuel de fonctionnement des dits accélérateurs hypothétique correspondant à dix heures par jour, cinq jours par semaine et 52 semaines par an. Les coûts de contrôle qualité et de maintenance comprenaient : Du fait d’une très forte hétérogénéité tant sur les temps que sur les catégories de personnel mobilisés (physiciens, techniciens), nous avons donc retenu les données d’un établissement ayant fait l’objet d’une validation minutieuse et d’un consensus. Les coûts en personnel ont été valorisés comme précédemment à l’aide des coûts moyens annuels chargés pour dix ans d’expérience issus des directions financières, puis rapportés au temps hypothétique de fonctionnement d’un accélérateur. Le coût horaire des logiciels et matériels spécifiques au contrôle de qualité du tomographe conique a été calculé en divisant les prix moyens interétablissements par une durée d’amortissement de cinq ans, par le nombre moyen d’accélérateurs avec tomographie conique présents dans les centres, puis par le temps hypothétique annuel de fonctionnement d’un accélérateur. Enfin, les coûts annuels moyens interétablissements des contrats de maintenance en sous-traitance d’un accélérateur avec et sans tomographie conique (le surcoût moyen annuel étant de 12 500D) ont été divisés par le temps hypothétique annuel de fonctionnement d’un accélérateur. Les coûts obtenus ont ensuite été répartis au prorata de la durée observée d’immobilisation de la salle de traitement. Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide SAS version 9.1. (SAS institute, Cary, NC). Une analyse descriptive des variables a été réalisée à l’aide de calcul de fréquences et de moyennes (écarttype). Les différences de pratiques entre les centres peuvent conduire à une importante hétérogénéité des temps et donc des coûts de traitement. Pour ne pas donner un poids plus important aux données des centres ayant plus inclus de patients qu’aux centres avec un nombre d’inclusion plus faible, les durées et coûts moyens présentés correspondent à la moyenne globale des durées et coûts moyens obtenus pour chaque centre. Après avoir vérifié la comparabilité des deux bras innovants à l’aide de Khi2 , la significativité du différentiel de coût a été réalisée à l’aide d’un test de Wilcoxon Mann-Whitney. Le seuil de signification a été fixé à 5 %. 3. Résultats 3.1. Description de l’échantillon L’inclusion des patients dans l’étude économique a débuté en janvier 2007 et s’est terminée en mai 2011. Les centres participants à l’évaluation économique des bras innovants (sept centres dont quatre centres régionaux de lutte contre le cancer [CRLCC], un centre hospitalier universitaire [CHU], un établissement de santé privé d’intérêt collectif [Espic] non CRLCC et un établissement privé) ont inclus en moyenne 30 patients par centre (min : 9, max : 76), portant à 208 le nombre de patients inclus. Comme le montre le Tableau 2, la répartition entre les fréquences de contrôle était de 107 patients pour la fréquence hebdomadaire et 101 patients pour la fréquence quotidienne. Sept centres ont participé à l’évaluation économique du groupe témoin (quatre centres régionaux de lutte contre le cancer, deux CHU, un établissement privé) et ont inclus 58 patients avec contrôle du positionnement sur repère osseux par imagerie portale de haute énergie (MV) (Tableau 3). 3.2. Caractéristiques des patients Les caractéristiques des patients sont présentées dans le Tableau 4. La répartition des patients entre les deux bras était comparable 448 P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 Tableau 2 Nombre de questionnaires économiques patient, groupe « innovation ». Number of economical patients’ questionnaires: ‘Innovative group’. Tomographie conique Bras Hebdomadaire Quotidien Centre (n) (n) 1 2 3 4 5 6 7 Total 11 28 6 10 12 6 5 78 10 29 7 10 12 3 4 75 Marqueurs (avec imagerie portale) Total Hebdomadaire Quotidien Hebdomadaire Quotidien (n) (n) (n) (n) 29 0 0 0 0 0 0 29 26 0 0 0 0 0 0 26 40 28 6 10 12 6 5 107 36 29 7 10 12 3 4 101 Tableau 3 Nombre de questionnaires économiques patient groupe « comparateur » (imagerie portale). Number of economical patients’ questionnaire: control group (portal imaging). Centre Effectif 1 5 8 9 10 11 12 Total 5 6 15 10 10 8 4 58 sur les critères cliniques. L’âge moyen des patients était de 69 ans (54–79). La majorité (94,4 %) avait un indice de performance selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 0. Ces deux caractéristiques n’étaient pas significativement différentes de celles dans le bras innovants (respectivement p = 0,3313 pour l’âge et p = 0,0908 pour le critère OMS). Dans les bras innovants, tous les centres ont inclus des patients avec un contrôle du positionnement par tomographie conique. Un seul centre a également réalisé le contrôle du positionnement par imagerie portale sur des grains intraprostatiques. 3.3. Durée moyenne d’implantation des marqueurs prostatiques Dans le centre ayant fait un contrôle du positionnement par imagerie portale avec marqueurs, la durée d’intervention au bloc opératoire pour la mise en place des grains dans la prostate s’élevait en moyenne à 38 (±13) minutes et nécessitait en moyenne 15 minutes (±4) de temps urologue et 45 minutes de temps infirmière. Le nombre de marqueurs implantés était systématiquement de trois par patient. 3.4. Durées moyennes des séances de radiothérapie Un plan de traitement comportait en moyenne 38 (±2) séances. La dose totale observée était de 70 à 80 Gy (médiane : 76 Gy), avec un fractionnement de 2 Gy par séance conformément aux recommandations. Généralement, il est important de souligner qu’il existe une variabilité des durées des séances entre les centres mais aussi à l’intérieur d’un même centre (Fig. 1A), reflétant des différences de procédure et notamment l’intervention ou non du médecin (Fig. 1B). Le temps additionnel moyen pour la réalisation et l’analyse de l’imagerie et pour le cas échéant le repositionnement du patient (le protocole prévoyant un repositionnement en cas de décalage de plus de 3 mm et une deuxième tomographie conique en cas de décalage de plus de 1 cm) par rapport à une séance sans contrôle d’imagerie était dans cette étude de 9,7 minutes (+86 %) pour la tomographie conique et six minutes (+59 %) dans le bras témoin avec la réalisation d’une imagerie portale et recalage sur les structures osseuses. À noter dans la modalité innovante utilisant les marqueurs intraprostatiques réalisée par un seul centre, une durée plus élevée de la durée moyenne d’une séance sans contrôle d’imagerie (15,5 ± 2,2 min) par rapport au groupe innovant utilisant la tomographie conique 11,2 (±3,6) et le groupe témoin 9,9 (±1,6). Dans ce centre, le repositionnent par imagerie portale avec recalage sur les grains implantés nécessite 3,3 minutes (+22 %) supplémentaire, contre 6,7 minutes (+44 %) pour la tomographie conique. Sur l’ensemble du traitement, pour la modalité tomographie conique, la stratégie de contrôle quotidien augmentait la durée moyenne des séances de 53 % comparé au contrôle hebdomadaire (bras innovants). Ces résultats sont présentés dans le Tableau 5. Sous réserve d’un effectif plus limité (un seul centre), les données concernant le guidage utilisant les marqueurs prostatiques montrent une augmentation de la durée de la séance de 10 % entre des stratégies quotidienne et hebdomadaire. Tableau 4 Caractéristiques des patients. Patients characteristics. Tomographie conique Âge, années, moyenne (SD) Indice OMS 0 1 2 3 Marqueurs (avec imagerie portale) Groupe témoin Hebdomadaire n = 61 Quotidien n = 67 p Hebdomadaire n = 29 Quotidien n = 26 p 72 (7) 71 (7) 0,4545 70 (7) 68 (7) 0,4255 69 (7) 55 (92 %) 5 (8 %) 0 0 64 (99 %) 1 (1 %) 0 0 0,1040 29 (100 %) 0 (0 %) 0 0 25 (96 %) 1 (4 %) 0 0 0,4727 54 (93 %) 3 (5 %) 0 1 (2 %) OMS : Organisation mondiale de la santé. n = 58 449 P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 Tableau 5 Durées moyennes d’occupation de la salle par séance. Mean durations (±SD) of room immobilization per session (minutes). Séances Avec contrôle Sans contrôle Toutes Tomographie conique Marqueurs (avec imagerie portale)a Témoin (imagerie portale) Hebdomadaire n = 61 Quotidien n = 67 Hebdomadaire n = 29 Quotidien n = 26 n = 58 20,9 (±3,0) 11,2 (±3,6) 13,7 (±3,2) 21,2 (±3,7) NA 21,0 (±3,9) 18,8 (±4,6) 15,5 (±2,2) 16,6 (±3,7) 18,2 (±3,7) NA 18,3 (±3,9) 15,8 (±3,1) 9,9 (±1,6) 11,5 (±1,6) Les données représentent les durées moyennes déviation standard (SR), exprimées en minutes. NA : non applicable. a La modalité marqueur (avec imagerie portale) a été réalisée dans un seul centre. À titre comparatif, les durées des séances avec la modalité tomographie conique dans ce centre étaient les suivantes (en minutes) : avec contrôle 20,9 (±3,0) dans le bras hebdomadaire et 21,2 (±3,7) dans le bras quotidien ; sans contrôle 11,2 (±3,6) dans le bras hebdomadaire ; toutes séances confondues : 13,7 (±3,2) dans le bras hebdomadaire et 21,0 (±3,9) dans le bras quotidien. 3.5. Temps requis en personnel pour les séances d’irradiation Les durées cumulées des différentes catégories de personnel mobilisées pour la réalisation d’un traitement sont présentées dans le Tableau 6. Le recours à un physicien pour les contrôles de qualité dans les centres ayant participé à cette étude était rare (quatre centres) et limité en durée. Il est aussi à noter que la procédure de contrôle de qualité avec grains d’or ne faisait pas (de règle) intervenir l’oncologue radiothérapeute dans la procédure mise en place par le centre concerné. La durée d’intervention des médecins pour les contrôles par tomographie conique était aussi très variable, reflétant également la mise en place de procédures différentes d’un centre à un autre mais aussi des variations entre les centres (Fig. 1B). En moyenne, le temps cumulé nécessaire à la réalisation de l’ensemble du traitement avec contrôle par tomographie conique selon une fréquence « quotidienne » était augmenté par comparaison à une fréquence « hebdomadaire » de 55 % (+10 heures) pour les manipulateurs, de 200 % (+80 minutes) pour les médecins et de 150 % (+28 minutes) pour les physiciens. 3.6. Calcul des surcoûts liés au contrôle quotidien comparé au contrôle hebdomadaire Le surcoût moyen du traitement induit par la stratégie de contrôle quotidien comparativement au contrôle hebdomadaire avec tomographie conique atteignait 847 D (SD : 188 D) (p = 0,0156). Ce surcoût est imputable à l’amortissement de l’accélérateur et du tomographe conique pour 28 %, à leur maintenance et contrôle de qualité pour 27 % et au personnel (immobilisation « prolongée » des manipulateurs et intervention des médecins et parfois physiciens) pour 45 %. Le surcoût moyen (quotidien contre hebdomadaire) observé avec un contrôle de qualité par imagerie portale avec marqueurs atteignait 179 D (déviation standard : 39 D) (p < 0,0001), imputable pour 30 % ; 34 % et 36 % respectivement aux l’amortissement de l’accélérateur linéaire, à sa maintenance et son contrôle de qualité et au personnel. 3.7. Calcul des surcoûts liés à l’utilisation de l’imagerie tridimensionnelle (radiothérapie guidée par l’image) par comparaison à celle de l’imagerie bidimensionnelle (imagerie portale) Sous réserve des limites méthodologiques (comparaison non randomisée), la mise en œuvre de la radiothérapie guidée par l’image, quelles que soient les modalités de l’imagerie (tomographie conique ou grains), entraîne un surcoût par rapport à une procédure de contrôle par imagerie portale standard, y compris avec des fréquences de contrôle « standard » hebdomadaires. Par comparaison à l’imagerie portale, le surcoût moyen par patient était de 1392 D (tomographie conique) et 997 D (marqueurs) pour une stratégie de contrôle quotidien et de 545 D (tomographie conique) et 818 D (marqueurs) pour une stratégie de contrôle hebdomadaire. 4. Discussion Fig. 1. A. Durée des séances (en minutes) avec un contrôle quotidien par tomographie conique (hors j1, j2, j3) en fonction des centres. B. Durée d’intervention du radiothérapeute (en minutes) avec un contrôle quotidien par tomographie conique (hors j1, j2, j3) en fonction des centres. A. Session duration (minutes) with a daily imaging control with CBCT (j1–3 excluded) according to each centre. B. Duration (minutes) of the radiation oncologist interventions with a daily imaging control with CBCT (j1–3 excluded) according to each centre. CBCT: cone beam computed tomography. Si le gain potentiel du contrôle bidimensionnel en termes de survie sans récidive a été suggéré pour la radiothérapie des cancers prostatiques [6,10,11], la question de la fréquence des contrôles et notamment d’un contrôle quotidien ou un contrôle hebdomadaire n’est pas résolue. La réalisation d’un contrôle quotidien à l’aide d’une imagerie tridimensionnelle permettant de visualiser directement (tomographie conique) ou indirectement (repères fiduciels) le volume cible (i.e. 450 P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 Tableau 6 Durées cumulées moyenne de temps d’intervention du personnel. Mean cumulative duration of personnel intervention (hours). Tomographie conique Manipulateur en électroradiologie Médecin Physicien Grains Témoin Hebdomadaire Quotidien Hebdomadaire Quotidien 18,3 (±3,6) 0,7 (±0,7) 0,2 (±0,5 28,0 (±5,2) 2,0 (±1,6) 0,5 (±1,0) 19,5 (±2,5) 0,1 (±0,1) 0,1 (±0,2) 22,2 (±2,0) 0 (±0) 0,0 (±0,1) 14,1 (±2,3) 0,4 (±0,4) 0,1 (±0,1) Les données représentent les durées moyennes (±SD) exprimées en heures. prostate) permettrait de réduire les marges de sécurité autour du ou des volumes cibles cliniques et notamment de la prostate, afin de limiter le risque de toxicité tardive urinaire et digestive, tout particulièrement pour les protocoles d’escalade de la dose et/ou d’hypofractionnement [12–14]. Une limite majeure à la diffusion des innovations technologiques en médecine, et particulièrement dans le domaine de la radiothérapie, est le surcoût souvent élevé de leur mise en œuvre, surcoût qui doit donc être justifié par un gain thérapeutique substantiel pour le patient, dans la mesure du possible via des études de phase III [15–19]. Contrairement à ce qui se passe habituellement pour les nouvelles chimiothérapies ou thérapies ciblées en cancérologie, l’évaluation médicale et médicoéconomique des innovations en radiothérapie est habituellement portée par les centres de radiothérapie qui doivent d’abord faire leur acquisition. Cette difficulté financière a été prise en compte en France avec les programmes « Stic » (soutien aux thérapeutiques innovantes et coûteuses) qui ont permis de financer l’évaluation de techniques innovantes de radiothérapie externe et de curiethérapie [20–24]. L’évaluation médicoéconomique de la radiothérapie guidée par l’image a également fait l’objet d’un financement du ministère de la Santé via le programme Stic. Seuls les résultats économiques sont présentés ici. Cette étude multicentrique prospective nationale portant sur la radiothérapie guidée par l’imagerie tridimensionnelle (radiothérapie guidée par l’image) utilisant l’imagerie tomographique conique ou l’implant intraprostatique de grains d’or et incluant un groupe témoin avec une imagerie portale bidimensionnelle (imagerie portale) a permis d’évaluer les conséquences économiques, d’une part, via une évaluation, randomisée d’estimer les conséquences économiques d’une stratégie de contrôle de positionnement quotidienne par comparaison à une stratégie hebdomadaire et, d’autre part, de la mise en œuvre de cette innovation thérapeutique caractérisée par l’utilisation d’une imagerie tridimensionnelle par rapport à une modalité d’imagerie bidimensionnelle (imagerie portale) jusque-là considérée comme standard, pour le contrôle de positionnement. La méthodologie d’évaluation économique a suivi les différentes recommandations publiées : prise en compte du point de vue de l’hôpital et utilisation des techniques de microcosting et d’analyses basées sur l’activité, méthode mise en œuvre dans notre analyse [7,18,25]. La méthodologie économique basée sur l’estimation d’un coût horaire moyen appliqué à tous les centres, à la fois pour les équipements (investissements, contrôle de qualité et maintenance) et le personnel a permis de limiter certaines variations entre les centres, notamment celles liées à l’activité pour l’évaluation des différentiels de coûts. En revanche, l’analyse de type microcosting a permis de prendre en compte au mieux la « réalité du terrain » avec les variabilités intercentres voire intracentres liées à des procédures pouvant être différentes d’un centre à l’autre pour l’analyse des données de l’imagerie (absence de consignes données dans le protocole de recherche) avec par exemple une intervention systématique ou non d’un oncologue radiothérapeute senior ou junior pour l’analyse « en temps réel » des images, et du recours ou non à un physicien pour cette activité. La randomisation réalisée pour comparer les bras innovants en termes de fréquence a permis de prendre en compte ces variations entre les centres. En revanche, les résultats des comparaisons réalisées entre « bras témoin » (imagerie portale) et « bras innovants » (radiothérapie guidée par l’image) doivent être regardés avec une extrême prudence dans la mesure où leur mise en œuvre impliquait des centres différents et que cette question ne faisait pas l’objet d’une randomisation (objectif secondaire dans l’étude). Enfin, nous avons décidé d’individualiser la procédure de guidage par l’image sur marqueurs prostatiques et celle utilisant la tomographie conique du fait de leurs modalités très différentes et donc des conséquences sur l’évaluation économique. Nous rappelons aussi que l’évaluation de la modalité de guidage par l’image avec recalage d’images bidimensionnelles sur les grains d’or intraprostatiques ne portait que sur un seul centre qui pouvait avoir des pratiques spécifiques. Pour les bras innovants avec tomographie conique, la première constatation intéressante de cette étude est une relative homogénéité intercentres pour la durée moyenne des séances avec contrôle pour chacun des bras de randomisation (écart-type de 14,3 % et 18 % respectivement pour les contrôles hebdomadaire et quotidiens). La principale source de variation de temps ayant pu être identifiée ici est liée aux procédures mises en œuvre dans chaque centre pour l’analyse des images, avec intervention systématique ou non en temps réel d’un médecin voire d’un physicien, avec bien sûr des conséquences importantes en termes de coût. Cette constatation est un facteur de réflexion pour un partage des tâches avec dans ce cas, la nécessaire mise en place et évaluation de formations professionnelles. Une procédure de contrôle quotidien conduit par comparaison à un contrôle hebdomadaire à une augmentation moyenne de 53 % de la durée du traitement, soit pour une radiothérapie comportant 38 séances 4,6 heures d’immobilisation supplémentaire de la salle de traitement, et un surcoût moyen mesuré à 847 D prenant à la fois en compte l’immobilisation additionnelle des équipements et des personnels. Les données comparatives sont très différentes pour la modalité de guidage par l’image utilisant les marqueurs intraprostatiques, avec au sein du seul centre ayant réalisé cette modalité une faible augmentation du temps des séances et un faible surcoût entre les fréquences quotidiennes et hebdomadaires des contrôles. Ces constatations peuvent être expliquées par plusieurs facteurs, d’une part, par une acquisition plus rapide des images portales par rapport à une tomographie conique et, d’autre part, une analyse des images plus simple et automatisée via le repérage des grains, avec dans ce centre l’absence d’intervention systématique des médecins [26]. Dans cette expérience, pour un traitement comportant 38 séances, le contrôle quotidien n’ajoute ainsi qu’un peu plus d’une heure d’immobilisation de la salle de traitement. Par ailleurs, la procédure de mise en place des grains d’or intraprostatique, faite dans l’étape de préparation, n’intervient pas dans le calcul des surcoûts liés à la fréquence des contrôles (coût fixe, indépendant de l’étape d’irradiation et donc de la fréquence des contrôles) alors que la clé de répartition de la tomographie conique (investissement, contrôle de qualité et maintenance) est directement liée à la P. Pommier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 444–451 durée d’immobilisation de la salle de traitement et participe ainsi aux surcoûts (plus de 55 % dans cette série sont liés au coût du matériel). Une comparaison économique entre les deux modalités d’imagerie innovantes doit bien sûr prendre en compte le coût de l’implantation des grains (326 D dans la présente étude), avec dans cette expérience un coût plus élevé de la radiothérapie guidée par imagerie portale sur grains par rapport à celle avec tomographie conique pour des contrôles hebdomadaires (mais plus faible pour des contrôles quotidiens). Cependant, cette comparaison doit être particulièrement prudente, l’étude n’ayant pas été construite pour répondre à cette question (absence de randomisation entre ces deux modalités). L’évaluation économique menée ici avait pour ambition la mesure des surcoûts induits par la mise en œuvre de l’innovation et non le calcul de son coût complet. Ainsi, seules les ressources qui entraient dans le processus de production hospitalier des stratégies étudiées et qui étaient susceptibles de varier entre les interventions comparées ont été considérées. En conséquence, un certain nombre de coûts n’ont pas été pris en compte dans cette évaluation. S’agissant du personnel médical et paramédical, seuls les temps directement liés aux traitements ont été valorisés. D’autres coûts directs et indirects (au sens de l’évaluation économique) générés par les départements de radiothérapie ou relevant de fonctions médicotechniques n’ont pas été pris en compte dans l’évaluation (i.e. coûts de logistique, de structure et de gestion) [7]. 5. Conclusion Les données économiques présentées ici permettent d’apporter des données objectives de coût supportées par les structures hospitalières pour la mise en œuvre de la radiothérapie guidée par l’image et d’évaluer de façon prospective et randomisée les surcoûts liés à la réalisation d’un contrôle quotidien de positionnement versus un contrôle hebdomadaire. Ces données pourraient être utiles dans la réflexion sur la valorisation des contrôles de qualité en radiothérapie. Les données médicales obtenues par l’étude prospective randomisée permettront de conduire une étude de type coût-efficacité d’une stratégie de contrôle quotidien par comparaison à stratégie hebdomadaire de radiothérapie guidée par imagerie tridimensionnelle. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Remerciements Cette étude a reçu un financement de l’Institut national du cancer (Inca) dans le cadre du programme de soutien aux innovations diagnostiques et thérapeutiques coûteuses. Nous tenons à remercier également Frédéric Bancel, Sophie Beaupère, Christine Bonhomme, Marie-Odile Carrère, Richard Lefrand, Jacques Pralong, Cédric Prez, Ghislain Promonet, Raphaël Remonnay, Catherine Romefort, Élodie Terrier pour leur collaboration. Références [1] Lagrange JL, de Crevoisier R. La radiothérapie guidée par l’image (IGRT). Bull Cancer 2010;97:857–65. 451 [2] de Crevoisier R, Lagrange JL, Messai T, M’Barek B, Lefkopoulos D. Dispositifs de repositionnement prostatique sous l’accélérateur linéaire. Cancer Radiother 2006;10:394–401. [3] Frank SJ, Dong L, Kudchadker RJ, De Crevoisier R, Lee AK, Cheung R, et al. Quantification of prostate and seminal vesicle interfraction variation during IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;7:813–20. [4] de Crevoisier R, Garcia R, Louvel G, Marguet M, Lafond C, Bodez V. Radiothérapie guidée par la tomographie conique (cone beam computed tomography) : mise en œuvre et applications cliniques. Cancer Radiother 2009;13:482–9. [5] Pommier P, Gassa F, Lafay F, Claude L. Radiothérapie guidée par l’image avec le Cone Beam CT kV (ElektaTM ) : expérience du centre Léon-Bérard. Cancer Radiother 2009;13:384–90. [6] De Crevoisier R, Tucker SL, Dong L, Mohan R, Cheung R, Cox JD, et al. Increased risk of biochemical and local failure in patients with distended rectum on the planning CT for prostate cancer radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;62:965–73. [7] D’Amico AV, Whittington R, Malkowicz SB, Schultz D, Blank K, Broderick GA, et al. Biochemical outcome after radical prostatectomy, external beam radiation therapy, or interstitial radiation therapy for clinically localized prostate cancer. JAMA 1998;280:969–74. [8] Drummond MF, Sculpher MJ, Torrance GW, O’Brien BJ. Methods for the economic evaluation of health care programmes. Oxford: Oxford University Press; 2005. [9] Haute Autorité de santé (HAS). Choix méthodologiques pour l’évaluation économique à la HAS. Saint-Denis: HAS; 2011. Disponible à l’adresse: http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201111/guide methodo vf.pdf (accès le 11/7/12). [10] Gill S, Thomas J, Fox C, Kron T, Rolfo A, Leahy M, et al. Acute toxicity in prostate cancer patients treated with and without image-guided radiotherapy. Radiat Oncol 2011;6:145. [11] Zelefsky MJ, Kollmeier M, Cox B, Fidaleo A, Sperling D, Pei X, et al. Improved clinical outcomes with high-dose image guided radiotherapy compared with non-IGRT for the treatment of clinically localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;84:125–9. [12] Cazoulat G, de Crevoisier R, Simon A, Louvel G, Manens JP, Lafond C, et al. Bénéfice volumétrique de la radiothérapie guidée par l’image dans les cancers prostatiques : marges et cartographies de probabilité de présence. Cancer Radiother 2009;13:365–74. [13] Latorzeff I, Mazurier J, Boutry C, Dudouet P, Richaud P, de Crevoisier R. Apports de la radiothérapie avec modulation d’intensité guidée par l’image dans les cancers prostatiques. Cancer Radiother 2010;14:479–87. [14] Melancon AD, O’Daniel JC, Zhang L, Kudchadker RJ, Kuban DA, Lee AK, et al. Is a 3-mm intrafractional margin sufficient for daily image-guided intensity-modulated radiation therapy of prostate cancer. Radiother Oncol 2007;85:251–9. [15] Halperin EC. Overpriced technology in radiation oncology. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:917–8. [16] Lievens Y. Valorisation de la radiothérapie de haute technologie en Europe. Cancer Radiother 2006;10:361–9. [17] Nguyen PL, Gu X, Lipsitz SR, Choueiri TK, Choi WW, Lei Y, et al. Cost implications of the rapid adoption of newer technologies for treating prostate cancer. J Clin Oncol 2011;29:1517–24. [18] Van de Werf E, Verstraete J, Lievens Y. The cost of radiotherapy in a decade of technology evolution. Radiother Oncol 2012;102:148–53. [19] Wallner PE, Steinberg ML, Konski AA. Controversies in the adoption of new healthcare technologies. Front Radiat Ther Oncol 2011;43:60–78. [20] Marchal C, Bensadoun RJ, Haslé E, Lapeyre M, Carrere MO, et al. La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) en France : apport des projets nationaux de soutien aux technologies innovantes et coûteuses (Stic 2001 et 2002). Cancer Radiother 2003;7, 44s–48s. [21] Remonnay R, Morelle M, Pommier P, Giammarile F, Carrère MO. Assessing short-term effects and costs at an early stage of innovation: the use of positron emission tomography on radiotherapy treatment decision making. Int J Technol Assess Health Care 2008;24:212–20. [22] Remonnay R, Morelle M, Giraud P, Carrère MO. Évaluation du coût de la radiothérapie asservie à la respiration dans le cadre d’un projet Stic. Cancer Radiother 2009;13:281–90. [23] Buron C, Le Vu B, Cosset JM, Pommier P, Peiffert D, Delannes M, et al. Brachytherapy versus prostatectomy in localized prostate cancer: results of a French multicenter prospective medico-economic study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:812–22. [24] Remonnay R, Morelle M, Pommier P, Haie-Meder C, Quetin P, Kerr C, et al. Évaluation économique de la curiethérapie de débit pulsé gynécologique (PDR) avec optimisation de la dose pour les cancers du col utérin. Cancer Radiother 2010;14:161–8. [25] Collège des économistes de santé (CES). Guide méthodologique pour l’évaluation économique de stratégie de santé. Villejuif: CES; 2003. [26] Barney BM, Lee RJ, Handrahan D, Welsh KT, Cook JT, Sause WT. Image-guided radiotherapy (IGRT) for prostate cancer comparing kV imaging of fiducial markers with cone beam computed tomography (CBCT). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:301–5. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 452–455 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Doses délivrées par l’imagerie de contrôle en radiothérapie externe guidée par l’image In room delivered doses during image-guided radiotherapy courses G. Delpon a,∗,b,c , S. Chiavassa a,b,c , S. Supiot b,c,d , A. Lisbona a,b,c a Service de physique médicale, centre René-Gauducheau, institut de cancérologie de l’Ouest, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain cedex, France Centre de recherche en cancérologie Nantes Angers, 8, quai Moncousu, BP 70721, 44007 Nantes cedex 1, France Inserm U 892, 8, quai Moncousu, BP 70721, 44007 Nantes cedex 1, France d Service de radiothérapie, centre René-Gauducheau, institut de cancérologie de l’Ouest, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain cedex, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Radiothérapie guidée par l’image Positionnement Dose r é s u m é La radiothérapie guidée par l’image consiste à acquérir des images dans la salle de traitement pour améliorer la précision du positionnement du patient. La plupart des dispositifs d’imagerie sont basés sur l’utilisation d’un faisceau de rayons X et contribuent à une irradiation supplémentaire des patients. Ces doses additionnelles, non négligeables, doivent être évaluées et rapportées. Une revue de la littérature a permis de récapituler l’ordre de grandeur des doses délivrées aux organes lors des sessions d’imagerie en salle, notamment lors de traitements de cancer de la prostate. De plus, comme pour toute irradiation, une démarche de justification, d’optimisation et de limitation est nécessaire. Ces différents aspects sont présentés dans le cadre des radiothérapies externes. La justification (quel bénéfice pour le patient ?) et l’optimisation (quelle image à quelle fréquence pour quel patient ?) représentent des enjeux forts dans la prise en charge des patients et l’organisation des professionnels. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: IGRT Setup Dose Image-guided radiotherapy is defined by the use of images acquired in the treatment room to improve the accuracy of patient positioning. Most of imaging devices use X-rays and deliver an additional dose to the patients. These non-negligible doses have to be evaluated and reported. Several studies have investigated organ-absorbed dose due to in-room imaging. Some organ doses are reported to give an idea of the magnitude, in particular for prostate cancer. Then, principles based on the as low as reasonably achievable (ALARA) concept are described and adapted to image-guided radiotherapy. Justification (what is the patient outcome?) and optimisation (image modality, acquisition frequency, treatment site. . .) are two main issues. They have a really big impact on patient treatment and staff organization. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction Le développement de la radiothérapie guidée par l’image modifie la prise en charge clinique quotidienne des patients traités par irradiation externe avec ou sans modulation d’intensité. La facilité technologique permet aujourd’hui de contrôler et éventuellement d’ajuster le positionnement du patient, voire de la tumeur à chaque séance en quelques minutes [1–3]. De nombreux ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (G. Delpon). dispositifs d’imagerie ont en effet été développés pour aider le personnel dans cette étape de positionnement [4,5]. Cette nouvelle prise en charge ouvre d’importantes perspectives quant aux traitements de demain. Ces dispositifs de (re)positionnement doivent permettre d’améliorer la précision du traitement et peuvent donc entraîner d’autres changements dans les pratiques tels que la réduction des marges ou l’augmentation de la dose prescrite. De même, les possibles acquisitions volumétriques montrent la voie à la radiothérapie adaptative [6]. Cependant, la majorité de ces équipements utilisent des rayonnements ionisants et contribuent à l’irradiation des patients. Au cours de leur traitement, les patients reçoivent, en plus de la dose thérapeutique prescrite et prévue par 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.019 453 G. Delpon et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 452–455 Tableau 1 Études ayant publié des valeurs de doses calculées et mesurées pour différentes modalités d’acquisition. Étude Modalité Site anatomique Mesures/Calcul Doses (cGy/ scanographie) Doses (cGy/ 40 fractions) Stock et al. [10] Stock et al. [10] Kan et al. [11] Hyer et al. [12] Ding et al. [13] Shah et al. [14] Acquisition planaire de basse énergie Tomographie conique de basse énergie Tomographie conique de basse énergie Tomographie conique de basse énergie Tomographie conique de basse énergie Tomographie de haute énergie avec géométrie en éventail Tomographie conique de haute énergie Tomographie conique de haute énergie Prostate, vessie, rectum Prostate, vessie, rectum Vessie, rectum Prostate, vessie Prostate, vessie, rectum Prostate Mesure Mesure Mesures Mesures Calcul Calcul 0,01–0,08 3,5 0,9–1,2 1,5–2,8 1,4–1,7 0,7–2,1 0,40–3,2 140 36–48 60–112 56–68 28–84 Prostate Pelvis Mesure Calcul 3,7 8,5 148 340 Isambert et al. [15] Zabel-du Bois et al. [16] Les doses mesurées relèvent de mesures ponctuelles, éventuellement moyennées. le plan de traitement, une dose supplémentaire liée à la vérification du positionnement pendant les séances de radiothérapie [7]. Il est à noter, bien que hors contexte, qu’ils reçoivent également une irradiation liée à l’imagerie de préparation du traitement, à savoir au minimum une acquisition tomodensitométrique. Les services de radiothérapie doivent mettre en place un système de gestion de ces doses [8]. Dans ce contexte d’irradiation additionnelle délivrée aux patients, il semble nécessaire d’évaluer le bénéfice et le coût de ces doses dues à l’imagerie de positionnement dans le cadre de la radiothérapie externe [9]. Autrement dit, il convient d’adopter un comportement en accord avec le principe as low as reasonably achievable (ALARA) dans le domaine de la radiothérapie. Cette évaluation bénéfice/coût semble paradoxale puisqu’il s’agit d’introduire des concepts issus du diagnostic en thérapie, alors même que les doses délivrées en imagerie sont très inférieures. Très inférieures certes, mais selon la stratégie de positionnement et la ® . 2. Rappel des différents modes d’acquisition selon les équipements Les systèmes embarqués XVI® (Elekta) et OBI® (Varian) permettent des acquisitions planaires et volumétriques en faisceau conique, appelées respectivement kV et kVCBCT (Cone-Beam Computed Tomography). Les systèmes périphériques BrainLAB et Accuray acquièrent uniquement des paires d’images de basse énergie (kV) et non des volumes. Le dispositif d’imagerie de tomotherapy acquiert un volume en haute énergie avec une géométrie en éventail (MVCT). Enfin, le système Siemens utilise une géométrie conique de haute énergie (MVCBCT). 3. Ordre de grandeur des doses délivrées dues à l’imagerie de positionnement en salle de traitement Plusieurs études ont été publiées pour rapporter les doses liées à l’imagerie délivrées aux organes. Ces estimations reposent soit sur des calculs/simulations, soit sur des mesures sur des fantômes anthropomorphiques. Quelques résultats, concernant la prostate, sont présentés dans le Tableau 1. Il est à noter que pour les dispositifs de basse énergie (kV), une dose plus élevée est absorbée par les têtes fémorales à cause de la prépondérance de l’effet photoélectrique dans les matériaux denses dans cette gamme d’énergie [17]. Les protocoles utilisant un système de basse énergie délivrent moins de dose, notamment les systèmes périphériques. Cependant, ces derniers permettent la répétition d’acquisitions pendant la délivrance du traitement et le nombre d’images peut significativement augmenter. Pour des stratégies de correction en temps réel avec une tomographie conique de basse énergie (kVCBCT) quotidienne, la dose supplémentaire sur la totalité du traitement est de l’ordre de 0,5 à 1,4 Gy. Ces valeurs dépendent notamment des paramètres d’acquisition. Les constructeurs progressent pour diminuer ces doses et commencent à proposer des solutions d’optimisation de la dose. Par exemple, pour certains protocoles, la version OBI® 1.4 a permis de réduire d’un facteur 2 la durée des projections par rapport à la version 1.3 et donc la dose délivrée a été divisée par 2 également. Ils proposent plusieurs modes d’acquisition et le choix de ces modes sera abordé dans le paragraphe lié à l’optimisation. La modalité tomographie conique de haute énergie (MVCBCT) délivre une dose plus élevée, mais comme avec les images portales de haute énergie (MV), ces doses sont simples à intégrer à un plan de traitement dans le système de planimétrie et ainsi de les prendre en compte [16]. La méthodologie d’intégration de ces doses dans les plans de traitement n’est toujours pas formellement résolue, essentiellement pour les imageries de basse énergie. Il faut néanmoins garder à l’esprit que le guidage par l’image à rayons X entraîne un dépôt de dose dans des volumes plus grands que le volume cible et donc dans les organes à risque avoisinants. Il paraît nécessaire d’évaluer la dose dans ces organes (par exemple vessie, rectum et têtes fémorales dans le cas de prostate) et pas seulement à l’isocentre ou dans le volume cible ou à la peau. 4. Justification La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité, avec faisceaux statiques et avec faisceaux dynamiques (arcs et hélice), permet d’obtenir des distributions de dose extrêmement séduisantes avec une couverture du volume cible et une épargne des tissus sains environnants. La problématique est de réussir à délivrer la dose conformément à la planification. Pour atteindre cet objectif, les dispositifs d’aide au positionnement sont évidemment une aide précieuse. Il est à présent possible de vérifier le positionnement du patient, de la tumeur et/ou des organes à risque avant chaque séance et éventuellement selon les équipements, de suivre la position de la tumeur pendant la séance [18]. Un problème majeur pour les oncologues radiothérapeutes est de savoir comment rapporter ces doses dans le cadre des radiothérapies externes. Est-on dans le domaine de la radioprotection ? Dans ce cas on devrait s’intéresser à la dose efficace, exprimée en Sieverts, pour estimer un risque radiologique. Mais le concept de dose efficace et de dose à la population ne paraît pas applicable à une population traitée par irradiation. La question est plutôt de savoir si le patient tire un bénéfice direct de cette irradiation [9]. Quel est le but recherché lorsque la radiothérapie guidée par l’image est mise en œuvre ? Quel que soit le protocole de positionnement mis en œuvre, cet objectif requiert au préalable un plan de traitement correct, basé sur une acquisition tomodensitométrique de bonne qualité réalisée dans la position de traitement avec un système d’immobilisation adéquat. Lorsque ces conditions sont réunies, la délivrance du traitement peut être envisagée. Elle 454 G. Delpon et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 452–455 s’accompagne d’une stratégie de positionnement en temps réel ou en temps différé [19]. Cette stratégie dépend du site anatomique (mouvements, déformations) et doit être adaptée à l’objectif thérapeutique (curatif/palliatif, normofractionné/hypofractionné). L’objectif premier du guidage par l’image est de minimiser les écarts entre la planification et la délivrance de la dose. Il s’agit ainsi de repositionner le volume cible en se basant sur des repères (anatomie, marqueurs). Cet objectif, le plus couramment réalisé dans la pratique clinique actuelle, ne prend pas en compte les déformations. Un second objectif peut-être, supposant que le repositionnement est précis, de diminuer les marges pour réduire la toxicité dans les organes à risque ou pour augmenter la dose [20]. Cet objectif est extrêmement attrayant car il permet de réduire le volume global irradié et potentiellement, même en incluant la dose due à l’imagerie de réduire la dose intégrale délivrée au patient [19]. Cependant, les marges servent à compenser les incertitudes de délinéation, de mouvement et de repositionnement et elles doivent être maintenues à des dimensions suffisantes pour ne pas risquer un « sous dosage » du volume cible et des rechutes locales [21]. Enfin, un dernier objectif consiste à mettre en place la radiothérapie adaptative, c’est-à-dire d’utiliser l’image volumétrique du jour pour adapter le plan de traitement en fonction des volumes [22,23,27]. La justification du guidage par l’image existe dans la mesure où il permet de réduire les erreurs systématiques et aléatoires. Cependant, la facilité technologique incite à pratiquer une stratégie de positionnement en temps réel pour l’ensemble des patients, avec par exemple deux images de basse énergie orthogonales et un recalage basé sur les structures osseuses. Et il n’est pas certain que tous les patients en tirent un bénéfice clinique. Une démarche d’optimisation est donc nécessaire pour éviter des dérives. 5. Optimisation Les constructeurs améliorent les performances de leurs dispositifs pour toujours proposer des images de qualité suffisante tout en diminuant la dose délivrée [24]. L’utilisateur a tout de même le contrôle d’un certain nombre de paramètres afin d’optimiser les doses délivrées dans le cadre de l’imagerie de positionnement. Évidemment, le premier principe d’optimisation consiste à utiliser la modalité disponible la moins irradiante possible. Par exemple, les images orthogonales de basse énergie permettent d’obtenir des images plus pertinentes tout en délivrant moins de dose que des images portales de haute énergie. Cependant, un élément primordial de l’optimisation est la détermination par l’oncologue radiothérapeute du repère utile au recalage des images du jour avec les images de référence (marqueurs implantés, structures anatomiques, tissus mous, région d’intérêt). Ce critère impacte directement sur la dose délivrée. En effet, selon que le recalage est basé sur des marqueurs implantés ou sur des tissus mous, la qualité d’image requise n’est pas la même et de fait la dose différera également [19]. De même, si l’objectif est de recalculer un plan de traitement avec les images du jour, la qualité doit être suffisante pour définir les nouveaux volumes. Certes, l’optimisation de la dose délivrée s’applique à chaque session d’imagerie de positionnement en fonction de l’objectif, mais la définition de la stratégie de correction est également primordiale : quelle modalité et à quelle fréquence ? Chaque service, en fonction notamment de la localisation, du système d’immobilisation, des marges et de la technique d’irradiation doit évaluer ses pratiques et définir des protocoles de correction en temps réel ou en temps différé spécifiant la modalité d’imagerie, la fréquence d’acquisition et les critères de recalage [24]. Les stratégies de correction en temps différé et en temps réel visent à réduire les erreurs systématiques, voire aléatoires [25,26]. Les protocoles en ligne présentent l’avantage de pouvoir corriger les erreurs aléatoires. Mais ils nécessitent du temps et des ressources et délivrent une dose aux patients. Dans certains cas, cette stratégie n’est pas adaptée puisque le temps supplémentaire peut introduire des erreurs dues aux mouvements du patient. Les protocoles en temps différé apparaissent donc parfois plus adaptés et suffisants. Mais à ce jour, il n’existe pas de solution simple et intégrée pour gérer des décalages moyens issus de plusieurs séances d’imagerie de positionnement. Ainsi, pour la prise en compte des erreurs systématiques des protocoles en temps différé, il convient de mettre en place un système sûr et contrôlé de gestion des décalages. Cette étape d’optimisation, qui consiste à définir et à mettre en œuvre les stratégies de correction du positionnement des patients adaptées au service de radiothérapie, est extrêmement importante car elle a un impact organisationnel fort (validation des recalages d’images, délégation, compétences, etc.). 6. Limitation Par définition, la limitation de dose ne s’applique pas au patient. Cependant, les démarches de justification et d’optimisation visent à limiter les expositions supplémentaires délivrées au patient. Cette limitation doit résulter des stratégies de positionnement mises en œuvre dans les services de radiothérapie. 7. Conclusion Les doses additionnelles délivrées par les dispositifs d’imagerie de positionnement ne sont pas négligeables et il apparaît important de les évaluer et de les rapporter. La méthodologie la plus pertinente consiste probablement à essayer d’évaluer la dose aux organes irradiés lors des sessions d’imagerie. Du point de vue du risque radiologique, une attention plus forte doit certainement être donnée aux patients jeunes ayant une espérance de vie longue. Des considérations biologiques viendront probablement compléter cette problématique de prise en compte des doses liées à l’imagerie pour savoir dans quelle mesure il est possible de sommer des doses délivrées par des systèmes de basse énergie avec des doses délivrées par des systèmes de haute énergie. De plus, le suivi des patients ayant de nombreuses sessions d’imagerie, notamment volumétrique, par exemple une tomographie conique de basse énergie (kVCBCT) quotidienne, est particulièrement important dans la période actuelle et à venir. Le stic IGRT (Programme de soutien aux techniques innovantes et coûteuses radiothérapie guidée par l’image) apportera certainement quelques indications [28,29]. La facilité technologique est un facteur à ne pas sous-évaluer lors de l’installation des nouveaux équipements de radiothérapie. Aujourd’hui, il est extrêmement simple d’acquérir une multitude d’images dans la salle de traitement pour chaque patient, quel que soit l’objectif thérapeutique. Il semble raisonnable de ne pas subir cette évolution technologique et d’évaluer le bénéfice qu’un patient peut en tirer individuellement. Cette évaluation passe par une étude d’optimisation qui comporte deux aspects. D’une part, il faut optimiser la dose délivrée pour acquérir les images en fonction de leur utilisation. D’autre part, il faut définir des stratégies de positionnement qui définissent la modalité et la fréquence d’imagerie, ainsi que le rôle des professionnels. Cette phase d’optimisation est extrêmement importante, car elle conditionne l’organisation du service. Elle est également très intéressante car elle implique les oncologues radiothérapeutes, les manipulateurs, les dosimétristes et les physiciens. G. Delpon et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 452–455 Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Delpon G, Llagostera C, Le Blanc M, Rio E, Supiot S, Mahé MA, et al. Quelle radiothérapie guidée par l’image pour quels patients ? Expérience concomitante de l’utilisation de trois dispositifs d’imagerie de repositionnement dans le cas du cancer de la prostate. Cancer Radiother 2009;13:399–407. [2] Pommier P, Gassa F, Lafay F, Claude L. Radiothérapie guidée par l’image avec le cone-beam CT kV (ElektaTM ) : expérience du centre Léon-Bérard. Cancer Radiother 2009;13:384–90. [3] de Crevoisier R, Garcia R, Louvel G, Marguet M, Lafond C, Bodez V. Radiothérapie guidée par la tomographie conique (cone-beam computed tomography) : mise en œuvre et applications cliniques. Cancer Radiother 2009;13: 482–9. [4] Meyer JL, Sharpe M, Brock K, Deasy J, Craig, Moseley D, et al. Advanced technologies in the radiotherapy clinic: system fundamentals. Front Radiat Ther Oncol 2011;43:29–59. [5] De Crevoisier R, Lagrange JL, Messai T, M’Barek B, Lefkopoulos D. Dispositifs de repositionnement prostatique sous l’accélérateur linéaire. Cancer Radiother 2006;10:394–401. [6] Cazoulat G, Lesaunier M, Simon A, Haigron P, Acosta O, Louvel G, et al. De la radiothérapie guidée par l’image à la radiothérapie guidée par la dose. Cancer Radiother 2011;15:691–8. [7] Lisbona A, Delpon G. Les doses dues à l’imagerie numérique pour le contrôle de positionnement du patient en radiothérapie : comment les prendre en compte ? Cancer Radiother 2008;12:856–9. [8] Murphy MJ, Balter J, Balter S, BenComo JA, Das IJ, Jiang SB, et al. The management of imaging dose during image-guided radiotherapy: report of the AAPM task group 75. Med Phys 2007;34:4041–63. [9] Bujold A, Craig T, Jaffray D, Dawson LA. Image-guided radiotherapy: has it influenced patient outcomes? Semin Radiat Oncol 2012;22:50–61. [10] Stock M, Palm A, Altendorfer A, Steiner E, Georg D. IGRT induced dose burden for a variety of imaging protocols at two different anatomical sites. Radiother Oncol 2012;102:355–63. [11] Kan MW, Leung LHT, Wong W, Lam N. Radiation dose from cone-beam computed tomography for image-guided radiation therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:272–9. [12] Hyer DE, Serago CF, Kim S, Li JG, Hintenlang DE. An organ and effective dose study of XVI and OBI cone-beam CT systems. J Appl Clin Med Phys 2010;11:181–97. [13] Ding A, Gu J, Trofimov AV, Xu XG. Monte Carlo calculation of imaging doses from diagnostic multidetector CT and kilovoltage cone-beam CT as part of prostate cancer treatment plans. Med Phys 2010;37:6199–204. 455 [14] Shah AP, Langen KM, Ruchala KJ, Cox A, Kupelian PA, Meeks SL. Patient dose from mega-voltage computed tomography imaging. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:1579–87. [15] Isambert A, Ferreira IH, Bossi A, Beaudré A, Nicula LE, Lefkopoulos D. Dose délivrée au patient lors de l’acquisition d’images par tomographie conique de haute énergie. Cancer Radiother 2009;13:358–64. [16] Zabel-du Bois A, Nill S, Ulrich S, Oelfke U, Rhein B, Haering P, et al. Dosimetric integration of daily mega-voltage cone-beam CT for image-guided intensitymodulated radiotherapy. Strahlenther Onkol 2012;188:120–6. [17] Ding GX, Duggan DM, Coffey CW. Accurate patient dosimetry of kilovoltage cone-beam CT in radiation therapy. Med Phys 2008;35:1135–44. [18] Verellen D, Depuydt T, Gevaert T, Linthout N, Tournel K, Duchateau M, et al. Gating and tracking, 4D in thoracic tumours. Cancer Radiother 2010;14:446–54. [19] Van Herk M. Different styles of image-guided radiotherapy. Semin Radiat Oncol 2007;17:258–67. [20] Latorzeff I, Mazurier J, Boutry J, Dudouet P, Richaud P, de Crevoisier R. Apports de la radiothérapie avec modulation d’intensité guidée par l’image dans les cancers prostatiques. Cancer Radiother 2010;14:479–87. [21] Engels B, Soete G, Verellen D, Storme G. Conformal arc radiotherapy for prostate cancer: increased biochemical failure in patients with distended rectum on the planning computed tomogram despite image guidance by implanted markers. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:388–91. [22] Palm A, Nilsson E, Hermsdorf L. Absorbed dose and dose rate using the Varian OBI 1.3 and 1.4 CBCT system. J Appl Clin Med Phys 2010;11:229–40. [23] Kupelian P, Meyer JL. Image-guided, adaptive radiotherapy of prostate cancer: toward new standards of radiotherapy practice. Front Radiat Ther Oncol 2011;43:344–68. [24] Nijkamp J, Marijnen C, van Herk M, van Triest B, Sonke JJ. Adaptive radiotherapy for long course neo-adjuvant treatment of rectal cancer. Radiother Oncol 2012;103:353–9. [25] Josset-Gaudaire S, Rousset S, Nerrière E, Lisbona A, Le Blanc M, Llagostera C, et al. Analyse des erreurs de positionnement en radiothérapie. Cancer Radiother 2011;15:618–9. [26] The Royal College of Radiologists, Society College of Radiographers, Institute of Physics Engineering in Medicine. On target: ensuring accuracy in radiotherapy. London: The Royal College of Radiologists; 2008. [27] Balter JM, Antonuk LE. Quality assurance for kV and MV in-room imaging and localization for off- and online setup error correction. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;71:S48–52. [28] Louvel G, Cazoulat G, Chajon E, Le Maître A, Simon A, Henry O, et al. Radiothérapie guidée par l’image et adaptative. Cancer Radiother 2012;16, http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.177, ce numéro. [29] Pommier P, Morelle M, Perrier L, de Crevoisier R, Laplanche A, Dudouet P, et al. Évaluation économique prospective de la radiothérapie guidée par l’image des cancers de la prostate dans le cadre du programme national de soutien aux thérapeutiques innovantes et coûteuses. Cancer Radiother 2012;16, http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.07.178, ce numéro. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 456–461 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Évaluation et prise en charge de la toxicité cutanée en cours de radiothérapie Evaluation and management of acute radiation dermatitis A. Modesto a , J.-C. Faivre b , F. Granel-Brocard c , Y.-G. Tao d , Y. Pointreau e,∗,f,g,h a Département de radiothérapie, institut Claudius-Regaud, 22–24, rue du Pont-Saint-Pierre, 31000 Toulouse, France Département de radiothérapie, CRLCC de Lorraine Alexis-Vautrin, 6, avenue de Bourgogne, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy, France c Département de dermatologie, CHU de Nancy, rue Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-Nancy, France d Département de radiothérapie, institut Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant, 94805 Villejuif, France e Service de radiothérapie, centre régional universitaire de cancérologie Henry-S.-Kaplan, hôpital Bretonneau, CHRU de Tours, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours, France f UMR 7292 « Génétique, immunothérapie, chimie et cancer », université François-Rabelais, 37000 Tours, France g CNRS, UMR 7292 « Génétique, immunothérapie, chimie et cancer », 37000 Tours, France h Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHRU de Tours, 37000 Tours, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 22 avril 2012 Reçu sous la forme révisée le 22 mai 2012 Accepté le 23 mai 2012 Disponible sur Internet le 19 juillet 2012 Mots clés : Radiothérapie Effet secondaire Radiodermite Cetuximab Folliculite r é s u m é La dermite radio-induite est l’un des effets secondaires les plus fréquemment observés chez les patients en cours de radiothérapie altérant leur qualité de vie, source de surinfection et/ou d’interruption thérapeutique. Sa prise en charge est très hétérogène. Le traitement préventif repose essentiellement sur la diminution de la dose à la peau et le respect de règles hygiénodiététiques. En situation curative, l’application de soins locaux émollients et de dermocorticoïdes peut s’avérer utile. L’adjonction de cetuximab en cours de radiothérapie favorise l’apparition de lésions cutanées dont le mécanisme diffère, impliquant une prise en charge adaptée avec notamment l’usage d’antibiothérapie. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Radiotherapy Adverse effect Radiodermatitis Cetuximab Folliculitis Acute radiation dermatitis remains one of the most commonly observed side effect during radiation therapy leading to complication such as superinfection or treatment disruption. Its management is characterized by a great heterogeneity. Few strategies have demonstrated a benefit in preventing radiation dermatitis, which relies mostly on decreasing dose delivered to the skin and skin care practices. Simple emollients and use of topical steroids can be useful in early stages. The singularity of the skin toxicity seen with cetuximab and radiotherapy warrants a specific grading system and distinctive clinical treatment with use of antibiotics. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’apprentissage de la gestion de la toxicité cutanée induite par les rayonnements ionisants a débuté dès la découverte de la radioactivité. Henri Becquerel, puis Pierre Curie en 1900 et ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : pointr [email protected] (Y. Pointreau). 1901, décrivaient l’apparition d’un érythème cutané consécutif à l’exposition à une source de radium. Ainsi, les lésions cutanées précoces, induites par la radiothérapie, font l’objet depuis des décennies de multiples tentatives thérapeutiques. Cet effet secondaire déterministe a une très grande prévalence compte tenu de la proximité de la peau avec les volumes tumoraux traités (cancers du sein, des voies aérodigestives supérieures. . .). La dermite radio-induite apparaît chez plus de 90 % des patients traités [1]. Elle est responsable d’une altération de la qualité de vie susceptible d’entraîner une interruption thérapeutique 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.007 A. Modesto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 456–461 temporaire, voire définitive, et de réduire la probabilité du contrôle tumoral [2]. Sa prise en charge reste aujourd’hui très hétérogène, comme en témoigne les conclusions controversées de la littérature disponible. 2. Physiopathologie et cotation des toxicités 2.1. Épithéliite L’épithéliite aiguë radio-induite correspond à une réaction inflammatoire cutanée due à l’interaction des rayonnements ionisants avec l’épiderme. Cet effet aigu s’observe dans les tissus à renouvellement rapide. Il est le plus souvent réversible. L’existence de radicaux libres au sein des kératinocytes basaux altère leur ADN et favorise ainsi un relargage de cytokines pro-inflammatoires dont les interleukines 1 et 6 ainsi que le transforming growth factor  (TGF). Leur élévation entraîne une vasodilatation (combinée à une altération de l’endothélium), une prolifération leucocytaire, une infiltration interstitielle et un arrêt transitoire de la croissance des kératinocytes [2–4]. 2.2. Radiodermite Les manifestations cliniques de la radiodermite aiguë sont un érythème cutané progressif à partir de 10 à 20 Gy (en fractionnement et étalement classiques), un œdème des tissus cutanés et sous-cutanés, une desquamation, voire une ulcération cutanée qui peut conduire dans de rares cas à une nécrose cutanée. Ces effets disparaissent entre une à quatre semaines après la fin de la radiothérapie, mais la cicatrisation complète peut prendre d’un à trois mois [5]. La multiplicité des échelles de cotation a pérennisé l’hétérogénéité de la prise en charge. Le National Cancer Institute a publié une classification consensuelle et internationale : Common Terminology Criteriae for Adverse Events (NCI-CTCAE), dont la dernière version est reprise dans le Tableau 1. Les grades de la radiodermite sont illustrés sur la Fig. 1. Cet effet n’est pourtant pas superposable d’un patient à un autre. Plusieurs facteurs influent sur son intensité. 2.2.1. Facteurs extrinsèques La dose délivrée à la peau est un facteur fondamental. Plus la dose totale et la dose hebdomadaire sont importantes, plus la probabilité d’apparition de la toxicité est forte. Par conséquent, l’utilisation de particules peu énergétiques, d’électrons ou d’un bolus sont autant de facteurs favorisants [6]. La topographie de la zone irradiée joue également un rôle : les plis cutanés (sillons sous-mammaire, pli interfessier) et les reliefs marqués (clavicule, oreilles. . .) correspondent à des volumes où les contraintes dosimétriques et la répartition de dose sont souvent plus hétérogènes. Tableau 1 Cotations de la radiodermite selon la National Cancer Institute (NCI) Common Terminology Criteria for Adverse Events (CTC AE) version 4. Grade 0 Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4 Grade 5 Absence de toxicité Faible érythème ou desquamation sèche Érythème modéré à vif ; desquamation suintante en plaques, affectant principalement les plis et replis cutanés ; œdème modéré Desquamation suintante en plaque, affectant d’autres zones que les plis et replis cutanés ; saignement induit par des traumatismes ou abrasions mineurs Mise en jeu du pronostic vital ; nécrose cutanée ou ulcération de toute l’épaisseur du derme ; saignement spontané des sites affectés ; indication de greffe cutanée Décès 457 2.2.2. Facteurs intrinsèques Une variabilité de la toxicité est liée aux caractéristiques phénotypiques et génotypiques des patients. Certaines sont bien décrites tels que le diabète, l’immunodépression, la dénutrition, la consommation de tabac, l’obésité, le phototype cutané et d’autres plus spécifiques à la sénologie : seins volumineux, ménopause. La prise de médicament concomitante à l’irradiation peut majorer la toxicité et notamment la chimiothérapie, les thérapies ciblées mais aussi les traitements plus généraux des patients (amiodarone, statines) [4]. Par ailleurs, la capacité de réparation des lésions radioinduites par les tissus sains est parfois défectueuse comme dans la sclérodermie, le lupus, le célèbre xeroderma pigmentosum et plus fondamentalement en cas de polymorphisme single nucleotide phenotype XRCC1 et eNOS [7]. 3. Prise en charge La gestion des effets secondaires de la radiothérapie impose une prise en charge préventive et curative de la radiodermite lors de la consultation médicale hebdomadaire per-thérapeutique. Elle repose sur une étroite collaboration avec les infirmiers, les manipulateurs en électroradiologie médicale et l’aide d’un dermatologue peut s’avérer nécessaire. Elle demeure controversée, faisant davantage appel à des habitudes d’équipes qu’à des règles clairement validées. 3.1. Information préalable des patients et règles hygiénodiététiques Afin de diminuer l’incidence des surinfections dues à une radiodermite, une hygiène locale quotidienne à l’eau et au savon doux, surgras, non détergent au pH neutre est fondamentale. Le séchage doit se faire par tamponnement ou à l’aide d’un séchoir à froid. Il faut éviter les traumatismes même minimes sur la zone traitée : rasage électrique plutôt que mécanique, port de vêtements amples (en coton si possible), soutien-gorge sans baleine, éviter toute exposition solaire de la zone irradiée et toute utilisation de topique irritant (parfum, déodorant. . .). Il convient de dépister et prendre en charge d’autres facteurs favorisants : diabète, tabagisme et dénutrition [8]. 3.2. Réduction de la dose à la peau Elle passe par l’utilisation de particules mégavoltées, notamment supérieures à 4 MV afin d’influer sur leur rendement en profondeur. Ainsi, plus l’intensité du rayonnement est importante, plus la dose à la peau diminue, le dépôt maximal d’énergie se faisant à distance de la surface cutanée (10 à 35 mm). L’homogénéisation de la balistique permet de diminuer les zones de surdosage et la toxicité cutanée. En effet, dans le cadre d’un traitement conservateur du cancer du sein, l’irradiation est le plus souvent réalisée par deux faisceaux tangentiels opposés, incluant l’ensemble de la glande mammaire [9]. La distribution de dose au sein de la glande est relativement inhomogène. En effet, étant donnée la forme du sein, les rayonnements ionisants doivent traverser davantage d’épaisseur de tissu le long de la paroi thoracique qu’au niveau de la zone péri-aréolaire ou du sillon sous-mammaire et peuvent donc provoquer une majoration de la dose (plus de 10 % de la dose prescrite) dans des zones dites « points chauds » et ce malgré l’utilisation de filtres en coin ou plus récemment de collimateurs multilames [10]. L’essai multicentrique randomisé de Pignol et al. qui a inclus 331 patientes traitées par irradiation conformationnelle sans ou avec modulation d’intensité (RCMI) a montré une diminution significative dans l’apparition de dermite de grade 2 ou plus avec la RCMI [11]. Cependant, les problèmes d’accessibilité à cette technique en pratique courante ont requis l’émergence de nouvelles pratiques 458 A. Modesto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 456–461 Fig. 1. Radiodermite de grade 1 à 4, selon la numérotation sur les photographies. de radiothérapie conformationnelle. Elle se base sur une irradiation par deux faisceaux tangentiels avec la possibilité d’ajouter une ou plusieurs lames en cours de séance créant un champ dans le champ (technique dite field in field) améliorant l’homogénéité dosimétrique [12–14]. 3.3. Traitements médicaux L’application cutanée de topiques ne doit pas être effectuée dans les heures qui précèdent l’irradiation, au risque d’aggraver l’épidermite via un effet bolus. Les crèmes émollientes non comédogènes sont à favoriser et l’automédication doit être proscrite. 3.3.1. Trolamine La trolamine (Biafine® , Johnson & Johnson Consumer France SAS) est le traitement historique de référence. Elle dispose d’une autorisation de mise sur le marché en situation curative. Initialement développée pour la prise en charge des brûlures thermiques, ses propriétés anti-œdémateuses favoriseraient la réparation des radiodermites au moyen d’une application locale simple. Pourtant il n’existe pas dans la littérature d’essai de phase III montrant un bénéfice de la trolamine. Les trois études randomisées comparatives sont négatives : essai de trolamine contre « les meilleurs soins de soutien » (aquafor, Aloe vera ou autre) dans le cancer du sein [15], essai de Pommier et al., qui a aussi montré un avantage pour le Calendula dans le cancer du sein [16], ou en carcinologie cervicofaciale où 547 patients ont reçu de la trolamine (préventive ou curative) ou « les meilleurs soins de soutien » (incluant des dermocorticoïdes) [17]. Par ailleurs, cette substance est potentiellement responsable de phénomènes allergiques [15]. 3.3.2. Calendula officinalis Fabriquée à partir de plantes de la famille des Soucis, cette substance est commercialisée dans la prise en charge des brûlures superficielles et des dermites irritatives (dermabrasions, crevasses, gerçures) sous plusieurs formes galéniques différentes. Malgré son activité antioxydante [18], il n’existe pas de données précliniques quant à son utilisation en cours d’irradiation [19]. L’essai de Pommier et al. de phase III, comparant l’application biquotidienne préventive de Calendula officinalis et la trolamine chez 254 patientes atteintes d’un cancer du sein, a montré une moindre incidence des radiodermites de grade 2 avec le Calendula officinalis (63 contre 41 % ; p < 0,001) [16]. 3.3.3. Dermocorticoïdes Plusieurs études ont testé l’administration préventive quotidienne de mometasone furoate ou de méthylprednisolone 0,1 % [3,20]. Il a été observé un bénéfice en termes de symptomatologie fonctionnelle de la radiodermite (prurit, douleur), mais le traitement n’a semblé diminuer ni l’incidence des lésions, ni leur sévérité. Par ailleurs, l’immunodépression locale qu’ils favorisent, invite à les prescrire pour une courte durée (inférieure à une semaine), et à les arrêter dès lors qu’il existe une effraction cutanée (toxicité de grade supérieur ou égal à 2), sous peine de favoriser une surinfection. 3.3.4. Éosine aqueuse 1–2 % Couramment utilisée en pédiatrie dans les dermites du nourrisson, ce produit est d’utilisation routinière pour son pouvoir asséchant dans les dermites suintantes de grade 2 ou plus. Son utilisation avec la radiothérapie n’a jamais été véritablement évaluée. Par ailleurs, sa couleur rouge intense rend l’examen cutané difficile et pourrait favoriser une photosensibilisation [19]. 3.3.5. Pansements aux hydrocolloïdes et hydrogel L’application d’hydrogel serait susceptible de favoriser un environnement humide et faciliter la cicatrisation cutanée. De plus, sa texture en gel lui permet de se conformer à l’ensemble des surfaces. Mac Millan et al. ont rapporté en 2007 leur étude contrôlée randomisant l’application préventive quotidienne de pansement sec contre un pansement hydrocolloïde à base d’hydrogel (Hydrosorb® , Laboratoires Hartamann Paul), chez 357 patients en cours d’irradiation pour un cancer du sein, cervicofacial ou A. Modesto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 456–461 anorectal. Cet essai n’a retrouvé aucun bénéfice à l’utilisation des pansements hydrogel, ni sur l’incidence des réactions de grade 2 ou plus, ni sur l’amélioration du confort du patient [21]. 3.3.6. Acide hyaluronique L’acide hyaluronique est un des composants principaux de la matrice extracellulaire cutanée. Pinnix et al. ont récemment publié les résultats de leur essai de phase III randomisant en utilisation préventive, un gel d’acide hyaluronique (Radiaplex® topical gel, Irving TX) contre un gel à base de petrolatum chez 74 patientes. Ils n’ont pas retrouvé de bénéfice en termes de prévention de l’apparition de radiodermite de grade 2 ou plus [1]. En application curative, son activité a été évaluée par Kirova et al. dans un essai de phase III randomisant l’administration quotidienne dès l’apparition d’une radioépithéliite de grade 1, d’une crème à base d’acide hyaluronique (Ialuset® , Genevrier) ou d’un émollient simple (Topicrem® , Charlieu) chez 200 patientes en cours de prise en charge pour un cancer du sein. La toxicité était évaluée chaque semaine par un examen clinique, une spectrophotométrie et une évaluation de la qualité de vie. L’ensemble des paramètres semblent améliorés dans le bras acide hyaluronique, sans qu’aucun des résultats ne soit statistiquement significatif [22]. 3.3.7. Antalgiques La prescription d’antalgique est nécessaire en cas de douleurs induites par la radiodermite. 3.3.8. Traitement de la surinfection La surinfection cutanée (croûtes jaunâtres mélicériques) sans retentissement général relève d’une antibiothérapie locale ciblant la flore cutanée, de type acide fucidique par exemple (Fucidine® crème ou pommade, Leo Pharma), une application quotidienne pendant une semaine tout en poursuivant la radiothérapie est possible. La toxicité cutanée de grade 4 nécessite une prise en charge au cas par cas. Il peut être envisagé un parage chirurgical. 3.3.9. Produits utilisés sans preuve de leur efficacité 3.3.9.1. Gel à base d’Aloe vera. Il s’agit d’un gel constitué à partir d’extraits d’une plante tropicale : le Cactus verus (l’Aloe). Utilisée dans les brûlures depuis des siècles, cette substance possède un fort rationnel préclinique : carbopeptidase hydrolysant des substances pro-inflammatoires (bradykinine. . .) et présence d’acide salicylique inhibiteur de sécrétion de prostaglandine. Plusieurs études ont testé son intérêt en prévention dont un essai randomisé portant sur 194 patientes comparant l’administration d’Aloe vera et un gel inerte ou à l’abstention [23]. Tous se sont révélés négatifs sur la fréquence et l’intensité des réactions cutanées. 3.3.9.2. Crème de sucralfate. Le sucralfate est couramment utilisé pour ses propriétés antiulcéreuses et anti-inflammatoires [24]. Wells et al. ont comparé l’administration préventive de sucralfate et une crème à base d’eau comparées à une abstention chez 350 patients. L’essai n’a pas montré de bénéfice pour l’un des bras [25]. 3.3.9.3. Huiles végétales. Les préparations à base de camomille ou d’amande douce n’ont pas fait l’objet d’évaluation prospective randomisée [26]. 3.4. Toxicité cutanée des thérapies ciblées 3.4.1. Inhibiteurs de la voie des récepteurs de l’epidermal growth factor (EGFR) L’essai randomisé de Bonner et al. a montré que l’addition de cetuximab (Erbitux® Merck Serono) à la radiothérapie dans 459 Tableau 2 Cotation de la toxicité cutanée des antirécepteurs de l’epidermal growth factor (EGFR) en cours de radiothérapie selon la National Cancer Institute (NCI) Common Terminology Criteriae for Adverse Events (CTC AE) version 4.3. Grade 0 Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4 Grade 5 Absence de toxicité Papules et/ou pustules affectant moins de 10 % de la surface corporelle ; associé ou non à un prurit ou une sensibilité Papules et/ou pustules affectant 10 à 30 % de la surface corporelle ; associé ou non à un prurit ou une sensibilité ; associé à un retentissement psychosocial ; limitation des actes de la vie quotidienne Papules et/ou pustules affectant plus de 30 % de la surface corporelle : associé ou non à un prurit ou une sensibilité ; limitation des gestes élémentaires de la vie quotidienne ; surinfection locale nécessitant une antibiothérapie orale Papules et/ou pustules affectant la totalité de la surface corporelle : associé ou non à un prurit ou une sensibilité ; limitation des gestes élémentaires de la vie quotidienne ; surinfection étendue nécessitant une antibiothérapie intraveineuse ; mise en jeu du pronostic vital Décès la prise en charge des carcinomes des voies aérodigestives supérieures localement évolués permettait d’obtenir un gain significatif du contrôle locorégional et de la survie [27]. Le cetuximab est un anticorps monoclonal chimérique ciblant le récepteur à l’EGF (facteur de croissance épidermique) dont la surexpression importante au sein des carcinomes des voies aérodigestives supérieures est associée à un pronostic défavorable. L’association radiothérapie–cetuximab expose à une toxicité dans et hors des volumes irradiés différente de celle classiquement observée avec la radiothérapie seule. Le gène du récepteur de l’EGF est exprimé dans de nombreux tissus humains normaux notamment cutanés, expliquant les réactions observées : éruption acnéiforme, prurit, sécheresse cutanée et pulpite sèche, érythème facial, desquamation, hypertrichose, anomalies unguéales (paronychies et périonyxis). Elles surviennent chez plus de 80 % des patients dans et hors des champs d’irradiation, dans les régions riches en glandes sébacées (visage, cou, épaule) et disparaissent au décours de l’arrêt du traitement [28]. Il existe une corrélation entre l’importance de l’exanthème et la réponse tumorale évoquée dans la littérature sans niveau de preuve indiscutable [29]. Ces lésions prédisposent les patients à des complications plus graves : cellulite, érysipèle, syndrome d’épidermolyse staphylococcique, sepsis voire nécrose cutanée [30]. La description des effets secondaires cutanés et leur niveau de sévérité sont repris dans le Tableau 2. La cotation de la toxicité devra au mieux être faite séparément pour les lésions dans le volume irradié et en dehors de ce dernier. Sa gestion a fait l’objet de plusieurs publications faisant état de leur singularité par rapport à la toxicité cutanée des rayonnements ionisants seuls, mettant en avant l’intérêt, essentiellement pour l’éruption acnéiforme, d’un traitement par antibiothérapie. En effet, une antibiothérapie orale par doxycycline est recommandée à partir d’une toxicité de grade 3 pour toute la durée du traitement et est prescrite par de nombreuses équipes dès le grade 1, pour ses propriétés antiinflammatoires. Une antibiothérapie locale à base d’érythromycine doit être initiée à partir d’une toxicité de grade 2 à raison d’une application quotidienne. Une diminution de la posologie de cetuximab doit être envisagée à partir d’une toxicité de grade 3. Il n’existe pas à ce jour d’argument pour une prescription prophylactique d’antibiotique [31]. Il n’existe pas de consensus quant à l’utilisation de dermocorticoïdes. Certains auteurs suggèrent qu’ils pourraient favoriser la toxicité cutanée des anti-EGFR [32]. Les grades de la radiodermite apparaissant en cours de traitement par cetuximab sont illustrés sur la Fig. 2. Un essai promu par le Groupe d’oncologie radiothérapie tête et cou (Gortec) est actuellement en cours, afin d’évaluer le rôle d’un héparane sulfate de synthèse (analogue d’un des composants de la 460 A. Modesto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 456–461 Fig. 2. Rash acnéiforme de grade 1 à 4 dans le cas d’une association du cetuximab à la radiothérapie selon la numérotation sur les photographies. matrice extracellulaire dermique), le ReGeneraTing Agent (RTGA® ) dans le traitement préventif ou curatif de la radiodermite chez les patients traités par cetuximab et irradiation concomitante en carcinologie cervicofaciale. 3.4.2. Autres thérapies ciblées Peu de données sont disponibles concernant la toxicité cutanée lors d’une irradiation réalisée de manière concomitante à l’administration d’autres thérapies ciblées. Trois études n’ont pas retrouvé d’augmentation de la toxicité cutanée aiguë lorsque l’irradiation pour un cancer du sein est réalisée à l’administration concomitante de trastuzumab [33–35]. Le rituximab (anticorps monoclonal anti-CD 20) délivré avec le protocole CHOP (cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine, prednisone) dans les lymphomes exprimant CD20 ne semble pas non plus augmenter la survenue de toxicité cutanée [36]. Les associations de ces nouvelles molécules à la radiothérapie doivent donc se faire avec prudence et avoir fait l’objet de consensus. 4. Conclusion La gestion de la toxicité cutanée en cours de radiothérapie demeure un enjeu quotidien, dont la prise en charge nécessite les compétences de plusieurs intervenants : oncologues radiothérapeutes, manipulateurs en électroradiologie médicale, infirmiers et dermatologues. Le traitement préventif repose essentiellement sur la diminution de la dose reçue par la peau et l’application de règles hygiénodiététiques strictes. Les résultats contradictoires des diverses études publiées incitent à la plus grande prudence quant à l’utilisation de topiques locaux et l’abstention thérapeutique reste une alternative légitime en situation préventive. Seul le Calendula officinalis, qui a fait l’objet d’un essai randomisé, a démontré sa supériorité sur la trolamine. Il est cependant difficile de considérer cette substance comme un standard sur l’existence de cette seule étude. Les réactions cutanées constituent le principal facteur limitant à l’administration de thérapie ciblée de type anti-EGFR en cours de radiothérapie et doivent faire l’objet d’une gradation et d’une prise en charge distincte. Aucun traitement n’a fait, à ce jour, preuve d’efficacité dans la prévention de la toxicité cutanée précoce induite par le cetuximab et la radiothérapie. Cependant, afin de limiter les risques de surinfection, il est licite d’associer une antibiothérapie à sa prise en charge. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Pinnix C, Perkins GH, Strom EA, Tereffe W, Woodward W, Oh JL, et al. Topical hyaluronic acid vs. standard of care for the prevention of radiation dermatitis after adjuvant radiotherapy for breast cancer: single-blind randomized Phase III clinical trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;83:1089–94. [2] Hopewell JW. The skin: its structure and response to ionizing radiation. Int J Radiat Biol 1990;57:751–73. [3] Bostrom A, Lindman H, Swartling C, Berne B, Bergh J. Potent corticosteroid cream (mometasone furoate) significantly reduces acute radiation dermatitis: results from a double-blind, randomized study. Radiother Oncol 2001;59:257–65. [4] Ginot A, Doyen J, Hannoun-Lévi JM, Courdi A. Dose de tolérance des tissus sains : la peau et les phanères. Cancer Radiother 2010;14:379–85. [5] Turesson I, Notter G. Skin reactions after different fractionation schedules giving the same cumulative radiation effect. Acta Radiol Ther Phys Biol 1975;14:475–84. [6] McQuestion M. Evidence-based skin care management in radiation therapy: clinical update. Semin Oncol Nurs 2011;27:e1–17. [7] Terrazzino S, Mattina PL, Masini L, Caltavuturo T, Gambaro G, Canonico PL, et al. Common variants of eNOS and XRCC1 genes may predict acute skin toxicity in breast cancer patients receiving radiotherapy after breast conserving surgery. Radiother Oncol 2012;103:199–205. [8] Roy I, Fortin A, Larochelle M. The impact of skin washing with water and soap during breast irradiation: a randomized study. Radiother Oncol 2001;58:333–9. A. Modesto et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 456–461 [9] Fisher B, Anderson S, Bryant J, Margolese RG, Deutsch M, Fisher ER, et al. Twenty-year follow-up of a randomized trial comparing total mastectomy, lumpectomy, and lumpectomy plus irradiation for the treatment of invasive breast cancer. N Engl J Med 2002;347:1233–41. [10] Haffty BG, Buchholz TA, McCormick B. Should intensity-modulated radiation therapy be the standard of care in the conservatively managed breast cancer patient? J Clin Oncol 2008;26:2072–4. [11] Pignol JP, Olivotto I, Rakovitch E, Gardner S, Sixel K, Beckham W, et al. A multicenter randomized trial of breast intensity-modulated radiation therapy to reduce acute radiation dermatitis. J Clin Oncol 2008;26:2085–92. [12] Bourgier C, Taghian A, Marsiglia H. Three-field electron/minitangent photon technique offer dosimetric advantages to a multifield, photon-only technique for accelerated partial breast irradiation if well implemented. Am J Clin Oncol 2011;34:648. [13] Borghero YO, Salehpour M, McNeese MD, Stovall M, Smith SA, Johnson J, et al. Multileaf field-in-field forward-planned intensity-modulated dose compensation for whole-breast irradiation is associated with reduced contralateral breast dose: a phantom model comparison. Radiother Oncol 2007;82:324–8. [14] Fournier-Bidoz N, Kirova YM, Campana F, Dendale R, Fourquet A. Simplified field-in-field technique for a large-scale implementation in breast radiation treatment. Med Dosim 2012;7:131–7. [15] Fisher J, Scott C, Stevens R, Marconi B, Champion L, Freedman GM, et al. Randomized phase III study comparing Best Supportive Care to Biafine as a prophylactic agent for radiation-induced skin toxicity for women undergoing breast irradiation: Radiation Therapy Oncology Group (RTOG) 97-13. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:1307–10. [16] Pommier P, Gomez F, Sunyach MP, D’Hombres A, Carrie C, Montbarbon X. Phase III randomized trial of Calendula officinalis compared with trolamine for the prevention of acute dermatitis during irradiation for breast cancer. J Clin Oncol 2004;22:1447–53. [17] Elliott EA, Wright JR, Swann RS, Nguyen-Tan F, Takita C, Bucci MK, et al. Phase III Trial of an emulsion containing trolamine for the prevention of radiation dermatitis in patients with advanced squamous cell carcinoma of the head and neck: results of Radiation Therapy Oncology Group Trial 99-13. J Clin Oncol 2006;24:2092–7. [18] Jimenez-Medina E, Garcia-Lora A, Paco L, Algarra I, Collado A, Garrido F. A new extract of the plant Calendula officinalis produces a dual in vitro effect: cytotoxic anti-tumor activity and lymphocyte activation. BMC Cancer 2006;6:119. [19] Chargari C, Fromantin I, Kirova YM. Intérêt des applications cutanées en cours de radiothérapie pour la prévention et le traitement des épithéliites radioinduites. Cancer Radiother 2009;13:259–66. [20] Schmuth M, Wimmer MA, Hofer S, Sztankay A, Weinlich G, Linder DM, et al. Topical corticosteroid therapy for acute radiation dermatitis: a prospective, randomized, double-blind study. Br J Dermatol 2002;146:983–91. [21] Macmillan MS, Wells M, MacBride S, Raab GM, Munro A, MacDougall H. Randomized comparison of dry dressings versus hydrogel in management of radiation-induced moist desquamation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;68:864–72. [22] Kirova YM, Fromantin I, De Rycke Y, Fourquet A, Morvan E, Padiglione S, et al. Can we decrease the skin reaction in breast cancer patients using hyaluronic [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] [35] [36] 461 acid during radiation therapy? Results of phase III randomised trial. Radiother Oncol 2011;100:205–9. Williams MS, Burk M, Loprinzi CL, Hill M, Schomberg PJ, Nearhood K, et al. Phase III double-blind evaluation of an aloe vera gel as a prophylactic agent for radiation-induced skin toxicity. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1996;36: 345–9. Maiche A, Isokangas OP, Grohn P. Skin protection by sucralfate cream during electron beam therapy. Acta Oncol 1994;33:201–3. Wells M, Macmillan M, Raab G, MacBride S, Bell N, MacKinnon K, et al. Does aqueous or sucralfate cream affect the severity of erythematous radiation skin reactions? A randomised controlled trial. Radiother Oncol 2004;73: 153–62. Benomar S, Boutayeb S, Lalya I, Errihani H, Hassam B, El Gueddari BK. Traitement et prévention des radiodermites aiguës. Cancer Radiother 2010;14: 213–6. Bonner JA, Harari PM, Giralt J, Azarnia N, Shin DM, Cohen RB, et al. Radiotherapy plus cetuximab for squamous-cell carcinoma of the head and neck. N Engl J Med 2006;354:567–78. Segaert S, Van Cutsem E. Clinical signs, pathophysiology and management of skin toxicity during therapy with epidermal growth factor receptor inhibitors. Ann Oncol 2005;16:1425–33. Bonner JA, Harari PM, Giralt J, Cohen RB, Jones CU, Sur RK, et al. Radiotherapy plus cetuximab for locoregionally advanced head and neck cancer: 5-year survival data from a phase 3 randomised trial, and relation between cetuximabinduced rash and survival. Lancet Oncol 2010;11:21–8. Budach W, Bolke E, Homey B. Severe cutaneous reaction during radiation therapy with concurrent cetuximab. N Engl J Med 2007;357:514–5. Bernier J, Russi EG, Homey B, Merlano MC, Mesia R, Peyrade F, et al. Management of radiation dermatitis in patients receiving cetuximab and radiotherapy for locally advanced squamous cell carcinoma of the head and neck: proposals for a revised grading system and consensus management guidelines. Ann Oncol 2011;22:2191–200. Li T, Perez-Soler R. Skin toxicities associated with epidermal growth factor receptor inhibitors. Target Oncol 2009;4:107–19. Halyard MY, Pisansky TM, Dueck AC, Suman V, Pierce L, Solin L, et al. Radiotherapy and adjuvant trastuzumab in operable breast cancer: tolerability and adverse event data from the NCCTG Phase III Trial N9831. J Clin Oncol 2009;27:2638–44. Belkacemi Y, Gligorov J, Ozsahin M, Marsiglia H, De Lafontan B, Laharie-Mineur H, et al. Concurrent trastuzumab with adjuvant radiotherapy in HER2-positive breast cancer patients: acute toxicity analyses from the French multicentric study. Ann Oncol 2008;19:1110–6. Caussa L, Kirova YM, Gault N, Pierga JY, Savignoni A, Campana F, et al. The acute skin and heart toxicity of a concurrent association of trastuzumab and locoregional breast radiotherapy including internal mammary chain: a singleinstitution study. Eur J Cancer 2011;47:65–73. Persky DO, Unger JM, Spier CM, Stea B, LeBlanc M, McCarty MJ, et al. Phase II study of rituximab plus three cycles of CHOP and involved-field radiotherapy for patients with limited-stage aggressive B-cell lymphoma: Southwest Oncology Group study 0014. J Clin Oncol 2008;26:2258–63. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue générale Séquelles esthétiques de la radiothérapie adjuvante dans le traitement conservateur du cancer du sein localisé Late sequelae and cosmetic outcome after radiotherapy in breast conserving therapy M. Doré a,∗ , C. Hennequin b a b Service de radiothérapie, institut de cancérologie de l’Ouest René-Gauducheau, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain cedex, France Service de radiothérapie, hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 25 avril 2012 Accepté le 23 mai 2012 Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Radiothérapie Cancer du sein Toxicités cutanées tardives r é s u m é La radiothérapie adjuvante dans le traitement conservateur du cancer du sein est à l’origine de séquelles esthétiques. L’incidence de la fibrose radio-induite se situe autour de 10 % à cinq ans. La mise en évidence du rôle essentiel dans l’apparition de cette fibrose de l’activation des fibroblastes par les radicaux libres joue, via le transforming growth factor (TGF) bêta-1, a permis le développement d’antioxydants dans la prise en charge de la fibrose radio-induite constituée. L’évaluation des séquelles esthétiques passe par des échelles standardisées telles que la Subjective Objective Management Analytic Late effects of Normal Tissues (SOMA LENT) et nécessite un suivi minimal de cinq ans. Les principaux facteurs déterminant la survenue de séquelles sont le volume mammaire important, l’hétérogénéité dans la répartition de dose et l’existence d’un complément après irradiation du sein en totalité (boost). Les techniques de radiothérapie avec modulation d’intensité (RCMI) et d’irradiation partielle du sein se positionnent comme une bonne alternative pour réduire l’incidence des séquelles esthétiques cutanées et sous-cutanées. Les tests prédictifs de radiosensibilité intrinsèque pourraient s’intégrer dans la stratégie thérapeutique. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Keywords: Radiotherapy Breast cancer Late skin toxicity Radiotherapy after breast-conserving therapy for early breast cancer is reported to adversely affect the cosmetic outcome. The incidence of radiation-induced fibroatrophy is around 10% at 5 years. A better knowledge of its pathophysiology has revealed the essential role of activated fibroblasts and reactive oxygen species, mediated by TGF beta 1, allowing the development of antioxidant in the management of the established radiation-induced fibroatrophy. Cosmetic sequelae are evaluated with standardized scales, such as the LENT-SOMA and must be monitored during at least 5 years. The main factors determining the occurrence of sequelae are a large breast volume, dose heterogeneity and the use of tumour bed boost after whole-breast radiation therapy. Intensity modulated radiotherapy and partial breast irradiation position themselves as a good alternatives to reduce the incidence of late skin side effects. The use of predictive tests of intrinsic radiosensitivity might fit into the therapeutic strategy. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction En radiothérapie, les séquelles esthétiques sont le fait des toxicités tardives liées à l’irradiation des tissus sains. Avec 53 000 nouveaux cas estimés en 2011 en France, le cancer du sein reste le premier cancer chez les femmes et représente 33 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers féminins. On ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Doré). note une évolution inverse de l’incidence et de la mortalité au cours des dix dernières années, s’expliquant par les progrès thérapeutiques, l’amélioration de la prise en charge des patientes et l’extension du dépistage, conduisant à en faire un cancer de pronostic favorable avec une probabilité de survie à cinq ans de 85 % [1]. Le traitement conservateur est devenu l’élément clé de la prise en charge thérapeutique des cancers du sein localisés. Les deux objectifs principaux du traitement conservateur du sein sont le contrôle tumoral local et un résultat esthétique satisfaisant [2]. Dans ce cadre, la radiothérapie joue un rôle majeur en adjuvant 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.018 M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 d’une chirurgie conservatrice [3]. La radiothérapie permet une réduction de la probabilité de récidive locale à cinq ans de 26 à 7 % [4], sachant que la rechute locale est un facteur de risque de rechute métastatique (RR [risque relatif] = 9) [5]. Le protocole standard défini par l’International Commission on Radiation Units and Measurements (ICRU) délivrant 50 Gy dans l’ensemble du sein et un complément de 16 Gy supplémentaire sur le lit d’exérèse a montré son efficacité dans le contrôle local et la diminution du risque de récidive dans certaines indications [6–9]. Les séquelles esthétiques post-radiques des cancers du sein constituent une des toxicités tardives de la radiothérapie [10]. Le retentissement esthétique et parfois fonctionnel peut se répercuter sur la qualité de vie. Ces principales séquelles esthétiques sont : les fibroses cutanées et sous-cutanées avec induration, déformation et atrophie sous-cutanée ; les télangiectasies ; l’œdème du sein ; les modifications de coloration, hyperpigmentation ou aspect dépoli [11,12]. L’incidence globale est variable, notamment du fait de la variabilité des techniques d’évaluation. Dans l’étude de Murphy et al. portant sur plus de 3000 patientes (traitées par un accélérateur linéaire), l’incidence de fibrose post-radique du sein, basée sur l’évaluation du clinicien, était estimée à 8 %, avec une incidence actuarielle de 11 % à cinq ans et de 17 % à dix ans ; le résultat esthétique post-thérapeutique était décrit comme moyen ou médiocre chez 5 % des femmes [13]. Dans une autre étude, on retrouvait 11,5 % de détériorations du résultat cosmétique entre l’aspect avant et après l’irradiation (dans une cohorte de 1022 patientes traitées entre 1980 et 2000) et 2,7 % des patientes ayant une fibrose post-radique de grade 2 ou plus après un suivi médian de 26 mois [14]. Dans l’étude d’Ishiyama et al., les femmes évaluaient leur séquelles tardives par autoquestionnaire : 65 % décrivaient une fermeté du sein traité et 19 % une modification de couleur de la peau [15]. Toutefois, une nette diminution de l’incidence des séquelles esthétiques post-radiques coïncide avec l’arrivée des accélérateurs linéaires. Cela a été mis en évidence dans l’étude de Fehlauer et al. montrant 58 % de fibroses cutanées de grade 2–3, 29 % de télangiectasies et 22 % de résultats esthétiques médiocres, voire très médiocres, chez les patientes traitées par un appareil de télécobalthérapie [16]. Il est prouvé que l’utilisation de doses par fraction limitées, l’absence de zone de recoupe entre les faisceaux et l’utilisation de photons d’accélérateurs linéaires (d’énergie plus haute que celle des photons des sources de cobalt) participent à réduire la toxicité tardive cutanée et sous-cutanée et donc les séquelles esthétiques [17,18]. Cet article s’intéresse plus particulièrement aux séquelles esthétiques cutanées et sous-cutanées de la radiothérapie adjuvante des cancers du sein localisés. Après une première partie consacrée à la radiobiologie de la fibrose radio-induite, les méthodes pour évaluer ces séquelles sont abordées, ainsi que les facteurs déterminants dans leur survenue, leurs conséquences en termes de qualité de vie, puis leur prise en charge thérapeutique et enfin les moyens pour les prévenir, en soulignant l’importance de l’utilisation des techniques innovantes. 2. Radiobiologie des séquelles tardives et description histologique de la fibrose La fibrose post-radique se développe dans les années qui suivent le traitement et est limitée aux faisceaux d’irradiation. Elle est traditionnellement considérée comme irréversible. Elle est souvent précédée d’une radioépithéliite (réaction aiguë) au cours du traitement, qui évolue progressivement vers une sclérose mal limitée non inflammatoire. La peau est considérée comme une structure mixte avec des cellules à renouvellement lent (derme et hypoderme) et des cellules à renouvellement rapide (épiderme). L’effet des radiations ionisantes s’explique par plusieurs théories. L’effet 463 précoce et l’expression retardée de certaines lésions s’expliquent assez bien par la théorie de la cellule souche, notamment pour l’épiderme qui présente une organisation bi-compartimentale : les cellules différenciées s’éliminent par sénescence et les « cellules souches » sont préférentiellement éliminées lors de l’irradiation, entraînant une absence de remplacement des cellules matures [19]. Mais cela n’explique pas l’ensemble des réactions tardives, dans la mesure où la peau présente une diversité de compartiments cellulaires qui ont des comportements radiobiologiques différents. Le derme et l’hypoderme sont des tissus à renouvellement lent, très vascularisés, sensibles à l’effet oxygène et non compartimentalisés. La théorie des consequential late effects semble donc plus adaptée pour ces tissus sains et est basée sur la production de facteurs paracrines lors de l’irradiation [20]. La fibrose post-radique peut être décrite de différentes manières selon que l’on se base sur une description clinique, histologique, radiologique, etc. Une fibrose histopathologique peut exister sans qu’il y ait de correspondance clinique. 2.1. Clinique Schématiquement, trois phases successives cliniques et histopathologiques se distinguent : une phase initiale de pré-fibrose, survenant quelques mois après la radiothérapie (six à 24 mois), souvent asymptomatique, mais pouvant se manifester par des signes aspécifiques d’inflammation locale (œdème sous-cutané, rougeur, prurit, douleur) ; une phase de constitution avec fibrose organisée, survenant dans les premières années, durant laquelle les signes locaux inflammatoires ont disparu, les tissus sont plus épais, indurés, avec des télangiectasies, une peau sèche et dépilée ; enfin, une phase tardive de fibroatrophie (cinq à trois ans après le traitement) avec atrophie et rétraction, aspect blanc dépoli ou hyperpigmenté [10,19,21,22]. 2.2. Histopathologie Lors de la phase de préfibrose, il existe un recrutement de lymphocytes sur le site lésé grâce à la libération de cytokines par les cellules endothéliales, une augmentation de la perméabilité capillaire à l’origine d’un œdème, l’exposition des cellules du tissu conjonctif par perte de la barrière endothéliale entraînant une stimulation des fibroblastes. La phase de constitution organisée caractérise la fibrose radio-induite et se compose de deux zones : une zone contenant une forte densité de fibroblastes activés, les myofibroblastes, dans une matrice extracellulaire désorganisée et une zone pauvre en cellules avec des fibroblastes sénescents, les fibrocytes, dans une matrice extracellulaire dense et sclérotique [22]. Les dommages conjoints des cellules endothéliales et des cellules du tissu conjonctif, sous l’action des cytokines libérées, contribuent à la formation d’un état de fibrose radioinduite permanent. Dans la phase tardive, la fibrose radio-induite est densifiée par le remodelage de la matrice extracellulaire, entraînant un tissu friable, peu vascularisé avec peu de fibroblastes. Globalement d’un point de vue tissulaire, on retrouve deux théories : l’une vasculaire d’ischémie–hypoxémie, jouant un rôle surtout en phase initiale et l’autre stromale, dans laquelle les radicaux libres issus de la radiolyse de l’eau par action directe des rayons, reactive oxygen species (ROS) et reactive nitrogen species (RNS) stimulent les fibroblastes, notamment via un facteur de croissance essentiel : le transforming growth factor (TGF) bêta-1. Les radicaux libres agissent sur le milieu extracellulaire (recrutement de leucocytes, dégradation de la matrice extracellulaire, activation de fibroblastes), intracellulaire (activation de gènes codant pour des protéines facteurs de croissance ou pour le système de réparation 464 M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 de l’ADN) et sur les membranes (modification de la phosphorylation lipidique et donc transcription du signal). 2.3. Effets cellulaires et moléculaires Le fibroblaste sécrète les constituants de la matrice extracellulaire et participe ainsi à réaliser un équilibre entre synthèse et dégradation. Les différents stimuli de la réaction inflammatoire conduisent à la différenciation des fibroblastes en myofibroblastes permettant une cicatrisation. Une fois la cicatrisation achevée, il existe un processus de transformation inverse en fibroblastes ou un processus de mort par apoptose. Après irradiation, les myofibroblastes apparus au cours de la phase initiale inflammatoire persistent pendant la fibrogenèse et la phase de fibrose constituée, correspondant histologiquement à la zone hypercellularisée. Ils participent à la densification de la matrice extracellulaire. La fibrose radio-induite se constitue par activation permanente des myofibroblastes, grâce aux cytokines et facteurs de croissance dont le TGF bêta-1. Parallèlement, le nombre de fibroblastes se raréfie du fait de leur transformation en myofibroblastes, conduisant histologiquement à une zone pauvre en cellules. Le TGF bêta-1 a ainsi un rôle déterminant dans l’augmentation de la radiosensibilité : il participe à l’autoactivation des myofibroblastes et donc à l’entretient du processus de fibrose dans les phases 2 et 3. Cela a des implications potentiellement thérapeutiques. 3. Évaluation et graduation des séquelles esthétiques 3.1. Outils L’évaluation des séquelles esthétiques se fait au décours des consultations de suivi, au moins six mois après la fin du traitement. Il existe différents moyens de les évaluer : par des échelles d’autoévaluation basées sur des questionnaires ou sur le ressenti des patientes, par des échelles de toxicité tardive validée (telle celle de l’European Organization of Therapeutic Radiology and Oncology, EORTC), par l’impression du clinicien basée sur son expérience, ou même à l’aide d’examens complémentaires. Elles ont pour objectif d’offrir une façon uniforme d’évaluation de la toxicité entre les équipes et une comparaison plus aisée des résultats d’études cliniques [19]. Dans les recommandations standard, l’évaluation des séquelles tardives doit inclure : une échelle « Four Point Scale » du résultat cosmétique global, une évaluation des complications tardives par l’échelle validée de l’EORTC et une évaluation par la patiente elle-même portant sur l’issue globale du traitement en termes de retentissement psychologique, fonctionnel et esthétique [23]. La « Four Point Scale » ou échelle Harris ou encore appelée échelle du Joint Centre for Radiation Therapy (JCRT) se base sur les différences observables en comparaison du sein traité et comprend quatre niveaux pour définir l’issue esthétique à un instant donné après traitement : excellent, bon, moyen et médiocre [18,24]. Cette échelle est très largement employée dans les études, qu’elle soit faite par le clinicien ou en autoévaluation [13,24]. Elle comprend parfois un cinquième item, correspondant à un niveau « très médiocre » dans lequel le sein traité est le siège de séquelles esthétiques majeures, avec une densité marquée, une rétraction et une fixité avec asymétrie entre 40 et 75 % par rapport au sein controlatéral [16]. L’évaluation photographique à différents temps avant et après le traitement peut également être un outil intéressant. La mesure numérique de la position du mamelon du sein traité par rapport au sein controlatéral est une autre méthode d’évaluation. Celle-ci est plus précise que l’évaluation par plusieurs cliniciens basée sur la « Four points scale » avec une variabilité interindividuelle moindre [2]. Mais elle ne reflète que partiellement l’issue esthétique après traitement conservateur et reste plutôt recommandée pour comparer les résultats esthétiques de deux techniques de traitement conservateur du sein ou pour analyser les changements esthétiques au cours du temps [17]. L’échelle la plus utilisée, validée par l’EORTC et le RTOG, est la LENT SOMA (late effect of normal tissues). L’évaluation se fait en quatre parties : S : subjective, O : objective, M : management, A : analytique, et repose sur cinq grades (Tableau 1). Appliqué au sein, on retrouve la douleur pour la partie subjective, l’œdème, la fibrose, les télangiectasies, le lymphœdème et l’atrophie pour la partie objective. La partie analytique inclue une évaluation photographique, une mesure manuelle du diamètre du sein, une évaluation mammographique de l’épaisseur et de la densité du sein, ainsi qu’une évaluation scanographique ou par IRM de la fibrose. Cette échelle ressort comme étant celle qui doit être utilisée dans un cadre prospectif, dans la pratique clinique et également dans les études à venir afin de permettre de meilleures estimations actuarielles du risque de toxicité ainsi qu’une meilleure comparaison des données pour en tirer des conclusions définitives. Elle s’impose également comme celle à utiliser dans le cadre d’études portant sur l’irradiation partielle du sein, la curiethérapie ou les méthodes innovantes comme la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI), l’irradiation avec gating respiratoire [16,19,25]. La Common Terminology Criteria for Adverse Events (CTC-AE) V.04 comporte également des items spécifiques pour la toxicité mammaire, pour la peau et pour les tissus souscutanés et pourrait également être utilisée ; mais elle apparaît moins précise que l’échelle SOMA LENT. Plus récemment, des études se sont penchées sur la question de l’évaluation paraclinique par méthode analytique, afin de définir des critères quantitatifs mesurant les modifications du tissu cutané. Delanian et al. ont développé la technique des empreintes. Ils ont évalué qualitativement et quantitativement le microrelief cutané caractérisant la fibrose radio-induite avec des résultats prometteurs, suggérant une réorganisation particulière des plis cutanés correspondant à chaque étape de l’évolution de la fibrose [25]. Ces travaux permettraient d’inclure de nouvelles méthodes d’évaluation dans la partie analytique. 3.2. Importance du temps Les séquelles tardives se définissent comme celles qui apparaissent ou persistent au-delà de six mois après la fin du traitement. Mais c’est en réalité beaucoup trop tôt pour les évaluer et on considère qu’elles ne peuvent être réellement évaluées qu’à partir de trois ans [2]. Elles nécessitent cinq ans de recul pour être considérées comme définitives et stables. Il est montré une nette majoration de l’apparition de la fibrose avec le temps [7]. Ainsi, un suivi inférieur à cinq ans après le traitement a tendance à sous-estimer le risque de séquelles tardives et plusieurs études ont montré un taux de résultats esthétiques « médiocres » plus grand chez les patientes suivies longtemps [26]. D’ailleurs, une faible période de suivi avec un petit nombre de patientes inclus conduit au biais majeur de la plupart des études [11]. 4. Facteurs prédisposant la survenue de séquelles Ils sont classiquement classés en trois catégories : facteurs liés au patient, facteurs liés à la tumeur et facteurs liés aux paramètres de traitement. 4.1. Facteurs liés aux patients 4.1.1. Volume mammaire important Les seins hypertrophiés et/ou graisseux sont plus exposés aux séquelles tardives. Les plus fortes poitrines sont à risque de 465 M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 Tableau 1 Échelle SOMA late effects on normal tissues (LENT) appliquée au sein. Subjectives Douleur Objectives Œdème Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4 Occasionnelle et minimale, hypersensation, prurit Intermittente et tolérable Persistante et intense Insupportable et non contrôlable Asymptomatique Symptomatique Dysfonction partielle Densité accrue, à peine palpable < 1/cm2 Fermeté et densité accrue 1/cm2 à 4/cm2 Fixation des tissus, densité marquée > 4/cm2 4 à 6 cm d’augmentation Plus de 6 cm d’augmentation Atrophie Circonférence du bras accrue de 2 à 4 cm 10–25 % 25–40 % 40–75 % Tout le sein Ulcération Épiderme seulement, < 1 cm2 Jusqu’au derme, > 1 cm2 Sous-cutanée Nécrose, exposition des os Antalgiques mineurs occasionnels Antalgiques mineurs réguliers Antalgiques majeurs réguliers Chirurgie : mastectomie Kinésithérapie avec veinotropes Chirurgie : mastectomie Pansement compressif Physiothérapie intensive Chirurgie : amputation Fibrose Télangiectasie Lymphœdème (bras) Traitement Douleur Œdème Lymphœdème Surélever le bras, gant élastique Atrophie Ulcération Démonstration Photos Mètre ruban Mammographie CT/RMI Bras non fonctionnel Chirurgie : mastectomie Soins locaux Chirurgie : débridement de la peau Chirurgie : mastectomie Documentation du changement de la peau, atrophie, rétraction, fibrose, ulcération Mesure du contour du sein et du diamètre du bras Mesure de l’épaisseur de la peau et de la densité du sein Mesure de la taille du sein, de l’atrophie graisseuse et de la densité de la fibrose radio-épithéliite importante en cours de traitement et les études portant sur les séquelles tardives tendent vers cette même constatation avec des conséquences esthétiques plus élevées telles que la modification du volume du sein et de sa forme [27]. L’hypothèse principale est basée sur une plus grande hétérogénéité dans la distribution de dose avec des gradients importants à travers les seins de gros volume [24,28]. Sur une analyse de grande cohorte, la taille du sein est identifiée comme facteur indépendant de survenue de fibrose à dix ans : 34 % pour les bonnets D/E, contre 17 % pour toutes les patientes confondues [17]. L’âge avancé semble plus fréquemment lié aux séquelles inesthétiques. Ce facteur ressort en analyse multifactoriellee, notamment comme facteur de risque de survenu d’une atrophie du sein (p = 0,02), essentiellement au-delà de 60 ans [15]. 4.1.2. Radiosensibilité individuelle Les variations interindividuelles des réactions du tissu normal face à l’irradiation déterminent la tolérance au traitement [29]. Au-delà du facteur âge, on retrouve une implication importante de la susceptibilité génétique dans la survenue d’effets secondaires cutanés. La radiosensibilité intrinsèque de chaque individu est complexe et polygénique, résultant de l’interaction de nombreux gènes impliqués dans des voies de signalisation intracellulaire différentes. La capacité individuelle à réparer les dommages créés sur l’ADN détermine la réponse du tissu sain face à l’irradiation. Ce polymorphisme génique des systèmes de réparation de l’ADN fait l’objet de nombreuses études. In vitro, il a été mis en évidence de nombreuses voies de signalisation impliquées dans la réponse des fibroblastes irradiés chez des patientes traitées pour cancer du sein : des gènes de régulation du cycle cellulaire, des gènes de prolifération cellulaire, mais également plus récemment, des gènes du remodelage de la matrice extracellulaire [30]. Une étude allemande s’est intéressée au polymorphisme des gènes du système de réparation de l’ADN chez des patientes traitées par irradiation adjuvante pour cancer du sein et la corrélation avec le taux de survenue de télangiectasies. Il en ressort que les patientes ayant certaines variations sur le génotype de TP53 (impliqué dans la régulation du cycle cellulaire) ont un risque plus élevé de développer des séquelles tardives de type télangiectasies (odds ratio [OR] = 1,97, 95 % intervalle de confiance [IC] : 1,11–3,52, pour une mutation sur les deux allèles) [31]. Dans une étude prospective française, l’apparition d’une fibrose mammaire était significativement corrélée avec un faible taux d’apoptose lymphocytaire in vitro, test de radiosensibilité globale [14]. Cette donnée a été confirmée par une étude espagnole [32]. Il en découlerait ainsi un profil « radiosensible » défini par un faible taux de radiation-induced lymphocyte apoptosis (RILA) de lymphocytes périphériques, qui conduirait à une probabilité plus élevée de développer des séquelles tardives de type fibrose sous-cutanée. Une autre étude portant sur 108 patientes n’a pu montrer de corrélation entre la radiosensibilité évaluée in vitro par le nombres de lésions initiales sur l’ADN des lymphocytes des femmes traitées et la survenue d’une toxicité cutanée aiguë ou tardive [29]. La présence d’une mutation hétérozygote pour le gène ATM de l’ataxie télangiectasie est rattachée in vitro à une majoration de la toxicité tardive post-radique. Les données suggèrent plusieurs polymorphismes entraînant une majoration des cas de fibrose de grade 3 à des doses inférieures [33]. Mais la relation entre la présence de la mutation et l’existence d’une toxicité accrue reste controversée [34] et l’hypothèse principale est celle d’une coexistence de plusieurs altérations géniques. De même, l’existence de maladies collagéniques telles que la sclérodermie est une prédisposition à développer des séquelles cutanées tardives : entre 10 à 17 % de cas de toxicité tardive contre 466 M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 3 à 3,9 % dans les groupes témoins [35,36]. Cependant, la majorité des études portant sur le sujet sont rétrospectives et concernent de petites cohortes. Cette radiosensibilité est à considérer au cas par cas dans la décision thérapeutique. 4.2. Facteurs liés à la tumeur Désormais, grâce aux nouvelles techniques d’oncoplastie, le traitement conservateur peut être proposé aux patientes présentant de grosses tumeurs avec un résultat correct. Cependant, un volume tumoral important conduit à des séquelles plus importantes. L’étude du résultat esthétique global après traitement (chirurgie puis radiothérapie adjuvante) revue par Conny et al. a montré un meilleur résultat esthétique global si la tumeur était classée T1, par rapport au stade 2, avec un OR à 0,56 (intervalle de confiance à 95 % : 0,39–0,79 ; p = 0,001). Cependant cette évaluation regroupe les séquelles esthétiques chirurgicales et radiothérapiques sans les distinguer [17]. La localisation dans les quadrants inférieurs est à l’origine d’une ptose ; il existe un taux plus important de remodelage inesthétique de la position du mamelon et de l’aréole, de la forme du sein, de la cicatrice postopératoire pour les tumeurs localisées à la partie inférieure du sein (p < 0,001) [17]. Cependant l’étude rétrospective de Colin et al. n’a pas mis en évidence ce moins bon résultat esthétique pour les tumeurs localisées dans les quadrants inférieurs puisque le résultat esthétique global est évalué comme bon ou excellent dans 50 à 56 % des cas, quelle que soit la localisation (interne, externe, centrale ou péri-aréolaire). 4.3. Facteurs liés aux paramètres du traitement Ces facteurs sont pour certains d’entre eux liés à la radiothérapie seule et pour d’autres le fait de l’association des traitements (notamment chirurgie conservatrice avec radiothérapie complémentaire) et il est difficile de les individualiser. La chirurgie conservatrice associée à la radiothérapie peut laisser des séquelles esthétiques dans 20 à 30 % des cas, associant des déformations du sein, des malpositions de l’aréole et des séquelles cutanées. Elles nécessitent une reprise chirurgicale dans 5 à 10 % des cas. Peu d’études se sont intéressées à l’influence de la présence de complications postopératoires avant radiothérapie sur l’issue esthétique globale. Néanmoins, la présence d’hématome postopératoire semble corrélée à une dégradation de l’évaluation esthétique à long terme (p < 0,01) [11,17]. La dose totale délivrée est déterminante dans la survenue de séquelles esthétiques secondaires [37]. On sait qu’au-delà de 50 Gy dans tout le sein, le risque de fibrose radio-induite augmente significativement [38]. La radiothérapie du sein suivi d’un complément d’irradiation sur lit tumoral ou boost a montré son efficacité dans le contrôle local, surtout chez les femmes jeunes [9,39]. Mais ce complément de dose est aussi responsable d’une majoration de la survenue de fibrose post-radique et de séquelles tardives [7] : la fibrose sévère était significativement plus fréquente dans le groupe traité avec complément de dose, avec un taux à dix ans de 4,4 % contre 1,6 % [4]. Dans l’essai de l’EORTC toujours, il n’existait pas de différence significative concernant l’évaluation esthétique basée sur six items entre les deux populations après l’opération, alors qu’une différence est significative pour chacun des six items, trois ans après traitement, avec des séquelles esthétiques plus importantes dans le groupe traité avec un complément de dose [2]. Le complément de dose en lui-même est un facteur, mais aussi le volume traité et le type de rayonnement utilisé pour ce complément (Tableau 2). L’étude rétrospective de Colin et al. porte sur 3186 patientes [13]. Elle n’a pas été montré de différence significative sur la survenue d’une fibrose radio-induite tardive (par évaluation actuarielle) entre un complément délivré par photons (n = 99) et un complément délivré par électrons (n = 3087) avec des taux de fibrose tardive à respectivement 19 et 16 % (p = 0,7). Cependant, l’utilisation d’électrons pour le complément est un facteur indépendant de bon résultat cosmétique global (HR = 3,038, IC 95 % : 1,312–7,033 ; p = 0,0095). L’essai randomisé prospectif de l’EORTC boost versus no boost n’a pas mis en évidence de différence significative sur l’issue cosmétique à long terme entre un complément délivré par photons et un complément délivré par électrons [17]. En revanche, il y avait une moindre incidence de fibrose sous-cutanée tardive avec un complément par électrons (HR = 0,29 ; IC 99 % : 0,14–0,59 ; p < 0,0001) [7]. L’étude de Budrukkar et al. a montré un taux de séquelles tardives plus important chez les femmes traitées par un complément délivré par curiethérapie interstitielle de haut débit, sans modification du taux de control tumoral local : 22 % de séquelles contre 12 % avec la curiethérapie de bas débit de dose et 9 % avec les électrons [18]. Cette augmentation du taux de fibrose après complément par curiethérapie interstitielle de haut débit de dose a été retrouvée dans d’autres études [18,40] (Tableau 2). L’énergie utilisée pour ce complément est également un facteur déterminant. Un complément délivré par des électrons de plus basse énergie est un facteur indépendant de bonne issue cosmétique et un complément délivré par des électrons de plus haute énergie, un facteur indépendant d’augmentation de l’incidence de fibrose radio-induite [7,13]. L’incidence actuarielle de fibrose à dix ans a été estimée à 32 % avec des électrons de 18 MeV ou plus contre 11 % avec des électrons de 10 MeV ou moins (p < 0,0001) [13]. 5. Conséquences des séquelles esthétiques sur la qualité de vie La mesure 25 du plan cancer impose de tenir compte de la personnalité du patient et du retentissement de la maladie cancéreuse ainsi que sa prise en charge sur les relations sociales. Cet impact psychologique est particulièrement présent chez les patientes traitées pour un cancer du sein. Son origine a deux composantes : l’une est liée à l’image classique du cancer, rapportée à la souffrance et la mort ; l’autre à l’image des seins, fort en symbolisme [41]. Tableau 2 Résultats de trois études randomisées comparant le pourcentage de fibrose radio-induite en fonction du type de complément d’irradiation utilisé après radiothérapie adjuvante de la totalité du sein. Étude Type de rayonnement utilisé pour le complément d’irradiation Nombre de patients Pourcentage de fibrose à long terme Poortmans et al. [39] Électrons Curiethérapie interstitielle de bas débit de dose Photons 1635 225 753 22,4 27,1 26,3 Budrukkar et al. [18] Électrons Curiethérapie interstitielle de bas débit de dose Curiethérapie interstitielle de haut débit de dose 460 383 153 6,5 7 14 (p = 0,005 haut débit contre électrons) Polgár et al. [40] Électrons Curiethérapie interstitielle de haut débit de dose 52 52 1,9 17,3 (p = 0,008 haut débit contre électrons) M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 L’étude FACE (qui étudiait la qualité de vie des patientes et de l’entourage, l’impact de la maladie sur le conjoint et l’enfant, et leurs rôles aux cotés de leur proche malade) a montré qu’après les périodes de traitement, la maladie semblait plutôt bien vécue par les patientes, et les femmes interrogées donnaient en moyenne une note plutôt positive de 6,7/10 à leur qualité de vie [42]. La plupart des études portent sur la qualité de vie pendant et après le traitement du cancer, incluant le retentissement lié à la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie et l’hormonothérapie. Il est difficile d’identifier les conséquences uniquement liées au traitement de radiothérapie et ses éventuels retentissements sur la qualité de vie des patientes. Le traitement conservateur est mieux vécu psychologiquement par la patiente, que la chirurgie radicale [43] : 3 % des femmes traitées par chirurgie conservatrice puis radiothérapie évaluaient leur image corporelle par une note inférieure ou égale à 5/10 contre 12 % traitées par chirurgie radicale seule, et respectivement 2 % et 12 % de femmes se disaient non satisfaites du traitement, sans qu’il n’ait pu être mis en évidence de différence significative concernant la peur de la rechute [38]. Cependant, certaines études n’ont pas montré de différence à long terme entre ces deux traitements et les séquelles psychologiques à cinq ans seraient similaires quel que soit le type de traitement [41]. L’objectif de conserver l’esthétique du sein n’est pas toujours atteint, même avec un traitement conservateur et il en résulte souvent une modification du galbe, une diminution du volume et une fibrose sous-cicatricielle ou du lit tumoral. Pour les patientes, cela s’en ressent sur l’estime personnelle, la confiance en soi, la féminité et le pouvoir de séduction [44]. Le sein est une partie du corps forte en symbolisme : maternité, allaitement et identité féminine [41]. Après un traitement pour cancer du sein, 50 % des femmes souffriraient de problèmes sexuels sévères et de longue durée [45]. La baisse de la libido est liée à des facteurs organiques et psychologiques, parmi lesquels l’altération de l’image corporelle rappelée par les séquelles esthétiques du sein secondaires à la radiothérapie [44]. 6. Prise en charge des séquelles cutanées et sous-cutanées post-radiques À l’heure actuelle, la prise en charge classique de la fibrose du tissu conjonctif, éventuellement associée à des télangiectasies, repose sur les crèmes émollientes et les massages [8]. La meilleure connaissance de la physiopathologie de la fibrose a permis de développer des molécules rendant ce processus partiellement réversible : les antioxydants. Un traitement conjoint par pentoxifylline et tocophérol (vitamine E) réduit le degré de fibrose radio-induite. L’essai randomisé contre placebo a montré une régression significative de la surface de fibrose cutanée et souscutanée (p = 0,038) chez les patientes traitées pour cancer du sein recevant cette association pendant six mois [46]. La régression de la fibrose sous ce traitement était exponentielle et la réponse est maximale après deux ans. La durée du traitement n’est pas déterminée, mais un traitement inférieur à 12 mois expose à un effet rebond après une bonne réponse initiale, et une durée supérieure à deux à trois ans semblait plus adéquate [47]. L’utilisation de l’acide hyaluronique a surtout été évaluée dans le traitement des réactions aiguës, sans montrer sa supériorité face aux émollients classiques [27], et il n’existe pas d’essais sur une utilité dans la prise en charge des séquelles tardives. L’oxygénothérapie hyperbare est utile dans la prévention des complications tardives après irradiation accidentelle, mais il n’a pas été montré à ce jour dans la littérature l’intérêt de ce traitement dans la fibrose radio-induite constituée [22]. Par ailleurs, la prise en charge des séquelles esthétiques doit donner une place prépondérante à la réadaptation psychologique 467 et sociale : améliorer la perception de sa nouvelle image corporelle exige de faire le point sur l’estime de soi et de faire l’impasse sur le corps vécu avant la maladie. Le rôle du conjoint est prépondérant et doit servir de support autant que possible [41]. Dans ce cadre, la socio-esthétique est une aide majeure. Elle utilise la peau comme support, considérée comme la mémoire corporelle. Les ressources à disposition passent par le modelage esthétique, les conseils en image et les soins du corps. 7. Prévenir les séquelles tardives 7.1. Respecter les doses et le fractionnement Les différents essais d’hypofractionnement n’ont pas rapporté de majoration des séquelles esthétiques, mais dans tous la dose totale était plus faible en se basant sur un rapport alpha/bêta du sein de 4 à 5 Gy [48]. Fehlauer et al. ont rapporté que des irradiations avec fractions de 2,5 Gy (quatre séances par semaine, dose totale 55 Gy) entraînaient davantage de fibrose que des schémas à 2 Gy par fraction (cinq séances par semaine, dose totale 55 Gy) : 57 % contre 16 % [49]. 7.2. Réduire le volume traité et homogénéiser la répartition de dose La RCMI, technique de modulation d’intensité, permet de délivrer la dose voulue au volume cible avec une meilleure homogénéité dans la distribution de dose. Ainsi, dans une étude spécifique, elle réduit en moyenne de 34 cm3 le volume mammaire recevant plus de 107 % de la dose prescrite [50]. L’étude randomisée de Donovan et al., portant sur 306 patientes, a montré un taux significativement inférieur de modification de l’aspect global du sein après RCMI par comparaison à une radiothérapie conformationelle classique, avec un recul de cinq ans (p = 0,008), mais avec un bénéfice sur la qualité de vie qui reste à démontrer [51]. Dans l’essai randomisé de RCMI contre traitement standard de Coles et al., portant sur une cohorte de plus de 1000 patientes, il n’a pas été montré de différence de l’aspect du sein après traitement. En revanche, un taux supérieur de bons/excellents résultats esthétiques après RCMI et bon résultat postopératoire était retrouvé (p = 0,06). De plus, le taux de télangiectasies était réduit (p = 0,09) [50]. Cependant, on ne dispose que de peu de recul sur les séquelles à long terme de l’utilisation de cette technique, qui n’est pas faite en routine à l’heure actuelle. De plus, le fait que le nombre de portes d’entrée du rayonnement soit accru entraîne une augmentation de la dispersion de la dose au niveau des tissus sains traversés, dont la peau et le tissu sous-cutané [8]. Les mouvements respiratoires restent un défi important à combattre pour accroître la précision et la reproductibilité du traitement. Le suivi automatique du volume cible en fonction du cycle respiratoire (gating) est une autre possibilité pour réduire de façon importante les volumes irradiés [8]. Le gain de cette technique semble intuitivement être plutôt au niveau pulmonaire et cardiaque. Il existe quelques études portant sur la diminution du volume cardiaque et pulmonaire irradié, notamment celle de Klauss et al. qui montrait un volume cardiaque évalué par IRM significativement moins important [52]. Mais aucune étude ne s’est intéressée aux séquelles esthétiques de l’utilisation de cette technique. L’irradiation partielle, ou accelerated partial breast irradiation (APBI), est bien évidemment la possibilité la plus intéressante pour réduire de façon importante les volumes irradiés. Le volume cible devient la localisation tumorale initiale avec une marge de sécurité et non plus le sein dans sa totalité. On retrouve parmi ces techniques d’irradiation partielle la radiothérapie peropératoire 468 M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 (IORT), soit par photons de basse énergie (50 kV, essai TARGIT, Targeted Intraoperative Radiotherapy), soit par électrons (essai ELIOT, Intraoperative Radiotherapy with Electrons). L’essai randomisé TARGIT n’a pas montré de différence entre une irradiation peropératoire à la dose de 20 Gy et une radiothérapie externe [53] ; les données de l’analyse cosmétique n’ont pour l’instant pas été publiées. Dans l’essai de phase I–II de l’électronthérapie à Milan (ELIOT), le taux de fibrose modérée était de 1,8 % des cas chez 1822 patientes [54]. Les techniques postopératoires regroupent la curiethérapie interstitielle de bas débit ou de haut débit de dose, ou bien une irradiation à haut débit utilisant un dispositif mis en place en peropératoire type Mammosite® . Ces techniques apparaissent équivalentes et permettent d’obtenir des résultats esthétiques bons ou excellents dans près de 90 % des cas [55]. alternative de traitement chez certaines patientes sélectionnées. Des études complémentaires sont en cours, et en particulier : l’essai français SHARE qui compare le protocole classique, le protocole canadien (irradiation du sein sans boost) et l’irradiation accélérée de la cavité opératoire. Enfin, la prise en compte de la radiosensibilité de chaque individu ainsi que la possibilité de sélectionner les populations radiosensibles à travers l’élaboration de tests prédictifs permettra peut-être dans un avenir proche, de délivrer un traitement individualisé à chaque patiente. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références 7.3. Prendre en compte la radiosensibilité de l’individu Certaines molécules sont directement impliquées dans la constitution de fibrose (d-pénicilamine, colchicine, interféron). Leur association avec la radiothérapie en tant qu’agent radiosensibilisant n’a jamais été étudié pour savoir en quelle mesure elles peuvent agir sur la constitution d’une fibrose radio-induite et notamment sous-cutanée [22]. La réduction des co-facteurs intervenant dans la constitution de la fibrose radio-induite est essentielle : éviter les traumatismes locaux, les infections locales, la consommation excessive d’alcool et de tabac, le diabète et l’hypertension artérielle déséquilibrés [22]. Bien que l’utilisation de superoxyde dismutase paraisse attractive dans la prise en charge de la fibrose radio-induite, son utilisation en clinique n’est pas validée, il existe cependant des études de thérapie génique basées sur l’administration de superoxyde dismutase en prévention, afin de protéger le tissu sain de la fibrose et conférer à la cellule une sorte de radiorésistance. Une meilleure connaissance des voies de signalisation et des gènes impliqués dans la réponse des fibroblastes face à l’irradiation permet de définir des profils dit « radiosensibles » ou « radiorésistants » [30,32]. À long terme, l’objectif serait de pouvoir développer des tests in vitro préthérapeutiques pour sélectionner les patientes plus à risque d’avoir des séquelles tardives de type fibrose radio-induite en fonction de son polymorphisme et de pouvoir ainsi adapter le schéma thérapeutique [56]. 8. Conclusion La radiothérapie adjuvante du cancer du sein localisé est à l’origine de séquelles esthétiques, avec au premier plan : la fibrose post-radique. Son incidence est variable selon les études. L’évaluation de ces séquelles se fait sur le long terme, au-delà de trois à cinq ans, à l’aide d’échelle standardisée telle que la SOMA LENT. Leur retentissement psychosocial est essentiel à prendre en compte, aussi bien lors de l’évaluation que lors de la prise en charge. Une meilleure connaissance de la physiopathologie de la fibrose, jugée jusqu’à peu de temps comme irréversible, a permis de développer de nouvelles thérapeutiques : les antioxydants. La prévention de ces séquelles, tout en maintenant un bon contrôle de la maladie, est l’objectif principal. Les avancées technologiques de ces dernières années permettraient d’améliorer les résultats esthétiques actuels, qui sont cependant dans l’ensemble très satisfaisants. La radiothérapie systématique de la totalité du sein après chirurgie conservatrice reste incontestablement le standard thérapeutique. Le complément délivré sur le lit tumoral après irradiation du sein permet un taux de meilleur contrôle local, mais augmente la fréquence de mauvais résultats esthétiques. L’irradiation partielle accélérée semble se positionner comme une [1] Institut national du cancer (INCa). La situation du cancer en France en 2011 [Données de l’INCa]. Boulogne-Billancourt: Inca. Disponible à l’adresse : http://www.e-cancer.fr. [2] Vrieling C, Collette L, Fourquet A, Hoogenraad WJ, Horiot JC, Jager JJ, et al. The influence of the boost in breast-conserving therapy on cosmetic outcome in the EORTC “boost versus no boost” trial. EORTC Radiotherapy and Breast Cancer Cooperative Groups. European Organization for Research and Treatment of Cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;45:677–85. [3] Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Favourable and unfavourable effects on long-term survival of radiotherapy for early breast cancer: an overview of the randomised trials. Lancet 2000;355:1757–70. [4] Bartelink H, Horiot JC, Poortmans PM, Struikmans H, Van den Bogaert W, Fourquet A, et al. Impact of a higher radiation dose on local control and survival in breast-conserving therapy of early breast cancer: 10-year results of the randomized boost versus no boost EORTC 22881-10882 trial. J Clin Oncol 2007;25:3259–65. [5] Touboul E, Buffat L, Belkacémi Y, Lefranc JP, Uzan S, Lhuillier P, et al. Local recurrences and distant metastases after breast-conserving surgery and radiation therapy for early breast cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;43:25–38. [6] Chavaudra J, Bridier A. Définition des volumes en radiothérapie externe : rapports ICRU 50 et 62. Cancer Radiother 2001;5:472–8. [7] Collette S, Collette L, Budiharto T, Horiot JC, Poortmans PM, Struikmans H, et al. Predictors of the risk of fibrosis at 10 years after breast conserving therapy for early breast cancer: a study based on the EORTC Trial 22881-10882 “boost versus no boost”. Eur J Cancer 2008;44:2587–99. [8] Meyns M, Jansen N, Deneufbourg JM. Place de la radiothérapie dans le traitement du cancer du sein. Indications actuelles et perspectives. Rev Med Liege 2006;61:623–31. [9] Bartelink H, Horiot JC, Poortmans P, Struikmans H, Van den Bogaert W, Barillot I, et al. Recurrence rates after treatment of breast cancer with standard radiotherapy with or without additional radiation. N Engl J Med 2001;345:1378–87. [10] Denis F. Comment éviter les séquelles en radiothérapie ? In: Bonneterre J, Belkacémi Y, editors. Cancers du sein localisés : les nouvelles pratiques [Actes des 28es Journées de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (Lille, 8–10 novembre 2006)]. Courbevoie: DaTeBe SAS; 2006. Disponible à l’adresse : http://hdl.handle.net/2042/9826 (accès le 24/5/12). [11] Liljegren G, Holmberg L, Westman G. The cosmetic outcome in early breast cancer treated with sector resection with or without radiotherapy. UppsalaOrebro Breast Cancer Study Group. Eur J Cancer 1993;29A:2083–9. [12] Ghorbel I, Kanoun S, Kallel A, Belaid A, Azoury F, Heymann S, et al. Cancer du sein sans atteinte ganglionnaire axillaire. Cancer Radiother 2010;14:S127–35. [13] Murphy C, Anderson PR, Li T, Bleicher RJ, Sigurdson ER, Goldstein LJ, et al. Impact of the radiation boost on outcomes after breast-conserving surgery and radiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:69–76. [14] Azria D, Belkacemi Y, Romieu G, Gourgou S, Gutowski M, Zaman K, et al. Concurrent or sequential adjuvant letrozole and radiotherapy after conservative surgery for early-stage breast cancer (CO-HO-RT): a phase 2 randomised trial. Lancet Oncol 2010;11:258–65. [15] Ishiyama H, Niino K, Hosoya T, Hayakawa K. Results of a questionnaire survey for symptom of late complications caused by radiotherapy in breast conserving therapy. Breast Cancer 2006;13:197–201. [16] Fehlauer F, Tribius S, Höller U, Rades D, Kuhlmey A, Bajrovic A, et al. Long-term radiation sequelae after breast-conserving therapy in women with early-stage breast cancer: an observational study using the LENT-SOMA scoring system. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;55:651–8. [17] Vrieling C, Collette L, Fourquet A, Hoogenraad WJ, Horiot JH, Jager JJ, et al. The influence of patient, tumor and treatment factors on the cosmetic results after breast-conserving therapy in the EORTC “boost vs. no boost” trial. EORTC Radiotherapy and Breast Cancer Cooperative Groups. Radiother Oncol 2000;55:219–32. [18] Budrukkar AN, Sarin R, Shrivastava SK, Deshpande DD, Dinshaw KA. Cosmesis, late sequelae and local control after breast-conserving therapy: influence of type of tumour bed boost and adjuvant chemotherapy. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2007;19:596–603. M. Doré, C. Hennequin / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 462–469 [19] Mazeron JJ, Maugis A. Techniques d’irradiation des cancers : la radiothérapie conformationnelle. Paris: Maloine; 2005. [20] Braccini A, Ozsahin M, Azria D. Paramètres biologiques de réponse tardive des tissus sains aux rayonnements ionisants. Oncologie 2010;12:403–8. [21] Yarnold J, Brotons MCV. Pathogenetic mechanisms in radiation fibrosis. Radiother Oncol 2010;97:149–61. [22] Delanian S, Lefaix JL. The radiation-induced fibroatrophic process: therapeutic perspective via the antioxidant pathway. Radiother Oncol 2004;73:119–31. [23] Morrow M, Strom EA, Bassett LW, Dershaw DD, Fowble B, Giuliano A, et al. Standard for breast conservation therapy in the management of invasive breast carcinoma. CA Cancer J Clin 2002;52:277–300. [24] Cardoso MJ, Cardoso J, Santos AC, Vrieling C, Christie D, Liljegren G, et al. Factors determining esthetic outcome after breast cancer conservative treatment. Breast J 2007;13:140–6. [25] Lefaix JL, Delanian S, Dubray B, Giraud P, Berland E, Sahraoui S, et al. Modifications du microrelief cutané dans la fibrose radio-induite superficielle : étude qualitative. Bull Cancer 1996;83:915–22. [26] Sneeuw KC, Aaronson NK, Yarnold JR, Broderick M, Regan J, Ross G, et al. Cosmetic and functional outcomes of breast conserving treatment for early stage breast cancer. 1. Comparison of patients’ ratings, observers’ ratings, and objective assessments. Radiother Oncol 1992;25:153–9. [27] Kirova YM, Fromantin I, De Rycke Y, Fourquet A, Morvan E, Padiglione S, et al. Can we decrease the skin reaction in breast cancer patients using hyaluronic acid during radiation therapy? Results of phase III randomised trial. Radiother Oncol 2011;100:205–9. [28] Goldsmith C, Haviland J, Tsang Y, Sydenham M, Yarnold J. Large breast size as a risk factor for late adverse effects of breast radiotherapy: is residual dose inhomogeneity, despite 3D treatment planning and delivery, the main explanation? Radiother Oncol 2011;100:236–40. [29] López E, Guerrero R, Núñez MI, del Moral R, Villalobos M, Martínez-Galán J, et al. Early and late skin reactions to radiotherapy for breast cancer and their correlation with radiation-induced DNA damage in lymphocytes. Breast Cancer Res 2005;7:R690–8. [30] Rødningen OK, Overgaard J, Alsner J, Hastie T, Børresen-Dale AL. Microarray analysis of the transcriptional response to single or multiple doses of ionizing radiation in human subcutaneous fibroblasts. Radiother Oncol 2005;77:231–40. [31] Chang-Claude J, Ambrosone CB, Lilla C, Kropp S, Helmbold I, von Fournier D, et al. Genetic polymorphisms in DNA repair and damage response genes and late normal tissue complications of radiotherapy for breast cancer. Br J Cancer 2009;100:1680–6. [32] Henríquez-Hernández LA, Carmona-Vigo R, Pinar B, Bordón E, Lloret M, Núñez MI, et al. Combined low initial DNA damage and high radiation-induced apoptosis confers clinical resistance to long-term toxicity in breast cancer patients treated with high-dose radiotherapy. Radiat Oncol 2011;6:60. [33] Chargari C, Kirova YM, Even C, Monnier L, Dendale R, Campana F, et al. Toxicité et efficacité de la radiothérapie adjuvante chez les patientes traitées pour un cancer du sein et porteuses d’une mutation hétérozygote du gène de l’ataxietélangiectasie. Cancer Radiother 2009;13:164–72. [34] Shayeghi M, Seal S, Regan J, Collins N, Barfoot R, Rahman N, et al. Heterozygosity for mutations in the ataxia telangiectasia gene is not a major cause of radiotherapy complications in breast cancer patients. Br J Cancer 1998;78: 922–7. [35] Chen AM, Obedian E, Haffty BG. Breast-conserving therapy in the setting of collagen vascular disease. Cancer J 2001;7:480–91. [36] Lin A, Abu-Isa E, Griffith KA, Ben-Josef E. Toxicity of radiotherapy in patients with collagen vascular disease. Cancer 2008;113:648–53. [37] Huchet A, Caudry M, Belkacémi Y, Trouette R, Vendrely V, Causse N, et al. Effet volume en radiothérapie [II]. Deuxième partie : volume et tolérance des tissus sains. Cancer Radiother 2003;7:353–62. [38] Curran D, van Dongen JP, Aaronson NK, Kiebert G, Fentiman IS, Mignolet F, et al. Quality of life of early-stage breast cancer patients treated with radical mastectomy or breast-conserving procedures: results of EORTC Trial 10801. [39] [40] [41] [42] [43] [44] [45] [46] [47] [48] [49] [50] [51] [52] [53] [54] [55] [56] 469 The European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC), Breast Cancer Co-operative Group (BCCG). Eur J Cancer 1998;34:307–14. Poortmans P, Bartelink H, Horiot JC, Struikmans H, Van den Bogaert W, Fourquet A, et al. The influence of the boost technique on local control in breast conserving treatment in the EORTC “boost versus no boost” randomised trial. Radiother Oncol 2004;72:25–33. Polgár C, Fodor J, Orosz Z, Major T, Takácsi-Nagy Z, Mangel LC, et al. Electron and high-dose-rate brachytherapy boost in the conservative treatment of stage I-II breast cancer first results of the randomized Budapest boost trial. Strahlenther Onkol 2002;178:615–23. Baize N, Mounier N, Bongain A, Spano JP. Féminité et cancer du sein, approche particulière de l’annonce en cancérologie. Bull Cancer 2008;95: 849–57. Principaux résultats de l’étude FACE (femmes atteintes d’un cancer du sein et entourage). Disponible à l’adresse : http://www.proximologie.com/ a professionnels/a02 recherches etudes/a02 01 etudes/docs/Communique FACE.pdf. Kiebert GM, de Haes JC, van de Velde CJ. The impact of breast-conserving treatment and mastectomy on the quality of life of early-stage breast cancer patients: a review. J Clin Oncol 1991;9:1059–70. Stuart K, Brennan M, French J, Houssami N, Boyages J. Life after breast cancer. Aust Fam Physician 2006;35:219–24. Robinson JW. Sexuality and cancer. Breaking the silence. Aust Fam Physician 1998;27:45–7. Delanian S, Porcher R, Balla-Mekias S, Lefaix JL. Randomized, placebocontrolled trial of combined pentoxifylline and tocopherol for regression of superficial radiation-induced fibrosis. J Clin Oncol 2003;21: 2545–50. Delanian S, Porcher R, Rudant J, Lefaix JL. Kinetics of response to long-term treatment combining pentoxifylline and tocopherol in patients with superficial radiation-induced fibrosis. J Clin Oncol 2005;23:8570–9. Whelan TJ, Pignol JP, Levine MN, Julian JA, MacKenzie R, Parpia S, et al. Longterm results of hypofractionated radiation therapy for breast cancer. N Engl J Med 2010;362:513–20. Fehlauer F, Tribius S, Alberti W, Rades D. Late effects and cosmetic results of conventional versus hypofractionated irradiation in breast-conserving therapy. Strahlenther Onkol 2005;181:625–31. Barnett GC, Wilkinson JS, Moody AM, Wilson CB, Twyman N, Wishart GC, et al. Randomized controlled trial of forward-planned intensity modulated radiotherapy for early breast cancer: interim results at 2 years. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:715–23. Donovan E, Bleakley N, Denholm E, Evans P, Gothard L, Hanson J, et al. Randomised trial of standard 2D radiotherapy (RT) versus intensity modulated radiotherapy (IMRT) in patients prescribed breast radiotherapy. Radiother Oncol 2007;82:254–64. Krauss DJ, Kestin LL, Raff G, Yan D, Wong J, Gentry R, et al. MRI-based volumetric assessment of cardiac anatomy and dose reduction via active breathing control during irradiation for left-sided breast cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;61:1243–50. Vaidya JS, Joseph DJ, Tobias JS, Bulsara M, Wenz F, Saunders C, et al. Targeted intraoperative radiotherapy versus whole breast radiotherapy for breast cancer (TARGIT-A trial): an international, prospective, randomised, non-inferiority phase 3 trial. Lancet 2010;376:91–102. Veronesi U, Orecchia R, Luini A, Galimberti V, Zurrida S, Intra M, et al. Intraoperative radiotherapy during breast conserving surgery: a study on 1,822 cases treated with electrons. Breast Cancer Res Treat 2010;124: 141–51. Vicini FA, Kestin LL, Goldstein NS. Defining the clinical target volume for patients with early-stage breast cancer treated with lumpectomy and accelerated partial breast irradiation: a pathologic analysis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:722–30. Hennequin C, Azria D. L’avenir de la radiothérapie du cancer du sein : de la taille unique au sur-mesure. Cancer Radiother 2011;15:455–9. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 470–472 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Irradiation partielle accélérée du cancer du sein : aspect théorique Accelerated partial breast irradiation for early breast cancer C. Bourgier ∗ , I. Dumas , H. Marsiglia , C. Rossier , N. Taright , B. Biron , G. Auzac Département de radiothérapie, institut de cancérologie Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Irradiation partielle accélérée Cancer du sein r é s u m é L’irradiation partielle accélérée est une modalité d’irradiation de plus en plus utilisée dans la prise en charge des cancers du sein de pronostic favorable. Nous proposons ici de faire un point sur l’intérêt des schémas d’irradiation hypofractionnée dans les cancers du sein, le rationnel, les différentes techniques et les indications d’irradiation partielle accélérée du cancer du sein. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keyword: Accelerated partial breast irradiation Hypofractionated and accelerated partial breast irradiation are more and more widely used for early breast cancer. Here, this short communication would expose the role of hypofractionated radiotherapy in adjuvant breast radiotherapy, rational, techniques and indications of accelerated partial breast irradiation. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction Depuis de nombreuses années, le Canada et l’Angleterre ont développé des traitements accélérés afin de raccourcir les délais de prise en charge et de diminuer le temps total de traitement : « irradiation hypofractionnée », dont le concept est de délivrer des doses élevées par fraction (plus de 2 Gy par fraction, par opposition au fractionnement standard, soit 2 Gy par fraction) tout en diminuant la dose totale (pour limiter l’incidence des toxicités tardives radio-induites) et donc par conséquent le nombre de fractions. Cette irradiation hypofractionnée intéresse soit l’ensemble de la glande mammaire, soit uniquement le lit opératoire (irradiation partielle accélérée du sein). 2. Intérêt de l’hypofractionnement dans la prise en charge des cancers du sein L’hypofractionnement est un concept séduisant car il repose sur la notion d’une radiosensibilité intrinsèque des tumeurs mammaires, qui seraient plus sensibles à la dose par fraction délivrée ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Bourgier). qu’à la dose totale, en raison d’un rapport alpha/bêta (reflet de la sensibilité aux rayonnements) bas. Cette radiosensibilité (rapport ␣/) a été récemment évaluée à partir de la probabilité de survie sans récidive après traitement chirurgical conservateur de cancers du sein au sein d’essais randomisés [1]. Ainsi, pour une population de patientes atteintes d’un cancer du sein à faible risque de récidive locale (i.e., carcinome canalaire infiltrant, de stade pT1N0, de grade histopronostique I/II, exprimant des récepteurs hormonaux et ne surexprimant pas l’oncoprotéine Her2), le rapport ␣/ variait de 2,49 à 3,21 Gy [2]. À l’heure actuelle, les indications et les modalités de radiothérapie mammaire ne prennent pas en compte le profil de sensibilité intrinsèque des cancers du sein. Or, l’évolution de la radiothérapie mammaire devra à terme prendre en considération les profils de radiosensibilité à la fois tumorale et des tissus sains. L’irradiation partielle accélérée du sein s’intègre dans cet enjeu stratégique en raison de son caractère hypofractionné, accéléré et partiel. 3. Rationnel de l’irradiation partielle accélérée Depuis les années 1990, le concept d’irradiation partielle accélérée du sein a été développé en particulier pour raccourcir la durée totale de la radiothérapie. Pour ce faire, la dose par fraction est plus élevée et délivrée dans un volume mammaire plus restreint 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.015 C. Bourgier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 470–472 (radiothérapie ciblant exclusivement le lit de tumorectomie en quelques séances de radiothérapie). Aujourd’hui, il s’agit avant tout d’une réflexion sur la balance bénéfice–risque entre le risque de rechute locale et le risque de développer des séquelles du traitement. Il est maintenant admis que les récidives locales surviennent après traitement conservateur essentiellement à proximité ou dans le site initial de la tumeur [3]. L’analyse des essais randomisés ayant évalué le traitement chirurgical conservateur par comparaison au traitement radical des cancers du sein a mis en exergue le risque de survenue d’effets secondaires radio-induits (fibrose cutanée et séquelles esthétiques, pneumopathie radio-induite, toxicité cardiaque) [4,5]. Ainsi, le concept de l’irradiation partielle accélérée du sein permet de proposer, chez les patientes atteintes d’un cancer du sein de petit stade à faible risque de récidive locale, une irradiation focalisée de courte durée (quelques heures à cinq jours de traitement) sans sur-risque de récidive locale [6]. 471 et un faisceau direct d’électrons [16–18], soit quatre à cinq faisceaux de photons non coplanaires [14]. L’irradiation est réalisée en deux séances quotidiennes (bifractionnée) pendant cinq jours. Différents schémas de dose ont été publiés, allant le plus souvent de 3,8 à 4,2 Gy par séance (contre 2 Gy par séance lors d’une irradiation classique du sein). Une autre technique d’irradiation est l’utilisation de protons exclusivement ou en association aux photons. Peu d’équipes en ont l’expérience en raison de l’accès très limité à cette source de rayonnement [16,22]. 4. Techniques d’irradiation 4.2.2. Radiothérapie externe avec modulation d’intensité Il s’agit d’une technique où la dose varie au sein de chaque faisceau pour irradier plus sélectivement le volume cible tout en diminuant l’irradiation des tissus sains à des doses élevées [23,24]. Cette modalité d’irradiation permet d’améliorer l’indice de conformation, c’est-à-dire de superposer au mieux la dose délivrée et le volume à traiter. La dose par fraction et la dose totale sont identiques aux schémas précédemment cités. 4.1. Technique invasive 5. Sélection des patientes 4.1.1. Irradiation peropératoire Après avoir réalisé la tumorectomie, le chirurgien et l’oncologue radiothérapeute mettent en place dans le lit opératoire une source d’irradiation de relativement faible énergie (photons de 50 kV ou électrons de 3 à 10 MeV) permettant une irradiation des premiers millimètres de tissu environnant avec une décroissance rapide de la dose au fur et à mesure de l’éloignement de la source [6–9]. L’irradiation dure quelques minutes et est réalisée au bloc opératoire sous anesthésie générale. L’avantage de cette technique est le positionnement adéquat de la source d’irradiation dans le lit de tumorectomie. En revanche, son inconvénient majeur est la nonconnaissance des marges d’exérèse au moment de l’irradiation [10]. En raison d’un intérêt croissant pour l’irradiation partielle accélérée du sein, les sociétés américaine (ASTRO) et européenne (ESTRO) de radiothérapie ont proposé des indications en dehors de tout essai clinique pour un groupe sélectionné de patientes, à condition que l’équipe médicale et physique soit reconnue comme experte en ce domaine et que la patiente soit informée du risque de récidive locale, des alternatives thérapeutiques et du faible recul de cette méthode d’irradiation [25,26]. Ainsi, trois groupes de patientes ont été déterminé : premièrement, celles à faible risque de récidive locale, pour qui l’irradiation partielle accélérée du sein peut être proposée en dehors de tout essai thérapeutique (groupe suitable) ; deuxièmement, celles à risque intermédiaire de récidive locale, pour qui l’irradiation partielle accélérée du sein ne peut être proposée que dans le cadre d’un essai clinique (groupe cautionary) ; et troisièmement, celles à risque élevé de récidives locales, pour lesquelles un traitement par irradiation partielle accélérée du sein est contre-indiqué (groupe unsuitable). Les patientes du groupe suitable sont âgées de plus de 50 ans, atteintes d’un carcinome invasif (canalaire, tubulaire, mucineux ou colloïde), de stade pT1N0, opéré complètement, exprimant les récepteurs hormonaux et ne surexprimant pas l’oncoprotéine Her2. Le groupe de patientes cautionary comprend des patientes âgées entre 50 et 59 ans, atteintes d’un carcinome lobulaire invasif, de stade pT0-2, opéré avec un marge d’exérèse de moins de 2 mm, avec emboles vasculaires ou engainements périnerveux limités et n’exprimant pas des récepteurs estrogène. En ce qui concerne le groupe unsuitable, il s’agit des patientes jeunes (moins 50 ans), atteintes d’un cancer du sein T3 ou T4, opéré incomplètement, multifocal, avec présence d’emboles vasculaires ou d’engainements périnerveux [20]. D’après les données récentes de la littérature, la société savante de sénologie de Saint-Paul-de-Vence a émis les recommandations suivantes en 20111 . Les centres ou institutions considérés comme experts dans cette technique d’irradiation peuvent proposer un traitement par irradiation partielle accélérée du sein en dehors de tout essai thérapeutique aux patientes dont les critères d’inclusion correspondent aux groupes suitable décrits ci-dessus. Elles doivent être par ailleurs informées du faible recul des données de la littérature concernant le contrôle local. L’expertise de ces centres/instituts repose sur une validation de la technique par un essai de phase II et par l’utilisation régulière et continue de cette 4.1.2. Curiethérapie De la même façon, après la tumorectomie, le matériel vecteur pour la curiethérapie peut être installé en peropératoire. Il s’agit soit d’un ballonnet, qui sera gonflé après l’opération, permettant le déplacement d’une source d’iridium 192 qui viendra se placer au centre du ballon pour effectuer une irradiation de type haut débit en plusieurs séances (Mammosite® ), soit de tubes plastiques qui serviront à une curiethérapie interstitielle (iridium 192) de bas débit de dose (irradiation continue sur plusieurs jours), de bas débit pulsé ou de haut débit de dose (irradiation discontinue sur plusieurs jours) [11–13]. De la même façon, que l’irradiation peropératoire décrite ci-dessus, le placement de la source d’irradiation est optimal, car effectuée en temps réel, avec l’avantage d’un chargement différé de la source radioactive en secteur protégé après avoir eu connaissance de l’histologie définitive (soit cinq jours après l’acte chirurgical). L’inconvénient de cette technique est de laisser en place les guides de curiethérapie sans traitement pendant cinq jours, le temps de l’analyse histologique. 4.2. Techniques non invasives 4.2.1. Radiothérapie externe tridimensionnelle-conformationnelle Les techniques d’irradiation mises en œuvre sont similaires à celles d’une irradiation classique [14–19]. Après réalisation d’une scanographie dosimétrique, le radiothérapeute définit un volume correspondant au lit opératoire (guidé par des clips chirurgicaux mis en place en peropératoire [20,21]) avec différentes marges de sécurité prenant en compte l’extension microscopique éventuelle de la maladie, les mouvements internes des organes et les incertitudes de repositionnement. Ensuite, une balistique de traitement est proposé : soit deux faisceaux mini-tangentiels de photons 1 Bourgier et al. Adjuvant radiotherapy in the management of negative axillary node invasive breast cancer: a qualitative systematic review (manuscrit soumis pour publication). 472 C. Bourgier et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 470–472 modalité d’irradiation. En dehors de ces centres/instituts, le traitement par irradiation partielle accélérée du sein ne peut se faire que dans le cadre d’un essai clinique (de phase II ou phase III) tel que l’essai national SHARE. 6. Conclusion Les différentes modalités d’irradiation partielle accélérée du sein (invasives et non invasives) nous permettent de proposer aux patientes ayant un cancer du sein de faible risque de récidive locale un traitement accéléré (allant de quelques minutes à cinq jours), focalisé et en tenant compte de la radiosensibilité intrinsèque tumorale. L’enjeu n’est plus, à ce jour, quelle technique d’irradiation partielle accélérée du sein proposer, mais de proposer à ces patientes un traitement de leur cancer du sein accéléré, partiel et hypofractionné à large échelle. [12] [13] [14] [15] [16] Déclaration d’intérêts [17] Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. [18] Références [19] [1] Qi XS, White J, Li XA. Is alpha/beta for breast cancer really low? Radiother Oncol 2011;100:282–8. [2] Williams MV, Denekamp J, Fowler JF. A review of alpha/beta ratios for experimental tumors: implications for clinical studies of altered fractionation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1985;11:87–96. [3] Sanders ME, Scroggins T, Ampil FL, Li BD. Accelerated partial breast irradiation in early-stage breast cancer. J Clin Oncol 2007;25:996–1002. [4] Clarke M, Collins R, Darby S, Davies C, Elphinstone P, Evans E, et al. Effects of radiotherapy and of differences in the extent of surgery for early breast cancer on local recurrence and 15-year survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005;366:2087–106. [5] Darby SC, McGale P, Taylor CW, Peto R. Long-term mortality from heart disease and lung cancer after radiotherapy for early breast cancer: prospective cohort study of about 300,000 women in US SEER cancer registries. Lancet Oncol 2005;6:557–65. [6] Azria D, Bourgier C. Partial breast irradiation: new standard for selected patients. Lancet 2010;376:71–2. [7] Lemanski C, Azria D, Gourgon-Bourgade S, Gutowski M, Rouanet P, Saint-Aubert B, et al. Intraoperative radiotherapy in early-stage breast cancer: results of the Montpellier phase II trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:698–703. [8] Orecchia R, Ciocca M, Lazzari R, Garibaldi C, Leonardi MC, Luini A, et al. Intraoperative radiation therapy with electrons (ELIOT) in early-stage breast cancer. Breast 2003;12:483–90. [9] Vaidya JS, Joseph DJ, Tobias JS, Bulsara M, Wenz F, Saunders C, et al. Targeted intraoperative radiotherapy versus whole breast radiotherapy for breast cancer (TARGIT-A trial): an international, prospective, randomised, non-inferiority phase 3 trial. Lancet 2010;376:91–102. [10] Bourgier C, Heymann S, Verstraet R, Biron B, Marsiglia H. Débats autour du cancer du sein : « contre » la radiothérapie peropératoire. Cancer Radiother 2011;15:453–4. [11] Vicini F, Beitsch PD, Quiet CA, Keleher AJ, Garcia D, Snider Jr HC, et al. Threeyear analysis of treatment efficacy, cosmesis, and toxicity by the American [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] Society of Breast Surgeons MammoSite Breast Brachytherapy Registry Trial in patients treated with accelerated partial breast irradiation (APBI). Cancer 2008;112:758–66. Belkacémi Y, Chauvet MP, Giard S, Villette S, Lacornerie T, Bonodeau F, et al. Partial breast irradiation as sole therapy for low risk breast carcinoma: early toxicity, cosmesis and quality of life results of a MammoSite brachytherapy phase II study. Radiother Oncol 2009;90:23–9. Hannoun-Lévi JM, Ferré M, Raoust I, Lallement M, Flipo B, Ettore F, et al. Irradiation insterstitielle partielle et accélérée du sein de haut débit de dose : résultats préliminaires cliniques et dosimétriques sur 61 patientes. Cancer Radiother 2008;12:532–40. Vicini FA, Remouchamps V, Wallace M, Sharpe M, Fayad J, Tyburski L, et al. Ongoing clinical experience utilizing 3D conformal external beam radiotherapy to deliver partial-breast irradiation in patients with early-stage breast cancer treated with breast-conserving therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;57:1247–53. Formenti SC, Truong MT, Goldberg JD, Mukhi V, Rosenstein B, Roses D, et al. Prone accelerated partial breast irradiation after breast-conserving surgery: preliminary clinical results and dose-volume histogram analysis. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004;60:493–504. Taghian AG, Kozak KR, Doppke KP, Katz A, Smith BL, Gadd M, et al. Initial dosimetric experience using simple three-dimensional conformal externalbeam accelerated partial-breast irradiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;64:1092–9. Bourgier C, Pichenot C, Verstraet R, El Nemr M, Heymann S, Biron B, et al. Early side effects of three-dimensional conformal external beam accelerated partial breast irradiation to a total dose of 40 Gy in one week (a phase II trial). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:1228–35. Bourgier C, Pichenot C, Verstraet R, Heymann S, Biron B, Balleyguier C, et al. Étude pilote française de phase II d’irradiation partielle accélérée du sein conformationnelle tridimensionnelle bi-fractionnée hebdomadaire de 40 Gy. Cancer Radiother 2010;14:718–26. Acevedo-Henao CM, Heymann S, Rossier C, Garbay JR, Arnedos M, Balleyguier C, et al. Irradiation partielle accélérée conformationnelle du sein : état des lieux. Cancer Radiother 2012;16, http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.002. Dzhugashvili M, Pichenot C, Dunant A, Balleyguier C, Delaloge S, Mathieu MC, et al. Surgical clips assist in the visualization of the lumpectomy cavity in threedimensional conformal accelerated partial-breast irradiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:1320–4. Dzhugashvili M, Tournay E, Pichenot C, Dunant A, Pessoa E, Khallel A, et al. 3D-conformal accelerated partial breast irradiation treatment planning: the value of surgical clips in the delineation of the lumpectomy cavity. Radiat Oncol 2009;4:70. Kozak KR, Smith BL, Adams J, Kornmehl E, Katz A, Gadd M, et al. Accelerated partial-breast irradiation using proton beams: initial clinical experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006;66:691–8. Oliver M, Chen J, Wong E, Van Dyk J, Perera F. A treatment planning study comparing whole breast radiation therapy against conformal, IMRT and tomotherapy for accelerated partial breast irradiation. Radiother Oncol 2007;82:317–23. Moon SH, Shin KH, Kim TH, Yoon M, Park S, Lee DH, et al. Dosimetric comparison of four different external beam partial breast irradiation techniques: three-dimensional conformal radiotherapy, intensity-modulated radiotherapy, helical tomotherapy, and proton beam therapy. Radiother Oncol 2009;90:66–73. Polgar C, Van Limbergen E, Potter R, Kovács G, Polo A, Lyczek J, et al. Patient selection for accelerated partial-breast irradiation (APBI) after breast-conserving surgery: recommendations of the Groupe Européen de Curiethérapie-European Society for Therapeutic Radiology and Oncology (GEC-ESTRO) breast cancer workinggroup based on clinical evidence (2009). Radiother Oncol 2010;94:264–73. Smith BD, Arthur DW, Buchholz TA, Haffty BG, Hahn CA, Hardenbergh PH, et al. Accelerated partial breast irradiation consensus statement from the American Society for Radiation Oncology (ASTRO). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:987–1001. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 473–478 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Techniques classique bidimensionnelle et mono-isocentrique tridimensionnelle dans l’irradiation du sein et des aires ganglionnaires : comparaison dosimétrique Conventional 2D and monoisocentric 3D techniques in breast and lymphatic irradiation: A dosimetric comparison P. Guilbert a , N. Gaillot-Petit b , L. Vieren b , T.-D. Nguyen a,∗ a b Département de radiothérapie, institut Jean-Godinot, 1, rue du Général-Koenig, 51100 Reims, France Unité de radiophysique médicale, institut Jean-Godinot, 1, rue du Général-Koenig, 51100 Reims, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 16 avril 2012 Accepté le 18 mai 2012 Disponible sur Internet le 14 août 2012 Mots clés : Technique mono-isocentrique Radiothérapie externe Comparaison dosimétrique Cancer du sein r é s u m é But de l’étude. – Une part significative de l’activité du département de radiothérapie de l’institut JeanGodinot repose sur la pathologie mammaire. Depuis juillet 2009, toutes les indications d’irradiation du sein, du lit opératoire et des ganglions mammaires internes, sus- et sous-claviculaires ont été réalisées selon une technique mono-isocentrique. L’objectif de cette étude était d’effectuer une comparaison dosimétrique entre la méthode classique et la technique mono-isocentrique optimisée. Patientes et méthodes. – Une cohorte de 20 patientes pour lesquelles une indication d’irradiation du sein, du lit opératoire et des ganglions mammaires internes, sus- et sous-claviculaires avait été proposée en réunion de concertation pluridisciplinaire, a été constituée entre le 1er janvier et le 19 mai 2009. Pour chacune de ces patientes, nous avons comparé les dosimétries obtenues par le logiciel de planification Oncentra Masterplan® de Nucletron® , entre une technique classique bidimensionnelle et technique mono-isocentrique tridimensionnelle avec segmentation manuelle de type field in field et pondération prédéfinie (0,88 et 0,12). Les critères étudiés étaient les suivants : volume recevant 95 % (V95 %) et 107 % (V107 %) de la dose prescrite et dose moyenne (Dmean) aux volumes-cibles, volume pulmonaire homolatéral recevant les doses de 20 Gy (V20) et 30 Gy (V30), V35 et dose moyenne (Dmean) au cœur et dose maximale (Dmax) à la moelle. Résultats. – L’irradiation des ganglions de la chaîne mammaire interne, sus- et sous-claviculaires a été significativement améliorée avec la technique mono-isocentrique par rapport à la technique classique (V95 % de 89,7 % contre 77,1 % ; p = 0,001), ainsi que l’homogénéité de la répartition de la dose (Dmean de 46,3 Gy contre 45,1 Gy ; p = 0,008). Aucune différence statistiquement significative n’a été observée pour les autres volumes-cibles. La protection du cœur a été significativement meilleure avec la technique mono-isocentrique (Dmean de 8,4 Gy contre 11,1 Gy ; p < 0,0001), de même que celle de la moelle (Dmax de 29,2 Gy contre 35,8 Gy ; p = 0,0003). Conclusion. – La technique mono-isocentrique tridimensionnelle avec segmentation manuelle et pondération prédéfinie du sein et des aires ganglionnaires semble assurer une irradiation comparable des volumes-cibles par rapport à la technique classique bidimensionnelle et une meilleure protection du cœur et de la moelle. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Mono-isocentric technique External radiotherapy Dosimetric comparison Breast cancer Purpose. – The activity of our radiation oncology department mainly relies on breast pathology. Since July 2009, all the irradiations delivered simultaneously to the breast (CTV1), the surgical bed (CTV2), the internal mammary chain and the supra- and infraclavicular areas have been carried out using a mono-isocentric technique. This study aimed to compare dosimetric results between conventional 2D and mono-isocentric 3D techniques with or without optimization. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (T.-D. Nguyen). 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.008 474 P. Guilbert et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 473–478 Patients and methods. – From January to August 2009, 20 patients with breast cancer in whom irradiation of the CTV1, CTV2, internal mammary chain and supra- and infraclavicular areas was retained, were included in a specific cohort. In each case, we have compared dosimetric results obtained with the conventional technique and with a mono-isocentric 3D technique, either with manual field in the field segmentation or with automatic segmentation (Oncentra Masterplan® from Nucletron® , Optimizer® solution). Selected criteria were as follows: V95, V107 and mean dose (Dmean) to the target volumes, V20 and V30 to the ipsilateral lung, V35 and mean dose to the heart and maximal dose (Dmax) to the spinal cord. Results. – Supra- and infraclavicular areas irradiation was significantly better using the mono-isocentric 3D technique (V95 %: 89.7 % vs. 77.1 %; P = 0.001) as well as dose homogeneity (Dmean: 46.3 Gy vs. 45.1 Gy; P = 0.008). No statistical difference was observed for the other target volumes. Heart and spinal cord protection were better with the mono-isocentric 3D technique (respectively Dmean: 8.4 Gy vs. 11.1 Gy; P < 0.0001 and Dmax: 29.2 Gy vs. 35.8 Gy; P = 0.0003). Conclusion. – Mono-isocentric irradiation of the breast and lymphatic areas is a modern technique that benefits from imaging and computer progresses while being simple to carry out using standard planning system and linear accelerators. Mono-isocentric 3D irradiation with manual segmentation of the breast and the nodal areas provides a target volume irradiation comparing with conventional technique 2D and a better protection of the heart and of the spinal cord. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction Le cancer du sein est un problème majeur de santé publique avec 51 000 nouveaux cas et 12 000 décès en France en 2008 [1]. Il s’agit de la pathologie la plus fréquente à l’institut Jean-Godinot avec plus de 460 nouveaux cas traités en 2010 dans le département de radiothérapie. La radiothérapie externe de la glande mammaire est essentielle au contrôle locorégional de la maladie en cas de traitement conservateur. Elle est associée à l’irradiation prophylactique des aires ganglionnaires mammaires internes, suset sous-claviculaires homolatérales si l’examen anatomopathologique du curage axillaire retrouve une dissémination lymphatique [2]. L’irradiation classique concomitante du sein et des aires ganglionnaires adjacentes se caractérise par l’utilisation de faisceaux dissociés et indépendants les uns des autres, possédant un isocentre différent et propre à chaque faisceau. Les volumes-cibles et les organes à risque ne sont généralement pas systématiquement délinéés et des repères osseux et/ou métalliques sont utilisés. Cette technique classique est à même de générer des problèmes de jonction entre les différents faisceaux d’irradiation, liés à l’incertitude de reproductibilité de la position de chaque isocentre. La dosimétrie tridimensionnelle appliquée à des irradiations après simulation classique bidimensionnelle montre également que la couverture des volumes-cibles n’est pas totalement satisfaisante sur les histogrammes dose–volume, avec des volumes surdosés (> 107 %) [3]. Une technique utilisant un isocentre unique pour l’ensemble des faisceaux, appelé mono-isocentre, permet de garantir la reproductibilité des jonctions entre les faisceaux « sein ou paroi », « chaîne mammaire interne » et « creux sus- et sous-claviculaire » en liant les faisceaux les uns aux autres. Le département de radiothérapie a donc évolué en 2009 vers une technique utilisant un isocentre unique pour l’ensemble des faisceaux d’irradiation. Cet article décrit schématiquement la mise en place pratique de la radiothérapie avec une technique mono-isocentrique du sein en place et des aires ganglionnaires et présente les résultats d’une étude dosimétrique comparative sur une cohorte de 20 patientes entre la technique dite classique bidimensionnelle utilisant plusieurs isocentres et une technique tridimensionnelle conformationnelle utilisant un seul isocentre. 2. Patientes et méthodes Entre le 1er janvier et le 19 mai 2009, une cohorte de 20 patientes a été constituée. Les traitements ont été simulés pour l’irradiation du sein, du lit opératoire, de la chaîne mammaire interne et des ganglions sus- et sous-claviculaires homolatéraux dans le département de radiothérapie de l’institut Jean-Godinot. La moyenne d’âge des patientes était de 52,8 ans (36–77 ans). La tumeur était un carcinome canalaire infiltrant chez 19 patientes (95 %) et un carcinome lobulaire chez une patiente (5 %). La tumeur était à gauche dans 60 % des cas. Toutes les patientes ont eu une chirurgie conservatrice avec un curage axillaire homolatéral en raison de l’envahissement ganglionnaire. Les caractéristiques anatomocliniques des tumeurs sont exposées dans le Tableau 1. La chimiothérapie séquentielle associant trois cycles de 5fluoro-uracile–épirubicine–cyclophosphamide (FEC) et trois cycles de docétaxel a été administrée en situation néo-adjuvante et adjuvante chez respectivement trois (15 %) et 16 (80 %) patientes. Une patiente n’a reçu aucune chimiothérapie en raison de son état Tableau 1 Caractéristiques anatomocliniques des tumeurs. Clinical and pathological characteristics of the tumours. Nombre Stade TNM clinique T0N0M0 T1N0M0 T2N0M0 T1N1M0 T2N1M0 % 1 9 2 2 6 5 45 10 10 30 Stade TNM pathologique pT0N0M0 pT1N0M0 pT1N1M0 pT2N1M0 pT1N2M0 pT1N3M0 pT2N3M0 1 1 10 5 1 1 1 5 5 50 25 5 5 5 Grade SBR 1 2 3 5 11 4 25 55 20 Récepteurs hormonaux RE+ RP+ RE+ RP– RP– RE+ RE– RP– 14 2 0 4 70 10 0 20 Her2 0 + ++ (CISH–) +++ 12 2 2 4 60 10 10 20 RE : récepteurs des estrogènes ; RP : récepteurs de la progestérone ; CISH : chromogenic in situ hybridization. P. Guilbert et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 473–478 général (indice de performance selon l’OMS de 2). L’hormonothérapie a été prescrite chez 16 patientes (80 %) : le tamoxifène chez les neuf patientes non ménopausées (45 %) et un inhibiteur de l’aromatase chez les sept patientes ménopausées (35 %). Le trastuzumab a été indiqué dans le traitement adjuvant de quatre tumeurs surexprimant Her2 (20 %). La radiothérapie externe a été délivrée trois à quatre semaines après la chimiothérapie adjuvante ou l’intervention chirurgicale en cas de chimiothérapie néo-adjuvante. Les doses prescrites étaient de 50 Gy dans la glande mammaire (premier volume cible anatomoclinique, CTV1), 66 Gy dans le lit opératoire (deuxième volume cible anatomoclinique, CTV2), 46 Gy dans la chaîne mammaire interne (22 Gy par photons et 24 Gy par électrons) et 46 Gy dans les ganglions sus- et sous-claviculaires selon un fractionnement standard de 2 Gy par jour, cinq jours par semaine. Dans les 20 cas retenus pour l’étude présentée, la balistique et la dosimétrie ont été reproduites en utilisant soit la technique classique bidimensionnelle à plusieurs isocentres, soit la technique mono-isocentrique avec simulation virtuelle et dosimétrie tridimensionnelle pour des patientes pout lesquelles la prescription de radiothérapie comportait dans tous les cas, l’irradiation concomitante du sein conservé, de la chaîne mammaire interne et du creux sus-claviculaire. La technique classique et habituelle d’irradiation d’un sein en place et des aires sous- et sus-claviculaires et mammaire interne homolatérales a été décrite à plusieurs reprises [4–6]. Le temps de simulation ne comporte pas habituellement d’acquisition scanographique. Les traitements de nos 20 patientes ont cependant tous été simulés dans un premier temps avec un simulateur classique (Mecaserto® ), et dans un second temps avec un scanographe en position de traitement (Philips® ). Les faisceaux mammaire interne, sous- et sus-claviculaires déterminés avec le simulateur classique en deux dimensions ont été ensuite repositionnés par l’équipe de radiophysique médicale sur les coupes scanographiques. Les paramètres des faisceaux (dimensions, angulations, distance source–peau) ainsi définis, ont été reproduits le plus fidèlement possible. Les caches mammaires et laryngés étaient matérialisés par le collimateur multilames. Pour les faisceaux mammaire interne, sous- et sus-claviculaires, la dose prescrite au centre du faisceau était de 22 Gy en 11 fractions de 2 Gy par jour et délivrée par un rayonnement de 6 MV. Le faisceau souset sus-claviculaire délivrait une dose de 24 Gy en 12 fractions de 2 Gy par jour par des photons de 6 MV et le faisceau mammaire interne une dose de 24 Gy en 12 fractions de 2 Gy par jour délivrée par un faisceau d’électrons de 6 à 12 MeV. La dose prescrite dans le sein en place était de 50 Gy en 25 fractions de 2 Gy par jour au point de l’International Commission on Radiation Units and Measurements (ICRU), équi-pondérée entre les deux faisceaux tangentiels filtrés et délivrée par un rayonnement de 6 MV. Nous avons considéré que l’absence habituelle de délinéation des aires ganglionnaires conduisait à prescrire la dose totale à une profondeur moyenne de 30 mm pour la chaîne mammaire interne et le creux sus-claviculaire. Le calcul de la distribution de doses était réalisé selon l’algorithme Pencil Beam avec une matrice de 3 × 3 mm. Dans la technique mono-isocentrique, tous les volumes-cibles et les organes à risque ont été délinéés. Chaque volume a donc été délinéé par le même radiothérapeute (P.G.) selon l’atlas de l’institut Curie [7] avec le logiciel Oncentra Master Plan® de la société Nucletron® . Les volumes-cibles ont été délinéés sur chaque coupe scanographique : glande mammaire (premier volume cible anatomoclinique), lit opératoire (deuxième volume cible anatomoclinique), aires ganglionnaires sous- et sus-claviculaires et mammaire interne. Les organes à risque (moelle, poumon homolatéral et cœur) ont été délinéés semi-automatiquement en utilisant les outils d’interpolation du logiciel de dosimétrie. Les aspects techniques propres à la technique monoisocentrique sont présentés sur la Fig. 1 : dans la direction 475 Fig. 1. Schéma de l’irradiation mono-isocentrique. A. Faisceaux tangentiels (rouge), faisceaux chaîne mammaire interne (vert), faisceaux sus- et sous-claviculaires (bleu) et mono-isocentre (étoile). B. Faisceaux chaîne mammaire interne (vert), faisceaux sus- et sous-claviculaires (bleu) et mono-isocentre (étoile). Scheme of the mono-isocentric irradiation technique. tête–pieds, le mono-isocentre était placé au niveau de la coupe scanographique équidistante entre la limite supérieure de la glande mammaire et la limite inférieure des ganglions sous- et susclaviculaires. Dans la direction droite–gauche, il était positionné à équidistance entre le plan sagittal médian et le contour externe de la patiente. Dans la direction antéropostérieure, il était mis en place à équidistance entre la limite externe de la glande mammaire et le contour externe de la patiente. En définitive, il était situé entre les muscles petit et grand pectoraux, à une profondeur de 3 à 4 cm au niveau de la coupe équidistante entre le sein et les ganglions sous-claviculaires. Par définition, la limite supérieure du faisceau mammaire interne était positionnée au niveau de la coupe passant par le mono-isocentre. Sa limite inférieure était placée 1 cm sous le contour de la glande mammaire pour éviter un « sous-dosage » du quadrant inféro-interne du sein. Les oncologues radiothérapeutes ont continué à délimiter la glande mammaire par un fil métallique placé lors de la simulation et à délinéer les volumes-cibles et les organes à risque avec l’aide de l’atlas de délinéation rédigé par l’institut Curie [7] modifié pour les volumes ganglionnaires. La largeur du champ était définie par la délinéation de la chaîne mammaire interne. Afin de mieux couvrir la partie interne de la glande mammaire et diminuer l’irradiation de l’œsophage et de la 476 P. Guilbert et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 473–478 Tableau 2 Résultats dosimétriques en technique classique et en technique mono-isocentrique. Dosimetric results using classical and mono-isocentric technique. Volumes Critères Techniques m ± DS (%) Médiane (IIQ) Min–Max p Glande mammaire V95 % Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique 90,5 91,6 52,1 55,9 56,9 57,6 ± ± ± ± ± ± 6,2 4,1 22,7 15,0 2,4 2,4 92,3 (88,4–94,6) 92,1 (89,9–94,6) 58,3 (51,0–65,8) 58,8 (52,8–62,0) 57,6 (55,4–58,8) 58,0 (56,9–58,9) 76,5–97,5 82,6–97,3 0,0–72,9 0,4–77,0 51,4–60,1 50,4–61,4 0,26 Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique 98,9 99,3 3,9 2,3 67,0 67,3 ± ± ± ± ± ± 4,0 1,7 14,1 5,3 1,1 0,9 100,0 (99,9–100,0) 100,0 (99,6–100,0) 0,0 (0,0–0,0) 0,0 (0,0–1,4) 66,9 (66,5–67,4) 67,0 (66,7–68,2) 82,0–100,0 93,1–100,0 0,0–62,2 0,0–20,7 65,5–69,7 66,1–69,0 0,82 Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique 50,9 52,0 42,9 43,1 ± ± ± ± 19,1 23,9 2,6 2,8 49,1 (39,0–64,1) 55,3 (32,4–68,5) 42,7 (41,4–44,9) 43,3 (41,0–44,7) 12,5–85,2 7,3–90,2 38,3–47,7 37,0–47,6 0,99 Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique 77,1 89,7 45,1 46,3 ± ± ± ± 18,8 11,2 2,1 1,3 81,6 (68,9–91,7) 95,6 (86,8–98,2) 45,3 (44,5–46,4) 46,5 (45,8–47,0) 32,6–97,9 61,0–99,0 38,0–47,5 41,9–48,0 Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique 18,9 20,0 14,5 14,6 ± ± ± ± 5,1 5,9 4,3 4,8 19,0 (15,5–21,9) 20,0 (15,5–25,1) 14,8 (12,0–16,9) 14,6 (10,8–18,3) 10,0–32,6 8,0–30,8 6,8–26,3 4,8–24,4 0,50 Classique Mono-isocentrique Classique Mono-isocentrique 1,4 0,9 11,1 8,4 ± ± ± ± 1,4 1,0 2,6 3,1 1,1 (0,5–1,9) 0,7 (0,2–1,4) 11,5 (9,1–13,4) 9,5 (5,0–11,1) 0,0–5,0 0,0–4,0 6,9–14,4 3,3–12,6 0,086 36 (35–38) 31 (27–35) 28–40 9–39 0,0003 V107 % Dmoy Lit opératoire V95 % V107 % Dmoy Chaîne mammaire interne V95 % Dmoy Ganglions sus- et sous-claviculaires V95 % Dmoy Poumon V20 V30 Cœur V35 Dmoy Moelle Dmax Classique Mono-isocentrique 36 ± 3 29 ± 8 0,62 0,14 0,81 0,26 0,90 0,001 0,008 0,79 < 0,0001 m : moyenne ; DS : déviation standard ; IIQ : intervalle interquartile ; p : probabilité du test de Wilcoxon sur séries appariées ; Dmoy : dose moyenne ; Dmax : dose maximum ; Vx % : volume recevant x % de la dose ; Vx : volume recevant la dose x. moelle, le faisceau était incliné de 5 à 10◦ , permettant également une éventuelle irradiation vertébrale ultérieure. La dose prescrite au niveau du barycentre du contour des ganglions de la chaîne mammaire interne était de 22 Gy en 11 fractions de 2 Gy par jour et délivrée par des photons de 6 MV. Un faisceau direct électronique délivrait ensuite la dose de 24 Gy en 12 fractions de 2 Gy. La limite inférieure du faisceau sous- et sus-claviculaire était matérialisée au niveau de la coupe passant par le mono-isocentre. Les limites supérieure, interne et externe étaient placées 1 cm autour de l’union des contours des ganglions sus- et sous-claviculaires grâce à une marge automatique réalisée par le collimateur multilames. La dose prescrite au niveau du barycentre de l’union des contours des ganglions sous- et sus-claviculaires était de 46 Gy en 23 fractions de 2 Gy par jour et délivrée par des photons de 6 MV. La limite supérieure des faisceaux tangentiels interne et externe était matérialisée sur la coupe passant par le mono-isocentre. Leur limite inférieure était placée 1 cm sous le contour de la glande mammaire. La limite interne était jointive à la limite externe du faisceau mammaire interne et la limite externe était placée en fuite, au moins 2 cm au-delà du contour externe. La dose prescrite au niveau du barycentre du contour de la glande mammaire ou de la paroi thoracique était de 50 Gy en 25 fractions de 2 Gy par jour. Elle était délivrée par des photons X de 6 MV. Comme pour la technique classique, le calcul de la distribution de doses était réalisé selon l’algorithme Pencil Beam sur une matrice de 3 × 3 mm. Les isodoses s’affichaient sur chaque coupe scanographique. Pour homogénéiser la distribution de dose et réduire à l’intérieur du premier volume anatomoclinique, les zones de surdosage correspondant aux isodoses supérieures à l’isodose 107 %, il a été nécessaire de recourir à une technique de segmentation des faisceaux tangentiels dite field in field. Un sous-segment a été crée à partir des faisceaux tangentiels interne et externe en couvrant l’isodose 107 % par les lames du collimateur. La dose de 50 Gy prescrite au barycentre de la glande mammaire ou de la paroi thoracique était pondérée entre les faisceaux tangentiels initiaux qui délivraient 88 % de la dose, soit 44 Gy, et les sous-segments, qui délivraient les 12 % (6 Gy) restants. Une fois la dosimétrie optimisée, les oncologues radiothérapeutes validaient le plan de traitement après visualisation de la distribution des isodoses et de l’histogramme dose–volume. Dans les cas où il persistait une zone de surdosage, il était possible d’ajouter d’autres sous-segments, notamment lorsque la glande mammaire était volumineuse. Les critères de comparaison pour les différents volumes-cibles des 20 patientes étaient les volumes recevant 95 % et 107 % de la dose prescrite (V95 % et V107 %) et la dose moyenne (Dmean). Pour les différents organes à risque, il s’agissait du volume de poumon homolatéral recevant 20 et 30 Gy (V20 et V30), du V35 (volume recevant 35 Gy) et de la dose moyenne au cœur et de la dose maximale à la moelle. Ces données ont été recueillies sur une fiche informatisée et anonymisée. La distribution de certaines mesures ne pouvait être considérée comme gaussienne et les tests de normalité des distributions manquaient de puissance avec un effectif de 20 patientes. Pour ces raisons, et par souci d’homogénéité, les différences entre les deux techniques ont été analysées par le test non paramétrique de Wilcoxon sur séries appariées. Le seuil de significativité a été fixé à p < 0,05. 3. Résultats Les variables ont été décrites en moyenne et déviation standard (écart-type), médiane et intervalle interquartile, minimum et maximum. L’intervalle interquartile décrit les valeurs supérieures P. Guilbert et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 473–478 au 1er quartile (25 % des valeurs lui sont inférieures) et inférieures au 3e quartile (25 % des valeurs lui sont supérieures). Les résultats sont présentés dans le Tableau 2. Les deux techniques présentaient des performances équivalentes en ce qui concernait l’irradiation du premier et du deuxième volume cible anatomoclinique et de la chaîne mammaire interne. En revanche, pour l’irradiation des ganglions sus-claviculaires, la technique mono-isocentrique se révélait plus efficace en termes de couverture (V95 % amélioré de 12,6 %) et d’homogénéité de distribution de la dose (dose moyenne reçue accrue de 1,1 Gy). Les deux techniques donnaient des résultats similaires pour la protection du poumon homolatéral. En revanche, l’épargne du cœur était très significativement meilleure avec la technique monoisocentrique, avec un V35 diminué de 33 % et une dose moyenne réduite de 25 %. Quant à la moelle, elle était significativement mieux protégée avec la technique mono-isocentrique avec une dose maximale réduite de 20 %. En termes de gain de temps, la durée moyenne de la délinéation complète du sein, des aires ganglionnaires et des organes critiques est passée de 60 à 30 minutes. La durée de l’apprentissage pour les manipulateurs et les manipulatrices, évaluée sur les évènements déclarés au cours des réunions du comité de retour d’expérience (crex) a montré qu’une période de trois mois était suffisante pour que plus aucun événement portant sur la technique mono-isocentrique ne soit déclaré. Il n’a pas été noté de différence entre le temps de simulation classique et le temps de simulation virtuelle. 4. Discussion La technique d’irradiation mono-isocentrique du sein et des aires ganglionnaires est un concept ancien utilisé dans certains centres depuis les années 1980, en raison des problèmes de surdosage et « sous-dosage » au niveau des jonctions de faisceaux, liés à la divergence des faisceaux [8]. Cependant, hormis l’institut Sainte-Catherine en Avignon avec une expérience de plus de 2000 patientes, peu de centres la pratiquent en France [9]. Nous utilisons la technique mono-isocentrique dans le département de radiothérapie pour le traitement des tumeurs de la tête et du cou depuis 2006. Cette méthode présente de nombreux avantages mais aussi quelques inconvénients. Pour les patientes traitées pour un cancer du sein, le passage de quatre isocentres à un isocentre a entraîné la réduction du nombre de points de tatouage de six à trois, ce qui a amélioré leur confort et réduit le préjudice esthétique. La durée de la simulation est passée de 60 à 30 minutes. En comparaison, l’équipe de Sainte-Catherine a rapporté une durée de simulation de dix minutes [9]. La réduction de la durée de la simulation a permis de diminuer le risque de mouvements des patientes. La suppression de la première étape au simulateur classique semble améliorer la reproductibilité du positionnement et la radioprotection des patientes en évitant la scopie mais cette analyse particulière n’a pas fait l’objet du travail présenté. Notre méthode de délinéation s’est enrichie des recommandations récentes [10]. Pour les physiciens, le principal problème rencontré a été la mise en place du mono-isocentre. En suivant les données de la littérature, il a été placé à la jonction des faisceaux sous- et sus-claviculaires et tangentiels. Nous avons opté pour le positionner en profondeur au niveau de la paroi thoracique, contrairement à l’équipe d’Avignon et à Rosenow et al., qui l’ont placé à la peau, et à Klein et al. qui l’ont placé dans le parenchyme pulmonaire [9,11,12]. Sur le plan balistique, les faisceaux ont été conformés aux volumes-cibles délinéés sur les coupes scanographiques et non établis à partir des repères osseux comme en simulation classique. L’inclinaison de 5 à 10◦ et l’adaptation du faisceau mammaire interne au contour ont permis 477 une réduction significative de la dose moyenne au cœur. Le point de prescription de dose pour la glande mammaire (premier volume cible anatomoclinique) a été décalé vers la paroi thoracique lorsque son barycentre se situait à l’intérieur du parenchyme pulmonaire afin d’obtenir une distribution de dose satisfaisante. En passant de la technique classique à la technique mono-isocentrique, le temps moyen consacré à la dosimétrie a été doublé, passant de 60 à 120 minutes par patiente puis est revenu à 60 minutes au bout de trois mois. Après la vérification de la mise en place des champs d’irradiation à la première séance par les oncologues radiothérapeutes, il n’a plus été nécessaire aux manipulateurs d’entrer dans la salle de l’accélérateur entre les différents faisceaux. Ayant tous le même isocentre, les faisceaux se sont enchaînés, réduisant ainsi la durée de la séance et les mouvements des patientes. Il n’a pas été mis en évidence de problème de jonction. Le gain de temps a été estimé à 124 secondes par patiente et par séance par De Meeleer et al. [13]. Les modalités de l’irradiation dite classique bidimensionnelle utilisant plusieurs isocentres et ne recourant pas systématiquement à la délinéation des volumes-cibles ont été décrites [4–6,14]. Les différents auteurs proposent tous une irradiation des aires ganglionnaires à une dose totale comprise entre 46 et 50 Gy et une profondeur moyenne pour les chaînes ganglionnaires sous- et susclaviculaires et mammaires internes de 20 à 30 mm. C’est donc cette technique que nous avons choisie de comparer au plan dosimétrique avec la technique mono-isocentrique. La couverture du premier volume cible anatomoclinique n’a pas été significativement améliorée par la technique monoisocentrique par rapport à la technique classique. Il est apparu que la partie interne du premier volume cible anatomoclinique était « sous-dosée » en raison de l’irradiation de la chaîne mammaire interne à 46 Gy. Les zones de surdosage sous la peau et au niveau du sillon sous-mammaire ont été atténuées par la technique du field in field, ce qui a eu pour conséquence une homogénéisation de la dose à l’intérieur du premier volume cible anatomoclinique et l’abandon des filtres en coins. Les fibroses de la glande mammaire pourraient être moins fréquemment observées, notamment dans les volumes qui pouvaient être le siège de surdosages. Toutefois, nous n’avons pas retrouvé dans cette étude de différence significative pour les V95 et les V107 entre les deux techniques, ce qui avait été également retrouvé par Bauduceau et al. [14]. La couverture des ganglions sous- et sus-claviculaires a été significativement améliorée tant sur le plan du V95 % que de la dose moyenne. Les bénéfices retenus pourraient concerner essentiellement les effets secondaires inhérents à l’irradiation curative. Contrairement à ce qui a été rapporté par Mège et al. [9], la protection du poumon homolatéral n’a pas été améliorée significativement. Cependant, la dose maximale reçue par la moelle a été significativement diminuée, ce qui pourrait rendre plus simple les possibilités de ré-irradiation en cas de métastase osseuse dorsale. Similairement à notre travail, une meilleure homogénéité de la couverture du volume-cible anatomoclinique mammaire et une réduction de l’irradiation cardiaque et pulmonaire ont été retrouvées. L’avantage en termes de protection cardiaque serait particulièrement important dans le contexte actuel de l’association de la radiothérapie avec les anthracyclines et/ou le trastuzumab [15–17]. Aucune étude à long terme n’a pour l’instant démontré l’absence d’effet délétère de l’association concomitante du trastuzumab et de la radiothérapie locorégionale incluant la chaîne mammaire interne [15]. Untereiner et al. ont développé le principe de la délinéation systématique de l’artère interventriculaire antérieure et de la corrélation entre la dose maximale reçue par l’artère interventriculaire antérieure et les effets cardiaques à long terme [18]. Des investigations ultérieures permettraient de valider les gains dosimétriques évoqués dans cette étude. 478 P. Guilbert et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 473–478 5. Conclusion La technique d’irradiation mono-isocentrique du sein et des aires ganglionnaires sous- et suclaviculaires et mammaire interne tire un profit substantiel de l’utilisation de la scanographie de simulation, de la délinéation systématique de tous les volumescibles et des organes à risque, de la conformation des faisceaux aux volumes-cibles et de l’optimisation de la distribution de dose par la segmentation. Sur le plan dosimétrique, la couverture des volumescibles semble comparable, voire meilleure qu’avec la technique classique bidimensionnelle, de même que la protection du cœur et de la moelle. L’intérêt de l’amélioration de l’épargne cardiaque est à confirmer par des études prospectives. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Belot A, Grosclaude P, Bossard N, Jougla E, Benhamou E, Delafosse P, et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1980–2005. Rev Epidemiol Sante Publique 2008;56:159–75. [2] Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (EBCTCG). Effects of radiotherapy and of differences in the extent of surgery for early breast cancer on local recurrence and 15-year survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005;366:2087–106. [3] Donova E, Bleakley N, Denholm E, Evans P, Gothard L, Hanson J, et al. Randomised trial of standard 2D radiotherapy (2D) versus intensity modulated radiotherapy (IMRT) in patients prescribed breast radiotherapy. Radiother Oncol 2007;82:254–64. [4] Fourquet A, Cutuli B, Luporsi E, Mauriac L, Garbay JR, Giard S, et al. Standards, options, recommandations 2001 pour la radiothérapie des patientes atteintes d’un cancer du sein infiltrant non métastatique, mise à jour. Cancer Radiother 2002;6:238–58. [5] Auberdiac P, Cartier L, Chargari C, Hau Desbat NH, Zioueche A, Mélis A, et al. Radiothérapie de la chaîne mammaire interne dans les cancers du sein : état des lieux. Cancer Radiother 2011;15:148–53. [6] Groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels des réseaux de cancérologie de Lorraine, de Bourgogne et d’Alsace, Oncolor, Oncobourgogne et Carol. Sein (principes de prise en charge) [Référentiel mise à jour 24/03/2010]. Disponible à l’adresse : http://www.oncolor.org/referentiels/sein (accès le 18/5/2012). [7] Kirova Y, Casto Pena P, Dendale R, Campana F, Bollet MA, Fournier-Bidoz N, et al. Définition des volumes ganglionnaires dans le cadre du traitement d’un cancer du sein et règles de contourage. J Radiol 2009;90:747–51. [8] Podgorsak EB, Gosselin M, Kim TH, Freeman CR. A simple isocentric technique for irradiation of the breast, chest wall and peripheral lymphatics. Br J Radiol 1984;57:57–63. [9] Mège A, de Rauglaudre G, Bodez V, Entat JL, Alric K, Garcia K, et al. Radiothérapie innovante du cancer du sein : épargne cardiaque et pulmonaire. Cancer Radiother 2008;12:718. [10] Belaid A, Kanoun S, Kallel A, Ghorbel I, Azoury F, Heymann S, et al. Cancer du sein avec atteinte ganglionnaire axillaire. Cancer Radiother 2010;14:S136–46. [11] Rosenow UF, Valentine ES, Davis LW. A technique for treating local breast cancer using a single set-up point and asymmetric collimation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1990;19:183–8. [12] Klein EE, Taylor M, Michaletz-Lorenz M, Zoeller D, Umfleet W. A monoisocentric technique for breast and regional nodal therapy using dual asymmetric jaws. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1994;28:753–60. [13] De Meerleer GO, Derie CM, Vakaet L, Fortan LG, Mersseman Jr BK, De Neve WJ. Execution of a single-isocenter three-field technique, using a multileaf collimator or tray-mounted cerrobend blocks: effect on treatment time. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1997;39:255–9. [14] Bauduceau O, Pons P, Campana F, Bollet M, Romero L, Fayolle M. Comparaison simulation classique-simulation virtuelle au cours d’une irradiation mammaire : étude prospective sur 14 patientes. Cancer Radiother 2005;9:402–10. [15] Belkacémi Y, Laharie-Mineur H, Gligorov J, Azria D. Bénéfice et risques potentiels de l’association du trastuzumab à la chimiothérapie et à la radiothérapie dans le cancer du sein non métastatique. Cancer Radiother 2007;11:266–75. [16] Healey Bird BRJ, Swain SM. Cardiac toxicity in breast cancer survivors: review of potential cardiac problems. Clin Cancer Res 2008;14:14–24. [17] Violet JA, Harmer C. Breast cancer: improving outcome following adjuvant radiotherapy. Br J Radiol 2004;77:811–20. [18] Untereiner M, Frederick B, Burie D, Philippi S, Joseph S, Harzee L, et al. Irradiation du sein gauche et risque cardiaque : bases pour une étude prospective. Cancer Radiother 2010;14:598. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 479–484 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité dans les cancers du sein : intérêt, limitations, modalités techniques Intensity modulated radiotherapy for breast cancer O. Riou a,b , P. Fenoglietto a,b , C. Lemanski a,b , D. Azria a,∗,b a b Pôle d’oncologie radiothérapie, CRLC Val d’Aurelle Paul-Lamarque, département de radiothérapie, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 5, France Unité Inserm U896, CRLC Val d’Aurelle Paul-Lamarque, rue Croix-Verte, 34298 Montpellier cedex 05, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Cancer du sein RCMI Homogénéité de dose r é s u m é La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) permet pour de nombreuses localisations cancéreuses une escalade de la dose délivrée dans les volumes cibles et une meilleure épargne des tissus sains adjacents. Pour le cancer du sein, même si une meilleure protection cardiaque et pulmonaire peut être obtenue dans certains traitements compliqués avec une technique classique du fait des volumes cibles ou de l’anatomie de la patiente, cette technique a surtout été employée pour améliorer l’homogénéité de la dose dans le sein traité et une meilleure couverture de volumes cibles complexes. Trois essais cliniques randomisés prospectifs, évaluant la RCMI par rapport au traitement standard, ont montré qu’une meilleure homogénéité de dose dans le sein conservé permettait d’obtenir de meilleurs résultats cosmétiques. Des études dosimétriques et cliniques semblent montrer un intérêt de la RCMI pour certains volumes cibles (ganglions, irradiation mammaire bilatérale, paroi thoracique après mastectomie, sein gauche, irradiation partielle accélérée du sein). Les multiples solutions techniques de RCMI disponibles permettent d’envisager son application de manière plus large pour la radiothérapie mammaire. Cependant, ses indications doivent être sélectionnées de manière personnalisée en fonction du bénéfice prévisible pour chaque patiente. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Breast cancer Intensity modulated radiotherapy Dose homogeneity Intensity modulated radiotherapy (IMRT) is a technique allowing dose escalation and normal tissue sparing for various cancer types. For breast cancer, the main goals when using IMRT were to improve dose homogeneity within the breast and to enhance coverage of complex target volumes. Nonetheless, better heart and lung protections are achievable with IMRT as compared to standard irradiation for difficult cases. Three prospective randomized controlled trials of IMRT versus standard treatment showed that a better breast homogeneity can translate into better overall cosmetic results. Dosimetric and clinical studies seem to indicate a benefit of IMRT for lymph nodes irradiation, bilateral treatment, left breast and chest wall radiotherapy, or accelerated partial breast irradiation. The multiple technical IMRT solutions available tend to indicate a widespread use for breast irradiation. Nevertheless, indications for breast IMRT should be personalized and selected according to the expected benefit for each individual. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction ∗ Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (D. Azria). La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) a permis une amélioration technique dosimétrique pour l’irradiation des cancers dès la fin des années 1990. Ses applications initiales se sont tournées vers l’augmentation de la dose délivrée dans les volumes cibles et vers une meilleure épargne des tissus sains adjacents. Cette utilisation de la RCMI est prédominante 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.05.010 480 O. Riou et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 479–484 dans de nombreuses localisations [1,2]. Appliquée au cancer du sein [3], cette technique a surtout été employée afin d’améliorer l’homogénéité de la dose dans le sein traité et de permettre une meilleure couverture de volumes cibles complexes [4,5]. C’est ainsi que trois essais cliniques randomisés prospectifs ont évalué la RCMI par rapport au traitement standard dans le traitement adjuvant du cancer du sein après chirurgie conservatrice [6,7]. Les meilleurs résultats cosmétiques obtenus avec la RCMI confirment l’intérêt d’obtenir une meilleure homogénéité de dose dans le sein conservé. De plus, des études dosimétriques et cliniques semblent montrer un intérêt de la RCMI dans certaines situations complexes comme le traitement de certains volumes cibles ganglionnaires, une irradiation mammaire bilatérale, une récidive non opérable, le traitement de la paroi thoracique après mastectomie, l’irradiation du sein gauche ou l’irradiation partielle accélérée du sein. 2. Intérêts et risques 2.1. Intérêts L’arrivée des scanographes de simulation pour la planification des traitements de radiothérapie a permis de visualiser précisément la répartition spatiale de la dose prévue par la balistique de traitement. Pour la radiothérapie du cancer du sein, il a surtout mis en évidence l’inhomogénéité de cette répartition dans le sein traité, avec des « points chauds » pouvant atteindre 20 % de la dose prescrite dans les parties supérieures et inférieures de la glande mammaire, avec comme conséquence des réactions aiguës majorées, notamment dans les plis cutanés et un résultat cosmétique inférieur en termes de fibrose [8,9]. L’utilisation de filtres égalisateurs permet de compenser en partie ces surdosages ou « sous-dosages », mais le résultat est perfectible, surtout pour des seins volumineux [10]. En ce qui concerne la protection des organes à risque, l’utilisation généralisée des faisceaux tangentiels est perçue comme une des meilleures méthodes balistiques pour protéger le cœur et les poumons, avec un risque faible de complication. Néanmoins, certains volumes cibles plus difficiles à couvrir en méthode classique peuvent bénéficier d’une meilleure couverture avec la RCMI, surtout quand il s’agit du traitement prophylactique des aires ganglionnaires. Les zones de jonctions de faisceaux peuvent être plus uniformément couvertes avec des gradients progressifs permettant d’éviter les zones de « sous-dosage », potentiellement sources de récidive, et de celles de surdosage, augmentant le risque de toxicité. La RCMI permet aussi d’intégrer la délivrance d’un complément de dose sur le site opératoire à l’ensemble du traitement mammaire, sans nécessité d’ajout de faisceaux supplémentaires journaliers, simplifiant ainsi la délivrance quotidienne et diminuant la longueur du traitement [11,12]. Enfin, la fiabilité des dosimétries est augmentée lorsque l’on utilise la RCMI puisque les algorithmes de calcul de la dose prennent en compte les dernières évolutions des logiciels avec notamment une prise en compte des hétérogénéités. Avec la méthode classique, l’évaluation de la délivrance de la dose est plus difficile, surtout si l’on utilise des combinaisons de photons et d’électrons [13]. 2.2. Risques L’augmentation théorique du risque de cancer radio-induit par l’utilisation de la RCMI a été corrélée avec l’irradiation plus importante des tissus sains à faible dose [14]. En effet, la RCMI augmente le nombre d’unités moniteur délivrées par l’accélérateur linéaire avec une augmentation du rayonnement diffusé délivré au patient à travers les lames du collimateur. Une irradiation à faible dose de tissus sains habituellement non irradiés par une méthode classique est fréquente et dépendante de la balistique utilisée. Il en résulte une augmentation du volume global irradié et donc un risque de carcinogenèse secondaire [14]. Cependant, une étude récente a montré que la compensation par des filtres physiques engendre une irradiation supérieure des organes internes par comparaison à une RCMI [15]. De plus, une irradiation du sein controlatéral à faible dose est fréquente avec la RCMI, et même si cette dose est minime, une interrogation sur l’augmentation du risque de cancer controlatéral est légitime. L’irradiation classique avec des filtres compensateurs engendre également une irradiation mammaire controlatérale. Une comparaison réalisée à l’aide de fantômes montre en fait une diminution de la dose mammaire controlatérale avec la RCMI en forward-planning par comparaison à une technique tridimensionnelle utilisant des filtres [16]. Une des caractéristiques de la RCMI est une conformation améliorée des isodoses aux volumes cibles délimités. Cela sous-entend pour la plupart des techniques de RCMI mammaire une définition stricte et précise de ces volumes cibles. Or, la délinéation des volumes cibles mammaires est fortement opérateur dépendant. Les recommandations techniques sont en cours de publication (Bourgier et al.), mais de très fortes variations interindividuelles de délinéation sont constamment retrouvées, notamment sur les versants externe et supérieur de la glande. De la même façon, la délinéation des aires ganglionnaires est faiblement reproductible surtout concernant les limites supérieures et inférieures. Les techniques de forward-planning et la délimitation clinique des volumes cibles permettent de s’affranchir en partie de cette incertitude. De par les propriétés dosimétriques de la RCMI, de forts gradients de dose sont habituellement possibles et recherchés par les opérateurs pour épargner au mieux les tissus sains. Cela implique de disposer d’une technique fiable et reproductible d’immobilisation, mais également de s’aider de l’imagerie quotidienne afin de couvrir les volumes cibles de manière optimale. Les mouvements respiratoires au cours de la RCMI mammaire ont fait l’objet d’une préoccupation particulière du fait de l’impact potentiellement négatif connu sous le terme d’interplay effect, entre les mouvements respiratoires et les mouvements du collimateur multilames. De plus, des techniques de contrôle ou d’asservissement respiratoire permettent une diminution du volume de cœur recevant de fortes doses d’irradiation, surtout dans les tumeurs du sein gauche [17]. Enfin, le suivi des cohortes de RCMI mammaire, tant prospectives que rétrospectives, est relativement court. Un recul plus important permettra de s’assurer à la fois de l’intérêt protecteur à long terme des tissus sains, mais également de vérifier l’impact de cette technique sur les résultats carcinologiques. 3. Indications théoriques Tout changement dans la technique de délivrance de la radiothérapie dans un centre engendre des conséquences en termes d’organisation, de formation et d’utilisation des ressources. La RCMI mammaire ne peut actuellement pas être recommandée pour toutes les patientes, mais son indication doit être réfléchie au cas par cas et suivant le bénéfice attendu. La mise en place de cette technique doit donc être décidée à condition d’avoir à la fois une expérience dans le domaine de la RCMI et de son contrôle qualité, mais aussi si un nombre d’indications suffisant permet une utilisation régulière de cette technique. Dans les cancers du sein, des alternatives à la RCMI sont possibles et largement utilisées en pratique. Ainsi, des méthodes issues des techniques traditionnelles conformationnelles sont possibles pour compenser l’hétérogénéité et les zones de surdosage et sans O. Riou et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 479–484 faire intervenir la RCMI. Lors d’un traitement par deux faisceaux tangentiels, l’asymétrie tête-pied et la différence d’épaisseur entre la base et la pointe du sein engendre des zones de surdosage au niveau de la partie superficielle de la glande mammaire et des sillons sous-mammaires. L’utilisation quasi-systématique de filtres en coin ne permet de répondre qu’incomplètement à cette problématique. Des méthodes plus sophistiquées de « champ dans le champ » sont plus efficaces et permettent de diminuer notablement les réactions cutanées [18]. Il s’agit de faire apparaître lors de la planification du traitement les zones de surdosage et de les cacher à l’aide du collimateur multilames, soit en délivrant quotidiennement une faible dose par ses faisceaux « compensés », soit en effectuant ceux-ci à la fin du traitement. Elle peut également permettre de réaliser un complément de dose intégré sur la zone opératoire. Cette méthode est proche des techniques de RCMI en forward-planning. Le problème des jonctions de faisceaux est le plus souvent facilement pris en compte par la mise en place en temps réel des faisceaux avec le scanographe simulateur lors d’une simulation virtuelle. De plus, une technique mono-isocentrique permet de diminuer les zones de surdosage et « sous-dosage » au niveau des recoupes de faisceaux grâce à la réalisation d’hémifaisceaux, qui diminuent la divergence et les volumes de recoupes (par exemple entre un faisceau sus-claviculaire et la partie haute des faisceaux tangentiels sur le sein) [18]. Cependant, cette technique limite la capacité d’utilisation des filtres de par les dimensions réduites du collimateur utilisable. En cas d’anatomie défavorable pour l’irradiation classique avec « pectus excavatum » (volume mammaire très concave s’enroulant autour du poumon homolatéral), l’utilisation de RCMI ne semble pas apporter de bénéfice dosimétrique supplémentaire à une technique conformationnelle par trois faisceaux sans modulation d’intensité [19]. Une technique hybride incorporant un arc dynamique partiel et un faisceau statique semble être une alternative [20]. 3.1. Études randomisées de la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité dans le cancer du sein Trois études randomisées prospectives ont comparé le traitement standard classique et une RCMI pour la délivrance de la radiothérapie adjuvante après traitement conservateur du cancer du sein. L’étude anglaise du Royal Marsden a comparé une radiothérapie classique bidimensionnelle et une RCMI délivrée soit sur un mode step and shoot, soit à l’aide d’un compensateur physique tridimensionnel [21]. Trois cent six patientes ont été randomisées entre 1997 et 2000 et ont reçu une dose de 50 Gy en 25 fractions par des photons de 6 ou 10 MV, puis un complément de 10 Gy. Le volume mammaire était grand et théoriquement le risque de toxicité aussi. La comparaison était réalisée à l’aide d’une évaluation photographique régulière et d’une appréciation annuelle du résultat cosmétique par le clinicien. La radiothérapie bidimensionnelle a entraîné une augmentation marquée de la dose dans les régions inférieures et supérieures. Ces surdosages étaient corrélés avec une augmentation de la toxicité tardive (induration, fibrose) et à de moins bons résultats cosmétiques à moyen et long termes. Néanmoins, la RCMI n’entraînait pas une amélioration significative de la qualité de vie des patientes. L’étude canadienne bicentrique en double insu a randomisé 331 patientes de 2003 à 2005 après chirurgie conservatrice entre une radiothérapie bidimensionnelle utilisant des compensateurs en tungstène et une RCMI en forward-planning ou en inverse planning selon le centre [7]. Les patientes étaient stratifiées en fonction de la taille mammaire et ont reçu un complément localisé en 481 électron sur la zone opératoire dans 30 % des cas. La RCMI améliorait significativement l’homogénéité de distribution dans le sein avec une diminution significative de la toxicité aiguë, notamment de desquamation exsudative. En analyse multifactorielle, l’utilisation de la RCMI et une plus petite taille de la poitrine étaient associées à une diminution des réactions cutanées. Un troisième essai randomisé comparant une technique classique et une RCMI (en forward-planning) a été réalisé à Cambridge entre 2003 et 2007. Sur les 1145 patientes incluses dans l’étude, seules celles présentant une mauvaise couverture en technique conventionnelle (inhomogénéité avec des doses supérieures à 107 %) étaient randomisées entre le traitement standard et la RCMI. La première analyse de 2009 a confirmé une amélioration dosimétrique significative avec la RCMI pour ces cas difficiles en radiothérapie standard (qui représentaient 71 % de l’ensemble) [6]. Une analyse photographique de la rétraction mammaire et des télangiectasies à deux ans a établi un lien entre l’amélioration dosimétrique et un meilleur résultat cosmétique [22]. Cependant, une analyse globale des paramètres influençant le résultat cosmétique final n’a retenu qu’une importance minime de la technique de radiothérapie comparativement à la chirurgie et aux facteurs liés aux patients, notamment le tabac et la taille du sein [23]. Pour ces trois études, les patientes incluses présentaient des cancers du sein à un stade très précoce sans nécessité d’irradiation ganglionnaire. Le seul avantage potentiel de la radiothérapie a donc été l’amélioration de l’homogénéité dosimétrique sachant que pour des cancers plus évolués, la RCMI peut également apporter un bénéfice en termes de couverture dosimétrique. 4. Modalités techniques et stratégies cliniques Il existe dans la littérature une fréquente confusion dans les techniques regroupées sous le terme de RCMI pour le traitement des cancers du sein. Si de « vraies » RCMI avec planification inverse et de multiples faisceaux sont parfois utilisés, des techniques plus simples telles que la RCMI en forward-planning existent. Elle utilise des faisceaux tangentiels qui seront modulés non pas par des filtres égalisateurs, mais par des segments à l’intérieur des faisceaux tangentiels classiques. Cette technique est également appelée RCMI par multistatic fields [24]. Elle permet une mise en place plus aisée tout en conservant l’avantage balistique des faisceaux tangentiels pour l’épargne cardiaque et pulmonaire. Elle donne des résultats dosimétriques satisfaisants en termes d’homogénéité. 4.1. Sein gauche L’irradiation du sein gauche après chirurgie conservatrice engendre fréquemment une irradiation à dose importante d’un petit volume de cœur situé dans sa partie la plus antérieure et qui se projette dans les champs tangentiels. En fonction du volume irradié, elle engendre un sur-risque d’événement coronarien à long terme [25,26], ainsi qu’un risque de complication péricardique et valvulaire [27]. Cependant, il n’est pas clair si cette augmentation du risque de complication engendre une surmortalité cardiovasculaire. En ce qui concerne le risque coronarien, il est probable que les lésions soient créées dans les volumes artériels recevant une forte dose d’irradiation, même si ceux-ci représentent un faible volume cardiaque relatif [26]. Toutes les techniques, dont la RCMI, entraînant une diminution des points chauds et de l’irradiation cardiaque à moyenne et forte doses présentent donc une capacité théorique de réduction du risque de complication. En ce qui concerne la définition des volumes des organes à risque, il a été montré que de remplacer la délinéation du cœur en totalité par la délinéation de la zone myocardique antérieure 482 O. Riou et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 479–484 Fig. 1. Arcthérapie modulée volumétrique d’un sein gauche et des aires ganglionnaires. Deux arcs partiels sont utilisés. Le plan de coupe montre l’épargne cardiaque et pulmonaire avec une couverture optimale des volumes cibles mammaires. permet d’améliorer les résultats lorsqu’on utilise une technique de RCMI en planification inverse [28,29]. Toutes les techniques de RCMI mammaire permettent une amélioration cliniquement et statistiquement significative de la protection des organes à risque et de la couverture du volume cible prévisionnel (PTV) (Fig. 1). Les techniques en forward-planning semblent légèrement inférieures à celles de planification inverse en termes de protection cardiaque et pulmonaire et d’homogénéité mammaire [30]. L’ajout d’un ou deux faisceaux aux deux tangentiels permet d’augmenter la conformité tout en maintenant l’homogénéité de la dose mammaire, avec des résultats finalement très proches de la planification inverse [31]. Une autre étude montre au contraire de meilleurs résultats avec le forward-planning que la planification inverse [32]. Les techniques d’arcthérapie modulée volumétrique (VMAT) et de tomothérapie semblent améliorer l’homogénéité et la conformité de couverture et diminuer les doses maximum au cœur et au poumon, même si les doses moyennes et les faibles doses sont augmentées [30,33]. En cas d’irradiation simultanée du sein gauche et de la chaîne mammaire interne, le meilleur compromis entre la couverture des volumes cibles et l’épargne des organes critiques semble obtenu avec la RCMI en planification inverse, qu’elle soit délivrée par arcthérapie ou à l’aide de faisceaux statiques [34,35]. Fig. 2. Arcthérapie modulée volumétrique d’un cancer du sein bilatéral. Deux arcs ont été utilisés pour la dosimétrie. Un complément de dose intégré simultané est réalisable avec une bonne conformité. d’électrons pour traiter la paroi et/ou la chaîne mammaire interne permet de diminuer l’irradiation pulmonaire, cardiaque et mammaire controlatérale (Fig. 3) [38]. Elle peut néanmoins engendrer des points de surdosage, notamment au niveau des zones de jonction entre les faisceaux de photons et d’électrons, difficilement évitables même avec des techniques de planification et des logiciels performants [39] et peu prévisibles du fait des caractéristiques dosimétriques des faisceaux d’électrons. En cas d’irradiation de la paroi et de la chaîne mammaire interne, une technique de RCMI en forward-planning semble donner de meilleurs résultats en termes de couverture des volumes cibles prévisionnels et de protection des organes à risque qu’une technique tridimensionnelle, que celle-ci utilise des faisceaux tangentiels larges ou une dosimétrie mixte avec des photons et des électrons [40]. Lorsque l’on utilise une RCMI en planification inverse à faisceaux fixes, l’ajout de faisceaux d’électrons permet de minimiser la dose mammaire controlatérale 4.2. Sein bilatéral La radiothérapie mammaire bilatérale après traitement conservateur est toujours délicate du fait d’un volume cible traité conséquent et d’une irradiation pulmonaire bilatérale et cardiaque importante. Un traitement classique est faisable avec des résultats acceptables, mais perfectibles [36]. De plus, le temps de traitement est au moins doublé dans ces indications, avec un risque important de mouvement intrafraction et une tolérance du traitement diminuée. Une technique efficiente et rapide de RCMI rotationnelle semble constituer une amélioration significative dans cette indication particulière, à la fois pour améliorer les caractéristiques dosimétriques de l’irradiation, mais également pour diminuer le temps de traitement [37] (Fig. 2). 4.3. Paroi thoracique La technique standard consiste en une irradiation par faisceau tangentiel similaire à celle utilisée en cas de traitement conservateur, associée éventuellement à des faisceaux d’irradiation sus-claviculaire et/ou mammaire interne. L’utilisation de faisceaux Fig. 3. Arcthérapie modulée volumétrique après mastectomie. Deux arcs partiels permettent une bonne couverture de la paroi de mastectomie, avec une minimisation de la dose pulmonaire et un évitement cardiaque satisfaisant. O. Riou et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 479–484 [38]. L’arcthérapie modulée volumétrique semble encore améliorer les résultats dosimétriques dans cette indication [41]. 4.4. Irradiation partielle et accélérée du sein De nouvelles stratégies pour diminuer le temps de traitement et le volume d’irradiation sont en cours d’investigation [42]. L’association de ces deux caractéristiques est regroupée sous le terme d’irradiation partielle accélérée du sein. Si les traitements classiques conformationnels ou peropératoires ont été les plus étudiés pour l’irradiation partielle accélérée du sein [43–46], des techniques de RCMI ont aussi été étudiées dans cette indication. La RCMI en planification inverse à quatre champs semble améliorer la conformité et l’homogénéité de l’irradiation par rapport à une irradiation en champs tangentiels réduits, à une radiothérapie tridimensionnelle et même à la tomothérapie. Ces techniques étant toutefois supérieures à une irradiation de toute la glande mammaire par des faisceaux tangentiels. Les auteurs notent néanmoins qu’un asservissement respiratoire serait souhaitable compte-tenu des mouvements des volumes cibles [47]. Une autre étude dosimétrique sur l’irradiation partielle accélérée du sein confirme la nécessité de prudence à l’égard de la tomothérapie étant donné l’augmentation importante de l’irradiation pulmonaire et cardiaque [48]. L’arcthérapie modulée volumétrique semble possible dans cette indication, mais des études cliniques supplémentaires sont nécessaires [49]. Une définition stricte des objectifs dosimétriques et le suivi précis des patientes sont nécessaires afin d’éviter la survenue de complications non prévues, et cela, quelle que soit la technique de RCMI utilisée. Un essai italien multicentrique de phase III comparant une irradiation classique de toute la glande mammaire à une irradiation partielle accélérée du sein avec modulation d’intensité est en cours. L’analyse des 259 premières patientes incluses a conclu à une diminution importante de la toxicité aiguë avec la RCMI [50]. 5. Conclusions La RCMI mammaire semble apporter un bénéfice clinique par rapport à une technique classique pour des patientes sélectionnées et à risque de toxicité, du fait de leur anatomie, de leurs caractéristiques cliniques et/ou de la localisation des volumes cibles à irradier. La disponibilité plus large des ressources de RCMI doit permettre d’envisager des traitements personnalisés adaptés à chaque patiente [42]. Il est probable que la RCMI, de part une complexification de la technique, nécessite comme toute technologie d’expertise, une augmentation des besoins en ressources humaines et matérielles au moins dans sa phase initiale de mise en place. De plus, les données dont nous disposons actuellement sont issues du seul modèle anglo-saxon dans lequel la RCMI mammaire a été développée sans limite et encouragée par un remboursement très lucratif [51]. Cela n’est pas le cas en France étant donné que la Haute Autorité de santé (HAS) n’a pas encore retenu l’intérêt global de la RCMI appliquée aux cancers du sein, mais contrairement au modèle outre-Atlantique, il est fort souhaitable que les situations cliniques décrites ci-dessus soient préférentiellement traitées par cette technique. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Staffurth J. A review of the clinical evidence for intensity-modulated radiotherapy. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2010;22:643–57. 483 [2] Vieillot S, Azria D, Lemanski C, Moscardo CL, Gourgou S, Dubois JB, et al. Plan comparison of volumetric-modulated arc therapy (RapidArc) and conventional intensity-modulated radiation therapy (IMRT) in anal canal cancer. Radiat Oncol 2010;5:92. [3] McCormick B, Hunt M. Intensity-modulated radiation therapy for breast: is it for everyone. Semin Radiat Oncol 2011;21:51–4. [4] Hong L, Hunt M, Chui C, Spirou S, Forster K, Lee H, et al. Intensity-modulated tangential beam irradiation of the intact breast. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1999;44:1155–64. [5] Kestin LL, Sharpe MB, Frazier RC, Vicini FA, Yan D, Matter RC, et al. Intensity modulation to improve dose uniformity with tangential breast radiotherapy: initial clinical experience. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:1559–68. [6] Barnett GC, Wilkinson J, Moody AM, Wilson CB, Sharma R, Klager S, et al. A randomised controlled trial of forward-planned radiotherapy (IMRT) for early breast cancer: baseline characteristics and dosimetry results. Radiother Oncol 2009;92:34–41. [7] Pignol JP, Olivotto I, Rakovitch E, Gardner S, Sixel K, Beckham W, et al. A multicenter randomized trial of breast intensity-modulated radiation therapy to reduce acute radiation dermatitis. J Clin Oncol 2008;26:2085–92. [8] Solin LJ, Chu JC, Sontag MR, Brewster L, Cheng E, Doppke K, et al. Threedimensional photon treatment planning of the intact breast. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1991;21:193–203. [9] Taylor ME, Perez CA, Halverson KJ, Kuske RR, Philpott GW, Garcia DM, et al. Factors influencing cosmetic results after conservation therapy for breast cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;31:753–64. [10] Moody AM, Mayles WP, Bliss JM, A’Hern RP, Owen JR, Regan J, et al. The influence of breast size on late radiation effects and association with radiotherapy dose inhomogeneity. Radiother Oncol 1994;33:106–12. [11] Teh AY, Walsh L, Purdie TG, Mosseri A, Xu W, Levin W, et al. Concomitant intensity modulated boost during whole breast hypofractionated radiotherapy–a feasibility and toxicity study. Radiother Oncol 2012;102:89–95. [12] Hurkmans CW, Dijckmans I, Reijnen M, van der Leer J, van VlietVroegindeweij C, van der Sangen M. Adaptive radiation therapy for breast IMRT-simultaneously integrated boost: Three-year clinical experience. Radiother Oncol 2012;103:183–7. [13] Toscas JI, Linero D, Rubio I, Hidalgo A, Arnalte R, Escude L, et al. Boosting the tumor bed from deep-seated tumors in early-stage breast cancer: a planning study between electron, photon, and proton beams. Radiother Oncol 2010;96:192–8. [14] Hall EJ, Wuu CS. Radiation-induced second cancers: the impact of 3D-CRT and IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;56:83–8. [15] Pignol JP, Keller BM, Ravi A. Doses to internal organs for various breast radiation techniques–implications on the risk of secondary cancers and cardiomyopathy. Radiat Oncol 2011;6:5. [16] Borghero YO, Salehpour M, McNeese MD, Stovall M, Smith SA, Johnson J, et al. Multileaf field-in-field forward-planned intensity-modulated dose compensation for whole-breast irradiation is associated with reduced contralateral breast dose: a phantom model comparison. Radiother Oncol 2007;82: 324–8. [17] Remouchamps VM, Vicini FA, Sharpe MB, Kestin LL, Martinez AA, Wong JW. Significant reductions in heart and lung doses using deep inspiration breath hold with active breathing control and intensity-modulated radiation therapy for patients treated with locoregional breast irradiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003;55:392–406. [18] Fournier-Bidoz N, Kirova YM, Campana F, Dendale R, Fourquet A. Simplified field-in-field technique for a large-scale implementation in breast radiation treatment. Med Dosim 2012;37:131–7. [19] Fogliata A, Bolsi A, Cozzi L. Critical appraisal of treatment techniques based on conventional photon beams, intensity modulated photon beams and proton beams for therapy of intact breast. Radiother Oncol 2002;62:137–45. [20] Fogliata A, Clivio A, Nicolini G, Vanetti E, Cozzi L. A treatment planning study using non-coplanar static fields and coplanar arcs for whole breast radiotherapy of patients with concave geometry. Radiother Oncol 2007;85:346–54. [21] Donovan E, Bleakley N, Denholm E, Evans P, Gothard L, Hanson J, et al. Randomised trial of standard 2D radiotherapy (RT) versus intensity modulated radiotherapy (IMRT) in patients prescribed breast radiotherapy. Radiother Oncol 2007;82:254–64. [22] Barnett GC, Wilkinson JS, Moody AM, Wilson CB, Twyman N, Wishart GC, et al. Randomized controlled trial of forward-planned intensity modulated radiotherapy for early breast cancer: interim results at 2 years. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:715–23. [23] Barnett GC, Wilkinson JS, Moody AM, Wilson CB, Twyman N, Wishart GC, et al. The Cambridge Breast Intensity-modulated Radiotherapy Trial: patient- and treatment-related factors that influence late toxicity. Clin Oncol (R Coll Radiol) 2011;23:662–73. [24] Evans PM, Donovan EM, Partridge M, Childs PJ, Convery DJ, Eagle S, et al. The delivery of intensity modulated radiotherapy to the breast using multiple static fields. Radiother Oncol 2000;57:79–89. [25] Zagar TM, Marks LB. Breast cancer radiotherapy and coronary artery stenosis: location, location, location. J Clin Oncol 2012;30:350–2. [26] Nilsson G, Holmberg L, Garmo H, Duvernoy O, Sjogren I, Lagerqvist B, et al. Distribution of coronary artery stenosis after radiation for breast cancer. J Clin Oncol 2012;30:380–6. [27] McGale P, Darby SC, Hall P, Adolfsson J, Bengtsson NO, Bennet AM, et al. Incidence of heart disease in 35,000 women treated with radiotherapy for breast cancer in Denmark and Sweden. Radiother Oncol 2011;100:167–75. 484 O. Riou et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 479–484 [28] Tan W, Liu D, Xue C, Xu J, Li B, Chen Z, et al. Anterior myocardial territory may replace the heart as organ at risk in intensity-modulated radiotherapy for left-sided breast cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012;82:1689–97. [29] Tan W, Wang X, Qiu D, Liu D, Jia S, Zeng F, et al. Dosimetric comparison of intensity-modulated radiotherapy plans, with or without anterior myocardial territory and left ventricle as organs at risk, in early-stage left-sided breast cancer patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;81:1544–51. [30] Schubert LK, Gondi V, Sengbusch E, Westerly DC, Soisson ET, Paliwal BR, et al. Dosimetric comparison of left-sided whole breast irradiation with 3DCRT, forward-planned IMRT, inverse-planned IMRT, helical tomotherapy, and topotherapy. Radiother Oncol 2011;100:241–6. [31] Landau D, Adams EJ, Webb S, Ross G. Cardiac avoidance in breast radiotherapy: a comparison of simple shielding techniques with intensity-modulated radiotherapy. Radiother Oncol 2001;60:247–55. [32] Stillie AL, Kron T, Herschtal A, Hornby C, Cramb J, Sullivan K, et al. Does inverse-planned intensity-modulated radiation therapy have a role in the treatment of patients with left-sided breast cancer. J Med Imaging Radiat Oncol 2011;55:311–9. [33] Yin Y, Chen J, Sun T, Ma C, Lu J, Liu T, et al. Dosimetric research on intensity-modulated arc radiotherapy planning for left breast cancer after breast-preservation surgery. Med Dosim 2012;37:287–92. [34] Popescu CC, Olivotto IA, Beckham WA, Ansbacher W, Zavgorodni S, Shaffer R, et al. Volumetric modulated arc therapy improves dosimetry and reduces treatment time compared to conventional intensity-modulated radiotherapy for locoregional radiotherapy of left-sided breast cancer and internal mammary nodes. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:287–95. [35] Caudrelier JM, Morgan SC, Montgomery L, Lacelle M, Nyiri B, Macpherson M. Helical tomotherapy for locoregional irradiation including the internal mammary chain in left-sided breast cancer: dosimetric evaluation. Radiother Oncol 2009;90:99–105. [36] Yamauchi C, Mitsumori M, Nagata Y, Kokubo M, Inamoto T, Mise K, et al. Bilateral breast-conserving therapy for bilateral breast cancer: results and consideration of radiation technique. Breast Cancer 2005;12:135–9. [37] Nicolini G, Clivio A, Fogliata A, Vanetti E, Cozzi L. Simultaneous integrated boost radiotherapy for bilateral breast: a treatment planning and dosimetric comparison for volumetric modulated arc and fixed field intensity modulated therapy. Radiat Oncol 2009;4:27. [38] van der Laan HP, Dolsma WV, van ‘t Veld AA, Bijl HP, Langendijk JA. Comparison of normal tissue dose with three-dimensional conformal techniques for breast cancer irradiation including the internal mammary nodes. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005;63:1522–30. [39] Tenhunen M, Nyman H, Strengell S, Vaalavirta L. Linac-based isocentric electron-photon treatment of radically operated breast carcinoma with enhanced dose uniformity in the field gap area. Radiother Oncol 2009;93:80–6. [40] Cavey ML, Bayouth JE, Endres EJ, Pena JM, Colman M, Hatch S. Dosimetric comparison of conventional and forward-planned intensity-modulated techniques for comprehensive locoregional irradiation of post-mastectomy left breast cancers. Med Dosim 2005;30:107–16. [41] Subramaniam S, Thirumalaiswamy S, Srinivas C, Gandhi GA, Kathirvel M, Kumar KK, et al. Chest wall radiotherapy with volumetric modulated arcs and the potential role of flattening filter free photon beams. Strahlenther Onkol 2012;188:484–90. [42] Hennequin C, Azria D. L’avenir de la radiothérapie du cancer du sein : de la taille unique au sur-mesure. Cancer Radiother 2011;15:455–9. [43] Bourgier C, Marsiglia H, Taghian A. A mixed-modality 3d-conformal accelerated partial breast irradiation technique using opposed mini-tangent photon fields and en face electrons to minimize the lung exposure to radiation: in regard to Jain et al. (Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;75:82–8). Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76:956–7. [44] Vaidya JS, Joseph DJ, Tobias JS, Bulsara M, Wenz F, Saunders C, et al. Targeted intraoperative radiotherapy versus whole breast radiotherapy for breast cancer (TARGIT-A trial): an international, prospective, randomised, non-inferiority phase 3 trial. Lancet 2010;376:91–102. [45] Azria D, Bourgier C. Partial breast irradiation: new standard for selected patients. Lancet 2010;376:71–2. [46] Lemanski C, Azria D, Gourgon-Bourgade S, Gutowski M, Rouanet P, SaintAubert B, et al. Intraoperative radiotherapy in early-stage breast cancer: results of the Montpellier phase II trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76: 698–703. [47] Oliver M, Chen J, Wong E, Van Dyk J, Perera F. A treatment planning study comparing whole breast radiation therapy against conformal, IMRT and tomotherapy for accelerated partial breast irradiation. Radiother Oncol 2007;82:317–23. [48] Moon SH, Shin KH, Kim TH, Yoon M, Park S, Lee DH, et al. Dosimetric comparison of four different external beam partial breast irradiation techniques: three-dimensional conformal radiotherapy, intensity-modulated radiotherapy, helical tomotherapy, and proton beam therapy. Radiother Oncol 2009;90:66–73. [49] Qiu JJ, Chang Z, Wu QJ, Yoo S, Horton J, Yin FF. Impact of volumetric modulated arc therapy technique on treatment with partial breast irradiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;78:288–96. [50] Livi L, Buonamici FB, Simontacchi G, Scotti V, Fambrini M, Compagnucci A, et al. Accelerated partial breast irradiation with IMRT: new technical approach and interim analysis of acute toxicity in a phase III randomized clinical trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;77:509–15. [51] Smith BD, Pan IW, Shih YC, Smith GL, Harris JR, Punglia R, et al. Adoption of intensity-modulated radiation therapy for breast cancer in the United States. J Natl Cancer Inst 2011;103:798–809. Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 485–492 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mise au point Volumes de délinéation dans le traitement des cancers du sein : volumes cibles et organes à risque Organs at risk and target volumes: Definition for conformal radiation therapy in breast cancer I. Atean a,∗,b , Y. Pointreau a,c,d,e , I. Barillot a,c , Y.-M. Kirova f a Service de radiothérapie, centre régional universitaire de cancérologie Henry-S.-Kaplan, hôpital Bretonneau, CHRU de Tours, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours, France King Fahad specialist hospital, Department of radiation oncology, Dammam, Arabie saoudite Université François-Rabelais de Tours, GICC, 37000 Tours, France d CNRS, UMR 7292 « génétique, immunothérapie, chimie et cancer », 37000 Tours, France e Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHRU de Tours, 37000 Tours, France f Département d’oncologie radiothérapie, institut Curie, 75248 Paris, France b c i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le 24 août 2012 Mots clés : Cancer du sein Radiothérapie conformationnelle Volumes cibles Organes à risque Atlas r é s u m é La radiothérapie postopératoire joue un rôle essentiel dans le traitement des cancers du sein. Sa réalisation après chirurgie conservatrice réduit le risque de récidive locale de 70 % et améliore la probabilité de survie à long terme. À l’ère de la radiothérapie de haute technicité, il est indispensable de délinéer l’ensemble des volumes cibles et des organes à risque, afin d’adapter les traitements à l’anatomie de chaque patiente. L’irradiation tridimensionnelle conformationnelle inclut comme volumes d’intérêt la glande mammaire et le lit opératoire en cas de traitement conservateur, la paroi thoracique en cas de mastectomie et les aires ganglionnaires (axillaire, sus- et sous-claviculaires et mammaire interne) en cas d’indication. Les organes à risque sont les poumons, la thyroïde, le plexus brachial, le cœur, la moelle épinière et l’œsophage. L’objectif de cet article était de donner à l’oncologue radiothérapeute des éléments rationnels qui inciteraient à l’utilisation d’un traitement conformationnel et à la délinéation des volumes cibles et des organes à risque et de décrire spécifiquement la délinéation des volumes. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Breast cancer Conformal radiotherapy Clinical target volume Organs at risk Atlas Adjuvant radiotherapy is a standard component of breast cancer treatment. The addition of radiotherapy after breast conserving surgery has been shown to reduce local recurrence rate and improve long-term survival. Accurate delineation of target volumes and organs at risk is crucial to the quality of treatment planning and delivered accomplished with innovate technologies in radiation therapy. This allows the radiation beam to be shaped specifically to each individual patient’s anatomy. Target volumes include the mammary gland and surgical bed in case of breast conserving surgery, the chest wall in case of mastectomy, and if indicated, regional lymph nodes (axillary, supra- and infraclavicular and internal mammary). Organs at risk include lungs, thyroid, brachial plexus, heart, spinal cord and oesophagus. The aim of this article is to encourage the use of conformal treatment and delineation of target volumes and organs at risk and to describe specifically the definition of these volumes. © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction La radiothérapie est une arme thérapeutique majeure dans le traitement des cancers du sein. Sa réalisation après ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (I. Atean). chirurgie conservatrice réduit le risque de récidive locale de 70 % et améliore la probabilité de survie à long terme [1]. La méta-analyse de l’Early Breast Cancer Trialists Collaborative Group (EBCTCG) a montré des taux de rechute locale trois fois plus élevés après une chirurgie seule qu’après l’association radiochirurgicale en cas de traitement conservateur avec un impact sur la réduction des taux de mortalité globale et spécifique de 5,1 % [1,2]. 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2012.06.002 486 I. Atean et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 485–492 La radiothérapie conformationnelle, la radiothérapie avec modulation d’intensité (RCMI) et le développement des techniques d’irradiation mammaire partielle exigent une définition la plus précise possible des volumes cibles [volume cible antomoclinique (CTV), organes à risque] par l’utilisation de limites anatomiques simples pour une délinéation permettant de réaliser une dosimétrie adaptée à l’anatomie de chaque malade. Actuellement, le recours à l’utilisation des méthodes dites « classiques » est encore pratiqué car elles sont plus rapides et évitent les difficultés concernant la délinéation des volumes. Cependant, ces méthodes sont désormais insuffisantes compte tenu des variations anatomiques entre les patientes et la nécessité de rapporter les doses aux volumes et aux organes de voisinage. L’objectif de cet article est de donner à l’oncologue radiothérapeute des éléments rationnels qui inciteraient à l’utilisation de traitement conformationnel et à la délinéation des volumes cibles et des organes à risque et de décrire spécifiquement la délinéation des volumes. Les volumes d’intérêt dans le cadre du traitement des cancers du sein sont la glande mammaire et le lit opératoire en cas de traitement conservateur, la paroi thoracique en cas de mastectomie et les aires ganglionnaires (axillaire, sus- et sous-claviculaires et mammaire interne) en cas d’indication. Les organes à risque sont les poumons, la thyroïde, le plexus brachial, le cœur, la moelle épinière et l’œsophage. 2. Volumes cibles pathologiques 2.1. Glande mammaire ou paroi thoracique Il semblerait que l’utilisation des méthodes classiques pour la délimitation du volume mammaire (repères anatomiques ou palpation clinique) ne soit pas suffisante. L’étude de Valdagni et al. a montré qu’il existe d’importantes différences dans la localisation du volume cible anatomoclinique en utilisant des repères anatomiques et la palpation mammaire par rapport à l’utilisation de l’échographie [3]. De même, Bentel et al. ont montré que les bords des champs définis sur l’anatomie de surface étaient significativement différents de ceux définis à partir de la scanographie dosimétrique [4]. La délinéation de la glande mammaire se fait habituellement à partir d’une scanographie dosimétrique en position de traitement (en décubitus dorsal, sur plan incliné, avec un ou deux bras relevés) sans injection de produit de contraste (Fig. 1A). Les racines, la ligne médiane, les cicatrices opératoires et le mamelon sont ensuite repérés par un marqueur radio-opaque. Des coupes scanographiques sont effectuées sur la hauteur du sein, en incluant la totalité du volume pulmonaire. Le volume cible anatomoclinique est délimité par : en avant, une limite parallèle à la peau 5 mm, en arrière, la face antérieure du muscle pectoral, en dehors, en dedans, en haut en en bas, les repères cutanés et leur projection orthogonale à la paroi [5] (Fig. 1B). En cas d’irradiation après mastectomie, le volume cible anatomoclinique-paroi représente l’ancien emplacement de la glande mammaire avec en avant une limite 5 mm en dessous du contour cutané, en arrière, la face antérieure du muscle pectoral ; pour les autres limites (latérales, supérieure et inférieure), l’utilisation en miroir de la glande mammaire controlatérale est utile pour définir l’ancien emplacement avec mise en place pour ses limites de repères radio-opaques, la cicatrice doit être matérialisée avec des repères cutanés [6]. Fig. 1. A. Position et définition du volume clinique du sein avec utilisation de repères cutanés. B. Délinéation du volume d’irradiation selon les recommandations en utilisant les repères cutanés. 2.2. Lit opératoire Le bénéfice du complément d’irradiation (boost) dans le lit opératoire après chirurgie conservatrice du sein a été démontré, notamment par deux études randomisées [7,8]. L’essai de l’European Oraganization for Research and Treatment of Cancer (EORTC) a démontré qu’un complément d’irradiation de 16 Gy dans le lit de tumorectomie diminuait de moitié le risque résiduel de récidive locale à cinq et dix ans [2]. La dernière mise à jour de cet essai précisait que 47 % des récidives locales siégeaient dans le lit tumoral, 10 % dans la cicatrice, 29 % en dehors du lit tumoral et 13 % étaient diffuses [9]. En révélant que la majorité des récidives ont lieu au sein du lit opératoire, ces chiffres renforcent la nécessité d’une meilleure précision dans le repérage de ce volume postopératoire. La plupart des auteurs s’accordent pour reconnaître que la palpation clinique seule utilisée classiquement dans le repérage du lit tumoral est source d’erreur et reste limitée. En utilisant l’induration postopératoire pour localiser le lit tumoral, Bedwinek et al. ont observé un « sous-dosage » chez 23 % des patientes par rapport au repérage par les clips chirurgicaux [10]. De la même manière, Benda et al. ont observé une différence de positionnement de l’isocentre de plus de 10 mm entre le repérage clinique (l’induration postopératoire) et le repérage scanographique [11]. D’autres équipes ont montré que l’utilisation de la cicatrice de tumorectomie ne permettait pas à elle seule de cibler correctement le lit tumoral [12,13]. Par ailleurs, l’utilisation de la cicatrice a été rendue obsolète par les techniques oncoplastiques avec I. Atean et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 485–492 487 Fig. 2. Volume du volume tumoral macroscopique (GTV) (rouge) sur la scanographie préopératoire, le volume cible anatomoclinique (CTV) clips (jaune) et le volume cible prévisionnel (PTV) (en vert) : technique de l’institut Curie. remodelage ou avec incision à distance (cicatrice périaréolaire, du sillon sous-mammaire, par l’incision de l’exploration axillaire. . .) et non plus en regard de la tumeur. Cependant, il est important de se rappeler que l’approche anglo-saxonne dans la définition du « complexe postopératoire » pourrait être moins difficile car la plupart des auteurs recommandent d’utiliser la cavité postopératoire, le sérome ou l’hématome compte tenu de l’absence de remodelage [14]. L’équipe de l’institut Curie a démontré l’intérêt de l’approche multidisciplinaire à l’aide d’une tomodensitométrie préopératoire de repérage de la tumeur couplée à une tomodensitométrie postopératoire de repérage des clips. Ils ont montré que la fusion des images de scanographie pré- et postopératoire permet d’avoir une sécurité en utilisant le volume tumoral macroscopique (GTV), ainsi que le volume cible anatomoclinique (clips) pour permettre une bonne balistique [15] (Fig. 2). La même équipe a aussi montré que l’utilisation de trois clips ou plus améliorait la définition du lit opératoire [16]. Le repérage du lit opératoire soit à l’aide des clips, soit à partir des données de l’IRM, ou encore de l’échographie préopératoire, facilite le travail de l’oncologue radiothérapeute [17–19]. Face aux incertitudes mises en évidence malgré l’utilisation de toutes les méthodes disponibles, une réflexion pluridisciplinaire doit être entreprise pour rendre fiable et reproductible le repérage du lit tumoral avec la mise en place au sein de chaque équipe d’une procédure sans qu’aucune méthode standardisée ne soit encore possible. 2.3. Aires ganglionnaires Les zones de drainage lymphatique du sein sont les relais ganglionnaires axillaires, sus- et sous-claviculaires et mammaires internes. L’irradiation ganglionnaire est basée sur les résultats d’études qui ont montré que l’irradiation des relais ganglionnaires diminuait le risque de récidive ganglionnaire [1]. Dans les essais randomisés d’Overgaard et al. et Ragaz et al. et dans la méta-analyse de Whelan et al., l’administration de la radiothérapie locorégionale associée à un traitement systémique améliorait les probabilités de contrôle local, de survie sans maladie et de survie globale [20–23]. Cette irradiation reste souvent indiquée lorsque le curage axillaire révèle une atteinte ganglionnaire [24]. La définition radioanatomique de ces aires de drainage est fondamentale compte tenu de la disparité des contours et des différentes recommandations. Fig. 3. Reconstruction en trois dimensions des volumes d’irradiation et organes à risque. Glandes mammaires : droite (vert) et gauche (orange foncé) ; régions susclaviculaires : droite (vert clair) et gauche (marron) ; régions sous-claviculaires : droite (vert) et gauche (rose foncé) ; chaînes mammaires internes : droite (bleu foncé) et gauche (bleu clair) ; régions axillaires : droite (bleu clair) et gauche (rose saumon) ; thyroïde (bleu foncé) ; os (blanc) ; cœur (violet) ; moelle épinière (rouge). 2.3.1. Aires axillaires et sus-/sous-claviculaires L’analyse du bénéfice d’une irradiation sus- et sous-claviculaire est d’autant plus difficile que la plupart des études considèrent l’irradiation axillosusclaviculaire comme une entité unique (locorégionale). Une mise au point concernant le bénéfice de cette irradiation vient d’être récemment publiée dans cette revue [25]. La place de l’irradiation axillaire reste très discutée et son bénéfice reste plus qu’incertain. Cependant, l’irradiation axillaire postopératoire des patientes, présentant une atteinte ganglionnaire étendue (> 50 % des ganglions examinés infiltrés, présence de rupture capsulaire) ou en cas un curage insuffisant, demeure relativement consensuelle [26]. Une revue de la littérature concernant la radiothérapie de la région axillaire, ses indications et ses aspects techniques a été publiée récemment par Auberdiac et al. [27]. Des études déjà publiées ont montré une variabilité interindividuelle importante en termes de profondeur de ces régions ganglionnaires. Bentle et al. ont montré que la profondeur de la région sus-claviculaire variait entre 2,4 et 9,5 cm alors que pour la région axillaire, elle variait de 1,4 à 8 cm [28]. Madu et al. ont aussi montré une variation importante dans la profondeur des régions sus-claviculaire (3,9–8,3 cm) et sous-claviculaire (3,3–7,3 cm). Ils ont ainsi démontré que la couverture de l’isodose 90 % était significativement diminuée avec la planification traditionnelle par rapport à la planification conformationnelle [29]. Depuis quelques années, plusieurs équipes se sont investies dans la définition des volumes ganglionnaires d’irradiation dans le cadre du traitement des cancers du sein. Plusieurs travaux anatomiques (sur cadavres) et radiologiques ont été publiés [29–33] (Fig. 3). Il convient de noter que plusieurs équipes ont observé que la position du bras influençait l’emplacement des aires axillaires et sus- et sous-claviculaires [30,31,34]. Cela devrait être pris en compte lors de l’application des recommandations en fonction de chaque système de contention. Une synthèse des recommandations du Radiation Therapy Oncology Group (RTOG), de Madu et al., de Dijkema et al., de Kirova et al. et de l’équipe de l’institut Gustave-Roussy, pour les délinéations des ces régions est présentée dans les Tableaux 1–3 [5,29,30,32,33]. 488 I. Atean et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 485–492 Tableau 1 Limites du volume cible anatomoclinique (CTV) de la région sus-claviculaire. En haut En bas En avant En arrière En dehors En dedans Cartilage cricoïde Jonction entre le tronc brachiocéphalique - veine axillaire/bord inférieur de la tête claviculaire Muscle sternocléidomastoïdien Muscle scalène antérieur Crânial : bord latéral du muscle sternocléidomastoïdien Caudal : jonction entre la 1ère côte et la clavicule Exclure la thyroïde et la trachée Artère sous-clavière Muscle sternocléidomastoïdien Postérolatéral : artère carotidienne et veine jugulaire interne Postéromédial : bord antérieur et médial du muscle scalène antérieur Bord latéral de la trachée ; à l’exclusion de la thyroïde Cartilage cricoïde Confluent jugulo-sous-clavier Caudal : veine jugulaire externe Muscle sternocléidomastoïdien Bord postérieur de l’artère carotide interne Face antérieure du muscle scalène Bord latéral du muscle sternocléidomastoïdien et scalène antérieur Bord médial de l’artère carotide interne et veine jugulaire Muscle omohyoïdien Veine jugulaire externe, vaisseaux cervicaux transverses Clavicule, peau Surface ventrale du muscle omohyoïdien, muscle élévateur de la scapula, muscle scalène moyen Clavicule, muscle trapèze Bord latéral du muscle sternocléidomastoïdien et muscle scalène antérieur Kirova et al. [5] Cartilage thyroïdien Artère sous-clavière Muscle sternocléidomastoïdien Artère carotidienne et veine jugulaire interne Muscle scalène antérieur Bord latéral de la trachée Bourgier et al. [33] Plan parallèle à la clavicule, dont la limite supérieure correspond à l’articulation acromioclaviculaire Plan parallèle à la clavicule à hauteur du bord de l’articulation sternoclaviculaire Ligne située à 5 mm en dessous du contour cutané Apophyses vertébrales latérales et plèvre Jonction des deux tiers internes et du tiers externe de la clavicule Tendon du muscle sternocléidomastoïdien, bord externe du lobe thyroïdien, trachée et œsophage RTOG [32] Madu et al. [29] Dijkema et al. [30] Médial Latéral Malgré ces recommandations, il persiste des disparités dans les définitions de ces volumes et des travaux d’homogénéisation restent à entreprendre. 2.3.2. Chaîne mammaire interne L’intérêt de l’irradiation de la chaîne mammaire interne reste un débat d’actualité compte tenu de résultats discordants dans la littérature et que son traitement par des faisceaux directs de photons et d’électrons n’est pas dénué de morbidité. L’étude de l’EORTC devrait donner la réponse à cette question d’indication à l’irradiation ganglionnaire de cette chaîne chez des patientes atteintes de tumeur interne ou colonisant les ganglions, mais pour le moment, seules les données de toxicité sont disponibles [35]. Les ganglions de la chaîne mammaire interne se situent autour des vaisseaux de la chaîne mammaire interne, au niveau de trois premiers espaces intercostaux et sous la tête claviculaire. La plupart des auteurs s’accordent pour les limitations de cette région en prenant en avant la face postérieure du muscle pectoral, en arrière Tableau 2 Limites du volume cible anatomoclinique (CTV) de la région sous-claviculaire. En haut En bas En avant En arrière En dehors En dedans RTOG [32] Au niveau de l’insertion du muscle petit pectoral au cartilage cricoïde Vaisseaux axillaires croisant le bord médial du muscle petit pectoral Face postérieure du muscle grand pectoral Côtes et les muscles intercostaux Bord médial du muscle petit pectoral Paroi thoracique Madu et al. [29] Coupes scanographiques caudales au muscle deltoïde Coupes scanographiques caudales au processus coracoïde Grand pectoral et peau Clavicule, muscle sous-clavier Bord médial du processus coracoïde, muscle petit pectoral et muscle coracobrachial Peau, insertion du grand pectoral à la clavicule Dijkema et al. [30] Muscle petit pectoral (bord supérieur) Au niveau de l’insertion de la clavicule au manubrium Surface profonde du grand pectoral Artère sous-clavière et artère axillaire Muscle petit pectoral (bord médian) Bord latéral de la clavicule Kirova et al. [5] Muscle petit pectoral (bord supérieur) Articulation sternoclaviculaire Surface profonde du muscle grand pectoral Artère sous-clavière et artère axillaire Muscle petit pectoral (bord médian) Bord latéral de la clavicule Bourgier et al. [33] Bord inférieur de la clavicule Limite supérieure du curage axillaire repéré par des clips chirurgicaux Muscle pectoral Muscle de la fosse antérieure de l’omoplate Aire ganglionnaire axillaire Paroi thoracique 489 I. Atean et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 485–492 Tableau 3 Limites du volume cible anatomoclinique (CTV) de la région axillaire. En haut En bas En avant En arrière En dehors En dedans Vaisseaux axillaires croissant le bord latéral du petit pectoral Insertion du grand pectoral aux côtes Plan défini par la face antérieure du muscle grand pectoral et du muscle grand dorsal Face antérieure du muscle sous-scapulaire Bord médial du muscle grand dorsal Bord latéral du petit pectoral Vaisseaux axillaires croissant le bord médial du petit pectoral Vaisseaux axillaires croissant le bord latéral du petit pectoral Face antérieure du petit pectoral Côtes et muscles intercostaux Bord latéral du petit pectoral Bord médial du petit pectoral Coupe scanographiques caudales au tendon du muscle grand dorsal Coupe scanographiques au bord libre du grand pectoral et muscle sous-scapulaire Peau Bord dorsal des vaisseaux axillaires, muscle sous-scapulaire, le muscle dentelé antérieur Muscle grand dorsal, muscle grand rond et muscle sous-scapulaire Muscle biceps brachial, muscle coracobrachial, bord latéral des muscles pectoraux et le sein Coupes scanographiques crâniales des vaisseaux axillaires Bord libre du petit pectoral Face dorsale du petit pectoral Bord dorsal des vaisseaux axillaires, côtes et muscle dentelé antérieur Bord latéral du grand pectoral Bord médial du petit pectoral Kirova et al. [5] Clavicule et première côte ainsi que la limite inférieure de la tête humérale Grand pectoral et grand dorsal Muscle grand pectoral et petit pectoral (surface profonde) Muscle sous-scapulaire et grand dorsal Un plan allant du muscle dorsal au pectoral, 5 mm sous la peau Muscle grand dentelé Bourgier et al. [33] Bord inférieur de la clavicule, dans le prolongement de l’aire sous-claviculaire Limite supérieure du prolongement axillaire de la glande mammaire Muscle pectoral Muscle de la fosse antérieure de l’omoplate Un plan allant du muscle dorsal au pectoral (5 mm en dedans du contour cutané, si celui-ci se situe à proximité du contour cutané) Paroi thoracique (muscle grand dentelé, côtes et plèvre) RTOG [32] Niveau I Niveau II Dijkema et al. [30] Niveau I Niveau II la plèvre pariétale, en dedans le bord externe du sternum, en dehors l’angle du triangle cellulograisseux formé par le muscle pectoral et la paroi thoracique, en haut le bord inférieur de la tête de la clavicule et en bas le troisième ou le quatrième espace intercostal [5,30,35]. 2.3.3. Ganglion de Rotter Cette région se situe entre le grand pectoral et le petit pectoral au niveau du deuxième espace intercostal [5]. 3. Organes à risque Ces organes doivent être pris en considération et faire l’objet d’un contourage systématique en cas d’irradiation mammaire et surtout ganglionnaire afin d’évaluer à moyen et long terme la toxicité tardive, notamment cardiaque, pulmonaire et neurologique. 3.1. Cœur, péricarde La minimalisation de la dose cardiaque a été considérée suite aux données tardives des essais incluant des patients traités pour maladie de Hodgkin où les volumes ganglionnaires médiastinaux irradiés étaient conséquents [36]. Cet organe à risque est donc à définir dans le cadre du traitement des cancers du sein, surtout en cas d’irradiation du côté gauche, de faisceaux directs traitant la chaîne mammaire interne et en cas de RCMI [34]. Les taux de complications en fonction des volumes cardiaques irradiés ont été évalués [34]. Il a été montré l’intérêt de définir les différentes structures du cœur en fonction de « comorbidités » et les facteurs du risque chez chaque patiente. L’équipe de l’université de Michigan a publié un atlas détaillé pour la délinéation cardiaque [37]. L’équipe de l’institut Curie a évoqué l’intérêt de la délinéation des artères coronaires afin d’évaluer et réduire la dose à ces vaisseaux dosimétrie sur cette structure spécifique en utilisant le gating cardiaque et une scanographie après injection [38]. Cette pratique est difficilement transférable en routine et il a été démontré la possibilité de délinéer les vaisseaux qui ont souvent visibles sur coupes scanographiques sans injection de contraste [31]. Un exemple de délinéation sur scanographie sans injection est présenté sur la Fig. 4. Récemment, Doyen et al. ont proposé comme limite supérieure l’infundibulum pulmonaire et/ou l’oreillette droite et/ou gauche selon l’anatomie ; limite inférieure à la partie la plus inférieure du myocarde et limites latérales correspondant aux limites latérales du myocarde [39]. La toxicité radique dépend principalement du volume de cœur irradié, de la dose totale et de la dose par fraction. Ainsi, les doses délivrées doivent être minimales en évitant d’irradier l’ensemble du péricarde, le volume de myocarde recevant 35 Gy doit être inférieur à 30 % et la distance maximum au cœur doit être inférieure à 1 cm [39]. 3.2. Poumon(s) Lors de l’irradiation mammaire, une partie du poumon est systématiquement irradiée variant avec l’anatomie des malades et le type de balistique. Le poumon homolatéral ou idéalement les deux poumons doivent être délinéés en totalité. Cet organe ayant une architecture en parallèle, l’ensemble de l’organe est à définir, le plus souvent à l’aide de logiciel de segmentation automatique. Le pourcentage du 490 I. Atean et al. / Cancer/Radiothérapie 16 (2012) 485–492 en suivant les vaisseaux sous-claviers [42]. Un autre atlas détaillé a été publié par Hall et al. [43]. Cet organe étant en série, la dose maximale est à considérer et ne doit pas excéder 60 Gy, voire, si possible, 50 Gy [44]. 3.4. Thyroïde La thyroïde est à délinéer en cas d’irradiation sus-claviculaire pour rapporter la dose reçue. L’ensemble de la glande doit être délinée sur l’ensemble des coupes scanographiques où elle est visible. Les contraintes de doses ne sont actuellement pas complètement établies pour cet organe et il est donc recommandé de limiter au maximum la dose qu’elle reçoit. Il semble souhaitable de ne pas irradier plus de 50 % du volume thyroïdien à plus de 50 Gy [45]. 3.5. Moelle épinière Bien que la myélopathie radique soit devenue rarissime, la moelle épinière est l’organe à risque noble par excellence. En cas d’irradiation mammaire, les risques de toxicités sont quasi nuls mais cet organe doit être défini en cas d’irradiation de la chaîne mammaire interne par des faisceaux directs. Sa délinéation ne pose généralement pas de problème en dehors de la problématique autour de la délinéation de la structure pro