“Histoire secrète du Mossad”, l`enquête de Gordon Thomas
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“Histoire secrète du Mossad”, l`enquête de Gordon Thomas
“Histoire secrète du Mossad”, l’enquête de Gordon Thomas In Benchmarking, Guerre de l'information, Stratégie, Sécurité, veille on 12 février 2008 at 9:09 Spécialiste du monde de l’espionnage, Gordon Thomas a publié à ce jour plus de 37 enquêtes traduites dans le monde entier. Les documents confidentiels auxquels il a accédé lui permettent ici de faire des révélations inédites. “Il raconte les choses telles qu’elles ont été – et qu’elles le sont encore.” Meir Amit, ancien directeur général du Mossad Extraits: “La connaissance est la première ligne de défense d’un pays. Nul part cette vérité n’est mieux confirmée que dans la relation qui unit l’Etat d’Israël au Mossad (…) “Il y avait quelque chose de quasi messianique dans la façon dont le peuple juif comptait sur la protection de Ben Gourion, comme il avait jadis compté sur celle des rois et des prophètes d’Israël. Le Premier ministre avait beau savoir qu’il n’était pas un prophète – tout au plus un ex-combattant des rues ayant réussi à remporter la guerre d’indépendance contre un ennemi arabe doté de forces vingt fois supérieures- (…) Cependant, l’ennemi était toujours là. Il avait même gagné en intelligence et en férocité. Il frappait chaque nuit, tuant sans merci avant de se fondre dans les ténèbres (…) “Pour finir, Ben Gourion résuma la situation avec son franc-parler habituel: ‘Vous remettrez au Mossad votre liste de commissions, et il se chargera d’aller faire les courses. Vous n’aurez pas à vous soucier de savoir où il sera fourni et combien il aura payé.‘ “En mars 1997, ayant reçu des informations du Katsa de Washington, Yatom passa à l’attaque. Il envoya sur place une équipe de Yahalomin afin de confirmer les informations fournies par le Katsa: le président Clinton avait de fréquentes conversations téléphoniques, à très forte connotation sexuelle, avec une ancienne stagiaire de la Maison-Blanche, Monica Lewinsky. Il l’appelait depuis le bureau Ovale, à son appartement de Watergate. Comme la Maison-Blanche était totalement protégée par son système électronique, les Yahalomin concentrèrent leurs efforts sur le domicile de la jeune femme. Ayant intercepté des propos plus qu’explicites entre le Président et Monica Lewinsky, ils transmirent les enregistrements à Tel Aviv par la valise diplomatique (…) “Les années 80 représentèrent une époque bénie pour le grand safari africain du Mossad. Tout en dressant les Chinois contre les Russes, les Israéliens réussirent à compliquer la vie à la CIA, au MI-6 et à d’autres services secrets européens opérant sur le continent. Chaque fois que quelqu’un menaçait la position du Mossad, celui-ci dévoilait ses activités occultes. Un agent du MI-6 fut ainsi démasqué au Kenya. Au Zaïre, le réseau français fut démantelé. En Tanzanie, une opération d’espionnage ouest-allemande fut annulée en hâte après avoir été dénoncée par le Mossad grâce à l’indiscrétion d’un journaliste local. “Depuis la rédaction de cet ouvrage, le Mossad, à l’instar de tous les autres services de renseignements, a été confronté à de nouveaux défis (…) le Mossad a dû lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme à une échelle inimaginable jusqu’alors, sans oublier l’espionnage économique.” Gordon Thomas: "Le Mossad n'avait pas prévu la victoire du Hamas" Interview de l'écrivain britannique, spécialiste des services de renseignements, qui sort "L'Histoire secrète du Mossad de 1951 à nos jours" (éd. Nouveau Monde) Votre livre contient une série de révélations Pourquoi les agents du Mossad (services secrets israéliens) ont-ils accepté de vous parler ? J'ai interviewé plus d'une centaine de personnes pour ce livre Pendant ces deux ans de recherches, la réputation du Mossad a été entachée par une série de scandales C'est sans doute pour pouvoir rétablir la vérité ou se justifier que nombre d'agents, las de ces turpitudes, m'ont parlé Le Mossad avait-il prévu l'arrivée au pouvoir du Hamas aux législatives palestiniennes du 25 janvier ? Non, ce fut une grande surprise pour lui Cet échec est humiliant En fait, le Mossad a mal interprété ses rapports de surveillance effectués sur Khaled Mashaal Ce leader du Hamas, que les agents israéliens avaient tenté de tuer en 1997 en Jordanie, avait trouvé des espions au sein du Fatah et a laissé courir de fausses informations sur le scrutin Le Mossad a découvert la supercherie le jour des élections Que pensez-vous du film de Spielberg, Munich, sur l'élimination par le Mossad des membres de l'organisation palestinienne Septembre noir ? Il est truffé d'inexactitudes, parce que Spielberg a adapté son film à partir d'un roman, Vengeance, de George Jonas, qui n'est pas un compte rendu exact des faits Avner, le héros du film, n'a jamais été un agent de la CIA, il était un simple informateur Autre aberration : les états d'âme d'Avner C'est irréaliste Les nombreux agents que j'ai rencontrés me disent : « Nous sommes entraînés pour faire ce boulot, et on est débriefé après » Pas d'états d'âme Vous dites que la tentative d'assassinat de Jean Paul II en 1981 serait un complot iranien Or, la thèse officielle est que son auteur, le Turc Mehmet Ali Agça, est un « détraqué » Le Mossad a découvert qu'Ali Agça avait été entraîné et endoctriné en Iran Le complot a été organisé à Téhéran avec l'approbation de l'ayatollah Khomeiny Le meurtre du pape devait être l'acte inaugural du Djihad contre l'Occident et ses valeurs, symbolisées par le Vatican Concernant Ben Laden, comment concevoir que la CIA ne l'ait pas encore retrouvé ? Contrairement au Mossad, qui privilégie les moyens humains, la CIA a opté pour les renseignements technologiques, inadaptés dans ce cas Même si le Mossad n'est plus ce qu'il était, il est fort d'un noyau dur de 38 hommes et 8 femmes superentraînés – plus un personnel de 1 500 personnes – et dispose d'un réseau d'un million d'informateurs dans le monde, capables de recueillir davantage d'informations que tous les satellites du monde Autre scoop, d'après votre livre, le Mossad serait indirectement impliqué dans la mort de Lady Di Le Mossad voulait recruter un espion au Ritz pour avoir des informations sur les personnalités clés qui y séjournent Son choix s'est porté sur Henri Paul (le chauffeur du couple Lady Di-Mohammed al-Fayed, mort dans l'accident en 1997) Il avait le profil et un accès privilégié au Ritz Le Mossad a accentué la pression pour le recruter Poussé à bout, Henri Paul s'est mis à boire davantage, jusqu'à cet accident Dans votre futur ouvrage, vous aborderez les vols secrets de la CIA Qu'en est-il ? L'ex-ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Craig Marry, m'a affirmé que la CIA a envoyé des prisonniers en Ouzbékistan pour les torturer Ces renditions [restitutions] existent aussi en Egypte et au Maroc Les vols transitent par l'Europe, ce que savaient les gouvernements européens Recueilli par Faustine Vincent Sahnoune, l’agent algérien du Mossad Mouna Izddine Saïd Sahnoune (à gauche) et Ali Touir. Une légère brise d’été souffle sur Tizi Ouzou. Immuable, le marabout de Sidi Belloua, du haut de sa montagne fleurie, veille sereinement sur la ville. Il se fait tard, mais la capitale culturelle de la Kabylie ne dort pas en ce samedi 7 juillet 2007. Et probablement Tizi Ouzou, à 110 kilomètres à l’Est d’Alger, estelle la capitale tout court de l’Algérie ce soir-là. Probablement aussi que la cité du col des genêts n’avait jamais vu autant de caméras braquées sur elle depuis les sanglantes émeutes du Printemps Noir de 2001. Non sans raison. Un procès à huis clos s’achève dans l’enceinte de son tribunal criminel. La Cour prononce finalement son verdict à l’encontre de l’espion du Mossad Saïd Sahnoune, 44 ans, originaire de la même ville. Dix ans de réclusion ferme pour «collecte et transmission au profit d’une puissance étrangère d’informations sensibles et confidentielles dont l’usage porte atteinte à l’économie et à la défense nationales». Une première dans l’histoire de l’Algérie, qui n’avait jamais jusqu’alors condamné un de ses ressortissants pour espionnage en faveur d’Israël. Le cas de ce “journaliste” entrera sans aucun doute dans les annales du pays. Mais pas forcément de la même façon pour tout le monde. Grand traître de la République et espion redoutable des services secrets israéliens pour les uns, petit agent ordinaire et aventurier sans intérêt pour les autres. Mais, dans sa majorité, la rue algérienne estime que la justice a été trop clémente envers Saïd Sahnoune. Quelques médias s’étonnent de l’acquittement du présumé complice de Saïd Sahnoune, Ali Touir, 31 ans, officier de la brigade judiciaire exerçant à la wilaya de Tizi Ouzou, soupçonné d’avoir fourni des informations d’ordre sécuritaire au premier accusé. Réactions divergentes mais sentiment commun d’un peuple blessé dans son orgueil... Mais qui est véritablement Saïd Sahnoune? Force est d’admettre que beaucoup de pièces manquent au puzzle de son parcours, rajoutant à l’opacité du personnage. Saïd Sahnoune dit avoir été journaliste dans différents pays africains, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin, pays où il aurait dirigé deux journaux, dont Le Matin, en Côte d’Ivoire. Pourtant, sa signature ne figure sur les archives d’aucune publication des pays précités, ni ailleurs. Introuvable également, le portrait de Yitzhak Rabin, chef du gouvernement israélien assassiné le 4 novembre 1995, qui aurait été, selon l’accusé, à l’origine de son premier contact avec l’ambassade israélienne à Abidjan. Ce qui porte à croire que Saïd Sahnoune usait davantage de cette profession comme couverture. Mais pourquoi et depuis quand? Quoi qu’il en soit, Saïd Sahnoune affirme avoir conclu son contrat de travail effectif avec les services secrets israéliens à Bangkok, la capitale thaïlandaise, en 1996, avant d’effectuer une batterie de tests (détecteur de mensonges, contrôles psychologiques…) et deux stages de quinze jours à Tel-Aviv sur les techniques d’espionnage des secrets d’Etat. Sa mission: collecter des informations sur la sous-région du Maghreb et les pays africains plus globalement, moyennant une rémunération de 1.500 dollars par mois. C’est dans ce but qu’il s’est rendu à plusieurs reprises en Algérie et au Maroc notamment. En 2001, Saïd Sahnoune rentre définitivement au bercail, où il soutient s’être fait recruter comme chargé de communication à l’ambassade d’Espagne à Alger tout en poursuivant ses missions sur commande pour le Mossad. Comme exemple, Saïd Sahnoune rend compte de ses déplacements le long de la frontière algéro-marocaine pour observer le mouvement des troupes marocaines. Ou encore de sa filature réussie en Tunisie de Fayçal Farhat, un proche de l’exprésident palestinien, Yasser Arafat, décédé le 11 novembre 2004. L’espion algérien a reconnu en outre avoir travaillé pour les renseignements espagnols, leur fournissant entre autres des informations sur des terroristes algériens, dont Arbadji, soupçonnés d’avoir participé aux attentats de Madrid du 11 mars 2004. Décembre 2005, Saïd Sahnoune est finalement arrêté par les autorités marocaines à la frontière entre les deux pays alors qu’il ficelait un prétendu article sur l’immigration clandestine. En sa possession: des documents officiels sur la sécurité nationale algérienne, liées plus particulièrement à la situation en Kabylie. L’agent du Mossad est remis aux services de sécurité algériens, puis déféré devant le tribunal militaire de Blida (sud de l’Algérie). Ce dernier, se déclarant incompétent en la matière, renvoie alors le dossier au tribunal criminel de Tizi Ouzou, le 17 janvier 2007. Lors de son interrogatoire, l’accusé a assuré qu’il faisait partie d’un vaste réseau d’espions arabes recrutés par le Mossad. Saïd Sahnoune serait-il l’arbre qui cache la forêt?