1.2. Le cadre de la mission

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1.2. Le cadre de la mission
09/07/2008
« Lorsque nous acceptons qu'il n'y ait rien à changer au monde,
nous mourons. »
Proverbe indien
«L'avenir tu n'as pas à le prévoir, tu as à le permettre. »
Antoine de Saint-Exupéry
«Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble. »
Lao-Tseu
2
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Sommaire
Introduction
Partie 1
P-5
L’ESAT " Arc en Ciel ", son histoire, le cadre de sa mission et
la population accueillie
1.1. L’histoire et son environnement
1.1.1
Le projet Associatif de l’APAHRC
1.1.2
L’histoire de l’ESAT "Arc en Ciel"
P-7
P-9
1.2.
1.3.
Le cadre de la mission
1.2.1
Le cadre législatif
P-10
1.2.2
Le cadre réglementaire
P-12
La population accueillie : sa problématique et son évolution
1.3.1
Une population en évolution
P-12
1.3.2
La diversité des histoires de vie
P-13
1.3.3
Les demandes, attentes, souhaits exprimés ou manifestés
P-14
1.3.4
Les causes et effets des évolutions de la population accueillie
P-15
Partie 2
L’ESAT " Arc en Ciel " : des choix et leur mise en œuvre au
service d’un public
2.1. Les approches théoriques
2.1.1
Une approche non dogmatique
P-17
2.1.2
Une éthique du Sujet
P-17
2.2. Une mission médico-sociale : des principes et des spécificités
2.2.1
Une aide se référant à une éthique du Sujet
P-18
2.2.2
Le choix de l’accompagnement comme modalité de l’aide
P-19
2.2.3
L’accompagnement : un parcours et une présence
P-19
2 2.4
Un accompagnement guidé par des principes fondamentaux
P-20
2.2.5
L’utilisation du travail protégé comme moyen spécifique de soutien et d’aide
P-21
2.2.6
La prise en compte de la dimension de soin
P-22
2.3. Une mission d’aide et de soutien par le travail : sa mise en œuvre
2.3.1
L’accueil
P-23
2.3.2
Les bilans des accompagnements professionnels et sociaux : BAPS
P-23
2.3.3
Les perspectives d’accompagnement personnalisé : PAP
P-24
2.3.4
La mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé
P-24
3
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Partie 3
L’ESAT " Arc en Ciel " : des ressources, des dispositifs et ses
choix organisationnels
3.1. Les ressources humaines
3.1.1
Une diversité de professionnels
P-27
3.1.2
Un management participatif
P-28
3.1.3
Une politique de recrutement
P-28
3.1.4
Une politique de qualification et de développement des compétences
des professionnels
P-28
Une politique de responsabilisation
P-29
3.1.5
3.2. Les modes d’organisation du travail de professionnels
3.2.1
L’organisation liée à la production marchande
P-29
3.2.2
L’organisation liée au soutien extraprofessionnel de l’ESAT
P-30
3.2.3
L’organisation de la direction et du service administratif
P-30
3.2.4.
Les temps d’échange entre professionnels
P-30
3.2.5
Schéma de l’organisation
P-32
3.3. Les ressources financières
3.4. Les collaborations développées par l’ESAT " Arc en Ciel "
Partie 4
P-32
P-33
l’ESAT " Arc en Ciel " une pratique d’évaluation en cohérence
avec ses choix
4.1. Conception et choix d’évaluation
P-35
4.2. L’évaluation de la mise en œuvre de ces choix au service de la personne
P-36
4.3. Le projet d’établissement, son évaluation, son suivi
P-36
Partie 5
L’ESAT " Arc en Ciel " : ses perspectives et axes d’évolution
5.1. Les réflexions à engager
5.1.1
La politique globale d’accueil des ouvriers
P-37
5.1.2
La Place du travail et ses effets
P-37
5.1.3
L’adaptation des organisations
P-37
5.2. Les actions à mettre en œuvre
5.2.1
Organiser le dossier de l’usager et définir les conditions d’accès
P-38
5.2.2
Etudier et mettre en place une section annexe d’ESAT
P-38
5.2.3
Préparer l’insertion professionnelle en milieu ordinaire
P-38
5.2.4
Favoriser et développer les outils d’accompagnement des personnes ayant
des troubles psychiques
P-38
Organiser des temps d’échanges pour développer des compétences
professionnelles
P-39
5.2.5
5.2.6
Devenir site qualifiant pour les stagiaires dans les métiers de l’accompagnement P-39
5.2.7
L'expression artistique
Annexes
P-39
P-40
4
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INTRODUCTION
Le projet 2008-2013 de l’Etablissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) "Arc
en Ciel" est le fruit d’analyses et d’échanges, issu d’une démarche de plus de dix-huit mois,
effectuée sur un mode participatif où l’implication et la contribution des salariés ne se sont
jamais démenties.
S’il représente une étape importante et constitutive dans l’histoire de l’ESAT, ce
projet marque moins un aboutissement qu’une volonté affirmée de poursuivre un nécessaire
travail sur le sens de la mission et une adaptation des moyens, sans cesse à renouveler, au
service des travailleurs en situation de handicap.
Ce projet met en évidence l'intérêt de la réflexion et du travail collectif de l’ensemble des
salariés, gage de cohérence et de valeurs dans l'action médico-sociale que l’ESAT entend
conduire dans les années à venir.
Ce projet permet également de faire converger les pratiques diverses de tous les
professionnels vers des finalités et des objectifs communs, en veillant à faire respecter le
caractère particulier des métiers et des compétences de chacun, et souligne la
responsabilité propre de la direction et des salariés dans son élaboration et sa mise en
œuvre.
Le projet d'établissement, dans la continuité du projet associatif de l’APAHRC
(Association des Parents, Amis et Adultes Handicapés de la Région Choletaise) qui définit
les orientations et les objectifs prioritaires, s’inscrit dans une opérationnalité qui vise à
accompagner et soutenir les ouvriers dans ce qui caractérise l’ESAT, à savoir une aide par
le travail. Mais ce projet ne peut prétendre envisager ni répertorier toutes les formes
d’organisations et de fonctionnements de la vie de l’ESAT, ni en résoudre tous les
problèmes. Toutefois, ce projet comporte des aspects fondamentaux qui ne peuvent être
conçus indépendamment les uns des autres et se traduit par des choix et des moyens
d'actions qui ordonnent ces éléments essentiels. Ainsi au fil des lignes de force, présentes
dans ce projet, se dessine un véritable positionnement, matrice de référence pour toutes les
réflexions et les actions engageant l’ESAT.
L’élaboration du projet de l’ESAT ne peut cependant pas se résumer à l'énoncé de ses
grandes priorités et objectifs ainsi qu’à la définition de moyens et des règles de
fonctionnement.
Il est, avant tout, l'expression d'une volonté commune et comprend trois principales
composantes :
- des valeurs partagées qui guident les choix et les attitudes ;
- une vision du futur, adaptée à la volonté et aux missions de l’association gestionnaire
en faveur des personnes en situation de handicap ;
- des priorités et des axes majeurs pour l'action, permettant d'en faire découler les
objectifs opérationnels pour les salariés, d'autant mieux acceptés que les finalités
correspondantes ont fait l'objet de débats et sont clairement énoncées.
Ainsi ce projet d’établissement permet :
- de définir une organisation fondée sur les besoins et les demandes repérés chez les
personnes accueillies et les grands axes définis par les dirigeants de l’association et
la direction des établissements, en conformité avec le cadre légal et réglementaire ;
- d’identifier l'évolution des compétences individuelles et collectives au regard des
objectifs du projet et des choix sur les moyens à mettre en oeuvre ;
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-
de favoriser le développement du travail en équipe et des systèmes de régulation qui
préservent la cohésion et la cohérence de l’action.
A l’ESAT, le professionnel a moins pour objectif de connaître celui à qui il s’adresse
que d’intervenir, le plus en adéquation possible, sur des situations faisant problème. De plus,
tout univers différent du sien propre est malaisé à étudier. C’est une illusion de penser qu’on
participe entièrement à l’univers d’autrui ou qu’on lui est parfaitement extérieur. Le
positionnement s’établit entre la proximité et l’éloignement, dans une distance participative.
Soutenir et accompagner l’autre, c’est d’abord rompre avec les catégories qui nous sont les
plus « naturelles », c’est rompre avec l’absolutisme de son propre système de normes en
relativisant ses perceptions, ses présupposés, ses évidences. Mais cette rupture ne peut
être effectuée qu’en se référant à un système conceptuel commun, organisé, sans lequel il
n’y aurait pas de pratiques utiles.
Professionnels et ouvriers en situation de handicap sont impliqués dans une relation
d’aide et de soutien, non pas dans une relation symétrique qui émousse toutes les
différences ou asymétrique qui impose un modèle dominant-dominé mais dans l’instauration
d’une réciprocité mutuelle qui préserve la double altérité. Pour les salariés de l’ESAT, qui
partagent les mêmes droits de citoyenneté avec les personnes accueillies, l’aide et le soutien
apportés sont l’expérience de l’altérité, de la vulnérabilité de l’autre qui impose la
responsabilité envers lui.
Créer du lien social ne relève ni de la projection, ni du programme mais de
l’accompagnement d’un parcours de vie, respectueux du Sujet, de son histoire et de son
avenir.
L’ ESAT "Arc en Ciel" s’inscrit résolument dans le cadre des politiques publiques en
faveur des travailleurs en situation de handicap, souhaite remplir ses obligations en la
matière et affirme sa volonté de poursuivre son action dans ce sens. Dans le même
mouvement, l’établissement prend des options éthiques, fonctionnelles, singulières qui
marquent une manière de concevoir et de promouvoir une réflexion, des postures et des
actes en cohérence avec ses choix.
Dans sa forme finale, ce projet est ainsi constitué de la synthèse des grandes
priorités de l’établissement "Arc en Ciel", en adéquation avec sa mission et les personnes
accueillies, et indique les voies et moyens qu’il entend adopter pour parvenir à ce qu’il a la
volonté d’être.
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Partie 1
L’ESAT " Arc en Ciel ", son histoire, le cadre de
sa mission et la population accueillie
Il ne s’agit pas, dans cette partie du projet d’établissement, de convoquer l’histoire de
l’APAHRC et celle de l’ESAT "Arc en Ciel" pour, de manière subjective, justifier du présent
ou se dédouaner de l’avenir. Il n’est pas question non plus de céder à une objectivité
historique, si tant est qu’elle est possible, où il n'y aurait plus que des structures, des forces,
des institutions et non plus des hommes et des valeurs humaines.
Le propos est plutôt d’intérioriser des traces du passé, des souvenirs laissés par des
événements, des satisfactions ou des difficultés vécues, qui, tous, déterminent le sentiment
d’une certaine appartenance collective. Dans ce sens, l’histoire de l’ESAT est constitutive
d’une identité commune, homogène, qui acquiert une visibilité pour soi et pour l’espace
public. Questionner le passé, faire appel à l’esprit critique, prendre du recul contribuent à
enrichir cette mémoire collective qui se construit en fonction des enjeux présents et conforte
la cohésion.
Ecrire une histoire de l’ESAT "Arc en Ciel" c’est donc faire un récit qui dit une mémoire et
des choix, qui constitue des traits essentiels de son passé pour s’engager vers un nouvel
horizon, un nouveau projet. Car il n’est pas possible de faire de l’histoire sans aussi faire
l’histoire.
1.1. L’histoire et l’environnement
1.1.1 Le projet associatif de l’APAHRC
« Il y a près de trente ans, des parents se sont mobilisés et organisés pour réagir au
manque de structures susceptibles d’accueillir leurs enfants handicapés devenus adultes et
qui ne pouvaient, du fait de leur handicap, être intégrés ni en milieu ordinaire de travail, ni en
atelier protégé. Tous vivaient en Maine et Loire, dans le Choletais. Les familles se sont
regroupées en amicale avec, pour objectifs, de créer un établissement d’aide par le travail et
mettre en place une vie associative dans le Choletais et les Mauges, au service de la
personne en situation de handicap. Ainsi s’est créée, en septembre 1979, ce qui est devenu
l’Association des Parents, Amis et Adultes Handicapés de la Région Choletaise. »1
« L’ouverture du Centre d’Aide par le Travail (CAT) dans des locaux provisoires avec
un agrément de 60 places en 1982, puis son installation définitive, suite à la construction de
bâtiments en 1984, marquent la première étape d’une volonté associative ».2
L’hébergement et l’accompagnement social sont devenus rapidement des points
d’attention. « Neuf ans après les débuts du CAT, l’APAHRC a été autorisée par le Conseil
Général du Maine et Loire à ouvrir et à faire fonctionner en 1991 un foyer d’hébergement à
Cholet et un second en 1998 à Beaupréau. La création d’un Service d’Accompagnement à la
Vie Sociale (SAVS) en 1998 et celle d’un Centre d’Activité de Jour (CAJ) en 2001, en
collaboration avec une autre association, sont venues étoffer les modalités de prise en
charge et accroître les structures dont l’APAHRC est gestionnaire. » 3
1
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2
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Aujourd’hui l’APAHRC, sous l’égide d’un directeur général, administre 72 salariés au
service de 245 personnes en situation de handicap, accueillies dans l’ensemble des
établissements. L’APAHRC est l’une des 750 associations, fédérées par l’UNAPEI (Union
Nationale des Associations de Parents, de Personnes handicapées mentales).
Le siège de l’APAHRC est situé à Cholet au cœur de la ville. Les adhérents,
bénévoles, usagers ou personnes accueillies au sein des établissements, viennent des
Mauges ou y résident principalement. Le tissu de relation et les réseaux de partenaires se
situent essentiellement sur ce même territoire.
« Le projet associatif de l’APAHRC exprime une éthique affirmée et des valeurs fortes
au service de la personne en situation de handicap, veut prendre en compte toutes les
dimensions personnelles et institutionnelles pour réaliser un dispositif souple, organisé,
cohérent et diversifié. »4
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5
« Ses fondements associatifs et institutionnels :
respectent la personne en tant que Sujet et lui portent une attention et une écoute
particulière et bienveillante, en toute tolérance,
visent le bien être de la personne en situation de handicap, c’est-à-dire mettre tout en
œuvre pour assurer des conditions de vie satisfaisant ses besoins de sécurité, de
protection, de promotion et de santé,
caractérisent un accueil et une prise en charge dans les meilleures conditions
d’intégration possibles dans le tissu social,
donnent la priorité à l’épanouissement individuel et social, c’est-à-dire, faire valoir la
primauté d’une démarche d’accompagnement et de soutien, de socialisation et de
l’ouverture sur la Cité,
favorisent le développement de son action en lien étroit avec le secteur associatif et
l’ensemble du réseau institutionnel choletais susceptible de concourir aux finalités de
sa mission,
engagent une réflexion permanente sur les objectifs définis au service des personnes
en situation de handicap et initient des projets d’action novateurs, alternatifs et
adaptés aux besoins,
mobilisent les énergies et les compétences des bénévoles et des professionnels pour
créer et maintenir un dynamisme associatif reconnu et utile. »5
« Sur ce principe, tous les salariés des établissements et services de l’APAHRC
s’engagent sur ces valeurs fortes et :
respectent la dignité des personnes en situation de handicap et refusent toute forme
de discrimination et violences portant atteinte au bien-être de la personne ;
veillent au respect des droits et des devoirs des personnes, dans le cadre des lois qui
les protègent et favorisent leur participation concrète, leur consentement et un choix
éclairé, avec l’aide éventuelle de leur représentant légal, à la conception et à la mise
en œuvre du projet d’accueil et d’accompagnement les concernant ;
tendent vers le bien être de la personne handicapée, son évolution, utilisant
l’ensemble des ressources de l’organisation, les compétences de chacun pour
assurer un accompagnement et une prise en charge répondant à des besoins réels
et adaptés ;
reconnaissent la place de la personne en situation de handicap dans sa famille et
permettent son épanouissement, sans substitution, ni volonté de réparation ;
Projet associatif de l’APAHRC 2007-2012-Cholet- P 11
Projet associatif de l’APAHRC 2007-2012-Cholet- P 11
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développent les compétences et les savoir-faire des personnes par des services
individualisés ;
préservent la confidentialité des informations concernant les personnes handicapées.
Les informations partagées le sont dans l’intérêt premier de la personne en situation
de handicap et en lien direct avec son projet personnalisé. Par ailleurs, le
professionnel a le devoir de faire cesser toute situation de maltraitance ou
délictueuse ou criminelle afin d’éviter qu’une personne en danger le demeure ;
permettent, à la personne en situation de handicap, l’accès à toute information ou
document relatif à sa prise en charge dont les modalités sont définies par voie
réglementaire ;
questionnent leur pratique professionnelle, afin de l’améliorer et de ne pas perdre le
sens de leur mission et de leur action.
L’ensemble des salariés, quelle que soit leur fonction, évite d’agir ou de décider sur des
critères personnels, évite l’arbitraire, mais se retrouve sur un mode consensuel autour de
valeurs partagées, fondatrices des différentes pratiques et actions professionnelles, et
enracine des compétences et des savoir-faire dans une éthique et une responsabilité
professionnelles partagées. »6
1.1.2 L’histoire de l’ESAT " Arc en Ciel "
Dans l’article 2 des statuts associatifs de l’APAHRC est précisé « créer tout
établissement pour personnes handicapées par l’acquisition, la construction, la location… et
mettre en place toute organisation pour en assurer la gestion et l’administration ».
De fait, après avoir atteint son objectif en 1982 en accueillant les premiers ouvriers au
CAT "Arc en Ciel", la volonté associative et l’engagement de la direction ont poursuivi cette
orientation :
6
-
en adaptant les implantations de la structure au regard des lieux de résidence des
usagers : 1982 à Cholet, la création simultanée de 2 sites externes en 1992 à
Beaupréau et à Villedieu la Blouère ;
-
en s’adaptant aux capacités et attentes des usagers, en tenant compte du contexte
économique et commercial : sous-traitance et espaces verts en 1982, création d’un
atelier protégé en 1995 dans l’objectif de donner une autre perspective de sortie et de
parcours professionnel et social, élevage de canards en 1998 à Maulévrier,
restauration en 2000 pour faire connaître au grand public la place et la compétence
de la personne handicapée au travail et dans la société, prestations en entreprise en
2002, production industrielle en 2005 ;
-
en se réadaptant : fermeture du site de Villedieu la Blouère car aucun ouvrier ne
résidait plus sur place en 2000, fermeture de l’élevage en 2003 suite à l’effondrement
de la filière, transmission de l’atelier protégé à une nouvelle association pour lui ouvrir
de nouvelles perspectives en 2004 ;
-
mais aussi en anticipant : développement des activités de services à partir de 1995,
élaboration d’un projet d’établissement dès 1997, recentrage sur les activités de
nature médico-sociale en 1995 (séparation avec l’atelier protégé) ;
-
également en innovant : travail à temps partiel pour les ouvriers depuis 1989, création
d’une organisation d’accompagnement avec une équipe particulière en 2003, mise en
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place d’une coréférence du parcours de l’usager avec deux professionnels de
formations différentes en 2006.
En 2004, année très difficile, pour la première fois et la seule à ce jour, l’ESAT "Arc en
Ciel" a souffert d’un manque significatif d’activités. Mais riche de sa capacité à rebondir, les
années suivantes furent bonnes, grâce à la mise en place de nouvelles activités : production
industrielle, conditionnement de produits alimentaires et de produits d’entretien ménager
dans les filières biologiques.
Durant cette étape, ont été mesurés la réalité et les effets concrets du travail dans
l’accompagnement de la personne en ESAT. Le manque passager d’activités a été, par la
suite, un stimulant pour les usagers et une confirmation de l’intérêt du travail comme outil
d’accompagnement pour les professionnels.
Fin 2007, l’ESAT accueille 164 personnes dont 1/3 à temps partiel pour 141 places
financées. Le développement de l’accueil assuré par le soutien de projets ambitieux et le
redéploiement des moyens structurels, des équipements, de l’organisation ont été des clefs
de réussite et restent inscrits dans les savoir-faire de l’établissement.
1.2. Le cadre de la mission
1.2.1 Le cadre législatif
Les Centres d’Aide par le Travail ont été créés dans la période d’après guerre, alors
que le pays avait besoin de tous les bras pour sa reconstruction et sa rénovation, la valeur
travail était fondamentale. Il est apparu la nécessité d’encadrer leur fonctionnement par un
recours à la loi.
Les législations, les textes qui en résultent, expriment en partie les normes et les
valeurs d’une époque. En six décennies, la place de la personne handicapée dans la société
a évolué, les structures chargées de les accompagner et les accueillir ont dû suivre cette
évolution.
Les lois du 30 juin 1975.
La loi 75-534 du 30 juin 1975 dite loi d’orientation en faveur des personnes
handicapées affirme « l’accès du mineur et de l’adulte handicapé aux institutions ouvertes à
l’ensemble de la population et leur maintien dans un cadre ordinaire de travail et de vie, à
toute l’autonomie dont ils sont capables ». L’article 30 qui concerne particulièrement les CAT
donne une définition : « Les centres d’aide par le travail, [...] offrent aux adolescents
handicapés, qui ne peuvent, momentanément ou durablement, travailler ni dans les
entreprises ordinaires ni dans un atelier protégé [...], des possibilités d’activités diverses à
caractère professionnel, un soutien médico-social et éducatif et un milieu de vie favorisant
leur épanouissement personnel et leur intégration sociale ».
La loi 75-535 du 30 juin 1975 identifie et positionne les CAT dans le champ médicosocial.
Les textes sont précisés par des circulaires d’application. L’une d’entre elles concerne
plus particulièrement les Centres d’Aide par le Travail.
La circulaire n° 60 AS du 8 décembre 1978.
Elle définit la vocation des CAT, dans son titre 1, à travers une double finalité :
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« Faire accéder, grâce à une structure et des conditions de travail aménagées, à une
vie sociale et professionnelle, des personnes handicapées momentanément ou
durablement incapables d’exercer une activité professionnelle dans le secteur
ordinaire de production ou en ateliers protégés ».
-
« Permettre à celles d’entre ces personnes qui ont manifesté par la suite des
capacités suffisantes, de quitter le centre et d’accéder au milieu ordinaire de travail
ou à un atelier protégé ».
Cette circulaire, si elle vient préciser la spécificité du CAT, pose en même temps les
prémices d’une injonction paradoxale en créant un type d’établissement hybride à la frontière
de l’économique et du médico-social.
La loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002.
La loi 2002/2 comble un manque en promouvant « une meilleure reconnaissance du
Sujet citoyen, en définissant les droits et libertés individuels des usagers du secteur social et
médico-social [...] puis en fournissant des outils propres à garantir l’exercice de ces droits ».
Elle place donc les droits de l’usager au cœur de la rénovation sociale et médico-sociale.
La loi 2005-102 du 11 février 2005.
C’est « la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté
des personnes handicapées ». Elle fait de la question de la participation des personnes à la
vie sociale la pierre angulaire de son action.
La loi définit le handicap : « Constitue un handicap [...] toute limitation d’activité ou
restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une
personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs
fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou
d’un trouble de santé invalidant ». Elle rappelle les droits fondamentaux de la personne dite
en situation de handicap.
Le CAT devient un Etablissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT). « Les
établissements et services d’aide par le travail, qui sont des institutions sociales et médicosociales relevant de la loi du 2 janvier 2002, ont une double vocation : une vocation sociale
d’intégration de la personne handicapée et une vocation économique de production de biens
ou de services. Concrètement, ils accueillent et accompagnent les personnes handicapées
adultes qui n’ont pu acquérir un minimum d’autonomie, et leur assurent un soutien médicosocial et éducatif permettant le développement de leurs potentialités et des acquisitions
nouvelles, ainsi qu’un milieu de vie favorisant leur épanouissement personnel et social. Ils
mettent également en œuvre ou favorisent l’accès à des actions d’entretien des
connaissances, de maintien des acquis scolaires et de formation professionnelle, ainsi que
des actions éducatives d’accès à l’autonomie et d’implication dans la vie sociale, au bénéfice
des personnes handicapées qu’ils accueillent ».
Si la participation des personnes handicapées à la vie sociale reste la première volonté
du législateur, la loi précise le rôle et les missions des institutions chargées d’assurer une
prise en charge spécifique. La double vocation de l’ESAT y est nettement affirmée sans que
soit levée une certaine ambiguïté, du moins dans les faits. Le point de vue retenu au sein de
l’ESAT " Arc en Ciel " est que la vocation économique est constituante de la vocation
sociale.
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1.2.2 Le cadre réglementaire
Un autre texte à dimension départementale influence et balise le projet
d’établissement : " le schéma départemental en faveur des enfants et adultes en situation de
handicap en Maine et Loire 2005-2009".
Un autre texte à dimension départementale influence et balise le projet
d’établissement : le schéma d’organisation sociale et médico-sociale du Maine et Loire 20052009.
En ce qui concerne les ESAT, ce schéma préconise des éléments à prendre en
compte :
- le rôle intégratif des ESAT : ils ont pour mission de permettre, pour les travailleurs
handicapés qui le peuvent, une intégration en milieu ordinaire tout en garantissant le
droit au retour dans l’établissement d’origine en cas d’échec ;
- l’émergence de problématiques nouvelles, en l’espèce une augmentation du nombre de
personnes reconnues présentant un handicap psychique, le vieillissement des
personnes en situation de handicap et de leur famille ;
- la diversification des modes de prise en charge : la création de sections annexes
constituerait une réponse adaptée au maintien de personnes en situation de travail
malgré une fatigabilité liée au handicap en favorisant le temps partiel ;
- le travail en réseau : le développement des collaborations entre les secteurs de
psychiatrie et les structures de travail protégé est encouragé de manière à améliorer
l’évaluation en situation de travail des personnes présentant un handicap psychique ou
cérébro-lésées, pour favoriser une mise au travail et un accompagnement adaptés.
Ainsi il faut souligner la volonté de ce schéma de ne pas limiter l’accueil en ESAT aux
seules personnes déficientes en l’ouvrant à celles qui souffrent sur le plan psychique.
Force est de constater, à la lecture de ces différents textes, qu’un ESAT n’est pas une
structure détachée du contexte et de la société qui l’a généré, le missionne, le contrôle et
finance en partie son fonctionnement.
1.3. La population accueillie : sa problématique et son
évolution
Actuellement, et depuis son ouverture, l’ESAT "Arc en Ciel" accueille essentiellement
des personnes dont la situation de handicap est liée à une déficience intellectuelle plus ou
moins associée à des troubles psychiques.
1.3.1 Une population en évolution
Bien que les problématiques des personnes aient évoluées, les situations de handicap
liées à une déficience intellectuelle prédominent. Cette déficience intellectuelle est de divers
degrés :
- déficience intellectuelle profonde pour quelques personnes ; la proportion de ces
personnes tend progressivement à être très réduite ;
- la majorité des personnes accueillies présentent une déficience intellectuelle
moyenne ; leur proportion dans l’ensemble de l’effectif reste à peu près constante ;
- déficience légère, pour un nombre minoritaire mais croissant de personnes.
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Si, de manière globale, l’importance des problématiques liées à la déficience
intellectuelle tend à diminuer, par contre, tout en étant présents dès l’ouverture, il y a une
importance croissante des troubles psychiques, soit comme facteur principal de la situation
de handicap, soit associés à la déficience intellectuelle. Cette évolution se caractérise par :
- une augmentation significative des personnes présentant des troubles psychiatriques
importants ;
- une augmentation des comportements et d’états psychiques perturbés parmi les
personnes dont la déficience intellectuelle est prépondérante.
Certaines personnes présentent des troubles psychiques graves nécessitant de
manière systématique un accompagnement approprié dans l’ESAT et un soutien
psychiatrique important hors de l’ESAT, leur nombre reste minoritaire.
Par contre, un nombre important de personnes accueillies, environ la moitié de
l’effectif, demande une attention particulière et des modalités d’accompagnement adaptées à
leurs troubles qui, sans être massifs, sont réels. Parmi ces personnes un grand nombre
bénéficie d’un soutien psychiatrique en dehors de l’ESAT.
Les autres personnes accueillies ne présentent pas de troubles psychiques avérés
mais peuvent, de manière exceptionnelle, manifester des comportements souvent liés aux
effets psychiques de leur situation de handicap, être dans des états de souffrance
psychologique pouvant nécessiter certaines interventions.
Pour beaucoup de personnes présentant des troubles psychiques importants, il s’agit
principalement :
- pour celles présentant peu de déficience intellectuelle : de schizophrénie ou autres
psychoses de l’adulte. Elles s’adressent à l’ESAT à l’issue d’une prise en charge
psychiatrique importante permettant une relative stabilisation de leurs troubles, ces
troubles ou leurs séquelles restant trop invalidant pour permettre une insertion ou
réinsertion en milieu ordinaire ;
- pour les autres : de psychoses infantiles s’étant surtout manifestées sur un versant
déficitaire.
Si l’ensemble de ces évolutions fut perceptible dès la création de l’ESAT, depuis
plusieurs années il est constaté une accentuation importante de celles-ci.
1.3.2 La diversité des histoires de vie
Pour la très grande majorité des personnes accueillies, leurs déficiences et leur
situation de handicap se sont manifestées tôt dans l’enfance. Elles ont entraînées des prises
en charge précoces plus ou moins spécialisées. Beaucoup de ces personnes n’ont jamais eu
de véritable insertion " ordinaire " à l’école ou au travail. Il s’agit surtout de personnes dont le
déficit intellectuel était la manifestation prépondérante de leurs difficultés. Ces personnes
sont en général orientées et accompagnées vers L’ESAT par les établissements qui les
accueillent (Institut Médico Educatif, lieux de vie, Foyer occupationnel…)
Une minorité des personnes accueillies, mais en augmentation continue, a eu un
" parcours ordinaire " au moins lors de la scolarité et pour certaines dans le travail et la vie
sociale adulte. Il s’agit plus particulièrement de personnes dont la situation de handicap est
consécutive à des troubles psychiatriques de l’adulte. Ces personnes n’ont pas été dans les
circuits de l’éducation spécialisée, mais s’adressent à l’ESAT après une prise en charge
psychiatrique intense, en général orientées ou accompagnées par les services
psychiatriques.
Pour quelques personnes le parcours est atypique. Certaines sont restées sans
activités dans le milieu familial sans aucune prise en charge. Elles ont éventuellement
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09/07/2008
travaillé en entreprise ordinaire dans des conditions plus ou moins aménagées. Pour
d’autres, le handicap est lié à un accident ou une maladie, elles ont pu avoir auparavant une
insertion ordinaire.
1.3.3 Les demandes, attentes, souhaits exprimés ou manifestés
Globalement les personnes s’adressant à l’ESAT formulent leur demande de manière
plus ou moins explicite. Ce sont souvent des demandes de "protection " quelle qu’en soit la
forme. Il y a beaucoup moins de demandes directes d’intégration sociale hors de
l’établissement.
Se font aussi entendre des demandes de médiation entre le Sujet et ses
environnements, demandes à la fois de protection et d’accès à l’extérieur. Ces demandes
vont se formuler lors de l’accueil et au cours du parcours à l’ESAT. Elles émanent d’autres
institutions, des personnes elles-mêmes ou des familles, les trois pouvant se conjuguer.
Le travail occupe une place centrale dans la majorité des demandes mais avec
différents investissements et représentations allant de : "gagner sa vie ", se
"professionnaliser ", exercer une activité stimulante, et permettre une reconnaissance
sociale jusqu’à avoir une place dans une structure où l’on " est bien ".
Pour les jeunes adultes en fin de prise en charge dans le secteur spécialisé
enfant/adolescent, l’entrée en ESAT se situe dans une continuité.
Ce qui est essentiellement mis en avant dans ces demandes c’est l’accès à une
structure de travail ; ces " jeunes " adultes étant souvent dans une adhésion à la demande
de leurs parents sans véritable autonomie. Il est souvent difficile de savoir quelles valeurs ils
accordent eux mêmes au travail et quels intérêts ils y trouvent.
Si, pour ces personnes, l’entrée en ESAT marque le passage du monde de
l’enfance/adolescence à celui des adultes, leur "appropriation " de cette place d’adulte se
fera souvent, quand elle peut se faire, sur plusieurs années.
Pour un certain nombre de personnes accueillies, du fait de leur immaturité
intellectuelle, affective, sociale ou de leurs déficiences, il est souvent difficile de repérer quel
sens elles donnent au travail et ce qu’elles en attendent. Le travail est souvent pris comme
une obligation mais pas automatiquement vécu comme une contrainte négative, la
dimension de production entrant dans des échanges marchands étant peu appréhendée.
Par contre, pour une grande majorité, le souhait d’être à l’ESAT et d’y rester est
manifeste, bien qu’il peut être difficile pour les professionnels de toujours repérer en quoi
cela "fait sens" pour eux. Il s’avère que pour un certain nombre, l’ESAT est surtout investi
comme un lieu d’accueil, lieu de "vie" différencié des lieux d’hébergement et des lieux
familiaux.
Si, pour certaines personnes, les professionnels sont investis dans une continuité
parentale, la fonction de l’ESAT est surtout celle d’être hors du champ familial et du domicile.
Ainsi, parmi les demandes que peuvent faire entendre ces personnes de manière plus
ou moins ambivalente, il y a celle de pouvoir s’émanciper de la tutelle familiale. L’ESAT est
alors saisi comme l’endroit où cela peut se dire et éventuellement comme médiateur pour le
dire à la famille.
Les personnes qui n’ont pas eu de parcours d’éducation spécialisée sont soit des
personnes dont les troubles psychiatriques sont survenus à l’âge adulte, soit des personnes
déficientes intégrées dans le milieu ordinaire mais ne pouvant s’y maintenir.
Une demande formulée de manière fréquente par ces personnes est celle d’un temps
de transition protégé pour prendre ou reprendre pied dans le monde du travail. La demande
initiale de rejoindre le milieu ordinaire peut s’atténuer et même faire place à une demande
plus ou moins explicite de rester à l’ESAT. Un certain nombre de personnes ayant travaillé
en milieu ordinaire font clairement entendre qu’elles ne souhaitent pas y retourner, trouvant à
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l’ESAT, à la fois un travail accessible et un soutien relationnel. Pour les personnes
adressées par les services de santé mentale, la demande est aussi de pouvoir quitter
l’hôpital, en ayant un travail.
1.3.4 Les causes et effets des évolutions de la population accueillie.
Des constats, des causes, les analyses dégagées et les implications qui en découlent,
orientent la réflexion dans l’établissement et guident les actions.
Deux types de constats sont prépondérants dans l’accueil des ouvriers à l’ESAT :
Les personnes présentant une déficience profonde ont de plus en plus de difficultés à
trouver une insertion satisfaisante dans l’ensemble de la structure. Alors comment
peuvent-elles encore accéder à un travail réalisable, stimulant et facteur
d’épanouissement ? Quels bénéfices particuliers peuvent-elles en attendre ?
- L’augmentation importante des manifestations et expressions de souffrance
psychique. Comment les prendre en compte dans l’établissement en adaptant le
travail et l’accompagnement ? Comment articuler les collaborations avec les autres
professionnels (santé mentale, hébergement…) ?
-
Des évolutions significatives sont constatées depuis plus de dix ans : la baisse du
nombre de personnes accueillies présentant une déficience intellectuelle profonde et
l’augmentation des problématiques liées aux troubles et souffrances psychiques. Elles sont
le résultat de plusieurs causes :
-
-
D’une part, des facteurs externes :
des structures plus adaptées se développent pour les personnes plus dépendantes et
pour qui le travail ne présente pas une stimulation suffisante (Foyer Occupationnel,
Centre d’Accueil de Jour…) ;
les établissements en amont et les CDAPH7 orientent moins vers les ESAT les
personnes ayant des déficiences intellectuelles importantes ;
les autorités de tarification demandent aux ESAT d’intégrer plus de personnes ayant
des troubles psychiques ;
le monde professionnel ordinaire exige plus de technicité, d’adaptabilité… des
personnes en difficultés (intellectuelles, psychiques…) ne peuvent s’y maintenir ;
les travaux proposés aux ESAT évoluent vers des tâches plus complexes. De moins
en moins de travaux simples restent ainsi accessibles aux personnes ayant peu de
capacité. Dans le même temps, cette évolution induit l’accueil d’un certain nombre de
personnes ayant potentiellement plus de compétences techniques.
D’autre part, une dynamique interne favorisée par l’évolution des pratiques
professionnelles à l’ESAT " Arc en Ciel " :
- le choix fait, lors du projet précédent, de donner un accès plus important à
l’expression des personnes accueillies leur a permis de faire entendre leurs états de
souffrance psychique sur d’autres modes que déficitaires et infantiles ;
- le choix de favoriser l’exercice de la citoyenneté dans l’établissement en développant
des instances de délégation et représentation sollicite des compétences de
communication et de compréhension plus importantes ;
- le choix d’optimiser les compétences de l’établissement par la formation des
professionnels, la création d’une équipe de travailleurs sociaux développant des
actions extraprofessionnelles, a permis un changement de regard et d’intervention de
l’établissement plus sensible aux problématiques psychiques.
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Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées
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Cette prise en compte des souffrances psychiques, par son souci accru d’écoute et
d’attention aux manifestations des personnes, a participé à améliorer la prise en compte de
l’expression de toutes les personnes accueillies à l’ESAT, même celles ne souffrant pas de
troubles psychiques.
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Partie 2
L’ESAT "Arc en Ciel " : des choix et leur mise en
œuvre au service d’un public
2.1. Les approches théoriques
2.1.1 Une approche non dogmatique
Les fondements théoriques des interventions mises en œuvre à l’ESAT, l’analyse des
problématiques rencontrées s’appuient sur les apports des sciences humaines montrant que
le Sujet est héritier d’histoires relationnelles, sociales, culturelles. La " manière d’être au
monde " du Sujet se construit à partir de toutes ses interactions avec son environnement et,
pour une grande part, inconsciemment.
Le Sujet est considéré comme échappant toujours à un savoir absolu sur lui. Il ne peut
pas être le fruit de causalités simples, immédiates, comportementales ou cognitives, il est
toujours potentiellement dynamique et en devenir.
Les problématiques rencontrées sont appréhendées d’une manière non dogmatique et
dans une interdisciplinarité par une approche à la fois analytique et systémique, c'est-à-dire
prenant en compte la multiplicité des causes environnementales, interrelationnelles et
intrapsychiques.
Les démarches de réflexion, sous-tendant les actions, consistent donc à se laisser
interroger au maximum par le Sujet. Cela nécessite une lecture plurielle et confrontée en
équipe des différentes expressions et manifestations, conscientes et inconscientes.
Les interventions tendent à être d’abord pragmatiques en cohérence avec l’éthique du
Sujet à laquelle se réfère le projet associatif qui engage tous les professionnels de l’ESAT.
2.1.2 Une éthique du Sujet
Au-delà de ses caractéristiques physiologiques, sociales, familiales, de son parcours,
de ses performances et de ses déficiences, la personne accueillie à l’ESAT est prise en
compte avec sa dimension de Sujet à part entière, c'est-à-dire, irremplaçable, inaliénable,
inappropriable, inassignable, irreproductible.
Quels que soient le niveau d’efficience intellectuelle, l’intensité des troubles psychiques
ou le degré d’immaturité affective de la personne, en tant que Sujet, il ne peut pas être réduit
à son handicap ou à sa pathologie.
Comme Sujet, la personne accueillie :
- ne peut pas être assimilée à un objet d’étude, pour déterminer ses besoins, son bien,
qui impliquerait la recherche, la récolte et la diffusion sans limite de toutes
informations la concernant ; ce qui réduirait la personne à un objet, à socialiser, à
éduquer, à soigner ;
- ne peut pas être dépossédée des actes qu’elle pose, même si elle n’a pas
automatiquement à en subir toutes les conséquences ; ces actes ont à être entendus
comme manifestation subjective et pris en compte en tant que tels ;
- est potentiellement porteuse de paroles signifiantes qui sont l’actualisation de sa
position subjective quelle que soit la forme de ces mises en parole : actes,
comportements, attitudes…
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La reconnaissance de cette personne comme Sujet passe par la reconnaissance de
son expression propre.
2.2. Une mission médico-sociale : des principes et des
spécificités
La finalité de l’aide et du soutien vise à favoriser globalement le développement de
l’indépendance, de l’autonomie, l’exercice de la citoyenneté, la création de lien social et le
mieux-être affectif et existentiel de la personne. L’indépendance est entendue dans l’idée de
" pouvoir faire seul " et l’autonomie de " pouvoir décider seul ".
Pour mener cette mission d’aide, il est important de prendre en compte l’inégalité des
positions dans la relation d’aide et le soutien, où l’un des partenaires est plus ou moins
dépendant et hétéronome vis-à-vis de l’autre. Cela peut entraîner des risques de
maltraitance sous forme d’abus de pouvoir ou de négligence sur lesquels il faut rester
vigilant.
Cette réalité est prise en compte dans la conception, la mise en œuvre concrète et les
modalités de l’aide à l’ESAT "Arc en Ciel".
Ainsi, chaque professionnel a conscience qu’il n’est pas à la même place que l’usager.
Leur position n’est pas équivalente dans la relation : ce qui est attendu de l’un envers l’autre
n’est pas réciproque.
L’aide est conçue dans une perspective double :
- de promotion de la personne : développement de ses capacités, de sa socialisation,
de son intégration.
- de protection de la personne : compensation de ses incapacités dues à ses
déficiences pour réduire sa situation de handicap.
L’aide apportée à l’ESAT "Arc en Ciel" est mise en œuvre sous la forme et dans un
esprit d’accompagnement.
2.2.1 Une aide se référant à une éthique du Sujet.
Toute intervention de l’ESAT est orientée par cette " éthique du Sujet ".
Nul ne peut savoir de manière absolue et au préalable ce qui est bien pour l’autre (ni
les professionnels, ni les proches).
Il n’y a pas d’idée préconçue par l’accompagnateur de là où l’autre doit aller et de ce
qu’est un bon parcours pour l’autre.
Tous ses actes, expressions et manifestations sont pris en compte.
A l’ESAT "Arc en Ciel " la personne en situation de handicap accueillie est nommée
selon les circonstances :
- "usager " comme bénéficiaire de prestations d’un établissement médico-social,
- " ouvrier " comme participant à une activité de travail productif.
- " travailleur handicapé " sur le plan administratif.
A ces différents titres, elle bénéficie de l’intégralité des droits attribués par les textes de
loi, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la charte des Droits et Libertés de la
personne accueillie. Des aspects plus détaillés sont développés dans le livret d’accueil fourni
lors de l’entrée dans l’établissement.
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2.2.2 Le choix de l’accompagnement comme modalité de l’aide
Quelles que soient les modalités d’intervention de la structure et des professionnels
dans leurs actions d’aide vis-à-vis des personnes accueillies, la relation avec elles est une
relation d’accompagnement.
L’accompagnement est une position relationnelle, une manière d’être auprès de la
personne, dans la relation d’aide engagée avec elle, qui tient compte et respecte sa
dimension de Sujet. Cette position d’accompagnement engage tous les professionnels de
l’établissement.
Le terme " accompagnement " a un sens large. L'accompagnement est à la fois un
terme générique englobant les différentes modalités d'aides (éducatives, thérapeutiques,
pédagogiques) et une manière particulière de "prendre quelqu'un en charge". Au terme
" accompagner " (idée de mouvement : se joindre à quelqu'un pour aller où il va en même
temps que lui), le dictionnaire renvoie alors aux autres verbes : "conduire, escorter, guider".
L’ensemble des interventions d’aide auprès des personnes accueillies à l’ESAT peut
prendre des formes de protection, de guidance, voire d’éducation. Le choix est de retenir
plus particulièrement dans cette notion d’accompagnement l'idée de deux partenaires dont
l'un, l'accompagnateur (le professionnel), se joint à l'autre (le Sujet), pour aller où il va. Ce
n'est pas l'accompagnateur qui décide où l'autre doit aller, mais il fait offre de présence et
d’appui.
A l’ESAT "Arc en Ciel", l’usager est accompagné dans sa dynamique, ses attentes, ses
souhaits, ses envies, ce parcours pouvant éventuellement se concrétiser dans des projets.
2.2.3 L’accompagnement : un parcours et une présence
Un parcours
Pour l’ESAT, parler de parcours sous-tend la notion de dynamique dans une durée, de
chemin parcouru, mais laisse de côté ou n’implique pas systématiquement progrès,
transformation ou changement radical.
Le parcours est toujours propre au Sujet, il n’y a pas de parcours standard ou préétabli.
La visée et la manière dont le parcours va s’effectuer, son rythme, ses détours, ses pauses
sont les siens.
Une présence
La présence est celle de l'accompagnateur, celui qui accompagne, module sa présence
et ajuste en permanence sa distance relationnelle en fonction des finalités de l’aide qu’il vise.
C'est être auprès, à côté, devant, derrière, ni trop près, ni trop loin, savoir ne plus être
présent, entendre l'autre et pouvoir se faire l'écho et le porteur de sa parole, sa souffrance,
son silence.
Pour le professionnel, l’accompagnement implique de :
- ne pas décider pour ou à la place de la personne accompagnée,
- se donner les moyens d’entendre ce qu’elle veut,
- faire entendre ce qu’elle manifeste,
- ne pas émettre de jugement,
- être là, accessible, disponible.
Si les professionnels peuvent occuper diverses fonctions pédagogiques, éducatives,
soignantes, d'animation, penser leurs actions en termes "d'accompagnement", alors ils ont la
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09/07/2008
volonté de laisser à l'autre, quelles que soient ses difficultés, le maximum de place pour
exister comme personne et comme Sujet.
Dans l'idéal, "accompagner" c’est tendre à s'effacer pour que l’autre puisse prendre
sa place de la manière la plus autonome possible. Cela ne veut pas dire l’abandonner, le
laisser seul dans sa confrontation à l’environnement et à lui-même.
2.2.4 Un accompagnement guidé par des principes fondamentaux
Le service s’adapte à l’usager et non l’inverse. Un service adapté à l’usager nécessite
de rechercher et de maintenir une souplesse de fonctionnement. Les aides apportées dans
leurs formes, leurs fréquences, leurs durées, seront au maximum modulées en fonction des
situations personnelles et de leurs évolutions ainsi que des moyens mis à la disposition par
l’ESAT.
L’usager acteur de son parcours.
Dès la demande d’entrée jusqu’à sa sortie de l’établissement, l’accompagnement vise
à ce que la personne accueillie soit le plus possible à l’initiative des actions menées la
concernant. La recherche de son expression est donc posée comme préambule à toute
analyse et action menée.
Un parcours personnel, des perspectives d’accompagnement personnalisé
Le parcours à l’ESAT peut prendre diverses formes : statiques, évolutives,
progressives, régressives…
Le parcours de l’usager est sous-tendu par ses attentes, ses souhaits, ses désirs, voire
ses projets lorsqu’il est en mesure d’en élaborer. Cependant l’utilisation de la notion de
"projet " comme idée de transformation de la réalité actuelle et d’anticipation de l’avenir, se
fait avec précaution.
D’une part, le projet, dans sa dimension temporelle d’anticipation de transformation du
présent, n’est pas accessible à tous, en particulier d’un point de vue cognitif. D’autre part,
certains usagers, ne peuvent ou ne souhaitent pas faire de projet compte tenu de leurs
problématiques psychiques.
Par ailleurs tout un chacun, sans problématique particulière, peut, au cours de sa vie
ou à des moments, faire le choix de ne pas avoir de projet particulier sinon celui de souhaiter
que les choses restent en l’état. Aussi une volonté systématique de susciter et d’attendre du
projet peut mettre en difficulté des usagers, être vécu comme oppressant, voire persécutif.
L’insistance institutionnelle pour que tout parcours soit envisagé en terme de projet ne peut
pas être une ligne de conduite au risque de générer de la maltraitance.
Le " cheminement " de l’usager à l’ESAT Arc en Ciel est nommé Parcours Personnel.
Les professionnels élaborent des Perspectives d’Accompagnement Personnalisé
(PAP), en lieu et place de projets individualisés, répondant le plus possible aux attentes et
souhaits de l’usager et tenant compte du contexte de l’ESAT.
Des perspectives, pas une obligation de résultat
L’ESAT est tenu par une obligation de résultat en termes de moyens à mettre à
disposition, dans la mesure de ses possibilités. Il ne peut, par contre, y avoir d’attente
systématique vis-à-vis des usagers dans le sens d’une augmentation des capacités
professionnelles, de socialisation ou d’amélioration de comportement. Ce qui est recherché
et attendu est le " mieux-être " ou le moins de " mal-être " possible de la personne dans la
globalité de sa vie et accompagnée en particulier dans ce contexte d’aide par le travail.
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Ainsi les bilans et évaluations, quelles que soient leurs formes, portent sur la qualité et
la pertinence du service rendu plutôt que sur l’évaluation de la personne elle-même.
Un accompagnement partagé
La relation d’aide, dans un cadre professionnel, peut volontairement ou pas entraîner
de la part de l’un ou l’autre des protagonistes des investissements ou des
désinvestissements inadaptés (possession, despotisme, exclusivité, attachement
inapproprié, familiarité, rejet, exclusion…).
Pour ne pas restreindre l’accompagnement à une relation uniquement duelle et ne pas
en faire porter à un seul professionnel l’essentiel de la responsabilité, systématiquement
deux d’entre eux auront une place d’interlocuteur privilégié pour l’usager. Il s’agit du
responsable de l’atelier principal où travaille l’usager et d’un autre travailleur social
correspondant de cet atelier.
Pour éviter les risques d’une relation transférentielle abusive voire aliénante dans
l’accompagnement, le choix est fait concernant les professionnels de ne pas parler de
référent de la personne accueillie. Ces deux professionnels dénommés " accompagnateurs "
ont en priorité la responsabilité de l’élaboration des perspectives d’accompagnement
personnalisé de l’usager et de leur mise en œuvre, le souci de sa place et de son parcours à
l’ESAT.
L’usager a bien sûr accès aux services que peuvent apporter l’ensemble des autres
professionnels de l’ESAT.
2.2.5 L’utilisation du travail protégé comme moyen spécifique de soutien et
d’aide
Le caractère paradoxal de l’ESAT, institution médico-sociale ayant à s’appuyer sur une
production économique, implique qu’il soit nécessaire de différencier activité, travail et
emploi. A l’ESAT, les personnes accueillies ne sont pas en situation d’emploi. Elles n’ont pas
un statut de salarié mais d’usager d’un service. La finalité de la structure c’est l’aide à la
personne, le travail, support de cette aide, est considéré comme une valeur qui peut être
comprise de différentes façons.
L’ESAT est le lieu de nombreuses activités. Parmi elles, le travail occupe une place
essentielle, dans son sens commun d’action et de transformation ayant un effet constatable
et entrant dans l’échange marchand. Le travail fait la spécificité de l’ESAT parmi les
institutions médico sociales.
Ce mot « travail » est un signifiant clé, c’est un repère symbolique vis-à-vis duquel
chacun se positionne et se manifeste à l’ESAT :
- pour les usagers cela se formulera de diverses manières : " je veux ou pas travailler ",
" j’aime pas cet atelier, je veux changer de travail… ". C’est en premier lieu à partir et
par rapport au sens qu’il donne au travail, que l’usager manifestera en ESAT sa
position de Sujet ;
- pour l’institution, le travail est, dans son application comme activité de production, un
moyen et non une finalité. Il implique malgré tout un ancrage dynamique dans une
réalité sociale ordinaire.
Les personnes accueillies passent la grande majorité de leur temps en activité de
production. Ainsi la principale aide apportée, sans être exclusive, va se situer dans ce cadre,
en lien direct ou indirect avec cette activité de production. C’est donc principalement dans ce
contexte, que les ouvriers sont en relation aux autres et créent du lien social à l’ESAT.
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L’activité de production est support d’acquisitions, facteur de reconnaissance, de
valorisation sociale et de possibilité d’insertion et intégration plus large. Chaque usager doit
donc trouver un intérêt et un bénéfice à être accompagné en activité de production. Sa
manière de l’investir et l’aide qu’il y trouve sont variables en fonction de ses propres
représentations du travail et du sens qu’il lui attribue.
S’il peut aussi l’envisager comme tremplin pour s’insérer en entreprise adaptée ou en
situation ordinaire de travail, il peut de même considérer qu’un ESAT est et restera son
unique lieu de travail, sans envisager un autre parcours professionnel. L’activité de
production peut aussi n’être qu’une opportunité de participer à une organisation qui prend
sens, pour lui et son entourage, comme facteur relationnel et d’aide.
2.2.6 La prise en compte de la dimension de soin
L’intensification des problématiques psychiques a conduit l’établissement à prendre
en compte de manière plus conséquente la dimension de soin, tout en ayant la volonté de
ne pas « psychiatriser » l’ensemble des accompagnements proposés dans la structure.
Il s’agit de :
- prendre en compte, dans toutes les actions d’accompagnement, la souffrance
psychique des Sujets, sans la dénier ou la minimiser ;
- pouvoir entendre cette souffrance ;
- penser et d’organiser les conditions matérielles et relationnelles du travail en prenant
en compte les troubles psychiques ; la " mise au travail " ne doit pas être facteur de
plus de souffrance, mais tendre à l’atténuer ;
- permettre aux personnes de trouver et d’accéder aux aides les plus appropriées :
en offrant dans le dispositif de l’ESAT, pour ceux qui peuvent y accéder et le
souhaitent, des espaces de soutien psychologique, d’expressions, de paroles et
d’élaboration.
en permettant au maximum le recours aux lieux de soin (service public de santé
mentale, consultation privée).
de pouvoir articuler l’accompagnement de l’ESAT avec les actions thérapeutiques
extérieures.
2.3. Une mission d’aide et de soutien par le travail : sa mise en
œuvre
Pour mener à bien cette aide tout en se préservant au maximum des risques évoqués,
des moyens sont spécifiquement mis en œuvre parmi lesquels :
-
une équipe interdisciplinaire avec des compétences croisées ;
un partage de l’accompagnement direct de l’usager par deux professionnels, un
responsable d’atelier et un correspondant d’atelier, auxquels peuvent se rajouter
d’autres intervenants en fonction des situations ;
un dispositif formalisé d’observations, d’analyses et d’élaboration des perspectives
d’actions en vue de la réalisation de l’avenant au contrat de soutien et d’aide par le
travail ;
une technicité au service du recueil de l’expression de l’usager (entretiens, jeux de
rôle, mimes, jeux dramatiques) ;
une souplesse d’organisation permettant la personnalisation des parcours et
l’émergence de pratiques innovantes.
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2.3.1 L’accueil
Chaque demande d’entrée est instruite dès lors que le candidat et/ou son représentant
a exprimé dans un courrier son désir d’être soutenu et accompagné dans cet établissement
médico social particulier qu’est l’ESAT.
Lorsque l’entrée est prononcée et dès le premier mois de l’accueil, l’usager est
consulté pour élaborer et signer le contrat de soutien et d’aide par le travail ainsi que, dans
les six mois, l’avenant qui le personnalise.
Pour le déroulement de la démarche de consultation de l’usager, des moyens directs
(questionnaire, entretien, etc.) sont mis en place avec ceux qui ont les capacités de
s’exprimer facilement, ce n’est pas le cas de tous. D’autres techniques alternatives sont
développées en fonction des personnes. Il s’agit de techniques d’aide à l’expression utilisant
pour support les arts plastiques, les jeux de rôle et le mime. Cette parole est recueillie par le
responsable d’atelier et/ou le correspondant d’atelier. Elle va venir alimenter le Bilan des
Accompagnements Professionnels et Sociaux - BAPS.
2.3.2 Les Bilans des Accompagnements Professionnels et Sociaux : BAPS
Le temps de l’analyse
Le BAPS est un temps de rencontre formelle entre l’usager et les professionnels
directement engagés dans son accompagnement, il a la possibilité d’y participer sans y être
contraint. S’il n’y est pas présent, un temps d’échange plus adapté lui sera proposé. Le
BAPS a lieu à l’issue de la période d’essai puis tous les deux ans.
Le recueil des éléments est principalement le fait du responsable et du correspondant
de l’atelier selon les techniques évoquées ci-dessus. Ils viennent alimenter le Bilan des
Accompagnements Professionnels et Sociaux, temps de réunion rassemblant ces deux
interlocuteurs et le psychologue de l’établissement. Celui-ci, en position de tiers accompagne
la réflexion et l’analyse des observations cliniques. Il favorise la compréhension des
problématiques en apportant des éclairages théoriques.
Lors de ces bilans l’usager aura la possibilité :
- De se faire entendre sur un temps qui lui est consacré.
- D’entendre les professionnels, d’être interpellé par eux, de savoir dans quel sens ils
agissent ou ils ont l’intention d’agir (qu’est-ce qu’ils se proposent de faire ?).
- D’avoir eu la possibilité de se positionner, de donner son avis ou de se manifester par
rapport aux interventions ou perspectives d’interventions des professionnels.
Le BAPS pour les professionnels est le temps formel et interdisciplinaire de partage de
l’information, d’analyse et d’élaboration des PAP (Perspectives d’Accompagnement
Personnalisé), qui vont aboutir à la rédaction de l’avenant au contrat de soutien et d’aide par
le travail.
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2.3.3 Les Perspectives d’Accompagnement Personnalisé : PAP
Le temps de la formalisation
A partir des attentes et souhaits exprimés ou des différentes interprétations des
manifestations de l’usager, les professionnels élaborent dans une approche interdisciplinaire
des perspectives orientant leurs actions le concernant.
Ce travail est formalisé dans le compte-rendu du travail d’élaboration de
l’accompagnement personnalisé. Il pose les souhaits et attentes de l’usager tels qu’ils ont pu
être recueillis, une synthèse du Bilan des Accompagnements Professionnels et Sociaux ainsi
que les analyses et propositions d’actions posées par les professionnels. Ce compte-rendu,
versé au dossier de l’usager, est un outil de travail interne. Il n’a pas vocation à être transmis
aux différents partenaires. A partir de cela, des allers retours ouvrier / professionnels sont
institués, dans un esprit de négociation si nécessaire, pour aboutir au document final.
Ce document final comprend, sous la forme de l’avenant au contrat de soutien et d’aide
par le travail, une synthèse des éléments permettant l’élaboration d’un accompagnement
personnalisé. Il pose les perspectives globales des actions à mener et les décline sur les
plans professionnels, extra-professionnels et personnels. Ces perspectives précisent le sens
global des interventions, leur finalité, la ou les différentes modalités d’accompagnement à
mettre en œuvre. Elles peuvent se décliner, le cas échéant, en divers objectifs concrets et
prendre la forme de projet pour les usagers le souhaitant.
L’avenant est succinct et ne prend volontairement pas en compte l’ensemble des
éléments de la vie de la personne concernée sur le temps de prise en charge à l’ESAT. Ce
n’est pas un compte-rendu de synthèse mais une feuille de route portant sur des éléments
sélectionnés et définis avec la personne concernée. C’est ce document qui est signé par
l’usager, son représentant si nécessaire, le responsable d’établissement. Il est joint au
contrat de soutien et d’aide par le travail, lui donnant ainsi sa dimension personnelle.
2.3.4 La mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé
Le temps de l’action
La circulaire 60 AS définit des soutiens de premier type liés à l’accompagnement et au
soutien direct par le travail (apprentissage, adaptation du poste…) et des soutiens du 2ème
type ayant lieu en dehors de l’action de production (apprentissages transports, maintien des
acquis scolaires…). Cela peut laisser croire que leur mise en œuvre est cloisonnée et affaire
de spécialistes. Il n’en est rien.
La signature de l’avenant personnalisé au contrat de soutien et d’aide engage
l’ensemble de la structure et tous les professionnels de l’ESAT, chacun avec ses spécificités
et dans sa spécialité. L’ensemble de ces interventions tient compte de la personne dans son
environnement. Si les effets attendus et obtenus bénéficient à l’usager dans la globalité de
sa vie, il n’y a cependant pas, a priori, d’intervention directe de l’ESAT sur son hébergement
et ses loisirs.
Les soutiens dans les activités de production
Pour que cet accompagnement soit une aide il est nécessaire que le travail soit investi,
qu’il soit source d’intérêt, débouche sur une production concrète et ne soit pas facteur de
25
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souffrance. Pour cela le travail et ses conditions d’exercice sont adaptés aux compétences,
aux potentiels et aux intérêts de l’usager à travers :
-
-
la possible mise en place d’apprentissages professionnels ;
la variété des activités proposées et leur complexité ;
la nature des postes et de l’organisation ;
une activité en interne ou en externe, en équipe ou seul, avec des degrés de
collaboration différenciés ;
un contact obligé avec des personnes extérieures ou non ;
l’implantation en milieu ordinaire ou non ;
une gestion autonome, semi autonome ou non ;
la possibilité de moduler les temps de travail (temps partiels) ;
la possibilité d’accéder à différents lieux et types de travail ;
la prise en compte de l’ergonomie du poste :
spécifiquement adapté
légèrement aménagé
non aménagé
les implantations géographiques différenciées.
C’est ainsi que le travail est organisé en groupe favorisant les contacts et les
interactions pour les uns, en postes individuels pour les autres. Il est traduit, si nécessaire,
sous forme de consignes simples pour le rendre accessible. Il est manuel ou mécanisé. Il est
posté ou demande de fréquents déplacements. Il s’effectue en extérieur ou en atelier. Il
nécessite un contact direct avec le client ou protège celui qui l’exerce d’une agression trop
forte de l’environnement.
Quoi qu’il en soit, le professionnel responsable d’atelier respecte le choix ou la
perception de chacun. Il est conscient de sa propre place dans le dispositif. Cela signifie qu’il
n’est ni un chef d’entreprise, ni un rééducateur, ni un professeur du technique, ni un
thérapeute. Il est cependant un peu tout cela, pouvant intervenir, à un moment donné, sur un
mode éducatif avec l’un, pédagogique avec un autre ou avec le même avec ces différents
modes à des moments différents. Il prend soin des membres de l’équipe de travail en leur
apportant écoute et attention. Ces observations cliniques contribuent à l’analyse des
situations dans un lien étroit avec le correspondant de l’atelier. Pour se faire, cela nécessite
de leur part un esprit d’ouverture évitant le recours systématique aux représentations
personnelles.
L’activité de production n’est pas uniquement le temps de la mise au travail et des
apprentissages professionnels, c’est aussi un lieu de vie sociale par l’insertion et l’intégration
dans un groupe. Elle permet l’exercice d’une citoyenneté par la mise en place de temps de
réunions d’atelier, de dispositifs de représentation. L’ensemble de ces accompagnements
prend en compte les difficultés particulières et les états psychiques de l’usager. Celui-ci
bénéficie conjointement, dans ce cadre, de soutiens extra-professionnels.
Les soutiens extra-professionnels
Leur champ d’intervention se situe essentiellement dans le cadre et sur le temps de
prise en charge globale de l’ESAT. Ce sont les soutiens qui ne sont pas directement liés à
l’action de travail productif.
Dans un contexte lié à la situation de travail, ils favorisent un accès à l’indépendance et
à l’autonomie dans les actes de la vie courante (déplacements, prises de repas, hygiène
santé, orientation dans l’espace et le temps….). Ils permettent d’expérimenter la vie avec et
parmi les autres et tendent à promouvoir l’exercice de la citoyenneté en soutenant les
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personnes dans des espaces de représentation. Ils offrent des moments et des lieux
d’expression et de développement personnel. Ils visent à développer le mieux-être affectif et
existentiel. Les ateliers d'expression artistiques : peinture, arts et volumes sont les moyens
au service d'un enrichissement personnel. D'une part, ils permettent un espace d'expression
libre, original où le plaisir et la liberté d'idées ont toute leur place et, d'autre part, le travail
réalisé est vecteur d'ouverture sociale, de rencontre, de reconnaissance au travers des
expositions, vernissages, ventes, articles de la presse… ce ne sont pas des ateliers à visées
thérapeutiques.
Ils sont menés par les professionnels de l’ESAT et à ce titre une équipe avait
spécialement été constituée pour exercer ces soutiens. Elle était jusqu’à présent nommée :
l’équipe des accompagnements extra professionnels (A.E.P). Or le responsable d’atelier qui
met en œuvre un temps d’écoute systématique, tient compte de l’état psychique, apaise,
rassure, se situe bien également dans la mise en œuvre des soutiens du deuxième type.
Aussi, la réflexion menée autour de l’écriture de ce projet d’établissement, amène à
requalifier aujourd’hui le nom de l’équipe (A.E.P.) même si son champ d’action et les
compétences de ses membres les destinent à l’exercice plus spécifique de ces soutiens. La
mission qui leur est plus particulièrement confiée aujourd’hui est un travail de collaboration.
Ils sont garants de l’organisation pour l’élaboration et la mise en œuvre conjointe avec les
responsables d’atelier des parcours personnalisés. Ils sont donc nommés équipe des
correspondants d’atelier. Dans ce cadre, ils continuent à exercer leur spécialité avec le souci
d’interdisciplinarité : observation clinique et analyse de situation, mise en place de lieux et
techniques d’expression, soutien à la représentation, accompagnement au développement
de l’indépendance et de l’autonomie, etc.
Le psychologue et le psychomotricien complètent le dispositif en participant au soutien
direct de l’usager mais aussi à celui de l’ensemble de l’équipe de professionnels.
Enfin un certain nombre de soutiens extra professionnels est confié à des prestataires
extérieurs (permis de conduire, indépendance dans la prise des repas, apprentissage
lecture, atelier écriture…), l’ESAT n’étant pas conçu comme un lieu clos mais comme un lieu
d’ouverture. De plus, certaines actions font appel à des compétences et des moyens qui
n’existent pas en interne.
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Partie 3
L’ESAT " Arc en Ciel " : des ressources, des
dispositifs et ses choix organisationnels
3.1. Les ressources humaines
Dans un établissement médico social les professionnels sont la principale ressource
permettant la mise en œuvre de la mission envers l’usager. La qualité du service apporté
dépend des compétences de chacun d’entre eux dans son champ d’intervention, des
complémentarités, de l’organisation permettant la collaboration et l’articulation des actions.
Les ressources humaines représentent donc le principal levier d’action, du changement et de
l’évolution des pratiques professionnelles. Elles créent aussi pour les salariés des conditions
d’exercice de leur travail satisfaisantes qui permettent l’expression de leur investissement.
La reconnaissance de la personne en situation de handicap comme Sujet, point de départ et
d’appui du projet associatif et de ce projet d’établissement engage tous les professionnels
œuvrant à l’ESAT "Arc en Ciel". Quelles que soient leurs fonctions dans l’établissement, la
qualité de la relation à l’usager, la capacité et la volonté à collaborer sont indispensables.
Ce principe fondamental est au centre du management pratiqué par la direction et
l’encadrement de l’établissement.
3.1.1 Une diversité de professionnels
En tant qu’établissement, l’ESAT "Arc en Ciel" se structure autour de professionnels
permettant d’en assurer la direction, l’administration, la gestion et les services généraux, sur
des contrats de travail divers dont des emplois aidés. Dans une institution médico-sociale,
l’ensemble de ces personnels trouve sa légitimité première dans l’accueil des usagers qui lui
sont confiés. Ainsi, la secrétaire prend le temps de l’écoute téléphonique ou de l’accueil
physique pour répondre à une inquiétude, explique et réexplique comment se remplit le
formulaire. La comptable a le souci de décrire les subtilités de la feuille de paie, elle peut
alerter sur l’étrangeté du comportement, l’état de fatigue d’un usager. Le personnel de
cuisine prend soin d’un régime particulier. Cela concourt à l’exercice d’un soutien direct ou
indirect et participe à l’accompagnement et au service rendu. Les différents bureaux sont
donc accessibles aux personnes accueillies.
Des professionnels de l’aide à la personne viennent aussi apporter leurs compétences
au service de l’usager. Ce sont des travailleurs sociaux. La spécificité d’un ESAT liée à la
place particulière du travail, comme un des moyens de l’accompagnement, nécessite que
certains d’entre eux (les responsables d’atelier) aient une formation technique à la mise en
œuvre d’une production, à l’encadrement de personnes en situation de travail et au
développement de leurs capacités par l’apprentissage.
Le psychologue intervient directement auprès des usagers qui en expriment le besoin.
Par ailleurs le psychologue a une mission d'accompagnement et de formation des équipes
de travailleurs sociaux, individuellement, en réunion d'équipes et plus particulièrement lors
des bilans d'accompagnements professionnels et sociaux des usagers. A la demande de la
direction, il peut apporter réflexions, analyses et éclairages. Le psychomotricien intervient
techniquement auprès des usagers, il conseille les différents professionnels et participe à
l'interdisciplinarité.
La direction et l’encadrement ont le souci de poser une organisation permettant que
tous ces professionnels, s’ils sont affectés à des postes différents, participent à une mission
au service de l’usager. Ils sont interdépendants et leur spécialité est aussi au service des
autres professionnels. Plutôt que de pluridisciplinarité, il est question à l’ESAT "Arc en Ciel"
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d’interdisciplinarité. Le partage de responsabilité et la collaboration au sein d’une même
équipe, entre la comptable et le responsable d’atelier ou entre la secrétaire et le
correspondant d’atelier se veulent des illustrations concrètes de ce principe.
3.1.2 Un management participatif
Le management participatif n’est pas un système de gestion collective. Il est choisi par
la direction et l’encadrement de l’ESAT comme le modèle le plus adapté à la complexité de
la mission au service de l’usager, il est respectueux des collaborateurs et est le mieux à
même de permettre l’expression des compétences à travers la responsabilisation. Il promeut
la délégation et ouvre le champ à l’innovation et la créativité, la direction restant garante de
l’accomplissement de la mission. La concertation et les espaces permettant l’information,
l’expression des avis, l’élaboration et le recueil des réflexions, sont développés sur des
temps formels de réunions d’équipe, de rencontres institutionnelles. Les instances
représentatives du personnel sont respectées dans la plénitude de leurs attributions. Cela
participe d’une volonté affichée de rechercher et prendre en compte les éléments contributifs
à la prise de décision.
Ce projet d’établissement a lui-même fait l’objet d’une large consultation à travers
l’élaboration d’un diagnostic partagé, la constitution d’un comité d’écriture, et des rencontres
régulières pour restituer et faire part de l’avancée des travaux.
3.1.3 Une politique de recrutement
Depuis de nombreuses années, le choix a été fait d’une recherche de compétences à
travers des parcours diversifiés et la mise en œuvre de l’interdisciplinarité. L’ouverture
d’esprit, la capacité à douter et s’interroger en collaborant, la capacité à laisser de la place à
"l’autre", usager, et l’envie d’accéder à des formations qualifiantes sont particulièrement
recherchées au cours des rencontres et des mises en situations.
Tous les professionnels contribuant à la mission d’aide auprès des usagers, l’ensemble
du personnel fait l’objet de la même attention lors des processus d’embauche.
3.1.4 Une politique de qualification et de développement des compétences des
professionnels
Une politique de qualification des professionnels
Pour maintenir et améliorer la qualité de son service, l’ESAT développe une politique
de formation intégrée au plan de formation de l’APAHRC.
Une formation adaptée est demandée aux professionnels recrutés, qui n’ont pas de
qualification dans l’accompagnement des personnes en difficultés ou dans la réalisation de
leurs tâches administratives. L’équipe de direction et d’encadrement n’échappe pas à la
règle en satisfaisant aux obligations légales en la matière. La promotion interne est une
pratique au sein de l’établissement même si elle n’a pas de caractère systématique.
Une politique de développement des compétences
La politique de qualification des personnels participe au développement des
compétences. Elle est complétée par l’accès à des formations individuelles et la participation
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à des formations collectives en intra. Une part non négligeable de ce développement des
compétences s’acquiert au quotidien à travers les échanges et les collaborations liés à la
pratique de l’interdisciplinarité. Le dispositif d’analyse de la pratique professionnelle y
contribuera aussi.
L’ESAT "Arc en Ciel" participe à la formation professionnelle en étant reconnu comme
terrain de stage par les écoles. Cela permet aux salariés d’exercer une fonction de tutorat.
Chaque année, des professionnels en poste vont accompagner et guider des étudiants
éducateurs techniques spécialisés, moniteurs d’atelier, assistants de service social,
secrétaires etc. Ceux qui le peuvent et le souhaitent interviennent dans différents lieux de
formation du secteur médico-social. L’observation et le questionnement permanents qui en
résultent participent à la remise en cause et l’évolution des pratiques. Cela contribue au
maintien d’une dynamique de réflexion et de recherche.
L’établissement veut aujourd’hui obtenir le label de "site qualifiant" en satisfaisant aux
différents critères définis. Une formation au tutorat sera donc proposée au personnel
concerné.
3.1.5 Une politique de responsabilisation
Chaque professionnel est compétent à son niveau d’intervention. Il bénéficie d’une
marge de manœuvre et est responsable des missions qui lui sont attribuées. Il les mène
dans le respect des textes législatifs et du projet d’établissement. Il n’est pas un simple
exécutant mais participe à la production du sens de son métier par l’exercice particulier qu’il
en fait et par les collaborations qu’il tisse au service de sa mission. La direction est garante
de l’organisation et de la cohérence de l’ensemble.
3.2. Les modes d’organisation du travail des professionnels
L’ESAT "Arc en Ciel" est situé sur plusieurs sites géographiques, un principe de
mobilité est établi pour chacun des professionnels en fonction de ses compétences, des
évolutions de l’activité et des contingences économiques.
Le travail de production marchande, l’aide et le soutien, l’administration sont organisés
de manière à contribuer à la mission médico-sociale de l’ESAT.
3.2.1 L’organisation liée à la production marchande
L’ESAT "Arc en Ciel" est en lien économique avec environ 200 clients. A ce
titre, chaque responsable d’atelier est responsable de l’organisation et de la gestion de sa
production. Il entretient les contacts usuels avec ses clients, fait les devis concernant les
travaux habituels et est garant du respect des délais et de la qualité. Un chef de service des
activités de production, secondé pour la partie espaces verts par un responsable d’atelier
coordinateur, organise la bonne répartition de la charge de travail, rencontre les nouveaux
clients et étudie la faisabilité des nouvelles activités.
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09/07/2008
Sur des enjeux importants, le chef de service s’assure auprès du directeur adjoint
responsable de l’ESAT, des réponses stratégiques et cohérentes à apporter. Un service
comptable et un secrétariat commercial complètent cette organisation.
Au regard du caractère médico-social de l’ESAT, le travail productif n’est pas la finalité
mais un des moyens mis à disposition au service de l’usager. Aussi, le travail est choisi pour
son intérêt propre et sa diversité. Ses conditions d’exercice sont organisées et adaptées aux
compétences, difficultés et intérêts des ouvriers. Certains travaux proposés par le client
peuvent être refusés du fait de leur dangerosité, insalubrité ou de conditions aliénantes ou
stigmatisantes de la tâche.
3.2.2 L’organisation liée au soutien extraprofessionnel de l’ESAT
L’aide et le soutien, organisés autour du parcours de chaque usager, sont le fait de
l’ensemble des professionnels de l’ESAT y compris les services administratifs et généraux.
Chaque personne accueillie bénéficie d’un accompagnement personnalisé. Le
responsable d’atelier et le correspondant collaborent à son élaboration, sa formalisation et sa
mise en œuvre. L’organisation générale est déléguée à l’un des correspondants d’atelier
coordinateur en lien avec le chef de service des activités de production. Ils associent les
différents services, s’assurent de la faisabilité des rencontres et de la disponibilité des
intervenants. Ils organisent les remplacements. La direction est garante de la réalisation de
ce dispositif par l’intermédiaire d’un directeur adjoint responsable de l’accompagnement
social. Un service accueil, un secrétariat social et un service comptabilité contribuent à cette
mission.
3.2.3 L’organisation de la direction et du service administratif
L’année 2007 a vu avec l’arrivée d’un nouveau directeur général, responsable de
l’ensemble des établissements de l’APAHRC, la mise en place d’une organisation
centralisée autour de la création d’un siège associatif. Ce siège rassemblerait à terme autour
de son responsable, le pôle ressources humaines, le pôle finances-patrimoine et le pôle
système d’informations-communication.
La responsabilité directe de l’ESAT "Arc en Ciel" est déléguée à un directeur adjoint. Il
est chargé de l’organisation, du fonctionnement, de la gestion et de l’administration de
l’établissement, en s’appuyant sur les pôles du siège. Il est secondé par un cadre
responsable de l’accompagnement social.
Le service administratif de l’ESAT assure l’accueil, le secrétariat et la comptabilité.
3.2.4 Les temps d’échange entre professionnels
Pour être en cohérence avec ses choix, et avec le contenu et les objectifs de ce projet
d’établissement, la direction de l’ESAT a mis en œuvre différentes instances permettant aux
professionnels de s’informer, de s’exprimer, de partager les savoirs et de collaborer. Ces
rencontres font partie intégrante du temps de travail au service de l’usager. Elles ont un
caractère indispensable et fondamental pour permettre l’amélioration continue vers un
accompagnement de qualité.
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Des réunions
Des réunions institutionnelles au nombre de trois par an, regroupent tout le personnel
de l’établissement autour d’un temps d’information générale. Un intervenant extérieur est
ensuite invité à partager une expérience, des connaissances ou sa réflexion théorique sur
des questions liées à la mission.
Une rencontre des responsables d’atelier est prévue par quinzaine en présence de l’un
ou l’autre des membres de la direction, de l’encadrement et du psychologue. Elle a pour
objet la transmission d’informations, la réflexion. Elle est un temps d’élaboration collective.
Un temps de travail hebdomadaire des intervenants extra professionnels
(correspondants d’atelier, psychologue, psychomotricien) a lieu en présence de la direction.
C’est le lieu de transmission d’informations, de réflexion et élaboration concernant des
problématiques, de coordination des interventions.
Le service administratif bénéficie de rencontres régulières pour s’informer, coordonner
les actions et répartir la charge de travail.
Le comité de direction réunissant le directeur général et ses adjoints responsables des
structures de l’APAHRC s’organise une fois par semaine autour des questions stratégiques.
Une rencontre mensuelle réunit ce comité de direction avec l’encadrement, composée des
cadres intermédiaires des établissements de l’APAHRC, autour des questions transversales
aux différentes structures. Elles ont aussi pour objectif la création de liens, l’élaboration et le
partage d’une culture professionnelle commune.
Des groupes de travail interdisciplinaires sont organisés autour de thèmes (intégration
des personnes handicapées en milieu ordinaire…) ou de métiers particuliers (espaces
verts…) avec pour tâche de mener la réflexion et dégager des perspectives.
D’autres temps peuvent être organisés ponctuellement à la demande des uns ou des
autres sur la situation particulière d’un usager ou une difficulté concernant la pratique
professionnelle.
La dimension de l’ESAT "Arc en Ciel", l’évolution des effectifs, le nombre grandissant
de professionnels concernés rendent plus difficile l’organisation des réunions de travail, le
grand nombre de participants ne favorisant pas l’expression de tous. Conscients de cet état
de fait, la direction et l’encadrement proposeront de nouvelles modalités de fonctionnement
favorisant les échanges en privilégiant les plus petits groupes et la mixité professionnelle.
Des échanges informels
Il existe à l’ESAT Arc en Ciel de nombreux temps d’échange informel entre pairs et
entre les différents niveaux hiérarchiques. L’interpellation est cultivée comme outil de
partage et de communication. Ce ne sont pas des temps pouvant amener à des prises de
décision, mais ils apportent réactivité, cohésion et soutien mutuel. A ce titre là, ils sont aussi
indispensables à la vie institutionnelle.
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3.2.5 Schéma de l’organisation
Ce schéma de type "Henry MINTZBERG" symbolise la structure en place. L'organisation
s'appuie d'une part sur de l'expertise et d'autre part sur des moyens logistiques. Aidés par
des coordinateurs, les travailleurs sociaux sont naturellement à la base de cette
organisation.
3.3. Les ressources financières
Après avoir obtenu un agrément de fonctionnement de la part de l’état pour la
création et la gestion de l’ESAT, l’association APAHRC, a contractualisé une convention
établissant les engagements pris et précisant les contributions financières.
Pour mener à bien sa mission médico sociale, l’ESAT reçoit de l’Etat deux types de
financements et génère des ressources propres.
L’un destiné au fonctionnement est négocié chaque année avec la DDASS, et l’autre,
appelé "aide au poste", est totalement redistribué aux usagers sous forme de complément
de rémunération. Ces deux ressources représentent les deux tiers du budget total de l’ESAT.
Un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens sera dès 2008 mis en place et remplacera la
négociation annuelle.
D’autre part, l’ESAT dispose également de ses propres ressources financières grâce
aux ventes des activités produites par les ouvriers, son chiffre d’affaires résultant de ses
choix d’activités de production, de leur rentabilité, de la conjoncture et des aléas de
l’environnement économique et commercial. Elles représentent le tiers des ressources
disponibles.
La stabilité des financements d’un ESAT comporte donc une part d’incertitude liée au
contexte économique, à l’évolution de la règlementation et des politiques des financeurs.
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3.4. Les collaborations développées par l’ESAT "Arc en Ciel"
La collaboration est dans son principe guidée par un souci d’ouverture de l’institution
aux différents partenaires, aux différentes idées et pratiques professionnelles. Elle est aussi
guidée par un souci de protection de l’usager accueilli en lui garantissant la confidentialité et
le respect de ses choix de vie. Ces partenariats se font en cohérence avec les valeurs
soutenant l’action de l’ESAT "Arc en Ciel". Ils sont encadrés par des principes essentiels :
-
La présence de l’usager concerné dans les échanges, et lorsque cela n’est pas
réalisable en l’informant au préalable et/ou après l’échange.
-
La prudence dans la recherche d’informations extérieures et la retransmission
d’informations détenues à l’ESAT en s’en tenant à ce qui semble nécessaire et
suffisant pour conduire une aide appropriée. Cela fait l’objet d’un questionnement
systématique entre le responsable et le correspondant de l’atelier.
-
L’ensemble des professionnels est tenu à la règle de discrétion concernant les
informations. Cette règle ne peut pas être levée par un choix individuel.
-
Les collaborations ne sont pas systématiques, elles sont évaluées suivant les
situations, elles sont ponctuelles ou régulières. Elles peuvent faire l’objet d’une
convention ou d’un contrat. Pour le moins, les échanges sont formalisés.
La collaboration avec les partenaires professionnels intervenant auprès de l’usager
L’ESAT peut ne pas être le seul service à être simultanément engagé dans l’aide
apportée à l’usager. Les foyers d’hébergement, les services d’accompagnement à la vie
sociale etc. interviennent parfois dans son accompagnement. Dans ce cadre, la collaboration
avec ces autres services est possible. L’objectif de ces collaborations est de pouvoir
s’informer mutuellement sur les interventions des professionnels afin de les prendre en
compte pour, si nécessaire, les ajuster voire les articuler. Ces collaborations avec les autres
structures s’effectuent à différents niveaux : entre les directions qui en ont défini le cadre et
la nature et entre les professionnels de terrain concernant les interventions directes auprès
de la personne accueillie. Elles impliquent donc la mise en place d’échanges, de rencontres
et de temps de réunion. Avec les autres services de l’APAHRC, il existe des relations
privilégiées, engagés que sont ces établissements par le même projet associatif.
Une collaboration avec les institutions situées en amont et en aval de l’ESAT est mise
en place. Ainsi l’ESAT "Arc en Ciel" reçoit chaque année environ 80 stagiaires venant des
structures de l’éducation spécialisée, d’autres ESAT, des foyers occupationnels,
d’entreprises adaptées et de CHRS8. De même, l’ESAT a construit un réseau pouvant
répondre par sa diversité à la question des réorientations des ouvriers lorsqu’elle est posée
ou prononcée par la CDAPH. Cela donne lieu à des rencontres régulières, des visites
d’établissement et des échanges sur la place réciproque des établissements dans le
dispositif de l’action sociale.
Un lien particulier est institué avec les lieux de soin par la signature d’une convention
avec les secteurs de santé mentale autour d’un dispositif nommé Réadaptation, Evaluation,
Orientation (R.E.O.). Quatre places sont ainsi réservées à l’ESAT "Arc en Ciel" pour l’accueil
de personnes directement issues du secteur psychiatrique de Cholet. L’objectif étant de leur
permettre d’expérimenter la mise en situation de travail tout en conservant un suivi
psychiatrique, pour rejoindre si possible le milieu ordinaire. La mise à disposition d’un mi8
Centre d’Hébergement et de Réadaptation Sociale.
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09/07/2008
temps d’infirmier par l’Hôpital de Cholet vient compléter le dispositif d’accueil en renforçant
l’interdisciplinarité. Un groupe de pilotage rassemblant des professionnels des deux
établissements se réunit par trimestre favorisant ainsi les échanges et permettant d’optimiser
les ressources au service de l’usager.
De même, le centre médico-psychologique est reconnu et vient en ressource pour des
personnes qui lui sont adressées par les professionnels de l’ESAT. Des rencontres sont
encore une fois possibles en fonction des situations.
Les professionnels délégués aux tutelles et curateurs sont de fait des partenaires de
l’ESAT. Les relations sont établies dans le respect de leurs attributions et des textes qui les
régissent. Ils sont invités à donner leur avis ou leurs autorisations, selon les cas, concernant
les actes et décisions engageant l’avenir, les ressources de la personne concernée.
Collaboration avec les non professionnels liés à l’usager
Les personnes de la famille ayant fonction de représentants légaux sont interpellées en
tant que tels, car investis de prérogatives vis-à-vis de l’usager bénéficiant de la mesure de
protection. Le professionnel de l’ESAT sait prendre en compte le lien particulier existant
entre les deux personnes. Il en tient compte dans les rencontres et courriers divers
échangés.
La famille, les parents, conjoints et enfants ne représentent pas l’usager sauf dans le
cas d’une décision de justice. Ils font cependant partie intégrante de son environnement et à
ce titre, sauf demande contraire et éclairée de la part de la personne concernée, ils peuvent
être reçus, en sa présence, par le directeur ou l’un de ses adjoints. Ils sont représentés au
Conseil de la Vie Sociale (C.V.S.) et peuvent participer au mouvement associatif de
l’APAHRC.
Autres collaborations
L’ESAT, par le caractère particulier du soutien et de l’aide par le travail, collabore avec
les milieux professionnels, les entreprises adaptées ou ordinaires. Elles sont considérées
comme donneur d’ordre mais aussi comme des partenaires pouvant offrir un emploi à des
personnes souhaitant et ayant la capacité à y accéder.
Les transports publics, les centres sociaux, les écoles de conduite, etc., sont aussi à
prendre en compte, les services qu’ils rendent par leur savoir-faire et leurs compétences
peuvent s’optimiser à travers la coopération avec les professionnels de l’ESAT et la mise en
synergie des interventions.
Les écoles de travailleurs sociaux sont aussi considérées comme des collaborateurs
possibles, notamment pendant les périodes de stage des étudiants.
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09/07/2008
Partie 4
L’ESAT " Arc en Ciel " une pratique d’évaluation
en cohérence avec ses choix
4.1. Conceptions et choix d’évaluation
Les valeurs de l’ESAT "Arc en Ciel" se caractérisent notamment par la reconnaissance
de la personne comme Sujet, par la mise en œuvre d’un accompagnement personnel du
parcours de l’ouvrier, par l’interdisciplinarité et la variété des compétences des
professionnels. Ces valeurs impliquent, pour l’établissement, des choix cohérents, y compris
en matière d’évaluation.
Au-delà des supports de clarification des services aux usagers (contrats, livret
d'accueil, règlement de fonctionnement, dispositions des lois attestant des droits des
usagers) de nombreux référentiels, d’outils de certification, de procédures, de guides de
bonnes pratiques font leur apparition dans le secteur médico-social. Par ailleurs, la loi de
2002 astreint les établissements à une double évaluation : auto-évaluation interne tous les
cinq ans, externe par un organisme extérieur et indépendant tous les sept ans.
L’ESAT "Arc en Ciel" se conformera aux exigences réglementaires et contribuera à
mettre en œuvre ces évaluations. Mais quelle définition peut-on donner à ce terme
d’évaluation ?
L’évaluation peut être sommative, ne s’intéressant alors qu’aux seuls résultats,
formative, intégrant l’ensemble du processus, comparative, vérifiant les écarts entre l’avant
et l’après ou analytique, privilégiant la portée des modifications. Pour l’ESAT "Arc en Ciel",
entre le contrôle bureaucratique systématique et unique qui impliquerait une orientation
déterministe et la revendication d’une évaluation démocratique et négociée de l’utilité
sociale, il y a de la place pour des pratiques qui soient explicites, partagées, fiables et
fonctionnelles. Dans ce sens, l’évaluation est plus à élaborer et à inventer qu’à appliquer. Il
est possible de privilégier une négociation productrice de sens entre professionnels et
usagers qui favorise davantage de subtilité, une plus fine identification des pratiques, avec
pour conséquence la confirmation des principes fondamentaux incontournables. Une
évaluation respectueuse de l’éthique peut alors être un instrument de production des
connaissances, de légitimation de l’intervention de l’action médico-sociale.
Par conséquent, ce qui semble être le plus important dans une évaluation, c’est
d’abord de poser les questions. Ce qui donne de la valeur à l’évaluation, c’est bien
l’implication des acteurs à s’interroger sur le sens de leur action, à produire de la
connaissance partagée sur la réalité qu’ils vivent et à mesurer le rapport entre leur réalité,
leurs aspirations et les actions qui y correspondent.
Plus encore, si de cette connaissance partagée, les acteurs accèdent à la compréhension
des processus qui génèrent la réalité sociale et limitent ou favorisent les effets de l’action,
alors l’évaluation sera productive.
Dans ce choix, non seulement l’évaluation qualifie les acteurs, les rendant plus agissants
encore dans les projets à venir mais elle institue une pratique sociale qui reconnaît la
capacité de tout individu à dire la réalité, à lui donner du sens pour l’avenir et à confronter
son point de vue avec d’autres pour faire projet ensemble. Dans ces conditions, l’évaluation
ne peut être que participative.
Par ailleurs, le travail médico-social, plus que tout autre travail, relève d’un geste, d’un
savoir-faire, d’un engagement, d’une relation, d’un investissement à l’autre. Mais « on ne
peut pas tester, évaluer et “expérimentaliser” le psychisme d’une manière ou d’une autre
36
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puisque c’est ce qui échappe »9. Le quotidien médico-social, parsemé d’événements
inattendus, d’incidents, d’incohérences, de troubles, de souffrances ou d’imprévus, nécessite
une mobilisation de l’intelligence, une capacité à réfléchir, à interpréter et à réagir à des
situations pas forcément prévues initialement.
L’action attendue des professionnels se situe donc entre le prescrit et l’effectif. Vouloir
l’évaluer sur des critères ne privilégiant que la fonctionnalité sociale et la rentabilité
économique comporte le risque de la réduire à une efficacité mesurable, à un formalisme
linéaire et à un étalonnage unique et figé ou une modélisation à prétention universelle.
L’ESAT "Arc en Ciel" considère que si une évaluation institutionnelle est légitime, celle-ci doit
se donner les moyens d’une " politique du Sujet ", en mettant en place des procédures qui
fassent droit aux processus personnalisés des personnes en situation de handicap et à la
singularité de leurs parcours.
4.2. L’évaluation de la mise en œuvre de ces choix au service
de la personne
Le bilan des activités professionnelles et sociales de la personne accueillie permet de
mesurer si les dispositions convenues dans l’avenant au contrat de soutien et d’aide par le
travail ont été prises. Il est un temps d’analyse et de recherche de compréhension sur les
écarts constatés au regard de la perspective des accompagnements personnalisés conclu
dans l’avenant.
C’est un moyen privilégié pour aider à comprendre le parcours accompli par la personne.
Cette évaluation informe l’usager, qui, selon sa capacité de compréhension peut apprécier le
soutien et l’aide dont il a disposé. Il renseigne les professionnels pour les aider à identifier
les dispositions pouvant être proposées pour la suite à donner au parcours de la personne.
Dans la conduite de l’évaluation, les valeurs de l’ESAT "Arc en Ciel" sont les fondements de
la manière dont est mené le bilan et dont sont abordés les Sujets.
4.3. Le projet d’établissement, son évaluation, son suivi
Les engagements annoncés dans le projet d’établissement vont être portés par
l’implication des professionnels. L’ensemble des objectifs et moyens visés devront être
suivis, mesurés et ajustés si nécessaire. Pour garantir la tenue de ces engagements, un
comité de suivi sera constitué. Il aura pour mission d’analyser la conformité du
fonctionnement de l’établissement au regard de son projet et de mesurer les degrés
d’avancement des actions à mettre en œuvre. Il pourra faire des propositions aidantes ou
correctives.
Ce comité constitué d’un membre de chaque service de l’ESAT se réunira 2 fois par an.
Chaque membre aura une mission de veille permanente qui lui permettra d’alerter la
direction, si besoin. Le comité rendra compte de ses observations et recommandations après
chaque réunion de travail à l’ensemble du personnel.
9
Élisabeth ROUDINESCO. Entretien publié sur le site :
http://www.citesciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/magazine/article
37
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Partie 5
L’ESAT " Arc en Ciel " : ses perspectives et axes
d’évolution
5.1. Les réflexions à engager
Des thèmes abordés dans le cadre de la démarche du projet d’établissement ne
peuvent encore être contenus dans une expression écrite unique et partagée. Le temps
fournira des éléments supplémentaires à prendre en compte. Pour cela, la dynamique de
réflexion doit demeurer.
Des thèmes sont retenus comme prioritaires.
5.1.1 La politique globale d’accueil des ouvriers
- Etudier les moyens dont l’ESAT doit disposer pour que la personne qui s’interroge pour
intégrer l’établissement, soit pleinement éclairée dans sa recherche et que l’ESAT puisse
apporter une réponse pertinente à sa demande.
- Analyser le dispositif d’aide et de soutien de l’ESAT pour qu’il puisse s’adapter aux
attentes de la personne accueillie en sachant que l’évolution propre de la personne peut
conduire à un vieillissement ou une lassitude prématurée.
- Rechercher une amélioration des réponses apportées aux personnes en attente d’accueil
et aux personnes souhaitant quitter l’établissement.
5.1.2 La place du travail et ses effets
Dans un environnement en mouvement permanent, la place des activités de production
introduisant le travail à l’ESAT doit faire l’objet d’une attention par rapport aux choix posés.
L’objectif d’un établissement médico-social étant l’aide à la personne, la place du travail doit
être vérifiée et ajustée si besoin. Les contraintes provenant des engagements commerciaux,
de la recherche de l’équilibre économique et les effets produits sur les personnes accueillies
seront l’objet d’observations, d’analyses et de propositions visant à améliorer la qualité du
service d’aide et de soutien.
5.1.3 L’adaptation des organisations
La multiplicité des lieux d’accueil et leur particularité, le développement des effectifs
accueillis et du personnel, les choix prononcés dans le projet d’établissement sont sources
de réflexion pour une organisation qui doit évoluer. Une recherche d’adaptation de
l’organisation devra être assurée pour répondre aux engagements.
38
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5.2. Les actions à mettre en œuvre
Le projet d’établissement conduit à l’action. Cela se traduit d’abord dans la mise en
œuvre que chaque professionnel va accomplir dans le cadre de sa mission. Des points
particuliers feront l’objet d’une mise en place. Ces points s’appuient sur les valeurs de
l’ESAT "Arc en Ciel".
5.2.1 Organiser le dossier de l’usager et définir les conditions d’accès
Les droits de l’usager sont aujourd’hui clairement définis. De plus, avec les outils
informatiques, des engagements précis et réglementaires fixent les conditions d’utilisation ou
de mise à disposition d’informations.
La direction va se charger de mettre en place cette organisation de manière
participative pour que l’évolution des pratiques puisse s’articuler avec les améliorations à
apporter.
5.2.2 Etudier et mettre en place une section annexe d’ESAT
Pour un certain nombre d’ouvriers, un temps plein au travail en ESAT peut être difficile.
Momentanément ou durablement, des moments d’accompagnement différents sont
nécessaires.
Sur la base du schéma départemental donnant des orientations sur les SACAT (section
annexe de CAT) et au regard des besoins des usagers, la Direction Générale de l’APAHRC
met en place une instance de mutualisation sur ce besoin. Elle anime des rencontres avec
les ESAT des Mauges. Ces temps de travail ont pour objectifs de rechercher une solution
commune avec des applications qui peuvent être spécifiques à l’un ou à l’autre des
établissements. Dans le cadre du schéma départemental, les attentes sont déjà d’actualité.
Toutes les possibilités d’avancer sont en cours d’étude.
5.2.3 Préparer l’insertion professionnelle en milieu ordinaire
Cette pratique a été expérimentée au sein de l’ESAT et est fortement encouragée par
les instances représentant l’Etat. Pour répondre à cette demande et en lien avec le parcours
de certains ouvriers, un travail va s’effectuer en deux temps.
Tout d’abord en interne, un groupe de travail, représentant les différentes compétences
nécessaires à l’insertion en milieu ordinaire, va rassembler toutes les expériences et
documents faisant histoire à l’ESAT "Arc en Ciel" sur ce Sujet. De plus, il va s’informer
auprès de structures ou organismes expérimentés ou spécialisés. Ce groupe travaillera
ensuite à l’élaboration d’un cahier technique qui expliquera les modalités et moyens mis en
place pour accompagner un usager souhaitant suivre ce parcours.
Dans un deuxième temps, des professionnels accompagneront et assureront le suivi
des travailleurs concernés par ce parcours d’insertion en milieu ordinaire.
5.2.4 Favoriser et développer les outils d’accompagnement des personnes ayant des
troubles psychiques.
Aujourd’hui l’ESAT "Arc en Ciel" a une connaissance plus précise des personnes
accueillies qui permet d’identifier l’existence plus ou moins prégnante de troubles
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psychiques. Avec une augmentation repérée de cette problématique, l’ESAT se doit de
perfectionner son savoir dans ce domaine. Pour cela il faudra faire appel à des ressources
externes spécialisées, renforcer le partenariat avec l’hôpital de Cholet et organiser des
temps de travail en équipe sur ce thème au sein de l’ESAT "Arc en Ciel".
5.2.5 Organiser des
professionnelles
temps
d’échanges
pour
développer
des
compétences
En interne, des groupes d’analyse de la pratique professionnelle
Au cours de l’année 2008, des temps d’échanges régulés prendront place avec un
intervenant extérieur à l’ESAT. Après élaboration du projet d’établissement, la nécessité de
s’interroger sur les pratiques professionnelles s’impose. Des temps de travail seront
programmés en groupes pluridisciplinaires.
En externe, des rencontres avec d’autres professionnels
Il conviendra d’en établir clairement les enjeux pour ensuite prendre des contacts avec
d’autres ESAT ou d’autres organismes, voire des entreprises et comparer, remettre à jour
ses connaissances ou encore témoigner de certaines pratiques.
5.2.6 Devenir site qualifiant pour les stagiaires dans les métiers de l’accompagnement
Cette démarche consiste à s’informer, participer aux réflexions d’écoles de formation
en secteur social et médico-social, puis à l’ESAT, identifier le processus d’accueil,
d’accompagnement, garantir que les présences des stagiaires sont des temps de formation.
Des professionnels se spécialiseront, se formeront et s’engageront dans un rôle de tuteur.
Un document sera à constituer pour rendre visible le dispositif de l’ESAT et garantir les
modalités de formation.
5.2.7 L’expression artistique
Les productions réalisées durant le temps d'accueil, avec les moyens de l'ESAT "Arc
en Ciel" sont pour une part vendues lors d'expositions. La question de propriété et donc
d'attribution des ressources obtenues, se pose. Avec l'aide de spécialiste, l'ESAT "Arc
en Ciel" va statuer sur les dispositions à prendre.
L’ensemble des professionnels de l’ESAT "Arc en Ciel", chacun dans sa mission sera
acteur dans la mise en place de ces engagements. Les réflexions et actions ciblées ne
peuvent être exhaustives pour les cinq prochaines années. Durant ce cheminement, le
comité de suivi du projet d’établissement évaluera et fera des propositions nouvelles ou
d’ajustement qui prendront en compte l’attente des personnes accueillies, l’évolution de
l’environnement et les moyens dont dispose l’ESAT "Arc en Ciel".
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ANNEXES
Représentation schématique du dispositif d'accompagnement personnalisé
- 6 mois après l’admission
- Tous les deux ans
Rencontre programmée
avec l’ouvrier (plusieurs si
nécessaires) Compte-rendu de la
rencontre (support du
BAPS) À l’initiative du responsable d’atelier et/ou
du correspondant d’atelier :
- recueil de la parole de l’ouvrier concernant son
accompagnement / ses attentes et demandes
- restitution des observations des professionnels
le concernant
Il peut être proposé à l’ouvrier des supports
pour la préparation de cette rencontre (grille) ou
le recours à un tiers.
Organisation du BAPS Ce compte-rendu comporte un récapitulatif
des actions menées jusqu’alors. Il reprend
fidèlement les attentes et demandes de l’ouvrier
ainsi que les observations des professionnels
sans pour cela les mettre en convergence.
Bilan des
Accompagnements
Professionnels et Sociaux
Par le coordinateur et le chef de service de
production qui prévoient en fonction des
plannings de chacun et des possibilités de
remplacement, la date et l’heure de la rencontre.
Formalisation des analyses
et propositions d’actions
Psychologue / responsable d’atelier /
correspondant
2H30 de travail prévu dont un temps de
rencontre souhaité avec l’ouvrier
Présentation à l’ouvrier
Négociation
non
Accord ?
Décision ?
Ecrit définitif
PAP Signature par l’ouvrier +
représentant légal /
directeur /directeur adjoint
Annexée au contrat d’aide
et de soutien par le travail
Ce document doit comporter un préambule
donnant les éléments de compréhension
permettant une lecture des actions mises en
œuvre au regard des souhaits et attentes de
l’ouvrier et de l’analyse posée par les
professionnels.
Mise en œuvre
Avenant remis à
- l'usager
- la DDASS
- CDAPH
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